Digitized by Google
*
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
*
'*oM»rr o»
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Ai
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Original from
UN1VERSITYOF MICHIGAN
Z-
WM»
*.43
OTICES ET EXTRAITS
DB8
„ MANUSCRITS,
' M&/* “ .]
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
ET AUTRES BIBLIOTHÈQUES
PUBLIES
O
PAR L’ACADEMIE DKS INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
4
l
TOME QUABANTE-TUOISIÈME
IMPRIMERIE NATIONALE LIBRAIRIE C. KLINCKSIECK
27 # RUE DE LA CONVENTION, PARIS (XV € ) 11, RUE DE LILLE, PARIS (VU*)
MCMLXV
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by
o
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
NOTICES ET EXTRAITS
DES
MANUSCRITS
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
ET A U T H E S BIBLIOTHEQUES
a a
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
EN VENTE
CHEZ
C. kLINCkSIECk, LIBRAIRE
11, RUE DE LILLE, PARIS (vil®)
#
Digitized by Goo
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
DES
MANUSCRITS
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
ET AUTRES BIBLIOTHÈQUES
PUBLIES
PAR L’ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
V3
TOME QUARANTE-TROISIÈME
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
27, RUE DE LA CONVENTION, PARIS (XV*)
LIBRAIRIE C. KLINCKSIECk
11, HOE DE LILLE, PARIS (VII*
MCMLXV
a a
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
U2Ù
Fr
M
/* 45
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
68 219 AA A 30
* ^
c
*
Lc^l 5 3V ° » ■£_
/-
TABLE DU TOME XLI11
La liturcie attribuée à saint jean maron. Texte syriaque extrait des
manuscrits de la Bibliothèque Vaticane, édité et traduit par J.-B. Chabot. . . 1
Notice sur deux manuscrits contenant les œuvres du moine Isaac de
Raban Isho et du métropolitain Ahoudemmeh, par J.-B. Chabot. 43
Version syriaque de traités médicaux dont l’original arabe n’a pas été
retrouvé, éditée par J.-B. Chabot. 77
Notice du manuscrit 574 de la bibliothèque municipale de cambrai, suivie
d’une édition des sermons français de Pierre d’Ailly, par M lle Édith
Br a y er . 145
a.
gitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
•* • * i .1 V
*
•** v » ..i ■*. : ' il J>' \ * •*J *• ’ î ■
bj
Digitized by
oie
O
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
NOTICES ET EXTRAITS
DES
MANUSCRITS
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
ET AUTRES BIBLIOTHÈQUES.
LA LITURGIE
ATTRIBUÉE
À SAINT JEAN MARON.
TEXTE SYRIAQUE
EXTRAIT DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHEQUE VATICANE,
ÉDITÉ ET TRADUIT
PAR
J.-B. CHABOT,
MEMBRE DE L'ACADEMIE.
Cette notice doit être considérée comme un supplément au second volume
des Liturgies orientales de Renaudot ( l ). Le texte qu elle reproduit ne fut pas
connu du savant orientaliste. Il savait par les assertions de certains écrivains
maronites que ceux-ci se vantaient d'avoir une Liturgie composée par leur
prétendu patriarche Jean Maron, mais il était sceptique à ce sujet M. Il se
demandait pourquoi cette Liturgie ne figurait pas dans le Missel maronite
w Litargiarum Orientaliam Collectif ).. tomus secundus, Parisiis, 1716; ia- 4 *. — m Cf. t. H,
p. IV, Cl p. XV-XVI.
MOT. ET EXTR. — T. XL1II. 1
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
2
J.-B. CHABOT.
imprimé à Rome en 1 5 ga, où elle aurait dû trouver place de préférence à
une douzaine d’autres. La raison de cette omission, en apparence inexplicable,
est fort simple; le manuscrit qui la renfermait était alors en la possession
d’Abraham Echeliensis <‘), et ses manuscrits n’entrèrent à la Bibliothèque
Vaticane que sous le pontificat de Clément XI (1700-1721). Le texte fut
imprimé pour la première fois dans la seconde édition du Missel maronite
donnée par les soins du prêtre chypriote André Scandar M en 1716, l’année
même où paraissait le second volume de Renaudot.
11 nous a paru utile de publier ce document dans une édition correcte sur
laquelle les liturgistes puissent sans crainte porter un jugement; car celle du
Missel ne représente qu’un texte fort mutilé.
A l’instar de Renaudot, nous nous bornons à donner, en guise de préface,
quelques renseignements sur les manuscrits et sur l'édition princeps de cette
Liturgie.
Les manuscrits que nous avons utilisés pour notre édition sont au
nombre de cinq; tous appartiennent à la Bibliothèque Vaticane (*).
i° Le Syr. XXIX M, copieusement analysé par les Assemani < 5 ). C’est un
Missel maronite copié pour son propre usage par le prêtre Yamin fils de
Sâlim pyl»» ^>| .), originaire de Hakhel Va- au Liban; il le copia
dans le village de Ganbilin ) dans l’ile de Chypre (°), au mois de
février 1 536 . Il renferme le plus ancien texte connu de la Liturgie, qui
occupe les folios 94-1 o 3 .
(1) Docte maronite né à Ekhel, et mort à
Rome, en 1664. H vint à Paris en i 63 o, pour
travailler à la célèbre Polyglotte de Le Jay, et
il enseign i es langues orientales au Collège de
France.
(,) odoIvI*, dans la clausule
du Missel. — Scandar est une forme sémitique
du nom Alexandie, que l’auteur a lui-même
gardée.
(,) Notre confrère S Ém le cardinal Tisse-
rant a eu ’obligeance de nous en procurer les
photographies.
Digitized by Google
(4) Par suite d’un double lapsus typogra¬
phique , Baumstark ( Gesch. der syrUchen Lite-
ratar, p. 34 a* n. 4) désigne ainsi ce ms. :
1 VtS 291 ( l 539 )
(t) Bibliothecae apostolicae vaticauae codicam
mss. catalogua, t. II, p. 2 35 - 23 1.
W Le village de Gambili, à l’extrémité du
district de Lapithos, est un des rares points de
l’ile où se sont maintenues jusqu'à ce jour
(1860) quelques familles maronites (L. de Mas
Latrie, H Ut. de Chypre , t. I, p. 110).
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
3
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
2° Le Syr. CCXCV, écrit vers i 55 oW. La Liturgie se trouve aux folios
23-27. texte est substantiellement le même que dans les autres manu,
scrits, mais il se présente sous une forme particulière; les parties que le
prêtre récite à haute voix sont en carshuni (arabe écrit en lettres syriaques)
et celles qu’il prononce à voix basse sont en pur syriaque.
3 ° Le Syr . CCXCVII, écrit en entier de la main de Jos. Sim. Assemani,
d’après les autres manuscrits de la Y r aticane. Le texte uniquement syriaque
occupe les folios 79-84.
4 ° Le Syr. CCCXCVHI, soigneusement écrit par le chypriote Michel
Metoscita, en 1687. La Liturgie, disposée sur deux colonnes, va du folio 39
au folio 44*
5 ° Le Syr. CDXIV, écrit vers le milieu du xvm e siècle. La Liturgie occupe
les folios 120-127. L’écriture est très soignée. Les pages sont divisées en deux
colonnes, mais la colonne de gauche, destinée à recevoir la traduction en
carshuni, n’a pas été remplie. Le texte syriaque seul existe.
La Liturgie de Jean Maron se trouve aussi dans le manuscrit 56 de la
collection Borgia, aujourd’hui à la Bibliothèque Vaticane.
Si l’on s’en rapporte à la Notice publiée par Ad. Scher^, ce manuscrit,
daté de 1677, aurait été «copié sur un manuscrit écrit en Chypre en 1527».
C’est inexact. Le manuscrit a été copié à Rome sur le Vat. syr . 29 . La date
de 1527 ne se trouve pas dans la clausule. Il y est dit simplement que la
copie a été faite sur un exemplaire vieux de cent cinquante ans (o*»JL*o «00 ^
ouxd 00). Le copiste s’exprime en chiffres ronds que Scher a eu tort
d’interpréter dans un sens strict.
D’après Et. Ev. Assemani, la Liturgie se trouverait aussi dans le manu¬
scrit XLIII (maintenant Or. 344 ) de la Bibliothèque Palatine, à Flo-
(1) Pour ce ms. et les trois suivants, cl. Ang. torum velerum nova Collectio, t. V, part. 11).
Mai, Catalogus Codicum Syriacorum ( Scrip- Journ. asiat.. 1909, I, p. a 63 .
1.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
h
J.-B. CHABOT.
rence O. Mais c’est là une des nombreuses erreurs du Catalogue. Elle ne s’y
trouve pas.
11 est probable qu’elle existe dans d’autres manuscrits, en différents endroits
du Liban. Le patriarche Douaîhi l’a insérée dans le Recueil qu’il composa,
et qui doit être déposé à la Bibliothèque patriarcale W. Ces nouvelles copies
sont sans intérêt pour nous.
Comme nous l’avons dit, le texte a été imprimé pour la première fois
dans la seconde édition W du Missel maronite. Le volume porte comme titre :
Missale Syriacum juxta Ritum Ecclesiæ Antiochenæ nationis Maronitarum
♦ JLio^ao? liwDa^oi Lr>iax>i JLz>£o Romæ, Tipis Sac. Congre-
gationis de Prop. Fidei. An. 1716.
11 débute par une dédicace au pape Clément XI, signée : Andræas Scandar
Nicosiensis Presbyter Maroni ta. Après une Préface au lecteur, un Comput,
un Calendrier ecclésiastique et diverses prières, vient le texte de quatorze
anaphores. Celle dite de S. Jean Maron, la seule dont nous ayons à trai¬
ter ici, occupe les pages 3 g 6 - 4 i 8 .
L'examen de ce Missel fournirait de nombreux exemples de l’inconscience
ou, pour mieux dire, du parti-pris avec lequel les Maronites traitent les
textes. J’en citerai deux seulement.
Le Calendrier liturgique est un ouvrage sans valeur documentaire, com¬
posé arbitrairement par l’éditeur, qui s’est appliqué à faire disparaître des
anciens calendriers toute trace de monophysisme. Jacques d’Edesse a été
maintenu par ignorance; mais Jacques de Saroug, qui était honoré chez les
Maronites, comme l’affirme AssemaniW, a été rayé. Par contre, un grand
nombre de saints inconnus dans l’hagiographie orientale ont été empruntés
(,) Bibl. Mediceœ palatinœ Codicum orienta-
lium Catalogus, p. 89.
w Cf. P. Dib, Étude sur la liturgie Maronite
(Paris, 1919)* p- 4 ^.
(,) La première édition du Missel maronite
a été imprimée à Home en 1699. J'ai résumé
ailleurs (Journal des Savants, 1940) la curieuse
histoire de ce volume. Renuudot en a fait, dans
sa Collectio, une assez vive critique. IJ souligne
rincompétence des censeurs romains, et affirme
que toutes les liturgies qu'il contient sont
d’origine jacobite (monophysite). 11 convenait
de faire une réserve au sujet de la dernière
attribuée à S. Pierre, qu'il n'a pas traduite et
qui, si le texte est édité correctement, pourrait
être la seule d'origine maronite. Voir la Note
additionnelle, ci-après, p. 4o.
{4) Bibl . or. # t. I, p. a 83 , 299. Sa fête était
célébrée le 5 avril.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
5
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
à la liturgie romaine. Quelques astucieuses corrections complètent la réforme.
Ainsi, au 16 avril, au lieu de sainte Agapé w^l), il a inscrit «S. Agapit
pape de Rome*, qui fut l'adversaire des Monothélites. Au
i 5 septembre, il a remplacé la mention de «Six martyrs» (!?<*» !&<*-), par
celle de «Six Synodes» (©«oxj’ôxo J^t), voulant ainsi répondre à ceux qui
rappellent qu’avant leur réunion à l’Eglise romaine les Maronites n’ont
reconnu que les quatre premiers conciles œcuméniques.
J’emprunte l’autre exemple aux titres des Liturgies. Dans le Missel de 1 5 () 2 ,
on trouve (p. 106) une Anaphora sancti Mar Dionysii. 11 s’agit de la liturgie
composée par Denys bar Salibi, évêque jacobite d’Amid, mort en 1171. Dans
le Missel de 1 716, le même texte est reproduit avec le titre ainsi modifié
(p. a 64 ) : Anaphora sancli Mar Dionysii, iudicis, discipuli Pauli apostoli. — Et
voici qui est encore plus audacieux. Le Missel de i 5 g 2 donne (p. i 46 ) une
Anaphora Matthœi Postons. Ce Matthieu fut un évêque jacobite de Hassasa
(LoloU.) dans la région de Tagrit; il vivait au xui* siècle O. Dans le Missel de
1716, le titre du même document est devenu : Anaphora sancti Mar Matthœi
Pastoris, qui est Hermas anus ex 72 discipalis Domini nostri W. On sait que Hermas,
auteur du livre intitulé Le Pasteur, vivait au milieu du second siècle et ne fut
point contemporain du Christ.
Ces stupides interprétations ont sans doute été suggérées par la sotte opi¬
nion, courante chez les Maronites et répétée par Faustus Nairon^l, que la
Liturgie de Jean Maron est la plus récente de toutes; et c'est apparemment pour
ce même motif que l'éditeur a donné à cette liturgie la dernière place dans son
Missel. Il semble avoir eu l’illusion de classer chronologiquement ses documents
en les disposant dans l’ordre suivant : i° Liturgie de s. Pierre apôtre ; 2° des
(,) Nous ne savons rien de plus sur ce person¬
nage mentionné dans le titre de sa Liturgie.
Le qualificatif de Pasteur peut être pris
comme synonyme d’évéque. 11 n'en est pas
moins singulier. Je me suis demandé, sans
pouvoir appuyer ma conjecture sur aucun do¬
cument, s'il ne devrait pas être considéré
comme une désignation ethnique : «originaire
d'une localité appelée ou d'un nom ap¬
prochant de ce thème.
Le rédacteur du Calendrier n'est pas
l'auteur de cette trouvaille. L'identification fal
lacieuse existe dans des Missels manuscrits
(jacobites et maronites) antérieurs.
Ecrivain maronite né à Ban (Liban),
mort à Rome en 1 707. Voici ses paroles : ( Ana-
phoræ) «quibus omnibus recentior est ilia
loannis Maronis patriarche Antiocheni, qui
intra sextum et septimum vigebat sæculum »,
(Euoplia Fidei, p. 11 3 ).
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
6
J.-B. CHABOT.
Douzo Apôtres; 3 ° de s. Jacques; 4 ° de s. Jean apôtre; 5 ° de s. Marc évan¬
géliste; 6° de s. Matthieu (Hermas); 7 0 de s. Denys ( Aréopagite ); 8° de
s. Xyste, pape; 9 0 de l’Eglise Romaine W; 1 o° de s. Eusthate patr. d'Antioche ;
ii° des. Jean Chrysostome; 1 3 0 des. Cyrille d’Alexandrie M; i 3 ° de s. Jean
Maron; i 4 ® Liturgie des Présanctifiés.
Le texte que nous éditons est celui du ms. 39. Nous y ajoutons les variantes
utiles des codices 398 (—A), et 414 (R), et incidemment les lectures d’Asse-
mani, cod. 397 (C) et celles du cod. 395 (D).
Le copiste parait avoir transcrit servilement son prototype. C’était un homme
simple, mais soigneux, et il y a beaucoup d'exagération dans l’appréciation
d’Assemani W. 11 a pu sauter, çà et là, un mot ou une courte phrase, mais il
semble incapable d’avoir spontanément modifié le texte qu’il avait sous les yeux.
11 s’écarte parfois, il est vrai, des usages reçus. Les mots sont coupés arbi¬
trairement; le point final qui devrait être placé à la fin d’une ligne est souvent
rejeté au début de la ligne suivante; il n’a point de règle fixe dans l'emploi des
points diacritiques et des signes de ponctuation. Ces désagréables négligences
grammaticales ne nuisent pas à l’intelligence du texte.
Comme dans tous les livres liturgiques, un certain nombre de prières bien
connues ne sont indiquées que par les premiers mots, et les doxologies finales
sont souvent plus ou moins abrégées. Nous n’avons pas relevé ces variantes
sans intérêt.
La partie de l’office qui est récitée par le diacre n’est pareillement notée que
par les mots du début. Le texte complet se trouve dans un livret spécial, connu
sous le nom de Liber minutri M.
Les différences entre l'édition romaine et le ms. sont de deux sortes : omis¬
sions et changements. Les omissions sont considérables. Nous les indiquons en
(l> Adaptation de la Messe latine, imaginée
par les Maronites.
w En réalité Cyrille de Jérusalem. Le Missel
de i 5 ga dit simplement Cyrille, sans dési¬
gnation du siège.
(,) Rudem eum fuisse et imperitum tam in
lingua Syriaca, quam in Arabica, colligitur ex
infmitis propemodum mendis quæ ubique
occurrunt (Cat. Bibl. Vat 11 , p. a 3 a).
(l) 11 y en a de nombreux mss. et plusieurs
éditions : Liber rninistri missœ jaxia ritam eccle-
siœ nationis Maronitarum; Rome, i 5 g 6 ; réédité
en 1715. Diaconale Syriacum, Rome, 1736. Les
éditions postérieures sont notablement rema¬
niées. On trouvera la traduction du texte com¬
plet de ces parties abrégées dans celle de la
Liturgie de s. Jacques de Renaudot.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
7
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
plaçant entre crochets dans notre édition les passages omis. Les changements
sont signalés dans les noies.
11 nous a semblé qu’une traduction latine convenait mieux à des textes litur¬
giques. Nous l'avons faite très littérale, et nous avons conservé, autant que
possible, celle de Renaudot dans les passages empruntés aux liturgies traduites
par lui.
Dans nos notes on trouvera quelques rapprochements entre les principaux
passages de notre texte et les traductions de Renaudot. Notre intention était
de rechercher minutieusement toutes les sources auxquelles le rédacteur avait
puisé pour la compilation de sa Liturgie. Mais, pendant l’impression de la
présente Notice, l’Institut Pontifical Oriental a fait paraître à Rome le premier
fascicule d’un ouvrage qui doit donner le texte et la traduction de toutes les
Liturgies syriaques connues Cette publication permettra d’établir, beaucoup
mieux que nous pourrions le (aire actuellement, les sources de notre texte et
la vraie nature de sa rédaction.
Le lecteur qui aura pris connaissance de ces notes sera peut-être tenté de
nous demander quel est l’auteur de la liturgie que nous éditons; car il ne peut
douter que le titre soit apocryphe. A cette question nous ne pouvons répondre
que par des conjectures. Les écrivains maronites n’ayant aucun argument à
alléguer pour prouver l'existence de leur prétendu patriarche Jean Maron ont
imaginé de mettre sous son nom quelques ouvrages dont il n’est pas l’auteur (*).
La Liturgie a dû être composée de ce point de vue. Comment oserait-on nier
l’existence de ce patriarche quand on aurait sous les yeux une Anaphora ré digée
par lui ? L’origine libaniote parait exclue du fait que le pape n’est pas nommé
avec et avant le patriarche^, qu’on ne trouve aucune allusion à la soi-disant
perpétuelle orthodoxie des Maronites, et que la formule de l’épiclèse n’a pas
été modifiée. Les plus anciens manuscrits connus ayant été copiés dans l'ile de
Chypre, il est probable que la Liturgie a été composée en ce pays, au début
du xvi e siècle. Son auteur ne peut guère être que le trop fameux Gabriel
(,) Anaphorac Syriacae, quotquot in codici-
bus adhuc repertae sunt. Vol. I, fasc. I, Romae,
1939. In- 4 # ; pp- XLix-96. Le fascicule con¬
tient l’Introduction, la Liturgie de Timothée
d'Alexandrie et celle de Sévère d’Antioche.
Digitized by Google
(*) Voyei notre dissertation sur [ Origine de
la légende de s. Jean Maron ( Mém. de CAcad ,
t. XLIII).
(,) Sa mention est ajoutée dans le texte édité.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
8
J.-B. CHABOT.
Bardai, évêque de Nicosie (*), à qui on attribuera facilement le premier rang
parmi les faussaires maronites si on se rappelle qu’outre les nombreux récits
imaginaires disséminés dans ses ouvrages, il fabriqua une vie fabuleuse de Jean
Maron, et forma un recueil de cinq cents lettres adressées aux patriarches maro¬
nites par les papes depuis Innocent III jusqu’à Léon XW. Souhaitons que
quelque nouvelle découverte, justifiant ou infirmant notre hypothèse, vienne
résoudre la question.
0 ) ^ Mort en i 5 i 6 . Voir des bibliothèques maronites, n'a jamais été
U liste de ses ouvrages dressée par son naïf publié. Il est probablement formé de documents
admirateur Etienne Douaïhi (Stephanus Ede- pontificaux tirés des Builairesou des Registres,
nensis). Elle est reproduite par Et. Ev. Asse- traduits et interpolés par le collecteur, qui n'a
ma ni, Col. bibliot. palatinae Mcdiceae t p. 387. eu qu'à changer le nom du destinataire.
(t) Ce recueil ( en arabe ), qui existerait dans
Digitized by Google
Original from
UNIVERS 1 TY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
9
youo M
Wo JLlû&ôoJ JLj'üo» ,
2 UaNvio
(1> ) 9 q£lu) ooL ,o1 »*
(•)
L*al
V~J
r 1 -*^ • lloüoi Iwoo JLafcfc»» JLàSio :» kSAx -p^xr* kTWIJI
Ld^-j ^r°î r l am »fcaot Jo-'iû- ^ |o^ JL«o y-t*
M *
j.A*-a.V»î i-Li». *|-oo im. o -îoo .^io -loai»
T
° »" i *° î • yOOMJOCL-LÛ (#) JLL»f JLàO^tOfO y - j — - f
|A.folo L > 3 A |
$ |À**^^*0 \\«kZ
.^loCH^f JL* 1 —ïo (•) r Loa^ O 1 «pÛ 4 * 0 * ^à&kJLO (,)
* fol. 94
[ JK*f©Lo j l - ^vo * u n mio .^y»t (Noo-. yoo^a
♦ | $ 1,1 JLa.o*
11 1 ®* • 1 a.«Ao I d û-.» v» o |o^ : r^iou
t-O .dk. joL) 1 ^1-OfO JL^^D jjo£s 3
^ •
La^t ^ IoaJo .JLl»«jd lAs^oiaào ^ào* • jLàooào U} Luz>ï
6j| ,-S . L»-?(^û ao^A Lod. |A—a» |Li|£^>o
" •
*
*&)? U\ »l 1^3 jL. U*^D V.^
(1) Nota in margine : to^U-^ )*m
^ pi-l ^-œ»L o*.^ . oiiLafl ^ pa*
• lA^U ^ yOÆC^JL
(,) Jnscriptio in editione sic se habet : Ha&LuI
\ou> U_dNno«
(,) Ed. l *?w » p r o} ILo^j 0
(%) In edit. ponitur secundo loco
tio; cf. n. 8 .
♦ ioa*^u|j
haec ora-
(l) Ed. Uaov ( mendum typogr.).
* J Edit, hic add. : pa*J; si quid addendum
ait, aptius videretur.
;7; Scriptio compendiaria, cf. infra, n. 11,
et p. 10, l. 1-2.
(,) Oratio quae primo loco traditur in edit. ;
cf. n. 4 .
« Ed. r ^4
M Ms.
ll) Scriptio compendiaria, complenda :
• ^ . IrfVk jplÀ.0 • ** •—
<•*> Ms. r w*»
ROT. ET K 1 TR. - T. IUU.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
10
J.-B. CHABOT.
* (* 94»* «.
< ,r ^3 A. t X> y
. J—sa». |^J «non I . |6^-_c ) JtvjQ j> r> 1 ->
•> *-oo| : r^=rx2k. •> (1) j La-~o | (,) jL.o£*.o r ^>
- •
•> ado» : r^A-X-m.
♦ « JLaot rrdro^ * IcO^I? I rx a.» :K^< 73 ^
(| ) v oo**&aj : r^-T73^. $ yooog ^ s r^icn^
ta—.?i JLa) . |Lï*>»L . avo U^awo IL-t^» )*x> JLo) ^Lcù. î" 1 ^^ r^ioxa
. ^ijbàoUt Lac» .|^a£Oo Ut i—«“us | . Li'Xb. yooàat l^oo
>| Vf |oÀ
JLiott |i-r— J « r U*l
—SC. >^ 10 ^ «mÎo
* P 94 v* 6. ©oj 001 . Jbbc^OA. roJJj© ^loyool. yiûv -00W0 • JLiojk, Uî* ^Lsoobùo
S>\ . )Lo-o*JLo LiL ^ —sto^so r Lo_o|o yso^o .^Iojx-£o têts*. t-l^> «—JLao
• • '
. OwLSO y—0*^.0 ^ 1 - t- OO 1^. «-O • çt'SS V 1 ** * ^ ^ , * UO t 1-
^00 )oo> umr>soi )>)♦ .(L —’ ILo-t—^ t—»t ^00 000
• —
-o»o6.|t y>s>ja r» y^9T^N 6x|o . .«xx| <f~6«)t vT* "* " °?° • y 00 ^ 3 l»t
-t_so ^ I - ->q.» . Lç^aa Ut A-t.| 6x| r—î *Mo) r -°’o . I ws - y^>
tu *^ 16x| *A*r^| (w) wa-llt JL»aa «y*. |A.toL . ^L.<çgx. Liot-il.lt " Ifc^r* <i?
*1* 95 r*a. v ^ot^a 0^0 .6x1 «n . 1 as ^-30^% di. . li.aa-v» ^aoJLa ‘“)a*atUt 1 ‘ ibôt^
«6x| où
|iota_» ^ | . v uvt>o Ut h»*>. 3Q JLfcso «7*. 6-1 : 9) \6ov^a oAjs rdlVxa 1
JLa^t .JLslLaot ILdS.1-o JlSO^JL joa. UCL-t JLôtxoo t-ü> laosa Ut
W Assemani (cod. C ) omitit très voce» anté¬
cédentes.
(,) Ed. et B : y ©^>o
(,) Supplendum U.» et cet.; cf. p. 11, n. g.
< % > Ed. <-©)
(l) Ed. add. ♦ lo-a. 1 Ui*. ♦ Ijoj i Loo.
(#) Ed. ; et sic ubique substantivura
pro verbo usurpât.
« Ed. II,.
w Ed. et B : r U.**JL.
Sic mss.; D carsbunice : r UoÀ go Ms.
•yr. Paris. 71 2 «IhwIï ^ go
» Ed. owa.ll.
« Ed. goo
(,,) Bis in cod.
(ll) Ed. ; et sic ubique. Cf. n. 6.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
•f* 05 r* 4 . JJ
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 11
111.0 .|Aa*>) lia^t J—n» fiJLaî» JJ, jioa»®] t ~ Ut J - ;
iooia? . |À**ao£v^t lï-woo liâl^ . IL JL J*. JL.o»t
b?a^f y'—a-> U ; i a » A.L-«I* JLu'Âjkt )A-?.V^ ^mw. JJ
•y* W !^ luo)} ^ yOOt^dQ If»
«*? A*-*~ <i? V^ 0 !* Isa» ILcL *» 1 . r Laa^ r »aa«w Jb»o_»t v <
a, t IWajkia 1104 Liv bot ^.j_ô .JLj4.it ^ n — v» . |L^» ^9
&L yooùaa. uoiif IoKaj -Loa-Jf | Liwo ULLao . 1 - >â|o
* <**
^®*- aD ? JJ-ô J-^?a-Ot L-oio |tao JL») . ju«x .*M~rO r&tn*. 5
LdlJiot IA»«j».x>o
JLLo " ^mO W 04
oai| " !•*-•»--
*? J^t Jt
*f* 95 v*a. ^»L| ,oa.
.La-J^^L'^.
I r LoA.U
I
r loJLu ^ > i^oiDf Uiao
( 4 ) ^io»o’ tjX U***. . ,-»~aj^O JL
*- JLiL^ 004 &l| . JkJaoA .1 JLxid , 7 ) U^»t
10 .)A^« 9 > . Ji*v> lioiaj ^_J 1 ^ o£«aa Sfiso -*J?t
•t y»| Lauia 1 004 .^.Ladit (Laaoj Ji*^» ~oioA»| oD* . jLfc*«JD UdU^o
1^1 ^ I 0 . 01 • taxait y.Vgjf JLn>^â ^
* 1 ^! I^û-^) il a m ^ ^omo • )Lo «.^^9 llgi a ^jO-co)
►iî . |Lo,_aa.t i*»®i trt - ) <î? **sj .Lai»-. JLxat . l«i^Jt
•>A.lLsL yOa| l»| y-io 4 o»a4 JLÛ.» &ÙQ.>C04 L-oi OOUO . U-LvS 4 |Jts^wM«a
* l^»?°L .yl ot .^a ^>. iO f Lia tjo La) L*h>« ;<n\n Wr>
V - ’■* »’ ^y^oj U» JOf Jo Jb^y- JJt I qLv 1 . 000 » y.oj». U «o . |L^> -—-» ■ :. «
f 95r ‘b. cn-a. l r _L| ^ooû^jo ^.f4\ «- ~»v JtLû.b&> . (,) JL»oio JLoo ^Of buil jÀ.&'ta»* I-^, <s
<‘> Sic «DOM cod.; vide noUm ad veraio- « Edit: ,-uota® -»l^ U-a- r u>.; etsta-
De ™ , 1 ', ’ n a L , tim sequitur formula consécrations, quae ad
in 1 " j* **?*î namero. litteram transcripla esteMissali romano,indea
In ed. et .n B. s.gnum + apponitur post verbis Ç(u pridie paterttur . Sequentia
unumquodque nomen. usque ad V#W ( l4> ,. l8) praeler -
‘ M - t * a,0,, mittit editio.
(•) ej" a*»? (,) ^ ocus perturbatu», quem emendavit C
bac brevi scntcntia : « Lo^ »;l
«*> Ed. K*l»
• i-OtO J!» jù } JU.JL yl^oj Kijo
a.
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
12
J.-B. CHABOT.
Ml* >90-^3» JLiOjJ wJLa* ^oi JLJ>JJ d| V OOCV oyiv
oo* • iLuoi ■ * l’S-ao 1L^ » tfv — |L| .oc»» : v*-j
^o* - r 2 ^ " J *»A'"0>lt ooou> ^-Ofc^-1 JLaoj o»v>aia~> r i-a
Ioa. U «_a y >V).. ** JLla taa. m\ &.«-ol.|j i* v ..o |i»^a JL»| .») . ^ojs cajjo oo*j
•°**^* yOoi ^-T.'a. o ^aa. 10*^—7 Ua. -v ao l—a-, J—j>j lio*a . |i-ol| r ovt Jb)
. JL*, o*
* 1* 96 r*a. «fcj^o'^üw. U<^jLjo |jao|j JLaoj JJo . JO) ^ajjâao* y^o^o |*aflfly> JVoL <£>.: ^.axX^vm 6
0^0 *M| lo^ liaijo JLsfijj a^o . L»| u»Jt y soc?
y®-*! / >3—o )»« fl • 14-^9 00* y^ JJ) . Ai| |£s*ajlj Jm«£p< |^s^.j
&jIo . ÛjJ o*-flfcJ»o ^-^-1 y^, &j| Jl^-Co U y—ot jaa* yJoJDo . b) ^>«oao
l <■ caa-~^. y*. "> J « r > 9>r aj &*) ca;_o£*oj „jao ya. «9l* . Co I ViXit^o ^>»*| ^ yV.
caiALlj yXOîJ ylL», * yOo) ja^. yWO*| OO* |oa.J Ai| ^/IVJ ^SoL y*. J JL . f,) jLâi^J
♦ ^mUj y-A.| yOOoO
.»l o â \* -*-l i>0* liotofi ^aoo I JL^> y . V> .. JLpo^Jei tO| : m\n r^Aixo
* 1*90 r'(.. . ^s*ajj 9i\ .. LA«ao . Jm\\ ^. JL*aj* ootj |lf .»f < ■*; « «" JLajj'^gâo «’a.
yào^J Jo*-^-* “-$*■ U «fl • r ia-soj Qfc-»jo*aa.-a y.»:ia , M s .-> L^-»l jLoao ^ |.s
♦ r* ! ** ^ ylouao JLa.»llo ^.LooCis —jILo ^A**axaj )lo>fliT> Ja\»o
louAaao yla^-^a JLx^ Jÿaaa paa— j Jua-^3 JLu-Oo JLa.*a Jboa. yi, Joomo
W <• U < ;Q O JLL y*»OtJO . 1 *M-**«" y.Q_aJJ Jb-^>j
U a l ^ v> .|*^»j U-ojlaco lalLj Ji^JLixo J—<<j3 (> J L> o«. p o V : ^cn^Vvron 7
^ ~ >S> ‘ V) • U « »« v> j l > \ i . i » . l.i ono Jj JL—| . JL^Llo* jLo^a. . JLâ^j U..->av> . J;*a|j
a^. 1 1 ^ v j Jl a ^ iv J J. .% v» l un . rv . M JLâ-aoj ji^ars . Jùû*ia*j |ioaj . |a.J»j
• yO-iJ i^Suolf c*æL~> l^o ^ g. ^ L001 JLa^fl yooa^o
*P$ 6 * 9 a. ) v yOOwO)) )la-0^-3f ^04 )ÔC^^ )I q^K Lod
• •
(l) Ms., A et B : ^.fi, correxit C. <’> B »dd. ♦ v a—a-*«a l^av
n A, B : Jsaü^t (M A
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
13
^>11? . |*i*-t &i| JLsh.» o |uoj ^oo • oo« ^OoJLgbO v OOwU>CP^
v <X»A^>o yOOpJ^t v aJO ' (l) bo^t IKauA A.l| .^aoouof oCVvi ^.3
|»oj 1-eoao &j| |Lto*i^.-S . l^a-a i.’nV |oo*jj y.^® .ooot c ^ | fl
li—û- y~^°r^ i«»-3 ^ >2 v oo.La_a_co JLso._sj I ^
.
ja-x.v> )jos
,oo»
U
-^? LâJL»? i-oajo
. a-3o*iL|o ~o»oïwCD r oo|jL— • . 1 9i*X>M j,co »£> £si| o ,
lu^i^Uo • O 1*00^0^* d ^.90 oiLd^JL • w^lo .oi^dllo «•<
-*> k* 2k—£ 00 . jL oo Jjc» ,***) ^
~eio?a^^f U*-^o • . c*v>û^oj J^j ^î;°
LjL^f • ai~» «•otojLobolo «*<
r* 96 t.
,?l
Looi? II
II*,
«si . A... -s^ - [
A.00» .^Lyj^. l’p'ÿràx &*•*£> ~*
.cit\a^ P^- * .ôwoÿ^ ta.*. A*-»*»o *P 97 ,,a -
* »U*t a<^» |J&O^U^xoo
1*141® ^lajÿa^OO jlaâ*^ uSl^O - m\n t^\V\0
O IA.01 L*^jLIIo l^obte ,K*i ?>|o f ^ - - Uw~L|o
■■ ■> >« » >»tto . A—xiLlo Hoiu^j . As^lsUo
lia |f|» v ooCw Ioch-j lit ^ v>t U-^o r M>o| v oov*.^ll ~t-'^ fs - ?y . v c
Ht r-*-> I r^ o- 'v 11 o . |^=>^ JJo JJ yoo^a^» v3*x>l)t r*>1°
*?* ^a tiV o ILd^JLao» JL^^.o . lo *^—1 Um« « JLsa—t l.fpp.^v JJ| .©^ ^oa * Pg?» 1 * 4 -
U-*»j louu» r La-^^ JL -w\ ^ JLIa^ JLJL»t Usa-vJLa^o la) lo^^» -v>.
♦ I a> J&O | L - JLs^V?
8 ~t*ol ** I fc 00 | V ^ * ;■! V yO\o« U-SCA} 91^ i—^ûü| : ^»<»\^YZ730
k*j£o L^û .^3 • yoJt^jfci-Dbào?
Ûj? IK^I—Of I KVqo Uo ^o .)lw- |oowl* |HÜL*d w^oL
<*> A, B :
_ | 0 Original from
É. Digitized by ^jO glC UNIVERSITY OF MICHIGAN
14
J.-B. CHABOT.
|oo*_»t • l—»
(U
M--• y
*f9 7 Y*a. loi ix-i.[o
U «ar>..v» vj..ao» ^botno . |L
|Li- |oo»-io . L.I jootLo
r r
(«)
r
Lfiy oo Itwt b box o .ov^> «'•» - I&.JL00
*7oVu\
lofc^
.1
«I
v Uoî
. 0»l î ^o'^<xaj0ftj )j JO JLfcJj
IIdcljo 1i w.iV JL-k^io . IliaVv iaoajo
IL^o’o !&■ - Vv ||Mot -o*o^| lv» v
Ut oîvo Uj on
lx.~a.jo .1
*f*97Y*4, ^.i a->o*t v ooCa. uo|o* |n.»P
.1
“> (♦**>)) : «i=n^. ♦
loo— {O i^lbo l a a a â|
>t JLaa_â liait »oo*V. uao|
^ •
1 » . ÀwoO ]Lv>. 7 * 1 -*- N-->« . LsoLojlx
t° , T®° +
l^ofcoo
|tol chi m aXasj
+ - 4.30 +
t -
-C*0‘<
40 <â|o
I
-t°lo +
fo4^>* liLaaot IL,
wû-.^wtt «OC*
♦ ^.-VOwv
»
Itol
V
0^1
N^v -O Lv.-k^o . ll^aa
*f*g 8 r*a. yoJtsJ^jo •
♦ 1»! !l‘lt
*-No| s ^o
k o^*oe»
«• :
yOÛü|
yoKfO^iO ~La^0 • l>04 Uo yOÊul il04 w L^uA’
^ 0^ g m #
♦ <*> v îjo r Lwao' :
o«t Jun-—Oo JL-. JL—=»t rxsor^a
yar^oo rioxa |
I^A .;x > o JJ^lat llâ^jt L-^-r®° Iwio^Jbo^ oV ^.->ua »t ntaW.
(,) Sic, etiam A et B; C : Loo-.. Fortasse
iegendum Ua~» (?)
« B ^ilKio
(J) Pro sequentibus, cod. B adhibet formulas
romanas e Missali impressodepromptas, et tex-
tum nostrura in margine addit.
(>) Spatium vocis vacuum in cod.
« Ed. et B :
(4) Ekl. et B : r l*a£fc». Initium responsi; tex
tus integer : r T&±.t\ v w*> r l<
»?• • . Mann r &»ibo^.o •
^ ♦
kfO . lOo^w? U ATMUkO .
(e cod. Paris, syr. 87, f. i4).
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 15
JLma; |^ . JbJ âjlâ MSÎado u~>\ ^oojdo A—3 >*S. . j s ^ oti-a. «y-| -ctojo*^
M^U JL»bJLxdo JLdo*? —.JLx^ JAootoao «y-J -&.JL. ^sLL» . Jv*J?o
. JLaS.j JLai J ^ b) aoo a li| li^Ul . «ai^vo ; | AxAj Jld| .«yiao
•• •#
J-aV. JL-ao-ao* • M £xaao li»-»Wo l-tao »y** )?« "|A^o-l 2> lù^ -ch^—
Jb —*1 JL—.->f A.) «y^. JJ .)K-a^)A-*âaf J-üo? 40 JLa—5oo . Uâ\ {O Jbso^L Aœo
ifcoL JJo .Jb—£—? -ot -Lcév. -jloAL JJ • jbl v » Jot-£— >-2k. JJo
a^o fo^ .Jo.-o ipot ^ i»jk.o -s. Ai J -oc* Jl).. o a~ y> JJ) . Joft- L JJ» -o» r Laü»»
y-1» *o«C JLo a<^'^Kixi.|» .V) o;jd» JUkOto P~£o My-ao-Of Jbo* J-a.S.
JÜl^xo -iaSS.» < 4 >JJ*j JALoS. «çU) ja-»J .00 Jva JL.-—? -otol)*?
y. IV) Jj| JL va JLa.«o yLaa-^ ^o» ^a.1 w i.a^ o —ajk.o~—» * JLû-S» —3
♦ JLxOt JLa—-fiO «y VI «\ ^DOoio . |ol£— JJ J lyÔOji S ^0-00 J JL—LJ «y-âo-O»
.JL-O LJ o oweL) yOOt^g^O yOÇ» . 91 % -» JK-laoo JL— Lot jLaiajaa eo v oo? 5 j
yOo )A—-L»ao )Lo~£s^JL? Jhû—? yO—J*J o*Ao*o? -La—o —I ris —— v» -ota-w|'^>V&
|LjuOOJL tyV. yûj^c
y_ov^ 3 s.o (>) L---J w>i JLoo «3 JLiot Ju-oiaaS. Va« JLjao yi_»CHV. -O : ,.»<»\^utj
.JL-CO^A JL»-S. . J Lot— 30 L )lo l» US&at^V. y? L > S - fD O &. S XP ySiv^O» y^S-J
. JA—x-.—ao Jteo -xtvo . JL—y».» JL»f> -vris.. JL—JLo* JL a-cs. .JL— ». svv> ) -v » v ^ s
JA—uil ‘‘'y.A.LL-'ûS.o . JLaJ» otJLaaif JLuacu. 1 ^ao» yaL asJs o . JA-x. su > ^A fltnvfv o
y — «O T.SV <y-J ^l'SûS. . JLJLûV. Aj| —tek OO? —Ot
»
J ->ft» uolv^o Ai) «—J? -Aao) : àrorLo .-u^ sa. cn\n
JLtL-Oo y - ; ^ a JJo_vo y— T — JLc—JM - A-aoJ . AjJ yl? J ALaoo ).—V o . Ai J J LJ
JbnQ»ÔtM>Q JL^LtO . y. toi JLk-«jO? -teo| .y S L » U—»0 y—jfifcio
JA.A—L^lq-x’s. (>, Jha^o . v >l\ teo JLooCl. JLmJvjlo JLJLi? -teoj .y»Loo |»oajo
B
(,) Sic mss. ; legendum y*x>r°)
Sic mss. ; legendum %u*>
(4) Ms. et A : ||{
« A JL-too
(r,J Ed. |\L1^lO • Wf <H JU VU
^.Ed. et B : %.uaa^LO
(,) Sic mss.; C meritoemendayit ko^’j -sço
•P 9 8r*k.
* f 1 98 y* a.
* f* 9 8 v*
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
16
J.-B. CHABOT.
ÎNio «bàol . y. 1. 1 t^O ' LlI’O .^ îvlv 1)01^. iiUfOJOO I 'OvCDO . y- K--- ‘
*^°l *ç*^l^o l i I •> —o U&?o y... >Lfrùo JL. Uo I« v . « -«k.v« JL^axo|o
7 • ^* NkS i-wao J»- . | t -~û- JLaxr JJf Jiai~> Jbj-lo |7^oll
^0^—1 A*—-» ^ U <t uo y*a) ySoii JJ JLu^'^a^.L JJo| . (yA ss.’v
•AOfcftl yl orCV o llj UjLao i oo* jü. U . JLlsoI j&JLcs -*- JJ
IUucd JL* U^jw. JJ uaâll JL *3 Jba^ |— ^«xjt o« ^ JJo
. Jlu-fefc. (, yl n . ^ * ^ yO— . |A.ot^s jlt—3 y*. — T -3) JJ| ja*x>l
r* f>. . )^i.,.. *> ^LoAva Vi3 ^ ym aalo . Uj—o» ^-.o . *>i ^
• J ‘ v 'V fl lo| UûOOAi ^V > \ * ja wi **> J. | A- - «.« A- JJ fl «y -\. mw «
U^a^oo r l± ^ J fol y-c*^3 y^o. [.|W»| llolt-^ ^ ~*J>]
J*—* ir^FX^. . Iwao) f* • ^.03 JJ o yn^o ^.JLso
♦“‘ | y »«.. ’t o v> | ^ : rcLz rx' ^. ♦ (, *>yi*. d| :rdicn^
♦ “*>-« U—t ‘“’JLo 1 : *Li» -nx.-n ♦ ‘“’À.ji-A. ;*!»<»*
r l <l 1 VI .. ; VIN y l .£ n . v o y^t*0 yâ* v •> Jo*^s JLjo© y-J : ^oi\^v= 7 D rJxax*
- U^Æ t l» ï*x-> lô*x»r JLooÂ^a , fl * JLsotDr J*î ^|^3 ( “'JLaJlaor | A^- 7 »v>
•J^.LaJii) J.o . ) Ji J)JU JL.là»
- XL
(l) Ms. el A : jjl; B correxit
*** A
« B r
« Ed.
« Ed.
^ Ed. et A : I^Kt^ *i>)
m Ed. IfL. -.ftyn .1 _L ro^j»
« Ed.
(,) Sententia integra : .. -I l_»l
M«- i -^a (cod. 87 , f. i 4 r*).
■ 1,) Textus integer : l-^ÿ — o lL'««v> .u»
f- ^^4 vftï)
t- 0 ^^ 00 (cod. Paris. 73 , f. 37 r*).
(U)
JUo |
(cod. 87 , f. 14 r*).
(,,) IK-aua-»o« f&o. ; nN . K^oyOo ^y AJw&*
jf^uo oluo l^ado^ ^JVIA ^Q^»«
r*-*-»!** (cod. 73 , f. 37 r*).
(“> B U
(U) Loi LfJW oooil bo-do If01 «• |L_| i»
* «VV Lool*> ^ l*.}**} 1—0»
•Loi U^aa.u 9 o)^k. |u
\o\o«
Uoo KmJO Mal
r
• y n m *\\ . »a~0 :^Of ÎSÎkl Uobo - -ftv f *
f. 37 V*).
(U) Ms. om. y
(1,) Ed., male : JU^o r bô^JK^
r
(cod. 73 ,
Digitized by
Original from
UNIVERS1TY OF MICHIGAN
17
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
yam«\. tOJO y im .\ .ma | * 111 :r^oa 1 “
yOi^lO ie Yl A? JLà*?l 11 .O'JLua w> UIV .JLuo . Luo ^
• lt« ^bo IJN.V Jpoo;po ^o Uk.<a^>i ^.ot Iuljo |Lbo . Jtoiaj* JbîL
| o ll ’in'v bpo*.t ‘ b ..*k. |o . U--o «jpofo r *^3 yooou? \«->l «k.»JûJO logo^vo
. |b m . - , 9?V ;po| K.Hwkl |LaJ.va.ot« (LsottJLfc â| Llx>|o .|^ob£v (L^oxa -b|o
oot Wfc .. C l t^UsoNoj oott^io . - o r ^b JLààkt ot\^. IL b L».*a_Ot JL-o»t
^ ’ ^b ^.^»oo ty N y f O : ‘> y~oi lo&s JL;po t^ioo 0003 y.| . Iwoôti lo^tf ot.55.fc
l> ^ i » ^.o bot l^ o ^\ ~» «^jLbo* |^a jo .bot botoaS. 0.^10 .bot 1- •»• ^ *f 99 *•(>.
• • • *
^ 9 1 • I b^V o ILH^p t ^ abt .JL»* |uo—o .li^fc I va «\ loot-jj • bot
* : ’ 0 »on iva« i \ lot^»f bo *v» a o bcLt ( * 1 «nxa ..' oto |oomo |.|1,Lp
|. i iS. *tnr»y> op y<i a n ..bo | jL« ^ — op yaXtfUt 000 : <rv\n *d\Vvo
.ILla) o^>' <“>ya—pb_» .U»a^po> y©—.0 .bb_a| <*p v o_iLbio .|/L^
«*-» y®-*»j-*bo • 1 » v > 00 yowat^jo . Ir^> «p y<x-.ot&jo ,)at.>a op v çûeb M .bo
\° r - * *° «i- v .l Ok® yo ^^m 10 . Lx.Joso op yOjOjjo .(jovco op yft "îVct <0 . 1
r La 2 iî®o| <»»xo> fc jDi.U [. r UiL-^ok»owD*Uo] r Look^s t“)_.JLiILvo o*j>
♦ Uj* : r£\ * . -r\x . -n j* JLxa.o*| ‘“'JL-oto Jjk»o JL»| r la-b^vl |-,^b-ttLo* *f s ioor'«.
4 L—a? bot b-Pto-o^K Utao i^po.x yi«->i O >0 .^*>|o y^vol :y,tnXVvro
b • i a* ^.L«P. t9 i \ .. . ya . x lo y*» o yLo*ot oui_3o* -otobit b..xo
•^La_aüsaX j . -> aa *0 0 .yJjatctfcS. o taV JLobt . IvrtVs. oi-blt
fl) Exlit. : « L^?an«»o»y )\^x> ux>lo boo
• op^o II ^
;,) Kd. et B add. : »ya. «n .t. o : i^sqlv.
idjOSA
(3) Ed. et B add. JL^ao
4 Ed. et B : L^*jo JL»» 4* Vo 4* vv
(iJ B om. senteotiam .pol
(*) A
(,) B sequentia sic coDtrahit : «—
• .•v^td^o 4* k» 4* Uba^i 4* M»
« Ed. Ua~
ROT. ET El TR. T. XLili.
(f) Ed. add. : Mi Vo i W-d ♦ v - H , t ^ v
*r*>l <U < -OtO^ O^lN. 1^.,
(■*> Ed. et B : yoLo&Jo .1 note
Ed., A, B : —
(, ’> Ed. et B : —ttnll.
(11) Ed. add. ♦ ^nel • Lak. « l—.ao*
|l4> Pergit diaconus : a .. .
. •. A~V - 1 ...t> o U—to Loi Lot k^kt ynJ^.o
3
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
18
J.-B. CHABOT.
U)
'W&LI y 1 o»».l -K >j y
• (3) i*joaâo'oLï| JL^cipm^l yooî^o J^ *>o ya^Lo^^ajf . ^ ^
JL*.^. &JwA» «JLsoadf r la Av; jj ;imv yooouii <A*lf ^| )xa.Jo . v oj|
II?
I
r»oor* 6 . , 1
T •
.(’) JLaojû^ûû^l ^3 (i) JLdw -^3 (4 «UIO
AA _
lia a .» JDO [la o oa~ -si
Il CH-i S. L-
.ad Ut
• V
*L|o >|c*^N ^ â » o o (Lajo^fjL3 yOoOt |^ yOoi^s^W^H
—
UfO-t JLiâ-^JL v ooCaa^>o . ill ^ ~v ~> io i-Otetf
JL»ao idjll * yOCHU^Vad yaaaui yC
" C>?0 yO©fc-fcïj- 2 t -.i_£Jl I^oJÊhOO
* r lOOï'u.
pV ^oi ya-i yQCH>>a:y 11 .' ^rr> y.v> ^*> JL»*> bdiLI : Olin rd\Vva
* r lw^t l*.9>^ùo ooo»i yOJot .|Lool wa*?o ^H-i JLool
joft |i»*a liotaJ^. Ilad^i Ida**. o.lflj ‘"’yOoUftVa.V
<"> LiSs. ^.* lALdf yoexlaXj «*df . “>JLuaa* L^iL 1 Hom-oit lit*. ‘"’aa.fcollo
|a^|o .Q»^ÛX\ Uoo^hO l^ij* l4) j^Q-O ^ JL-aÔ-^lo I^^jd . r L^A?o
kU) <fr [ La. o |&*ioLo
•i-
•v
■> l'Wo’Vo JL. JJ b axe : i^AXjgjcn ,5
so iOa»îo Jli. ^ca.îd ^s..i 1 "NxW JL«-*o <"> tdîL| : ^»m\^vm kLictoo.
^uDt>t 1
■
P> Ed.,A,B,C :«*<*il*
(*> A : Lx>lo
W EU. et B : ^Ul
C> EU. et B : . -.niv o -*>o=«i> laie ,^a
O EU. et B add.
<*> EU. et B : .»o<>
« EU. et B add. ,*.>
; n Ed. Lu—
w FU. et B : |) e ^,
CD Ms. y^oicHO.»
«"> A, B : »-.toll
<“» Ed.lUil
Ms.ltix
<“> EU.
(1,) F.d. et B add : ♦ r uol . L»s.
(l,) Septem sunt commemorationes; rarum
ordinem mulavit editio, et etiani cod. B, hac
ratione : 3 , 4 .5. 6 , 1 , 2 , 7 .
«'•’ Ed. Uf. Jf
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
10
A—L f » Q AU 9 o • ^ | - ~>S. n |1 ^ iv\ t0t • ^qj I *l*i 00**6.
•>!*>>. ^.o» ; o JLap© ^-o,î
>6 1 m »\ y .. *> iâ aoo yoouop IK-£~.» |l*L«~> ^üo JLuo ^s*L|o
yoot—îja-a v o .û yOo^.3a~ yam.. &j la.,a y*oto ^yOotlilLa y-*i
6yOA)oK<U i ~1 . Lj yOOktoKvOA ’ yOtiVatnp • yOOMWUO yoxoltsjo
'" . IA—^—.» Lo* aûajJïjXisj |A.*aaav*o «oj> ^.^1 v oo*pîp JLwso wa«l|
LsoL. L-Caao )*ojo . |£>—ao iw-.* Lo_3o*i o vnii yaojo « v oo*v ,4 > yoao*-»? 1
^oo . LuD»o&« IK. v> « j r> yi^AâJ y .V> »;3o . | »S^V Içi.aam* (Uava^o* *l v ioir*a.
♦ yO-acxaûJ y«a..yp )a.v <•>y i .vt.
18 1 j •’i q . ch y. I^o 1Æ^^vio .l.ja-pÿ>o L^a_—lo . J.irn^lo J < «nLLv*>w 1 _^jo tlj
❖ yOP —kl ILw- U£*P3f . y .fcp yOO^-t.pDO y.»aP> yOOfc^O^t
>9 yOo*&.JJL yOOwV. JLl&o .| â . ,ft y.«. -> , *fv ^Aoi txr»*a-o o_^»|* v >s..JJ Lwao tatU
yO ».;«ife >o yOj) |o*.|o .J . Vi oa; «^PoT y oc*P>o* |K»IV »I ^x.o .|lp9ia
$ LaûA-t |Ln i\n a |Lp yOcovJ* JUaa.0i.a0
10 |Ka .» a IL-Pt «h « » ^ yOoCP^Po v oo*_ A.I a-JO . 1^0 3) y^P-l yocoop JLuo ua?L|
mm
v ya_^x—Êu JLa.»lo LJLa (l * jop 1 . JLa»o»o |taPl La—»* *1* 101 r*6.
** o*6^a. 40 JLa-«.ft y »o 10; r A- p ;j o t JLLp ô{aa\ JLwo ia»L|
•:• ” i^jlL y -P^ y*» l a . VY .aa y*>»» JLalL^Po . Ju~a>«L^:>o yx»io
11 U? y»Jo i V » • y*«- 3 »U* yO—ioLp ^.l a i-a'Ll yP oN a V o :m\jo *^A^\o
IA«—•si.^aao .yo o w ^ p p—*o . v och^p usa-o r Uiva-i.y* IJL^co y»| .çjtajLI
^ *> « 1 « VY j> ^o'^fo l i.\m y V «f L-a-ao^ | •v < jf>fcao yP yoat^oo; |tôt
V . | « « m |o U-Ï,a ^.0 . LSÜ fl a a o o JLLj— ^.v .xoa—o .y.--wf )kja*üL
(1) Ed. yoaloiLo
» A ^x.6»
« Ed. et B v ~A-£-
' k Ed.
« Ms. vooop
« Ed. y^i*o.
I’» Ed. et B : *p«p
<*> Ed. y*>,
« Ed. -^U.
3 .
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
20
J.-B. CHABOT.
* f* loi V* fl Lio^^Û - Lfl ü ^ V> Q # fl) ^ÛA-S^V» ^S. rt - l A A «A %rtA Ul>^o .Jy-^o JLa-î*
JL-1» ] ‘"y-.owao r <^aJL»o y* . r A-A.Woî JdLxo .|&bot|o
| •:• Jua.ot . JLa-j-o
. ILooUo jo&. : T^vxjijcn l3
A»l y. r ,_ - 3» W o i-.u *> «_9fL| rvrnt^o ^»oj\Vo3o |
.^X»3p U,o «il) (J Oo II) .Us, ^m*?o JLl^jcaâoo JL^-*o
•>^io-Aj| w^, ^ Û.^A O JLfiO-* • JLl^^ JLaJ«^> | £0*xœ|o
w *
H-^ g> m -> IJL^» .0)00^0 »oo3o- JO O ■•u o . ^«-co? JL^J. ^..^o Uwo u>?l|
yo o^a\ o .ya-w v» |ot)^ L^- ^^Sa*) ^oloo |/w. JL^o *â?l|
•f* loi Y* b. ^^ *1 v oc h"v>V o JuL-joio^o JLô> Ifoyad^o . JLoC^* 1 -S.- r. (») l-y L'-^
lioiu-? )^-UiO ul^ o l&io-A> y *\V i JL.^O fisj)f (#) a-So|f
%- ^
❖ U* ~ 1 JL io o ^ »A*£C> v och^^ to .yOoi^f JLûûlÔj
• Ujü . I^û- o (,) aj «JLao^o JLljj yO <^a\ ÎJL^o wû^i) ;cnVn rC^AVvo
yOo*La-àJk^o ) .» .D* yOo»ia^ > «joo . ) 1 y ^ g* ^ (t) yoo^D -vxcdo 1 |^»u> UAû-*ov*o
. Ua^£sa-3o Jil^A >n yia^ JLlJfco .^ia-Liû— uof JLl^> ^ ia— . )J^-*-^-0
yOOOû^O «AXD yOOM^^Ï ^A«*io • ^ uiy yOCH^V. mr> 0 • yOO*-/fa^30
*r ioîr°i.. (W)|)ioo| JL^) # ^AJO ta^mjo Ijoj* JLl^J ja*x>) |yOo*J 6 ^u^©|
❖ ).1l^ : i<ljjc^73jtrn *4
« •
^î?° 1^-0»? )wo L») <30 tu» |iJL» j, ^ : ^.m rdjoa^
)jLu^o*>~ |A.»oi ^ |.K»M (laSLaA. Ht |la*Ao |^â)t (u) tHV ^
<u) A- f>?> - pn o 1 {».*> o ^ •> y\A . ^tl K-^»t JLttU_ î:s '^ avSJ^It ..o,aaa~<^>t
(l) Sic ms. ; ed., À, B, C : lë*o
« Ed. et B: W ~~
(>) Ed. et B hic add. ♦ *-*>1 • Uo*>
(>) Ed. et B : *-? A-lv-A. l+~}o v oo,v^
(l) Ms. i**«*o; Ed. et B om.
« Ms. o-Tlt
Digitized by Google
<’> Ed. uu
(•) Ed. iâ^o
(,) Ed. -a» v ooü- 3 o ; D rcctius : v .o» vt -s^a>.
<,,) Ed. et B add. * ^^>1 : Uok.
<"> Sic et A; B, C :
<") Ed. Kûül.,
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON.
21
IAs« »;■ *> i v» ^ •'t a i i |^£» -so; . r ^L5^o 1 J^oK=>? 1^»-^ ous^>
o a. ft . tr) U o . a ^ a o v o a- U L*~ix> JLGj» Lioi^ot |.'JLsfLf yOftrs'^^.
Ko 2 >K*.|» (K^otajo «*do . JA.«j..»Jv> jLiaao^. v oo*^sov
|o»^ ]—^D U-O. <s|o . yO CH »■» 2)0^0 ^joJL—J t lloü^ov LoaI .jooj
^a-*-« yUt) yOOwA.1» J^OootOo Ÿ-OQ ~ï ~> *^ 1 - ft » Itv\..; w. * f* «o» r* b.
U >V)«V)S. o JLa l a. o'k . .lie» Ji ^iK oU^t UvC.ooo ^I>| v ooNJv '* ' 1-« ^
U vi . »» .ocH~NaVo .|iOvoiv^vo UnK.«»s. JLàais. La ?wv (»> U. ;
^ * •
li« loiax yo o » ft yOJo^o .|iutt I l a IV) .o>~> b» Jvfrtfv oaAj{
❖ y lo~>fcV
T-
«y*-? If^-t JJt^ftjo ||J6woii.j y H -t JLu> ^ojÔ :cyxVn rdAVvo
\ »
yO CH ^A V -f ^A o^ , IUj^CHO ^loAt Q^Ia l-30 Jkm+ ko l nKW
•4
kooL» • l»o*a-»t U- *i a Vu a yOj) -~_i|o . K^>^joL| |&J^o |io» J v oo»&t$too
J-*->* j.loa*^o yOoC^-o ^t o' .| A..I.V)*, ft^*.toJLd [.Jlo*i J£s*^ô^o| (,) . (Loi—i 1 io***«.
*s)o Jl? J ~~jo .^S<uo JJj Jao^oa»o| JJj JLmL^o Ut
ô)’ y. " »o » I• i II *) )&i»to joC^S 6»»! .ou* ^>ita ( ‘>'^o.»"^a^.o ^ooC^o
v ‘ jlûû^o | V v OOiV.O
x
11 bo^v. Lgso_jo JLf-| JLftil JJo .U^e i^OO«ï ^o JJ :»^013
1 U*~o r^V*» y >k"-> a -> ^OKO y^wôojL» Jtut ^4 JJl.li^y-l Ut lla-^
1 « ^A»^ v «■ v» ©ùoa»o .^ooù-io (••) )lg^r>oV) i JJo' |c»^~. yootkov >mo*o
• lo-o| kftât U. ta .;_Bo Uvq.choo JvaVaaVo . JLilo, JJo JLilz> ( , . JQo^>
• -*-âô.o y-tû-jJ Jj^ko-^vo v - JLloo JJ? <aiaa« JLooox^o 'l*«o»v**
(,) Ms. 2
« B, C : JldtI
(,) Ed., B : wdfilt
< 4 > Ed., B :
W Ed. lU,-*
« Ed. V^U.
(7) C omit.
(8) Textus integer : lo»^ «po.,^o Ua~o —»J
\l • Vr \lo y) - \oo^-*o |LoC^a>
. ÿj x lo (cod. 73, f. 4 i v*).
- Ed. et B om. • praef.
< 1# > Ms. lla^oüQj P
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
22
J.-B. CHABOT.
1 - — |L
r ^»)t iiüOjAo |Lq ^
♦[H
P). P) U*U w .
%ts^y^ -puL\a K^xb rdioxa|
• ^olo w 3 ol :
1 «OV y O»*M fl ft i V L-ûot S >I . | m > > yO cn ^JL -v ^j as o A : ^»oaVir\m rdiooa 36
v O-3^Jûftsif 1-2» 0^0 . iLajJLDf %) U—ûl 3 pm M U ?o L^-A3t -et Ü-*J 1^0
|*> OtloA
yla ^ ^ A\j o Ia}<iXQ ^ «a«jdo jLiao r <
yjsjt&j J&s*3j : cn.\ja r^AVvo
•)
,t
^PWAM*«IV y*. J , fcA-J tfûV J O >^ 1 »Â |^|o . yl
|J r l^ Loèk loot-f |*»*a Il
|«fo -
jO ,^lâ\ lUJ ^ilAO
* P io 3 r* a. (fi
LU
,A*ioLo .
(T)
J^ 100 "
fi»âLi IA^ap-o r LaA^o* | «^jLsofiu H**t
Un^ Q- V IacV^Q U 1 — ~>O a ^UjL^O |L*— I^LD
•> ^ûa| 'Hyobj : $ JL aa a .~> t yO-^l t^olio U^o . Lm^^o JL 3 ) .Ldi
^UUo y-. *■■>* *t «fit a. *i a it v 4s-a^|t 1 âà^A : y»<7î\^n rcioxa ’7
ta** ^o Llu*o JL\a**t ,-aLao . (Lo^at y*\bo< ^Ao» Il»v »*> U^t<
p 1 *
in*v«I .yOo»J5^-*oVo yOo»^sA^ 1 <a~Ôo . 1 j^i*\Qâ> |&ota.-a^ yO~i| r ^o À.L
| V La O» «^a*PO r Lo^^ Uto IaVC! ^ Ut Iæ~>*JD yOôioi^AJt
-otoAJt JLa*«jo jL«^>»v> IdA ^ir»wx>l|t Li^o ll«Lv> vS| :ctxVd rdAVvo
* I" io3 r* 6. % ^ Âm ^\ y >} *1 •11^ ^ ^*0 .1a*«JD ^ ^Loa . JLo&v IiDocia t jjuvv>*
(I) In ed. f B etC, pro W, stat Ua^
<f) «tf^o îKiki .0*0\|o «opo^lf U-aJ
*-*>1 • ^vvriv^ ba\^ (cod. 87, f. 18
»*)•
(S) Edit, et B hic add. : • Iak ♦ l *fw » • bo*3
• bot-D 4 »Ayoya • junuw ♦ * yooo *j • Uoo 4 p.v®
♦ idOA^f v®*!» 1»*^ ♦ r LUQ *®
’' » n*. Lcoufco Lai loÀ) .i win ? \oomj
• _l yo^aa fia. l nw ; Cf. Renaud., Il,
p. 3 3 et p. 38.
(>> C, D : -°^
(*> D : ILa^a
*'* Ed. et B : y.t.a y»
<’> Ed., A et B : -»u>U
« Ed., A et B : --ia^lL
» Ed , A, B : UIaa
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 23
«•)
rt yiim 7 nïü jOO JJ | • IiOaûX^ ^ JJ O
I K ~ o ^a Io JU^o JLa-a^bo **OI •oûAwd'^jjo .CH^ JL^O^O
❖ t^ v> J ) : ^73^. r *î
#>, v
>i j o-i~oi) 4)
Jbi vt « < h.>q JL ^ q^k J 9\ +*l ^«moo JLiot
XXwOJLD) •> Jû^o :<
9 «^ «
Il I « r lQ ,~t^^< Jülu. fdv^JLo JLwso Jaa~ï y « |©o»L JJ o .1^00^ v oo*-ïo, oxsyjy
| •:♦ r -sL|
__ ^
tr oooa'^a <ûo .A.|o*~x>L yOÏll ' c 5bO ^oo .A. JL» ..A 3 ,-aa^sJ L ^ ^oo : min rCiAVvo
M
( 7 ] «JÛJBoL (#) "^XDf A.Lu^o| , ^ÛA J ^ >30 . AwL~-.pl ^OO ,
^ )ta-J^v^ |K~a^i ‘^.03*-
$ JoeiL jrCÜicn^
)CH^ ^L» 9 (UO (u| M^VlJ^aW 1 ÂzJoi^ (u) A.|u*!«-Jk. .-W*o J
00
^ &•&.*.(? -ov-3 •^LoUàa^t ».^ivo r Jba—?
y> *'^09 A.L^|
« ❖ çoo) : «^-* « [U«] 1^0 JLs| I
J JJ lo^. L>UO i^> ^ 1 i flf l iftv yO^OO ■ J(m«1ao âLo^AJO . J» . «AD
«ot Ja a 9i-> ^k. ^>s r o ILLchjso JL -k Ja^» (u >^ 1^3’ JJ) . JJ*~»t oo. Jaoa^a ^
«^œj :
. •> (u) | IA. toi©]
M
O .
•> ^—Ok <“>ja^' î
(toi IfeotoA»^. ^bo (Lb lo^t JL»» U—| (, * , :rd»0XA
<’> Ed., B : Vil ; C :
(*» Ed., B
“> Ed. ♦
(,) Voces ( ) inclus*» A etiam omittit;
praebent Ed. et B. Brevius C : ♦ *-**>1 Uo-m
O^DÜ . U^OO
W U«l—lo^S yOJUArtî (XX^tl
. ^Oowft? ooû(o 0»i^s )a^o U« mw*> n~*>,r»
• Lu» |£wx4o*. |£oia_> (Ms. 87, f. a 1 r # .)
« Ed., A, B :V^o;C:V^
« Ed., A, Bî^l
Ed. et B add. ♦ 1 bav ♦ J ^ 1 bo^>
(f) Bom.
< I# > Ed. add. f-l Udi— o , Wd
r • # •
- ' ♦Uv^ 3 ?
(ll) Sic ms.
(l,) Ed.
(,,ï Ed.,etB:^
(U) Ed* add. r w> i --—*0
(,S) Ed., et B : pxo
16) 0ratio alia est in editione, nempe:
• Uo^tod oûa ^JL Vw ^l ^ U-g-^ly javio
*•
. ylo V .fr 1 ) lUiofri. -» yj^t I wAt , . La» ^_a
•- . IW*. |»|Lo Lai f"- 1 *- fr-
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
24
J.-B. CHABOT.
(1) yOCH-ÎKs ^3^. yOOOb-l lo^t .eU âlo^Al; _^ . ^vv ~
«^oo| :k^ 73^. |»y.yi\w Iÿîv.
,1) ♦ L WV r ^>l :rùxj?uo)
• |*a£LLj| (,) V ^\a
• 0 QV » U i{ X> yOUO «Uo L-ûAw*Of
Anaphora Mar Iohannis, patriarchae Maronitarum,
QUI COGNOMINATÜR Mar MaRO SANCTÜS, ET EcCLESIAE DOCTORIS W.
1. Oratio ante pacem : Coram te, Rex regum et Domine dominorum, ado-
ramus et petimus a te Domine Deus, requiescat dextera tuae miserationis
super servos tuos qui coram tremendo robore maiestatis tuae stant. Benedic,
custodi, purifica et sanctifica oves gregis tui redempti sanguine mundo Uni-
gemti tui, et quibus (împositum est^ 4 )) signaculum vitae, e quo novit inimicus
eas redemptas esse; et referemus [gloriam et laudem Unigenito tuo. . .](*).
Diaconus proclamai Mediam W.
2. Sacerdos : Pax tua ( Domine, et salus tua, et dilectio tua, et gratia tua
et misencordiae divinitatis tuae sint nobtscuro et inter nos omnibus diebus
t— oio li_x> |l ^ po^w
(1) ln ed. * Iy) I^wao .
(,) Conclusio in edit. )o^|lo . Mu
♦fkfctO*. |l?
(,) Note marginale : Quicumque sacerdos hac
iiturgia usus luerit in die commemorationis
huius sancti, quae nona Februarii peragitur,
sors eius et pars esto cuin duodecim Domini
nostri Discipulis : item quisque eamdem Litur-
giam audiverit ; dixit enim eis : Sedebitls super
sedes duodecim. (Assemani.)
{4) Dans l'édition : «et signa eos signaculo
vitae ».
(>) Ici et par la suite, les mots placés entre
crochets traduisent les parties omises dans
1 édition romaine de la Liturgie.
( * Sorte de Préface dans laquelle le diacre
rappelle aux assistants la dignité du Sacrement
et les exhorte à assister dévotement à 1 office.
Celle de la Liturgie de s. Jacques est traduite
intégralement par Renaudot, II, p. 39. Il tra¬
duit également les autres formules qu'il est
d usage de désigner par leurs premiers mots.
Prière tirée à peu près textuellement de
la Liturgie des Douze Apôtres. Comp. Renau¬
dot, II, p. 170, et le texte du missel imprimé,
i w édit., p. 98.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
25
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
vitae nostrae; et referemus tibi gloriam [et laudem,] et Unigenito Filio tuo et
Spiritui tuo sancto, nunc [et sempcr, etc.]. — Populus : Amen.
3. Sacerdos : Deus bone(*) et misericors et sancte, qui per Filium tuum
unigenitum, Domiimm et redemptorem nostrum Iesum Christum, mensam
sacram et spiritalem nobis disposuisti, placido vultu accipiens oblationes has
immaculatas, da nobis donum Spiritus tui sancti, et nos dignos fac ut mundo
corde et pura conscientia ad tua sancta sanctorum accedamus, condonans
nobis pacem quam dédit discipulis suis sanctis Unigenitus Filius tuus, ut
etiam nos dantes unus alteri pacem in osculo sancto referemus gloriam tibi
et benignitati tuae omnipotenti, et Unigenito Filio tuo, et Spiritui tuo sancto.
— Populus : Amen.
Diaconus : Date pacem.
Sacerdos : Caritas autem Dei. — Populus : Cum spiritu [tuo].
Sacerdos : Sursum sint... — Populus : Sunt. . .
U. Sacerdos inclinatus : Ad te Pater omnipotens W, timende et laudande et
faciens mirabilia, Patermisericordiae et Dominus omnium saeculorum, [ abscon-
dite et incruslabilis, excelse et incomprehensibilis, laudabilis et infinité,]
Deus investigationi impervie, Pater et missor Domini nostri Iesus Christi
Filii tui dilecti, Filii tui tibi aequalis, Unigeniti tibi similis, qui est hypostasis
essentiae tuae, [natus praeclarus maiestatis tuae,] oriens lucis tuae, et splendor
'1|Lü ■ «1 __ .
ignis tui, radius gloriae tuae et imago substantiae tuae, omnipotens virtute
verbi tui, a te genitus aeternaliter sine initio, et est tecum mirabiliter sine
fine, in quo et per quem creasti mundos per gratiam tuam, et tecum et sicut
tu glorificalur diligenter a Superis; nos etiam, Domine, te laudamus et te
adoramus, dum in eo te videmus et ab eo Spiritum tuum accipimus; per
ipsum enim nobis manifestata est Trinitas adorabilis, et revelalum est myste-
rium quod absconditum fuerat a saeculis et generationibus omnibus; et ipse
edocuit nos generatione sua quod tu sis pater eius vere, et tu docuisli nos
(>) La première moitié de cette prière vient Extrait textuel de la Liturgie de Jacques
de la même Liturgie, avec quelques légères de Saroug; cf. Hcnaudot, II, p. 357.
modifications.
MOT. ET EXTR. - T. XU1I.
à
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
26
J.-B. CHABOT.
voce tua quod sit Filius tuus dilectus, et Spiritus tuus nos docuit revelatione
sua quod sis ens unum absque divisione.
Gloria ^ tibî. Domine, e conscientiaW quae illuminata est adoratione tua;
laus tibi ab omni ore quod honoratum est verbo tuo; sanctificeris ab immundis
qui purgati sunt hyssopo tuo propitiatorio. Glorificatione nostra non indiges,
neque confessione nostra augeris;
Et elevat vocem suam et dicit W : Sunt enim tibi, Domine, glorificatores innu-
meri, [mundi ^ lucis infiniti, I Cherubim subiugati et Seraphim pavidi cum
ordinibus et exercitibus angelorum; millia et cœtus innumeri, [atque myriades
innumerabiles; Seraphim W expansi ignis devorantis, et Virtutes mirabiles
spiritus vehementis, Legiones instructae flammarum, sustinentes currum
Cherubim cuius conversiones infinitae sunt, exercitus caelestium qui diligenter
sanctilicant gloriam tuam; turmae igneorum qui se invicem excitant ut elevent
voces suas in glorificationem tuam;] mille milium spiritalium stant coram te,
et myrias myriadum igneorum ministrant maiestati tuae, et alta voce recedente
a contentionibus, disquisitionibus secretiore, investigationibus sublimiore, a
disputationibus aversa, unus ad alterum canticum victoriae clamant et dicunt.
Et etiam nos. Domine, debiles et peccatores, dono gratiae tuae mereamur
dicere cum iliis, tribus vicibus : Sanctus. — Populos : Sanctus, Sanctus.
5. Sacerdos inclinatus : Sanctus, Sanctus, Sanctus es, Pater et Fili et
Spiritus sancte. Voces Seraphimtuam Trinitatem, Domine, sanctilicant,
et coetus Cherubim tuam absconsionemM benedicunt, et exercitus Angelorum
essentiam tuam mirabilem glorificant. Gloria tibi qui genus nostrum gratia
tua magnificas, et misces voces terrenas vocibus caelestium; tu per misera-
(1) Dans ia Lit. de Jacques de Saroug la
prière k haute voix commence ici.
(#) Au lieu de Ren. a lu et
traduit «per Ecdesiam tuam quam illumi-
nasti • ; c'est la leçon du ms. Paris 71 et de
plusieurs autres. Bille parait préférable à celle
de l'édition.
(>} Ce qui suit parait être une combinaison
des Liturgies de Jacques de Saroug et de s. Jean
Chrysostome. Cl. Renaudot, II, p. 358 et a44.
4 Pro Ren. a lu «juvenes».
;i) Pro Js**» Ren. a lu «sériés» longis-
sima ignis devorantis (p. 358); «ordines»
expansi ignis devorantis ( p. a44 ). Sa leçon est
préférable.
(i) Au pluriel dans les mss.
(7) Nouvel emprunt à la Lit de Jacques de
Saroug. Renaudot, II, p. 358; cf. p. a44.
(,) Renaudot, plus explicitement : «abscon-
ditam naturam tuam ».
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
27
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
tiones tuas magnas misisti nobis redemptorem l’ilium tuum dilectum qui ex
te ortus est per Virginem, sicut radius e luce in oculo mundo, et sumpsit
formam servi e sinu sancto, cum vere sit forma maiestatis tuae; homo factus
est sicut ipse voluit; natus est ex utero carnali ut regeneraret nos ex utero
spiritali; factus est nobis frater ut nos faceret tibi filios ; extulit nos ex humili
servitutis conditione et dédit nobis ut haeredum dignilatem acquiramus; abstu-
lit a nobis mercenariorum servitium et constituit nos in gradu fdiorum dilec-
torum; depulit a nobis spiritum servitutis ut iam non detineamus timoré
captivorum, et dédit nobis spiritum adoptionis quo te, Pater, fiducialiter
Patrem nostrum vocaremus.
Et elevans vocem suant : Gloria tibi, Pater vere, a filiis quos acquisivisti
gratia tua; laus tibi largitor bonorum tuorum super haeredes qui indigni erant
[ Hevae insipienti et Adamo in ... ; genuit enim nos generatione nostra prima...
regeneratione ex aqua et Spiritu.] O Transierunt antiqua et omnia renovata
sunt. Transiit etiam praxis sacrificiorum Levitarum quae in effusione sanguinis
quotidiana mysterium occisionis Unigenili tui figurabant. Venit enim nobis
corpus pro umbra, et realitas pro similitudine. Ipse enim Filius tuus in per-
sona sua fecit mundationem peccatorum nostrorum per sanguinem eius pretio-
sum qui efïusus est pro nobis. Illud [sacrificium] reconciliavit le nobiscum
cpiod ille coram te obtulit : ego etiam, vilis et debilis, qui vocatus sum in
adoptionem fdiorum tuae miserationis, cum non essem dignus vocari servus
tuus [offero] ; per hoc sacrificium pretiosum, remissionem peccatorum Ecclesiae
tuae concédé et omnibus filiis eius, nunc [et semper. . .].
6. Inclinatus : Non boves saginatos W coram le oifero; neque sanguine agno-
rum aut vitulorum cornua al taris tui aspergo, neque ; sanguinem hircorum et
caprarum pro peccatis populi tui sacrifico, neque cineris vitulae aspersione
mundam congregationem tuam facio; sed te ipsum Filium honoratuin coram
Pâtre tuo offero et coram te, cum Spiritu tuo vivo et sancto, tu tibi per manus
l> Les mots entre crochets sont les restes
crâne ou deux phrases mutilées, que je ne
saurais restituer. Après Adamo, il y avait un
qualificatif péjoratif répondant à insipienti.
Assemani (ms. C) a supprimé la difficulté en
modifiant le texte : « Adam enim genuit nos
generatione nostra prima, et tu genuisti nos
generatione nostra secunda ex aqua et Spiritu. »
Cf. Lit. de s. Jean Chrysostome. Renau-
dot, II, p. 2^4.
4.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
28
J.-B. CHABOT.
nostras oflers et te tibi e manibus nostris accipis. Placuit tibi, Domine, ut
sacriliceris, quia salis erat sacrificium tuum ad propitiationem populorum;
decet te rursum ut accipias, quia aequaiis est honor tuus cum Pâtre tuo.
Voluntas tua inclinavit te ut oflerreris, et amor tuus adduxit te ut occipereris.
Et elevans vocem suam : Velis itaque. Domine, misericordiis luis plurimis
accipere oblationem hanc e manibus meae debilitatis; non quia purus est
illam ofrerens, sed quia tu ipse, hostia mundis pretiosior, mori pro nobis
voiuisti, libéra nos a morte altéra, per misericordias tuas in commemoratione
mortis tuae pretiosae; dele peccata popuii lui; condona delicta Ecclesiae tuae;
placetur divinitas tua moribus nostris et delectctur maiestas tua operibus
nostris; et simus tibi populus benedictus et Ecclesia redempta quæ aemulatur
opéra bona, per gratiam tuam et benevolentiam Patris tui benedicti Spiritusque
lui vivi et sancti.
7. Et inclinatus : Adoramus miseratorem adorabilem O; advocatus paeni-
tentium, iustificator peccalorum, congregator perditorum, inventor errantium,
socius timentium, frater peregrinorum, roborator debilium, consolator per-
secutorum, lumen gentium, spes mortalium es tu; arces rebelles, in quibus
holocausla Gentium turba offerebat rebelli qui eam < 2 ) subegit, passione
crucis tuae expugnavisti, et liberasti captivitatem vinctam a diuturno tempore;
evertisti aras deorum istorum qui aberratione sacrificiorum eorum animas
adoratorum suorum polluebant; factus es agnus, cum sis pastor verus, ut
tolleres peccatum mundi morte tua; venisti ad immolationem ut aboleres
sacrificia Gentium quae filios suos et filias suas daemonibus sacrificabant.
Fregisti corpus tuum ut sit cibus; cum scintilla sis, accendisti ignem ut
sanctificares ora corporalia quorum labia sanguine inquinata erant; miscuisti
cabcem sanguine tuo pretioso ut aboleres aspersiones et libationes paganorum
quas in arcibus suis daemonibus rebellibus effundebant; intravisti castra
inimici, equitans in ligno crucis : viderunt te ordines eius et tremuerunt,
legiones eius et dispersae sunt, castra eius et commota sunt, exercitus eius
et timuenmt, turmae eius et turbatae sunt; praevaluisti in infîrmitate tua
(l) Passage analogue dans la Lit. du patri- grammatical; le texte est probablement altéré;
arche Jean le Scribe. Renaudot, II, p. 479 . notre traduction est conjecturale.
(,) Passage peu correct au point de vue
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
29
adversus potentem principem huius mundi tenebrosi, et evertisti eius altaria
florentia, vastasti domum habitationis eius, cessare fecisti festivitatem congre-
gationis eius; dispersisti turmas adoratoruni eius; abolevisti ministres eius
et impugnationes eius sedatae sunt; iratus es in eius amatores, eum ignomi-
niosum fecisti coram amicis eius, ab eo aufugerunt sacrificuli eius, et instituit
pastor servos suos in sanctuario; immolatione tua vocasti Gentes in adora-
tionem tuam ; fuisti mediator sapiens inter duas partes discordantes et reconci-
liasti creaturam cum creatore suo; pacem constituisti inter figmentum et eius
plasmatorem; reduxisti exules ad septum et protexisti captivitatem intra ovile
tuum.
Et elevans vocem suant : Et propter has gratias tuas et bénéficia tua,
laudat te Ecclesia quae oppressa fuit et fiberata est, captiva fuit et reversa
est; exagitata, etquievit; misera, et glorificata est; dispersa, et congregata est;
irritata, et pacificata est; et glorificat misericordiam tuam, et deprecatur
maieslatem tuam pro omnibus natis et filiis eius qui sunt gens tua et oves
gregis tui; ne sit eis hoc mysterium sanctum corporis et sanguinis tui, quod
offertur pro eis, in iudicium, in ultionem et in condemnationem, quod non
sint eo digni, sed in absolutionem culj)anun et condonationem peccatorum,
deletionem delictorum, et in stationem ad dexteram tuam, cum fiducia et
fibertate quae decet filios dilectos, per gratiam tuam et beneplacitum Patris
tui benedicti et Spirilus tui vivi et sancti.
8. Et inclinatus : Tu enim docuisti nos : Ita facite in memoriam meam
quotiescumque congregabimini. Miscuisti enim virtutem tuam absconditam
in pane et fregisti corpus tuum Apostolis tuis in mysterio; coniunxisti etiam
sanguinem tuum in vino, ut sit testamentum novum; et nobis dedisti cibum
spiritalem ut commisceatur corpus tuum vivificum corporibus nostris morta-
iibus, et misceatur sanguis tuus propitiatorius sanguini nostro carnali, ut
simus filii Patris tui caelestis, et sis nobis frater, et fiamus haeredes regni tui ;
posuisti teipsum signum ut spéculum in quod adspiciamus, et portum pacis
ad quem requiescere curramus ; et quemadmodum docuisti nos ecce facimus,
et in semita quam stravisti nobis gradimur.
Et elevans vocem suam, signât corpus, et ait : Adoramus et confitemur
dispensationem tuam, et facimus coram te, Deus, memoriam Domini nostri
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
30
J.-B. CHABOT.
Iesu Christi Filii tui dilecti, qui iila nocte qua voluit tradi et ei piacuit tor-
menta et cia vos pati, et Ecclesiam suam sanguine suo liberare, et synagogas
cruce sua solvere, et aedilicare sanctuarium et evertere altaria; et eligere
sacerdotes et reprobare sacrificulos, sumpsit panem in manus suas puras et
sanctas, dotem sponsae et repudium dimissacl 1 ), + et benedixit, + et
sanctificavit, + et fregit deditque discipulis suis sanctis, et dixit eis : Hoc
est corpus meum, quod pro vita mundi frangitur et traditur, ut illud man-
ducantes non moriantur et illud sumentes non corrumpantur; suniite, man-
ducate ex eo viaticum in vitam aetemam. — Populos : (Amen).
9. Sacerdos supra calicem ait : Etiam post caenam calicem miscuit vino
et aqua, Hh benedixit, + glorificavit + et gratias egit deditque discipulis suis
sanctis, et dixit eis : Hic calix sanguis meus est testamenti novi, quod prodest
adoratonbus eius et contristât crucilixores, quod scriptum est sanguine et
signatum est morte et sigillatum est cruce; sumite, bibite ex eo omnes via¬
ticum in vitam aeternam. — Populos : Amen.]
10. Sacerdos : Haec iacite in meam commemorationem; quotiescumque
congregabimini in nomine meo et manducabitis panem hune, et bibetis
calicem hune, mortem meam et resurrectionem meam commemorabitis donec
veniam. — Populus : Mortem tuam. Domine W. . .
11. [Sacerdos ponit incensum et dicit : Benedictum sacrificium vivum et
sanctum quo ipse seipsum obtulit genitori suo, ut ei oflerat nos populum
perfectum et sanctum qui preces puras et sanctas sacrificet coram eo secun-
dum beneplacitum eius. Tibi enim et coram te cor meum et genua mea
inclino, creator caeli et terrae, ut concédas petitiones meas secundum munus
beneplaciti tui; non enim aurum aut argentum peto a te, neque animas
M Cette phrase incidente et peu élégante ne
se trouve pas dans les autres liturgies. Le sens
est allégorique. Dans le langage des Pères,
l’Église est l’épouse du Christ; l'Eucharistie est
sa dot et en même temps signe de l’abandon
de la Synagogue.
Telle complet : Mortem tuam, Domine,
commemoramus, et resurrectionem tuam confi-
temur, et adventum tuum exspectamus, mise-
ricordiam et gratiam a te postulamus, et remis-
sionem peccatorum petimus. Miscricordiae tuae
et gratia tua sint super nos omnes.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
31
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
inimicorum meorum (*), sed, ingemiscens et ioquens ex dolore cordis, propter
peccata mea midta, hostiam hanc porrigo tibi, Domine misericors, quae
oritur ex corde et interpretatur lingua et scribitur lacrimis palpebrarum
interiorum. Non tibi est victima alia quam des mihi, nec mihi peccata quae
gravant voluntatem; non remaneat apud me quod peccavi, neque permaneat
apudte quod non absolveris, sed propitius esto mihi, et milte mihi Spiritum
tuum sanctum, et perfîce et sanctifica sacrificium hoc coram te <* ! positum, quod
nuncoflero; ut intrarem in sancta sanctorum, ubi mysteria Unigeniti Filii lui
ministrantur. Aufer a nobis W vestes sordidas quibus induit nos Satanas per
segnitiem cogitationum mearum, et indue me illis quae per gratiam tuam
paralae sunt. Et nunc peto a te ut coram te et ante faciem tuam appaream
sine peccato, et exaltabo nomen tuum adorabile et sanctum, nunc . . .
Memorentur in hac oblatione vivi et mortui pro quibus et propter quos
olïertur et sanctificatur, et in manus personae meae debilis et peccatricis quae
illam ofl'ert oriantur misericordiae Trinitatis gloriosae; Domine noster et
Deus noster tibi gloria. . . ]
12. Inclinatus : Commemoramus igiturW, Domine, hanc redemptionem
salutarem et vivilicatricem, et omnia quae propter nos passus es et sustinuisti :
incarnationem nempe mirabilem, passionem salutiferam, crucem vivificantem,
mortem vivilicatricem, sepulturam sublimem et resurrectionem laelificantem,
et adscensionem tuam caelestem et sessionem tuam a dextera maiestatis Patris,
et adventum tuum secundum quo venturus es ad retribuendum unicuique
secundum opéra eius.
[Et elevans vocem se signât et dicit : Quando in gloria apparebis et super
nubes caeli venies vivos et mortuos iudicaturus, quando probi gaudebunt et
iniqui tristabuntur, iusti laetabuntur et impii plorabunt; quando sancti
exultabunt et peccatores afiligentur, et lideles exultabunt, apostatae autem
confusione replebuntur; quando prophetae et apostoli in altum adscendent,
(,) Cf. I Paraît. , i, 11 . —Toute la rédaction
de* Liturgies contient un grand nombre d’ex¬
pressions tirées ou imitées des livres bibliques,
qu’il serait sans utilité de relever dans le détail.
(,) Mss. «coram nobis».
Digitized by Google
Sic mss.; lire au singulier : «Aufer a
me • , etc.
(4) Ce paragraphe est tiré, avec quelques
modifications, de la Lit. de Jacques de Saroug.
Cf. Renaudot, II, p. 35g-36o.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
32 J.-B. CHABOT.
et idololatrae (l] in imum infernum descendent; et martyres ac confessores in
thalamum intrabunt, et iudices iudicabuntur; quando ieiuni accèdent et
luxuriosi discedent; quando adlicti et defatigati requiescent, pigri autem et
ignavi opprimentur; quando tritica in horrea congregabuntur et zizania in
igni inextinguibili comburentur W J, parce nobis. Domine, et expande miseri-
cordias tuas super nos omnes; jet ne intres in iudicium nobiscum; ne avertas
faciem luam a nobis; ne cum impiis computes nos; ne cum quinque stultis
numeres nos^; ne cum illo qui sordidis indulus erat^ e regno tuo repellas
nos, neque cum illo qui accepit talentum unum 5 in tenebras exteriores eicias
nos; ne cum bircis ad sinistram statuas nos, sed nos laetilica adspectu tuo
divino; miserere nostri in tua gratia abundanti et introduc nos in thalamum
tuum sublimem; misce nos gregi tuo spiritali et fac nos accumbere convivio
tuo laetitia pleno, et perdue nos ad gaudium indeficiens;] laetilica nos
omnes in tabemaculis Ecclesiae tuae Hierosolomitae [et aptos fac nos haere-
ditati paternae; ! et propter haec omnia, gratias agit tibi Ecclesia tua et te
deprecatur grex tuus, et per te et tecum etiam Patrem tuum, dicens :
Popalus : Miserere nostriW. . . — Sacerdos : Nos etiam( 7 >. . .
— Populos : Te laudamusl 8 ).. .
— Sacerdos : Praecipue^. . . — Diaconus : Quam lerribilisW. . .
13. Sacerdos inclinât as : Etiam Domine Deus, rogamus te et supplicamus
misericordiam tuam per exercitus Angelorum, per turmas Cherubim, per
Ainsi d'après la restitution d'Assemani.
f1) Allusion à Matth., xiii.
(5) Allusion à Matth., xxv, i-i3.
(4) Allusion à Matth., xxii.
<4) Allusion à Matth., xxv, a4-3o.
(i) Formule complète : Miserere nostri, Deus
Pater omnipotens, miserere nostri.
(7) Texte complet : Nos etiam infirmi et pec-
catores servi tui. Domine, gratias agimus tibi et
laudamus te, pro omnibus et propter omnia.
(,) Formule intégrale : Te laudamus, te bene-
dicimus, te adoramus, te conlitemur; propitius
esto. Domine Deus, et miserere nobis et exaudi
nos.
Digitized by Google
Formule complète : Praecipue et primum
sanctam, benedictam, semper virginem, bea-
tam dominam Mariam deigenitricem comme-
moramus.
(l0) Proclamation intégrale : Quam terribilis
est haec hora, quam timendum tempus istud,
dilecti mei, in quo Spiritus sanctus ex excelsis
sublimibus caeli movetur, descendit, illabitur
et requiescit super Eucharistiam hanc in sanc-
tuario positam et eam sanctiücat. In silentio et
tremore estote, stantes et orantes. Orate : Pax
nobis, et tranquillitas nobiscum omnibus; cla-
memus et ter dicamus ; Kyrie eleison.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
33
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
ordines Seraphim, per coetus Sanclorum, per spiritus lustorum qui perfecti
sunt in loco habitationis tuae, in tabernaculo principali maiestatis tuae.
Et invocat Spiritam et dicit sub silentio : [Kyrie eleison, Kyrie eleison, Kyrie
eleison.] Exaudi me, Domine. Exaudi me. Domine. Exaudi me. Domine. Et
aperiantur portae caeli et revelentur portae lucis; et veniat et descendat Spiri¬
tus tuus sanctus ex excelsis, et requiescat super hanc hostiam [et super calicem,
et sanctificet ea ut liant corpus tuum et sanguis tuus sanctus. Et quemadmodum
dedisti virtutem angelo qui attulit nuntium Virgini, impertire etiam mihi
libertatem verae fidei, et dicam hostiae : Spiritus sanctus veniet et virtus AJtis-
simi requiescet super te : quia quod miscetur sanctum corpus Dei vocabitur.
Sane, deprecor te. Domine Deus, Spiritus tuus, et virtus tua, etverbumtuum
requiescant super altare hoc et sanctificent hanc oblationem, descendat et
requiescat in hune panem et super hoc vinum, ut Bat panis corpus, et vinum
sanguis, ut in plurima dividanturet plurimis dividamus praedam,] et fiat in eo
absoiutio culparum et condonatio peccatorum sumentibus illud.
Et elevans vocem suam 0) ; Da ut eo iustificentur peccatores, [et eo absolvantur
delinquentes, et eo placentur irati, et eo quiescant iracundi; et eo laetentur
moesti, eo consolentur lugentes, eo sanenlur infirmi, eteo respirant oppressi,
et eo commemorentur Prophetae, et eo triumphant Apostoli, et eo régnent
Martyres, et eo exultent Confessores, et eo adorant Poenitentes, et eo gaudent
Angeli; glorificetur divinitas tua, et [exaltetur absconsio tua], et celebretur
[sublimitas tua, et adoretur] Trinitas tua, Pater et Kilius et Spiritus nunc. . .
— Diaconus : Oremus W...
14. Sacerdos inclinatus : Amen atque amen. Oflerimus coram te. Domine,
hanc oblationem puram et sanctam, quae est memoriale tuae mortis, tuae
passionis, tuae crucis, pro Ecclesia tua quarn acquisivisti ab initio, quae est in
universo mundo, sedet in spem tuam, petiit salutem tuam etexpectat regnum
tuum ut ingrediatur in thalamum tuum, et pro omnibus natis et filiis eius qui
sunt, qui passione tua liberati sunt, morte tua vivificali sunt, ut participes sint
tuae resurrectionis ; et pro omnibus episcopis orlhodoxis : sapientes et pru-
Comp. le passage parallèle dans la Lit. de cemur Dominum et Deum nostrum, hoc mo-
Jacques de Saroug; Renaudot, II, p- 361. mento magno timendo et sancto, pro.. •
Le diacre continue : Oremus et depre-
FIOT. ET ESTE. — T. 1LU1. 5
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
34
J.-B. CHABOT.
dente» fac eo», et dignes fac ut decet esse praecones regm toi quod in cadis
est; praesertinn caput nostrum Mar Petrumf 1 ) palriarcham, et Mar N... epis-
copum ; et pacifica Ecclesiam tuam sanclam ; concédé ei ut in innocent» et sanc-
titate die» su os ngant, dum gregem ipsis commissum in iustitia et timoré
Dei pascant.
Memento, Domine, sacerdotum et diaconorum, qui hic sunt et in omni
loco, et omnium Ordinum Ecdesiae sanctae, qui solliciti sunt in suis gradibus
et imrigilant gregibu» suis, ut accipiant suas retributiones.
Memento, Domine, totius foederis casti et sancti virginum et yirginarum,
qui custodiunt corpora sua et mentes suas mundant, ut vincant in certaminibus
suis.
Et elevaru vocem taam : Memento, Domine, in misericordiis tuis plurimis,
omnium eorum qui a saeculo tibi placuerunt : Patrum nostrorum et patriar-
charum, qui fuerunt doctores Ecdesiae tuae sanctae, et radiis gloriosis doc-
trinae suae conyerterunt Gentes e tenebris errons ad lucem yeram Evangelii
sancti, et decertarunt pro yeritate fidei orlhodoxae; per preces eorum puras
pacem concédé eedesiis tuis et coenobiis tuis; cessare fac pugnas et pertul a-
tiones a fine ad fines terrae, et nos fac dignos ut, cum eis et inter eos, oflera-
mus tibi glorificationem et laudatiooem, nunc [et semper.. .].
15. Diaconas : Canon : Fratres et reges...
Et saccrdos inclinatas : Memento, Domine, Regum nostrorum christianorum
et christophilorum, et eorum quibus concessisti ut régnant; robora eorum
dexteram et brachia eorum fit ma; pacifica regnum eorum; perfice eos in fide
vera et operibus bonis. Subice et submitte sub pedes eorum populos paganos
qui cupiunt bdla et sitiunt sanguinem.
16. Et memento, Domine, eorum qui constringuntur laqueis peccati
voluntale sua et subiciuntur sponte sua variis passionibus, ut corpore tuo et
sanguine tuo sancto expientur delicta eorum, condonentur culpae eorum, et
Tout les patriarches maronites prennent patriarche, l'éditeur a inséré celle du «Pape
le nom de Pierre « lors de leur élection. Dans de Rome»,
le missel imprimé, avant la mention du
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 35
sanentur labes eorum, et curentur vulnera eorum, ut in portu poenitentium
retombant.
17. Memento, Domine, omnium fratrum nostrorum spiritalium qui in cul-
pis exierunt ex hoc mundo peccati, ut liant eis corpus tuum et sanguis tuus
quae sumpserunt pignus resurrectionis et ignis comburens reatus et pruna con-
sumens surculos peccati ; per misericordias tuas inveniant thesaurum saiutis,
et ad dexteram tuam cum sanctis tuis stent.
18. Memento, Domine, pauperum et peregrinorum, infirmorum et a(Bic-
torum, vexatorum et oppressorum, (idelium quorum noti sunt parvi et pro-
pinqui contempti sunt, ut in mundo novo clarescant.
19. Memento, Domine, eorum qui has oblationes ad altare tuum sanctum
adduxerunt; concédé eis petitiones eorum pulcras, et pro his terrenis da eis
caelestia; fac eos et eorum defunctos fideles dignos esse haeredes regni caelo-
rum.
20. Memento, Domine, omnium qui in periculo sunt, et omnium filiorum
Ecclesiae sanctae, remotorum et proximorum, parvorum et magnorum : cum
rectis et iustis misceantur.
21. Memento, Domine, omnium ovium gregis tui qui est ubique, qui pas-
sione tui ipsius redemptus e proventu corporis tui et sanguinis tui vescitur, et
rivulo sanguinis tui, ex cruce tua, fultus, servetur.
22. Et elevans vocem : Et omnium memento. Domine, in benignitate tua,
quos commémoravimus et quos non commémoravimus, secundum multitu-
dinem misericordiarum tuarum parce eis et miserere eorum. Et accipe sacrifi-
cium hoc quod pro eis tibi oflertur super altare tuum rationale et supracaeleste.
Accipe supplicationes servorum tuorum; miserator esto et misericors pro pecca-
toribus et delinquentibus, pro captivis et vinclis, pro persecutis et exulibus,
pro miseris et pauperibus, pro moestis et alDictis, pro orphanis et viduis, pro
cuncto populo tuo et ovibus gregis tui, qui confitentur te et Patrem tuum et
Spiritum tuum vivum et sanctum, nunc 'et semper. ..]
5.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
36
J.-B. CHABOT.
23. Diaconus : Deigenitricem et Patres. . .
Et Sacerdos commémorât quem volt, et inclinatas dicit : Memento, Domine,
mei servi tui debilis peccatoris, miseri et praevaricatoris, qui, sive sciens sive
nesciens, voluntarie et involunlarie, peccavi et deliqui coram te, sicut homo
instabilis; propitius esto et condona mihi in philanthropia tua.
Memento, Domine, servi tui peccatoris qui se foedavitW, et absolve eius
culpas, et multa peccata eius, in abundantia misericordiarum tuarum.
Memento, Domine, praecipue sanctae et semper virginis Deigenitricis Mariae,
et omnium Prophetarum sanctorum et Apostolorum divinorum, et Martyrum
victorum, et Confessorum illustrium, et omnium qui confessi sunt Trinitatem
orthodoxam, ut tu. Domine, nos facias socios et cohaeredes sortis omnium
eorum; et sub umbra eorum protégé nos in die tremenda ultimi iudicii.
Et elevans vocem suam : Memento, Domine, omnium triumphantium et
sanctorum, castorum et ieiunantium, rectorum et iustorum, fidelium vero-
rum et operantium omnes virtutes, et per eorum orationes puras deprecatio-
nesque sanctas, respice nos oculo miserationis tuae, converte ad nos faciem
tuam mansuetam et benignam, misce nos turmis eorum et adnumera nos
eorum ordinibus, et sub pedes eorum congrega nos, et cum eis et inter eos
constitue nos, ut confiteamur, et adoremus et glorificemus Trinitatem Patrem
et Filium. ..
24. Diaconus : Defunctos.
Sacerdos inclinatus : Gloria tibi, fructus vitae, qui missus est a Pâtre
domino spirituum et omnis carnis, [et descendit inhumandus in agro agricolae
mortalis sine participatione seminis ](*). Laus tibi, fdio abscondito eius qui,
misericordiis suis plurimis super genus humanum eflusis, misit te in amore
suo, et valuit venter debilis virginis te portare, ut per corpus quod ex ea sum-
psisti, prunam sanctam, omnia labia mundares W. Exaltatio tibi : nam sancli
prophetae laborarunt et se defaligaruntinmysteriisluis, nec potuerunt labores
Traduction conjecturale. Le verbe
signifie proprement « tracer une ligne » et de U
«lacérer, entailler». Il est employé par les
scribes pour dire qu'ils ont « sali » le papier, et
Assemani le traduit par « conspurcare ». Le
contexte indique qu’il s'agit ici d'une épithète
péjorative.
(,) Construction grammaticale peu correcte.
(S) Allusion à Isaïe, vi, 6 - 7 .
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
37
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
eorum assequi prunam vivificatricem sancti tui corporis; sed per donumquod
efïudisti super genus humanum, dignos eflîcisti mortales ut te videant in suis
palmis. Et etiam nos nunc, Domine Deus misericors, supplicamus te per mise-
ricordias tuas perpétuas, seu per Filium tuum dilectum, dominum nostrum
Iesum Christum, ut memor sis omnium fràtrum nostrorum fideliumqui deces-
serunt ab hoc saeculo, presbyterorum, diaconorum, subdiaconorum, lectorum,
monachorum, ascetarum, virginum et virginarum; et omnium fidelium qui
exierunt ex hoc mundo in vera fide; et eorum qui pro eis obtulerunt hanc obla-
tionem maiestati tuae.
Et elevans vocem suam : Accipe Domine, in benignitate misericordiae tuae,
spiritus et animas servorum tuorum qui ex hoc mundo tenebroso migraverunt
ad te in fide vera; praesertim eorum pro quibus et propter quos hoc sacrificium
rationale oblatum est; requiescere fac eos in tabernaculis lucis et in mansio-
nibus gaudii in locis exsultationis, in lerusalem caelesti, et concédé nobis et
eis, in benignitate tua, vitam quae non veterascit, bona quae non deficiunt,
delicias quae non evanescunt et voluplates quae non praetereunt; et etiam no¬
bis et eis et omnibus qui in spe tua recubuerunt tu, Deus philanthrope, pro¬
pter dilectionem tuam, etiam nobis et eis : — Populus : Da requiem et (2 ). . .
25. Sacerdos : Ne prives nos misericordiis tuis. Domine, neque deseras
nos, ne laberemur et deveniamus in errorem ignorantiae; sed( 3! concédé nobis
ut gradiamur in viis tuis et ambulemus in semitis tuis, et perficiamus volun-
tatem tuam. Absolve et dimitte omnia peccala et delicta nostri et eorum et
totius gregis tui, abscondita et manifesta, voluntariaetinvolunlaria;etconsum-
matione fideli et christiana quae tibi placet nos fac dignos; et stare ad dexte-
ram tuam sine confusione nobis concédé; et ad commixtionem cum lustis tuis
et voluntatem tuam lacientibus, perdue nos gratia tua, et placito Patris tui bene-
dicti, et operatione Spiritus tui vivi et sancti, nunc. . .
Diaconas : Sicut erat M. :
W Ce paragraphe parait emprunté à la Li¬
turgie de s. Ignace. Cf. Renaudot, II, p. a a a.
Réponse complète : Da requiem, propitius
esto et dimitte, Deus, insipientias nostras et
illorum, sive voluntarias sive involuntarias,
sive notas sive ignotas.
Cf. Renaudot, II, p. aa3.
(4) Le diacre poursuit : Sicut erat et per-
manet in generationes generationum et in
generationes saeculorum futurorum in aeter*
num. Amen.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
38
J.-B. CHABOT.
[Sacerdos frangit et signât secondant ordinem I 1 ).
Diaconus : Iterum atque iterum...
26. Sacerdos inclinatus : Offerentes ea (mysteria) absolve, etiam sumen-
tibus ea munditiem procura, et docuisti nos verbum vitae quod est simplex
et sine invidia in natura iustiliae, et curans ut peccatores accédant ad eum W.]
Et elevans vocem : Orna animas nostras veritate tua. Domine, et sanc-
tifica nos sanctificationibus tuis, modestam fac manifestationem nostram, et
glorifica absconsionem nostram, et tranquillitatem tuam sedere fac inter nos,
et pax tua habitet in cordibus nostris et fides tua in mente nostra; et veritatem
tuam proclamet lingua nostra ; et crux tua sit custos noster et pignus verum sit
pro Ecclesia tua, et tuum fermentum vitae misceatur in figmento tuo; et oratio
tua sancta praedicetur linguis nostris, et confessio tua gloriosa pronuncietur
labiis nostris cum, facienles citharas novas et modulantes canlicos intemeratos,
audeamus cum fiducia invocare te, Pater sancte, et orare dicereque : Pater
noster, qui es in caelis. — Populos : Sanctificetur nomen tuum. . .
27. Sacerdos inclinatus : Gloria tibi, qui nos fecisti dignos minislrare mys-
terium Unigeniti tui et ofTerre coram te has oblationes pacificas munditie ple-
nas et postulantes misericordiam et miserationem e thesauro tuo copioso.
Respice eos a mante r et benedic eis benedictionibus caelestibus; sanctifica
eorum animas et spiritus, ut participes fiant mysteriorum tuorum sanctorum
sine macula et sine peccato, per gratiam tuam et misericordiam tuam nunc...
Et elevans vocem suam : Etiam nos debiles servos tuos. Domine, qui
accessimus ad altare sanclum, quod est fons charismatum divinorum, fac nos
participes mysteriorum tuorum sanctorum, nosque commisce in coetu glori-
ficantium te, et ne nos inducas in tentationem, sed libéra nos a Malo et ab omni
potestate eius et a quocumque qui facit eius voluntatem, eum imitaluret eum
sequitur ; quia tuum est regnum, et virtus, et glorilicatio insaecula saeculorum.
— Populus : (Amen.
(,) Ici se place un dialogue dans lequel le vobis, fratres, in saecula. — Cf. page aa, n. 3.
prêtre dit : Sint misericordiae Dei raagni et P) Assemani corrige : « Doce nos etc. »
Salvatoris nostri Iesu Chrlsti, cum omnibus P) Sententia parum limpida et dubii sensus.
Digitized by GO gfe
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
39
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON.
28. Sacerdos : Pax. — Popalus : Et cum spiritu luo. — Diaconas :) Incli-
nate capita vestra W.
Sacerdos, inclinatus : Benedic (*), Domine, brachio tuo alto et virtute tua
potenti, populo tuo fideli (eorum) qui inclinaverunl colla sua coram te. Ne sis
immisericors Domine et ne prives nos beneficentia gratiae tuae; sed respice nos
in misericordiis tuis.
Et elevans vocem saam : Et ex omnibus ordinibus communiter, et ex
omnibus locis mirabililer, et ex omnibus oribus laudabiliter, et ex omnibus
vocibus gloriose, et ex omni halitu constanter, omni tempore adscendat glori-
ficatio Trinitati gloriosae, Patri et Filio, nunc. .. — Popalas : Amen.
29. Sacerdos : Sit gratia. . . — Diaconas : Unusquisque. ..
Sacerdos : Sane, Domine, firmiter.. .
Dicil orationem gratiaram actionis : Laudamus te ( s \ Deus \alde misericors
et gratias agimus tibi, et glorificamus maiestatem tuam, eo quod dignos nos
fecisti mensae tuae sanctae, et communicandi mysteriis tuis vivilicantibus. Et
ideo obsecramus te, Domine Deus, ne condemnes nos in ilia die tremenda,
sed libéra nos a damnatione et confusione, etadiunge nos consortio sanctorum
tuorum, ut cum eis et inter eos referamus tibi gloriam et laudem. . . — Popa¬
las : Amen.
Sacerdos : Pax vobis omnibus. — Popalus : Cum spiritu tuo.
30. Sacerdos W ; Virtus magna Dei veniat et requiescat super munus M hoc
et benedictum illudfiat, et super datores eius et super sumentes illud, et super
Suite de la prière : Inclinate capita vestra
coram Deo misericordi et coram altari propitia-
torio, et coram corpore sanguineque Salvatoris
nostri. Accipiamus benedictionem caelestem a
Domino.
(,) Cl. Renaudot, II, p. a84-
M Prière tirée textuellement de la Liturgie
de Philoxène de Maboug; cf. Renaudot, II,
p. 3o6.
Dans l'édition cette prière est remplacée
par celle-ci : Christe, Rex gloriae, tibi commit-
timus totam dispensationem vitae nostrae;
unicuique nostrum quod ei prodest concédé,
senes sustine virtute tua magna; adolescentes
cohonesta custodia sollicitudinis tuae, pueros
crescere fac et erudi doctrina tua divina, et
unumquemque signa cruce tua invincibili;
Pater et Fili et Spiritus sancte tibi gloria in
aeternum. (Tirée de la Lit. de Marouta; cf.
Renaudot, II, p. 269 ).
(4) Répond ici au grec etf Aoy/a.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
40
J.-B. CHABOT.
quemcumque qui participait ei. Misericordiae Dei sint super nos omnes in
utroque mundo, in aeternum. — Populus : Amen.
Diaconus : Benedicam Domino <’).
Explicit Anaphora Mar Iohannis patriarcbae Maronitarum, qui cognominatur
Mar Maro sanctus. Oratio eius nobiscum sit. Amen.
NOTE ADDITIONNELLE.
Les réserves que nous avons formulées ci-dessus (p. 4, n. 3) au sujet de
l’authenticité du texte imprimé de la liturgie dite de s. Pierre III e ) se
trouvent confirmées par l’examen du ms. syriaque n° 71 de la Bibliothèque
Nationale, qui contient le plus ancien texte connu de ladite liturgie. Nous don¬
nons ici un fragment des diptyques, d’après le texte imprimé dans le Missel
de 1592 (p. 2 23 ), et nous plaçons entre crochets les mots ajoutés par les édi¬
teurs au texte du ms. 71 (f° 18 v°).
.0 Lû_?lo bJLd JLfc. ÿ u o |L 001 ’ yooS^a? Li_oo?
>| 1^- - LSS^SOIO [j | |Lo^?»o boo?o bufaaoo
| ,* | A -- J «xooiojo-co ! JLlsIo I i v> .mw I |^: JLsIo I tta .C HVi
## ••
^ yO«x> mUo^o: LptL 31 |?o |lalV><r>»V wào*»Lt I £ Ov » -> | lo I
Lo-^uoaB | sooo»» |J&^jûJ^.oLJLo Lçv. o*X )«-.|i 00 » |
. (>) ,nv> r ^ 2 » -;joio |^>»?| ^ 2 > -wo^o j «oooii laid
<£*.,0 yO-SLoL*.^» ^jov 3 ?L| o^io|i j v och^>»o . çOo) loî^U
JkA.» L*-r° fi®* !.««*>: v>^>. yOoCV ^JL*i^teo Lsoa^ ÿjo
Commémoratio (fit), Domine, omnium Patrumsanctorum, et Patriarcharum
rectorum et iustorum, Prophetarum et Apostolorum, et Martyrum, et Confes-
(l) Benedicam Dominum omni tempore, etc. (5) Ms. inverso ordine : )*<**.
( Ps . xxxiii ). (4) Ms.
MS. «iDO^&UOA
Digitized by Go gle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. U\
sorum, et Sacerdotum et Pastorum [verorum], et Doctorum orthodoxorum,
[et Constantini regis fidelis et victoris,] et omnium regum fidelium et victo-
rum; et Quatuor Synodorum [venerandarum,] sanctarum et universalium,
quae nobis defmiverunt fidem orthodoxam; et beat! MarMaronis, [quemtenet
Ecclesia sancta catholica Romae], et Mar Simeonis stylitae, [et Mar X. . . pa-
pae Romae], et Mar X. .. patriarchae [nostri], et MarX. . metropolitae,
qui subsistunt per Deum amen. Et omnium qui dixerunt nobis : Memen-
tote nostri in precibus vestris, et orale pro nobis propter Dominum nostrum,
hodie memoriam facimus ad hoc altare sanctum Saivatoris nostri, nunc. . .
Ce texte est d’une réelle valeur pour l'histoire maronite. Dégagé des addi¬
tions ajoutées par les éditeurs, il permet plusieurs remarques importantes.
Il montre d’abord qu’à l’époque où le manuscrit lut écrit (i 454), la légende
du patriarcat de Jean Maron n’était pas encore introduite en Syrie; et ceci
confirme, comme nous l'avons dit ailleurs, que cette légende ne fut accréditée
qu'après la publication de la vie fabuleuse rédigée par l’évéque Bardai.
Les deux grands personnages de l’Eglise maronite sont Maron l’ascète (qui
ne porte pas le prénom de Jean) et Siméon le stylite (Théodoret, Histor. reli-
giosa, chap. xvi et xxvi). Le prénom de Jean fut accolé au nom de Maron par
Bardai pour permettre l’identification avec un patriarche d’Antioche. Par une
phrase embarrassée et peu correcte, les éditeurs ont cru devoir faire allusion à
l’union des Maronites avec l'Eglise romaine, sans oser parler (comme le Missel
de 1716 ) de la «perpétuelle orthodoxie*. Mais le pape n’est pas nommé dans
ce diptyque, et la première place appartient toujours au patriarche.
On voit ensuite clairement, qu’en dépit des protestations de leurs apolo¬
gistes, les Maronites n’admettaient réellement que les quatre premiers conciles
œcuméniques.
Dans le reste de l’édition le texte s’écarte peu de celui du ms. 71. J’ai noté
qu'au lieu de Roi |;_i o,iv; « qui decesserunt ex hoc monasterio» (p. 224 ,
1. i4),le manuscrit porte R« «ex hocpago» (f° 19 , 1. ult.). Dans les
proclamations qui suivent l’invocation au Saint-Esprit, le manuscrit parle
(f° 3o, 1. 10 ) de la commémoraison des Pères, . . .des Confesseurs et
"^.10 ^1 Xs.»-; lAt-uoo «oooR f&A'o fax «omnium patriar-
charum nostrorum, et papae urbis Romae, et metropolitae, etc.». Or, l’édition
HOT. ET EXT1I. — T. XL1II. 6
laruauu ««Tiottit
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
42
J.-B. CHABOT.
(p. a34, 1. ult.) supprime ici ia mention du pape, qui ne venait qu'en second
lieu, et qui avait été arbitrairement reportée plus haut.
On comprend que de tels procédés aient excité l’indignation de l’honnête
Rcnaudot qui résume ses opinions en cette courte sentence : « Maronitae in
rebus suis exiguae sunt fidei. >
, ou» «)»<{>»} ia 1 tq eidna inc slnr; lo ,snlca'i wdbsiq ni itttofl Woi
.
ïvtî>‘ bi ti*\ Hô ohtîbmlit* wnac t tic h’m nornUi rt&gl Itovrtîti.j ob
OGjih\TVjft-fil) il A» f euj?H£& ub eiiotiri WOfi mororo^^iwi -il.-*
?* ;f&hruü *ï *.?f r :i a/taqo'op
4^1 ‘ ’ ) otthrfeü no tiaièi firent oh roon *T4 ; n; m *JmhI Sftf
^iptotloAu OÜ «ti. n %% 7 *♦? * »f tu# • m •• uion
A ik ' . *if jiufaiib il» tiw • ■ / ;• ; i» uiq
efoib-ôâunn:i r&q tîVn 5, ,u< ( ». «• ,.w .•jti/oLéiUto *T ••ni mat et oh ( 3 ( i'5h
HI C V-*- ! \ • * inémtryu
eelentCI .(j!a .1 r ( 1*1 «<&$q i-» - h r <n| im-nmau; o! ,r
*• ■ !'• i rl! xri al ,/n ».'l îrin' ur. noitr. ii.i ni lu >Y ‘>> ii>,» -(luUMmboiq
(M mhVi a • *air> ,9&jilo«] .iJ nn in ! aîdio >h<io«j ]& f aunottson «rurtsrfo
• H • »
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
NOTICE SUR DEUX MANUSCRITS
CONTENANT
< ' ■ i (■: _iî . r «.
LES OEUVRES DU MOINE ISAAC DE RABBAN ISHO
ET DU
MÉTROPOLITAIN 4HOUDEMMEH,
PAR
M. J.-B. CHABOT.
1 # > • > | HI"
% I
Le nom d’Isaac a été très répandu chez les chrétiens de Syrie, non pas,
comme on pourrait le supposer, par réminiscence biblique, en souvenir du
fils d’Abraliam, mais par suite de la grande réputation obtenue chez eux par
l’écrivain qu’ils appellent Isaac le Grand, ou Isaac d’Antioche du nom de la
ville où il acquit sa notoriété M. 11 n’est donc pas surprenant que plusieurs
Isaac figurent parmi les écrivains syriaques dont les œuvres sont parvenues
jusqu’à nous. L’application d’un même nom à des personnes différentes devait
presque fatalement aboutir à des confusions. Dès la fin du vu* siècle, l’historien
f
Jacques d’Edesse dans une lettre à Josué le stylite, moine du couvent de
Litarba ( 3 >, signale à son correspondant qu’on doit distinguer trois Isaac W :
i° un disciple de saint Ephrem, Isaac d’Amid, qui visita Rome au temps de
l’empereur Arcadius (39Ô-4o8, ; 2 ° un Isaac prêtre monophysite de l’église
ll) 11 parait avoir été originaire d’Ldesse.
w Mort en 708 .
3 Auj. El-Atrib, près d'Alep.
'* Le passage a été signalé pour la première
lois par P. Martin (Gramrnatica tyriaca, p. 69 )
avec une faute de copie, reproduite par Lamy
(S. Ephremi Hymni, IV f p. 363) et parBeDJAX
Digitized by Google
(Homiliae S. Itaaci, p. iv). Rahinani (Studia
tyriaca, 1 , cap. v), qui donne à nouveau le
texte comme inédit, a la bonne leçon:
et non pas kIxuaso, mais il tra¬
duit fautivement ex Medianitis (de Médine) le
mot qui signifie ex civibut (un des citoyens de
la ville).
0 .
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
'l'i
J.-B. CHABOT.
d’Édesse, qui vivait du temps de l’empereur Zénon 474 - 4 91) ; il se fixa à
Antioche et y composa la plupart de ses poésies; son poème sur la prise de
Beth-Hur -ù, qui aurait eu lieu trente-sept ans auparavant, permet de conclure
qu’il vivait encore en .^91 ; 3 ° un autre Isaac, aussi originaire d’Edesse, d’abord
monophvsite, devenu chalcédonien sous l’évéque Asclépius 622 .
Au moment où Jacques d'Edesse formulait ces distinctions, le nestorien
Isaac de Ninive écrivait des traités ascétiques qui devaient obtenir
une grande notoriété et dont la vogue allait éclipser celle des ses homonymes W.
Ceux-ci sont nombreux ; je ne les énumérerai pas. Je me bornerai à noter que
les ouvrages, primitivement composés en grec, qui sont passés en syriaque
dans des traductions et sont attribués à Isaac de Scété ou à Isaac des Cellules,
me paraissent l’œuvre d’un même moine du désert de Nitrie ( S) .
La publication, en ces dernières décades, des catalogues de bibliothèques
jusqu’alors inexplorées nous invite à ajouter à la liste des Isaac le nom d’Isaac
de Kabban Isho.
Ni Ébcdjesus, ni W. Wright W, ni R. Duval 5 n’ont parlé de cet écrivain.
Parmi les auteurs récents d’IIistoires de la littérature syriaque, A. Baumstark
seul fait mention de luB®. Il a relevé son nom dans le Catalogue de la Bibliothèque
du couvent de Notre-Dame des Semences publié par Addaî Scher Par suite
de l’identité du nom et de l’analogie des matières, il est porté à accepter
l'identification avec Isaac de Ninive. Il signale qu’on retrouve quelques-uns
des mêmes documents dans une compilation théologique anonyme à l’arche¬
vêché de Diarbekir W, et il ajoute en note qu’un autre ms. se trouve entre les
mains du procurateur des Chaldéens le P. Samuel Giamil. Or, ce dernier
Ville de Mésopotamie pillée par Varan,
fils de lez.degerde I" (Cf. Bibl. or.,I, ua5);
le poème a été édité par Bickell (Isaaci Ant.
Opéra , I, p. ao6) et par Bedjan ( op. cit .,
p. 587).
W Cf. J -B. Chabot, De S. Isaaci Niniv. vita
et scriptis ( lx>vanii, 189a ).
(l) Cf. Sozom., Hist. eccl., VI, xxxi : «Nam
(Nitriae) rircitcr quinquaginta erant monnstc-
ria multo vicina... Hinc ad interiorem eremum
pergentibus aller locus est distans circiter
septuaginta stadiis, qui Cellia vocatur • ( Ôvofi a
KeAA/a).
(4) Syriac Literatur ( Londres, 1894).
(l) La Littératare syriaque ( 3 * éd., 1907).
(,) Dans son admirable Geschichte dcr syris -
w
chen Literatur (Bonn, 1922), p. » n. 4 «
(7) i. As., 1906. Un autre catalogue, un
peu plus développé, a été donné depuis par
J . Vostb dans la revue A ngelicum (Borne, 1918).
Cod. a 3 , connu par la Notice d’AüDAi
Scher [J. As., sept. 1907).
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
ŒUVRES D'ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 45
codex est aujourd’hui en ma possession; un moyen efficace de restituer son
individualité à un écrivain jusqu’ici confondu avec l’un ou l’autre de ses homo¬
nymes, m’a paru être d’en détailler le contenu et d’en publier un extrait. Tel
est le but de cette brève Notice.
Le manuscrit, en fort papier de fabrication orientale, mesure om. 34 sur
om. 2 3.11 est formé de six cahiers, portant comme signature les lettres o.v^,
les quatre premiers de i o folios chacun, les deux derniers de 8 folios. La
pagination, notée au verso de chaque feuillet, s’arrête au chiffre io4, les der¬
nières pages étant restées en blanc. Chaque page comporte a 5 lignes d’une
bonne écriture chaldéenne, en partie vocalisée. Les titres sont écrits en rouge.
D’après la clausule finale le manuscrit a été écrit à Alqos, « la ville du pro¬
phète Nahum», par le diacre Isa fils de Cyriaque, du village d’Aqrourd
( ^»no\jo*^ oooja.anon ), qui mourut pendant son labeur ; et il a
été achevé le i 6 février de l’an des Grecs 2 1 oy, 1 898 de N.-S., par le prêtre
Abraham de Beth Qasâ W.
Au folio 1 v° se trouve un résumé de l’Introduction et la table des dix
chapitres du Liber Capitam , table que nous reproduisons à la suite de notre
description du manuscrit.
L’ouvrage commence au fol. 2 v° par le titre général suivi d’une Introduction
qualifiée «Exhortation de l’auteur•. Il se termine au fol. 22 r°. Il
est suivi d’un autre écrit intitulé :
a
a
■\arnx pwo
no i^nnomn
f
YvcAa ré c7aAi^\ ctxvjoS
C’est-à-dire : • Discours métrique, rédigé par le même Mar Isaac: sur ce qu’il est utile de
méditer dans le temps des épreuves, qu’il convient de considérer la sagesse de la providence
divine, d’accepter les humiliations et de banuir tous nos péchés, et, dans un mouvement de
vraie science, de nous familiariser surtout avec ceux qui peuvent développer dans notre
N WvW (Manu¬
scrit de Budge, Hist. of Virgin Mary , texte,
p. i 5 a).
(,) Village des environs d'Alqo&, aussi appelé
Beth Sekouna
( Abbeloos, Acta S. Maris, p. 6).
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
46
J.-B. CHABOT.
esprit la vraie consolation et la confiance qui soutient intérieurement; et sur le motif de la
longanimité de Dieu à l’égard des pécheurs. •
Ce petit poème, rédigé en vers de sept syllabes, comprend l\i strophes de
4 vers chacune. A titre de spécimen nous donnons ici les deux premières :
** •s 4 ** -
••7»
A la suite du poème nous avons trois morceaux anonymes, qui paraissent
extraits d’ouvrages plus étendus; en voici les titres et les débuts :
^ rdmYra à\A
r£'k\\s*r£
Explicit (fol. 27V 0 ) : ^Jfcxcuajc-xA rcAdn^
Sur les voies de la science. — « H n’y point de muselière qui gène la
connaissance de la vérité dans la bouche des sages...»
*• . 1 e .1 ; (ri . ,< .• * ? -*x V- 1 ’i* » * . .
y rn -70^. 7 xii<! iftcA* .
i^ViujlaA rCTiA^. twn y rn ,^_aoA y rn rAcoc.^ xAn
etc. : K?^v»a rëjA.=7X=3 îtdfAucvx. ^oouSVvtd rwbaXr^A KfaoAv*
Explicit 'fol. 29 r°) : ocp %
cA** ctxxxtd^
i4a/re extrait, adressé « A un de ses amis, insigne directeur ».
1
doctes connaisseurs des Ecritures il convient encore. . . »
Aux
A a.-* vA<v\=ï •. «joAt^ yo\^n\zna . <njaxa.aA y =3 u.—ix.m
etc. .vAxftiAA.roQ
Explicit (fol. 34 v # ) : k / t\\v , \ rAjacn rC^ocm r^cv^A . . .
.:.^oAt«w rc^vra ctA^
• •
• • 1 .
Autre extrait. — « Le Dieu sage, créateur et gouverneur de lTnivers doit
être loué et exalté dans sa conduite. . . »
Digitized by
Google
Original from
UNIVERS1TY OF MICHIGAN
OEUVRES D'ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 47
L’n traité un peu plus développé occupe les fol. 34 v °-49 r®. — Il porte
comme titre :
•. œA\oA-ûoui’X^roo r^*oiAi^ r^ixn A^.** ^V\jc. A\cA-*
^Vxcv.x \^»\A\A\_m ^x> rdjooa^ cnVi aavJiAA axA nxA ^joiida
.;. jcnoxW^ A\c\A % ^Aos^x
C'est-à-dire : « Sujets de méditation dont le souvenir est utile pour la recollection de l’es-
prit et pour l'ascension vers la vérité quant à la nature divine et sa providence, et la con¬
naissance mystérieuse des choses faites par Dieu en vue d elever l'esprit de leur mobilité
vers la nature divine par la contemplation de ses mystères. •
L'ouvrage est divisé en huit chapitres et parait complet, bien que les lettres
marquant le début des chapitres ni, iv et vii aient été omises.
Un dernier extrait tiré y£\mr&a ^=o D'an autre traité (fol. 49 r®),
réfute ceux qui pensent que Dieu dirige seulement les éléments et ne s'occupe
pas de nos mouvements ni de nos pensées :
^ 4 ’ • * * - 3 - • » * «
àvA ^=3 ,\aa 3 Q acxjxAtd ^oo^a^yûor^ ^*Aox\ rdoxAr^x xat£
^■x.wxir3*\ ^irxcv-i r£\ci . rdxA^ r^Acx r^Ao t^AxcuVix^td ox\
•i.y^cxcn K^-vsco -• r^joAvzrï ^axcuvao
Explicit fol. 52 r 3 ) : v^ooaa % rxvxxn rdxAxm *700^120 i^A i^-Wae.. . .
*:» ctvv\\\ A\y^
Viennent enfin (fol. 5 a r°) une Conclusion ( ], sorte d'énigme dont
on trouvera le texte plus loin (p. 7), et la clausule finale de l’ouvrage ainsi
conçue :
: rd^^oAo^Vv Av.a . r&cn rd.raAv,^ ^ojA^o -toAjc.
^vxxix^a "eue. t^bxAr^Ao : Pljx-o*\- irxA
C'est-à-dire : • Est achevé, avec l'aide de Notre-Seigneur et notre Dieu ce Liber Capi -
tum, qui concerne la théologie, qui a été fait par Mar Isaac, philosophe spirituel; et à
Dieu gloire, honneur et adoration à perpétuité. Amen.»
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
hS
J.-B. CHABOT.
L’intérêt de ces textes est surtout lexicographique. On y emploie certains
mots dans un sens nouveau et des dérivés de formation singulière. On ne
trouve rien concernant la personnalité de l’auteur qui était certainement nes-
torien. Son cognomen même peut prêter à discussion. J’ai vainement cherché
une seconde mention du couvent de Rabban Isho. Je suis enclin à l’identifier
avec le couvent de Beth Rabban aux environs de Nisibe. Rabban Isho signifie
« Notre Seigneur Jésus ». Il semble naturel qu’on ait pu dire simplement : le
couvent de Notre-Seigneur, comme on a dit Notre-Dame pour Notre Dame
Marie. Mais ce n’est qu’une conjecture.
Nous faisons suivre le fragment édité d’une traduction latine qui permet,
mieux qu’une langue moderne, de serrer de près le texte original. Cela nous parais¬
sait surtout indispensable pour le traité d’Al?oudemineh que nous donnons
dans la seconde partie de celte Notice, et, pour obtenir une plus grande fidé¬
lité, nous n'avons pas craint d’employer quelques mots de la basse latinité.
(»)
. cnV\jA»Aa r ^*<7 —tha
/ ' « x_../S. k/S.
2
j(73 .\ ,S •••
r\y\ • "vixo “ViL
v v ft *^qC\jQ • O v\^TV j i —J ^ \ a ^ V r / i
ooaÂ^m KA=b\ W^Aa JW .ctxtd ^»ôcn r^A^s Kf rixx.ayi
.• cnAr^ oen y v iXr 73 ••• ^3
••• aa
r^oo-ArC acn ^.A_i •••
rdA r^\r5or^ . rdxirslAo
• • ^ ... , ,
r d \ oref rAn i<I3jc.cvu3 ^
• • —
* <? \ v^yiurvA riaxAr^ lAjp i^irvcLx-m ••• ni
KîV\Q^\cixro AvaA *_ aifAix*.
iOCTI
A Y^\'i\
nw\
Tilre en rouge dan» le ms.
11 il
Digitized by Go
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
OEUVRES D’ISAAC DE RABBAN ISHO ET DAHOUDEMMEH.
40
• ••
t^SAxcu oen Ay»k? o
rtfenAr^ A\clA v£-X- k.. a o en .:. \
QCTXjAVvACVJCID
__••• U
O - -
jcxAaAy-Ttd rA>jL3^ uy^ 0
r^cn.Ar^ t^aAvttd
cocn
•••
^WAQ
ax*
.*A\
13 a
tr
avA O^Y_U _ vdû .
rtfenAr^A enA Av»r^ Av*r^\mo .
rdro-K tAom AncvSA^o . Aa r Aen wmi ivuy^<
V ^ -1 mVv tv . Vr\ -TTkT\ n-n . -73 . >rx A-A >JTx!^
TJ** ,crr\ . kAiJ 3^A enA rAo rAAAm^
ax* Axx
oen
AA^rxr\ •. yjôr^ y\rio^A\ >cn <j\^r^ . Avjr^LvS^m aAo Ay»t<AA\ A.r^,
yAen rAcn . iftixxvt Aro^o y.-TJO i^âen ^.ik»vA . i^aen ,cn
.:.rA\jc^o iim^A .rxyAAx^ ^Aeno
A -\VAvx^ ^A pVvo . x^AxcvjLSO i^bxAr^ ^jyrvb>, ^Av-iry «x vv ,cn
u
• ••
-pAjt
• ••
•••
. r^A\AA\ An 3CO ^ySAvA . ^âAx
. ^SAvac.ro rdAo -^xA kIAa •
i^Axoj’vox* . t^uaAA \ jLaréci . *^A\<\j^uxxjo ^A\a»*^x* % <!cn^n\ ^ 3 m>o
v<lAo Kf AxaAjxxrrja . Aacvj^vajo Axcvjaw \i^Av»AA\A a txiy>o . Y^A\cv*-\xia
. rdrrxAx. axxKjc* . r^Drxx. tx-Tdjc.^ ^-sbA ,0x0^30^ .:• i^Axcut»\Sl
t^ux AaT 3 rdxxo rCiroAx. : A^jco Aj 3 jc.^\ ^ttdA ,encv=DcvA^ ^
•• Axjy^uâx. Avjvvao : ^*ôen 2 qA\q ooena Av*^\ \ >rx*rxvx
kTXXïXXO
><n ^**=\ *^pA ,en^\ . ^jviVxn ^A tdnaA^
Aja^o . i^aAuAxjc-Itj rdA >cn^
i^LAaA rAo\i 7 =lA
7^.A v \o
ROT. ET E\TH. — T XLIII.
ivriniiui unouu
Digitized by Google
. Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
50
J.-B. CHABOT.
rd_*v_^ r^Ao : »^v>
r^Ao rdA-*\ r^ro ornA
Capita ilia quorum ex scrulatione cognoscitur a rationalibus natura divina et ejus pro~
prietas, et simul scopus diversae rationis agendi erga creaturas, quae variât inter tristia et
hilaria. Sunt autem capita haec :
I. — Num putare decet praeparatione perpétua et consilio aeterno Deum facere omnia
qüae facit’ in creatione, sive in universo siveerga unumquemque nostrum, aut successive
cogitât et vult, et de die in diera ac de hora in horam habeat consilia nova quoad haec quae
juita tempora disponit.
D. •— Num immutabilis est Deus in mente sua sicut etiam in natura sua, aut sit muta-
bilis.
III. — Num sciebat Deus antequam cfrearet rationales qualiter evaderent, daemones,
inquam, et homines impii, aut dod.
IV. — Nurtî consilio aeterno creavit Deus mundum, aut non.
V. —Num creavit Deus homines natura mortales, aut non mortales, et ratione peccati
transtulit eos ad mortalitatem.
VL — Num sit utilitas ex mortalitate.
VIL — Num sit unicum consilium
diversitate, aut non.
apud Deum stabiliendo omues leges suas in earum
VIII. — Num cogatur Deus rationibus creatorum facere aliud pro alio, id est quasi
invite contrariam facere mentem suam pulchram circa creaturas.
IX. — Num sit in Deo duae voluntates contrariae, una propria et altéra ex causis
pers|)cctis; et si unam habeat Deus voluntatem (num) propria sit haec una et sit voluntas
ipsius quoad ca quae dirigit in universo; et (num) secundum ipsius intuitum altissimum
vêtit quidquid vult, aut ex praescientia sua quoad rationes agendi rationalium habeat
voluntatem hujus quod velit, et quomodoet quantum dirigit mundum, et quid constituât
apud unumquemque rationalium, ita ut sit voluntas occasionalis et non propria, ut nonnulli
dicunt : quod quia sciebat qualis foret aliquis nostrum et quid faceret, ideo hoc et illud
cogitât facere, etc.
X. — Quod in sapientia fecit nos Deus mortales, et quod deceat nos confidere in eo quoad
factum resurrectionis et obtinere remissionem peccatorum per paenitenliam nostram
indesinentem.
Finis Iniicis, et Deo laus perpétua. Amen. "Â ’
^ Littéral. • more domini • ; xvptoroiôs.
Digitized by Go
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
ŒUVRES D'ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH.
^ M f ‘ • * w •
51
! i»p
II
i.. >
Mon second manuscrit, écrit sur papier de fabrication orientale, mesure
o m. 3 a sur o m. a 3 . Il se compose de onze cahiers signés le cahier u n’a
que huit feuillets; chacun des autres en a dix; les deux premiers et les deux
derniers étant blancs, le texte n’occupe que io4 pages, de chacune a a lignes
d'une bonne écriture chaldéenne. Il n’est pas vocalisé; la ponctuation parait
arbitraire et elle est parfois manifestement fautive.
D’après la clausule finale il a été écrit à la demande de Jacques Manna,
par le prêtre Elias Homo ( &=nam KjAtc) , et achevé le 1 4 juillet î go 4 de
notre ère.
Le contenu, comme on le verra par la description suivante, est une compi¬
lation tirée d’ouvrages médicaux faite, comme d’autres compilations ana¬
logues, au gré du possesseur. Elle est probablement empruntée à plusieurs
sources indépendantes, contenant des textes en partie inconnus.
Au fol. 1 v° se lit un titre ainsi conçu :
•
C’est-à-dire : « Avec 1 aide de Dieu nous écrivons le livre des reroedes terrestres. Seigneur,
aide-moi dans tes miséricordes. Amen. Amen. »
# JI*
Toute cette partie, qui se termine au fol. 28, a été publiée par E. W. Budge
dans son ouvrage intitulé The Jiook of Medicines (Oxford, 1913) « from a rare
manuscript, with an english translation ». Notre texte correspond aux pages
553-594 du volume; sauf quelques petites lacunes, il est identique à celui de
l'édition avec çà et là quelques légères variantes.
Au fol. 29 r° débute un nouveau morceau intitulé:
r£\=nviïzn soà\
C’est-à-dire : ■ Avec le secours de la sublime Puissance, nous écrivons le Discours sur la
composition de l’homme, qui a été fait par Mar Ahoudemmeh Autipatros. »
7 -
Digitized
j by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
52
J.-B. CHABOT.
Nous donnons plus loin le texte intégral et la traduction de ce curieux
document inconnu par ailleurs. L’annotation qui l’accompagne fera comprendre
son intérêt.
Fol. 39 r°, autre traité annoucé par ce titre:
KjÏoîq rdAr^cvx. . r^cor^ -Yv.~=\
C’est-à-dire: «Discours sur la médecine de Rabban Honeiu, médecin, par demandes et
réponses. »
Et ensuite, fol. 48 r°:
C’est-à-dire : « Additions qu'ajouta Hobeisch le Gaucher »
Au sujet de ces deux auteurs R. Duval dit W que Honein, mort en 873, après
avoir étudié à Bagdad alla apprendre le grec à Alexandrie. A son retour à
Bagdad il se fit connaître par des traductions syriaques et arabes des œuvres
de Dioscoride, d’Hippocrate, de Galien et de Paul d’Egine. Barhébraeus lui
attribue, en dehors de ses traductions, la composition de vingt-cinq volumes
ou traités. Il ajoute : « Honein laissa deux fils dont l’un, Isaac , fit de nombreuses
traductions. 11 avait aussi un neveu, du nom de Hobeisch, qui fut également
un interprète distingué des livres sur la médecine W. L’œuvre d’Honein la plus
célèbre et la plus répandue, écrit Steinschneider W, est une Introduction à la
science médicale, qui suit l’Ars parva de Galien, mais le livre est rédigé par
demandes et réponses. Honein le laissa en projet ou incomplet, et son neveu
Hobeisch le mit par écrit ou le compléta. »
On voit pourquoi nous n’avons pas séparé les deux sections de notre
manuscrit. Il ne semble pas que la traduction syriaque de cet ouvrage soit
connue par une autre source que celle d’où provient notre manuscrit. Si la
version est dénuée d’intérêt au point de vue scientifique, elle n’en manque
(l) Plutôt que le «manchot» semble-t-il, le Pour plus de détails, voir Baumstark,
syriaque désigne une infirmité de la main sans Gcsch. d. syr. Lit., p. 228-230.
préciser. (4) Die hebràischen Uebersetzangen des Miltel•
Littérature syriaque, p. 273. allers (Berlin, 1893), p. 709.
Digitized by Goi >gle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
OEUVRES D'ISA AC DE RABBAN ISHO ET D'AHOUDEMMEH. 53
pas au point de vue lexicographique. Aussi nous proposons-nous d'en donner
prochainement une édition.
Fol. 73 v° commence un autre recueil avec ce simple titre :
•••
C est-à-dire : «Du même médecin Hobeisch le Gaucher.»
C’est une série de courts chapitres sur diverses questions médicales, par
exemple : sur la durée des maladies, sur la couleur de la peau, sur le
sommeil, sur la nourriture, sur les fièvres, etc. — Gomme les deux précé¬
dentes cette partie est d’un réel intérêt philologique.
Voici maintenant le texte et la traduction du traité d’Ahoudemmeh
V. > 1^,0 .
va \_»^v jtdoVv *f. 99*.
(i).:. y \zn\
A».^, \r<ï
-•- — V ^
ÛO . y V
t^vracncoo i^xcnA ^jA^rcf
i^Vcu\mmc 3 ^001120 .i^jSVxoi ^\A^oq t^^\< 7 ic 7 îVo
AnncA oVvx*>o . cAj^Avr^a Q-y.rx v-\Vvr^
AuArryx KfAuàvAxna t^AvS.rDA^o -x-X2w r^Av^cxx-r^a ,
Aurd\raj^o . rùxxlxr^^ AvA£xnt73 t^Vuccvxa^ Arajrxv \ o*n
. oy\VA\K^ r^Arvrrs**
r^AxcuAxjso _ aaxA i^ocnAx r^A** . r^rbrd^A cvxxvx*^
rClA^cL nr>A vrsyr^a
i^A\a»cuc. oA.r3.^.o w otn^VTx^waQ
ô r^A^ y
o a en
^aoou
r^ry^cn Avvxra AxowaAx c^rx^-a .
^amAxcv kA —icv.rv.ra A.^, yy^Lx^N ^.^cuA a rv ra.
. i^JcuA w cuv^ r^vsrxTyxmra H 1 «s*"»™ «:'»«=« • rdûoükcAfr
icnVxrTxxrxrD ^AjpAuctn *f. 19 1 .
ÛQO)
"Y
rC? 1_oaxA
;,) Titre eo rouge dans le ms.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
* f. 3 o\
• f. 3 o*
54 J.-B. CHABOT.
KjtÂQtVîV « - -v> . r c' i Tf. r cf —l ~n 7 <rVcV_m \ A ^jcrw 1^W n» .W
. ^\»i^ cooi» . ^u 2 n\^Kitïo^pii
cwtdoxj^ t<? VvcltdjA^ Aa—A\T3 . i^3V=\ ^clioi oocna
cocmo CLO^^vjc.rcfo t rd£«^^ y^vofto cAiOîW'JX t^kco
rü-uA i^\rscm ^3Î3je.o\j ^omVooaiÀaA cl3\ox.o 1 ^ 100 ^ w ooîivjrAi
^ Vÿ ^i\ 1 t y 1^3ScmJ3 ^_0(7 Xj^\CuAz3 CL^XjQ « t^Vv n
• ••
n^Qi m VurduaVv
cûA^ a ^xü- v yC/a a
. qocvvj^ rçjrrn^n^o
cvj-^o axx^ r ** : NcvmLj , K*^o
(um^\ w cü<ti .:. rdâcLaj^V
t\ . ^rx\\A
%js^r£ . i^soStd ,Vv. r^LJcu-* ^ro
Aj^cn ^xj\rs • rC^noxfio^ Ax r^ijrdrs kIiactjo . Vj^\
arn
. ^VvâAra
CUJ 5
SrCfa ■SjJ^^âWdso
^UiO .
t^XA^o •
,^ ."3 ^-»-=V < VAVv ,t^V
•vco^VujrnVva . rdAmxtt^ rC^O^mr» y^r^zna . KAxrrx*^ ftxrs ^vvio
îui ^vn^s Vv*^ r^irAVvo .
^^VÛKr ^JUfT)^
. • ’Vpa^.Vuao^v
.r drA A
K^V2k ^u^=d . KTH^rrxxu
i^tdlA^ >cna^iv^r7x=3 Vui^ ^-*n rdjtm.vio . i<LwK'*
,^i\i€tsû . ,mcco^cn ^omA^
>_acmm v rv,3C
^acmm TCAmx.a
moVv Vv.»^ . i^irvt^v* cn-»..f3. .vww*^*
«y V rdA-j^n ^qctdjttd jc£à\Wi . S. xn.^-SV
r\\o ^Axro^ . ^v»^n
XAVv T ^Avm y&ruc ^Vviiroa Vurcf . KfXïAa^A
Digitized by GO gK
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
ŒUVRES D’ISAAC DE RÀBBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 55
PlYxÛ^ \ViO . Avûan mV^\ v> ft
I^AoiÛO dLa^ 0(71 ^JUaA ^Vv-iu3 V.\ v
^V-*^ ^-WO ,1^XjAcL2k^ 7^^\(L3^3 u)cA .‘"V, i\jO^ ^ v
^fnoiu^Q « TX i\PA T V-kiO ,1^X310^0^ ^ ^ K^ W n A iv->
i^SW ^ o<7x2 .:. rdjiccoA Kf^Sûja
oôxno .;. m^oSaxû) r^cvyxro \*Av»
Hl^cTino . ^kjaûooDD T^Avvm r^Sj^vm ^ztiAv . rd-rxAo «Laooo^cot^ AxcvAa
A\ . ^AvjAcvo.a i^SAxt^ »j^\ ocTxza .:.
cnk^x^D r Cjy x\V . S .r^jacLrry* r^VvÀo^rD ctx v^Aojco rC^Sra^D * (nAuca r^m** T. li*.
r^^n’vjoo (nAv.x.rp ^^\jtV7Xno ^VxSjo - w *n <m^\cLXO
(TU^\û*Q n ôàvo r^i\31XQT^ ^i\VD , f ru\^\ ftirA
i^AxSaj-* t^SA\r£ oôxA ^.-xx-io i^A*\Av_i i^LwSm ,\vjx>x<r .:. A\^ia^Ax-n
craA i^oeno . A\v\<vy. AAn SXu .^vjoso^
naA rcfocn . omA rd^pn \xo . r^nj^Sû
po\^ cniumi ^Asoivx^ (nLn rdxrswn .^jutxjo
\ Auxmo SjoAyjq otoa r^x»r^ y<\'k\rd ^=n^\ ooi
0<wx r ^AM V^O . 0)0^3 S^J^UO (nA\oA*!SJCX=7xA CTXTOOL^ ^3\Jl uAvAl ,Ao
y^ .x.D 'XJjea ><ncLûûOcv^o^a ^ixos . oiS^Ko i ^vn t^x-Sx
*AAA^\o rdsosoiT^x AvAAvx or^ ^Av\Av* ar£ K^Wt3\d î^^ujLa •••
^jc. A\AA\ ^Acn^\ x^Aucot à^cdoAvAu ;
Sa 1^I7101U <7)\\(01 CTxA 1^0010 . (tA«A
^-^ûû om . kIso^a oen ^aAaxcüc. •• AvAAnao ^»A\SA\^a
f<7 xv . ryv S o \ ^. on r^a (i)oJiCL^a ajfbi^a^ aAaAooo ^î^i^A\r7i ^ AvAAx ^jActxtoa
^.Vj SjtO « ^i V fc Jl iO ^AD l X > * »Q1 O. X a-T 3 l Va .^CUT^ ^JlAoA-jO ^ * «V ^ *£ 3i*.
^»âcna . ^ . N ^cofl r ^abxx. ^mciux. ^jàoia • KioA ^Vaoo )<nax.^^
^■Ama ^..x ~^ S cTxrrxjccv^o . ^Am (n*\\^?v v£\j>\jl «^cktiAa
xaxjlis^ ^ir^o. Aa • ctxA ^xA<na . <nS\^a
AxoS-^tdo ,rf\^TN rdkjSax.û .kIAaxxtd^ t^Ax^juxq
A xa ürA Ajxo .rdxÂ^ ^3rdx Aoû ,r^A\*v.^j «ardx Aaû
^i*\ ••• ^ p oxA
ûl^ ^ X.SQJAA OK^ ^.inS^A Av w sa V ~~>'Â~n—> i —wt vva \
l,) Sic in cod.; arctatio vocam »mai\o >marbt^, <juae piuries infra recurrit.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
56 J.-B. CHABOT.
ca\!^ Vj\io ,enaj=>rAo ^encvxg^cv^ &oy£
^>(730 rA^js>a . ^.luMoiro ,ena^\-»’Âoo cncvAâHjc. ï±r£ . pooclûû
cictxAuK^v ^ <tA . ox_icv^^p\i Vur^ci . i^Vuaroc lûo i^Vrvm
nS^S^na . r^Wmo K^iv\c^i^3o Wu^A**
en
-vao
. ^Drd^c r^VvenoVvo ^Vûiinm .rarAa . r£*\ civx^o rAo\^^ r ^ t v x vr aon
^n v j ^tv L1 ••• rwjc. ~"Va!^ ^^\*^*VL>->
f. 3 a*.
t^^y\*c\üAx. > H'=ua , a r£\'ïr\rC
i\iq ^ueixâ ^encvm^cvN^, ror^o cüc\o cot^ .^jt^o . \nx. ^\
Aao .Vvcl^-x 3.3"A «rar^L^ A^o . .\rxfif? T^Vrxcv.^.x ^VxAcv-nrd^o^rD
A^o # r^VjJ3^t\ i^Viix A^o ,^q\ü^\ rdsAücvx. A^a . r^VvjLcxxS^
. r£\hzrxz>Cir£ t^Vv\=73o • r^^Jür^ V\cAn rcArfv^. A^o . ^_vx-A^\o ^xjcxzda rAA\
# Vxcvjj.x.a , rdA^rrxuci r^VvjA^uo
.cv^o . rwJ^^q^o rdiÂOjO . rdvj^-v £\co t x ^ V ,o
. »■* yX\mrL .:. rLx^xw tc. dv-rrxa.0^ ^VvAtj . .x. VxAVv *S
> —A vin rcL^Sx i^v\i rA’ ; v-nr3^
^Vi ^»r> ^uti-vSi ^mcLûa^cL^cûrCo ^(Dcvibr^o ^œcücv^.* , \-ûx^. ; \^o
. Xxxicï ^J^rAcm^o r^xxzncLûo m\x~ùo . rAaw o xrv x . ^Aen ^diV»^ . ^Airc^
r^oen .rarAo i^V\\nnA.^. enA ^ut^q • ><
. t^VxrtfV* «inKA A^ . v*jA-=*r\ iAxao-\ A-^q . rd-i.x A -
tA=7X\A3
.û) p^o iov-io pcL^ivjna .
yni^ÀA reAn^m^ t^uorry* ^VvSo^td^ i^wHi
. r^xj30 rdAvio . oxsûi Arrêta ^u.Kfi\so ^<
^»*=v acn ••<
kO pco^x \Jt^, 4V30 ^V2kO . T^rA^O tAdO . VV,Ar730 Sexuo
-prL^rr>v\ A:ncA^ûît^x oen .:. vAn «
. eyxrrv \*\=nci <mc\. \p
a .
X.fcTXiO
.^At*ry»a t^VvAcA*ï\ oen .:• rAci^\ cn^xxxxDOo
An ^jc-r^Vimo . ^mo ^.oSjc kIAo . enXr rxA ^ n jcvrxyuo emo^p yx^orda
^cnoi^i^x eis^-ïi^a . i^.x rv-ra-A ^cna-Sw^x ^Aen .:. nuAi xA
jenaJicO^a ^ en a_ca-^cvA^ .sor^o ,ena_=brA^Q ,cna-^\Ci-i73
A r^rvc\J>Ln 5 iA . r^âen en^rw vyx<f K^V- m ., ^ A^*a A\^ r 73 <
Digitized by GO gfe
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AIIOUDEMMEH. 57
^.ioto . S^V viVi x t> oxxmA s^ -\\ a* rAtvao
v œaj=o^ üxr 37 \ i^^Anox. i^Vvvrv^ Ar^o ••• tC^w^cucï
ûto . y<r\cm cnn Kfcicm ^vo. . w c^rry* w _afb'^A ^^AÂiirvjeiTî
^oou ^->Ôcd . orho
\ rmo . rd^rLÜot^ ^.tooi rdja-Ko» .ri r^ry^ay^ a en ^v^.nn encD
Vi^uj^v rd-icn \rdr£ ^-raza * Aa r^Aücvx. ^Aen ^=7 d
r£\x. oxra K^ioeno . rd.rrxx.oJ^\ a en i^cnAi^ i^x.*v\ ^x^^r^Aaam . r^n'^cn’*
oen achA • ^jeur^ r^rr^cn ^penAa . ^_xd^\ aen^ y)s\mr^ A^a . \>AZ73a
^»*s\ rdraA . rA^HVv rCArxx. ^rr> rcAav\^r^rdi \x^^
r^A-x.u ^£û,i a.socna . K? ^vrbAevmr^ oen ^j^iccno *<Lx_5Li-a a en r^Vvxra
oenA . r^vrfisx, ctxtd *eno . T^_yia.soA Sajc^tdo i^Wvm ^oo .
^Vvaxn enAa** r^Axa ^oriv\Vn pn\
^j<txAa ^jgx.i. Â.O^oeyiA . *Vj*^_r730 ^\jt _ _cv.y \^or^ enA^ra
^.rx\ kA.*^T 73 .:. ^.riAoS ^joctAa^ Kj^oK'o
^vviVm toVûa^o .
. ^\JtA^r730 ><fVlX:»7Vj TS. OVXXACVA
i^^cv-Taxpo^o . K^cvjA^\q h
wjvj^rx^. rdJàcr* us^t^a ^urc^
.î.-jpAao
Avjr^A\_»^vvi ^ift ûjoo ^xA^enÂ
y a. tv>x^ —* ^>t\ ai en
a
a
-\t\
exx^Xma ÂKÜx ^«tAo .K^i
KL^Aot^.m rdx-^rv
a rd x A va ^^coAj\VVrn
cuen .
^_»7\jcno .t^uarjD’A ^Avj-vtd rdja^ajA
tA\o . ^enam^vjoA i^jfAra axArAv-Soa ^V\arx Ai<5a
. rs^Vv. x rao i^no^ ,en i^xVv^ ^\ .:* p^kûasoo
ers^rÉf rC^v.iu^-v.^.a . ^Vv^txavK >en Ôxtdo . i^.x.Ai r^aAoiro ox=d^\ ,cn KSVvr^a
k^^ASao .:. AoaA\t\ rAAvm *^ao . paS^Vv* r^xyx^nAvrra ^\a . t^AaA^en^ r^n\
^x-iena . rdlraA AA^Av_x_m ^enAj-^ t^Axvn Aawo • ^LtdA^ ^xirC? rdcor^Vvx.
. ^ac-V^’A Axv\ achA ,A»H^=73** ^xird ^xAena « y^AûûK^ ^xit^
. i^iaqcuo aeh r^.Vxxr-y\o . rw.^raa^ iY>r^A AaJcxa^ ^\Vu ^VxTd
MOT. ET KXTR. - T. XLLII. 8
mniunu iinonii.
£.33*.
f. 33 *.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
• \ J
58 - J.-B. CHABOT.
^ .;.T^rîA VcvA
rd v \ \jX%
^rd ^jjcno . ^Ci^Vvr^ rd±=D\rdS rd±.\\\ ax\
* f. 34*. ^ , i^Jwï^ j<p t^ivo T^iuio.^\.x-
_ ^.. m % - •
«nyu
oo\
^itno
* rdjJjaA aA
r 30
. rC
« . •
<n^\cui
ni ro'Âm ^ocn XàwivQ • >o> \ y 13
■*
l^iv-^-onn . ni^_vA ,a
>01 ^»<m^73 rCdV*Q*V^-«
.v-n ^ <j«v_=»y ’^ n « ut " »«— .r£*~rw*» r£yi>** ^
' —» . «vi -\ IV \ mVft \ -vrv-n\ ^ OfTVi^Vl^ '^\r D
,rn T^XAtL&i^o . Vr a xvr o K?v.cv^. ^»a t^.9s .:.*uA ’vu ^ J1 '
^- / Vn nO,\v\ kSjVvo .\.tn=» ^SjAVvrw* rixrax •=v^» <n>=3 t^xxxroo .r^roo^cor^
,moVvj«^ ^ .;. i^tn^-n o<nA t^-iSo rrA Xû_» K ? - Vra vo
W > -> ^v \ rCLAo KlA .^x»SA=o i^soaot
£A ^.n rcfr^i^o .t^raSo «
^ v rv, .i. KfW“* . \^âq tcTW^kj^rm ^ooia TïTÂj^raA -^V 3 ”
\ Y •" v ■ \ n _t^o . ,cnoVy_iT^ r^v > t ^^vA r^a_D , =v%o
rdA . c* o«i _
•j 34 * rtfVa-tt» ^Vvaq^ ^V\<\ —* - \jV- 7j *<lAv^ . v^àvujoA «iAo
_rtr w\ *v . ^xaVxVv*? rdjej-v=>A «'V..«..V\ 1<TVv^^a «ioin
. -pf^D «oxx=tv\ .
.?. i . nft^ y. 1 \ , ^ «;<1^V ft y fc*TK > ■
.«. ce a ^V« A-n .:. «^W-.-S_3to ^V\oA_»a_co .j.i ^^ftxu o rd’Stnoa
• #
.:. r^Vvcmjyio i^VvôAvfcSn .:. ^^xocoxaAo rC^cv^ArrD
• •
.:. <r>^*yd Vvjr^^\ »Vv-u )OJOj\.
û^q . lAraa r d^TCz n ^o .
Û^Q . ^\£0u3 ^ <V\\ o ^
,rd\s*y td rA»\x. ^=o . rdi*\jL nirA^ ^so oAo . r d ~>A >i
t^tAm ^ ft^o , ^.n . \.u
q . rdkiccw rdro\\^^rn <^Q • * An .
^__ <\^A^\o -S^nA^ ^OOX.\-^ r C -V V.u o . r^z ^
•••r^u ^so ^xxA-i ^ ± r< y Q
^30 AAo .:. rdüJAVAo v \
Digitized by Go
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
OEUVRES D’ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH.
. r«^Av*A\Ao rdxAsA . v£J±.k.\)s\ Aa>.\ r^AvAVv K?A\AA\a
A\x. T Av\A\ *<fVvaS.ttA r^ij^TN cnA*** t^ovuo
rAxAA »j. ujai> T^AvArrua VvûA r ri A n-^
v
59
Y^uSo r^uooiv ^\j3A 1<i\.iJAQ * f. 35\
. r^A.»A_yv ,<nûiur^a r^-vr^ocm
__ cnA r^ôii y^n.\o . r^_x.V\
^^cucp . kAxAAo rdkl^Xo r^A\c\A.XYvAo t<l\\^o
** _ (u<n
^icn
3 '
r£ASo*\ .:. ^ijojcoo
ïéAAi^A ^j*\Vvo . A.^A KlroUk. r^AiJ^A.^, KAArdA KfAAVv
X_*A\A^ r^jà\-iA\ T^-*Ar^A K?^yAA\o .
> 1<A-XXA_T73 w O<7xA Ay_» 1^\ Vl^AvAâ
.:. t<^»SVv i^vjAy5o?\ ocn r^K\m . r^mCVTi AjA n AyaAyA^o i^Av,u^.w Ao
kIAo-V. .:. kAvucv^A*A KT^âAx
O .
>œoW kA^td\jo . i C- t w . ^ * f. 36*.
8 .
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
J.-B. CHABOT.
Vvxtd % 6i^v>r£ v\ AaA r^Vu^SVv .:. 01 A Vurcf
•:. naA ^A \ j 3 r *^Vv
rcf ^ —i v\ tfV .:. m-> rCTivx_rD rd)svx \cl^± A_^o .:. ni
^»-ï\ r^AvAcoA ••• ^»oiA VvjKT r^rzAuo . r^\ tnn^Q
.:. oiA ^HA \ rcffcvY^w** rcAvrA .:.-jx/ua ^nVuo
i“=\
^XjdMTD^ ^OiCT) ^73 û .
o<n \±£&r£ tAv-i^o .
rw VvA&o . r£\mcm \\*. ^mAvrrr
.;.\^w •jp ; v^3tn ^ucizno Aâxq . ^jau
i^ZD^crx r<ïy*\jL ^»-\Vv .:. ï</tx\ai mA i^txVvi
t^-Viaxi .:. ^SVv r<jzuScvjc. oA KjcA** ^^az^jLA •;• ^-jS-k-covCT
.:.r^Ww -W. oto ^Avûa yéX^joâqa Klrv^V-oo
i^ÿztAx .:. rdsc.V\ rAiarrA ^aj’Sa , =\ r^xaaScwx.
a t<ioocuxr*xvA .:. w cui^
f. 36*. .:. oA \ \ rdi^xo*
.:. K^cnAr^ vrs^^ . \=d^o rAocna .:. r^ YY-tv^ r^rxJs^Vx
• XiKAi^ ocn rC^Hjzrx^rrD ^ rc!n\ . rCoü^\ rCf^cuArs^zo ^Amo
KÜfAo» AVv\ rLVT\ ^Irsjxsoû ^i\axo\^o oo) Aazxzoo
^djA\ .:• iAiosoa rdi^ûÂiojQ ^jl^ixso . ^^\cüjt3ûi^\ Aa^v
f. 37*. ôx\a^q
om
v Xtft rdraA rC^iAo r^vcncu uV'i oucoo . rc^Vv a v s. . 'V)i\ ~r»r> rCfVi
à\a.oA «Ajotoo .mkï^o r^.\r^ X^oa ^A ,maiv»^ ■u\^rdn,\ ... ^ »A ia
Digitized by GOUgk
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
61
OEUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH.
Vl^qa ^j-a(7)cia.o . ^v^oa ^^<vû)o . r^CTix. Aaoa r^iocna .
uj^jca Sr^rdû •
:rdraA ^oAcb tAiaxici kAA^-JS oy^ r^jjaVv r^A^câA
^_rr> ^aaxA ^ k_a
or^
zrycï . rdwa^oA Kf a
r^VvoSVvr^ >A\. mcoco r^Vv2w.-\r^ eAAwyqjc _•
• ••
aœAax_v_
• •
^OA
r^£^ot<f ^iA »<ncAur^ . (nV\\ Aj^=3
>A*\
Vv»Y^a .
Y<A_»Aci-^ < 7 xA
Y^^\r^A-rD A-v. a en t^lAVv . ^Vj^Vvoj^ r^-uoÂo r^A> r> rd-DOA
OOÏA •—iA
^>\DdVD3 TCJ 3 YU ^CUCTJO .
^Ji^Vxa TS^TTDA
,^a\ a\r-> y^t-iOaso* y^nojova r^cr-v ^îs.
10 .^JyjxA y^Aa r^^ru"rvs- y^uoa tdjccoA r^rx\
>a ic..\cv\i^ . y^x^ja r^iiiA Y^ÂcnaiA
Y^AXVA «Y^VveuÂAO Y^frirV^, T^^rVlO ÎY^AlA Y^wCUO .
. r^A^jj3 . y^Aacvx*) Vvcvâ»o^. . y^iaoio^. Aqaxtdy*^ . r^iocn VvcO^i
Aa.^A • r-xAoi .:. r^VvcvjAwX. . t^aA^cvjd .y^AjGWaVn ^no^jAy^ .y^AAua
iÂa rd W.»n^,o y^aA^Vxa r^\\c^»j=rx^
_ J A atlasa Y^n A x.^cn r^A..r73Cv \^. æoy^
• Y^JZxAA CoVvCVj^A Y^AAJCma . V^ITDaA OlA AViitf -n r^AJTAA ,cna . Y^A.rx A. \
OOIA ^lA Y^SO . KIAaaA^Ao Y^VyaÂIXjA Y^TDOX» OlVvCUÂi^>Q
rs^ArDJo^oa .• ÂxVx. <*>cv A» a \ <xA_x.
4 f. 3 7 *.
.:• Y<A&aroa r^rx\ _jb^\A
*^V» *fWv=r*=> r^o «^<n .S
kTv^> (^ rcfVx .«A u\^*aq Y<^^\ÂÂr7xra Vy*y<?\ r^VvcvxxTD Y<A*\A^vroA r^oo
. y^axA y^Aa Y^it\a»Vu oxAuy*^ t^^yxjL^ ^jctxAaa r^AA^.a . y^a^A oaAjaA
• f. 38 \
Y^iruATD oaA ^w.A>a ^»ÂrcfVvci r^aÂra VvaA ^acTix^A^rxra ^»jaAcû
A .
A
...r£v=^=» .KfvVo . r^AjAcv^ra . Acuj^k^Aztd , rù^mc v\^ rar^ip
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
62
XAVvo . Klut
J.-B. CHABOT.
» Kf .v rx-x.
». j * e
oax-Avir^
N.ÿ-va .;. r^,i! .va %
xioko»
VvjrAAj^
. ^)\\cvsn . ^Acn
^ fv> v A r^XjjJLSx r^^\ojH-rx^m
r^Aix-S^ .r^âûjra . t^VArrï
.rAjSjo ^(no^Vii^ KÏÏLoiu \ ^ocoiXj^
c • •
. y <? —i m.\y \ ,coqVvj^\ y«Acvwa . r^rx*rrxv* y
i^jjcinWro .î. V»m
• ••
.;. ^ V<Vn - \Tv^ rd\=ycv_ûoo
.rdx.o'SA k\w.T 3 .
rdjom ,rdx.^ k!^ 5\
*oi\-znr£\ VvjK^o . r^X=3jcvxs-q . r^ucAaAa *
o .
m
>cA\
• \
(710 .
Kfà\-=rxAA . r^AAcv^x A^^ rdraSàvra . ry^vaa r yx t^X^vo
KfVv^xo t^Vcüj^j , ^^ ^ , ^V\cAj^o K^VvAwU*^ . • rCvXo^o
• w
. ^V\cmoA .rdrAura ,^aajc\^. .i^i\cüiAxw .r^rxArs .t^ivnux^o
\COJ VvCV3CaC3 ^D»3^ 1^5l\(V>JJC. ^\iT^ ^UL“NOA
y y y—I *v yr-\ \^ m rC^n . rcAjcxi^ .:. K^qj^ —rr>T\ r^inaiJjA
• • •
L - - , . . ._____» A =TX^-^
V V • \
t«^Ao : i^Vimjxxv*
Vut^jqax 3 cucn : K^r rx .^-ra •^‘^rrx.^o
ir t\ ^J*VACU 09) T^V y VA A_^ • ^jÂîLÛO Ot^ ^-»
rr y \ h w . ooa-ra ^OJL^DO ÀI . s ojoo A ra . x .sno .
^AV-n-yv
t AArrxr73
yiifci (Y>* : rdAjt
cv
• ••
Ax
*> 't *
»
.cv^a r^rrx*cvx>c\ i^vrvmftA \ r^o**
•. Jk.\» Vv»ocn rdicnSo^ ÀN^soo •••
ii^Wixx-a^-ro *A i<LW oA \
rdA ^jo%w ^-A.*^ ><n ^_T73Q . i^VAixt^=7DT\ r^VvcAjAra
KfVvKoA^ci t£=xx.clm $s\a\xjx>rd ^mo 4.^uâx^ ^*A»t^=d ^wxwXsoo
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH.
^0 r^.xrax À^m n^Lracwt r^Vva-»\je.
63
: x^cnAr^ iftA-x*A^
Kf VvcuAT3A^30 ^ro ^»\xXîûKfci ^»
^qaq . t^ucv.ra cnA^*^ Klnrdâ .r&om ,œa^»^
«ii^NTOix vrs^-»r^ ctx A K^Vvjc^o . i^rvxsa^ m&u
^ ^ 030 •
ioVv
.:• rwkvu
Rursum, auxiliante virtute altissima, scribimus tractatum De compositione hominis, factum
a Mar Ahoudemmeh Antipatros (l K — Scrutatoribus secretorum ab Antipatros salutem.
De inquisitione hominis et de investigatione medicinae volui scribere et notum facere,
ut vos sciatis sinccritatem sermonis mei.
PIura sunt quae de medicioa dicta sunt a prioribus philosophis, qui magna sapientia obti-
nuerunt hoc donum magnum, mirabile et utilitatis plénum. Singuli eorum operatione
et virtute divina quam acceperunt roborati et confortati sunt, et instruxerunt pugnam
adversus omnes passiones nocivas, et areu solido, robusto, fortissimo et perfccte munito^ 2J ,
jacularunt in coetum corruptorum corporis humani, et viriliter ac potenter expulcrunt
morbos, ne sit eis ingressus in corpora debilia. Et quasi per repagula firma quattor capita
fellis 3 praecluserunt, et sapientia sua expanderuut et fecerunt concordiam inter duas et
duos qui non possidebant concordiam, et posuerunt separationes inter quattuor sedes^
fellis, ne sint in erectione sua insurgentes una in alteram. Et fecerunt reconciliationem
inter membra quae in invicem irascebantur ; et re>ecarunt filum circumdatum super oppo-
sitioncm elementorum (5 ). Et mucrone lanceae acutae per pharmaca constrinxerunt pas¬
siones et non siverunt eas ut, pro earum more, valeant malefacere. Et per sapientiara
debilitatum est venenum cuncti nocivi, et solertia disputationis disciplinisque perfectis
dederunt manum vitae ut ingrediatur in corpora mortalia t 7 ) homiuum, et fuerunt ipsi
causa vitae; et expansum est in orbem beneficium quod dederunt auxiliatores corporibus
deficientibus, quae debilitantur pondéré morborum. Et laboraverunt, et se defatiga-
verunt, et seipsos miseriis tradiderunt ; et iiberaverunt inürmitatein corporum ab injuria
passionum et angorum. Et sederunt solitarii in deserto ut mitterent pacem animabus
habitantibus in turba. Se enim extollebant in invicem elementa^ : ingressi sunthi, et
steterunt (elementa) in medio firmiter reversa.
Titre en rouge; de même pour les sous- second désignant aussi la «vésicule biliaire».
titres imprimés en caractères italiques.
W Littéral « plein de moyens », nrôpoç.
W 11 apparaît, par la suite, que fau¬
teur fait une distinction entre les sens des
mots et i^V\Vvzn; le premier mot
signifiant exclusivement la c bile », et le
^ Littér. «turres, arces».
^ (jloiyeïx.
«passio», mot employé constam¬
ment pour « maladie ».
Littéralement «mortua»; peut-être doit-
on lire ?
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
64
J.-B. CHABOT.
Minus enim est tempus quam narrem de sapientia Platonis, et Aristotelis, et Ascle-
piadis^, et Chironis, et Democritis W, et Ilippocratis^, et sapientis Galeni, et ceterorum
philosophorum sapientium : qui fuerunt pars viventium per saecula, qui per vim
continuam eorum doctrinae eripuerunt ornnia corpora e subjectione passionum noxiarum.
Narrabinius itaque et dicemus de homine qualis sit; et pariter, occasione data, de usu
1 v A
pharmacorum.
Homo i^itur deus est terrestrium, creatura mirabilis, dominus sociorum ejus
vinculum utriusque creaturae ; imago sui creatoris, vas admirabile ( 5) , et res quae admira-
tionem suscitât totum corpus duodecim membrorum ejus, et compositio trecentorum
sexaginta et sex nuinerorum ejus, et stabilimentum quinque pedum ejus.
Ducenta enim et quadraginta octo^ 8 ^ ossa agglutinata sunt in homine. Triginta eorum
in pedibus colliguntur. Quinque et quinque in vola ipsius pedis, tria in genibus, duo in
cruribus, unum in pectore, quinque in lumbis, novem in capite, octo in collo, quinque
in palma manus, et quinque quinque in singulo digito, tria in dorso, cent uni et unum in
latere dextero et centum in latere sinistro^; et octodecim costae-vertebrae in dorso ( ,0) , et
octodecim costae connexae hisce vertebris. Sex ossa sunt in unaquaque scapula, et tria in
unoquoque brachio; quinque autem sunt in clavibus cordis n) , quae claudunt et aperiunt
omnia membra hominis.
Deinde sunt in jecore UgaminaW octodecim. Ex eis septem dant virtutem omnibus
arteriis et se extendunt et perveniunt ad cor; ex eis septem dant virtutem venis( 13 ), et quat-
tuor ex eis ascendere faciunt vim aestus ad partes pulmonis.
Sunt iterum in stomacho (14 ) canales duodecim. Très eorum introducunt vim in jecore,
W L'orthographe du nom a été altérée par
les copistes. Restituer
Restituer
La forme est la plus
usuelle. Cf. Thés. syr. t col. i 65 , 166.
C’est-à-dire • des êtres créés avec lui ».
W axevoç &iv(A2<t16v (Eccli., xun, a; par¬
lant du soleil).
(#) Traduction littérale du manuscrit; si
le texte est exact on peut conjecturer que
l'auteur a considéré comme une for-
mation diminutive dérivée de pars,
dans le sens de «parcelles». Peut-être y a-t-il
une faute de copiste pour « choses
créées » ?
(7; 11 manque un nom régissant pedum
peut-être digiti ?).
(8) L’énumération détaillée à la suite ne
concorde pas avec ce total. Elle s'élève au chiffre
de 356 : le texte primitif ne faisait sans doute
pas de distinction des côtés, et si on retranche
les cent os attribués au côté gauche, on obtient
le nombre de a 56 : ce qui laisse supposer une
légère erreur ou une omission.
(9) Interpolation basée sur le récit génésiaque
de la création de la femme.
Le mot costae est peut-être une redupli¬
cation fautive.
(l,) «Græci sane xXeiùes, at Celsius jugula
vocat ; juniores analnmici claviculas » (R. Steph.,
Thés. ling. Lat., s. v # clavis).
15 Pour la locution, cf. <r\jv&e< 7 (xoi ti}s
ùoÇvos (Dan., v, 6; LXX); arabe c-JUaJl
(Lexieogr.).
< u >
(U) aV)\x%yps.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
65
ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH.
quattuor eorum tenues exundanl et premunt (1) splenem, et quattuor riirsum qui distorti
sunt et descendunt in renes.
Sunt in /elle W sex aditus . Ex eis très perveniunt ad cor, unus exit iu totum corpus,
unus descendit ad ostium inferius, et unus adscendit ad ostium superiu9.
Est in nervo fissura qua qraditur Jluxus seminis, in quattuor loca : unus qui adest in
vicinitate renum, unus qui est in proximitate cordis et stoniachi, unus proximus est pul-
moni et est in thorace^, ultimus est in cervice (4 ) cerebri.
In hoc quidem loco cerebri dominatur sanguis, qui in eo potissimum manifestât suam
actionem ; in loco autem qui est prope stomachum et cor, (lava bilis residet et discurrit
fluxu suo in totum corpus. In regione renum et lumborum dissolvitur atra bilis et reti-
netur ab introductione sua in omnibus membris.
Sanguinis sedes (5j est in jecore, et ejus dominium in cervicem cerebri ; pituitaeW sedes est
in pulmone, et ejus dominium in pectus; Jlavae bilis sedes est in felle, et ejus dominium
in stomachum ; atrae bilis sedes est in splene, et ejus dominium in vesicam.
Quando semen sustolletur et perveniet ad locum cervicis cerebri, ibi manebit aliquot
diebus ut acquirat varietatem' 7 , et fit calidum et humidum ; et quando perveniet ad locum
stomachi, fit calidum et siccum.
Tempore autem quod postulat ejus natura ut perficiatur usus conjugii, si accidat quod
e loco quocumque dimittatur et dilabatur voluntate Omnipotentis, aperiet utérus os suum
ad illud recipiendum, et custodietur intra eum. Et prout semen possidet vim in suo loco,
ita crescit in elementis suis in utero (et ; etiam postea (8 l
Si hora prima, aut secunda, aut tertia diei vel noctis semen in utero concipiatur W,
addentur varietates (, °) harum tri uni horarum varietatibus ejus, et erit ejus generatio calida
et humida, quia horae primae et secundae et tertiae varietas est sanguinis et sanguis est
abundans in his (horis) f et quicumque in his tribus horis concipitur et generatur, ejus
morbi et colores et elementa distincta nota et 9unt: et supercilia ejus crassa et gravia, et
arteriae ejus temporum crassae et sanguine plenae; et fiunt ejus oculi obscuri et |>ertur-
bâti, et fiunt omnés arteriae ejus carnis sanguine plenae, et corpus ejus deprimitur; et
cuncta ejus membra et caro ejus rubedine piena sunt. Et hi morbi accidunt ei : omnis
morbus narium, et omnis morbus oculorum, et scrophulae incervice, et tu mores carnis,
et delicientia cerebri, et omnis morbus gutturis, et omnis morbus capitis, et omnis morbus
oris, et omnis febris quae ex sanguine oritur.
Ce verbe peut signifier «comprimunt»
ou «reprimunt».
Comprendre «la vésicule biliaire•; pour
la bile, l'auteur emploie
(3) Littér. « in fomace pectoris ».
f4) Ou « in collo » ; semble désigner le cer¬
velet.
Littér. «domus ejus». * 1 ** iyt
ROT. ET EXTR. — T. XLUI.
(fl) pXéypa.
<7) Littéralement «la mutation », c'est-à-dire
la qualité spéciale qui produit la diversité dans
les tempéraments.
(l) Littér. «etiam in saeculo», c'est-à-dire,
après la naissance.
l#) C'est-à-dire «in utero recipiatur».
Voir la note 7.
9
■ ■riuuui iinoiui.
Digitized by
Go l >gle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
66
J.-B. CHABOT.
Quando autera e loco stomachi descendet semen et concipietur in utero hora quarta vel
quinta vel sexta, colores ejus et elemeuta ejus, et morbi ejus distincta sunt et nota : caro
ejus paulum nigra est et rubra, etiam ejus arteriae et venae dilatantur et abundat in eis
flava bilis, et aliquando pallidus fit color ejus; et accidunt ei morbi qui sunt hi : morbus
ventris et coli, perturbatio cibi et potus, et amaritudo palati et laryngis, et sputa acerba,
et omnis morbus genuum, pedum et crurium, et febris hectica, et febris viscerumd) et
ossium ; et morbus podicis^ et termina viseerum et tenesmus, et morbus lumborum, et
stupor P), et morbus juncturarum, et omnis fluxus sanguinis. In his enim tribus horis bilis
abundat.
Quando e loco prope vesicarn descendet semen et concipietur in utero hora septima, vel
octava, vel noua, ejus morbi et colores et démenti distincta sunt et nota haec : cibo |>arvo
satiatur, et omnis morbus inflation», et omnes species éructa t ion um, et omnes species
turbinis, et omnis somnus difïicilis, et omnes urinae pravae et turbidae, et omnes tumores
juxta testiculos, et atra bilis, et hydropisis, et stranguria, et scabies, et eflusiones, et
furfures^ et pustulae, et insania, et divagatio mentis, et vertigines et agitationes; corpus
ejus frigidum et nigrescens et pilosum. In his enim tribus horis atra bilis abundat.
Quando autem e regione pectoris descendet semen et concipietur in utero hora décima,
vel uudecima vel duodecima, ejus colores et morbi, et elementa distincta sunt et nota haec,
scilicet: ejus pellis alba, ejuscrines flavi, et timidus (est) et ignavus, et arteriae ejus non
notabiles suntet erunt ei furunculi M, et habebit morbum pectoris et omnem morbum
linguae, et omne sputum salsum, omnem morbum pulmonis, omnem febrim e pituita , et
omnem extensionem, et omnem morbum costarum, et omnem morbum epigastrii, eterit
singultiens, et vigilans, et exspuens multum; et fit ei morbus brachiorum, et tussis
madida.
Et semen quod est in cervice cerebri calidum est et madidum, et laeve ei rubrum et
non lubricum, et cum effunditur seipsuin retinet, et est pulvereum et rigens et non est
natura sua viscosum. Illud quod est in regione |>ectoris est madidum et frigidum, et album,
et salsum, et possidet lubricitatem magnam, et cum effunditur non viscosum etacidum se
ipsum coagulât et non inflatur. Illud quod est in regione stomachi (est) calidum et siccum,
et rubrum ac pallidum colore suo, et amarum gustu suo, et non possidet lubricitatem, non
est viscosum et assimilât alios colores. Illud quod est in regione renum (est frigidum et
siccum, et nigrum colore suo, et acidum gustu suo, et non viscosum et aquosum, et eflun-
ditur et non se coagulât.
W Littéralement • de l’intérieur ».
W Le sens du mot est indiqué par
le contexte, ci-après, p. a6, n. a.
(*) C est le sens ordinaire du mot dérivé
de la rac. moV; je le rattacherais volon¬
tiers à la racine (comme synonyme
de ^mo^\ j avec le sens de [« constipation ».
(4) Ou ulcéra; est très probable¬
ment une faute poun^V\Ai&u
(4) Peut-être à corriger «non cres-
cunt ».
(,) Ou ver acné.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
67
OEUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AIIOUDEMMEH.
Haec sunt quattuor se mina hominis. Et sicut est semen ejus, ita etiam ejus tempera-
mentum et morbi et elementa et colores et differeQtiae ; uam ornais caro est sicut semen
ejus. Etiam animalia et bestiae per semen eorum variautur et fiunt nigra et alba, et rubra
et pallida ; et etiam aves rursum ex variatioae ovorum e quibus proveniunt, diyersae sunt
in singulis speciebus : cum sit in ovo albumen, modo tenue modo crassius, fiunt albae et
quae variantur ex albis; et cum sit nimium illud nigrum quod est prope luteum fiunt
nigrae. Et praeter bas diflerentias quas possidet omnis caro ex semine suo, etiam aer^ ille
qui circumdat nos sumit incrementum et minutionem, sicut dicit magnus Hippocrates W.
Rursum, nunc incipiamus dicere de operatione actionum uniuscujusque memlrorum. —
Cerebrum enim capitis deus est corporis, et mens in eo residet et habitat; et quamdiu ipsum
est sanum omnia membra in j>ace sunt. Ipsi enim congruit cubile quod est intra septem
portas, sensus sensibiles.
Cor autem est domus animae et generator est cogitationum ; ipsum accipit virtutem e
jecore et felle, quam transmittit cerebro et in eo habitat; ipsi enim congruit locus intimus
et termini occulti et absconditi. Natura enim cujusque animalis in omnibus organisé
corporis residet et habitat. Ipsi enim congruunt omnes partes corporis et apprehensor est
omnium compactionum.
Intellectus autem inter cor et cerebrum subsistit; in sinu abscondito mentis et animae
intra iuvolucrum omnium sensuum residet et habitat. Ipsi enim congruit ordo et regimen
eorum omnium.
Mundus itaqueest exemplar et symbolum hominis, et sicut iste videtur in processu et in
incremento omnium aetatum W notarum et distinctarum; id est autem in statu W infan-
tiae, pueritiae, adolescentiae, senectutis et discessus.
Oculi autem lucernae sunt corporis, et quasi observa tores elïiciuntur cordi, et per eos
omnia intuetur et sibi persuadet.
Nares autem sunt cerebri exploratores qui quidquid sentiunt secreto remittunt et mani¬
festant accurate cerebro; ipsae plaçant W commotionem animae afflictione et angore pertur-
batae, et propter pudorem istorum membrorum intumescit ipse pulmo et opprimit
cortices exteriores cerebri, et tune dilabuntur lacrimae ab oculis. Nares etiam efluudunt
raucum et homo indinatur W ante, et clamat et exhauritur in fletu.
Pulmo autem locus est sputi et domus pituitae, et locus est in quo transcurrit halitus;
et in eo est amor ; et factus est quasi uter humorum W : modo contrahitur ut exeat et modo
dilatatur ut introeat (humor).
On attendrait plutôt « etiam ex
(aere)».
Voir ci-dessus, p. 22, n. 3 .
(3) ôpyavov.
<4) Sens suggéré par le contexte.
(5J
Digitized by G ch çle
(é) Littér. mandant, purgant .
W Littér. • se contrahit ante se». Il semble
qu'il y ait ici une lacune dans le texte.
Le mot au pluriel est la transcription lit¬
térale du grec ijboavXis. Je traduis hamores faute
de pouvoir mieux préciser.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
68
J.-B. CHABOT.
Renes aulcm sunt fundamenta cordis et super aediGcium eorum aptatum est cor.
Ipsi sunt vinculura testiculorura, et ipsi excitant robur seosus coitus per nervum qui
adhaeret stomacho et aedificio cincto vertebris dorsi ; et per eos rursura specuiatur intel-
ligentia juxta cor.
Testiculi autem sodales sunt renum; quia renes per nervos tenues invicem colligati sunt
et ipsi sunt qui semen mittunt in quattuor loca, et ipsi sunt qui excitant virgam tempore
coitus.
Vesica autem domus est urinae; exj)ellitur quidem ex ore ejus; recipitur autem ex lumbis,
e (loco) creationis ejus, per nervos et arterias tenues; quia acuta est in emissione sua, et
infra omnia membra accu mbit; et omnes sordes ipsa expeliit.
Lumbi autem sunt vinculum laterum; et in eis vinciuntur costae, et ipsi contringun-
tur vertebris dorsi; sudor et tremor febrilis^ a b eis accidit.
Virga autem est porta duarum viarum : id est urinae et spermatis; et per eam perficilur
res coitus.
Intestina autem tenuia sunt ad recipendam rationem digestionis alimentorum, et omnia
similia sunt unum alteri. Intestinum autem caecum accipit cibum qui descendit e stoma¬
cho et manet in eo donec digeratur ab eo. Descendit urina in vesicam, et stercus in podi-
cem W qui est anus.
Pilus autem qui est prope membruin geuitale non est ad utilitatem neque ad ornatum,
sed accidit ut, per humiditatem loci et ejus calorem, germinet et crescat. Multis autem non
germinat, quia deGcit in eis caior et humiditas. — Pilus autem pectoris et menti in orna-
tura est; sed accidit ut non germinet eo quod caior et humiditas fuerunt déficientes. —
'7 cri u/fT' oî t f r • •” * ' \. ■, ** - * . • . ■?.*. : ri % j/n 4iVT'-’
Die axillarum non ad ornatum neque ad utilitatem est, sed propter humiditatem loci
germinat. — Pilus autem superciliorum et oculoruin et capitis ad ornatum hominis
constitutus est.
Omnia enim elementa sodales sunt unum alterius et ex eis constituitur corpus : aestus
et frigus, humiditas et siccitas, commixtio cum disjunctione, lux et tenebrae, coordinatio
et dissolutio, plenitudo et vacuitas, salsedo et insipiditas, inquietudo W et tranquillitas.
- - - ^ • V - ’
Redeamus iterum ad rem nostram et accurate dicamus qualii sit ( homo ) : Corpus hominis
ab extra est cutis, et iutra cutem caro, et intra carnem membraua, et intra membra-
nam venae, et intra venas caro, et intra carnem membrana, et intra membranam
arteriae, et intra arterias caro, et intra carnem nervi, et intra nervos membrana, et intra
membranam caro, et intra carnem ossa, et intra ossa mcdulla.
Et nervi colligati sunt ossibus, et membranae omnes cxteruae et internae invicem colli-
gatae sunt, et nervi omnes procedunt e vertebris spinae dorsualis. E medulla capitis proce-
(l) Le frisson. — le contexte indique clairement le sens de ce mot qui n'existe
pas dans les lexiques. — (3) Le vrai mot serait «nervositas» (dériv. de nervas).
1
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISIIO ET D’AHOUDEMMEH.
69
dunt nervi in oculos et in palpebras; singulis oculis septem nervi : très unicuique palpebrae
superiori et inferiori, et unus pujûllae ac visioni W ipsius pupillae oculL La b iis duobus sex
nervi e priocipio vertebrarum superiorum, quae cranio proximae sunt, proeedunt.
Linguae rursum nervi descendunt e mcduila capitis, et e vertebris qnae sunt supra
vertebram quae appellatur dens {2) proeedunt nervi maxillae, fistulae (gutturis- et gen-
•givis. ,
E vertebris quae sunt infra pectus^, et in brachia descendunt nervi ex vertebris inter-
scapuli; in epigastrium proeedunt nervi e vertebris quae sunt infra humerum. Femoribus,
et coxis W, et genibus, et cruribus, et pedibus ex omnibus vertebris quae sunt a lum-
bis et infra, exeunt nervi in totum corpus. Et venae emittuntur in toto corpore. Arleriae
emittuntur in toto corpore.
Duo sunt généra nervorum : unum eorum (est) ligamen quod exit ex ossibus et vincitur
ossibus; alterum eorum per quos sensibilitas emittitur in toto corpore. E mcduila capitis
profectiones duae sunt : e tergo cervicis apud oculos procumbunt^. Nervi duo exeunt e
mcduila capitis in duos oculos, et vocantur optici.
Musculi in toto corpore inveniuntur, et sunt ex commixtione carnis et nervorum.
Nervi toti corpori mittuntur, et vim sumunt e medulla spinae dorsualis.
Decem arteriae texuntur in toto corpore in longitudinem et in latitudinem, et vim
sumunt ex octo venis quae e jecore proeedunt. Vena una magna est super vertebras dorsi,
et est cava, et se extendit a renibus usque medullam capitis, et cor ei dat vim. Nervi qui
exeunt in manus et in pedes et in labia et in oculos et in linguam ipsi sunt qui claudunt
et aperiunt, contrahunt et dilatant, tendunt et relaxant. Octo sunt arteriae exeuntes e
jecore : très in costas superiores usque sursum, duae in costas médias quae proximae sunt
cordi, et très in costas inferiores quae sunt infra cor, usque ad costas extraneas I 7 ) et renes;
et ipsae sparguntur in toto corpore, supra, et infra, quae habent exitum W desuper.
Gutturi et aesophago^ paulum infra exitum (est) intestinum illud quod vocatur rectum l 10 L
Dcntibus etiam ab illis (luit sanguis. Utérus iigatus est stomacho, fundus autem uteri
fundo stomachi iigatus est, invicem adhaerent. Stomachus Iigatus est cerebro, et utérus
renibus; renes ligati sunt lumbis, et tcsticuli ligati sunt lumbis. Utérus (est) inter intesti¬
num rectum et vesicam. Foetus in utero nutritur ex stomacho et ex medulla capitis, et
. . |j * 1 4 4 J:j , :
W parait signifier la ■rétine».
^ Cf. idx. oen ( Tlie
syr. Book of Medicines , I, 564). Arab. «a
pointed tertebra forming the apex of the cervi¬
cal column (J. P. Marcoliouth, Supplément to
the Thésaurus syriaens , p. 334)
Il semble qu’il y ait ici une nouvelle
lacune dans notre copie.
Traduction conjecturale; cf. p. a 8 » n. 7 .
Littér. «a vinculo dorsi» (os iliaque?).
Zygomatiques?
(7) Côtes flottantes.
(i) Ou « podicem » (?).
Je traduis ainsi par conjecture; la leçon
du texte parait être une déformation ou une
forme vulgaire pour synonyme de
• palatum, fa u ces ; ÇipvyÇ ».
(,f) Le «côlon».
Digitized by
Go .tgle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
70
J.-B. CHABOT.
omnia membra ejus sumunt vim ex funiculo ejus ombilico et ex sanguine mcnstruorum.
[Utérus est.... testiculi quando commoventur.] Felli W autem sunt ora duo.
Ostiaria W est supra cor, inter pulmonem et cor. Cordi autem sunt duo ventriculi
et duae auriculae. Pulmo habet in se plura foramina. Unusquisque ren babet ventri-
culum.
Testiculi commixtio sunt nervorum et carnis, arteriarum et venarum, et habent mem*
branam.
Renibus autem est cutis et mcmbrana obducta.
Fistulam gutturis qui lumbos M ... eam circumdant.
Uvula^ nutritur ex medulla capitis, et ex arteriis quae se extendunt super verterbas
dorsi.
Virga ligata est renibus et lumbis, et arteriis magnis W quae se extenduut super verte-
bras dorsi. Et descendit semen inter unam arteriam quae exit per utramque coxamet
accipit ex medulla quae est in spina dorsuali.
Ad splenem autem venit nervus membranaœus ex diaphragmate. Duae autem arteriae
magnae super dorsum ligantur.
Medullam capitis circumdant involucra duo W.
Nares ex domo vacua cervicis descendere fadunt quod transit super palatum W.
Aures prodeunt ex duabus siliquis quae medullam capitis circumdant.
Palpebrae autem oculorum carnales sunt.
Cartilagines aurium interaarum radicem linguae se jungendo attingunt.
Itaque ex corde per nervos et arterias emitlitur in toto corpore vitalitas.
Super stomachum membraua expansa est, et super cor ostiaria^, et super cor mem-
brana expansa est; (etiam ) intra intestinum teuuius quod accipit digestionem alimentorum.
Membrana extensa est intra intestinum quoddam quod simile est caeco quod dejidt
escam.
Stomacho duo ostia sunt : unum quod accipit et alterum quod dat. — Finis.
'*4 t • ï
E libko medicinae. — De homine. Homo mundus parvus et repraesentans mundum
magnum. Caput figurât coelum, et pedes figurant terram, et venter ejus mare, et dorsum
ejus aridum; oculi ejus solem et lunam, et vultus ejus firmamentum; et membra ejus pla-
nities, et ossa ejus montes et colles, et crines ejus germina, et venae ejus flumina, et sanguis
qui Huit intra corpus est quasi aquae quae fluunt m terra; in connexione sensuum et
(1) Phrase incomplète.
Vésicule biliaire; cf. p. a 3 , n. i.
(3) Sic; pour vena porta.
(4) Lecture douteuse ; la phrase parait incom-
plète.
(5) La luette; uva chez les classiques.
Semble désigner l'aorte.
J'interprète, par conjecture, le mot
(lém. plur.), ne l'ayant trouvé dans
aucun lexique; il parait désigner la région dite
layjiovi coxendix, entourant les os iliaques.
Ou siliquae duae; le mot est usité surtout
pour signifier une « cosse > de légume.
Cf. p. 27, n. 9.
Digitized by
Go gle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
OEUVRES D’ISAAG DE RABHAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 71
facultatum (figuranturi decem praecepta W rhctorum; et mens dirigit hominem, sicut
Deus creationem.
Hae sont opérations vitae naturales : Cor habitaculum est animae naturaiiter, et fons est
scientiae et judicdi naturalis; et acceptis variis disdplinis omnium artium notarum, fit
fomulus et nutritor cerebri. Si radii mentis et prudentiae et memoriae non efïunduntur e
cerebro in cor, in caligine palpitât.
Cerebrum enim fons est luds naturalis animae et totius sensibilitatis et mobilitatis, et
ab eo fulget lux naturalis in cor et facultates animae; cor enim nobis est ad instar terrae
et hujus bonorum, cerebrum ad instar firmamenti, mens ad instar solis, et prudentia ad
instar lunae, et memoria ad instar stcllarum ac aeris qui in inedio difTusus est Et
quemadmodum c terra adscendunt fumi crassi et vapores densi aut subtiles, etiam lumina
adscendunt e terra cordis et agunt in aerem et in lumina cerebri quorum spissant aut
atténuant naturalitatem W. Et quemadmodum agunt variationes terrarum et variationes
locorum in aere et luraine in terram et semina et plantas, intellige ita Geri in cerebro,
et per cerebrum in corde. E corde enim, tanquam e fonte, emittitur vi(alitas per arterias
toti corpori. Est autem quaedam substantia nervosa quam involvit tunica una nervosa, et
sunt in eo cavitates duae, plenae sanguine subtili et spiritu vitali; est itaque suspensum
pulmoni in medio pectoris et ligatum undecim vinculis; haec vincula appellantur a
sapientibus viva et divina. Quando cor accipit e jecore sanguinem impurum madidum et
indigestum, tune etiam spiritus vitalis spissatur intra cor, et emittuntur e corde in cerebrum
spiritus spissi indigesti, et cerebrum compingit caliginem, et obscuratur fons luminis
naturalis animae, et obscurantur canales qui ducunt lumen e corde in cerebrum et
facultates animae, et producitur angor et tristitia, caligo intellectus, obscurités mentis ,
deperditio memoriae, obcaecatio prudentiae, tremor, timor, anxietas conscientiae,
angustia, insania. Haec aeddunt secundum quanti ta tem faecis et crassitudinem spiritus,
donec ad stabilitatem redeat cor et cerebrum.
Stomachus itaque ubi accipit alimenta emittit succum W suum jecori, et jecur mutât
ilium in sanguinem et transmittit partein ejus puram cordi et ejus saniem tradit felli et
spleni. Quando stomachus non valet maturare succum beue, et accipit jecur succum non
maturum, inde augetur malum in felle et splene quae purificant jecur. Et quando corn-
movetur malignitas quae est in felle et in splene, ab ipsa Huit noxa toti corpori. Et
causa omnium malorum est abundantia immaturi; et ex sanguine qui non accepit solu-
tionem perfeclam sordescunt, tabescunt et depravantur homines: corpus esuriens non
morbescit.
Scito ex quattuor eicmentis esse sabsistentiam hominis: corpus ejus e terra, vita ejus ex
acre, motioejus ex igné, sensibiiitas ejus ex aqua.
Omnia visibilia sunt rationalibus pontes et scalae quibus, per suas cognitiones, adscen-
dant ad creatorem, et animadvertant cognoscantque eum ex creaturis.
r à y pat. — tô Çvtroiàv. — %yX6t.
Digitized by
Go ugle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
72
J.-B. CJHABOT.
•y »•-%
De connexione facultatum . — Sensibilitas (est) in cerebro; discretio in corde; appe-
tentia in stoinacho; concupiscentia in renibus; ira in jecoie.
De facultatibus naturalibus. — Facultates natunîtes septem sunt : quattuor activae et
très passivae; activae autem sunt: attractiva, quae est frigida; apprehensiva, quae est
siccat solutiva, quae est calida; propulsiva, quae est humida. Et etiam seorsim possident
hasce facultates. Passivae autem sunt: generativa, augmenta tiva, nutritiva. . k
De operationibus animnlibus .— Operatioues animales et modératrices sunt phantasia l ),
memoria, loquela, intelligentia, sensatio, mens, cognilio, scieritia, discretio, prudentia,
imaginatio, cogitatio. : • ’* * ,
Rarsamt Imaginatio et phantasia (sunt) in cerebro, intelligentia et prudentia in cervice,
cogitatio in renibus, consilium et conscientia W in membrana separativa diaphragmate),
cognitio et scicntia in corde; in tactu est sensatio.
Rursum, facultates animae : Mens, scientia, imaginatio, cognitio, memoria, discretio,
cogitatio. — Et sunt qui dicunt : Scientia, cognitio, intelligentia, prudentia, conscientia,
cogitatio, peritia.
» •f*
ft; f »II
> •*
Rursum, notifiealio : Desiderium operum bonorum in Celle est, et desiderium carnis
• _
in pinguedine quae est supra renes; furor et ira in jecore; timor et mendacium in splene;
aviditas et cibi desiderium in stomacho, dilectio in pulmone, intelligentia in renibus,
cogitatio in corde, robur in brachiis, risus in diaphragmate, fortitudo in manibus.
Quaestio: Quid discriminis sit inter insaniam quae (accidit .ex prava commixtione
humorum ^ et insaniam ex daemonibus. Reponsio : Quando enim insaniunt hommes sive
loquendo, sive agendo, sive manifestando interdum aliquid natura soperius, ut si, quod
se fatigaudo obtinent homines studio doctrinae, tenui arte aut pharmaco acquirunt, et
pénétrant sécréta scientiae, et quod non valet natura humana assequi et discere magno
labore, idipsum facile loquuntur aut manifestant aut agunt, scito liane virtutem insolitam
esse ex daemone qui, habitans in mente et intellectu, in his agit, loqurtur et manifestât
virtutem insolitam; cetera autem oninia ex morbis. Et sicut vasa usus externi, quando
obsonant in eis obsonium indigent puriiicatione, ratione rei quae in eis obsonata est, ita
Yasa interna in quibus obsonati sunt succus M et sanguis, necessitate incrementi et consti¬
tution» corporis, indigent puriGcatione per purgationem.
Et quoad morbum corporalem, scito fratribus solitariis non (ieri digestionem, non ub
abundantiam, sed ob inordinationem ex confusione ciborum, et quod, cutn ea quae
congruant non inveniantur apud eos, eis quae inveniuntur utantur; et e recollectione
cogitationum et custodia cordis, et ex nulla intermissione operum : quia quamdiu intel¬
lect us et cogitationcs occupantur in meditatione timoris Rei, stomachus et jecur, et mem-
bra quae opérantur digestionem constringuntur et ab operatione retinentur.
Rursum, capitulum. — Animae oculus est mens, et auris ejus intellect us, et ad instar
nasi cogitatio, et gustus supputatio experientiae, et quasi tactus ei (fit) memoria in libéra
£xi’T2<7<3. — (,) Deux mots * peu près synonymes. — Xppà*- —
Digitized by Go.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
ŒUVRES D’ISAAC DE RABBAiN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 73
voluntate fixa. Haec quidem quemadmodum in natura plantavit causa ejus efficiens
misericordia
Jai signalé plus haut l’étrange association des deux noms : Ahoudeinmeh
et Antipalros, attribués à l’auteur du traité sur la Composition de l’homme. Il
n’est pas douteux que le scribe qui les a rapprochés voyait sous le premier
vocable le métropolitain Ahoudemmeh mort en 575. La Vie de ce prélat, en
réalité un panégyrique, a été publiée par F. NauW, qui a reproduit dans son
Introduction tous les passages relatifs au métropolitain qui se lisent dans Jean
d’Asie, dans Michel le Syrien, dans Barhébreus et dans Ebebdjésus de Nisibe.
Ce dernier est le seul qui nous intéresse présentement. Il est ainsi conçu :
.rdfücLaAà -Vr\xxv\ ^ *7x1» cnarriauK?
•
rd àré ctjlA o
• * ’
Achudemmes composuit librum unum adversus Philosophos,
Et librum adversus Magos, et definitiones rerum omnium.
Et librum de Logica ' 4) , et tractatus de Compositione personarum,
Et, an voluntas potestatem habeat in naturam, tractatus duos.
Et librum unum de anima, et de homine microcosmo.
Habet praeterea documenta sermone eleganti et concinno.
En même temps que la Vie d’Ahoudemmeh, M. Nau a édité, d'après un
manuscrit syriaque du ix* siècle, un traité sur la Composition de f homme, qui
diffère totalement de celui que nous publions, et qui parait bien être son
œuvre authentique; la rédaction se conçoit très bien sous la plume d'un chré¬
tien ou d'un moine. Il n’en est pas de même pour le nôtre : il ne fait aucune
allusion aux doctrines religieuses et ne dit pas un mot à la louange du Créa-
W Sous-entendu Dei, ou, plus concrètement,
Misericors ( Deus).
W Histoire de saint Mar Ahoademmeh, apôtre
et saint martyr (Patrol. OrienUÜs, t. III, lasc. 1 ;
Paria, 1906).
SOT. ET EXT*. — T. IUO.
Digitized by GO QIC
(3} Telle est la leçon dans les éditions
d'Abraham Echellensis et d'Assemani ; certains
mss portent xs au singulier, ce qui assu¬
rément est la bonne leçon.
(l Ou Dialectica.
10
imiaun uTioitu.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
74
J.-B. CHABOT.
teur, c’est une œuvre purement païenne (l ). La forme du nom de l’auteur et
les nombreux mots grecs techniques renfermés dans le traité suggèrent une
origine hellénistique W.
Nulle part, ni dans la Vie, ni dans les documents cités, il n'est fait mention
d’Antipatros; la présence de ce nom dans l’intitulé de notre texte soulève donc
une question épineuse.
A mon avis, la solution de cette difficulté est fort simple. Le nom d’Ahou-
demmeh n’existait pas dans les manuscrits et le traité était attribué à Antipaler
seul.
Avant même d avoir pris connaissance du texte authentique d’Ahoudemmeh,
j’avais été amené à cette conclusion par le début de notre rédaction. Dans la
première phrase Antipater seul s’adresse aux lecteurs.
Mais comment expliquer l’introduction de ce nom dans le titre de notre
traité? De la manière suivante, croyons-nous. Un copiste syrien, voulant faire
preuve d’érudition, sachant par Ebebdjésus que le métropolitain était l’auteur
d’un traité portant le même titre que celui . d’Antipater, a identifié les deux
personnages, soit qu’il ait regardé le second comme un surnom du premier 11 ),
soit (hypothèse moins probable i qu'il ait considéré les deux noms comme
synonymes : ce qui serait une absurdité. Ahoudemmeh signifie littéralement
«frère de sa mère», le mot répond très exactement au grec fxijrpdiSeX^os,
avunculus, qui n’est pas, que je sache, usité comme nom propre W. Antipatros,
«pro pâtre», «qui tient lieu de père», est un nom propre assez fréquent en
grec; il est devenu en latin Antipaler et se rencontre sous cette forme bien des
fois chez les écrivains et dans les inscriptions.
Mais qui pourrait être cet Antipater ( ®> écrivant sur la médecine? Notre
(l) Deux ou trois mots d'inspiration chré¬
tienne (signalés dans les notes) sont des inter¬
polations.
(,) Pour la plupart signalés en note.
Le même traité se trouve à Birmingham,
dans une copie récente (1904). Voir Catalogue
of Mss. Collection of Mingana, n* 589. Les
circonstances ne mont pas permis de l’exa¬
miner.
*•) Il est peu probable qu’il ait été influencé
par réminiscence des doubles noms bibliques
Simon-Pierre, Matthieu-Lévy, Thomas-Di-
dyme, Saul-Paul, etc.
[l Sur les termes de consanguinité com¬
binés pour former des noms propres, voir
Th. Nôldbke, Beitrâge zur ternit . Sprackwissen-
schafï (Strasbourg, 1904), p. 95.
* Dans l’article si bien documenté de
Sal. Reinach, Medicas (Dict. des Ant. gr. et
rom.), Antipater n’est pas même nommé.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
OEUVRES D’ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH.
75
confrère M. Ch. Picard a eu l'obligeance de me remettre à ce sujet la note
suivante :
• Deux médecins du nom d'Anlipater (gr. kvTtitajpot) sont connus :
«I. L’un sous Auguste, à identifier avec ÆliasGallus, médecin et gouverneur de
f
l’Kgypte. Dans ses lettres qui formaient au moins • trois livres », il a traité des ques¬
tions de médecine, et Galien de Pergame connaît de lui une suite de compositions
(Gal., XII, 684, 936 ; XIII, 33 c), 19a; XIV, 108, 160, etc.). Peut être auteur
d’un Ilepî (Schol. Iliad. , XI, 1 i5).
« II. L’autre était un médecin de Rome, au temps de Galien même (h* siècle ap.
J.-C.), et il est nommé à plusieurs reprises par lui (par ex. Gal., VIII, ag3; X, 5a;
XIV, 684). Peut être de doctrine « méthodiste » en médecine. Il ne semble pas connu
d’autre part. »
Il semble bien que c’est à ce dernier qu’il faille attribuer la paternité du
traité dont nous publions la traduction syriaque, et il ne parait pas téméraire
de conjecturer que cette traduction soit l’œuvre de Sergius de Reschaina
(t 536), médecin lui-méme, qui consacra la plus grande partie de son activité
scientifique à traduire de nombreux ouvrages grecs en syriaque O. Si notre
opinion est acceptée et si notre conjecture se vérifie, nous serons heureux
d’avoir fait connaître une œuvre dont l'original n’a pas été jusqu’ici retrouvé.
Le traité d'Antipater se termine au mot F'inis (p. a 8). Ce qui suit est vrai¬
semblablement tiré des œuvres d’Ahoudemmeh. On y trouve les mêmes idées,
souvent les mêmes expressions que dans le traité authentique ; mais il semble
que la rédaction ait été faite et que les fragments aient été choisis au gré du
scribe, selon une fâcheuse habitude des copistes orientaux.
La Conclusion est rédigée, avons-nous dit, dans un style énigmatique; et
je ne suis pas sur d’en avoir bien saisi le sens précis. L'idée générale parait
être : Heureux les moines qui persévèrent dans leur vocation; ils seront récom¬
pensés par la vision béatifique. — Je donne ici une traduction absolument
littérale de ce singulier morceau; de plus sagaces réussiront peut-être à le
mieux interpréter.
(*)
Cf. R. De val, Littérature tyriaqae, p. 3 i 6 , et spécialement p. 370 ( 3 * éd.).
IO.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
76
J.-B. CHABOT.
Beatus qui dédit unum et accepit duo, et dimisit duo et obtinuit tria, et susci-
tavit mortem quatuor per quatuor, quae quidem non transeunt, nec dissolvuntur; et
dédit prima : unionem et solitudinem; et porrexit quidem secunda : solitudinem et
unionem; et satiatus est tertiis : unione, et solitudine, et conjunctione et non sepa-
ratione.
Beatus qui dimisit famam et apprehendit pacem. Maxime autem beatus qui
sumpsit et perfecit pacem et quietem per unam concordiam.
Nunc crede mihi, dilecte mi, sunt quidem et fuerunt et rursum erunt, et vidi
realiter, nonnullos inter monachos indutos Domino (l) qui dant quadraginta et acci-
piunt quator : et duo quidem moriuntur et vivunt, et duo moriuntur et non
vivunt W; et vivunt enim et non moriuntur usque ad unum diem.
Si autem [eunuchus fit] W e castratione castraremur.
Igitur, beati sumus omni tempore, quia id quidem quod decretum est non retro-
convertitur et ab eo quod est non mutatur, nunc et in saecula saeculorum. Amen.
Oh ! Ita !
Cognoscemus quidem cognitorem incognitorum, et non tanquam visa et cognita
quae in visione cognitorum videbimus, et cognoscemus quidquid non videtur et no
cognoscitur.
(1 > d*co^poi. * biale, qui serait à traduire castré si le mot
(,) Le contexte semble indiquer une lacune était latin. Je crois qu'il faut lire ,
à cette place. et je traduis cette leçon restituée. Toutes les
(9} Vvj rdraa-vo» : ainsi dans le ms. La coq- formes de cette période sont nouvelles en
slruction est anormale avec cette forme adver- syriaque.
Digitized by
Goc gle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE
DE
TRAITÉS MÉDICAUX
DONT L’ORIGINAL ARABE N’A PAS ÉTÉ RETROUVÉ
ÉDITÉE PAR L’ABBÉ J.-B. CHABOT
Dans la série des écrivains arabes qui ont traité de la médecine CI figurent
aux premiers rangs, tant à cause de leur ancienneté qu’en raison de leur grande
réputation, Honein fils d'Isaac et Hobeisch le Gaucher. La carrière de ces
deux auteurs nous est sommairement connue par la notice que leur a consa¬
crée Barhébréus P); en voici la traduction :
« En ce temps-la W florissait Honein fils d’Isaac W, médecin célèbre originaire de Hira W
où son père était pharmacien. Désireux d’apprendre la médecine, il se rendit à Bagdad et
(l) Pour cette littérature voir R. Du val, La
Littérature syriaque, 3*éd., p. 269 et suiv.; —
À. Baumstark, Gesch. der Syrischen Literatur,
p. aa 8 -a 3 o, et, parmi les auteurs qu'il cite,
plus spécialement Leclerc, Hist. de la médecine
arabe (Paris, 1876); Wûstekfeld, Gesch . der
arab . Ârzte (Gôttingen, i 84 o). On trouvera de
plus amples indications bibliographiques dans
l’Introduction de E. A. VV allie Budge, à son
édition du Syriac Book of Medicina, t. I,
p. cxxx et suiv. (London, 1913).
w Chronicon Syriacum, éd. Brun, teste.
p. 170, trad., p. 173; éd. Bedjan, p. 16a.
Comparer le récit parallèle dans son Histoire
des Dynasties , éd. Pococke, p. a 35 ; éd. Salha-
ni, p. a 5 o.
Au temps des califes abbassides de Bag»
dad, Moutawakkel (861), Mountasir (86a),
Moustain (866), Moutai (869), Mouhtadi
(870).
(4) Son nom complet est Abou Zafd Honein
ibn Ishaq ibn Solaiman ibn Ayoub, al-’lbâdL
(l) Arab. syr. Ville de Méso¬
potamie près de Cou fa.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
78
J.-B. CHABOT.
se mit à l’école des Aieiandrins chez le médecin Jean bar Maswai W. Un jour qu’il rétor¬
quait une question à Jean, celui-ci irrité le chassa en lui disant : « Qu’y a-t-il entre toi et
la médecine ? A tes semblables il convient de négocier des oboles le long des rues ». Le
jeune lloncin fut attristé et sortit en pleurant. Et il s’en alla dans le pays des Romains W.
Il y demeura jusqu’à ce qu'il eut appris solidement la langue grecque et fût capable de
traduire les livres du grec en syriaque et du syriaque en arabe. Alors, vêtu à la grecque,
il revint à Bagdad et se rendit chez Gabriel Boktjésu W, chef des médecins ( dp^/orpo* ),
qui, ayant reconnu sa science, l’honora grandement et le nomma « Rabban (notre maître]
Honein »; et il dit aux assistants : « Si ce jeune homme vit, il fera disparaître le souvenir
de Sergius de Reschayna 4) . Sa réputation parvint à Jean qui l’avait chassé; il le fit venir
près de lui et lui demanda pardon. Et ainsi sa renommée grandit de jour en jour; et il
se mit à expliquer diverses sciences, jusqu’à ce qu’il mourut au mois de kanoun premier
de l'année 1188 des Grecs (décembre 876) W qui est l'année 260 des Arabes. Il laissa
deux fils : Isaac et David. Et Isaac interpréta aussi de nombreux livres. On attribue à
Honein 25 ouvrages, en dehors de ceux qu'il traduisit du grec en syriaque et en arabe.
Et il avait de sa sœur un neveu nommé Hobeisch le Gaucher, fils de Hassan, qui fut
pareillement un admirable interprète d’ouvrages médicaux. Et, pour la bonne fortune de
Honein, des hommes de faible érudition supposaient que beaucoup de livres interprétés
par Hobeisch étaient de Honein, et des scribes se $ont trompés dans l’écriture du nom;
ils ont effacé Hobeisch et ont écrit Honein ; et pour cette raison peu de livres sont demeu¬
rés sous le nom de Hobeisch et les autres, en plus grand nombre, sont inscrits au nom
de Honein.
Un essai très méritoire de répartition entre Honein et Hobeisch des
ouvrages mis sous leurs noms a été fait par J. G. WenrichW, surtout d’après
les notices sommaires des catalogues de manuscrits. Mais il est bien évident
qu’une pareille distribution ne peut être tentée avec chance de succès que par
l’examen méticuleux des textes, et ils sont en majeure partie encore inédits.
Notre présente publication fournira un des éléments de ce futur labeur, s'il se
trouve un érudit assez patient pour l’entreprendre.
Nous avons donné dans une précédente \otice^ 1] la description du manu-
W Un des plus célèbres parmi les médecins
syro-arabcs; mort en 857 -
W Dans le territoire soumis aux Grecs.
W Mort en 828; petit-fils du médecin de
même nom que le calife Al-Mansour avait ap¬
pelé à Bagdad.
<•> Célèbre médecin traducteur des œuvres
de Galien; mort à Constantinople en 536 .
Cetle date est discutable; l'opinion com¬
mune est qu'il mourut en 873.
De Auctorum Graecoram versîonibas et
commentants (Lipsiae, i84a), p. xxxi-xxxii.
.\otice sur deux manuscrits syriaques , ci-
dessus , p. 5i (tirage à part, p. q).
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 79
#
sent d’où nous avons tiré notre texte, et les motifs qui nous ont incité à le
publier. 11 n'y a pas lieu d’y revenir. Nous reproduisons fidèlement notre
oopie, et nous n’y avons apporté aucune modification, sauf quelques légers
changements dans la ponctuation qui n’était pas toujours d’accord avec elle-
même. Nous avons ajouté le pointà la suite de toutes les questions qui,
dans le manuscrit, sauf erreur de la part du copiste, sont écrites à l’encre
rouge.
Nous avons indiqué dans la Notice citée plus haut les motifs qui nous ont
porté à choisir le latin comme langue de traduction.
Digitized by
Go ogle
Original from
.UNIVERSITY OF MICHIGAN
80
J.-B. CHABOT.
I
rC Vv<v»-ùïKf rC dv. Vm
t S y ^~\A
* f. 39 v\
* f. 4 o r*.
•!• ^ A ••• ^jSV\ ••• ^
A « ft « Æ J J \ •
MÛX •JQO)
t<LA—ita-x.^ s
OT^ ••• ••• ^V\ \ ••
.î.^i\ ^
QT^ •* ^Vj^ViW
rd )s\a\x iyv.î.i^uA^^cidô
0 ) Lacune d une ligne et demie. — ,J ôpotofiépetç , assimilative partes. — {S ' Forme corrom¬
pue dérivée du grec dveépv<xp«.
Digitized by
Go i >gle
UNIVE
Original from
SITY OF MICHIGAN
81
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
JV\.=3 ,
oK^ ^jo\-ûï ^ cum . (1)
rd_u-AVv ^_*-a o_aoi :
:. r^.rv rdiVA^ , yyr^\ rdütd^joT^
• ••
^ -V .V i A<U\ ••• ••• d\AA\ ••• ( 3 ) ^»Q(7]
9 cnoùv»r^ v6^nAcm .2. ^ 7 i\cm obo .|. (*) ^Soi^m^or^ qojuqûo)^^
• •• ^ V v
W r^Soi^t\o^ ••• W qajl£ 0 ( 7 )V\^j^\ >03 ^ v*t > .:. i^X<ü\mro
Vvj^.^ » y S •• ^(tiiSa i^oAm i^A cticda
••• ^A»i^ .:. ^jki\ .;. oaxcocn^rdi^v
rd= 73 ^ 03 Lj =3 y^uw-^y^ rdjoiScv-^Q y<Ia.= 7 xAo..m> \ kAjo rCfocm oy^
’vw r^Ao kAxd r^ocTxi o^ •• (s) ^ aj^q rd
* yxt \ . v\ rCfocraa ^rb ^ravra or^ .KÜ£uml= 3 ^ r&\^rd : AvardacS _
•:. unji^ .:. oi*Sa * y<joou *
TÜJ^ .^JTXxlU ^|T\ KodVin") .<\ftIYvn^ t^OO) ^bl»\^
rd\ 7 .K^rvra .• Y^rd^cy^ara^ vryr^ : Y<fam y<jox_
VyY^ <ÔOJ ^< 7 X»\A ^73 ^WA ^=3 : 0 ]\\C 03 3 , 1 ^^ ^73 rdvjY^O .Y^nAtt
< àn,>^ rdvjY^ . kI^lAaj rc^ Vv<\rx*xoo ^
%Y^ Y^ôcn rdrrxA^i
• ••
• ••
:<73lA rdu3t\ —» orcf .:. ^x\ %r£ .:. y^VvAAvtd ••• «,
>030—A—Y^L^^OCLJtJD OY^ •' OxA Y^Â ,1 OY^ Y^^jîxJh.^
^73 ^.iOTlV 7T3 .2. ^AjY^ .;. .2. Y^^\XAsl^ Y^ûÜ\^ ^»Q<73
%*rx. iÜA.fcX ^73 ^ü< 73 (k ••• Y^üO ^!73 "VdA ^t( 7 U 73 ** ^» 01 t^\*Y^ ^WkiCk S
^73 Ciaiv.nCL^J M <73k-iÂfl-n V. OY^ Y<1 i^ 73A(U1A ^-^OxAuY<f ^^NACL^l OY<f
^ ■»O A 3 ~^ 3 • t|Sfc V tA ^T O *\~* v\a ^iJCT 3 • •• Y^fc*t/iL>^^^ jA
•• ^73 Y^iujmACL^ .2. Y^A03ul^C73AQY^ ^iA ^>03X30 . ^jCTXjVvjY^ Y^WlOSAO^ ^73
A
2 . osA ^V’' ^Âoxî^mAOY^
(l * <nrd<7ps. — (f) fwfyfi*. — a) Celle phrase paraît mutilée. — < 4) oiïérepi. —
{%) Ou bien «et in mancis».
*0T. KT KXTR. — T. 1LIII.
I 1
IHiMMtaiB KATIOtALI.
Digitized by
f. 4o r\
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
* f. 4 1 r*.
82
• ••
J.-B. CHABOT.
a k^A
MAX , 400 )
• ••
• ••
• ••
r^VvA-st. .:. rdA_x.o r^V\aiA^\VvXrr>
». ^ Vuui»^o t^WcnAS %^id^ûu ^=5o Vui<!Aa ^ :" u ^^ cn .^AxAi
*lV^jaJU-=3 ^ ^ .î. w >td^o Ki^awA :k T nrvV^ o k^l=iv=do
.-KfWv^rdzn oKf .•K^Vcuso^ra : ^oo’v kTWjo* rdomVv
.:._ r&*n\ci^\ : ^ oi^
g. » V V .r.VvAVv .:.i^iujnJAA3Q <\\n ax. ^»o<n
^ ^_ijÔî ^ktij^VjT^Q ••• ^»c 7 X-»Vl»^ r^^\^vj"\xr:
^ ^jkJOl ^jOliVvj^O % ^ )ïV»I7X» : VI3 ^iCTlVTO
^jjcj) ^*€J&XZF} •;•
*i
okT .j.^iW .:.^V\ .Uv&ovy*** rCa^uax. ^acn
^ ot^ : ^*ox*Vu^
. rdA-j^xw-iD^ ^ rk-m-^^o .
• ••
* f. dt ▼*.
kLivaK? ■;■ v ^ .v^ vy*^ .:.t£*\<üma ^^= jOAO «TWicutt*
.:. V .:.«AvijtOv^ "v-= 7 j^W AA W
*• »—*^
V/> ^VyM % kT^v*^vjAV\ ••• i^iciwt : y^\
.U
rL ^vaAdS •••
• ••
.A
• ••
*- ^
ora
(»)
r-v -n u aroA \ » W -~73Q . A
•Ajoia r^irvcA Jjl
• ••
«
orcf : rdAoAw.
-\^-n Ol^ :
aré :rd xdvaa
ai^ i^*i 3 \ ^Acn
icn^ rCfVvo^i^
ot^ : i^.S\
r^Xjjax2w rdA ^VxcuAâi^
\ Avilis ^ ^ 3 VT)
(»)
Peut-être faut-il lire y^o^*a\ «amplitude)» ?— v Sic. Lire ^rn — ^ cr^fis.
Digitized by Go
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
• ••
\-zn orsf :
VERSION SYRIAQUE DE TRAITES MEDICAUX. 83
t^TDO •••
Av_r* rdm : vyraAft^ ^v-ird-a r ^ ra ^ Wx*>\^v* * * f. 4* r\
%oA Kjoj A-^m .:. txx»** rZzna %axzrya^zn
\ \j .-73 01^ •. ^Vuv fA^ rv -73 AA^po
.:• ^6jC30x \\ j ~ 7 i oi^ •. r^X^Xüt
v^ztxx^xût^ rC^Vi-VW
01^
j» oKf T ^ r J=n . ^Xjjlx=3\it3 ûi^ .:. ^A»rcf
.:. mVoiAùxu . rd-W»-* k^o-yAy* ^=n oi^ . i<j^.S +zn .r£\=zù\
,a*\_*n^Y^Vv VljKLjAo ûAa
^ \ t\ » # ^|T\ ^ ••• w^ou^ >cna t n.nxV\
,V\-3^rcf % rCjc7X-»\^ ^rp .ï^ijaVx rCisoÂoiA Scl-ûoKAo KArC ^rA p
^rp .:. qrx.ra vi^> . 4i U 3 ^ 70^^
A^po .;. A^Vv^nû rr^Vvcrwv* ^X*Vxo y^=jy\
.;.^ Va ^ i^cn ^=p x.a^Vvo '.^ij^i .^.Au kAv^k^ ^v, S
rcfVo ^ * /v\ _xA ^jq .). ^ 1 .rdAooi^ ^ t^Vva*vȈ\*
(I) r^»n>ftvtXSL 3 ^ i<Avm^
01^ .:.VvAi\ ^ 7 ) .:.K^crviiA rcAôm KfAAA. i<l=n^
tdxjOA ;• -V^ rn Q^ A^po ot^ .:. rdjoo^ A^o
^V\<lAjjv^o • ^V •» *r -^V=o «kT . Kfôo» ^
art! -;-«^Vv /v -r> A -y» orc^ .:.^VvoA_.\jo A-\y =*> or^ * •••rd.cmT\ omn * f. 4,*\
ai^ . y^\-Cord-\ ^01^ rd_»\_a.rw . > noSv A ~x > arC? .:. x€) m * » ~v » . \\,t >
^W=fxhAjj . «li.> -w ^ AN^-tj ar£ .«Lswnn œ^rv^^co t<S K ^>m A\^~ n
V Y m ot^ îK^ôcn ^ ^ .:.idLuax v^oou too\jcu ^ . wAôm ^
.kTAvAjc ot < .r£±rdL^ ar^P) .<»ar 7 Xi^\ rdiv^rcf .i^Sctuhd oxra ^AÀi^ ^AkT
-r * iv 'v *^ j 01^=1 À s P) rdA^arr» ai^
.:. ^biA^SckDo
•{•AA. v "i n^ ^j 73 .:.^So'V-mv i^^a-xk^oS rd-BQm rcTVwAA^- kIioa
AA^JO 01 ^ .:. rdiCLu^s rAïuU^ r^V\\jâX ^^\cüaj\^Xdi A^q ot^ .t. ^A»t^
ût^ .:• r^i\CL^jL^So i^Vvcl-=txjl^txa* AA^o oi<f . ^V uvAt o
‘»« W^V\AVfcVtf. T^1 jQ<73 V^XAA^L K L j 1 ! A ^. . *3 0 »|« V . u X ^r /i ^A 1/1I 7\ DO A^^
79^71 ^-30 ûi^ s cv-\A 70V30 ^_rp 01^ .:. ^A-*^ ••• ^zn
{i) ÇOtcnxôi. — (,) xvfifc. — (V f/Lov^Xi.
1 V •
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
84
J.-B. CHABOT.
• f
f. 43 V.
f*
:
• ••
t
P* ^
f. 43 r\ .:.
• •• Tw
^so^\ rC ivnrc^ -^o^jso ^so .S
. (1) >^a\xX 3 •• S
... rC V(X-coo-vu ^»ô(n i^XWi-
^ 7 D^\ -JPV 7 D QTCf :CL^ ^ 30 ^\ ^30
^rn .:. r^Vv^Âw K^VicruVu ^rpA
»i.^W kAjVv
rcioïro^ i^incruVu r^»ôcn «^73^ ^rp
:*cp onui^ .:.
ût^ r
rsiso^m^ I^^NO'X fcfiftU T^iÔ(D ^AVîfc,
^ip^X Kf^v\> 3 w ^73 01^ . ^ 373 ** ^ 3 p Ol^ .!.
k ^3i\ •• rd\oo)A r^ixoixûttu
or^ •• ^Wilùlto •• t^jcSod or^ .• rd»\n»
.s. ^xxcA kLA or^ \ i^ikcnco Kicrscoû» : r^»ocn ^
or^ .:.^Aj^ .:.VvAV\ ^- 3 p .:. 1^73'^ov* ^^NCi-raS rd^ocn yC?A\ A\ - ^ l-
.:. ^ox*Av\A\ ^=p ot^ ^xo^. or^ % rdAciay* ^A\cir£*\x*>
.:. V ^ .:. VvAAx ^rp .;• y^jsn&m*
\i^AvjuHjc-u r^Aacn-* t^Axcrx-»
or^ •• rdnjxj ,- 3 n ot^ •
•* ^ ^ ^.V\T\ ^ ^TVCvViüITD ^--O
Ol^
• ••
••• ^ 73 ••
\ -y » or^ .• r£ Vv_*x_x-^rx.
P)[x<Av
UJL
oKf .*
>*X4pe. rC^ôcrj r^ViWfc-
r^Vv<X-l-V. >\Vkj 73 Awî ^-173 01^ .:.
okT]
• ••
rdjcÀaA . ~y> q«^ : t^-xSft^ .\.-73^V3cr73 rc^A^\ Kofjcvn ^no ar^ .:. ^Ajt^ .:.
• ••
Q^ : ^XiCLû^N ^30 ocn .:• ^jAoo ^373 \vx\3 y^âm t^VAA^L.
^rp ay£ % rdjeAo^ra^ o<n •• rdwûx ^rp oKf .
*)• r^WxnAn ^p or<! % r^Avroaje.
A Vsî- ^jAx^Ax ^-3Q .:. x^A\cua*v* r^i\x t^acn ^\sl
^rpA ^73 *Jp\30 ^po Cl\A ^p^\ •JP : V3D ^3p % " ,
• ••
(•>
xtjpvrjf. — t ' ) Répétition fautive. — (,) Litter. • mutatio position» ».
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
f
• ••
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MEDICAUX. 85
•• \ t<jv^rcf vxA'Vva ot^ \ vdA
.• •• rd \r>vn •• vxirvro*^ 01 ^ .• \xdo‘\
_ .<.
•• u.ftL^ wcv^oa^ 01^ : -^o^m
.:. uAVv^n ttooi ^75 orCf •• v&ùxm-*
QC 7 XJL-Z 73 .:. ^A*r^ .:.Vv\V .:. rA.^ococ.A KuMiX^^ooaAvjKf
^ ^001130 \ ^001130 *. ^ 3 ÎAwt\ ^OCTlAvi^
•j» f^Ao ^i > !* 7 X*\ l \
'. rC^AvAVv ^\(7) ^33 A'^ÛftXA l^ûÜ^^JKnjiuT^ ^33^
:• .m ^ûScn^CTJ'XûKfxû ^OIiAA^O rù\33^
A . CK7X-V-33 : -ilXT\CLJL 33 # ^V\CU-33 >133^ rdsO^O) A>X * f. 44 r\
• ••
.M orcf ( ^Xil 33 JL 33 ^Wi\m 330
CUC73
\(i)\rxw*
^qX]L 33 AAirv* ^\\^A
i*\o
JCJkrd 1^UU^\ t ^33
^ircf ajn^^x
OC71V33 .:.VvO<73
>*T*
>i^=\ * f. 44 V*.
(l) Sic ma. pour t\rvw..
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
86
J.-B. CHABOT.
* f. $5 r°.
♦ f. 45 v*.
ajcn
• ••
ciàcn"\ •• yx* nv\
» C^fta ^À :. QOX»XjT^
^Vx\
• ••
•••
••
en
"•> t _>tv w ooxv ••• I^XDVi^
A
.:. r^V_xJ 3 k Vva\_ua.x^oa •. rd»v-u V^evA^
.:. rCfVvcuArA ai^ y^^^e^znx^i •. ^en^
rdivDOL^ai^ y^Vv\cuc2lVv* rAv^r^
i\ rd^Auevje. k _acnArui^ r^ 73 â
• •• ^jAjX^ • ••
lAtvm x^i\cü , vmro^
rdiu^x^ : cnWvi^ûavJD
jàîVaVx^pJD ^5\ kJMTMÛQ
t^VAür^Do >cn ay^
rd^AüûJL ^»o<n
QOluiXjT^ S
.;• ^Aen
■V^v.
2 ^lX<\Aoo
►A
A
QC7UJ75 •••
VxcbSi^^ 2 rAnxûî^ivrn
.:. r^^cuLx^s or^ •,^ : vuu^ t^VvûjÎxo
• ••
o en
: ^ V V m^Vtf_*T> . ÛC 71 »^\iT^ ^
• ••
: rd Ar> .:. (*) r^rwA^SoA^o . (*)
^5o ^ivnWsn .:.iuTd^jjc 3
■ •(1)
wyii^x ••• ^^vjc\iA ^xiej
acnArui^ VvcvjS
k!»û\j AiÀcm.
oenarCf .|.<jj 1^5 ^oo
(*) En marge : i^<x=no* rdooo^ . — ( *) En marge : ^ co ‘' A ' ^-vnncuo. — (,J En marge :
^irkS.zn ^_rrj ^J33 j^ r C v rv ^ .
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
87
• ••
ooaA ^iûUQ
Wâ **
«003 «•
• ••
• ••
Sx .Koi\Soi^ rdioaSûA ^rn ot^ (
.:. r^VovL^i» rd\-V ^X,rn 7^irtcu_m t<lrrx^\
^Wi^WnAû : rC^ôœ ^cô^tn AjC^\ .*i^nAu^\ ^\^cuA
.;. t^ioôî ^.V^cuxAn^
.:. *^oim VA VA »:« ^7\A^ t^Vvno^j T^VvoIm
r\ r£A*=v* ^ûjn5^\ t^S^cuA
>033 ^73 ^Û^JÛOI Cb\x^N ^JÜOJ^
eu €737% T^S^ÛJ T^O€73 ^A»Kr
. ^A s
i\d\dun .rdiA^o ^îiai .^«ui-viûh.o iu^u. ( ^d\4vx.730 t%
V
ry\.i
( 1 )
»•• • •• *yD\30 ^»i)sA 7
■A-U X-U
Jjjûû
1 ^\l 30 ^ Ax^\ rd VkXX^T) .^ 037 ^ ^AjT^
• ••
CU €730 :
eu €730
CL»< 7 X\j^N ^-»t\ 7 ^\\A •* w O€ 73 ^\o\-*C 73 \ A^ 73 Q
.:• üxooVvVut\ ^xxvxino rcisoA ,_om—«
j» *|« ^jSV\ .:. r^Vvoj^nAxxrJO^ t^aVüojc.
^xMn^V AkT) r^jÔ€ 737 \ ^\03 ÔI»^Va 1 ^ ••
M.^XlA»^ C 7
;. .;. .;. t^XiAiiv ^AWx
ot^ t^kuHcuA ot^ :rd»Ô€73 (*)7^ii\ojcn
0 € 73 ^\o\ArU
• •
• ••
• ••
i ^nor^'inzn * ^A^rCf
(>)
_ (»>
bfioioftépjft (B. A.). — (,) (Txvps.
Digitized by
Go ogle
f. 46 r\
f. 46 »*.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
• •
88
J.-B. CHABOT.
* f. 1 7 r*
\A oourf «^VwvA» —> : rcf )n rA An
• ••
• ••
^ ’VOÛ yn r^Xco\i3T\ r£im\cL2L
.:• oàAA
30 OfTXJ^ ••• ïAûÛ^^Ol t it.—
r£\xu
v^voHavsv rC^a^Ai^a-sv t^icnSo^
C7)<
acn** i^^\oA*u:
•• KLiOÔ) ^Vnû'V
rio • •• I^VvCLA.*.
■^Ar
rP V
n r^irvcviSi-q
A\^"7 3 ^J^itt .;. MT^N t^Soivra % ^3OilX£0T^\ tAj^J -V\^ t >
^ ojIiA ,<n Vvocn
\ ,\j *3 0 o^o .:. •• ^V\(ll^3uLmjo A^3o
• ••
• ••
• •• ^^xomsc
• ••
• ••
or^ .s. kAxû^Voo
.;. '«r^üûxs oi^ .
• ••
.•^VIT^ •••
• ••
Tvkrncvn ^j(tAa3 :^»ûoï om Kad
a ^vqy n o AcvixVra r^Xûooara sr^-w
rw ^rv<V-K- V y.a ••• i^jk-i»i^Vv-ao ^_AA»rC?
*•• V^^i fl JLQ ^NftW >\^\^V^3ÛA ••• KüUÛDT^^VSO > w^
• #•
•••
•••
^53 O(TJJT^ • •• ^Ail^
: ^om «Ixio-SLa^ omj^
^Sv\n j^ooj ^Xj 7 )cut. A \^
: r^cicn
• ••
• ••
.:.
•I* oi^Ojuû)^ VvcvA
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 8»
A -v . KjtjûAA «n.Y»'* r&Li a a . .:. ^A.t^
eue :
• ••
• ••
•••
•••
ay<
• a
or^ •• ^ Acnr^x ^Wnur^ yjen MT^Acioi Vue.
.:• (1) • en • AxT 3 OKf
•\Vv .:. r^WxM^\ r^ju\ ._oouVur^ r£=ry^
• \
a \ \ .:. \=dA ^rn ci<? j^oena ^uuàv^) c^A ^do
: rcliW ao oi^ • ao : ^At^. r^nc&
tefV^ift rdücucA
■a
rd a .:. ^ A.»t^
: rd.
.:. .;• cO^A ^n
V *y oi^ . ( 2 I —oci.
iv-ma
sàJWxu xis^»Kf oy<l . (*)
• ••
• ••
o^ .^33^ r£ \S
"V
Kf oref . r£?
• ••
N* 1 '
jyaJA VN^T^
or£ . rÇ^\£WP K^rb rCorxxjo*A
xr^»’
••• ••• (*)
K?\-ÛC
Vy^A
\ ^»ccn
Aroo ^
% v6rvmV"3 or^ * \ r£*\
.:. i^vzdVya oi^ \r £\ J \ < \ ’* ^-aoAvtd
O s W OOJOAODA
• wii*>AC^.A *o en Vvcuu
.s. _ qoAja ^VxâVuto
• ••
. ^ jJCL U
«•» En marge : ,XJI [= Z fipovpyn]. — m <r*i(wml*. — ( *' i<m*p*yXh. — “ xttpoupyi*
SOT. ET *IT». — T. IUD.
Iirtliuu IITMIiM.
f. à^ v*.
f. 48 r*.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
90
J.-B. CHABOT.
* f. 48 »*.
II
‘ X>T3CV>i ^\A_CûoV\
^jctjSoa ,o ocVvj^
1 <fi\COD\I 3 C 7 XTDO «^ 0003 ^ p^\
rdiinxxA)^ ^^\culL»^ . ^>u=^S^n« kT^S^Wa
pV\
r^\oi À mck .
.:. ^oo\d ouj^
^TO PuU'AI^ y^tt)
•lA
•* .T 3 "\JOJ* 5 \ p^\ ^»'
P) r^raikcv^ r^rC? Vvlra
i^xVvKf •. w ^-sor^ X-ro
m SSûjoji\ pV\ v^fio^v
0 ( 7 X 3 ^ (») rdûûAO^O
•. )( 7 }O^J^ r^ 73 jC 7 XM rdlOVXOik
pV\ ^q.u no
03lL=3\
^73 .:. rdùxücL^ifi^ ^\x ^no •. oiixu
9 (7)qXj^ (m^cütJD^ ûour^x : uy^\ TîicnSa^^
W Dans la mar^e le sujet est indiqué ainsi :
.j. ^au ^Amn Kfnmn
_ <«)
OTOt^ttOV. - (3) Tl£/< 7 .
Digitized by Goo
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
91
pV\ ev^n \ *\ -V *v ^ *T > V *■ «• n • jf7JO^V_j^ <~Q\C Y "D'A
»t\ m \ m. v\ ^ a oocv ûv3Q . ,cnQVxjr^ * ^V\Wn3
r=?* ’Ar
1 D
rdA^x ojA
i<LArC^ : JjJQÀaiûo
• •• a 111 \ fW .
• V
(A .^ikJuûûSV ^VjlTîSjO^ ^ - \j
• ••
»rc?
• •
• ••
A-Jl.
.:. kTSA,
^73 .;. Wk 3 ^\ t^l\ iAÛÛJ^V
rdkV*^ KlmJia -V^ rP° • ’ < -* JJt - UT '
av.ûqq *. rdA »> v\ JOi'A ^30 û(7XlK^\ ••• *•
rCfWrax rouira cnA %\xxzn or^ r^V\®
^»*ï\ irvAQ^ .:. VAtvn •• Aauso
.cbaV*^ tdxASn= 3 ^ ^73 OOU^ • •• fc
•* TdjïnCLk.
VûLr}
'. QC73 *
rÉ'cAv-co : r^àvj=k-»îs\ ’
jJQÀi^ÛO Ak\
\ 003
• ••
• ••
*• ^ - » "A
^VxXDxûO *• )i\XJ 3
•:. ^jaSjocb osA ArscuoA^
•:.X*^A«a KfVvoxmAxkiTD rcAA^oà\jt-3o rdioAJo rd:
T^73^C7)^\ Ol\\CC73 ^73 rXftuXj3^V 003
oôi i^uA^no •• Q 3 ^vVfcn.V ►m rvftvi^vjon 003
13 .
f. 69 r*.
f. 4 g v*.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
92
♦ f. 5o Y*.
J.-B. CHABOT.
oxAxu
ccn •.
îdVv T^^CLxÛ) 1 ^ •••
TOCUüAj kIiJjuX <7X\\OJ7lA^ <7X\UCO 1*^173 ^OOUSQ 7UV ^
k WSk^A 13A\ K^AO» . \\jT Kt
,CT»
VmA
r^»i^ ^bo^oi^N ^«*!\ .î.rdYDcuA^
.:. «J\ \ V A oi^ <nA ^ Vv oAA vx.
«_OJCTJ
v£ :ox-A XjA or£ Kir*r\œA
aiA»i rL^\ ^75 Ot^ % ^vn T^YvûAaAvS
; Aft-u^n -vr^-A ^=p an» .r^A^j
^rn or^ • (t) _
^73 ;
* •
-\\
Vvo\AvA
cur^
oc7)^o\jk-j cnYvcA** •. rCfV uAtAu ^octjA Vur^ a^\ ^=*>
cktxâVv ^ ^^<71 ••• ^nü oo ^ v> * ^ ■ n \ : ' T^ vmrFiû)
^ftA« v\ "i - A* v\-* ji ocnar^ :i<^VvcAjAja ^ octîA
OCTjA ^"l\pW73t\
jlxX
ÛAC 7 Î
ftft ^ V iv\Zn
*VAaAA
• •• YvC\-A — k . Y _V 4
(»)
veptrùvïiov. — (,) Ms. rdrvA La correction esl suggérée par le conteste.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
93
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
*•« v-k.» usrdm^or* ♦ f. 5 ,
o-*
^clA ^-X-d^\ ^^cl^Vcul ^-»t\ ,o?oAv_jr^ à
• y<^r \ m lAvro ^^\cüjCU 03 %^aAam ^jctudo A% ^jo .kSî^oï
^-p K?=ua A^k ^rn-A t^Vvoijcuxm tcAxjoa rCADo ^•gojVvHVv ^roo
>cn .i^\\aro XcüLca^ ^o\ t^xx^ ,cn .:.^*Ao)
V^aA : ^jOXjVvSVv ^ 3 p^\ ^»* 5 \ >C 7 ) . 1 ^Aû< 7 )T\ I^DÀCUtt W\ ^VoàV\CÜC
VvcvA ^rn ••• t^jvcO^VvûAo % i^VvciA.Ava VvcAq : A\j^ k^joAcucm
à^N rdi*u r^TTxrû % mA*u
wAjaj Sivaj rdA^ \ TxmS-* oou^ ••
a
•5. ^ O
p^\\ cv- Vtra xrnA .y^^nùni cn^xcA'*
un^_»y^\ rduiûtdrj v.nk '
t^JcuA cvj^ûordzTaA pAxb^ r£\*vi r^j\aAo /^yA ^\
ciai^ : Ua v.'t iA pV\ i^a5oA_jaa ’vAu ^ Vvr^xA^x
oo 3 urDT\ * ^\jv> VvaSA * f- 5 t
^\*U 3 J 3 CklI 3 ••• 3 \Jai \73 r rv\ «. vy " v^v ^3o^qj t ^~> A
A vkno . rd^A^v ^Doi^po ; cjiAjlU \r
^ QX\ l ^iliOJQ .V^Vxi^V* chAj-si
. rdxxruaAa % kÜ^jcjAo : Kli=rk=7xc» «^oÂ-rxxa^ r£jAr^ k^ocAA ciS*A ^rn
k^J^Aû '. P) s^o^cnS^ûoojûar)^ ^ y en K^Hj^ncAq *, ^iti^Aq «. fi) ^\. -\\v\ft
• ^LiScvAo •• cnVv»Qoc\ \. n ,_Q-im \<> », k?z i % t\ cni\cüiA5^j
_ ^ •• ^xTDSjoir
t^Ax a . v \ \ u î tx. x.'T ^ ra — ( V - A.w t Avj^ % (Oy\ ^30^ ^cucnA •• o*CTT^i\^\
A
^jA^.\cuo ^ooîWj^o . i^Do^tn
t^Aooi'sx r^ - rv ^<\ nr> ViclA^x t^^cv^Xcüc ^20 .|. r^iui-vw^ M.’dAom
^ ^ o<mr^ \ i^\ 3 ûcd^\ r^AaenA** ^ t^3o^ .:.
a ocnji^ ••
VxclA : t^irvcvSVvcvx.Q .ja
■=\ cwXftuA^ r^irveoerTj . ^v»v^\Av»
* r^Wxax^Vx ^a=d : ôx.irutC ♦ 5 f r \
• •• T^VÜDA "A
[,) Litter • ostiaria » ; gai!. : veine-porte. — (,) fieaipnoi'.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
94
J.-B. CHABOT.
* 5s v*.
♦ 53 r*.
ru r£ijy* .^ivo^û irvcv^Vuo t^x5aù)
^ ^75 pV\ 9 o»cu 5 ^u^ . kJv\ oou^ . yp'\m
T^-ox^Vxr^ ûia ^=p •• r^rxiLûû i^V\o^âVv=do rd-^Vx<\x_3oo . ^A^aonA^o
u-V* ^ 30 -* ^75 i^-^Vu .:. t^»\o\^j ctjA \rxu r^W^Avi \ cmVx
^rp % ^ 30 ^\C 73 ,<noi\»rf A\.\^ ^ 7 D OOU^N •;• Vyr6\
»«» A.v \ ^_ttd : r^kn4a^
V
^ •. x^VcuLm^
- •
•• ôiA ^XjÀ^u ^\oA
VujX\ix i^soAcn Aura
. KliaX^^So
^73 ^'ÎX : ^Lil^ WN.»t^X . «
zn •• ^xry^fyy -73 rdvj^iTX»^ i^A\S
»XO\J ^|TX M.xdL^lAÛ^X x ^\\ ^ ^73
i^zjooS** ocn^^\ • • • «Y
rdA ,^ 7 jTXcnA oi\
• •
: rdso^oxA (dA rd^Vxcv3f_rr>o ^txj\d^
i\ *• t^Vi^ÿx^, v.o rd^Soj3 x zx> : t^TD\i73L=i^ rdAcxmA^
: Kjiiâo ^ixc^ojA ^iixynv. . fuoiA Klm^cn** auso : y
••• ^ 73 ^XC 7 ) 3 X ^»x\ CTxAaH ^30 ‘
M.^AiT^ •]• ^kl\ X^^xAX^ .:. C7}Wk£0^ VvûA X^V\CÜjCU 03 ^ï\
^Auaix ^WjcSxx ,cn ^p *.^n
a *ro ^3 •• ^ Klii-\V\ .:. i^\idao rc^nAo
^v«J 3 sxâA rcAxA
- '• ^XJQ X^AuWx X^A\^i\Xï) ^73 ÿC 73
Ol^ ^ 73 ^C 7 ) 3 X >( 7 )oAv»^ T<LAjX*^ T^AuxS^
^AaWA *(7)qAviX^ I^Ausé.^ ^ *73 OOUT^TX •*• , *v VyT^
^=po : xiwcn^x <nA*uA * iomuSxi Aa ^pxx Xia ,cn ^po
,mO<5V_>^ ^-^XrC. .-C73 lA J=3*VJ3wl Y^i\JkJ<7X2w t^A K^Vfta t ^ ,cn ^rpo . ,ctjcuSjcu
X^Axo\j< 7 )\ .S.
7)^30 XfyX^ :oA
(»)
jfetipa. — w hiiÇp*yfià.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
Digitized by Go
<%y^ K^v.
VERSION SYRIAQUE DE TRAITES MEDICAUX. 95
Aa . r^Lzn-\crr\ ctxAau rç^vàftjc-i »\jc ^rn** >cn
\ ^ : r^vxjLC^\m rdrp^» ijinn ^vjjojV^x*x 3 o
Vv<\A* i^\too . r^jivmo^cno ndiAH
. rdjLxjco^o
,cn i^i\û ; \j<n\ .;. rd3o^cn^ ^jaoAüi^x
rdAj^m rdaoiVv ^vtxa OK? i^rr>A y^>^\
^oici.k Dk <j ^-»*V-*" V.n JD—jen
^Vv-xdoilJ^. t^A ^V\ojlXj^\ rdra-KeuD ^rn** i^Vcrv»<m •••>cn i^Xxi^rxoo
uA-^Xjo : kT-S^v^A ^uxmV v^xmA ws^K^
•jp\m ûi^ :q>\.rv.A
rdA** ^ v ^ ^ v*y> rtLzrk.cn "7^- ^vy^Avi rdirxco-^ oiAvcv*v*y^A
# r<Lzr*'\<n'* o)Ax\S AvoVuAu* •$• rdxioSAA mAu rdS^vxD
*:. vyi^\ * 53
oenA
; r*^'
i ^jtv rCLm^cn .:. rdv-rrx^Tx^o^ ^.v.y.cvxo
% ^j\vAAj 73 TdiAA-Lrw rdjJLx.^
Z3\-rxjT\ pV\ >-\ O.
>\t\ ^ V /v v rL \ rd : y."73
^vuA^^ rCTVvcv^rrxAyym V\<\A* kAcujo rL\.-^\y^
ï\*r£xix£x& .i.^xird ^-A^rdo rdirvryo** ^rn ^
rx-ûxiAvro Vv*rcAA»^\
yLa\ VvclA % rd^o^cn^N
V\CLa Vy_A_x_yi
,cn ^-Tp
n >cn : rd ^yA\jA Av
oen^ * 54
a rdAvcv_^Avcuc
"’ itàppajfià.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
90
J.-B. CHABOT.
I. 5t »*
f. 55 r*.
j> V,ii< .
QOÎO
(l) orno
mim
ocno • rdj^
• ••
qy£ vni^k! 3 o r^^\cü^ni
tdiiio .î.Sûo^ivso ,
*7 3 . ■y 50 < iU 73 ^\ >(7)oW\ J ^73
: r^V(ü\rai^ 3 A pAj . r&cn ,fnokjrcf
jTOok»^ ^73 niV^"3^ rdlUkl^ : AVuXaLSO •.
.:. t^ 7V k v\ SVia^so rd\o % oucW A\mXxj3 . ^»a
•:• ^^=3 .:. ^ *7^03^ r6o ocn vni^ico idü\ r£
^ cky^ : -730x20 ^rr \23 ^ksooxu
7^30 ^3^03 ^io3jC73Ji ^^CUUt^A ^73 1^73 0(7*0 ••
,<noiu^ ^Xoj^V.n \ *730 û^ .^J<7) O(73O . ^\X3^\23 ^j 2*U23 ^7Xtt %
y£ \ fc . ^o .^cu^ Ki\o^ : x rn K^WArxi^ncD •• r^\jox=a or
o^ *• rv . » \jo 01 ^ •- -jt\ . rdx.W vyi^ ^A(
’i* ^3x»*vn Xj^\ijr3 \*Vv*^ or^ \ -rAn
^OOXiSVnû .:• I^XiO^ : Ü*\D . (1) ^<n\^
• •• rvv A V ^»“N^ ^jA(71 v Q(73l*^\j^ ^» , * v\^ A. ^ , A
f
y
»* ocn ••• M « _
soVi
7 ^V\S
07 ^ %
■î\
idima
•:• rcfiruxioSVv^ : ^»-s\ ^Aoo ••
(,) âpa^sTOü*. — < f) lx^*- — (,) — < 4 > cv^p€iw. — <*> Sic ms.; lire au
singulier ?
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
j ^cü( 7 )o •••
97
i£û ••
^A’vvro
W ••• P)
\
kcno . ^A ^..k giA
OK^
JL\.uXjC =3 ^
* f.
Ckf£ ••Vv*r^ 7 j jA
om r£A*^ •• ycndLx UJUO
VAiiU ••• ^CTïcàvi^ ^A<v\^n o
rd^_tt>OT<l=3 cnA
V^\-T 3 uX. QOû\
^A\_ *^A ot^
n ,ctj
. tnA a\mk.too
Kot\ojL >cn
}( 7 )oVv>Kf •
*f.
(lî jévoç. — (,) Ômov .
HOT. IT K\TR. - T. XIRI.
lirmitlll I4TIOIALI.
Digitized by
55»*.
56 r*.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
98
J.-B. CHABOT.
* f. 56 y*.
♦ f. 67 r\
jJV.nPY^x r 6 v^^ .
A T 3 . ^^\ftV 73 oi^ ^jkicrxm
•. ^jAoj ^A.rcfo ». r^noVo
kIuicül t Anv. r^A ••
Atvnao rd^\u(üc.^ A^n % r^vu . -Ws^ 3\x. A^rr» r^vow
a (i)
• •
**^n ra iAvrr3
ixXx^xma
• •
-V\^ m \y^A\\uy^
À\^r73 •. y^AvAyjAAvo •• ^om^o^iAu
ocn •. ^ot-v^àvm W^zn \ t^Vvj
rd_vi^Vv_r73 ivx-n rdA*s\ rdm ocn . y^\\5vA ^ôœ y^VupdSAn
.iuo^\ ^irav 30 % ^àMlkfli y^AvxkMMM A^n % i^iuiuW
• r^vrrxrn^cûo .:. •. ^orv^Xi T<i^mcv\
ûx.m r^A \.r>.\ . ^jlA\-ûx^o ^a.n rw.iVu ^73
A\jr^_KV 3 ^àU^PT\ ^do w <u<n ••
^J 7 DT\ ^ ^CLim , 1 ^Ju 3 n ^\\CU 3 ^C 3 X 1 ^ûi< 7 ) ^
r^_iv-^rC^ : ^ocnVxcLv-rrx-ZD •. ^A\msn oy^ ^xioaoo ci^A ^no S
7D ^VnXacü ^ni\ ^Sjîo .^iaa^=\ ^Scn\^v
^v\rxae.o (*)rd*^o •• r^fixî^^ocTXâSVx
^73 ^73 ^\30U ^73
\\^zn . i^vrrxx* 7x303 ^rn cv^A ^rn .:. -^cxxxm
rdA^V AJ^J73 . TOl vx *73 ^-»*=\ XTxA ^73 : <nA I^ÛO^ios •. OxA Kir3T\Vo30
• ••
.:. ^.k A
^rxùxiVos tCiAa \^ja
r^Ao rd^cn ^«txjOsVvo
ocnVvcL-ion^^ r^Vvo\^^_rp A^ro^
(i)
X VfiO/.
_ (*)
X ia.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MEDICAUX.
Aû-U. A_=> clA
y«
\i3cao A A*cua \zjot£s?k yy^\ Aven \\jZn Ao .
T 3 *!\\ rcArCf . ^ H_jocv-T 73 oA cA\ cL*2zrv A
^rn AW % ,^aenVvnj20i^ ^rn A : AA A^J3
>a : ^*j2no*ro (i)^j\j&oAA
ai^ Azou^nov* A^m .:.(*)
>■* _ octA
0 ( 7 )Û •
•• crx_A\jrw
•*
r^ocTU
oA
oen xAAs-* Vx*A Aven ^no . .AAvx^n
f
• ••
o en
^ro \Ai .:. rcA^ücü i^ÏTacano^ * Aovaro-* (») Aevua .^cu A
f. 67
a Ai\. ium \vT> A^ ^73 K^txûo oen vA^^oenn
Ao enAjjA ^cncuod”** tdïOOA % ^»-*
,ji\ -t a .:. ^d\xAvj AAjzsojdocû Aie A a \ «j^\ AAAVv
cacni^sQ o<m^\ *.Saui^ pV\^ ^\ .;ô
A ~_***_i A . • * v ™ Ajazï •. enAru A t6\oi . ^xwoo 01^
arCf Asamp ^7i£o ,cn<A\jA enVv A** oeno^ pV\n % kAj^djc
,enAv*A* ^Vj\=oA Aci\= 3 VvA** aenaAa . Ai\xvA: 2 Aa .•
,ena-»-X2nAo-* p^\ rdod^ -700*20-* ,en ^20 .K
\.x\ s aA . Aa-SoiA Amoccv^^oA •• AVvSjaA AVvojov* *en ^ro Aa
A A •• Acrvcn^ ,cnaVv-»A * >\jo* * AA^-20 * f. 58
% »a Ven \ >enai\jA AW\2 Dl*x*> AkOtroSau'* A^2o AAaA .A\xxm ,enairv*A
AVvv r*,*. fA \ *ÂA itv p*\* », AlUCo^n ••• rd*en »enaVu A Axa\rA
;i^Xajua)^J 3 \-rv- 3 o aA •7x0x20 ^21 Aqlüo* ** .
.:. ^Aj* (*) A*x*>a A* A^yj 22 Avro te awiAtv)
Ajcûja *0* Aven 2n SA) •71*23 AnSaA a en >a P)A\A
(1) é»io*. — (,) Phrase mutilée ou altérée. — (,) xivwv. — {é) owria. — (l) &pz.
i3.
Digitized by
Go ogle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
J.-B. CHABOT.
f. 58 »\
f. 69 r*.
100
. y A Y .vAx-xm Wm » ^
V\cv rv.fA-v.o .* r^\ n AiaAjA**
^ aA . cnA )<no^Vi^
oen Aaudoo \
•. i^ScuA aAxi^yx-to Vut^AjA-v*
t^VvcujsnLra rdr^k. ^otm \j\j^
•ÿpva ^_»’î\ &A .âIuVvju ^Scu
•. Klim ^73o .:. ^rxm fd\ A^ ^Nen A^pio
: Axa )(tj : i^Xotxoiu ^rn &iî^m cucucra % Ax^So
orh .:. rùuira^ *mo
r Z n xJz n ^=n .^rclAxA* aA r^\\Ara^ ^ ,cn ^73 .K^vsivitd VurdAjA^ tâtant
kj^AxAja ft \ % rvn \^ V7 -n AjT^AjA^
>A.V.\^ •.
^ •
^73 . 0<7I»i\*^
AjI^AiA^ ri (
^ v. ^QQJto . À n >Aj i^SJ^A ci \\t\ rdV^i^ . rdjbo xxcAVuo ^A^nAu
><73 ^J73 rvrs^A 2lu£tt 7^\OI Ax^
-• ^cut^ Ax.nVo :r 6 jxroo
• ••
73 r^J^XXi VtCtAjA^ 1^\3 l^Q
^=v_w-si . ^xViSAx VvAA^o ••
<T~
r^i^n>"73o rd^A^DOû .Ajt^AjA^ r^vxxoo ^ooiAa
(!| 01*712.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY 0F MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 101
A .S. (TU fc%\ K!A\mjL30Q
r£\ Kti-x* :^iuj\cnAQ ôx»^vit^
T* 1 "
3 CTlAA t^Z73 OCTlX A\h. X.Vv
.AauVuo
• ••
• ••
CLD^UUâ ^jlA(73 «_CV^.X
^jcuj X»k1AjA^ ^a^.\
Kicn .V^nriA .:.
_VvaX*=\ rcAun r^icn \'V\»
i^WiVV n^V-g-373 Vxo.rv mv.o Vvoj^Xu Vvscro * Vvcvj3ax_^ ^rn rdkxAcvü ♦ f. 59 V*.
Ocjj P^\ ^»»^\ -X ^ ... y- X fH V ^ v \ t\
l rv-m vo rd\ ^ n ^clduuc^
^-xAcn ^utSc^ ^30 ^qoxâVn
aJO’Ud XT^° oc ** • ^ jaî
•^»\»Sj 3^ ^x \ »r<lr3 t^uSV r^\cn .^jxklûo ,mcA^.
ocn #k13o.<cü 3^ r^Vcurwo i^^au^nrD s _oox>X>^ K^Vxcoj^vra chcs^N
^ ••• 0]l\\C03l3 \i\d \Av» *. Vûii’US ^30 \^JO \»k»^
in ûou^ :t^^\euL3uXQ ^oox.»X»^ ^^(oo\d cfxtd ûAa
*SVv ^i ; uj^ o<n Vice* en vs^»^\ •• \i\n ^ooudî ^so^tv
- X ~7 3 \ >\^ m XrakjMoo n ^73
VJ3 r^oou \>X» ••• *\»iv*^ ocn •• oonas^v
r£»+m . rdûx i<iù30 oA ,^\nan\^ ,cn 01 ^ \ ( 1 ) i^rvxmf ocn
XAu 01 ^ \iî
l^^orD-K^ * f. 60 r*.
.»-!\ ^30 ocn turc . ^ov^nj^
ot^ \j\j 3 \»^3^ ocn :\i^a
VvoüX .• ^cjxoj A3A r^fjo t^ooii orC? ,cno \
73 i^Auvxor^ ^Di * ^-»03 u»Vv\A\A .:. au
^AnAw. ^ 20 ^ vs^^x ^uo)
.:. rcfirvA^o Vvxux ^ irur^X*oxx ^ \^ï * <x
ousqluÎ^ ^30^v t^kAuA^ t^iSot^o % PütAVv^ p^\ Aiom
P) ^ -ftv-x C L^. on r^ t^.x^30^ A.^.33 ••• ctAiji^ rcfku\* VvoX r^^oxm
oasua
^ cv
30
(»)
D après le contexte on doit supposer ici l'omission d'une phrase. —
(*)
<rvov£tiov.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
* f. ÔO V*.
102 J.-B. CHABOT.
._on n V v \<v v\ -=v t^Avcljcoc r^A : r£^xyx.cà^ ,S<n
r^A cÿu-ro . v i^^xcvjA^n »♦■ r£
(i) ^ v A ^ r^fna v..^ v^cv>^ AA ^-zna .^\^7 Xk joV\i^ kTVcuûjc.
^vnm m t^oœ :r^*S^^A «j^^vxtd^
a . kAjA >ct)oVj^ i^i<n
rc^r^jJ^Sc* i^uâjoo rd^rx»rrxviA ^cuiAra oA :cnXxJ^S Vyo\»Vy* A^tjttx ^v^i irw
\ Y ^ .:.,XjuTd r^A 01 ^ >V\jC3A r£=n cichAa r^Ar^ : ^^cOjysc-i Kjlojq
ai^ rdlvx^A ^>A\jC 3 ^A»r^ itv*r^\
octiA»a r^Vva»Aji<f >cicp
.:. ^jAoo r^Viaia.r^ : ^»oruiv»r^
>axA ;i^i Y vv:v o^j^no * i^^a*\_AvjCDn AA^^o
. r^Vva <V »\.n . i^Vwx-A-zn . i^V\ajacr\_vi
.:. K^VvcvjAai . i^V\cvx*ar* . i^VvcuajAdo .r^VxaS»^ . T^ixojCkryjLH
y ^ -r \ , <v jo , <y V yirv v, ^rp .:. rdi-mVv ^ * \<n rcTVxjô^A^ •^j'AjVwr7D rdim ^rpa
•:. un^^v .:. aaJ^va^n ^rpa rAr7i\.\^Vir73 rdmjLCL^^ cnA»*^ P) t*Ar*>arC^\
V * —i ^73 ÛOUT^N .;• ^73^iv30^ OlA»^\ rAûûO^V C71^1»CüO A VvMV X.
ot^ ^ n ft\ v\ q^ , qqA r^ub^. ^jA» : cnA.»^ ^juûoor^ ctx»Vvj^ cn^ciimo
or^ % ctxA.»^ r£*x*>ai^ <tx_Avj^ cnAvcLirrxr^ ^vvjA^x> .:
.:. \ rd+aznx* oi^ •. mA rw=vr
•:.rdiAm arCf oiA
•
• •• rw.
r^Avfla-Ky aré •• r^Avcur^^A
Or^ \ ^jOUOlII o^ %
fiAnay. ^=p
Q^ . ^io ocrni^
^DO\XJ O^ *. \»\D^\ ^
ot^ \ i^i<w rCLuA—ki or^ •. ^
• ••
kAA
MCUC
73 • ^>Q<n
* f. 6t r*. cjqlA ^12
><73 \
AvWv
r^Avcrv^Sjsa r^VcLzrx*rrxkiA ,<no : r^Vvav^o
^30»CV0^ T^ÀV^ftX ^jCDA^^VSO
*Vkl^\ •• ^\y t\ ^jA<71*5\
’v ocn ^
O ••• ••• <7iA ^vnjj
(») ÔçryaLVov. — (,) 0\)<jl%.
Digitized by
Go i »gle
Original from
UNIVER5ITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
103
16 avi : y cnaïr\*rd try^o : »<T)o Â\ . v\ ox.
jtrxvÀA-uevx. . rCfVuAvw rdirr>A : Kjctu^S rdicn vyrcSo .
^71 O< 7)0 . Xft V\^ QT^ . W- JV t ftn.3
.:. xal^A ^ ocn : t^Aoo-coq xfAjoiv^o <aieuo •.
% (i) *^cl\ûjo^ . octj^ \vs^A . rvr o ^îrucwxiVx
>ytf T l ^0(711 t^D r^x\^a % (*) T^Cn^T^DO %
I^ScUiO •. r<f.K.V-U Vv_*_2k vv * n r> \ OCTJ^ . ^CKTXkTO
^ . V va (si^WSi^o .^ui^ ^A-soû-ïto *.)<L3 Ajja ^i\cuknVo
*5V
> u> i>\ac.
\am VvcLzrxxrxxuo % K^VvcLlso ^acu^^do
rC?VvcLkrr> Vva
V\cLv_m Vva v.^^m * . ^rrxjjoàvso *vVv\aa c. * f. 61 y*
*. ^x\(T) tv v tv _ >mV.i ^^\CU^>>!75^ ►l’A ^TW QS —tX3 .*.. V^V\AVv
~ç=nr\
uax.
r^ViAVv «^cur^ ^A.rc^c
J3-3\
o-%
oou^o •!
• •
r£ !Av*
i\ ^ooxiivii^ ^AjT^Q
• ••
n o<m^\ • ••
•.(*)
•.kTVûv
\0_30 KT^An
^NCÜj^JD
^ oowKf
VvSVv V \.—>r\ t^VvtLiLii
tr
• •• •
• ••
V aacv-jc. ^xV-ir^c
i^VvcLi 73 Vva \ » \^ rv A : r£\\ <L ±-zn Vv<
r^Vvo\-_*\_J3 -TX_^.^ ,-=73 OC7X-ir^=\
■\V\V\'* ocmKf ît^v\cl 30* Kjk^o^ ^73^ %ré*o» i^V\cuî^n
i ^viA-n *<1=73^^ % rC?irvarrx*=rxu * f. 6i r\
**> âfjtvXor. — (>ï xa&pc/a. — (#) xy?parr<)v. — l * J ov<r/i.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
J.-B. CHABOT.
IO'i
* f. 6» »*.
• f. «3 r*.
rcf VvoKf > tondra \ —» tcIAa ^
• ••
» -AiKAjJL^^ ^75 ÛOWT^ ^OMUAûSillO )(7 )OjXV^JQ
uy.^, aA .:. ^\x)\un
Kn
^ *C7J OUA *. 93C3 SdlXdi
^7) •JP\30 % <nA ,y».73Q
.• toVûj3û\^ 73 oour^o . ’vmi^àvm
: p\m Kooxi r&cn ^rn *
och vy^\ ^-j'a Kim .:. ouo^ulso : ud\U7)A 9 m
> V -v VvKSx O en <ry1^0 •• Q0"U1^\^ I^AxA^V 1^VaOl\ WjJGOQ ^ V-i rfcQ
i<n o<m^ : ctjAjc^^c
»cn-s\ i^vcn \\.VnA oow^ •
w •
ifxScTX-l
• ••
• ••
A^
^omA VulAA\ 7\ pV\ rdx.cn
vyt^o V\oA rdj^\A -jd^jooA txx^VvVv
ï^wi % ^oAx. \ ^7)
i<n . ^A r^mcv\A^'
rd»moV\ •• ^ûjcn
f*
rC/^cn AJ^oû tj»^-7iLi.^ >cnA
>*■* kIva^ : ^o<ni\Q\>M À^n ^txi^ -^poàvm
o(n^U7i^J^ ^A \Am**i
v \ro 3^^ AA^m v^oiKT 7cxvY^ ^xiûoSioî r^Aj^r^
n>
Cf. gr. rrrp«3i^.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
i^\en \.\y^n
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
^do\v» .;.)0 )oW r^irvcvv jzn
. yxxrrx^Q ^*\yj d :
a (l) .:. Vvojcd^.0 rd'ksax»^ rvr^
r^omo . oxAvir^
105
o .
OCwAji ^<T) JL^JOO . 3t\-\
ooxAvjy^ cttcrvfi A>^
m •• ^Vv^Vv ^o}
V
,rClxjcn :^r\V\ ^ooXâX»^ ^oaüxiai\^M.
: r^ruvAn .
• ••
|-=\ r£»xx.\\ * rducvta . rdlo
oen : r^-ntAn
♦ f. 63 v*.
^ûiO)
r^uoSA ^n «_eu en
-
•:• ^Jaen rdAo w ooA^ w oenjk»Kf
(,) oirtTt*. — (,) api.
»UT. KT K\TH. - T. XLIII.
l4
lanniui unoaiu.
Digitized by
Go ogle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
f. 64 r*.
f. 64 y*.
106
CHABOT.
vis^ rxft) ^VucuaVv y^)rL=n±^
'Xâ'vson ya'xm .pow
KfûOli^
ojuxjS ♦ yjjftS ^sSot\ oiV\o\»\doo ^rr>
^ VcV.ljk.DO
^ _ 003 •••
cnVaoo\w .:. t^boo r6<n AvVvjrao
-\^“r> . rdn r^Vordüm
(>)
OTOt%€ÏOV. - <*> 0V<712.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 107
y-icn . A \j *y>o . KlXoxAA rASifYX-ZD VvjtcIAAa VvuAvx.Y<ja jcAxy^q
^Aœ A.^o •• xj-yJirL^n ^V-jK^.V Ano Y^\Sa jTOoAjK^ r^uS
^ »^\ y^.vx.»S ^_rn # r^\Scv,rD ^ •• r^^rry ^rn Y^VtixvO^
•.Vvvtsi^Wa 1^\qqW rAS^vjcm oxtda t^Wtd Aa* . tCj^JO *
.J. T^i\CmjSl73C3 ^>1
Sû ,cno^v_»rC^ y^VxcLldo
a ch xjtxu?\ . 3unu^\ •jp’vro . xnu^ ctxtd Vur^ ><h ^rn
,oia A_»r^\ . t^ yo"\so P) oocAcv^ . r6oi3
^130 Vv_»y^ y^ Vvo“\—A\_* ^Ait\ •• coo\ü Aa> crA £y^\ ^ct) . y^V\o** y^a,
y^Aa r^^.A-AY^rj X^y^AjâVy .:. y^Aj^.a y<A\jA Ay^a r^hxy^r^
^ ». ü. a» y, a ^\AVv ^-iActj y^Vyoa-Ayja ,<h ^rpa . y^aâq ,<n<Av*r^ Y^i\iûoo y^73a
H i!k * bmbfrtC ^jouuSq "^id rdüuxso rdix^ :<nV\\
a . y^â _7V un Vyâ *.a Y^\A^i\A y<L=tx vv .^a y^acw
^ y^-TX-t^goA ><n Ay^ rd^n vv •• y^Îa-*ây^y^
vuArs cA : rdjom •• ^Ha- »_QcnV\n^\ y^ato t^VvaV 03 rC^irvAVv
^ _ cucnA Y<LAracuAa '. ^ooujVn^A
>Vy _i73 kTq : (0 a_icL^A y^-u^yV* y^^vAx r^Vva.v.»,-m y^ach t<Aâcn ,A_mY<?a
: w octîAtdcuA
octx-u^nâA .:. y^Vv-j^aviy^ ^jjcn y^Vvc^Au ^»V\aV\ Ay^ ^ooA ^Aüxuco rdA
y^Wjtxxitxwa * y^VAa. rAôcn cAotla ^ 4
Y^Vyq\-*V\A <7lJCkA\A Y^OÂ^Ax 2 Y^Â,
y^ac» y<A^v\V\ tcIAa rd3ot\ % ^
A t.\—2 ^Av_30 •••
JÛ3 Wl OY^ •• y^\
oy<T rv VN^VAx oiVyoxjooa y^vmy^ ,Y^S(ura
ooA ^Arx^xrn r^A % r^irvjjÂ^Vv ,«ho Y^iA*ÂY^Y^
• ^*a Y^itvvur^ -y^vh^tA Vuy^ y^VucJ^âzda y6ui^ •. y^â^^.
Ay^a A.\, to Y^A<no . ^-jctxA-iA P)
iOIi^VaY^ Y^^XCVjlP&tA
• • •
‘•Y<V^ ^
£*>
ycioAx povwj ^ja rdio^^^rnA .A^r^\*orxi VxA\^(\y^ A
a
(»)
- (,) 2V0 , <2<.
l4*
Digitized by
f. 65 r*.
f. 65 y*.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
108
J.-B. CHABOT.
f. 66 r*.
f. 66 »*.
••• ox.\
rc.- v . -k oi ^ 7> à, -7 U> \jkj ^ixo\u
* ( 3 fioS——X1XQ .^TXUQ W QûlOC^Û
^ * — 1 1^^CLJ75\J3 OX^D S^jlAo) UN-jT^^ ^x^Ù)Q
Qi^ -AjK? .:. ^S. * «* ^fwïy \A
UN
^uojq .:. - eu en
^3^ . t^71Xï)i\ Ol\xU
rdiivjja Vi n <v\ ^ : r^moA^oo
jo w q\j rd
Vy»*^ ^X-30.^..^
P’W
^ ^jA(7)C . ^OoAjJA^X ^XuOJL VtCvA
^.Vfcvn VvcvA t^NÂsoA
ûoiAvi^
• • •
y n. nVyçf ox\^ t^n oenA <nV\Oica^3
,^SO\H\ pV\ ^Wdfi
••• Y^iôo) cnVvQ*\Avftft
*• cyx\ uv
£OJ^ pV\ A . i -\ !U • n^7D"VJ^ p^\
r=°° r*
pn\
^\o*v»^r3 irvo^A^
^ •:• vy^v y* t6i3V30
^^\OjÛO^ *• oiXüjua
t !) <rxiX'AüL. — W Xofioç. — î#) Jpl*.
Digitized by Goo
Original from
UNIVERSITY 0F MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
109
* f. 67 r\
auAa 01 ^ •• (0 kTS
••• K ^A\ iT<! •;• K^SQlûO 003 mS^M73 ^OOIkDO^ t e v-n ~ T^iv> T\ ^ 003120 \u
ot^ . K f..n i^3Ql£o us^XDok^n
:^jj73ctixio ^0103 aVw* ^ *jyt<f
o^ : ^osXjcjq . Qfli V » vi
Vv_ia
^ 01 ^ :
AjteoVvVu . OOxVaUA
vy^ ••• kj>03AjLW âY^iVua vyr^ 01^ : r^^ixoiyp ^ûoi1*m An»Vu^s uyrCT
ooiAjoi Ax ^_»a àùxu^\ . 0 )
( ft ) axvjSr^X i^q (S)^ oSod^o * 0)
♦ f. 0 7 V*.
»•• KTàMTXxrTXu \») cA^aAj^irdra W^ai&oK?* KfiujsnSVv^ rdivr^r^
a K^Ui<LXJo WA\ ^ij30iû>i\ v^cüjo ,ctj cAv»rcf KA»t^
xojtxA pV\ •• ûJ3u^\joA yjjbj ^p"\rr,
oaA^ ^rn .:. t^KA^JOijcrn ^ Wjcxx. ^ V* A
V . y ^ ^_ocni\cLxjo ^rp rdAjoVvjtjyo^ i^^yojbx. -—rxrD^o-\
Î^OOsAvil^ ^»SV*!\ »JO oout^
. r^irAoVv . KfVvAVv
• ••
cm
(l Orjpizxij. — (,) <r xafiwvi*. — (3 in<yoi». — (4) Jpis. — (i) éxopov. — (#) à^iptxdv. —
7 xàfifiiç. — {#) Ôttiov. — l#) ivrûorov.
Digitized by
Go ogle
Original from
UNIVERSITY 0F MICHIGAN
J.-B. CHABOT.
* r. f»S r
* f. < 8 V
..rxaAm (*) p) f <
^ ^ ^Wo>x % OXj^U^ i^\o\
^\o\ ^OO f cvl^. ^75^
S Kfixeuo* KjqtoVva * pV\ : ^iSVxq rd\ci\
*• ^Vvtv.rv.y *3 ctxjtd v^bou oo<vV\v^ ^no ^klsoxxù)
)(l1x ^rn .rùoji\ A>n^n ^aou
.:. Kao\ ^cv\V^
OjAi^Vx^ ^oq^\\ ^ ,"3 qa y<lxry.\CL£û ^ oc7x*irw»t^
.:.
^.VfVir^ *.^ rdiXaW ^rv>v ftrt ^AfbûUfiO
AJtl73 r£)s\v£'i\cio
V^T^N ^OJÎI
^kikT Vvocn rdi,
^>003 ^ruVfArn %
,<73ûkj^ rCfom^ pV\ : rvi K^Vl -rv*
(s rC^xiA A rer^
* 7 >JiA •. rcil^JLxJi
UjaAu^\
i^sqlûo^ •. (jjAikAûOo^ r^TjTN rdtvaL^
iv,Kr
C7X-A.V
V\cA
(»)
(TxafjLCowtj. — (,) viÇaXoç (?). — (,) iA<b;. — (%ï dtyspncov. — <•> <nt\rjviov .
Digitized by
Gocgle
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MEDICAUX. 111
\-i :^o vxA.\ mA i ^Virni
• •• AtMiO
^ ••• ys^^\
AO rd fc* *\ ^cnoXi^ %ivi^ AOuia tc- yvftrt
^3 r -T)V-=3 r^isfx^lû) CTO
yArn • mV\n^ k V y\ il ^ n
^.rp ,mQkj^ i^-Av^AVv* : ^jSVi ^Acn?\
;^-5rd^ i.ü.i'VJi ^jcucn
0) ^icvjqjc73t\ tsj^vuo naiooj^ icvjo
I^^OLDî >ji^J30
vy^ •• ^30 jcnoVur^ ^ocnl»^
)C7)CiV^A Y^TXÛ)
A-j/
a yavra :oAam^
* .:. rd.ÿ mcvxtt * f. 69 r\
»•• VyT^X
• ••
\j. A VH .
»• uA3QJt\
• ( 5 »\< 73 lûooxûo ot ^ . W qôcü 3 ô ^\ ^73 T ^ O^CVVO
S MOTN V ^-30 *7) , V-30 OT^ . f 7 ) *\T^ Q1^
.:. t^r-An
^-i^\ Vv.*rcf ,c7îoA-^.^\ : td-j^ rcLrrx-c» ?w 1
yA-iT^ ••• V \ L -V ^ *73 ••• CTiA ^DUÛÛ03Q^\ *^0^30^ W \
■XA-rD rdiS^AKf .^V\^vjt-1^\ <jy^ ^rr> rcf^v* .r.^ar^
rCacn :^»VAvx.=rr\ r^S^rxoo^o ^rp
** ^ y>*=» • r^Ui30 ••(*)*_Q m\T Vi\ ^ CM <?
oS ^ Vj^^niA A .- kA_d o ,
• ••
• ••
* *ï * V
,A.rer kS
11/HA ft)
yd.v în^ 1
# •
• ••
vyiA njjccriü ^
cucija
Kjooaso OKf .
S ^vrvicvgv> : (®)
rdxzxiCLXû * f. 69 v*.
• ••
►A ivjrcf
^ •
• ••
t£zt\£) 0’\ \ ycncùr^rd
\iVi»
T^iXikx. ^J*!\ Kaqkiù)
• KÎ’NCTJX )ï\\Jt.t^ T^^ClLu^V T^T^jL^ÛÛ T^^CWX -V rv\ \ 'prdn’:
(,/ ixijxw. — w Cf. p. ai, I. 1 1. — w Ijnrôxpm^. — < 4 > Iwxov. — « aétJtXiç .
* 0 *. — (7) ivurov. — (#) <rrdfi 2 )(pi. — t#) ^ufiôs.
(4) x(tfAl-
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
112
J.-B. CHABOT.
* f. -o r'.
: r<L\ c^\ u n
rx^-\
•. Wcûû^i^oSWn <iuûo\no .(* * ••• ) v^\3oW\^v %^\xj t^ixviag» K^mo
.:. (») >Jordj\jVv •. ^ot^iiiVv Vvoxrràvx.^ idso
• i^<yjcràuL3o (s) ^cuijVx
►a clao * . d\aa^rr>âvjcrc * KlzJOô-ir^Sr^^ ^rr> v^VvVso viXac.^o ,^u.
: Wr^v-ûocD cnca A.Ü^ A^doû : Vv .:. ^eu^jVx
.:.fdx Vvcvxw r6\5i^ .* r^ien r^znjc r *oxA x nv>
jft . œVw-w a a. "3oc . éüJLwa oisoo . ôuimo r^ocn
* . («) ^aiwV^ oocü\p} : t^oai ,moiuKf t^oo\n .:. enAAgx
: k 1 j\ux^ t^\Aûùa ctxtd iLcooi^ \fc\^ a en : P)
mk.AA^n^ o en ^jtJxA -^.V x^\ : ^ v jLftx.vn uxXjtr^ emjbsûQjtf^ r6k\x^
-wvA \A. \ ^rdiew . (») oog-uAr^X^'. emHJ^ox. rdA^o ^ enVxAvu .:.
uxjo i^^jjox^o . rn~>^ i^jbiaxtt ««V^« : » A\W
^ ,œa^.Sv ^ «&\ Mjcn . <rxArry\
^ ' 1 ^ \ oAàU^ T^\\^ ^730 •,
• ••
♦ f 70 f*.
• •• ». f V^^y^w 1 ^
.:. t^jea^xûî^ ^Vcu^uxxsoa Ax gxjL^Vvi^ kAx»^
^3 ^ v.17 X^7X00^ ^^\cuHrxx"7>o y^Vtu Ax r^xxg^ «^ooxA réaen
••• *^ooi 3 aqS Aa.o ^ AvjrdvjSVv î^enoj \uA Av»*^\ rdA>^ Vy
k ‘ tfrçpiix^. — l * Mi#piàar>/>. — Orjplov. — (4) iraparwp/«. — (l) i^ihvi., — W Mi)vos
QtXôaoQoç. — (T) Àvàpofiixoç. — (9) FaÀrçvOs.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
^ •• w OtTX.\.mO
-px\
îi^iuWoj ( n\ % \ •, ^-t->Vv ^pj ^
Or^ Vv^\r i*v \ , ft mv*r >A
% * m \ "i iuKlA\j .s. rdicn *L^jlc& t^no
^ >n)cvj 73 ^a 5 *^p(nA^ ^.rp ^cuAn rsia»^
^VT 73 ** r ^MCüLSO Wo^AjtY ^
^ \ w ~r =\ ^Arüa^A rdxdasoLfiû^ ^ooxoï^o :
^JOÛüt^ •• T^i^UJ .JTJ^ l^JOJoSA
• ••
•••^O\L40 J VvjT^AjA
v \ •
•• vyï^\ ^
■v^-iX-v* rd-B
•^ÛCJlA ^ » \ ~TnVl 3 Q rdArd J^COASiu
^ rdxix^jc rd^cn Ax^\ Vvo^vctxx^o
\;^ ^OÔ’ïl ^
* f. 71 r*.
^30 K^ocn ,cmàv*KS rdorx^rd SV^m % rdx.nd ^octxjS^v
.:.,cnoV.^ octx-.SVv ^=n * ïi ^\ rdocn rd*WYVv KirS^Kf -^ 0^373
»m :
>••
oo»A*a» <tjA Arawi^soA : kA.a. ctmooa . ioa^jh
,«»
• ••
curd -KSoxaVx * f. 7 , v *.
(l fiyyxuw.
HOT. CT EVIH. — T. 1 LIII.
»f
IMI-limitll RATlUkALA.
Digitized by
Go ogle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
114
J.-B. CHABOT.
(UOJ
♦ f. 7 * r\
* f. 7 a r\
^ wCUOJ
• ••
• •
\ 00 ( 7 )
• clvjK^ ^Lfiaücon
••• l^Aj= 30 XXûoa t< / n rLVw\ :
.cm c%vd 0 ) u)ccaxûi\a\j 5 as
eu cm jCTJ •V^ jCTJ^
ot^ ^v*t< 1 jlAo "uiu : rdi'ui^o
^Ar
• •• ^\iY^
1^\ftV&niO (5) rd_DÛ-\_*»^
■\, -Il.\-VV=\ (*) i u M .:. œVvcLjcttj^ Vvcv\ y\%m> s^VuarsA^
rCAwajt
^jûouSVx ^ 7 )
\^\ A^tia
,rnokj^ ^JSQuDO^ . K^kUCVX. (713
r 6 ui ôiAv»^ ^rxra \ ^qSjjq
a r<Lzn acn . rd um y —» VukS.»Vu
\ v£i\znrd %\ v c\\*jz>
: AA-
^rncikji^' T^n ^V73
OOX>SV
(I)
èTfi\oyi<j\i6ç, — <•> Ipv. — «•> xvpamj.
Digitized by
Go Dgle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
115
^ \ v * * <W V
oen M rq.ac.<\ vira
pVv* ^-*Aen ^ r£nx.c uxtsa ,eh
. ^ oaxj^o*^ rd^joeJEi ^i-ÿv y\ftfl n V*n Vvaî^A : KÜ
^-»ctx-A*!\ r<h^ ^rn \zy\-\ Vvajîj^ré* rdAAncvx. VvcvSAa
^CLTD^NO ^XjOCLDA T^VcLmAjt V\&A\û • K^SO^OJ^ oAa^N I^VjA
Âtdtâ* m.-i^v—*.rao Aaio-ac^o . i^irv-xjc.^
A.vx \ -x *73 or^
■* •.
en :
. \znr£=7y\ i^pj r £A
Û-UXX 3
irxxTk
o
• ••
^«rvAuxA \\*y^ r^n
rd l»u(yx i
<nAa au^n rdv hyyv^o : enAa
rd-X-jLi VvoAA
.^Xi73C3 UAi\Jc.r^\ rd^iû)^ enirvoSi\j^nA er
• •
x^ixoS^jcn Ka\»^o ; ^"kSW enA*=\ *
\TX!l
* C 73 r*.
• ••
• ••
ClA V 30 ^iu 7 î
•jp’un ^A^v* •• ^7
a vx jCAYV ro.
> • •
^.VASoJi rdA^a ^_»t\ . VAJt
^cuen ^oerA^
SVvxZTD^ \mt^i\T7D rdi\
x^rx^oS .;. ctxtd ixscuVu^
jvien ^rp r^Arç^ •
• (nXxcms ujlu^u r^Aen yy<\r3^
i ^amiZT*’* ^ r^i
\*Vu >J T^\iT<f K^DA^m i"r v
• W y ^ ^ *
VXJCuà\l
t^.rv.)f.cm
rdx»rdi 3 ^ î^w^qA jlikIA à\»r^ <vai<o
iS .
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
116
J.-B. CHABOT.
73 »*• ^-.ouV^àvA u-»sjc kA^\ t&\uyÏ om °li< Kjiud • r^r^rya :
*—? W1 1 * 1 ^ ï JUXI» ^30 \ ^ > \«B VyiT^
^ W ‘ l \^ • OlluuLM ». ^ > \ flrt "V*VuA I^U^Ao 2 ^-\ .\ -»rt
.:..:..:. rein Xaitfvjivj a<n
A la suite de cette demière question vient dans notre manuscrit un nou¬
veau titre ainsi conçu :
... ^ nlt^aord xjCui^ oA>a : rCjcn-\<vs.A
C est-à-dire : Des phases des maladies : du même Hobeisch le Gaucher .
(.est le début d’une vingtaine de questions physiologiques, pour la plupart
•iym-z courtes. En voici le sujet, d après le sommaire noté en marge en face de
chacune :
As- (pulsations artérielles) [fol. -]& r°], - r£'b=nâ .jo A^.
(âges [f. 76 v°J, — rdâjcxrx k^cüs^As- (couleurs de la peaui [f. 77 r°J,
— Kf-vs-ao* Kjoï^As- (couleurs de la chevelure) [f. 77 v°], — kjo\ Ax
(couleur des yeux), — i^Vioajl As- (aspect extérieur) [f. 78 r°],
— As- (les saisons) [f. 78 v°], — «TVoiLûocn As- (les
ablutions) [f. 7,, v°J, — kTVvAJs*^ As- (les aliments) [f. 80 r»J, —
k^ü*. As- (les breuvages) [f. 80 v°], — «TW As- (le sommeil), —
A^. (la veille), — t^l^oo» A-^. (le mariage) [f. 81 r°1, —
^*A f i\ i^jb» As- ( les allections de lâmej, — ^^\»<»> \v
(diversité des membres), — kAïu As- (les facultés), — <Wn As- (le
cerveau) [ 1 . 8a r°J, — rcTVucr^ As- (la lièvre) [f. 8a v°i, — i^Wvax^v
(l’urine) [f. 9a v°], incomplète à la fin.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. Il 7
Je n’ai pas eu le loisir d'étudiei ces questions, ni surtout celui de recher¬
cher si l’une ou l'autre n’a pas été publiée, comme je le crois, dans quelque
compilation médicinale arbitraire. Et c’est pourquoi je ne les joins pas aux
traités précédents. Si un nouvel examen me permet de constater qu'elles sont
inédites et présentent quelque intérêt philologique, j’en ferai l'objet d’une
nouvelle publication.
Digitized by
‘Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
I
THACTATUS DE MED1CINA RABBAN HONEINI, MED1CI :
QUAESTIONES ET RESPONSIONES
Quot sunt variationes organirae quoad magnitudinem ? — Duae. — Quaenam ? — Vel
cum crescit membrum plus quani decet, velut cum crescit lingua aut caput; vel cum
minuitur, veluti cura minus fit caput, aut jecur, aut venter.
Quot sunt variationes morborum organicorum (|uae fiunt in numéro ? — Duae. —
Quaenam? — Vel enim in excessu, vel in defectu. — In excessu quidem quot modis?
— Duobus modis. — Aliae quidem (sunt ) e genere naturalium, veluti digitus sextus, vel
e genere praeternaturali, veluti calla aut verrucae. — In defectu autem quot modis? —
Duobus modis. — Quinam? — Aut enim totalitater 'déficit), veluti ablatio tolius digiti;
aut partialiter, veluti ablatio articuli e digito.
Quot sunt variationes morborum organicorum quoad positionem .. membrorum
inter se, veluti labiorum et digitorum cura unirentur et non separentur et non
adhaererent W.
Quomodo fit solutio unitatis morbi generalis; nam sive in membris assimilitivarum
parlium tantum constituitur, sive in membris organicis. — In membris quidem assimi-
litavarum partium tantum, quomodo? — Etiam enim in osse subsistit, et in carue,
et in nervis, et in venis, et in arteriis, et in musculis. — Quod quidem in osse subsistit
appcllalur tebara^\ quod autem in carne subsistit si quidem est recens hebarta appel-
latur, si autem antiquus : thouhna^\ si autem in nervo subsistit bazi'a (6 ' ap|>ellatur; si
• p. 5 autem in arteria subsistit aneurisma appellatur; ‘si vero in vena talha W; si autem in
musculis, si est quidem in initio eorum anrdxjyui vocatur, id est autem scissio vel sectio,
si vero in medio eorum prçypa appellatur, id est rima.
In membris organicis, quomodo? — Velut amputatio manus vel pedis
Quot sunt dispositiones corporis? — Très. — Quaenam? — Sanitas. Aegrotatio.
Dispositif) neutra.
Quid sit sanitas? — Sanitas est status corporis in quo perficiuntur operationes
naturales. — Quid sit aegrotatio? — Aegrotatio est status extra naturam, ex quo
primum la«duntur operationes. — Quid sit dispositio neutra? — Est status corporis in
quo nec sanus nec aegrotus, simpliciter dicitur.
Quot modis dicitur dispositio neutra ? — Tribus modis. — Quinam ? — Vel cum sit
t 1 * Lacune d'une ligne et demie — Phrase qui semble altérée. — C’est-à-dire confractio. —
<4) C’est-à-dire vabas. — l4) C’est-à-dire aie as. — (ft) C’est-à-dire fissara. — ^ C’est-à-dire
extenu ans.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
119
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
corpus possidens sanitatem et aegrotationem simul in membris divcrsis, quemadmodum
in caecis et daudis; val cum non sil possidens non unam quidem illarum princip.il iter,
quemadmodum in senibus; aut cum aliquando quidem sit sanus, aliquando autem sit
aegrotus. — Quomodo? — Ille enim cujus temperamentum est calidum, in aestate quidem
plurumque fit aegrotus, in hieme autem sanus; ille cujus frigidum est temperamentum in
hieme quidem aegrotus est plerumque, in aestate autem sanus; et ille quidem cujus tempe¬
ramentum est humidum in pueritia quidem aegrotus fit plerumque, in adolescentia autem
et senectute sanus; ille autem cujus aridum est temperamentum, in pueritia quidem sanus
fit plerumque, in adolescentia autem et senectute aegrotus.
Sanitas, et aegrotatio, et status neuler pharmaco quodam agnoscitur unusquisque.
— Tribus. — Quibusnam ? — Aut in corpore quod ilium (statum) possidet; aut in causa
quae eflicit vei conservât ilium; aut in indicatione quae ilium notificat.
Quot sunt généra causarum ? — Duo. — Quaenam ? — Ex eis enim aliae naturales
sunt, ex eis autem extra naturam. Et naturales quidem aut conservatores sunt sanitatis aut
ejus effectores : conservatores in sanis, elTectores in aegrotis. Quae sunt extra naturam,
aliae quidem sunt morbidae, aliae autem neutrae : morbidae quidem illae quae faciunt
aegrotationem et illae quae servant illam; neutrae quae laciunt dispositionem neutram et
quae banc conservant.
* Quot sunt variationes causarum generalium aegrotationis et sanitatis ? — Sex. — Quae- * p- 6
nam? — Aer qui circumdat nos; quae comeduntur et bibuntur; excitatio et quies;
sumnus et vigilia; evacuatio et retrntio; passiones animales. Ilaec enim cum congruenter
ordinantur in quantitate et qualitate, in tempore et in ordine, sanitatem custodiunt et
efTiciunt; cum autem contra ri us sit usus eorum, aut in quantitate aut in qualitate, aut
in tempore aut in ordine, aegrotationem faciunt et custodiunt.
Quot sunt variationes causarum morbidarum ? — Très. — Quaenam ? — Ex eis
enim dissolventes sunt : et sunt illae ad extra, quemadmodum frigus; ex eis autem sunt
anteriores : et sunt hae ad intra, quemadmodum plenitudo; ex eis autem posteriores, et
sunt quae cum propinquant proxima est aegrotatio, et cum recedunt recedit, quemadrao-
dum putredo quae facit febrim.
Quot sunt variations causarum generalium aegrotationis et sanitatis ? — Duae. —
Quaenam ?— Aut enim accidentales sunt aut necessariae. — Accidentales quidem, quo¬
modo?— Quemadmodum percussio lapide, amputatio gladio, combustio igné, et
morsus ac punctiones animalium. — Necessariae autem, quomodo? — Quemadmodum
illae sex quae supra dictae sunt esse generales.— Quae?9) — Prima quidem adhaesio
humectantis in operatione, sicut lateres; secunda autem proximitas humectantiuin sicut
dnuheW, tertia autem multiplicitas ciborum et potationum; quarta vero tegumcntum.
Quot sunt causae aegrotationum, quae cum materia ingrediente in membra ? —
(,) Phrase évidemment altérée; question incomplète. — LXslne, mot inconnu, peut-être
corrompu.
Digitized by Google
Original from
UNIVERS1TY OF MICHIGAN
120
J.-B. CHABOT.
Quinque. — Quaenam ? — Robur ejus qui emittit et débilitas ejus qui recepit;
et al>undantia materiae; et débilitas virtutis nutritivae; et amplitudo seroitamm.
Quibusnam temporibus ^ laeditur species naturalis membrorum ? —Quinque. —
Quaenam? — Vel in utero cum formatur fœtus, vel tempore nativitatis, vel tempore
lactationis, vel tempore nutritionis, aut propter morbum qui accidit ei in aliquoex bis
temporibus aut post illud.
In utero quidein dum formatur aut propter abundantiam materiae vitiatur s[>ecies
membrorum quando erit nimiuiu semen; aut propter deficicntiam ejus, quando erit
minus semen; aut propter qualitatem non congruam quam possidet illud semen cum sit
spissum vel aquosum. — In tempore nativitatis, cum male exit foetus vel super dorsum,
• p. 7 vel super* genua ejus. — Tempore autem lactationis, cum male tenetur in fasciis. —
Tempore autem nutritionis, cum sustinctur quando accipit lac in ore et quando sugit. —
Propter morbum qui accidit ei vel propter rupturam nervi, vel propter rigiditatem, vel
propter relaxationem, vel propter vulnus, vel propter tumorem.
Quoi eau sis laeditur species naturalis membrorum ? — Septem. — Quaenam ? — Aut
ex nutrice, aut e medico, aut ex infirmo, aut ex fractura, aut ex quassatione, aut ex nimietate
materiae, aut ex ejusdefectu.
K nutrice cum non congruenter apprehendit puerum, aut cum ante tempus congruum
sinit eum deambulare; ex medi(X) quidem cum non bene restituit et colligavit membra
confracta; ex infirmo autem, quando antequam consolidetur os confractum eo utitur; ex
fractura ut quando corriguntur prominentia, et solutio costae et distortio femoris;
propter quassationem autem ut quando quassitur nasus et inde fit simi condition ; ex
nimietate materiae velut in elephantiacis; ex defectu autem velut in phthisicis.
Kx quot causis fit angustia foraminum ? — Ex tribus. — Quaenam ? — Vel propter
collectionem, vel propter congruentiam, vel propter obstructionem.
Collectio quidem fit aut propter robustam vim tenentem; aut propter debilitatem ejus
qui manifestât; aut propter frigiditatem; aut propter acritatem; aut propter siccitatem;
aut propter constrictionem, velut pressionem vinculi; aut propter laesionem speciei
membri; aut propter tumorem.
Congruentia autem fit cum praccesserit ulcus.
Obstructio fit aut propter ea quae decidunt in foramina, velut chymus, aut lapis, aut
cruor fluens aut pituita, vel propter ea quae germinant in ea, velut caro et verrucae.
Ex quot causis fit laxamentum foraminum? — E quatuor causis.— Quae? — Aut
propter turpam deformationem vis tenentis; aut propter debilitatem vis tenentis; aut
propter calorem et humiditatem; aut propter pharmaca purgaliva.
Ex quot causis fit moilities ? — Ex duabus. — Quaenam ? — Vel ex aliquo interno, vel
p. 8 ex aliquo 'externo; ex aliquo interno velut ex chymo viscoso, ex aliquo autem extemo velut
ex ceratorio.
(*> Ainsi daprès correction. — w Gall. : «nez camus».
Digitized by GOUgle
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 121
Ex quoi causis fit asj>eritas? — Ex duabus causis. — Quaenam? — Ex quodam interno,
vel ex quodam externo.
Ex quodam interno, vel ut ex superduitate acuta; e\ quodam externo, velut ex fumo et
pulvere.
Ex quot causis fit superduitas membrorum quoad numerum ? — Ex duabus. — Quae-
nam? — Si quidem est naturalit, ex abundantia materiae aptae fit, et ex vigore vis.
Ex quot causis fit defectus membrorum quoad numerum? — Ex duabus. — Quae-
nam? — Aut ex causa interna, aut ex causa externa. Ex causa quidem interna, ex
defectu materiae. Ex causa autem externa : vel ex uslione, vel e frigore, vel ex putnxline,
vel ex amputationc; putredo autem fit e phannacis mortiferis, vel e non dissolutione.
Ex quot causis fit augmentum membrorum? — E tribus. — Quaenam? —Aut ex abun¬
dantia materiae, aut ex vigore vis, aut ex bis duobus.
Ex quot causis fit paucitas membrorum?— Ex tribus. — Quaenam? — Autexdebilitate
vis, aut e paucitate materiae utilis, aut ex malo externo velut ex amputatione, vel ex ustione,
vel ex putredine, vel ex frigore.
Ex quot causis fit mutatio positionis in forma? — E duabus causis. — Quaenam? —
Vel propter coinmotionem immoderatam, vel propter humorem immensum qui relaxat et
déformât.
Ex quot causis fit mutatio positionis in participatione? — E duabus causis. — Quae¬
nam? — Vel e collectione quae non obedit separationi; vel e separatione quae non (obedit)
collée tioni.
E quibus causis fit unaquaque istarum? — Ilia quae in collectione, ex nativitate vel ex
vulnere; ilia quae est in separatione, ex tumore, vel ex ulcéré, vel ex contractione.
Quot causis fit solutio unionis? — E duabus causis. — Quaenam? — Aut ab aliquo
externo, aut ab aliquo ‘ interno; aut ab aliquo quidem externo, quod diruit, velut commotio
vehemens, aut secat, velut gladius; aut distendit velut funis; aut contundit, velut lapis; ex
autem aliquo interno : vel ex chymo acero qui minutim secat, vel e vento vehementi qui
dilatât, aut e chymo spisso qui diruit.
Quot sunt généra indiciorum? — Tria. — Quaenam? — Alia quidem sunt sanorum;
alia autem aegrotantiuin ; alia autem eorum qui nec sani sunt nec aegrotantur.
Quot sunt généra indiciorum cujusque ex his tribus : sanorum inquam, et aegrolau-
tium, et neutrorum? — Duo. — Quaenam? — Ex eis quidem indicant circa membra
homœomeria, alia autem circa membra organica.
Quot sunt variationes indiciorum quae indicant circa membra homœomeria? — Duae. —
Quaenam? — Aliae enim sunt essentiales, aliae autem accidentales. Essentiales quidem sunt
calor, frigus, siccitas, humiditas. — Accidentales autem quot et quae? — Ex eis enim
aliae sunt palpahiles, velut durities et mollities; aliae sunt visibiles, velut albedo et nigri-
tudo; aliae (sunt) completivae, velut actio perüciens.
Quot sunt variationes indiciorum quae indicant circa membra organica? — Duae? —
Quaenam? — Aliae enim sunt essentiales, aliae autem accidentales. — Essentiales quot et quae
SOT. KT K\TS. - T. XUll.
16
KMIUlll I1TIOUU.
Digitized by
Go ogle
p. 9
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
122
J.-B. CHABOT.
IO
(sunt)? — Formatio, magnitudo, mensura , positio. — Accidentales autem quoi et quae? —
Pulchritudo et deforinitas, et operatio |>erficiens aut laeden*.
Quot sunt généra indiciorum illorum quae bene généra cnnstituunt? — Tria. — Quae-
nam? — Ex eis enim alia indicant de eis quae transierunt et vocantur memorialia : sicut
quando videmus corpus humidum cognoscimus quod praecessit sudor; alia indicant de eis
quae sunt praesentia et vocantur indicativa : quemadmodum quando videmus quemdam
percussorem rapidum et fortem cognoscitur quod aestus superavit ; alia indicant de futuriset
vocantur praescientia, veluti quando videmus labiam tremulam praecognoscimus de pœni-
tentia : quae cum in sermone manifestatur, vocatur praedictio.
# In quo differunt indicia ab accidentibus? — In relatione ad rem in qua occurrunt. Nam
in se ipsis eadem quidem sunt; sed aegrotanti quidem accidentia sunt, medico autem indicia.
Quot sunt généra accidentium ? — Tria. — Quaenam ? — Alia enim consistunt in noxia
opération», sicut retentio urinae; alia in dispositione corporis, sicut icterus B; alia in sp
eorum quae eiiciuntur, sicut urina nigra.
Quot sunt variationes accidentium quae in noxia operation» occurrunt? — Très. —
Quaenam ? — Alia enim in deperditione compléta operation» et cessatione operation» consis¬
té velut caecitas et paralysis; alia autem in ejus deminutione, velut ohnubilatio visus et
obscuratio; alia autem in ejus cessatione, velut cum quis videt culices aut testudines, aut
quod in digestione mutantur alimenta in aciditatem aut in fuliginem.
Quot sunt variationes accidentium in modalitate corporis? — Quatuor. — Quaenam? —
Et impétigo, et nigredo linguae, et ruhedo, et albedo; et similia. Ex illis autem sunt odora-
biles, sicut odor halitus et odor sudor», et odor nariurn vel axillarum; sunt autem gustu
nota, sicut salsedo, et amaritudo, et aciditas; sunt tangibiles, sicut mollities et durities.
Quot sunt variationes accidentium in specie eorum quae emittuntur? — Duae. —
Quaenam? — Ex eis enim sunt audibiles, ex eis emissiones simpliciter. — Audibiles quidem
quot et quae? — Sonitus et voces. Sonitus quidem sicut éructationes W, et murmura et
crepitus W. Voces autem, sicut vox rauca, et vox tremula.
Emissiones simpliciter, quot et quae? — Aliae enim in omni généré sunt extra natu-
ram, quemadmodum eruptio sanguinis {hœmorrhaghia ) ; alia autem in quantitate sua sunt
extra naturam, quemadmodum sicut diarrhœa; alia autem in modalitate, sicut urina
nigra. Per haec indicia cognoscuntur membra quae infirmantur. Si quidem in parte exte-
riori sunt, inter ea quae manifesta sunt scnsibus, quomodo? E mutatione coloris pellis, et
teneritate et duritie, ex calore et frigiditate; ex magnitudine et ex numéro; si autem in
p. ii profundo 'latent, per sex régulas se manifestant. Prima ex natura operation»; secunda, ex
illis quae ejiciuntur; tertia, ex dolore speciali; quarta ex positione; quinta ex indole passio-
nis; sexta, ex examine et quaestione.
Quae sunt causae accidentium aegrotationum? — Fiunt enim accidentia, vel ex malo
temperamento, aut e morbo organico, vel ex solutione unionis.
tl) Gall. «jaunisse».— (,) En marge : singultus acidi. — En marge : flatus ventris.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 123
In quoi partes dividitur operatio? — In duas partes. — Quaenam? — Custodia san«>-
rum, quae per ilia quae sunt similia fit, et sanatio infirmorura, quae per ilia quae contra¬
ria fit. . *
In quoi partes dividitur custodia sanorum? — In très partes. — Quaenam? — In
custodiam eorum qui sine culpa W sani sont; et in praecustodiam : custodiain eorum quorum
declinare coeperit sanitas; et in operationem eorum qui debiles sunt.
Quibusnam fit custodia eorum qui siue culpa sani sunt (ÎJ ? — Per moderationem cau-
sarum generalium : quae sunt istae : aer qui circumdat nos; quae manducantur et bibun-
tur, sumnus et vigilia, mobilitas et quies; |>assiones animales.
Per quae fit praecustodia eorum quorum sanitas declinare coepit? — Per res duas. —
Quaenam? — Per évacuationem chymi qui superat in corpore, et per aptum usum ex his
sex causis praedictis.
Quae sunt corpora debilia quae actione conservativa sanitatis indigent? — Corjiora pue-
rorum et ilia senum, et ilia quae eflugerunt e morbis; corpora autem puerorum et senum
propter debüitatem eorum et propter multiplicitatem superabundantiae eorum, et prop-
ter vigilantiam eorum; corpora autem e>rum qui eflugerunt e morbo : quia diminutus
est in eis sanguis ut augeatur indigent.
Quot sunt variationes sanationis? — Duae. — Quaenam? — Una quidem est gene-
ralis : est ilia quae fit per usum aptum sex dictarum causarum; altéra autem est
particularis.
Quot sunt variationes sanitatis particularis? — Très. — Quaenam? — Aut in morbis
homœomeris fit (variatio); aut in morbis organicis, aut in solutione unionis.
Morbus qui in homœomeris per quae sanatur? — Per colligationem et ligamentum.
* Morbus qui in cavitate quibus sanatur? — Si quidem magna est ilia cavitas, per
quietem et ligamentum; si autem parva est, per operationem et sumptionem habitus.
Morbus qui in amplitudine foraminum quibus sanatur? — Per ea quibus sanatur mor¬
bus in cavitate magna, et per adjutoria contraria illi causae.
Morbus qui in augustia foraminum quibus sanatur? — Si quidem ex vigore vis tenen-
tis est angustia foraminis, |>er dissolutionem eifusionum et per unguenta sanatur. Si
autem e debilitate subjecti, |>er adjutoria quae aperiunt et roborant. Si vero propter frigi-
ditatem, per calefactionem. Si autem propter acritatein, per dissolutionem; et si propter
ariditatem, per humecta tionem; et si propter constrictionem, per solutionem; et si propter
laesionem speciei, per emendationem speciei; et si propter tumorem fuit ilia angustia, in
sanatione ipsius tumoris sanatur. Et si propter sanationem, per scissionem. Et si propter
aliquid quod incidit in foramine, per abscissionem sanatur.
Per quid sanatur aciditas? — Per asperitatis producentem.
Per quid sanatur raucitas?— Per unctionem.
(l) En marge : sonitus qui exeunt e podice. — (,) Le sens parait être : «ceux dont la santé ne
donne aucune inquiétudes.
16.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
124
J..B. CHABOT.
Excessus numeri quihus corrigitur? — Aut per sublationem, quemadmodum scro-
fulae; aut per remotionem, sicut aquae in oculo.
Defectus numeri quibus sanatur et quihus non? — Si quidem ex sanguine illud mem-
bruni habet existenliam, potest in omnibus aetatibus nasci; si autem ex semine, in aefate
juvenili tantum potest survenire.
Magnitudo membrorum quibus sanatur? — Per quietem et per ligamentum.
Paucitas membrorum quihus sanatur? — Per mobilitatem et frictionem.
Mutatio positionis quoad iocum quibus sanatur? — Si quidem in collectione fit, per
separationem sanatur; si autem propter vulnus, per sectionem sanatur. Si autem propter
tumorem, in dissolutione ipsius tumoris; si vero propter contractionem, per purgationem.
i3 Solutio unionis quidnam postulat ad cjus sanationem?— Quatuor res. —‘Quaenam?—
Collectio eorum quae séparantur; custodia ipsius collectionis; impediens ea quae in ea
irruunt, et custodia ejus naturae.
Quot rebus perficitur sanatio? — Tribus. — Quaenam? — Vel per sex illas materias
necessarias quae dictae sunt; vel per adhibitionem pharmacorum; vel per chirurgiam, id
est usum manus.
Quot sunt modus utendi adjutoriis? — Duo. — Quaenam? — Vel enim interne ulimur
eis, vel externe. Interne quidem, aut cum per os ingrediuntur, aut per aures, aut per
podicem, aut per virgam; externe autem, velut emplastra et balnea, et eflusioues, et
liturae, et unctiones, et inspersiones, et ligaturae, et ligamenta.
Quot modis adhibetur pharmacum internum? — Tribus. — Quinam? — Vel ut eva-
cuet, velut scamonia; velut cnhibeat, velut asparagines; velut temperamentum mutet,
velut aqua frigida iu febre.
Quot modis adhibetur pharmacum externum? — Quatuor modis. — Quinam? — Vel
ut imminuat, sicut pharmacum destrucns carnem; vel ut augeat, sicut pharmacum pro-
ducens carnem; vel ut prohilieat, sicut pharmacum retinenssanguinem; velut mutet, sicut
aqua frigida in corpus.
Quot sunt modi utendi chirurgia? — Duo. — Quinam? — Vel in carne utimur ea;
vel in ossibus. — In carne autem quomodo? — Vel in scissura, vel in amputatione,
vel in adustione.— In ossibus autem quomodo?— Vel in correctione dissolutionis, vel in
colligatione fracturae.
Quot regulis perficitur sanatio generalis? — Quinque. — Quaenam? — ln mensura
qualitatis adjutorirum; in mensura quantitatis eorum; in modo congruenti utendi eis; in
tempore opportuno adhibendi ea; in optimo eorum delectu.
Expliciunt quaestiones Rahlian iloneini, venientibus tironibus.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
125
II
* ADD1TAMENTA QUAE ADDIDIT HOBEISHUS MANCUS (,) > •«
Undenam dcsumitur mensura qualilalis adjutoriorum ex généré morbi? — Si quidem
est calidus morbus, decet ut sint refrigescentia adjutoria; si autem frigidus, calorcrn
producentia. Pari ter etiam in speciehus simplicibus et composais, qualitatem contrariam
morbo debent possidere adjutoria quibus san.it ur.
Undenam sumitur mensura quantitatis adjutoriorum? — Ex temperamento corporis; et
ex quantitate raorbi, et ex démentis ceteris. — Ex temperamento quidem corporis,
quomodo? — Si quidem corpus calidum morbo calido detinetur, paulisper decet ut
refrigeretur, paulisper enirn recedit a natura primitiva. Si autem frigidum est ejus tempe-
ramentum et in morbo calido detinetur, multum recedit a temperamento primitive et
propterea multum decet ut refrigescatur donec redeat ad statum priorem.
Ex quantitate autem morbi, quomodo? — Si quidem valde calidus est inorbus, adju-
toria quae valde frigida decet adhil)ere; si autem paulisper calidus, adjutoria quae
paulisper frigida.
Quae sunt elementa cetera, et quomodo ex eis dcsumitur mensura quantitatis adjuto¬
riorum? — Elementa cetera dieuntur : locus in quo residet morbus, et tempus anni in
quo inGrmatur, et conditio aeris eo momento;haec si caiida sunt, cum morbus calidus
est, ostendunt quod multum debet refrigesci; si autem frigida, cum morbus calidus est,
ostendunt quod paulisper debet refrigesci.
E quibusnam cognoscitur tempus opportunurn adhibendi adjutoria ex tempore morbi
et ex vigore infirmi, et ex ceteris elcmenlis?
Ex tempore quidem morbi, quomodo? — Si quidem in suo principio est morbus*, si * p. i5
quidem acutus, suhtiliter decet tractare; si autem crasse : si vero in robore suo est,
subtiliter omnino est tractandus; si autem in dedinatione est, curiose.
Ex vigore infirmi, quomodo? — Si est quidem validior, et debemus facere in febre eva-
cuationem, facirnus ilia sine timoré ab initio morbi; si autem debitis, non evacuationem
farimus, sed adjuloriis quidem refrigerantibus prius utimur, deinde p<»stquam invaluit
vigor, evacuationem procuramus.
Ex ceteris elementis, quomodo? — In hieme quidem adhibemus adjutoria evacuantia,
non mane sed meridie; in aestate autem adhibemus alimentum non meridie, se<l mane
prindpaliter.
(> ' Littér. «infirmus manu», ce qui peut signifier manchot ou yancher.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
126
J.-B. CHABOT.
E quibusnam desumitur modus utendi adjutoriis? — Ex vigore infirmi sane, et ex loco
qui patitur, et ex ceteris elementis. — Ex vigore infirmi, quomodo? — Si quidem ille est
polens vigore et debeinus facere additionem vel deminutiouem, subito tractamus ilium una
vice quantum debemus; si autem debilisest, vicibus pluribus paulatim.
E loco qui patitur, quomodo? — Si est in visceribus subtilibus dolor, per potum minis-
tramus adjutoria; si autem in visceribus crassioribus, per infusionem.
Ex ceteris elementis, quomodo? — Si est quidem aestas, adhibemus adjutoria refriges-
ceutia, cum sint frigida; si autem est hiems, adhibemus ilia, cum tepida sint. Si autem
evacuatione indigemus : si est aestas, sursum provocamus vomitum; si autem est hiems,
per infernum, per solutionem ventri.
E quibusnam desumitur delectus excellentior materiae horum adjutoriorum ? —
E vigore infirmi et e tem|>eramento corporis.
Ex vigore infirmi, quomodo? — Si quidem sani vigoris est, indigemus ut nutriatur ali-
mentis exiguae materiae; alimenta abundantia adhibemus, sicut carnem porcorum ; si autem
• •
est debilis, alimenta multae substantiae, nutritionem exiguam possidentia, sicut
olera viridia.
Ex tem|>eramento corporis, quomodo? — Si conservatur temperamentum naturaliter,
alimenta quae possident temperamentum simile adhibemus, si autem mutatus est,
alimenta pharmaceutica quae possident temperamentum ei coutrarium adhibemus.
Quot regulis perficitur sanatio proprie? — Quatuor. — Quaenam? — Prima quidem
desumitur e temperamento membri quod patitur; secunda autem quae sumitur ex ejus
16 formatione; tertia quae sumitur ex ejus positione; ' quarta quae desumitur ex ejus vigore.
Ex temperamento quidem membri quod patitur, quomodo?—Sunt membra quorum calor
opprimit frigiditatem, sicut caro; sunt autem quorum frigiditas opprimit calorem, sicut
nervi; alia mixtim sunt ex partibus assimilativis elementorum, sicut pellis; sanatio unius-
cujusque eorum postulat ut mutetur temperamentum ejus ut convertetur ad tempera-
mentum naturale. Et propterea decet ut secundum declinationem temperamenti membri
ad hoc quod est extra ejus naturam, sit propensum etiam temperamentum adjutorii
convertere illud ad id quod est naturale in partem contrariam.
E formatione membri, quomodo? — Examinamus substantiam ejus et cavitatem quam
habet vel non habet.
Ex inspectione substantiae membri, quomodo? — Inter membra enim sunt quae
substantiam subtilem possident, sicut pulmo; alia autem substantiam compactam, sicut
renes; alia essentiam mediam inter haec, sicut jecur et lien. Ilia prima non sustinent
adhibitionem pharmacorum fortium; ilia autem secunda, sine damno sustinent haec;
ilia vero tertia, raedianter.
Ex inspectione quidem cavitatis quam habet mcmbrum vel non habet, quomodo? —
Quia ex membris cavitatem possident vel internam tantum, velut venter et venae ac
arteria in manibus et pedibus; aut externam tantum velut nervi qui intra peritonium; aut
externam et internam simul, velut pulmo qui externe amplitudine pectoris circumdatur.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 127
interne autem arteriae asperae et laeves disperguntur ; alia autem non possident omnino
cavitatem, velut nervi qui in manu et in pede; ideo cum necesse habemus arefacere et
dissipare excessum congregatum in eis diverse sumimus indicationem ex singulis eorum.
— Membra autem quae non externe nec interne habent cavitatem ad quam projicitur
excessus eorum, pharmacis vaide potentibus indigent; ilia autem quae ex utroque latere
habent cavitatem, si quidem compeguntur in ordine medio, indigent ut sint validiora
pharmaca quae eis adhibentur. Si autem tenuia sunt, pbarmaca debilia sulficiunt eis. Illud
autem quod externe tantum habet cavitatem pharmacis indiget vaide potentiae, minus
tamen quam eis indigent qui privati sunt cavitate.
E positione quidem* membri, quoinodo? — Cum duas res indicat positio, unam * p. 17
quidem locum in quo est membrum, aliam participationem quam habet cum membris,
ex singulis istarum demonstratio propria sumitur, et ex duabus simul.
Ad quid utile demonstratio ex unaquaque earum? — Quae ex loco utilis est ad
sanationem mali temperamenti ; quae ex participatione ad suflicienliam materiae; quae ex
utroque ad sufficientiam sane et ad attractionem et ad privationem.
E loco autem ad sanationem mali temperamenti, quomodo? — Si quidem proximum est
membrum ita ut tangat illud pharmacum dum servatur vis ejus, phannacum quod habet
vim sulTicientem ad sanationem doloris ejus adhibemus; si autem remotum, ita ut non
persistât vis pharmaci usque dum ad illud perveniat, addere opportet ad vim pharmaci,
quantum scimus minuendam esse in via inde percurrenda; itaque quando oesophagum
et ventrem sanamus, pharmacum quod possidet vim sulTicientem ad sanandos dolores
eorum adhibemus, quia sine intermedis attingit illos; quando autem pulmonen\ sanamus
magis energicos decet facere pharmaca ejus, secundum quantitatem membrorum quibus
transeunt antequam ad eum perveniant.
Et quibus membris transit vis pharmaci quod ad pulmonem adhibetur? — In musculis
pectoris necesse est ut transeat vis ejus; et in ossibus costarum, et in adipe circum-
cingens, et in adipe ipsius pulmonis, et postea tangat ilium et insidat in substantiaejus.
Interne autem necesse est ut transeant pharmaca buccam et guttur et ventrem, et
ostiariam et jéjunum, et venas quae in mesenterio, et illas quae in tenuitate jecoris,
et illas quae in gibboso, et arteriam profundam, et cor, et postea perveniat ad
pulmonem.
Omnimodo igitur accidit eis quae ex externo adhibentur, ut infirmetur vis eorum in
transitu per membra praedicta; eis autemquae internius, ut infirmentur in transformationc
quam accipiunt in unoquoque membrorum per viam, et ut bibantur in commixtione
cum aliis materiis.
Ex participatione quidem relate ad sudicientiam materiae, quomodo? — Cum autem
materiam quae in jecore volumus ut sufliciat, si est quidem in latere ejus tenui, per
pharmacum purgans idoneum facimus, quia visceribus praesertim participât tenuitas
(,) Gall. «veine-porte».
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
128
J..B. CHABOT.
jecoris; si autem in ejus latere gihhoso, |>er urinam illud idoneuin facimus, renihus
enim praescrtim participât gibl>ositas jecoris.
18 Ex loco et participatione simul relate ad* sufficientiam et attractionem et privationem,
quomodo?— Ut catarrhus fluat in aliquod inembrum, si quidem adhuc Huit, decel ut
ilium attrahamus e loco sanc remoto et opposito ac comminicet situs in rectitudine; si
autem jam interruptus est ejus fluxus, attractionem et privationem facimus.
Attractio autem e loco remoto et opposito, quomodo? — Si quidem sursurn est mem-
brum inferne facimus evacuationem; si autem deorsum , superne.
Attractio autem e loco communicante quomodo? — Si quidem in sinum définit mate-
ries, versus ubera attrahimus eam ; si autem in aliquo membrorum jugulo superiorum per
venam exteriorem quæ in manu facimus evacuationem; si autem in aliquo membrorum
jugulo inferiorum, |>er venam interiorem.
Attractio autem e loco qui est in recta positione, quomodo ? — Si quidem in latere dex-
tcro est dolor e manu vel e pede dextero facimus evacuationem; si autem e latere sinistro,
e manu vel e pede sinistro.
Attractio autem et privatio catarrhi cujus jam cessa vit fluxus ejus, quomodo ? — Si qui¬
dem fluxus qui obtigit meinbro noudum per longum ternpus transit in illud e loco pro-
ximo et communicante cum illo membro, facimus ei attractionem, sicut materiei quæ io
utero, ex carpis et femoribus; si autem longum ternpus transiit ex quo inembrum patitur,
facimus aperturam et perruptionem, quemadmodum in angustiis venas quæ sub lingua
amputa mus.
E vigorc membri quot modis desumimus demonstrationem quoad ejus sanatiouem? —
Tribus modis. — Quinam ? — Primus-quidem, inde quod est principium vigoris ccteris
menibris, sicut cerebrum, et cor, et jecur. Secundus, inde quod oiTicium generale quod toti
corpori utile est operatur, sicut venter et diaphragma. Tertius, ex hoc quod sensibilitatem
magnam et acutam possidet, sicut oculi.
Ex hoc quidem quod principium vigoris est ceteris membris, aut oflicium generale utile
facit, quomodo ? Si quidem principium vigoris est ceteris membris aut oDicium generale eis
omnibus utile facit, quando necesse est ut ei applicemus aux ilium, propter illud et propter
inembrum aliud, cavere oportat in applicatione oorum, et ab hoc sane quod subito solvamus
vigorem membri, et ab hoc quod fortiter excavernus, et ab hoc quod qualitatem non con-
gruam applicemus; si autem non est principium vigoris ceteris membris, neque oflicium
generale facit quod utile est omnibus, auxilia applicamus ei, prout quodque indiget.
19 Cautio quidem ne * subito solvamus vigorem membri, quomodo ? — Quando jecori aut
ventri necesse habemus adhibere medicamentum dissolitivum miscemus in pharmacis disso-
lutivis pharmaca alia astringentia et aromatica : et hoc quasi ad custodiam vigoris horum
membrorum.
Cautio autem ne fortiter excavernus, quomodo ? — Quando venter aut jecur in aliquo
erit debilis uaturaliter, abstiuere debemus quin aquam valde frigidam ei bibere faciamus in
febri : ni mis ardens est.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
129
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
Cautio vero ab applicatione qualitatis non congru®, quomodo ? — Quando necesse habe-
mus roborare ? Corpus prohibemur dare scamoniam aut euphorbiam ei cujus venter aut
jecur debile est, aut aliquid quod corrigat qualitatem pharmaci iniscemus cum pharmaco
purgativo, ita ut non dissolvatur vigor ventris aut jecoris.
Ex accu rata autcm sensibilitale membri, quomodo ? Membre enini non sensibilia et ea
quorum parva est sensibilitaseorum, una vice applicamus eis quantitaiein pbarmaci qua
indigent, etiam si sit pharmaeum valde forte et pungens : non enim dissolvetur vigor eorum
puuctionibus et vehementia pharmacorum. Membre enim magn«æ sensibilitatis quando
pharmacis violentis et pongentibus vexantur, dissolvetur vigor eorum, ideo non multum
neque subito una vice oportet applicemus eis auxilia quæ vehementer vexant, sed spatio
temporis prudenter.
Demonstrationes quæ, e quatuor rcgulis spectantibus ad sanationem uniuscujusque mem-
brorum specialiter, desumuntur e loco qui |>atitur, quot et quæ sunt ? — Potius dicenduin
est illas esse quinque, sicut jam dictum est. Una quidem, ilia quae e temperamento mem¬
bri aptat et déterminât mensuram auxilii ejus sanativi. Secunda, ilia quæ e generali oflicio
membri définit quantitatem auxilii, velut in doloribus diapbragmalis aut ex hoc quod vigor
generalis dilTunditur in totum corpus, velut in doloribus cordis. Tertia, ilia quæ e
formalione membri conducit ad modum evacuandi illud quod in eo includitur. Quarta
autem, ilia quæ e positione membri et e communicatione quam habet cum ceteris mem-
bris : manifestât de fortitudine et debilitate ipsius auxilii, et circa modum utendi illo.
Quinta autem, ilia quæe mensura sensibilitatis membri deGnit mensuram vigoris pbarmaci
quoties applicandum sit.
* Quot sunl signa sanantium ? — Decem. — Quæ sunt ? Illud quod desumitur e specie * p- *o
ipsius morbi; et illud quod e causa ejus elTiciente, et aliud e vigore ægroti, et aliud quod
e temperamento acquiri potest et quod est extra naturam ejus corporis; et aliud quod ex
ejus temperamento naturali; et aliud ex ejus stature; et aliud ex ejus consuetudinc; et aliud
e terapore anni; et aliud ex loco; et aliud e conditione æris.
Quot modis dicitur aliquid esse calidum ? — Duobus modis. — Aut enim in actu dicitur
aut in potentia. In actu quidem, velut ignis; in potentia autem, velut pyrethrum et
pipera.
Quid est esse in potentia, et quot modis dicitur ? — In potentia dicitur id quod quidem
existât, sed autem non est adhuc ut dicitur, potest tamen esse. Dupliciter autem hoc est.
Exit enim in actu, aut in mutatione; aut in essentia; in mutatione quidem cum servatur
species ejus, sicut album quod rubescit; in essentia autem cum transformatur, sicut panis
qui sanguis quidem est in potentia, cum foetus est sanguis transformata est species ejus et
non manet panis.
Quot modis dicitur id quod nos calefacit ? — Duobus modis. — Aut enim quando quali¬
tatem caldarn quæ in nostris corporibus auget calefacit nos, aut quando substantiam nos-
tram auget. Et illud quod quidem qualitatem caldarn quæ est in corporibus nostris augenrio
calefacit nos, pharmaeum calefactorium appellatur. Et illud aut potentia est caldum, aut
«OT. KT K\TH. — T. XLIU. • »7
kirionu.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGÀN
130
J.-B. CHABOT.
in actu; in actu quidem ut ignis, in potentia autem non secundum materiam sed secundum
speciem. Species autem est aut valde propinqua, aut plus minus propinqua, aut plus vel
minus propinqua : valde propinqua velut venenum viperarum, minus propinqua velut
cantharidis : et ambo perdendo perdunt nos : letifera enim sunt hæc duo généra; plus minus
propinqua, velut pyrethrum et euphorbia.
Illud autem quod substantiam nostram augendo calefacit nos, rursum aut in potentia
est, aut in actu : in potentia quidem, velut juvenculus formosus carnibus quæ circumda-
bunt ventrem; in actu autem, sicut nutrimentum.
Quot modis operatur quidquid ingreditur corpus ? — Tribus modis. — Quia ex eis quæ
corpus ingrediuntur, alia quidem totaliter vincuntur corpore, alia autem totaliter vincunt
* p. ai illud; alia vero in initio quidem vincunt, # in fine autem vincuntur. Et ea quidem qui tota¬
liter vincuntur nutrimenta appellantur, ca autem qui totaliter vincunt, ph;<rmaca; ea vero
qui in initio quidem vincunt, in fine autem vincuntur cibi pharmaceutici appellantur.
Quot et quae sunt généra pharmacorum? — Quatuor. — Quaedam enim cum non
mutantur a nobis, mutant nos. Et ilia sunt occisores. Occidunt enim per aestum, velut
venenum viperarum; aut refrigeratioue, velut opium. Alia quae a nobis transformantur,
vicissim transformant nos et pervertunlcorpora nostra. — Mutantur autem cum attenuantur,
velut cicuta, vel cum putrefaciunt, velut cantharides; et haec etiam pervertunt corpus. Alia
transformanlur a nobis et vicissim transformant nos, nam nimium calefaciunt nos, velut
pyrethrum, et castoreum (1 ); ilia quidem initio transformant nos, postea cum transformarentur
a nobis substantialiter augent calorem qui in nobis; et si sunt maxime calida, velut caepae
et allium, et si sint maxime frigida, velut lactuca et decoctio hordei.
Quare sunt quatuor généra pharmacorum? — Quia illud quod adhibctur corpori vel
aequale est virtute corpori, et operalur in eo corpus, et vicissim patitur ab eo et vocatur
simpliciter pharmacum; vel fortius est quam corpus, et non potest corpus agere in eo et
mutare illud, sed ipsum mutât corpus. Et istud omniniodo corruptor et occisor, aut poten-
tius eo corpus et mutât illud et simile est ei in substantia sua et vocatur alimentum. Et etiam
ipsum mutationem omnimodo facit in membro. Haec autem mutatio vel manifesta est
sensibus, vel non manifesta ab initio sed post spatium temporis manifestatur, et alimentum
hoc quod facit mutationem manifestam alimentum pharmaceuticum vocatur, velut lactucae
et allium. Haec enim antequam digestionem accipiant lactucae quidem refrigescunt, ideo
etiam somnum faciunt; allium calefacit, ideo sitim excitât; postquam vero digestionem
acceperint, augmentum tantum faciunt in quantitate essentiae, non autem etiam mutationem
in ejus qualitate.
Quare ex pharmacis quae vi calefaciunt aut refrigescunt alia quidem cum adhibentur cor¬
pori externe laedunt, interne autem non laedunt, velut caepae et allium, alia autem interne
• p. n quidem laedunt externe* verum non laedunt, velut <erussa, alia autem externe et interne
proficiunt aut laedunt, quia prima, caepas inquam et allium et similia, cum adhibentur in
(,) Littér. «testiculi fibri».
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
131
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
extcrioritatecorporis tumorem faciunt, cum autem intra corpus sumuntur non faciunt; et hoc
ob sex causas : una quidem quia mutati mera accipiunt in ventre et in jecore; secunda, quia
miscentur chymisqui ineoet diminutus est vigor eorum ; tertia, quia cum aliis cibis sumun¬
tur; quarta, quia non rémanent in uno loco, sed migrant de loco in iocum; quinta, quia
cum dividuntur id quod in eis utile est nutrimentum fit cor|>ori, id autem quod non utile
est expellitur et evacuatur; sex ta, quia in mensura sumuntur et in tempore congruenti ; si
autem non ita sumuntur, laedunt. Cerussa enim et cetera pharmaca cum interne sumuntur
laedunt, externe vero non laedunt, propter eorum crassitudinem. Inter pharmaca enim,
quae tenuia alacriter fundum occupant, quae intumescunt cum spatio temporis ; quae interne
et externe proficiunt aut laedunt, minuta sunt in partibus suis, sicut venenum viperarum,
et pituita e morsu canin rabidi, quae laedunt ex utraque parte; et glutinum et spica quae
ex utraque |>arte proficiunt.
Quare vinum quando quidem interne adhibetur calefacit, externe autem non calefacit?
— Interne quidem calefacit vinum quia cum transformatur a corpore et ei assimilatur,
alit iliud, externe autem non calefacit quia non transformatur a corpore; non enim occurrit
in ao calor naturalis qui iliud transformet et assimilet ; neque enim quotiescumque sumitur
intra corpus calefacit, sed tantum quando in mensura sit, queinadmodum alimenta; haec
enim si sint mensurata in quantitate augent calorem naturalem et addunt essentiae ejus;
si autem supra mensuram fuerint, angustiant et dejiciunt illam : velut ligna multa quando
congeruntur supra ignem deficientem. Sic itaque etiam vinum; si mensurate sumitur
calefacit eo quod nutrit, si autem nimia mensura, refrigescit.
Quare nonnullis vicibus pharmaca mortifera sumuntur et non occidunt ? — Quia propter
paucitatem eorum quantitatis, et mirabile hoc nullo modo est. Ecce* enim partes ignis * p. *3
valde minimae, non tantum non urunt, sed non quidem calefaciunt; ita autem etiam partes
minimae nivis. Et propterea non decet ut dicamus ignem non esse calefactorem eo quod
partes ejus minimae non urunt sed decet ut profiteamur pharmaca mortifera non ex quan¬
titate eorum sed ex oppositione corporum nostrorum.
Quare opium calefacimus, ita ut in operatione calidum sit, refrigescit corpus?! 11 — Eo
quod calidum, aut accidentaliter est aut naturaliter, et panier frigidum; in omnibus qui
dem eorum actionibus vicit vis naturalis illam accidentalem et vis naturalis permanet;
ilia autem accidentalis prompte mutatur, et inde debemus distinguere quod accidentaliter
calidum aut frigidum est ab eo quod naturaliter.
Quot et quae sunt regulae examinis pharmacorum simplicium ?
Quodcumque pharmacum examinandum est, quam vim possideat, per octo régulas.
Una quidem ut sit destitum iliud pharmacum omni qualitate acquisita aut accidentali;
serunda, ut dolore simplici aestimemus vim pharmaci, et non in composito. Tertia autem
ut morbis oppositis adhibeatur. Quarta ut sit aequale vi sua pharmacum morbo cui adhi¬
betur, ita ut manifesto videatur ejus operatio. Quinta ut videamus, uum statim cum applica-
l) Le passage parait altéré ou incomplet.
* 7 *
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
132
J.-B. CHABOT.
tione ejus calefaciat aut réfrigéré; si enim post tempus calefarit duni initio refrigerabat,
per accidens caiefacit; vicissim si post tempus réfrigérât dum initio ralcfaciebat, per
accidens réfrigérât. Sexta autrui decct ut examinemiis num totum corpus et constau-
ter refrigescit aut caiefacit. Si enim ita est, naturaliser agit; si autem non, per accidens.
Scptima, oportel ut in co ad quem est pbarmacum calefaciens vel refrigescens, et non in
alio, aestimemus illud ; si enim, erga hominem, inquam, est pbarmacum calidum eo quod
t
caiefacit corpus humanum, den t ut dicamus illud calidum et non e comparatione animalis
alius, aut cor|>oris alius. Neque enim quia refrigerator cnrporis humani est cicuta, etiam
sturnoruin est refrigerator; neque quia helleliorus est alimentum coturnicis, ita est
hominis.
Octava est ut distinguainus alimentum a pharmaco; cum scimus pharmacum esse cale¬
faciens aut refrigescens in affinitate, alimentum autem in augxnentum substantiae nostrae.
P* *4 Numquid est alia via, praeter illam per régulas* quac dictae sunt, qua possibile sit ut
inveniamus vires illorum pharmacorum ? — Est sane, non una, sed quasi ex abundantia
plurimae. Alia quidem e facilitate transformationis et diflicultate transformationis; et alia
ex facilitate conjunctionis et diflicultate conjunctionis; et alia e gustu, et alia ex odore, et
alia ex colore.
Quomodo e facilitate transfomiationis et dillieultate transformationis cognoscitur vis
pharmaci?— Pharmacum quod facile transformatur per ignem, calidum est vi sua, non
tamen etiam corpus humanum necessario calefacitquod taie sit, sed tantum quandoerit tenue
in ejus essentia; et unitum ei et abundans; si enim sit spissum partibus suis aut dissolutum
corpus ejus, possibile est ut ab igné facile transformetur, non autem ideo etiam a calore
qui est in nobis, et propterea etiam non caiefacit nos.
Undenam cognoscitur quod hoc tantum quod est tenue et compactum, aequaliter pati-
tur ex ambobus caloribus, ille sane ignis, et ille corporis humani.
Quod est spissum et dissolutum calore quidem ignis facile vincitur, ab ilio qui est in
corjxire non facile.
Oleum sane quod valde facile inflammatur non facile neque manifeste caiefacit hominem;
stipulae siccae et rines quæ quidem prompts? sunt combustioni cum ignem tangunt, tamen
cum nobis applicantur non calefaciunt nos.
Quare oleum quod facile est inflammari natura sua non statim caiefacit corpus huma¬
num cum adhibetur ei?— Quia |>er viscositatem et crassitudinem essentiae ejus modo
arduo solutionem obtinct in partibus quas primum attingit, et propterea usque tempus
protractum manet ic omnibus corporibus eo unctis. Quia ab acre non potest facile comminui
et dissolvi sicut aqua, neque intra corpus deducitur. Et notitiam hujus rei accipe : inde si
in aliquo vase projicias aquam et oleum et misceas ea, aqua primum eonsummatur.
Quare stipulae siccae et crines quae lacilitatem combustionis quidem possident corpus
autem humanum non calefaciunt? — Propter duas causas. — Una est essentia ipsius
caioris; alia natura materiae. Ignis enim eo quod prae omnibus corporibus subtilis et cali-
P- *5 dus est, in profundum rerum quas inflammat pervenit facile, et dividit, et extenuat* ac
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
133
mutai eas in naturani suam; calor autem corporis humain, praeterquam quod crassus est
et vaporosus, debilior est ut facile posait mu tare id quod ei accedit. Omnia erg») quae corpus
calefaciunt, indigent ut primum ex calore qui in eis est ntutentur, ut vicissim calefaciant
illud. Et haec est quidem causa ex essentia calefactionis ; causa autem ex natura rei
est quod imposai bile est ut separentur quae solide componuntur, debent autem quae futura
sunt ut calefaciant corpus in partes valde minutas dividi ut facile operentur, cum agit in
eis calor corporis
Propterea facultas quae est ,in pharmaco, quantum respondet comminutioni et cribra-
tioni, magis quant ilia quae apud nos, calefacit corpus.
Oistindio autem inter facilitaient transmutationis et dillicultatem iransntutationis per
ignem iam manifesta est : ergo decet ut manifestetur quod ex facilitate coniunctionis et
diilicultate coniunctionis. Antbae bac distinctiones necessariae sunt in huiusmodi examine,
sed ilia prior in eis quae vi calidae sunt usum hal>et, ilia autem posterior in eis quae frigidae.
Ex eis itaque quae simili modo sunt tenuitatc et crassitudme substantiae, id quod nimis
arcte collegit e frigiditate magis frigidunt est in lem|>eranteitto suo. Quae pari modo non
sunt tenuitateet crassitudine, si unum eorum est frigidunt etallerum crassum ambo siittul
coliiguntur, magis autem aestimatur ligatum propter duritiem substantiae illud quod
magis crassum; si autem magis frigidunt est quant alterum crassum, vel id contrarum,
non possibile est ut aequali tetnpure ligant, sed quod magis irigiduitt aut ntagis crassum iit
tempore magis brevi, quod minus frigidunt aut minus crassum in tentpore magis protraclo.
Itaque autem proût maxime aut minime sit durum unumquodque iuxta comparationem
magnitudinis praecellentiac ejus necessario tractandum est.
Duas quidem vias quae quasi ex abundantia ingrediuntur, in examine vis pharmacorum
simplicium clan* exposuit sermo.
Iam autem decet ut explicetur via tertia quae per gustum pharmaci ducit ad cognitionem
vis ejus. Quia ex quatuor elcmentis componuntur omnia corpora cum non sunt aequalia in
comrnixtione eorum, * proprietates multae sunt corporibus ex inaequalitate commixtionum 1
elementorum, et eliant proprietas gustuum ex ilia inaequalitate constituta est; et quia
plures gustus ad organum distinctum eorum qui fautiliares vel extranei sunt corpori, lit
nécessitas ilia quae est lingua et quemadmodum magis sensibilis lit ilia, nervi mulli coa|>-
tuntur in ea;sexenim nervos habet naturaliter, ita ut pntpter excessivam sensibilitatem
ejus non soluin calorem et frigus, humiditatem et siccitatem percipiat, sed eliant id
quod est fantiliare vel non familiare. Quia autem alia sunt ntagis fantiliaria vel extranea
naturae, et alia minus, necessario plures sunt modalilates gustandorum.
Et quoi et quae sunt modalilates gustandorum? — Compositarum quident nulla : quia
in excessu vel imminutione commixtionis habent subsistentiam ; simplicium autem octo :
et sunt acerbitas, antariludo, acuitas, aciditas, conflatio, salsedo, pinguedo, dulcedo.
Undenant nascuntur illi gustus octo? Ex diversa substantia essentiae corporis gustandi
et ex ejus temperamento. — Quomodo? — E ntuUtione essentiae ipsius gustandi. Si enim
densa est in parti bus suis essentia ejus, dulce facit illud, vel acerbum. vel amarum ; si autem •
16
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
J.-B. CHABOT.
134
tenuis in parlihus suis est essentia ejus, vei acutum facit illud, vel acidum, \el pinguem.
Si autem media est inter tenuitatem et densitatem, vel conslringens facit ilium vel salsum.
Quomodo e mutatione temperamenti ipsius corporis gustati? — Si est calidum vel ama-
rum fit, vel acutum, vel salsum. Si est frigidum, vel acerbum fit, vel acidum, vel conda-
tum. Si autem ejus temperamenlum medium est inter calidum et frigidum, vel dulce fit
vel pingue.
Cum comhinuntur mutationes substantiae essentialis cum mutationibus temperamenti
corporis, quot et quae combinationes constituuntur? — Novcm combinationes fiunt ex
compositione eorum invicem.
üna ex illis sine gustu facit corpus : ilia, inquam, in qua congregantur ambae
medietates simul, baec densarum partium et tenuium partium, et ilia calefactionis et
frigiditatis : octo quidem gustus acquirunt ei.
*7 Et corporis quod non possidet gustum quae sunt ‘mutationes ejus, et quale est, et
quomodo vocatur?
Vocatur quidem corpus, et sicut illud insipidum, velut aqua pura. Mutationes ejus sunt
duae: vel enim siccum est in substantia sua vel viscosum ; illud quod est siccum viscatum
vocatur vel obstaculum, illud quod est viscosum, insipidum appellatur. Exemplum accipe :
hujus quod est siccum, amylum, thuthiam, cerussam, scoriam, calcem, cum diligenter
sit purgatum unumquodque eorum : hujus quod est viscosum, oleum quidem dulce, et
albumen ovorum, et coagulationem lactis, et adipem porcorum, et ceratum mixtum
lotura.
El composita octo quae possident gustum, quomodo constituuntur? — Quatuor res
inveniuntur in illis composais, densitas partium et tenuitas partium. et calliditas tempe-
ramenti, et ejus frigiditas. Ex compositione quidem partium densium cum calliditate aut
frigiditate temperamenti très mutationes constituuntur; ex compositione autem partium
tenuium cum tribus aliis (l ). E compositione quidem medietatis inter eas, cum istis,
duae (mutationes).
Et quae sunt très mutationes quae ex compositione densium partium quae cum cale-
factione, et frigiditate, et medietate inter istas constituitur? — Si enim cum frigiditate
temperamenti comhinctur densitas partium essentiae, gustum asperum générât; si autem
cum calefactione combinetur, gustum amarum; si vero cum medietate inter calefactionem
et frigiditatem combinetur. gustum dulcem facit.
Quaenam sunt très mutationes aliae quae fiunt ex combinatione tenuium partium cum
tribus dictis tempera mentis? — Si enim cum calefactione temperamenti combinetur
tenuitas partium essentiae, gustum acutum générât; si autem combinetur cum frigiditate,
gustum acidum general; si vero cum medietate inter has duas modaütates, gustum
pinguem.
Quae sunt duae mutationes reliquae quae constituuntur e combinatione medietatis inter
(,) Question évidemment incomplète.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
135
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
densitatem partiumet tenuitatem parti uni cum calefactionc et frigiditate ? — Si quidem cum
frigiditate combinetur haec raedietas, gustum conflatum générât; si autem combinetur cum
caliditate, gustum salsum ojieratur. 'Quornodo inviccm distinguuntur dictae quaiitates gus- ♦ p. *8
tativae ? — Quando quidem corpus ad linguara accedit nibil omnino facit in ca, ita ut
non molestiam neque voluptatem eo percipit, cum ab ea tangitur : insipidurn dicitur et
insulsura; quando autem accidit ad eam exsiccat illara et colligit illam et indurescit illara,
si haec vehementer operatur in ea acerbum dicitur, si autem non vehementer, constringens
et astringens nominatur. Cum nullum ex eis in ea operatur, sed omnino contrarium,
purgans et mundans, etiam si aliquid ex constringentibus adhaeret ei, salsum dicitur; et
si vehemens est purgatio ejus etiam nitrosum vocatur; cum autem magis quara iliud sit
purgans, ita ut etiam induret moleste, amarum nominatur.
Quando autem mordet et manducat, cum calefactionc vehementi, acutum dicitur; quando
vero sine ilia calefactione mordet, praeter quam quod ebullire facit, acidum nominatur.
Quando autem sicut id quod obduxit et placavit et implevit et satisfecit partes linguae
quae indurata est, et sicut iliud quo impeditus est tactus ejus; si quidem cum voluptate
manifesta tangit illam; dulce dicitur; si vero sine hac, pingue.
Species singulorum gustuum, et quornodo cognoscitur. sermo jam clare exposuit. Nunc
autem decet ut addetur eis etiam species odoris, et jam ut explîcetur priraum quornodo sit
odor respectu gustus, et quornodo in plurimis invicem concentrant odor et gustus.
Multae enim exhalationes ad instar gustuum afliciuot nos. Ecce enim acetum, et omniae
quae aciditalem faciunt; sicut etiam quae acuta sont, album inquam, et caepae,
non minus quam gustu molestant etiam exhalatione. Et sic quoque in ceterorum singulis
similis est in pluribus sensatio odoris illi gustus. Et propterea sunt certa corpora quae
nunquara gustamus ob eorum fastidium sicut fimus et edulia foetida quorum odor mo¬
lestât nos, sed notus est nobis gustus eorum ex eorum odore; ideoque minime consentimus
ea gustare quia valde fidem habemus odoratui. In multis autem, praesertim in eis quorum
valde suavis est odor eorum, velut rosa, difTerunt et valde distincti sunt odor et gustus ;
vere ergo non sunt invicem convenientes olfactio et degustatio.
Quare in rosa non respondetgustatio olfactioni ? — Quia facultas gustativa quae inest, quae
est composita ex amaro et acerbo et aquoso, 'non similis est partie»’ 1 ». Acerbum enim, ♦ p.
sicut dictum est, crassum est et frigidum, amarum autem subtile et calidum, aquosum
vero insipidurn, et propterea etiam frigidum et mediam inter subtilitatem et crassitudinem.
Esseutia autem olfaciendorum vaporea est et fit in ventriculis cerebri. Vapores autem qui
fluunt e corporibus cum miscentur in aere et per halitum narium attrahuntur in cerebrum
capitis, excitant sensibilitatem olfactivam, ut odores corporum percipiat. Et proptera omnia
corpora quae pocsident odorem etiam caldi sunt necessario. Multitudo enim vaporura omni-
modo ex calore fit. Ergo merito non concentrant invicem in rosa hae duae sensationes,
quae in plerisque corporibus consentire inveniuntur.
Quot et quae sunt généra olfaciendorum, et quare variant? — Généra eorum sunt
quidem duo! Suavia odore et foetida odore; suavia odore quidem in similitudine dulcis pro
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
136
J.-B. CHABOT.
lingua, foetida autein odore in similitudinem non dulcis pro lingua. — Ah invicem autem
diiTerunt hae duo gênera per allinitatem et non anTinitatem spiritui aniniali qui in cerebro
capitis. Sicut enim e gustibus qui percipiuntur par linguam, quod quidem adine est dulce
est, quae autem non aflinia varietates militas possèdent; ita etiam vapores. Qui enim affines
sunt spiritui qui in cerebro amati sont et jucundi, illi autem qui non sunt ei affines, cum
varietates militas possident, odiosi sunt omnes et injucundi.
Et corpora quae non possident odorem, quare privata sunt odore? Et qualia sunt? —
Corpora quae non hahent odorem, vel quia valde minime duunt ab eis vapores, non
dant odorem, vel quia vapores ab eis duentes non unguunt sua substantia fora mina
ollactionis ; ideo acida et acria, quia subtilia sunt in sua substantia, odorem congruentem
gustui eonim dant. Salsa autem et acerba non dant odorem, quia utraque quidem spissa
sunt, et unum ex illis etiam frigidum, et propterea, etiam quod duit ex illis minimum est
et crassura, et terrestre in sua substantia, et ideo per halitum non ingreditur in cerebrum.
Ergo tuto est vel non quod ex odore pharmacorum quae possident odorem decernere
possumus aliquid quoad temperamentum eorum sicut e gustu decernimus?
* Ut quidem decernamus ab odore quoad temperamentum, possibile est non tamen tuto;
quia ab illo cognoscere tantum possumus haec quae supra dicta sunt; dico nempe calidum
esse id quod dat odorem tenuem, quantum autem calidum vel tenue, non adhuc possumus
scire inde, ex gustu autem constanter fulget decretum temperamenti rei gustandae.
Quare delinitio ex odore non «tut* est, ilia quae e gustu tuta? —Quia in odore
quidem non ex omnibus partihus rei olfaciendae emittuntur exhalationes quae dant odorem,
neque pari modo si emittuntur excitant sensum odoraticum. In gustu autem omnes partes
rorporum gustandorum pari modo tangunt linguam et excitant sensum gustativum,
unaqtiaeque juxta suam naturnm. ldcirco tutior est definitio ex gustu quoad tempera*
mentum pharmaci, quam ilia ex odore.
Quaenam causa facit quod nihil manifesto demonstratur ex odore, quoad temperamen¬
tum ? Quia multa corpora non similibus partihus sunt in sua com|>ositione ; primum ex
démentis non paritatem habentihus essentiae eorum, est causa quae valde auget in
omnibus corporibus quae possident odorem cur nihil manifestum demonstret odor eorum
quoad eorum temperamentum; ilia autem quae non possident odorem crassitudo essentiae
eorum prohibet ne ex eis emittant exhalationes; quomodo sint in cal idi ta te et frigiditate,
non cognoscitur inde; ilia autem quae habent odorem, manifestât odor eorum quod tenuia
sunt et calida : quanta autem sit tenuitas et caliditas eorum, non demonstratur inde.
Ideoque neque tuta est coudusio ex odore eorum quoad plénum temperamentum eorum.
Quomodo causa inaequalitatis et dissimilitudinis parti uni essentiae nihil manifestum
ostenditur quoad temperamentum ex odore sicut e gustu? — Hac de rc exemptum accipe
ex rosa. In hac enim aliquid est acerbum, aliquid amarum, aliquid aquosum. Quod est ex
acerbo terrestri necesse est ut sit densum et frigidum, quod est amarum ut sit tenue et
calidum, id quod est aquosum frigidum et medium inter tenue et crassum et hac de
causa liquidum. Acerbitas et amaritudo rosae non dominantur, odor autem ejus jucun-
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 137
ditatem possidet, quia eum ex calore se|wuas hanc liquiriitatem * tennis fit et se calefacit * p. 3i
facile dissolutus in vapores; propterea gratus est odor rosae et prompte dissecatur, et
quoad haec omnia e gustu possihile est ut slatuamus quod inveniuntur iorosa. Ex odore
autem non possihile est : non enim oinnis |>ars quac in ea emittitur in evhalationes, ut
dictuin est, ncqùe eo modo operantur omnes in olfactione.
Undenam cognoscitur non similibus [>artibus esse rosam ? — Prlrnum, eoquod sit in ea
aliquid includens et aliquid inclusum; includens quidem id quod est durum et terrestre;
inclusum autem in hoc chylus quidam humidus, qui est succus rosae, qui omnino très
virtutes necessario habet, sicut ceteri succi. Secundo auteiu cognoscitur non similibus
partibus esse rosam ex hoc quod très illae virtutes quae inveniuntur in succu ejus, naturas
diversas pnssident : una enim ex illis terrena est, quae comparatur faeci quae perturbât
vinum; altéra aeria est, quae comparatur floribus qui adscendunt et natant super
vinum; tertia autem liquida est, quae occurit in omnibus succis, causa est non solum
ebullitionis eorum, sed et corruptionis eorum qui corrumpuntur.
Et quando fit haec aquositas causa ebullitionis chylorum, et quando destructionis
eorum; et quorum ope prohibetur quin corrumpat; et quare non corrumpunt etiam duae
aliae su perd ui ta tes ? — Ebullitionis chylorum causa Gt calor naturalis qui est in chylo vel
in succo; impediet quin superet superfluitatem quae in eoetfaciat ei solutioncm; destruc*
tionis autem eorum quando nec calore vindtur, neque pei/ecte in tempore ebullitionis. —
Prohibetur autem ille excessus quin noceat succis aut per coctionem dum coquitur ille
succus igné, ita ut aquositas consumatur, vel per arefactionem ipsius sicci in sole valde
ardenti. Duae autem superfluitates aliae : aeriae et impurae, non consumunt succos prop-
ter duas causas : una quidem quod brevi separantur ex essentia propria ejus succi sicut
videre possumus per sensationem : altéra autem, difticultas putrefactionis quae est in
natura essentiarum eorum. Et hoc propter quod in temperamentis suis sicci sunt.
E gustu magis tuta est conclusio de vi phamacorum simplicium, ex odore autem
minus tuto maoifestatur ; ut autem e colore concludamus circa illud\ quomodo se * p. 3i
habet?
Quam maxime incertum est ut e colore pharmacorum animadvertamus de vi eorum. Et
hoc quia in singulis coloribus inveniuntur pharmaca calida, et pharmaca frigida, et phar-
maca humida, et pharmaca sicca. In unoquoque tamen généré serainis vel radicis vel succi
possihile est ut etiam e colore quaedam manifestatio desumatur de ejus temperamento. —
Quomodo? — Vinum et scilla et caepae, quotiescumque albescunt parum calida sunt,
quotiescumque flavescunt et déclinant ad claritatem magis calida sunt; ita etiam triticum,
milium, phaseolus, ciceres, et radix iridis, et ilia asphodeli et multa alia similia pari
modo significant in quocumque horum geoerum plerumque.
Ilia quae flavescunt aut rubcscunt magis calida sunt quam ea quae albescunt. Et sic
sumenda est demonstratio e colore quoad viin pharmaci. Valde congruum et magis tutum
quod ex experientia definitur, quae juxta régulas ab initio dictas facta est, quisque inve-
niet vim pharmacorum. Antequam per experientiam nestimemus et probemus ea, g us tus
SOT. RT E1TB. T. XUII.
18
IMI't'. IIIBBIB ktTIOUU.
Digitized by
Go 3gle
Original from
UNIVERS1TY OF MICHIGAN
138
J.-B. CHABOT.
plerumque demonstmt vim comm dum parum confirmât gustum etiam odor. Color autem
minus quam duo alia ducit ad inventionem eorum vis.
Et haec sunt viae quibus decet gradi ad inventionem virium pharmacorum sim-
plidum.
Quot sunt regulae quantitatis sumendae pharmacorum, et quare inter pharmaca alia
quantitatc majori alia, minori sumenda sunt? — Begulae quidem sunt duae. Earum
una est simplex et altéra composita. — Simplex autem qualis? — Pharmaci quidem
simplick validi vi sua quantitatem parvam decet injicere in pharmaco composito. E
pharmaro simplire debili vi sua quantitatem plurimam decet projicere, ita ut compleatur
sua quantitate id quod deest qualitati. Bursum e pharmaco cujus plures sunt ejus
usus, quantitatem plurimam decet iujicere, ut possit compleri quantitate id quod ei
desideratur.
Composita autem qualis?— E pharmaco quidem valenti vi sua et multiplices usus
• p. 33 ejus, quantitatem moderatam decet injicere : non enim congruit ut multiplicetur, * in
quantum potens, neque ut minuatur in quantum plurcs usus ejus. — E pharmaco autem
valeoti vi sua et pauci sunt usus ejus, quantitatem valde minimam decet injicere, quia
valet potentia sua complere usum qui desideratur. — Bursum a pharmaco debili vi
et multiplici usu quantitatem valde magnam decet injicere, ita ut quantitate suppléât
id quod complendum erat in potentia vis ejus. E pharmaco autem debili vi et paucis
usibus, quantitatem moderatam injicere decet, nec plus nec minus. Non enim decet
ut augeatur propter parvum ejus usum, neque ut minuatur propter debilitatem vis ejus.
Quot sunt regulae projectionis pharmacorum simplicium in compositis? — Duae. —
Quaenam? — Vel enim propter scopum cui componitur pharmacum projicitur, velut caro
viperarum in theriacis; vel propter unumquodque pharmacorum quibus componitur
pharmacum. — Quomodo? — Propter unumquodque pharmacorum quibus componitur
pharmacum : vel ut mutet qualitatem damnosam quam possident pharmaca, vel ut
augeat et confortât vim eorum, vel ut imminuat et deficiat, vel ut transmittat eorum
virtus in corpore, vel ut conservetur vis eorum. — Quomodo? — Ut mutet qualila-
tem damnosam quam possident, sicut cum scamonia projicimus pipera et anisum,
ut augeatur autem vis eorum pharmacorum, sicut projectio iridis et acori et agarid in
theriaca; ut minuatur autem vis pharmacorum, ut projectio gummi in tberiaca; ut facile
autem deducatur vis pharmacorum. velut projectio vini in theriaca; ut conservetur vis
eorum, velut projectio opii in autidotis calidis.
Quae est régula com|>ositionis pharmacorum quoad mensuram capturae eorum? —
Quando volumus quoddam pharmacum componere decet suraere ex singulis pharmacis
simplicibus potionem perfectam ; ex omni quidem composito sumamus potionem quaeperfi-
citur ex partibus simplicium; si duo sint, ex singulis sumamus dimidium potionis; si
autem tria tertiam partem, si autem quatuor, quartam, et sic congruenter faciamus
sccundum uumerum pharmacorum a quibus componitur haec commixtio.
* p. 34 * Quomodo? — Si quidem fit ut phannacum e scamonia et colorynthide et aloe, et
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
139
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
agarico coni|>omtur, et notum sit quod potio e sramonia major est quam dimidiutn zuza,
polio e colocynthide quattuor den<ja W, potio auteni ex aloe et ex agarico duo zuza ex
unoquoque, zuza et duo denqê dehet esse potio ex hoc composito, ita ut e sramonia qui-
dem et ex colocynthide sit in potione ex singulis eorum |>ondus denqa, ex aloe autem et
ex agarico, dimidium zuza e singulis.
Quot sunt nécessitâtes quarum causa coguotur medici ut parent pharmaca composita ?•
— Sex. — Quaenam? — Prima, pmpter mutationem inensurarum qualitatum extra
naturalium. Secunda, propter modos diversos usus in pharmacis. Tertia, propter emenda-
tionem qualitatis exosae quae invenitur in multis ex pharmaris. Quarta, propter refrige-
rationem pharmaci quod nocet per vehementiam vis suae. Quinta, propter oppositionem
doloribus qui viribus oppositis indigent. Sexta autem, ut inveniatur unum pharmacum
quod plurimis casibus inservire possit.
Nécessitas prima qualis? — Quod si quidem per pharmaca quædam simpiieia, possi¬
ble esset sanare has omnes modalitates extranaturales omnino indigrremus in una vice
pharmaco composito. Modo autem non ita se habet res. Saepius enim cum usque quan-
dam mensuram indigemus ut calefaciamus corpus, non invenimus quoddam ex pharmacis
simpiieibus quod inhac mensura calefacit. Secundum enim mensuram morbiqui sanatur,
debet esse etiam pharmacum sanans ilium. Ideoque quando miscemus duo pharmaca quo¬
rum unum quidem magis calidum quam temperamentum magna mensura, alium autem
minus, facimus medietatem inter ilia ut magis sit calidum quam temperamentum mode-
rata mensura.
Nécessitas autem secunda qualis? — Quia multa pharmaca simpiieia sunt quibus
non uti possumus quin aliquid misceamus in eis, velut quando indigemus ut adhil>eamus
alicui membro pharmacum emendatum ut emplastrum et nullum ex pharmacis simplici-
bus congruit tali usui, merito igitur sépara n tu r eorum composito res 'primitivi emplastri * p. 33
qui per commixtionem olei metalla (?) quidem coxit, solubilia autem dissolvit, conjicimus
in eis herbas siccas comminutas et cribratas.
Nécessitas autem tertia, qualis? — In multis morbis nécessitas unius pharmaci tantum
est, quod est simplex et elTectum natura, miscemus in eo pharmaca alia; aliquando ut lenia-
mus vigorem vis ejus, aliquando autem ut redarguamus fastidium ejus : quae sunt duae
nécessitâtes. — Prima e duabusistis quae est tertia ex sex, quomodo?— Quia cum phar¬
macis quae vocantur placatores dolorum, quae per radicem mandragoris et lac pa|>avens
constituuntur, et pharmaca alia calefacientia et parvis partibus miscemus velut castoreum.
Secunda autem illarum, quae quarta est ex sex, qualis? — Quando repugnans est phar-
macuin quo opus est, unum e pharmacis quae eius répugnantiam valent expellere mis-
ceraus cum eo, sicut miscuit Hippocrates cum helleboro nigro, et rubiam et seseli, et cu-
minum et anisum, vel quidquam aliud ex eis quorum odor gratus est; cum portulaca
autem campestri lac silphi W.
(,) denqa , sexla pars dirhemi.
(t; Dans le ms. la leçon est douteuse entre et moins probable).
.8
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
140
J.-B. CHABOT.
Quare pharmacum purgativum de quo hic agitur necessitatem hahet commixtionis
alicuius rei quae illud iucundum faciat? — Propter duas causas. — Quaenam sunt?
Uoaquidem ut bibatur, altéra autein ut maueat iu veotre. Multa euim ex pharmacis
quae bibuutur tain répugnant ea sumentibus ut cum attingunt stoinachum statim reiciun-
’tur. Bes autein quaedam possunt saltem paulis|>er inanere in ventre; tamen reiciuntur
*postea, dum eructatioues malas excitant.
Nécessitas autem quinta, qualis? — In morbis qui indigent viribus oppositis, quales
sunt qui indigent pharmacis cohibentibus et dissolutivis simul, vel purgativis et lenientibus,
vel chyinos crassiores aut tenuiores facientibus simul; uccessitas valde maior est omnibus
necessitatibus pharmacorum compositis, quia pharmacum in quo sunt vires oppositae
adhibere debemus. Huius autem magis quam ceterorum sunt usus praecipui et numerosi.
Nécessitas autem sexta, qualis? — Quando volumus ut nobis sit pharmacum unum
* p. 36 quod valeat adversus veuena plura bestiarum venenosarum vel ‘adversus pharmaca mortifère,
pharmacum ad hoc aptum praeparamus, et haec nécessitas postulat ut praeparetur the-
riaca : et primus id fecit' Mithridates et multa alia.
Quare theriaca nominata est theriaca? — Quia omnis bestia rapax graece therion appel-
latur, et quia theriaca utilis est ad morsus bestiae rapacis et projicientis venenum, ex deri-
vatione ap|>ellata est, id est theriaca ex therion. Adhuc autem et quia in ea injicitur caro
viperae; vivras autem includit nomen hoc, bestia rapax inquam.
Quis fuit inventor theriacae, et quis eam perfecit, et quis eam renovavit, et revelavit
ejus dotes? — Primus quidem fuit Magnus philosophus; perl’ector autem Andromachus :
is enim addidit in ea carnem viperae, quae magis quam cetera pharmacaexperientia inven¬
ta est convenire morbo propter quem composita est ; renovavit autem et revelavit dotes
ejus (jalenus. Is enim produxit causas projectionis uniuscujusque pharmaci quod in ea,
et potionum diversaruin ejus et circomstantiuin diversarum quibuscum (latur. — Ex
discipulis huius, et ex divite thesauro vis ejus et ex plenitudine copiosa opulentiae ejus
etiam llonainus idipsum egit in libro suo duobus tractatibus de theriaca.
Quae fuit excellentia et proprietas usus theriacae, ob quam magis quam pharmaca compo¬
sita prodest cum bibitur?— Inter pharmaca composita alia enim praeservant ab infirmi-
tate, quia vitia parva quae sunt in corpore corrigunt; alia infirmos sanant, eo quod morbis
qui jam fuerunt sanant. Utrumque simul solet theriaca facere, nam non tantum eos qui
jam sunt læsi morsu bestiarum emittentium fel et venenum aut a pharmacis mortalibus,
apta est salvare, sed cum praebibitur custodit corpus ue ab eis larda tu r, et non solum
noxia externa prohibet, sed etiam eaquae sunt aut debent esse in corpore impediunt quin
laedant.
Quomodo nonnulli dubitarunt de vi et actione pharmacorum ? — Dupliciter fuit eis
dubitatio circa vires et actiones pharmacorum : primum circa vim quae est in siugulis
eorum, et secundo circa eorum compositum.
p. 37 # Dubitatio autem circa actionem et vim eorum, qualis? — Si vero quidquid absorbetur
et incidit in ventre, primum quidem ad jecur deducitur, postea inde in totum corpus ad-
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 141
ducitur, quomodo est dicendum quod ex pharmacis alia jecori prosunt, alia autem spleni,
alia renibus, alia vesicae.
Cujus ope solvitur haec dubitatio? — Manifeste videtur per experientiain quod lepus
quidem marinus pulmonem tantum ex omnibus membris corporis laedit et facit in eo
ulcus; cantharides autem vesicam ulcérant.
Ergo similiter possibile est ut inter pharmaca alia lapillos vesicae comminuant, alia spu-
tationes e pectore et pulmone faciles et promptas faciant, et alia quid aliud et aliud in
unoquoque raembrorum proprie faciant.
Dubitatio autem de eorum compositione, qualis? — Pharmaca ilia quae vires oppositas
possident impossibile est ut conservatur vis eorum quando cum aliis componuntur, sed
destruuutur omnino vires quae in eis occurrunt. Et hac de re testimonium invenitur in
corporibus humidis quae miscentur. Si enim aquae valde ferventi misceas aquas vaide fri-
gidas, nulla ex ambabus speciebus quae commixtae sunt manet sicut erat antea, sed quid
aliud tertium fit seorsum ab his duabus.
Etiam ergo pharmacis virium oppositarum id ipsum accidil quando componuntur,
unde cognoscitur vim eorum destrui.
Cujus ope solvetur haec dubitatio? — Inde : pharmaca, et cetera quae corpori adhi-
bentur, alia quidem viribus naturalibus operantur, alia autem viribus accidentaiibus.
Harum, quae viribus acridentalibus operantur, velut aquae frigidae et aquae fcrvidar,
non rémanent vires earum dum componuntur. Illarum autem, quae viribus natura-
libus operantur, rémanent vires earum, etiam si vires alias accidentales possident. Et idco
quae earum calida sunt vi sua, velut sinapis, etiam si réfrigérés ea frigiditate acciden-
tali, tamen omnino calefaciunt corpus, si tempus protractum rémanent adhaerentia ei.
Quae autem sunt vi frigida, sicut cicuta, et lac, et papaver réfrigérant omnino corpus cum
tempus protractum rémanent, etiam si calefacta* accidentaliter 'eis) adhibeantur. Sicut * p. 38
ex eis quae calefaciunt putas incendi corpus, ex eis quae refrigescunt insensibile fieri
corpus.
Quot opiniones fuerunt circa pharmaca composita ? — Duae. — Quaenam ? — Una
quidem expertorum, altéra iogicorum. Opinio quidem expertorum quae est?— Quod
quidem omnia pharmaca composita definiunt : sanum et propitius et contrarium. Singula
eorum, per epilogismum, seu cogitationem communem omnium hominum, dicunt se
invenisse quomodo quando unum cum altero mixta pharmaca hanc eamdem actioncm
monstraruut per experientiam; aliud et aliud eorum, in corpore alio et alio, magis aut
minus convenienter, ostendit opéra tionem ejus congru a m esse, ut pharmaca plura
componat sicut ilia, ut etiam unum eorum inveniatur quod conveniat naturae illius
corporis quod sanatur.
Opinio autem Iogicorum, quae est? — Quod singulis morbis, phanuacum quoddam
est aptum ad ejus sanationem. Et quando inter se componuntur mutuo fiunt auxiliatores
ad ejus sanationem.
Pharmaca autem alia sunt quae, etsi unum eorum per se uuu aptum est ad morbum,
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
142 J.-B. CHABOT.
0
tamen cum invicem com|)oniintiir vim a!iam obtinent e composito eorum, quac congruit
ad sanationem morbi.
Quomodo? — Ulcus quod indiget pharmacis constructoribus carnis, iride et aristolochia,
et radice ferulae, et farina ervorum et pulvere thuris indiget ad suam sanationem. Révéra
ceratum quorum miscetur rubigo sanatur : carnem quidem producit in eo pharmacum
illud ob suam compositionem; unumquodque duorum pharmacorum quibus componitur
valde contra ri uni est production! carnis, et quia rubigo comedit carnem in qua est ulcus,
quam pharmacum est calidum et acutum. Ceratum quidem est pharmacum mite et non
mordens, loco carnis autem foetorem praesertim générât in uicerihus : id quod compo¬
nitur ex eis, ceratum inquam ductum rubigine, carnem producit in ulceribus quae indi¬
gent producentibus carnem, namque unumquodque eorum, cum miscentur, malitiam
alterius abolet.
Ex duabus opinionibus circa pharmaca composita quae est vera,* et undenam cognos-
citur ejus veritas? — Ilia quidem expertorum non est vera. Non enim sine consilio
componuntur pharmaca, sed cum consilio. Ilia autem logicorum est vera : praeterquam
quod consilio supputantur quae congruit ut com|)onantur eis pharmaca, secundum vires
sane pharmacorum simplicium quibus componuntur, et secundum variationes qualitatum
extranaturalium eis competentium, et secundum naturam membri quod patitur, et secundum
perfectionem staturae et temperiem temporis anni, et variationem acris et loti, et mores et
consuetudinem; etiam causam sciunt quapropter placet vel nocet unumquodque pharma¬
corum compositorum. Ecce enim qua ratione aerugo cum miscetur cum cerato simplici,
pharmacum quod producit carnem eflicit, quanquam nullum ex pharmacis compo-
nentibus illud producit carnem. Expertus quidem non potest dicere, logicus autem et
dicere sane potest, et inde redarguere vaniloquium experti.
Quid est logicae proprium et quid experientiae proprium in pharmaco quod compo¬
nitur? — Compositionem ejus quidem ratiocinium invenit secundum scopos qui didi
sunt; experientia autem probat excellentiam pharmaci quod inventum est |>er ratioci¬
nium. Cum enim ab experto attestatur quod excellenter agit in morbo pro quo compo-
situm est, cognoscitur excellente ejus compositi.
Estnc aliquod compositum pharmaci excellentius prae omnibus ejus compositis? Nullo
modo; sed compositum aliud et aliud, morbo alii magis utile est; simpliciter autem et
sine distinctione ne unum quidem e compositis dici potest excellentius esse prae ceteris
omnibus.
Quonam modo dicitur excellentius pharmacum compositum, et quid loco ejus adhiberi
|>otest? — Compositum excellentius dicitur, non simpliciter prae omnibus pharmacis,
sed prae illis quae profitentur rem talem operari. Licet autem ut loco ejus Similibus
utatur qui noscit vim uniuscujusque pharmacorum simplicium quibus componitur. —
Qui debet uti pharmacis compositis, quid magis ei convenit : ut pharmacis quae probata
sunt per experientiam utatur, vel pharmaca non experta cemponat? Magis congruit ut
eis quae probata sunt per experientiam utatur cum discit regu Iam usus eorum. Si autem
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN -
VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX.
143
aliqua nécessitas cogit eum, ut accidit saepius in multis morbis, phannaca componat <)uin
experimentet ea atque eis utatur.
Quomodo alicui sciendum est quo consilio compositurn est pharmacum "quod inventum
est, et qua régula componat aliud quod non inventum est?— Ambo haec potest discere
ex aliis quae antea edocta sunt. Cura enim quis praecognosdt naturam cujusque morbi
quo operatur, et viam qua potest discere signum sanationis uniuscujusque eorum, et
vim uniuscujusque pharmacorum’ simplicium, non eflugiet eum cognitio consilii quo
compositurn est pharmacum compositurn quod invenitur et (cognitio) regulae composi¬
tion i s rei cujus indiget.
Quando phannaca multa com|>osita invenit quis, quae promittunt eamdem actionem,
quodnam eorum debet eligere?— E talibus debet eligere illud quod componitur ex phar-
mads minoribus numéro eorum et facilibus inventu, et illud cujus magis frequentes usus
sunt, et illud quod scopo proposito magis congruit.
p. 4o
Digitized by Google
Original /rom
UNIVERSITY OF MICHIGAN
_
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
NOTICE DU MANUSCRIT 574
DE LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE CAMBRAI
SUIVIE D’UNE ÉDITION
DES SERMONS FRANÇAIS DE PIERRE D’AILLY
a
PAR M“ fi IUT II RRAVRR
INTRODUCTION
Le manuscrit qui va être analysé n’a fait l’objet, jusqu'à présent, que
d’une mention très sommaire dans le Catalogue général des manuscrits des
bibliothèques publiques de France t 1 '. En effet, si les nombreux manuscrits
littéraires et théologiques anciens de la Bibliothèque municipale de Cambrai
ont accaparé, à juste titre, l’attention des érudits, les volumes tardifs et surtout
les livres de vulgarisation et de piété ont été quelque peu négligés. Le
manuscrit 574 appartient à cette classe plus humble du fonds médiéval.
Mais sous le titre « Recueil de sermons », il renferme, en réalité, une collection
fournie et complexe de textes variés.
(l) T. XVII, Paris, 1891, rédigé par Auguste
Molinier. La bibliothèque possède 1.398 manus¬
crits, dont 74 sont antérieurs au xu* siècle. Le
fonds principal est celui de la Cathédrale; puis
viennent les fonds des abbayes du Saint-
Edith Braver.
Sépulcre (bénédictins), et de Saint-Aubert
(augusdns). La nodee du manuscrit 574 a été
établie au cours d’une mission accordée par le
Centre Nadonal de la Recherche Scientifique
en 1956.
19
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
146
ÉDITH BRAYER
Description. — Le livre, de dimensions moyennes, est homogène dans
la présentation et dans l’écriture. II est constitué par des cahiers de papier de
belle qualité, de format in-folio, au filigrane de la lettre P gothique ri). Le
volume comprend d’abord sept feuillets de table, numérotés à l’époque
moderne A-G (F et G sont blancs), puis 400 feuillets numérotés en chiffres
romains à l’époque même de la copie; la foliotation est presque parfaite
puisqu’une seule erreur, l’omission du chiffre CCC, est à relever. Par suite
de ce décalage, le dernier folio est CCCCI. Les cahiers sont des senions
réguliers, sauf le premier et le dernier qui comptent respectivement 6ix et
cinq feuillets ri). Le texte est réparti en deux colonnes de 34 lignes dont la
réglure est tracée à la mine de plomb. Un même scribe a copié tout le manuscrit
d’une écriture bâtarde assez grosse et bien lisible. Les marges sont grandes (3 )
et l’ensemble dénote un soin d’exécution confirmé par l’emploi d’encres de
couleur.
La décoration reste sobre. Deux lettrines en bleu et rouge, avec filigrane
des deux couleurs, introduisent l’une, la table (fol. A), l’autre, le premier
texte (fol. 1). Au début des autres œuvres, les initiales sont simples, mono¬
chromes (bleues ou rouges), et sans filigrane. Les titres ne sont pas rubriqués,
mais écrits à l’encre noire et soulignés en rouge. Dans le corps du texte, les
noms des auteurs cités sont aussi soulignés, et les initiales des phrases sont
rehaussées d’une touche de vermillon. Ce qui est plus remarquable, c’est le
souci de présenter clairement l’exposé : des signes de paragraphes, bleus ou
rouges, indiquent les subdivisions; des manchettes, en marge, annoncent les
différents points du développement; les passages importants sont signalés
par un « Nota » ou par un dessin en forme de croix. Les thèmes de sermons,
quand ils sont traduits par un distique, sont disposés en vers; les alinéas d’un
plan sont respectés. Pour ceux-ci et pour ceux-là, des accolades bleues et
rouges, en marge, attirent sur eux l’attention du lecteur (4 ).
(1) Dimensions de la page : 295 X 210 mm,
soit une feuille de 30 X 42 cm environ. Pontu¬
seaux recousus distants de 40 mm, 7 vergeures
au cm. Le filigrane P à haste fourchue, sur¬
monté d’un fleuron, est le n° 8590 J. de Briquet,
Les filigranes, t. III, Leipzig, 1923. On trouve
ce filigrane aussi dans un document de Saint-
Omer, 1450.
(,) Cahiers à réclames, en partie rognées.
Collation des cahiers : 1 (6), f. A-F; 2 (12),
f. G, 1-11 ; 3 (12) — 26 (12), f. 12-299; 27 (12) —
34 (12), f. 301-396; 35 (5), f. 397-401.
1,1 Dimensions de la justification : 195/
200 X 140 mm. Espace entre les deux colonnes:
12/13 mm.
Ul Voir les fac-similés, ci-dessous, p. 201.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
147
La reliure, du xvm e siècle (1) , porte sur le plat l’inscription frappée en
or : « S. Aubert », et un ex-libris manuscrit, ajouté au folio A confirme cette
indication (2) : le manuscrit provient de l’abbaye de Saint-Aubert de Cambrai,
communauté de chanoines réguliers, une des plus importantes de la ville
avec l’abbaye du Saint-Sépulcre
Il est probable que le manuscrit a été confectionné à Cambrai, et peut-
être à l’abbaye même de Saint Aubert. L’écriture présente les caractères
habituels aux manuscrits du nord de la France. Le dialecte du compilateur
révèle une origine picarde. Parmi les enseignements, on lit une mention
relative au diocèse : « Vegile a juner a l’usage de Cambray » (fol. 322). Enfin
le ms. 574 est apparenté, matériellement ou par le contenu, à plusieurs autres
manuscrits cambrésiens. Le ms. 403 (fonds du Saint-Sépulcre) est composé
du même papier, au filigrane P gothique, et la première partie de ce volume
est copiée dans une écriture très proche de celle du ms. 574. Ce dernier
contient, en commun avec le ms. 811, quelques sermons; et en commun avec
le ms. 241, une « lamentation contre temptation carnele » ^ 4 >. C’est surtout
le ms. 210, provenant aussi de Saint-Aubert, qui est proche du ms. 574; il
est intitulé le « Miroir des curés » et renferme une partie des sermons et plu¬
sieurs enseignements qui seront indiqués au cours de la présente analyse.
Contenu. — Le recueil est entièrement en français. Bien que le manuscrit
n’introduise pas de divisions entre les quelque deux cent trente textes copiés
les uns à la suite des autres, on reconnaît cependant trois grandes séries :
1° des sermons (fol. 1-310 v°); 2° des enseignements pieux en prose ou en
vers (fol. 311-354); 3° un recueil d’exemples (fol. 354-401). Cette division
n’est pas rigoureuse; des interférences se sont produites entre les trois séries
et quelques enseignements ont pris place parmi les sermons ou parmi les
exemples.
(lï Reliure en veau brun marbré; gardes de
couleur en papier à la cuve à tourbillons. Titre
au dos : « Sermonaire ».
(2) Fol. A : « C’est a l’abbaye de Sainct
Aubert en Cambray » f écriture du xvii* s. On
lit en dessous une mention plus ancienne :
i Durardus (sic) prior ». Au fol. 175 v°, la note
» Phs. Aaoust » semble un essai de plume.
(3) Il ne reste presque rien des églises médié¬
vales de Cambrai. L’abbaye de Saint-Aubert a
été entièrement détruite après la Révolution.
L’église du Saint-Sépulcre, rebâtie au xviii* siè-
cle, est actuellement la cathédrale.
<4) Les manuscrits 811 et 241 proviennent
du Saint-Sépulcre. Ils contiennent des vies de
saints et des enseignements pieux.
19.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
148
ÉDITH BRAYER
PREMIÈRE PARTIE : ENSEMBLE DU CONTENU.
LES SERMONS
La partie la plus importante est le recueil de sermons qui comprend plus
d’une centaine de pièces réparties dans un ordre précis, l’ordre de l’année
liturgique. Ce sont essentiellement des commentaires sur les évangiles des
dimanches et des grandes fêtes, de l’Avent au dernier dimanche après la
Pentecôte. Il n’y a aucune fête de la Vierge, sauf tout à la fin, un sermon sur
la Conception; il n’y a aucune fête de saint, sauf la Toussaint et la Commémo¬
ration des défunts. A première lecture, ces sermons paraissent disparates : les
uns sont très courts et se bornent à expliquer sommairement le texte évangé¬
lique; d’autres sont très longs et pourvus de subdivisions bien ordonnées;
d’autres encore sont truffés de nombreux exempla. Quelques-uns portent des
noms d’auteurs, mais la plupart ne laissent percer aucune identité. La collec¬
tion de Cambrai apparaît donc comme une compilation. Comment en discerner
les éléments?
Les manuscrits de sermons en français sont relativement peu nombreux
si on les compare à la masse énorme des Sermonnaires latins. La confrontation
des textes français entre eux peut être tentée sans trop de peine. Quatre
manuscrits, conservés respectivement à Valenciennes l 1 ), à Troyes (2) , à
Copenhague et à Tournai ainsi que le Miroir des curés du ms. Cambrai
(1) Valenciennes, BibL mun. 126., XV* s.,
papier, 312 fT. Copié par deux scribes, dont
l’un se nomme Martin us van Loesvelt. Le ms. a
appartenu à la collection des princes de Croy.
Reliure ancienne; titre au dos : « Épîtres,
Évangiles ».
(,) Troyes, Bibl. mun. 1041. — Daté de
1462, papier, 115 ff. Copié par « L. de Molinis »,
frère profès de l'abbaye de Clairvaux. Titre
d'après le colophon : « Expositiones evangelio-
rum dominicalium cum festis solempnibus ».
Le rapprochement entre les mss de Valen¬
ciennes et de Troyes a été fait par J. Mangeart,
Catalogue raisonné des manuscrits de la
Bibl. de Valenciennes, Paris-Valenciennes,
1860, p. 101-103, n° 119.
(,) Copenhague, Bibl. royale, Ny kgi.
S. 1838, 2°. — xv # s., papier, 154 ff. Copié dans
la région de Valenciennes, d’après le dialecte.
Titre moderne : » Sermonaire du siècle de 1300
ou il y a des homélies des peres et notament de
S. Grégoire ». Le recueil contient aussi un
extrait du Miroir des curés, et la Bataille des
vices et des vertus, qui se trouve dans le ms.
Cambrai 574 aux fol. 349-354.
141 Tournai, Bibl. du Séminaire 43. —
xv* s., papier, 18 ff. préliminaires et 221 ff.
Le volume a été exécuté pour ■ Jehan Ansiel »,
ancien abbé de Lobbes. Il contient, outre le
sermonnaire, quelques extraits de la Somme le
Roi, et la Bataille des vices et des vertus citée
à la note précédente.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
149
210, ont permis de retrouver les principales étapes de la composition du
ms. 574 de Cambrai.
Voici comment a été formé le recueil :
1° Le Sermonnaire liturgique « Scientes quia hora est », du type ms.
Valenciennes 126 O).
Comme base de son travail, le compilateur de Cambrai a utilisé une
collection liturgique complète, comprenant, semble-t-il, 74 ou 78 sermons;
il y en a 74 si l’on compte seulement le Temporal, de l’Avent au dernier
dimanche après la Pentecôte; mais il y en a 78, si déjà, dans le modèle utilisé
figuraient les textes relatifs aux fêtes de la Toussaint et des Morts. C’est donc
une collection abondante puisqu’elle concerne tous les dimanches et les
grandes fêtes (2) , et qu’elle possède plus d’un sermon par solennité. En effet,
les très grandes fêtes, comme Noël et Pâques, ont trois sermons (31 ; d’autres,
la Passion, les Rameaux, la Pentecôte, la fête du Saint-Sacrement, en ont deux;
on lit également deux textes — mais l’un commente l’évangile et l’autre
explique les cérémonies liturgiques — pour la Circoncision, l’Épiphanie,
le Vendredi Saint, les Rogations, l’Ascension et peut-être la Toussaint.
Cette compilation primitive est elle-même composite : de la masse, se
distinguent six sermons dont les auteurs sont indiqués expressément dans
les rubriques. Ce sont deux sermons de saint Bernard pour l’Avent et quatre
sermons de saint Grégoire pour la Septuagésime, la Sexagésime, la Quinqua-
gésime et la Passion.
a. Sermons de saint Bernard . — Les sermons de saint Bernard ne sont
pas traduits littéralement; ce sont des adaptations assez libres de passages
Incipit : « Pour le premier dimence des
Avens. — Scientes quia hora est jam nos de
sompno sur gère. Ad Romanos, XI 0 . — Aujour-
d’huy commenchent les Advens de nostTe
Signeur Jhesucrist... »; viennent ensuite le
second dimanche (Erunt signa. ..), une collation
pour 1* A vent (Dicite filie Syon...), etc.
(t) 52 dimanches, plus Noël, Circoncision,
Épiphanie, Cendres, Mi-Carême, Vendredi
Saint, Rogations, Ascension, S. Sacrement,
Toussaint, Morts.
(,) Trois sermons pour Noël et Pâques,
(offices des ténèbres, de l'aurore et du jour).
(4) Le choix presque exclusif de citations
évangéliques comme thèmes des sermons
justifie les titres adoptés par le ms. de Troyes :
« Expositiones evangeliorum » et par le ms. de
Valenciennes : « Épi très. Évangiles ». Le seul
texte étranger est une Histoire de la Création
placée par Valenciennes entre la Septuagésime
et la Sexagésime, et par Troyes avant le m* dim.
après l'Épiphanie.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
150
ÉDITH BRAYER
choisis. Le lecteur pourra comparer les deux sermons publiés in extenso dans
la notice, avec le texte original latin placé en note t 1 *. Le premier sermon
utilise les n 08 I et III des Sermones in Adventu; le second reproduit plus
fidèlement le n° VI de la même série W.
Il n’y a aucun rapport entre ces deux sermons de Cambrai et l’ancienne
traduction lorraine du XII e siècle, qui est un des plus anciens monuments de
notre littérature (S >.
b. Sermons de saint Grégoire. — Au contraire, les Homiliae in Evan-
gelia de saint Grégoire ont été mises à profit avec plus de science. Une
traduction complète des Sermons sur l’Évangile avait été exécutée par Pierre
de Hangest, peu avant 1368 l4 >. Le Sermonnaire « Scientes » a-t-il puisé dans
cette traduction? La réponse est négative. La traduction de Pierre de Hangest,
qui contient la totalité du texte, s’efforce de bien faire comprendre le sens
et s’étend en périphrases lourdes et malhabiles. La présente traduction
pratique des coupures dans l’original 151 et elle est à la fois plus près du latin
et plus élégante, comme on en jugera par le texte du sermon de Sexagésime
publié dans la notice <*).
Les traductions, tant de saint Bernard que de saint Grégoire, indépen¬
dantes de ce qu’on connaît par ailleurs, sont peut-être des traductions par¬
tielles tirées directement du latin par le compilateur, afin de combler deux
lacunes de la collection de sermons à la fin de l’Avent et à l’approche du
Carême.
(1) Voir ci-dessous, p. 25-30.
•*» Pair, lat., t. CLXXXIII, col. 37-40,
43-47, 52-54.
Trois mss : Paris, Bibl. uat., fr. 24768
(xii* s.), éd. W. Foerster, Li Sermon saint
Bernart.., Erlangen, 1885 (extr. de Rom.
Forsch., t. II). — Berlin, Bibl. nat., PhiUipps,
1925, éd. A. Schulze, Predigten des heiligen
Bernhard in altfraru. Uebertragung, Tübin-
gen, 1894 (Bibliothek des literarischen Vereins
Stuttgart, CCC11). — Nantes, Musée Dobrée,
5, cf.L. Delisle, Un troisième ms. des sermons
de saint Bernard en français dans Journ. des
Sav.. 1900, p. 148-164.
Un sermon isolé a connu une particulière
faveur au xv 6 s., celui de la vigile de Noël :
• La voix de liesse... ». Il n'a pas été connu du
compilateur de Cambrai. Il se trouve notam¬
ment dans les mss Paris, Bibl. nat., fr. 1920,
fol. 74 et fr. 19390, fol. 310.
(4) Mss Paris, Bibl. nat., fr. 912, 913,13204;
Ars. 2046, 2247 (daté 1368); Tours, Bibl.
mun. 312. — Sur Pierre de Hangest, voir
G. Grôber, Grundriss der romanischen Philo¬
logie , Strassburg, 1902, p. 1173-1174; rééd.
par St. Hofer, Berlin-Leipzig, t. I, 1933, p. 148
et t. II, 1937, p. 133.
11 Elle conserve cependant les deux parties
du modèle : l’évangile entier, l’homélie sur
ledit évangile.
{i) Voir ci-dessous, p. 35-43, avec le texte
de Pierre de Hangest.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
151
c. Sermons anonymes. — Le reste du sermonnaire «Scientes» ne semble
pas avoir été composé avant le xiv® siècle, car, à trois reprises, l’autorité de
saint Thomas est invoquée (1 '; le pape Urbain IV (1261*1264) est cité, ainsi
que le roi saint Louis ( *>. Peut-être y aura-t-il lieu plus tard, à la lumière de
comparaisons avec d’autres manuscrits, de fragmenter davantage cette partie
anonyme. Les sermons qu’elle contient sont de moyenne étendue, de deux
ou trois folios (3) ; ils s’attachent plus à la lettre qu’à l’esprit du thème évangé¬
lique, qu’ils commentent à l’aide de divisions et de nomenclatures scolas¬
tiques (4) ; enfin, ils sont caractéristiques en ce qu’ils fourmillent d 'exempta,
historiettes morales ou récits merveilleux, dont les uns remontent à une
ancienne tradition (Vie des Pères, Dialogues de saint Grégoire) et les autres
invoquent des faits plus récents, comme un miracle arrivé à un prêtre du
temps de saint Louis.
Ce Sermonnaire liturgique, tel qu’il vient d’être décrit, a été utilisé
différemment par nos recueils de sermons. Les copies sont d’ailleurs indé¬
pendantes l’une de l’autre; aucune n’a servi directement de modèle aux
autres. L’ancêtre commun est inconnu.
Le manuscrit de Valenciennes 126 est le plus proche de la compilation
primitive, mais il est déparé par quelques lacunes (le sermon de l’octave de
l’Ascension, le second sermon de la Pentecôte et celui de la Trinité manquent)
et par des interversions (la Mi-Carême est après le IV e dimanche; le V e dimanche
après Pâques est rejeté après les Rogations). Parmi les additions, notons la
fête de la Purification, avec deux sermons, et un récit de la Création. Le
manuscrit ne contient pas la Toussaint ni la Mémoire des défunts.
Le manuscrit de Troyes a ajouté davantage. S’il n’a retenu qu’un des
<1) i Saint Thomas d’Acquin », au fol. 166 v°
(Pentecôte, Effundam) ; Thomas in compendio,
aux foL 10 v° (Avent, Ecce sponsus venit) et
129 v° (Descente de J.-C. aux enfers). La même
référence existe dans le ms. Cambrai 210, le
• Miroir des curés » de l’abbaye de Saint-Aubert,
à la première rubrique : « Ychy commenche le
prologue du livre intitulé le Miroir des curés.
Ex compendio sacre théologie sancti Thome de
Aquino, ordinis sancti Dorainici ». Un autre
exemplaire du Miroir des curés est conservé à
Bruxelles, Bibl. royale 10202-10203 (Van den
Gheyn, t. III, n° 1607), ms. daté de 1385.
(a * Le pape Urbain IV est cité au fol. 209 v°
(Indulgences). S. Louis, fol. 208-209 v° et 382.
Trois exceptions notables : le sermon de
l’Avent, Ecce sponsus (fol. 9-14 v°), le récit de
la Passion, Xpistus passus est (fol. 109 v°-123)
et le sermon des Morts, Sancta et salubris
(fol. 291-297). Ce dernier n’est pas le sermon
de Jean Gerson.
<4) Voir, à titre de spécimen, le sermon pour
le II* dim. apr. la Trinité, dans la notice, aux
fol. 213-214 v°, ci-dessous, p. 57-59.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
152
ÉDITH B RAYER
deux sermons de la Passion, il a annexé un second sermon pour le II e dimanche
après l’Épiphanie, et surtout il a ajouté toutes les fêtes de la Sainte Vierge :
Conception, Purification, Annonciation, Assomption, Nativité, avec deux
textes pour chaque solennité. Il a emprunté au sanctoral l’Exaltation de la
Sainte-Croix et la Fête de saint Michel. Viennent à la fin la Toussaint, les
Morts, et quatre sermons sur la Dédicace. Plusieurs enseignements sont
intercalés parmi les sermons, notamment, après le II e dimanche de l’Avent,
un traité sur l’Antéchrist et sur le Jugement dernier, et, au moment de
Pâques, le récit de la Création qui figure aussi dans le recueil de Valenciennes,
puis une « Histoire peu autorisée de Pilate ». La copie du manuscrit de Troyes
a été faite à la hâte, en cursive; quelque confusion paraît dans la rédaction des
rubriques, qui ne sont pas toujours correctes, ainsi que dans l’ordre des
dimanches qui précèdent les Rogations.
Le manuscrit de Copenhague est moins cohérent; plusieurs textes ont
été copiés à deux reprises; par suite d’une lacune matérielle, l’année litur¬
gique est incomplète et s’arrête à la fête du Saint-Sacrement. On ne peut
donc pas savoir s’il y avait un sanctoral à la fin du livre. Les récits sur l’Anté¬
christ et la fin du monde, le paragraphe sur la Création, les enseignements
des curés, et la vie de Pilate ont été ajoutés parmi les sermons.
Le manuscrit de Tournai est dans la même tradition que celui de Troyes.
Il est divisé en deux parties : de l’Avent à la Trinité, puis les dimanches après
la Trinité. Les additions qui lui sont propres sont un deuxième sermon
Scientes quia..., différent du texte habituel; la fête de la Purification placée
à la date liturgique convenable, parmi les dimanches après l’Épiphanie; puis
à la fin de l’année, la Toussaint, les sermons des Morts et de la Dédicace.
Vient ensuite une série de sermons pour les fêtes des saints et toutes les fêtes
de la Vierge, autres que la Purification. Les récits dévots insérés parmi les
sermons sont l’histoire de la fin du monde, placée entre les second et troi¬
sième dimanches de l’Avent, et celle de la Création, rejetée dans le sanctoral.
Le Miroir des curés (ms. Cambrai 210, etc.) est une combinaison de
sermonnaire et de légendier, en deux parties : de l’Avent à la Pentecôte
(temporal, sanctoral), puis de la Trinité à l’Avent (temporal, sanctoral).
L’introduction (fol. 1-38 v°) est une instruction générale pour les curés;
elle comprend des extraits de la Somme le Roi de frère Laurent, plusieurs
Digitized by
Original from
UNIVERSITY O^MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
153
enseignements déjà mentionnés à propos du manuscrit de Troyes (Antéchrist,
Jugement dernier), et des textes didactiques qui figurent aussi dans le ms. 574.
Les sermons du Propre du temps suivent l’ordre du Sermonnaire « Scientes »;
certaines fêtes sont renvoyées dans le Propre des saints (Noël, Circoncision,
Épiphanie, Toussaint, Jour des morts), où l’on trouve aussi les fêtes de la
Vierge (Conception, Purification, Annonciation, Assomption, Nativité) et la
Dédicace de l’église.
Dans le manuscrit 574 de Cambrai, le Sermonnaire « Scientes » a subi
quelques altérations. Le compilateur a pratiqué des coupures qui reflètent
le souci d’un plan rationnel; s’il supprime, c’est parce que le texte en question
faisait double emploi, ou parce qu’un sermon plus important, pour le même
jour, méritait d’être préféré. Ainsi ont disparu les textes sur la Circoncision,
sur les Rogations et sur l’Ascension, remplacés par de grandes homélies.
Ont disparu sans être remplacés le sermon de Mi-Carême, dont le thème
Est puer unus est commenté derechef au xxv® dimanche après la Trinité, et
celui des sermons de la Passion qui n’est pas de saint Grégoire (le copiste de
Troyes avait pratiqué la sélection inverse). Le manuscrit de Cambrai n'est
pas exempt de désordre : le sermon de Pâques, Expurgate vêtus fermentum,
est perdu au milieu de l’information pour les curés, au début du Carême; et
les dimanches après Pâques sont intervertis. La principale caractéristique du
ms. 574 est qu’il reste fidèle au Temporal et rejette toutes les fêtes de la
Vierge et des saints, sauf les sermons de la Toussaint et des Morts ri).
Tel est le premier élément de la compilation de Cambrai **). Les additions
vont en doubler l’étendue; elles comprennent des textes anonymes et des
sermons d’auteurs connus.
2° Sermons anonymes et instructions
Deux groupes importants sont à signaler :
a .Au début du Carême. — Le Sermonnaire « Scientes » contenait sans
doute une instruction que les curés devaient transmettre à leurs paroissiens
pour les inciter à préparer la confession pascale. Elle est incluse dans les
(1) C’est le seul point où le ma. 574 peut
rencontrer les légendiera, par ex. lea mss
Cambrai 811 et Lille 453.
( 1 ' Dana la notice, le Sermonnaire « Scientes »
Êdith B RAYEE.
apparaît dans les fol. 1-310 v° avec tous lea
articles dépourvus d’astérisque.
(,î Dana la notice, cea textes anonymes sont
précédés d’un astérisque.
20
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
154
ÉDITH B RAYER
manuscrits de Troyes et de Copenhague Mais le scribe de Cambrai l’a
considérablement développée (18 feuillets) en un traité de la confession, de
la pénitence et de la communion, qui est moins destiné aux pénitents qu’aux
confesseurs. Ce manuel écrit à l’intention des prêtres se retrouve dans le
Miroir des curés, du manuscrit de Cambrai 210 En tête figure un chapi¬
tre sur l’art de la prédication dont on trouve l’équivalent ailleurs, dans des
manuels latins ( 3 >.
Les chapitres suivants concernent l’examen des péchés, le choix des
pénitences, le souci d’approprier les avis à l’âge et à l’état du pécheur. Le
traité se clôt par un exposé des Articles de la foi.
b. Pour la semaine sainte. — Une seconde addition importante a pris
place entre les Rameaux et le Vendredi Saint. Elle comprend plusieurs sermons
pour le jour même des Rameaux, ce qui porte à cinq le nombre des textes de
cette fête. Une explication de la semaine sainte, la « semaine peneuse », et
deux sermons pour le Jeudi Saint terminent cette adjonction.
c. Additions éparses. — Pour compléter le relevé des additions ano¬
nymes, il faut citer, outre les deux groupes précédents, des textes dispersés :
un exemple (tiré des Chroniques de Clairvaux) pour la solennité de Noël ( 4 *,
une Lamentation contre la tentation de luxure ,;5) , et une nomenclature des
douze apparitions de Jésus-Christ entre la Résurrection et l’Ascension l6) .
Le récit de la Création, propre aux manuscrits de Valenciennes et de Troyes,
n’a pas été repris ici.
3° Sermons d’attribution certaine ou probable (7) .
Ces oeuvres sont de deux sortes. Les unes sont très courtes, simples, de
111 Troyes, 1041, fol. 35-35 v° : « Admonicion
que les curez doivent faire a leurs parrochiens
a l'entree de Caresme ou plus souvent ». —
Copenhague, Ny 1838, fol. 67 v°-68.
121 Aux fol. 19-23 et 36 v°-38 (correspond i
Cambrai 574, fol. 76 v®-83 et 83-84 v°). Voir
ci-dessus, p. 3, 4 et 8.
**» Voir la notice, fol. 83-84 v«. Cf. Th. M.
Charland, Arles praedicandi, Paris, 1936
(Publ. Inst, études médiév. d’Ottawa, Vil),
p. 219-226 et 328-341 (texte de Th. Waleys).
Digitized by Google
<4) Voir la notice, foL 31 v°-32 v°, ci-dessous,
p. 31.
{5) Voir la notice, fol. 69-71 v°, ci-dessous
p. 44.
Ce texte est conservé aussi dans le ms.
Cambrai 241, fol. 146 v°-149 v°.
16 * Voir la notice, foL 133 v°, ci-dessous,
p. 51.
(7> Dans la notice, ces sermons sont signalés
par deux astérisques. Ils sont au nombre de
vingt-trois.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
155
style archaïque. Bien que les titres ne révèlent aucun nom d’auteur, celui-ci
peut être identifié aisément : c’est Maurice de Sully. Les autres sermons sont
longs; plusieurs d’entre eux sont attribués à Jean Gerson ou à Pierre d’Ailly.
a. Sermons de Maurice de Sully . — Les sermons français de ce personna¬
ge, qui fut évêque de Paris de 1160 à 11%, ont été publiés naguère par M. C. A.
Robson. L’éditeur a connu le ms. 574, qu’il désigne par le sigle Ex 5, comme
source de trois sermons Dans la masse des autres œuvres, les compositions
de Maurice de Sully sont noyées; ce ne sont pas seulement trois, mais sept
sermons complets, plus un fragment, que recèle le manuscrit de Cambrai.
Le renom de Maurice de Sully fut assez grand pendant tout le moyen âge;
les manuscrits complets sont au nombre d’une trentaine, pour la plupart du
xm e siècle; mais des copies plus tardives subsistent : une date du XIV e s.
et cinq du XV e s. Des extraits ont été englobés dans des légendiers ou
dans des recueils d 'exempla Les emprunts du compilateur cambrésien
ne coïncident avec aucun des florilèges précités. Ils concernent l’Avent et
les derniers dimanches après la Pentecôte, et voici pourquoi. Dans l’Avent,
il y a quatre dimanches; le Sermonnaire « Scientes » ne possédait que les
numéros I et II, plus les sermons de saint Bernard et Ecce sponsus , dépourvus
de numérotation, et surtout sans concordance avec les textes des évangiles
de ces dimanches. II fallait combler les vides : de là l’emprunt des III e et
IV e sermons (éd. Robson, n 08 49 et 50). Il se trouve que le thème du II e sermon
était commun ( Erunt signa); mais le I er de l’Avent ( Ecce Dominus veniet;
Robson, n° 47) qui constitue l’incipit dans la plupart des copies, formait une
variante intéressante, et le compilateur l’a annexé à côté de son propre chef
de file, le sermon Scientes quia hora est . Dans le corps du manuscrit, ont été
empruntés à Maurice de Sully un fragment du sermon de Noël (Robson, n° 51)
et l’explication de la procession des Rameaux (Robson, n° 14). A la fin de
(1 * C. A. Robson, Maurice of Sully and the
médiéval vernacular homily, with the text of
Maurice 9 s French homilies from a Sens cathé¬
dral chapter ms.. Oxford, 1952; in-8°, xn-219 p.
Voir p. 73 : « Cambrai 574, a fifteenth-century
sermon collection, contains sermons 47, 49
and 59 [corriger 50] ». Les sermons sont aux
foL 2 v°-3,4 v°-6,6*6 v°, 35 v°-36 v°, 104 v°-105,
269-269 v°, 271 v°-273 v«, 273 v*-274 v*.
(,) Mas. du xiv e s. : Paris, Bibl. nat., fr. 187;
mss. du XV e s., outre le ms. de Cambrai, les
mss Paris, Bibl. de l’Arsenal 3684; Bibl. nat.,
fr. 17065, fr. 24745, nouv. acq. fr. 4085. Le ms.
fr. 17065 présente un texte remanié et allongé.
(,) Robson, ouvr. cité, p. 73; sigles Ex. 2 et
Ex. 4. — Dans les exempla ne figure que le
sermon n° 18, le seul qui soit pourvu d’un
exemple, celui du moine et de l’oiseau.
20 .
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
156
ÉD1TH BRAYER
l’année, un autre vide était à combler : le Sermonnaire « Scientes » fournissait
25 dimanches après la Trinité; pour les années où le nombre des dimanches
était plus élevé, le manuscrit de Cambrai prévoyait un choix, avec les ser¬
mons 46, 62 et 12 de Maurice de Sully M.
b. Sermons longs de Jean Gerson et de Pierre d’Ailly. — Les derniers
sermons ajoutés, au nombre de seize, sont très étendus et très savamment
composés. Dix d’entre eux sont « signés », c’est-à-dire qu’ils portent, en guise
d’explicit, un nom propre, en français ou en latin W. Ces auteurs sont, une
fois Jean Gerson (« J. de Gerson ») et neuf fois Pierre d’Ailly, écrit « Petrus
de Ailliaco », « P. de Ailliaco, de Allyaco » ou « P. d’Ailly » < 8) . Des six autres
sermons dépourvus de nom d’auteur, quatre sont reconnaissables comme
étant de Jean Gerson; les deux autres sont apparentés par le style aux sermons
de Pierre d’Ailly.
Cette partie du manuscrit de Cambrai est celle qui apporte le plus de
nouveauté. Les cinq sermons de Gerson étaient connus et publiés; ils font
partie des Six sermons français édités, avec un abondant commentaire, par
M. Louis Mourin l 4) . Ce sont les homélies de Noël ( Gloria in altissimis ),
de la Pentecôte ( Mansionem ), de la Trinité ( Videmus nunc), des Morts (Beati
qui lugent) et de la Conception de la Vierge (Tota paiera es). C’est ce dernier
(1) Les numéros empruntés à Maurice de
Sully semblent disparates : le n° 46 est effecti¬
vement le xxiv 0 dim. après la Trinité; il figure
en fin de liste dans les mss qui commencent à
i’Avent et non à la Circoncision. — Le n° 62
(parabole du bon grain et de l’ivraie) est chez
Maurice de Sully au Commun de plusieurs
martyrs et se trouve également vers la fin de
la collection. — Le n° 12 (multiplication des
pains) prend place habituellement au IV 0 dim.
de Carême; mais c’est un doublet de l’évangile
du xxv 0 dim. après la Trinité : Est puer unus .
— Le compilateur de Cambrai avait des raisons
plausibles de réunir ces trois sermons pour
dore la série des dimanches après la Pentecôte.
(t) Il ne s’agit pas de signatures autographes.
Ces noms sont écrits de la main du copiste y
fol 18 v° t 31 v 0 , 42, 69, 126, 155 v 0 , 165 v 0 ,
175, 181, 310 v 0 .
(,) Quinze sermons sont signalés dans la
table du ms. par un signe marginal en forme
de croix; ce sont huit sermons de Pierre d’Ailly
(seul est dépourvu de signe le sermon de Pente¬
côte Mansionem ); trois sermons de Jean
Gerson : Mansionem, Beati, Tota ; le sermon
anonyme Gloriosa ; et trois sermons du Ser¬
monnaire « Scientes » : Ecce sponsus, Xpistus
humiliavit. Surrexit. Les sermons de Jean
Gerson non « signés » sont aux fol. 18 v°-25 v°,
181-187 v 0 , 193 v<>-203, 284 v<>-291; les deux
sermons anonymes (?) sont aux fol. 187 v 0 -
193 v 0 et 274 v<>-278.
(4) L. Mourin, Six sermons français inédits
de Jean Gerson, étude doctrinale et littéraire,
suivie de Tédition critique et de remarques
linguistiques, Paris, 1946; in-8°, xn 1-611 p.
(Études de théologie et d'histoire de la spiri¬
tualité, VIII.)
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
157
texte, qui est aussi le dernier du sermonnaire ' il) , qui porte la « signature »
J. de Gerson. Le manuscrit de Cambrai est un exemplaire de plus à ajouter
à la liste des manuscrits connus du Chancelier ( 2 >.
Pour Pierre d’Ailly, la nouveauté est complète, car jusqu’à présent,
tous les sermons français (sauf un discours politique) étaient considérés
comme perdus. Un chapitre spécial sera consacré à la discussion d’attribution
des neuf sermons de Cambrai 13 >. Ces textes célèbrent de grandes fêtes, des
solennités où un prédicateur de haut rang pouvait prendre la parole : Noël
(Veritas de terra orta est et Verbum caro factum est), la Circoncision ( Appa -
ruit gratia ), les Cendres (Ecce nunc dies salutis ), Pâques (Maria Magdalene),
les Rogations (Dédit dona hominibus ); l’Ascension (Assumptus est), la
Pentecôte (Ille vos docebit et Mansionem).
Restent encore deux sermons sans nom d’auteur, qui sont inédits. L’un
est un « sermon pour le paix, fait a Paris » (Hec est Victoria) ; il est placé entre
la Pentecôte et la Trinité, à tort, car le préambule le situe entre Pâques et
la Pentecôte. L’autre sermon concerne la fête de la Toussaint (Gloriosa) (4) .
La collection de sermons du manuscrit 574 est désormais complète; elle
offre une richesse incomparable : huit textes pour la Nativité, cinq pour les
Rameaux et pour la Pentecôte, au moins deux pour chacune des autres grandes
fêtes. Cependant le scribe ne devait pas encore poser la plume. La fin du
volume contient des enseignements et un recueil d’exemples.
LES ENSEIGNEMENTS
Nous avons vu que les manuscrits du Sermonnaire « Scientes » intro¬
duisaient, parmi les sermons, des instructions ou pièces édifiantes étrangères
aux cérémonies liturgiques, comme 1
111 La fête de la Conception de la Vierge
(8 décembre) prend place, dans l’année litur¬
gique, parmi les dimanches de l’Avent. Ici le
sermon a été rejeté tout à la fin, soit comme
étranger au temporal, soit comme addition
survenue au cours de la compilation. U faut
noter que les anecdotes sur l’établissement de
la fête de la Conception, annoncées au fol. 310
v°, sont reportées foL 400-401 v°, et ne figurent
pas dans la table k cette dernière place.
’histoire de la Création, le traité de la
(2) L. Mourin, U œuvre oratoire française de
Jean Gerson et les manuscrits qui la con¬
tiennent , dans Archives d'histoire doctrinale et
littéraire du moyen âge , U XV, 1946, p. 225-
291.
(3) Voir ci-dessous, p. 17.
(4) Les neuf sermons de Pierre d’Aiily et
les deux sermons anonymes sont publiés
intégralement, ci-dessous, respectivement p.
104-181 et p. 182-197.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
158
ÉDITH BRAYER
fin du monde, ou le manuel des confesseurs. Le scribe cambrésien ajoute,
après le sermonnaire, un recueil de textes du même genre. Certains des
quatorze opuscules qui suivent les sermons, dans le ms. 574, du fol. 311 au
fol. 354, auraient pu être insérés dans la partie « Prédication » du livre : la
prescription des jeûnes, la sanctification des samedis et des dimanches,
l’admonition aux repentis, rappellent les instructions du début de Carême;
le Symbole de saint Athanase aurait pu être rapproché des Articles de la foi;
la Transfiguration et la Dédicace de l’Église constituent de véritables
sermons.
Plusieurs de ces petites pièces figurent également dans le Miroir des
curés du ms. 210, notamment l’Admonition aux repentis, la Dédicace de
l’église, l’Altercation des vices et des vertus, et une rédaction en prose de
Barlaamet Josaphat, extraite de la Légende dorée (1) . Les morceaux intitulés
Quatre esprits, les Sept fermoirs du livre de conscience, les Neuf enseigne¬
ments pour chacune créature, ainsi que des citations d’« autorités » sur la
vertu, sont dans la manière des nombreux recueils d’édification copiés au
XV e siècle.
La curiosité est attirée plutôt par deux poèmes longs, respectivement, de
176 et 172 vers.
Le premier poème, en 22 huitains d’octosyllabes, est intitulé le Dit des
trois frères religieux qui pensaient à la Passion de Jésus-Christ. La scène se
passe à l’abbaye de Marmoutier, où sont novices les trois fils d’un seigneur
cruel. Lors d’une visite du père, un miracle se produit; au cours du repas,
le seigneur voit ses enfants prendre pour nourriture les instruments de la
Passion et le sang du Christ, parce que les pensées des jeunes gens étaient
tournées vers les souffrances du Sauveur. Le père, édifié par la piété de ses
fils, fait pénitence et amende sa vie.
L’autre poème, le Dit des sept taches du mesel, en quatrains d’alexandrins
monorimes, est une allégorie dans laquelle sept souffrances du lépreux
symbolisent les sept péchés mortels : enflure (orgueil), pourriture (envie).
111 Le texte de Barlaam et Josaphat a été choisi, probablement, à cause de l’abondance
des exemples qu’il renferme.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
159
brûlure (ire), soif (avarice), pesanteur (paresse), démangeaison (gloutonnerie),
puanteur (luxure).
Jusqu’à nouvel ordre, ces deux poèmes sont des unica (*).
LES EXEMPLES
Les cinquante derniers feuillets du manuscrit sont remplis par un recueil
de 106 courtes pièces, dont la plupart sont intitulées « Exemple ». Ces exem¬
ples forment plusieurs groupes : une première série est extraite des Verba
seniorum de Rufin tels qu’ils se présentent dans la compilation des Vies
des Pères ^ 2! , plus deux paragraphes qui proviennent de YHistoria mona-
chorum du même auteur (3) . Suivent les Vies de sainte Marine et de sainte
Euphrosyne qui appartiennent aussi à la compilation précitée. Un autre
groupe réunit des exemples de « rois » et de « chevaliers » (6) . Viennent
ensuite, entremêlés avec d’autres récits de la Vie des Pères, quelques textes
apparemment tirés des Dialogues de saint Grégoire, ou attribués à saint Ber¬
nard. Dans cette partie figure un exemple du roi saint Louis Deux
« fables morales » mettent en scène des animaux (7) ; et les trois pièces qui
suivent sont extraites de bestiaires moraiisés Un autre groupe distingue
quelques miracles de la Vierge A la fin, se trouvent la légende des dan¬
seurs maudits ( 10) , puis le miracle de la femme de Laon t 11 *. Le recueil se
termine par trois textes relatifs à l’établissement de la fête de la Concep¬
tion, d’après saint Anselme de Cantorbéry
(1) Les deux poèmes sont publiés intégrale¬
ment dans la notice, fol. 324-327 v°, ci-dessous,
p. 72-79. Le premier texte figurait dans un
ms. aujourd’hui perdu qui appartenait aux
Célestins de Metz. Voir Bulletin d*information
de VI.R.H.T., n° 9, 1960, p. 39-51.
(,) Notice, foi. 354-356; ci-dessous, p. 82-33.
Le texte n’est pas une copie de Wauchier de
Denain, ni de la traduction champenoise. Cf. P.
Meyer, Versions en vers et en prose des Vies des
Pires, dans Hist. litt. de la France, t. XXXIII,
1906, p. 254-328. L’original latin est imprimé,
d’après l’édition de Rosweyde parue en 1628,
dans Patr. lat., t. LXXIII, col. 739-814.
Notice, fol. 356 v°-358; ci-dessous,
p. 84. Patr. lat., t. LXXIII, col. 435-438.
(4) Notice, foi. 358 v°-363; ci-dessous, p. 85.
Pau. lat., t LXXIII, col. 691-694 et 643-652.
(5) Notice, fol. 363 v°-371 v°; ci-dessous,
p. 85-88.
(6) Notice, fol. 382 (texte publié); ci-dessous,
p. 95.
(7) Notice, fol. 383 v°; ci-dessous, p. 96.
<8) Notice, fol. 383 v°-384 v°; ci-dessous,
p. 96-97.
(9) Notice, fol. 384 v°-386; ci-dessous, p. 97.
( 10 Notice, fol. 398 v°-399 ; ci-dessous, p. 102.
(ll > Notice, fol. 399-399 v°;ci-dessous, p. 102.
(12) Notice, fol. 399 v°-401 ; ci-dessous, p. 103.
PaU. lat., t. CLIX, col. 319.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
160
ÉDITH BRAYER
Quelques enseignements sont intercalés parmi les exemples : des pré¬
ceptes de bonne conduite (fol. 375-376); une instruction sur la confession
(fol. 363); une explication de la litanie (fol. 382 v°). C’est aux fol. 390-395
que se retrouve le traité de la fin du monde et du Jugement dernier, du
Miroir des curés. Le premier paragraphe, sur l’Antéchrist, manque au
ms. 574.
Avec les nombreux exemples qui sont cités dans les sermons, avec
ceux de Barlaam et Josaphat, le manuscrit de Cambrai est une source impor¬
tante, pour qui veut étudier les traductions d 'exempta en français (1) .
Conclusion. — Le compilateur du ms. 574 de Cambrai a composé à la
fois une anthologie littéraire qui fournit un choix d’œuvres rédigées par
de grands prélats et un manuel pratique à l’usage des prédicateurs. Ceux-ci
pouvaient retrouver dans le sermonnaire, à telle date de l’année, ce qui
avait été composé sur le sujet du jour, et puiser, dans les deux dernières
parties (contes pieux et exemples), de nouvelle moralisations.
Le recueil fournit ainsi à l’historien des documents sur la culture des
prêtres et sur l’enseignement aux laïcs. La contribution à l’histoire littéraire
n’est pas moindre ; le ms. 574 contient des traductions nouvelles de passages
de saint Bernard et de saint Grégoire, il constitue une source supplémen¬
taire pour Gerson, et surtout il révèle Pierre d’Ailly comme écrivain français.
(1) Les recueils d 'exempta latins sont beaucoup plus nombreux. Voir J. Th. Welter,
L’exemplum dans la littérature religieuse et didactique du moyen âge, Paris, 1927; in-8°,
564 p.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRA]
161
DEUXIÈME PARTIE
LES SERMONS FRANÇAIS DE PIERRE D’AILLY
Les œuvres connues de Pierre d’AiHy appartiennent aux domaines de
la théologie, de la science et de la politique son œuvre oratoire comprend
plusieurs sermons latins ***. Le manuscrit 574 de Cambrai ajoute à ce
bagage des sermons français. Pierre d’AiHy aurait été ainsi le précurseur et
(1) Le biographe de Pierre d’Ailly est ie
chanoine L. Salembier, qui fut professeur aux
Facultés catholiques de Lille. Void les princi-
paux ouvrages : Petrus de Âilliaco, Insulis,
1886.
Id., Bibliographie des œuvres du cardinal
Pierre d'Ailly, évêque de Cambrai ( 1350-1420 ),
dans Le Bibliographe moderne, t. XII, 1908,
p. 160-170, et à part, Besançon, 1909, in-8°,
11 p.; 130 numéros en ordre chronologique.
Id., Les œuvres françaises du cardinal Pierre
d'Ailly, évêque de Cambrai, 1350-1420, dans
Revue de Lille , t. XXV, 1906-1907, p. 40-49,
110-124, 201- 221, 350-360, 782-791, 866-882,
1058-1075; les pièces poétiques sont dans les
trois premiers articles; même ouvrage à part,
Arras-Paris, [1907], in-8°, 109 p.
Id., Le cardinal Pierre d'Ailly , chancelier
de l'Université, Paris-Tourcoing, 1932, in-8°;
Soc . d'études de la prov. de Cambrai, recueil 35;
voir notamment chap. vu : Pierre d’Ailly
écrivain, p. 288-364.
La matière des ouvrages précédents est résu¬
mée et précisée éventuellement par le cha¬
noine Salembier, artide « Ailly (Pierre d’) »,
dans Dictionnaire d'histoire et de géographie
ecclés ., t. I, 1912, col. 1154-1165, et surtout
dans Dictionnaire de théologie catholique, t. I,
1930, col. 642-654.
Une très bonne mise au point a été donnée
par E. Vansteenberghe, dans Dictionnaire de
spiritualité ascétique et mystique, doctrine et
histoire, t. I, 1937, col. 256-260.
Édith Brayer.
Voir aussi A. Coviile, dans Dictionnaire de
biographie française, t. I, 1933, col. 946-956,
avec bibliographie.
Le principal traité scientifique, YYmago
mundi, a été publié par E. Buron, Ymago
mundi de Pierre d'Ailly, Paris, 1930; in-8°,
3 vol.
Les ouvrages théologiques ont été publiés,
avec les sermons, dans les incunables dtés à la
note suivante. Plusieurs opuscules ont paru
aussi dans l’édition des œuvres complètes de
Jean Gerson, par Fl Lies Du Pin, voir ci-des-
sous, p. 18, n. 2.
Pour les ouvrages politiques, voir ci-dessous,
p. 21, n. 3.
,2) Les sermons, et autres opuscules, ont
été imprimés dès le XV e siècle, d’après le ms.
Cambrai 531 : Tracta tus et sermones Pétri
de Ailliaco, Bruxelles, les Frères de la vie
commune, vers 1484; in-fol.
L’exemplaire de la Bibl. nat., de Paris
(Rés. D 700) est incomplet et ne contient pas
les sermons.
Autre édition, même titre, Argentinae,
1490; in-fol., folioté d’après les signatures (cha*
cune compte 6 ff.) : a-z, A-C; Bibl. nat.,
trois exemplaires : Rés. D. 1055, 1056 et 1057.
Les sermons occupent, dans l’édition de
1490, les fol. 5-z, A-C; dans le ms. Cambrai
531, les fol. 122 vM85.
Le sermon pour la Toussaint 1416, pro¬
noncé à Constance, est conservé dans un ms.
de Vienne (Autriche), Bibl. nat., 3947.
21
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
162
ÉDITH BRAYER
l’émule de Jean Ger9on W. Mais à l’inverse de Gerson, pour qui la docu¬
mentation manuscrite est considérable < 2 >, Pierre d’Ailly ne semble avoir
obtenu, pour ses sermons français, qu’un succès local. La ville de Cambrai
resta fidèle au souvenir de son évêque un recueil des œuvres latines,
Tractatus et sermones, fut compilé en 1425 à l’abbaye bénédictine du Saint-
Ce sera l’affaire des spécialistes d’étu¬
dier les rapports entre les deux amis. Résu¬
mons les principales étapes de leur carrière :
Pierre d’Ailly (1350-1420), docteur en 1381,
fut successivement recteur du Collège de Na¬
varre en 1384, chancelier de l’Université de
Paris en 1389 et aumônier du roi Charles VI;
il fut nommé évêque de Cambrai en 1397 et
cardinal en 1411. Jean Gerson (1363-1429) fut
l’élève de Pierre d’Ailly au Collège de Navarre;
sa principale charge fut celle de chancelier de
l’Université de Paris. Tous deux prirent une
part active aux débats relatifs au schisme, et
virent le succès de leurs efforts au Concile de
Constance (1414-1417).
(8) L. Mourin, L’œuvre oratoire française
de Jean Gerson et les manuscrits qui la con¬
tiennent. (Ouvr. cité ci-dessus, p. 13, n. 2) :
50 sermons d’attribution certaine, et 6 dis¬
cours politiques conservés dans 35 mss.
Le même érudit a publié en édition critique
dix sermons : Six sermons français... (Ouv.
cité ci-dessus, p. 12, n. 4) : Mansionem,
Videmus, Beati qui lugent, Gloria, Tota pai¬
era es, Nimis honorati. Id., Les sermons fran¬
çais inédits de Jean Gerson pour les fêtes de
l’Annonciation et de la Purification, dans
Scriptorium, t. II, 1948, p. 221-240, et t. III,
1949, p. 59-68 : Ave Maria, Suscepimus,
textes. Id., Jean Gerson, prédicateur français
pour les fêtes de l’Annonciation et de la
Purification, dans Revue belge de philologie
et d’histoire, t. XXVII, 1949, p. 561-598 :
Ave Maria, Suscepimus, commentaire. Id.,
Un sermon français inédit de Jean Gerson
sur les anges et les tentations : Factum est
praelium, dans Recherches de théologie anc .
et médiév., t. XVI, 1949, p. 99-154. Id., Le
sermon français inédit de Jean Gerson pour
la Noël : Puer natus est nobis, dans Lettres
Digitized by Google
Romanes, X. II, 1948, p. 315-324, et t. III,
1949, p. 31-43 et 105-145.
Le sermon Ad Deum vadit a été publié
par le R. P. G. Frénaud, La Passion Nostre
Seigneur, sermon « Ad Deum vadit » prononcé
par maistre Jehan Gerson en Véglise Saint-
Bernard de Paris, le Vendredi Saint 1403 ,
Paris, 1947; in-4°, xxiv-136 p.
Plusieurs autres sermons en français figu¬
rent dans l’édition Eliies Du Pin, Johannis
Gersonii Opéra omnia, Antwerpiae, 1706;
in-fol., 4 vol. La plupart des sermons sont
donnés dans la traduction latine; sont publiés
en français les sermons : Convertimini, In
nomine Patris, Multi in nativitate, Obsecro
vos, et les discours Vade in pace , Estote misé¬
ricordes et Rex in sempiternum vive.
Quelques précisions de date ont été appor¬
tées par M. Liebermann, Chronologie gerson-
nienne, dans Romania, t. LXX, 1948, p. 51-
67; t. LXXIII, 1952, p. 480-496; t. LXXIV,
1953, p. 289-337; t. LXXVI, 1955, p. 289-
333; t. LXXVIII, 1957, p. 433-462.
La tradition manuscrite des sermons de
Jean Gerson est encore moins considérable
que celle de certains opuscules pieux, comme
la Mendicité spirituelle ou la Montagne de
contemplation , conservés dans plus de cin¬
quante manuscrits. Les dix-huit sermons les
plus répandus sont contenus dans un petit
nombre de copies (de 5 à 12); 26 sermons
ne nous sont parvenus que par 2, 3 ou 4 copies;
12 sermons sont en manuscrit unique.
(3) Le corps du prélat, mort en Avignon où
il s’était installé comme légat du pape Mar¬
tin V, fut ramené et enterré à Cambrai en
1420. La tombe fut profanée à la Révolution.
La dalle, avec 1a statue du gisant, a été retrou¬
vée; die est actuellement conservée au Musée
de Cambrai.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
163
Sépulcre (c’est le ms. Cambrai 531); plusieurs livres ayant appartenu à
Pierre d’Ailly restèrent à la Bibliothèque capitulaire (1 >. Le ms. 574, par le
caractère de l’écriture et par le dialecte, semble bien avoir été écrit à Cambrai
même, et l’insistance du copiste à mentionner par neuf fois le nom de
Pierre d’Ailly, alors qu’il méconnaît presque complètement Gerson, ferait
croire qu’il était bien informé sur les productions du prélat, et qu’il a peut-être
utilisé des notes provenant de l’auteur lui-même.
Le témoignage du manuscrit semble fort; il peut être appuyé par un
autre document. Un petit extrait du sermon français (attribué par le ms. 574
à Pierre d’Ailly), pour le mercredi des Cendres ( Ecce nunc dies salutis),
a été conservé dans le ms. 58 de Charleville, sous le titre : « Memento homo
quia cinis es et in cinerem reverteris ». Or ce manuscrit de Charleville joint
les noms de Jean Gerson et de Pierre d’Ailly; c’est un florilège d’extraits
théologiques en latin et en français, copié en 1490 par un moine de la Char¬
treuse du Mont-Dieu, Henri Waghers l2 '. Le üvre contient notamment
VOpus tripartiturn de Gerson, en latin, puis en français; des extraits de la
Mendicité spirituelle, et des extraits d’une lettre de Gerson à Pierre d’Ailly.
Le scribe fait allusion à un autre florilège copié par lui, aujourd’hui perdu,
qui contenait également des œuvres de Gerson et d’Ailly côte à côte; le
Tripartit en français et le traité De quadruplici exercitio spirituali ( 8 >. Le
petit fragment du sermon : « O home, considéré dont tu viens... » n’est pas
attribué expressément à l’évêque de Cambrai; mais le fait que Henri Waghers
avait à sa disposition des œuvres de Pierre d’Ailly confirme les indications
du ms. 574.
D’autres arguments peuvent être cherchés en dehors des rubriques des
manuscrits, dans le texte même.
111 Les mss 97, 926 et 954 portent le nom
ou les armoiries de Pierre d’Ailly. D’autres
mss sont dits lui avoir appartenu, sans preuve
tangible. Cf. Catal. gén. des mss. t. XVII,
1891, introduction, p. III-IV.
1,1 E. Brayer, Un copiste de manuscrits de
la Chartreuse du Mont-Dieu, Henri Waghers,
dans Études ardennaises, t. 5, 1956, p. 9-15.
1,1 Ms. Charleville 58, fol. 56 v° : (De arte
bene moriendij. « Explicit tractatus. Nota
Digitized by Google
quod predictum trac latum scripsi in gallico
in quodam parvo libeilo de papiro ubi un us
est tractatus valde devotus reverendissimi do-
mini Pétri Cardinalis Cameracensi de quadru-
piici exercicio spirituali. » Ibid., fol. 86 :
« Chy fine la seconde partie Tripertiti. Nota
que la III 9 partie Tripertiti est en latin au
devant folio LII; et est en franchoys en un
aultre petit livret auquel est un traité de qua¬
druplici exercicio spirituali, etc. »
21 .
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
164
ÉDITH BRAYER
Plusieurs sermons (Veritas..., Apparuit gratia...) font allusion à un
jeune roi, et le mettent en garde contre les mauvais conseillers 1J . Deux
autres textes sont adressés au roi et aux princes, et un troisième déplore,
devant le même auditoire, la longue durée du schisme Or ces circon¬
stances s'appliquent parfaitement au début du règne de Charles VI. Le jeune
roi monta sur le trône à l’âge de douze ans, en 1380; les bons conseillers
de Charles V furent renvoyés; la tutelle des oncles, les ducs d’Anjou, de
Berry, de Bourgogne et de Bourbon, se signala par le plus grand désordre.
D’autre part Pierre d’Ailly commença sa carrière de professeur à la
même époque Il était bien en cour : dès 1381, il prononça, devant le duc
d’Anjou, un discours sur le problème du schisme Il n’y a donc pas de
difficulté à admettre que Pierre d’Ailly ait pu s’adresser au roi, et parler
du schisme, sa préoccupation dominante. Qu’il se soit exprimé directement
en français devant son royal auditoire est normal II est hors de doute
que Pierre d’Ailly a prêché et harangué en français, au cours de sa triple
' l) Voir sermon Veritas, foL 17 v° et 18,
ci-dessous, p. 110-1 : « Les boins et v&illans
hommes sont reculés et desprisiés... » « Com¬
ment porra ce faire un roy ou un prinche,
qui est de jone eage et qui n’a pas expérience
de si grant malice... »
Sermon Apparuit, foL 41 v°, ci-dessous,
p. 124 : « Cascun roy ou prince de terre, et
par especial qui de nouvel vient a gouverne¬
ment de royalme ou de seignourie... »
l2> Sermons Mansionem, passim, ci-des¬
sous, p. 180 : « O très noble roy... O très noble
roy et tous prinches aussi... »; Verbum, fol.
31 v°, ci-dessous, p. 118 : « O tu quiconques
es roy ou prinche de terre; o tu quiconques
as royamme ou seignourie... » : Assumptus,
foL 161, ci-dessous, p. 158 : • S'il avoient
ferme foy, lairoient il tant durer ce misérable
scisme et scismatique division, qui ja par long
temps a persévéré en nostre mere saincte
Eglise... Finablement, appaisiés le scisme et pro¬
curés concorde et union a saincte Eglise... »
Pierre d’Ailly obtint le titre de docteur
en 1381; il fut professeur de théologie et de
philosophie au Collège de Navarre.
(4) Salembier, Bibliographie..., n° 17 :
1381. Oratio coram Duce Andegavensi de
d»ftsid»* inter Urbanuin et Clementem compo-
nendis.
(*) Les sermons adressés aux clercs étaient
prononcés en latin (sermons de synode, ser¬
mons devant l’Université de Paris, devant le
Concile de Constance). Voir Salembier, Biblio¬
graphie.,., n°* 8-10, 13, 20, 22, 26-27, 30,
58-60, 71-73; 81, 85-86, 92-93; 142, 158, 161-
163, 166. Mais devant des princes laïques, les
prédicateurs s’exprimaient en français. Il arrive
que le texte ait été traduit après coup en latin;
mais la forme originale est spécifiée dans les
mss. Voir par exemple un recueil de serinons
de Jean Du Fayt, abbé de S. Bavon de Gand,
conservé dans le ms. 509 de Douai. Deux
sermons prononcés devant le comte de Flandre
en français ont été transcrits en latin, avec
cette indication, foL 200 : « Sermo factus
coram domino comité, tertia do rai nica Qua-
dragcsime factus in gallico. » — Foi. 248 :
■ Sermo factus in festo Sanctorum O mni um
in gallico coram domino comité Flan-
drie. »
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
165
carrière de professeur, d’homme d’Égiise et de diplomate. Froissart dit de
lui qu’il était « sur tous bien enlangagié en latin et en franchois » £ n
1403, au moment où le roi et l’Université décidèrent de rendre au pape
Benoît XIII l’obédience de la France qui lui avait été soustraite en 1398,
Pierre d’Ailly fut chargé de promulguer l’ordonnance, ce qu’il fit au cours
d’une cérémonie à Notre-Dame, après avoir prononcé un sermon en fran¬
çais, sur le thème : Benedictus Deus qui dédit hanc voluntatem in corde
regis clarificare domum suum. IL Esdras , viii. capitulo (2j .
Le sermon est perdu; mais un autre discours est conservé. Pierre d’Ailly
fut l’un des orateurs de l’Assemblée du clergé de 1406. Le texte de toutes
les interventions, pour ou contre Benoît XIII, a été heureusement transcrit
par un greffier, et c’est un document précieux pour l’histoire de l’éloquence
en langue vulgaire (3) .
Cette éloquence a des lois, un style. Est-il possible de comparer les
sermons du manuscrit de Cambrai avec les autres œuvres oratoires attri¬
buées avec certitude à Pierre d’Ailly?
Il est difficile d’établir une comparaison entre le discours politique de
1403 et les sermons religieux; la différence de genre est trop sensible. On
ne retrouve naturellement rien du fond des idées. C’est plutôt par la clarté
de l’exposition, par l’emploi de formules favorites *'> que la manière de
l’auteur se révèle i6) .
Ui Ed. Kervyn de Lettenhove, Bruxelles,
1872, t. XVI, p. 121.
(i) Chronique du Religieux de Saint-Denis,
éd. Bellaguet (Coll, de documents inédits),
t. 111, Paris, 1841, p. 97.
Discours à Benoît XIII, cité par Salembier,
Les œuvres françaises..., p. 54 du tirage à
part, note.
(a) Bourgeois du Chastenet, Nouvelle his¬
toire du Concile de Constance, où Von fait
voir combien la France a contribué à Vextinc¬
tion du Schisme avec plusieurs pièces qui n'ont
point encore paru, tirées des Manuscrits des
meilleures Bibliothèques, Paris, 1718; in-4°,
Ümin., 290 p. de texte et 556 p. de preuves.
Voir preuves, p. 94-234. Le discours de Pierre
d’Ailly est aux p. 149-163.
Ce discours a été publié également par
Salembier, Les œuvres françaises du cardinal
Pierre d'Ailly..., p. 70-89 du tirage à part.
14: Comme dans les sermons scolastiques,
on note l’annonce du plan, les divisions asso-
nancées (aussi chez Gerson), les arguments
numérotés avec précision ; les transitions du
type : « Je me expedie du second article et
viens au tiers article •, l’emploi fréquent du
verbe « reciter • sont plus caractéristiques.
(A> Des lettres missives récemment décou¬
vertes et publiées par M. Pietresson de Saint-
Aubin, Documents inédits sur l'installation
de Pierre d'Ailly à l'évêché de Cambrai en
1397, dans Bibl. de l'École des chartes, t. CXIII,
1955, p. 111-139, ne fournissent pas d’élé¬
ments de comparaison avec les sermons.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
166
ÉDITH BRAYER
Une autre confrontation se montre plus fructueuse, celle d’un sermon
français avec un sermon latin, tous deux célébrant la fête de Noël sur le
thème : Veritas de terra orta est. L’un n’est pas la traduction intégrale de
l’autre. Ce sont deux rédactions avec variantes. Le sermon latin ne comporte
que deux parties; destiné à des clercs, il contient beaucoup de citations
de l’Écriture et d’auteurs de l’Antiquité. Le sermon français a réduit les
longs développements savants, et ajoute une troisième partie, l’avertisse¬
ment au jeune roi contre les mauvais conseillers. La démonstration est
illustrée d’une fable qui devait être goûtée d’un auditoire laïque. La struc¬
ture du plan, les passages communs, librement adaptés d’une version à
l’autre, indiquent un seul et même auteur. Dans les détails certains procédés
sont révélateurs
Les neuf sermons de Cambrai enrichissent de beaucoup l’œuvre fran¬
çaise de Pierre d’Ailly. On lui avait attribué divers petits poèmes, qui sont
plutôt des jeux de versification ( 2) . Peut-être ce goût des rimes a-t-il porté
(1) Voir ci-dessous, p. 104. Un procédé cher
à Pierre d’Ailly consiste à employer côte à
côte deux groupes « nom-adjectif », choisis de
telle sorte que le nom d’un groupe et l’adjectif
de l’autre groupe soient de la même famille
étymologique; par exemple : « misérable
scisme et scismatique division; ardant amour
et amoureux ardour; douls confort, confor¬
tant seureté et seur resjoissement ». Dans le
sermon latin figurent des formules analogues :
« Summo vero ac vero bono. »
l2) Salembier a tiré d’un ms. d’Avignon
(Musée Calvet 344) et d’un imprimé ancien,
qui se trouve, comme YYmago mundi, à La
Bibliothèque Colombine de Séville, l’essentiel
de sa documentation sur Pierre d’Ailly poète.
U a ignoré beaucoup d’autres manuscrits,
ainsi que l’article suivant : Arthur Piaget,
Quelques vers du cardinal Pierre d’Ailli , dans
Romania, t. XXIX, 1900, p. 112-115. Sont à
retenir, jusqu’à nouvel ordre :
1° Le Rossignolet (inc. : Rossignol messa-
gier d’amoureuse nouvelle), 350 vers; ms. Avi¬
gnon 344, foL 152 v°-158 v°; éd. Salembier,
Les œuvres françaises..., p. 28-40 du tirage à
part; l’éditeur a ignoré le ms. Paris, BibL
nat., fr. 24863, foL 159; sur la source du
poème, voir J. Monfrin, A propos du Tombei
de Chartrose, dans Romania , t. LXX, 1948-
49, p. 248, n. 1.
2° Les Contredits de Franc-Go nthier (inc. :
Ung chasteau sçay sur roche espouvantable...),
32 vers; éditions anciennes, et Salembier,
ouvr. cité, p. 44-48. Ce poème, qui évoque
le portrait d’un tyran, est une réplique d’un
poème de Philippe de Vitry, les dits de Franc-
Gonthier, consacrés à la vie du paysan (inc. ;
Soubz feuille verd, sur herbe delict&ble...).
Villon (Testament, v. 1457 et suiv.) fait allu¬
sion à ces deux pièces, et compose d’autres
Contredits de Franc-Gonthier plus paillards
(inc. : Sur mol duvet assis, un gras chanoine...),
ainsi dédiés :
Item a maistre Andry Courault
Les Contrediz Franc Gontier mande;
Quant du tirant séant en hault
A cestuy la riens ne demande...
Cf. Romania, t. XXVII, 1898, p. 61-65.
3° Les Enfermetez du corps (inc. : Plus est
le corps aise et pis vault...), 14 vers commen¬
çant tous par « Plus... », qui démontrent que
la mollesse et la facilité engendrent le vice;
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
167
le prélat à proposer, dans ses sermons, deux ou trois traductions différentes
des versets évangéliques qu’il commentait, et à exprimer en vers quelques
images de son texte **'?
Le lecteur moderne apprécie davantage l’éloquence du prédicateur,
l’harmonie de la phrase et l’élévation des sentiments. Comment résister à
la fougue de l’orateur, quand il blâme la tiédeur de la foi en une longue
tirade d’interrogations (2) ? Comment ne pas participer à ce mystère de la
Résurrection, mis en scène par le beau sermon « Maria Magdalene », quand
les divers acteurs jouent leur rôle avec une criante vérité < a >?
L’édition des textes permettra d’apprécier tous les aspects du talent de
l’écrivain. La technique de composition, la doctrine des sermons mériteront
d’être analysées comme celles des sermons de Jean Gerson l4) , et des compa¬
raisons entre les deux auteurs pourront être entreprises.
mss Paris, Bibi. nat., fr. 25434, fol. 58-58 v°;
Londres, Brit. Muséum, Add. 174*16, fol. 11;
Londres, Brit. Muséum, Lansdowne 380, fol.
142 v°. Vienne, Bibl. nat. 2579, fol. 19-19 v°
et 40 v°-41 ;
Éd. A. Piaget, ouvr . cité, p. 114.
4° Les Bienfaits de la souffrance (inc. :
Souffrir nous fault, car c’est raison...), 24 vers
commençant tous (sauf le dernier) par « Souf¬
frir... ». C’est le « Contredit » du poème pré¬
cédent. Mss Paris, Bibl. nat., fr. 25434, fol.
58 v°-59 (seul connu de Piaget); Paris, BibL
nat., nouv. acq. fr. 10032, fol. 141-141 v°;
Lille, Bibl. mun., 139 (2 # partie), fol. 13-13 v°;
Vienne, Bibl. Nat. 2579, fol. 18-18 v°.
Éd. S. Glixelli, Les cinq poèmes des Trois
morts et des trois vifs, Paris, 1914, p. 128-
129, et Piaget, ouvr. cité, p. 114-115; étude
annoncée par M.G. Brunelli.
Les autres œuvres retenues par Salembier
sont : le Jardin amoureux de Tâme dévote.
Digitized by Google
en prose, terminé par un poème sur l’amour
divin, en 98 vers, qui est conservé par un
grand nombre de manuscrits, et est parfois
attribué à Gerson; la Piteuse complainte de
Vhumaine créature qui de Testât de pechié,
nouvellement a Dieu veut retourner, en prose,
qui est ordinairement attribuée à Jean Gerson.
Il y aurait beu d'examiner plus attentivement
les manuscrits avant de se prononcer sur l’attri¬
bution.
U) Voir les thèmes des sermons Verbum et
Assumptus ci-dessous, p. 113 et 157; le débat
de l’âme et du corps, dans le sermon Ecce
nu ne, ci-dessous, p. 137.
(a) Sermon Assumptus, ci-dessous, p. 158.
(,) Sermon Maria Magdalene, ci-dessous,
p. 139. Ce sermon se déroule comme un drame
liturgique.
(4) Voir les ouvrages de L. Mourin, qui
ont été cités ci-dessus, p. 18, n. 2, notamment
Six sermons français ...
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
168
ÉDITH B RAYER
ANALYSE DU MANUSCRIT
LES SERMONS
» - i I JJiU 13 9UMIU
Fol. A-E v°. C’est le table des euvangiles, sermons et exemples contenus
en ce présent livre t 1 2 3 *.
Fol. 1-2 v°. Pour le premier dimenche deTAdvent nostre Seigneur —
Scientes quia hora est jam nos de sompno surgere. Ad Romanos xi° c°. —
Au jour d’uy commenchent les Advens de nostre Seigneur Jhesucrist. Si
devés premièrement sçavoir que nous lisons en saincte Eglise de quatre
advens... W.
[Les quatre venues de J.-C. sont la Nativité, la visite spirituelle dans le cœur des
pécheurs repentants, la présence au moment de la mort corporelle, le retour au Jugement
dernier. L’Église célèbre la première et la quatrième.
Exhortation à sortir de nos péchés. Exemple : un chevalier reçoit en pénitence un
anneau, en mémoire de la mort.]
**Fol. 2 v°-3. [Maurice de Sully.] Item pour le dit jour. — Ecce Domi¬
nas veniet et omnes sancti ejus cum eo . — Chieres gens, les boins jours
del advenement nostre Seigneur entrent huy et nous amonnestent les escrip-
tures... [Éd. Robson, n° 47.]
(1) La table contient les textes du foi. 1
(« Pour le premier dimenche de i’Advent »)
au foi. 399 (Exemple d’une femme qui tua
un enfant). Les trois textes sur la Conception
de la Vierge (foi. 399 v°-401) ne figurent pas
à la table, mais sont annoncés au fol. 310 v°.
(2) Les textes dépourvus d’astérisque sont
ceux du Sermonnaire « Scientes »; ceux qui
sont marqués d’un astérisque sont les sermons
(ou leçons) anonymes ajoutés; ceux qui sont
marqués de deux astérisques sont les sermons
d’auteurs déterminés.
(3) Thème : Ép. s. Paul, Rom. xiii, 11;
Digitized by Google
I er dim. Avent. Pour chaque sermon du Ser¬
monnaire « Scientes ■, sont données les réfé¬
rences des mss de Valenciennes, de Troyes,
de Copenhague et de Tournai; puis celles du
Miroir des Curés, ms. Cambrai 210, l re ou
II* partie (cf. ci-dessus, p. 8-9).
Mss Valenciennes 126, foi. 1-4; Troyes
1041, fol. 1-2; Copenhague Ny 1838, fol. 23-
24 v°; Tournai, Sém. 43 (précédé par un autre
sermon sur le même thème), fol. 2-3; Cam¬
brai 210, I, fol 38 v°-39 v°.
Thème : Zach. xiv, 5; antienne des
Vêpres, i fr dim. Avent.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
D
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
169
Fol. 3-4 v°. Le second dimence de FAdvent. — Erunt signa in sole
et luna et stellis. Mathei xxiiii ° c°. — Saincte Eglise fait mencion en Feuvan-
gile d’uy du jour du Jugement...
[La venue de J.-C. sera : 1° « de grant affaire », tous le verront; 2° vertueuse. Exemple,
tiré de Barlaam et Josaphat : un roi salue les pauvres. Il faut renoncer aux désirs charnels.]
**Fol. 4 v°-6. [Maurice de Sully.] Le m e dimence de FAdvent. —
Johannes autem cum audisset in vinculis opéra Xpisti 9 etc. — Le saint
euvangile d’uy nous raconte que messires s. Jehan Baptiste, comme Herodes
le tenist en prison... [Éd. Robson, n° 49.]
**FoI. 6-6 v°. [Maurice de Sully.] Le im e dimence de FAdvent. —
Miserunt Judei ab Jherosolimis 9 etc. — En l’euvangile de dimenche desrain
passé nous moustra nostre Seigneur le grant haultesse de monseigneur saint
Jehan Baptiste... [Éd. Robson, n° 50.]
Fol. 6 v°-8. [Saint Bernard.] Colation de FAdvent nostre Seigneur. —
Dicite jilie Syon : Ecce rex tuas venit. Mathei xxii 0 c° 4) .
[Texte entier:] Sainte Eglise fait, en ce tamps présent mention de le première venue de
nostre Seigneur Jhesucrist et dist Feuvangeliste : « Dittes a le fille de Syon, c’est a chascune
ame feable : Vechi ton roy vient. »
Esquels parlera nous devons considérer qui est ce roy qui est venus, et pour quoy il
est venus. Ad ce rcspont saint Bernard et dist : Le fils de Dieu nous est venus, car Dieu le
Pere a envoiet le sapience de son cuer ou ventre de le benoite vierge Marie 1 * 3 * * (6) pour prendre
en lui char humaine par le vertu du Saint Esperit et par l’oeuvre. Par ainsi nous est il venus
et nasqui de le vierge Marie vrais dieux et vrais homs en une personne.
(1) Thème : non pas Matth. xxiv, 49, mais
Luc xxi, 25; i #r dim. Avent.
Mss Valenciennes 126, foi. 4-7; Troyes
1041, fol. 2-3 v°; Copenhague Ny 1838, foi.
24 v°-25 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 3 v°-5; à la
suite, dans les trois derniers mss, histoire de
l’Antéchrist et de la fin du monde. Cambrai
210, I, fol. 39 vMO vo.
2) Thème : Matth. xi, 2; n* dim. Avent.
(3) Thème : Jean i, 19; m* dim. Avent.
' 4) Thème : Matth. xxi, 5; évangile de la
Bénédiction des Rameaux (entrée à Jérusa-
Édith Brayer.
lem), d’après Isaïe Ixii, 11, et Zach. ix, 9.
Mss Valenciennes 126, foL 7-10; Troyes
1041, fol. 9-10; Copenhague Ny 1838, foi. 37-
38; Tournai, Sém. 43, fol. 10-11 v°; Cambrai
210, I, foL 47 v°-48 v«.
(5> Sermones de Adventu Domini, n° I
(Pair. lat. f t. CLXXXIII, coi. 37-40). § 6,
coi. 38 : Ecce fratres, audistis quis sit qui
veniat; considerate jam unde veniat et quo.
Venit utique de corde Dei Patris in uterum
Virginia Matris ; venit a suramo caelo in infe-
riores partis terrae.
22
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
170
ÉDITH BRAYER
Mais je vorroie sçavoir ' 1} pour quoy il est venus a nous et que nous ne venimes
ainchois a lui. Car coustume est que les povres vont as riches et non mie les riches as povres.
Certes nous deuissions ainchois aler a lui, mais nous aviemes double empeschement de
venir a lui; car nous estiemes es tenebres de ce monde si aveulé par le convoitise de nos
malvais désirs ; et aussi estiemes si malades et si foibles par le pechiet originel que nous ne
poyemes si hault monter que jusques a luy. Et pour tant nos débonnaires mires et sires
descendi par se miséricorde de se haultescc et devint cha jus nos variés.
Car il se laissa mettre a mort pour nous raccater de le prison de l’anemi d’infer, que
nos prumiers peres Adam avoit par se inobedience fourfait et avoit perdu nostre héritage,
le royalme du ciel; si en fu four- [fol. 7]-jugiés, ne a cellui ne pooit nuis homs revenir sans
paier l’amende de le mort. Pour ce eut le benoit Fils de Dieu pité que nostre humaine lignie
deuist ensy demourer dampnee. Et pour le très grant amour qu’il avoit a nous, il vint cha
jus paier l’amende de le mort et nous remist en le franchise de revenir a nostre hiretage, le
royalme du ciel, se nous voliemes faire se volenté en wardant ses commandemens et ensieuir
se voie qu’il nous a moustree et donne exemple par se doctrine.
[En marge :] Le doctrine de Jhesucrist.
Se doctrine e9t telle que nous amons Dieu de vray cuer, deseure toutes créatures et
que nous amons nos proismes, c’est tous xpistiens si comme nous meismes. Après que nous
despitons le monde, c’est a dire que nous ne laissons mie dominer en nous les malvaises
convoitises du monde ne de nos corps, contre lesquelles il nous couvient combatre tant
que nous vivons, si comme contre celles qui mettent l’ame a mort, ensi que nostre Sires
dist en l’euvangile : Qui ayme a faire les désirs corporeuls, il perdera s’ame.
Et ensy que nostre Sires est une fois visiblement (l) 2 3 venus au monde, ainsi vient il
tous les jours espirituelement pour sauver nos âmes (,) quant il envoie en nostre cuer une
boine pensce. Et pour tant, o tu créature humaine (4) , il ne te couvient mie passer le mer
ne les montaignes ne les nuees pour venir a lui. Le voie n’est plus longue que a toy meismes
et dedens toy meismes. Va a l’encontre de lui par repentance de cuer et par vraie confession
de bouche, car il ne afiiert mie que Dieu, tes sires, viengne ou cuer rempli d’ordure de
pechiet.
(1) Ibid., § 8, col. 39 : Attamen veiim nosse
quid sibi voluerit, quod ad nos venit ille, aut
quare non magis ivimus nos ad ilium. Nostra
enim erat nécessitas; sed nec est consuetudo
divitum ut ad pauperes veniant, nec si praes-
tare voluerint. Ita est, fratres, nos magis ad
eum venire dignum fuit; sed duplex erat impe-
dimentum. Nam et caligabant oculi nostri :
ille vero lucem habitat inaccessibilem (1 Tim. vi,
16); et jacentea paralytici in grabato divinam
illam non poteramus attingere celsitudinem.
Propterea bénignissimus Salvator et medicus
animarum descendit ab altitudine sua...
(2) Invisiblement ms.
(3) Ibid., § 10, col. 39 : Verumtamen sicut
ad operandam salutem in medio terrae venit
semel in carne visibilis, ita quotidie ad salvan-
das animas singulorum in spiritu venit et
invisibilis...
(4) Ibid. : Non te oportet, o homo, maria
transfretare, non penetrare nubes, non trans-
alpinare necesse est. Non grandis, inquam,
tibi ostenditur via, usque ad temetsipsum
occurre Deo tuo. Prope est enim verbum in
ore tuo, et in corde tuo (Rom. x, 8). Usque
ad cordis compunctionem et oris confessio-
nem occurre, ut saltem exeas de sterquilinio
miserae conscientise ; quoniam indignum est
illuc auctorem puritatis intrare. Et haec qui-
dem de eo adventu dicta sunt...
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
171
0 ! quelle reverence et amour lui devons nous porter qui nous a créés et de la mort
d’infer raccatés. Et si nous rappelle toudis a luy après ce que nous l’avons courchiet par
nos pechiés et nous promet encore son royalme du ciel lassus. Certes, se uns homs nous
fesist le centisme partie d’amis té que Dieu nous a fait, moult nous hontieriemes de faire
chose qui lui deuist desplaire. Comment dont sommes nous si pervers que nous faisons les
grans pechiés par lesquels nous mettons nostre [fol. 7 v°] ame a mort et qui moult desplaisent
a Dieu qui tant de biens nous a fait? Soyons certain que si comme l’apostle dist : t Tant
que Dieu plus longuement et paciamment seuffre le mauvaisté des pécheurs en ce monde,
tant plus crueusement les pugnira après courte vie. » Nuis ne se peut excuser de ses pechiés.
Il ne cesse de crier a nous tant par boines paroles et boincs pensees, comme par ses prcs-
cheurs, que nous laissons a faire le mal et que nous faisons le bien. Il dist en l’Appocalipse :
« Je hurte a l’uys de ton cuer et busqué pour ens entrer » W.
Et que quiert il en nous? — Nostre cuer.
Pour quoy faire? — Pour estre amés.
En quel maniéré ? — En gardant par amours ses coinmandemens. Mal serviroit son
seigneur qui ne volroit faire chose que ses sires lui commandast.
Nostre Sires dist en l’euvangile : Si quis diligit me, etc. «Qui me ayme, il garde mes
conunandemens, et mon Pere l’amera et nous venrons a lui et ferons nostre mansion en
lui • Eureuse est l’ame qui tel hoste rechoit Et quel appareillement faut il faire en
le chambre de le conscience pour rechevoir dignement tel hoste? Le prophète David dist
a Dieu et respond : « Justice et jugement est le préparation et appareillement de ton siégé »;
Justicia et judicium preparatio sedis tue Aultre aornement ne demande a avoir de nous
nos boins roys. Se tu le veuls bien rechevoir, te conscience soit premièrement garnie de
justice en faisant reverence de cuer et obedience de fait, a Dieu premièrement et après a
tes souverains Et se tes souverains est de perverse vie ou de malvaise renommee et
famé, non pourquant fais a lui ce que tu dois Et meismement pour l’amour de Dieu
ton Seigneur, de par qui il a le souveraineté sur toy, fais aussi justice a tes proismes, c’est
a tous xpistiens.
Quelle justice? — Tu renderas a chascun ce que tu lui dois.
Quelle chose est ce que je doy a chascun? — Tu dois as povres faire ammosnes de tes
biens discrètement, selonc ce que tu as des biens temporeulx. Et se tu es povres, ayes bonne
volenté de bien faire a aultruy, se tu en [fol. 8] avoies poissance. Tu dois pardonner de cuer
ce que on t’a mesfait, et le justice de ce méfiait commettre a Dieu ou a ton juge soit temporel
ou espirituel. Tu dois avoir compassion des pécheurs et de tes anemis et prier pour eulx.
Tu dois a aultrui faire, selon Dieu, ce que tu vorroies que on te fesist.
(lï Apoc. iii, 20.
l2) Jean xiv, 23.
131 Sermones de Adventu Domini, n° III
(éd. citée, col. 43-47). § 4, col. 45 : Beatus
apud quem mansionem faciès. Domine Jesu...
(4) Ibid. : Quis in vobia est, fratres, qui
desiderat in anima sua sedem parare Christo?
Ecce quaenam illi serica, quae tapetia, quod
pulvinar oporteat praeparari. Justifia...
(6) Ibid. : ... et digne célébras adventum
Christi parans ei in justifia sedem suam. Redde,
inquam, reverentiam praelato, et obedien-
tiam...
Ibid. : Quod etsi tam manifeste inno-
tuerit indigna praelati alicujus vita, ut nihil
omnino dissimulationis, nihil excusationis
admittat; propter eum tamen a quo est omnis
potes tas.
22 .
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
172
ÉDITH BRAYER
Apres tu dois faire justice a toy ineismes et commettre t’ame après ton corps en garde,
et se ton corps peche, t’arae le comparra quant ton corps dormira en le terre après te mort.
Que doit elle dont faire a son corps? — Elle le doit telement garder que ses membres ne
soient mie amministrés de faire pechiet et malvaisté. Elle doit castier son corps et constrain-
dre de faire le fruit de penance, et le doit tenir au service de Dieu sans laissier faire ses
désirs carneulx. Comment peut le ame ce faire? — Enteng ce que saint Augustin dist :
« Quoy que le corps face, se ce ne lui vient de le volenté, ce n’est mie pechiet. Et pour tant
doit l’aine le corps constraindre par se volentè qu’il ne fâche nul pechiet, car l’ame gouverne
le corps par se volenté».
Encore te fault il faire jugement sur toy meismes pour faire en toy le siégé de ton
seigneur. Et quel jugement? — Tu te jugeras en te confession devant le prestre que tu es
pecheur et diras humblement tes pechiés par vraie repentance de cuer. Car Dieu ayme
l’ame qui prent songneusement garde a lui meismes et juge par se confession lui estre
indigue de Dieu servir W. Par ainsi celle appareille dignement lieu a nostre Seigneur en se
conscience et desire a faire se volenté pour le tenir en amour et dignement rechevoir se
venue ad présent en grâce et après ceste vie en le glore permanable, a lequelle nous
admaint le Pere et le Filz et le Saint Esperit. Amen.
Fol. 8-9. [Saint Bernard.] S’ensieut une aramonition du corps et de
l’ame
[Texte entier :] Saint Bernard fait en ses sermons des advens une telle ammonilion
du corps et de l'ame ou il dist en le dessus ditte collation que l’ame doit le corps constraindre
par oeuvres de penance si qu’il ne face mie les désirs carneulx.
0 tu corpz W [fol. 8 v°], ne empesche mie a faire le salut de Pâme, tu en vaulroies pis.
Seuffre ung pau de tamps le labeur temporele aveuc ton ame. Car tant plus que tu empes-
cheras se boine volenté, tant fais tu a toy meismes plus grant dommage, car sans li ne peus
(1) Ibid., § 5, coL 47 : Nihil quod in se
est a nobis exigit ampli us; tantum di camus
iniquitates nostras, et justificabit nos gratis,
ut gratia commendetur. Diligit enim anim&rn
quae in conspectu ejus et sine intermissione
considérât et sine simulatione dijudicat seme-
tipsam...
12 Ibid. : Haec plane quoad ad hominem
est digna sedis praeparatio Domino majes-
tatis ut et justitiae mandata studeat observare
et semper indignum sese et inutilem arbitretur
(fin du sermon).
(3i Mas Valenciennes 126, fol. 10-11; Troyes
1041, foL 10-10 v°; Copenhague Ny 1838,
fol. 38-38 v°; Tournai, Sém. 43, foL 11 v°-12;
Cambrai 210, I, foi. 48 v°-49.
I4) Sermones de Adventu Domini, n° VI
(éd. citée, col. 52-54). § 3, col. 53 : Propterea
noli, o corpus, noli praeripere tempora; potes
enim iinpedire animae tuae salutem, tuam
ipsius operari non potes. Omnia tempus
habent (Eccle. iii, 1). Patere ut nunc anima
pro se laboret, magis autem etiam collabora ei,
quoniam si compateris, et conregnabis. Quan¬
tum ejus impedis reparationem, tantum impe-
dis tuam; quod nimirum ante reparari non
poteris, donec suam in ea Deus imaginem
videat reformatam. Nobilem hospitem habes,
o caro, nobilem valde, et tota salus tua pen-
det de ejus salute. Da hono.em hospiti tanto.
Tu quidem habitas in regione tua; anima vero
peregrina et exsul apud te est hospitata.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
173
tu riens de bien après ceste vie. Elle est dedens toy herbergie si comme uns bostes. Tu es
en ton pays et elle est pelerine. Fay honneur a ton hoste par quoy tu viengnes a grant
honneur. Elle est bile a roy et ne quiert a avoir nulle ordure de pechiet. Ne lui fais nulle
injure ne blasme.
Certes se uns nobles et très poissans homs venist en le maison d'un povre homme,
sans doubte li povres homs soufferoit volentiers mesaise pour coucliier aise et honnerable-
ment ce noble homme. Et o tu corps, fais ensement; seuffre une courte mesaise pour
herbregier honnerablement et honnestement ton ame; ne le despite point pour ce qu'elle
est pelerine, mais regarde quel honneur elle te fait et que tu as de par ly tant que en toy
demourra.
[En marge :] Nota les biens que l'aine donne au corps.
Elle donne (t) a tes yeuls corporeulx le veue, a tes oreilles le oiie; a te langue le parole
et a tous tes membres donne elle vie et le beauté que tu as. Et tout ce perderas quant de toy
elle se départira. Tu seras une flairans carongne et toute ta beaulté tournera en laidure.
Pourquoy dont destourbes tu ung tel hoste pour ung petit solas du monde et pour une
courte délectation carnele? Se elle fait a toy tant de biens si comme pelerine, quel bien dont
te fera elle quant d’encoste son Seigneur sera en son propre royalme? Et pour tant n’em-
pesche point, je t’en prie, le noble fille du roy souverain a faire ses vertueuses oeuvres et
a servir son Seigneur. Ains seuffre en ceste courte vie volentiers aveuc ly les labeurs et les
mesaise s temporeles, car grande glore t’en porra venir.
[En marge :] Nota que le corps peut dire a lame.
11} Quaeso te, quia rusticus, ai forte nobi-
lis et praepotcna quiapiam apud eum voluerit
hospitari, non libenter in angulo dormis auae,
aut sub gradibus suis, vel in ipsia cineribus
accubabit, cedena hospiti auo locum (aicut
dignuin est) potiorem? Et tu ergo fac simi¬
li ter. Injurias vel molestias tuas ne reputa-
veris, tantum ut hospes tuus honorifice posait
apud te demorari. Honor tibi est, ut pro eo
intérim te exhibeas inhonorum.
§ 4 : Ac ne forte despicias aut parvipendas
hoapitem tuum, pro eo quod peregrinus tibi
videtur et advena, diligenter attende quid
hoapitia hujus tibi praesentia largiatur.
(2) Ipse enim est qui tribuit oculis viaurn,
audit uni auribus praestat; ipse est qui linguae
vocem, palato gustum, motum membris omni¬
bus subministrat. Si quid vitae, si quid aen-
sua, ai quid in te decoria est, hujua hoapitia
Digitized by Google
beneficium recognosce. Denique diacessus
ejus pro bat qui praesentia conferebat. Proti-
nus enim anima discedente, lingua silebit,
oculi nihil videbunt, obaurdescent aures, cor¬
pus omne rigebit, faciès expallescet. In brevi
quoque totuin cadaver putridum aimul et puti-
dum fiet, et décor omnia in saniem conver-
tetur. Utquid ergo pro temporali quahbet
delectatione contristas et lædis hoapitem
iatum, quam nec aen tire quidem ullo modo
poteras niai per ipsum? Ad haec si tantum
tibi confert exsul, et inimicitiarum causa a
facie Do mini sui ejectus, quantum tibi praes La-
bit réconciliât us?
Noli, o corpus, noli impedire réconciliatio-
nem illam, quoniam grandis tibi exinde gloria
praeparatur. Patienter, imo et libenter teme-
tipaum expone ad omnia : nihil dissimules quod
huic videatur reconciliationi posae prodeaae.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
174
ÉDITH BRAYER
Dy a ton hoste : « Quant le roy du ciel ton Pere te mandera en sus de moy, et tu
vcnras en son royalme, adont ayes souvenance de moy. • Certes, il lui souvenra de toy et
dira a son Pere comment tu as souffert pour lui mes&ises, labeur en orer, en fain, en soif
porter, en juner, en froit et en veillier, et que tu as laissiet pour lui a faire tes délia carneuls.
Et le roy de glore redescendera cha jus pour toy [foi. 9] relever et te faire glorieux et immortel
et si comme le soleil est clers et reluisans et te rendera lame aveuc lequelle tu aras vie
parmanable.
O ! coin grande sera celle glore et celle joie quant nos sauveur le roy souverain venra
pour toy faire glorieux. 0 tu povre char W, com longuement seras tu aveule et maleureuse
qui quiers les cours solas du monde qui te feront venir a le dampnation d’infer. Seuflre ung
pau de mesaise, fay le conseil de ton ame, sers le roy en faisant se volenté par lequelle faire
et acomplir porras venir as biens de le glore de paradis, lequelle nous veule ottroier le
Pere, le Filz et le Saint Esperit.
Fol. 9-14 v°. Item aultre colation des trois venues nostre Seigneur. —
Ecce sponsus venit , exite obviam ei. Mat. xxxfi capitulo. — Nous poons
prendre les parlers devant dis en latin pour le matere de le venue nostre
Seigneur Jhesucrist...
[Première partie : la grâce de Dieu (citation : Thomas in Compendio). Deuxième
partie : les trois venues de J.-C. A la fin de chaque partie, récapitulation de l’exposé; renvoi
au sermon du second dimanche de l’Avent (Erunt signa). Attitude de Time dévote envers
Dieu (amour), envers elle-même (justice) et envers le prochain (miséricorde). Symbole de
l'Épouse. Comment elle obtient la paix et le repos.]
**Fol. 14 v°-18 v°. [Pierre d’Ailly.] — Sermon de le Nativité nostre
Seigneur Jhesucrist. — Veritas de terra orta est. — Scriptum est in psalmo
(1) Die hospiti tuo : Quia record&bitur
Do minus tui et restituet te in gridum pristi-
num, et tu memento mei (Gen. xl, 13).
§ 5 : Omnino enim memor erit in bonum,
si bene servieris illi, et cum pervenerit ad
Dominum suum, suggeret ei de te, et loque-
tur bonum pro bono hospite, dicens : Cum
in uldonem culpae suae exsularet servus tu us,
pauper quidam apud quem hospitatus sum,
fecit raecum misericordiam ; et udnam rétri¬
buât pro me Dominus meus. Primo siquidem
omnia sua, dehinc etiam semetipsum exposuit
utilitatibus meis, non parcens sibi propter
me, in jejuniis multis in laboribus fréquenter,
in vigiliis supra modum, in famé et siti, etiam
in frigore et nuditate. Quid igitur ? Profecto
non mentietur Scriptura, qua dicitur : Volun*
tatem timentium se fadet.-
(2) § 6 : Quousque igitur caro misera, insi-
piens, caeca, demens et prorsus insana caro,
transitorias et caducas quaerit consola tiones,
imo desolationes, si forte contingat repelli et
indignam judicari hac gloria, magis autem
nihilominus ineffabili in aetemum excruciari
poena?...
(3 > Thème : Matth. xxv, 6; évangile des
vierges sages et des vierges folles.
Mss Valenciennes 126, foL 11 v°-21 v°;
Troyes 1041, fol. 10 v°-13 v°; à la suite.
Conception de la Vierge; Copenhague Ny 1838,
fol. 38 v°-42 v°; Tournai, Sém. 43, foL 12-17;
Cambrai 210, I, foL 49-53.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 175
et hodie in matutinali officio recitatum. — C’est bien raisons et droiture
que vérité soit ditte et oye cestui jour ou vérité fu nee... (1) 2 .
••Fol. 18 v°-25 v°. [Jean Gerson.] Aultre sermon pour le jour de Noël.
— Gloria in altissimis Deo et in terra pax hominibus bone voluntatis. —
Qui est la bouche qui porroit dire ou crier et comprendre le divine liesse
que vous eustes au jour d’uy, Mere de Dieu glorieuse?... [Ed. Mourin, Six
sermons, n° 4.]
Fol. 25 v°-28. Colation pour le jour de Noël. — Pastores loquebantur
ad invicem. Lace, ii° c°. — En celle meisme heure et journée que le benoîte
vierge Marie avoit enfanté son benoit Fil, l’angle l’anoncha as pastou-
riaux... W.
(Trois exemples : 1° S. Bernard voit les larmes d’un pécheur rompre les chaînes dont
les diables avaient lié cet homme; 2° Huit vertus à suivre : la patience de Job, la chasteté de
Joseph, la « débonnaireté » de Moïse, la miséricorde de David, l’abstinence de Daniel,
l’humilité de s. Paul, la dévotion de s. Pierre, la charité de s. Jean; 3° Un prud’homme châtie
son corps, en avertissement des peines de l’enfer.]
O •
**Fol. 28-31 v°. [Pierre d’Ailly.] S’ensieut un sermon dévot de le
Nativité nostre Seigneur Jhesucrist. — Verbum caro factum est. Johannis
i° c° et in ewangelio hodierno . — Pour impetrer le grâce du benoit Fil de
Dieu qui au jour d’uy fu nés en terre... W.
*Fol. 31 v°-32 v°. Cy s’ensieut ung moult bel exemple pour solemp-
nisier le Nativité nostre Seigneur Jhesucrist.
On list es croniques de l’abbeye de Clervaux que saint Hues, abbés de
celle abbeye, disoit a ses moisnes en ung jour de Noël...
[Vision d’un religieux : le diable ne pouvait tenter aucun moine, car tous célébraient
la naissance de J.-C. — Exemple du moine qui rit tout seul.]
(1) Voir le texte entier ci-dessous, p. 104.
(2) Thème : Luc ii, 15; évangile de la messe
de l’aurore.
Mss Valenciennes 126, fol. 32-36; Troyes
1041, fol. 17 v°-18 v°; Copenhague Ny 1838,
fol. 45 v°-47 (figurait déjà foi. 12 v°-13); Tour¬
nai, Sém. 43, fol. 17 v°-18 (abrégé); Cambrai
210, I, foL 111-112 v° (avec le propre des
saints). Dans ces mss, les sermons de Noël
sont dans l’ordre : Christus natus est, Natus
est vobis salvator et Pastores loquebantur.
(3) Voir le texte entier ci-dessous, p. 113.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
176
ÉDITH B RAYER
Fol. 32 v°-35 v°. Item sermon de le Nativité nostre Seigneur. — Natus
est nobis hodie salvator qui est Xpistus dominas. Luce, ii° c°. — Saint Luc
l’euvangeliste qui descript clerement le naissance de nostre Seigneur dist
ensy : « Il nous est au jour d’uy nés le sauveur Jhesucrist li sires... » (1 >.
[Prodiges arrivés le jour de la Nativité.]
*Fol. 35 v°-36 v°. [Partiellement Maurice de Sully.] Item sermon du
jour de Noël. — Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bone
voluntatis. — Chieres gens, nous lisons ou service d’uy que nostre Sires
Jhesucrist nasqui du ventre de le benoite vierge Marie, au jour d’uy en
Bethleem... [Ed. Robson, n° 51.]
[Exemple de l’unicorne.]
Fol. 36 v°-38. Item pour le jour de Noël. — Xpistus natus est nobis.
Isaye, isfi c°. — Saincte Eglise a le journée d’uy fait feste et très grande
solempnité de le venue nostre Seigneur...
[J.-C. est né : 1° comme • mires » pour nous guérir du péché; 2° dans un pauvre lieu;
3° pour les humbles.]
**Fol. 38-42. [Pierre d’Ailly.] Sermon de le Circoncision nostre Sei¬
gneur Jhesucrist. — Apparuit gratia salvatoris nostri Dei. Ad Titum,
ii° c° et in epistola hodierna. — Ceste parole est ditte de monseigneur
s. Pol Papostle et escripte en Pepistle qui au jour d’uy a esté recitee...
Fol. 42-44 v°. Aultre collation de le Circuncision. — Postquam consum -
mati sunt dies octo ut circumcideretur puer , vocatum est nomen ejus Jhesus.
(1) Thème : Luc ii, 11 (Natus est vobis);
évangile de la messe de minuit.
Mss Valenciennes 126, fol. 24-32; Troyes
1041, fol. 16-17 v°; Copenhague Ny 1838, foL
43 v°-45 v° (figurait déjà fol. 10 v°-12 v°);
réd. différente dans Tournai; Cambrai 210,
I, fol. 109-111 (avec variante).
(2) Thème : Isaïe ix, 9; introït de la messe
du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 21 v°-24 ; Troyes
1041, fol. 15 v°-16; Copenhague Ny 1838, fol.
42 v°-43 v° (figurait déjà foi. 10-10 v°); manque
dans Tournai; Cambrai 210, I, foi. 108-109.
(3) Voir le texte entier ci-dessous, p. 119.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
177
Luce, ii° c°. — Après ce que .vin. jours depuis le naissance de Jhesucrist
furent acomply... (U.
[Huit raisons de la Circoncision.]
Fol. 44 v°-47. Pour le jour des trois roys. — Reges videbunt et consur -
gent principes et adorabunt Dominum Deum tuum. Isaye , xliofi c°. — Ceste
feste qui est au jour d’uy est appellee l’Epyphane, c’est a dire le manifes¬
tation de nostre Seigneur...
[Description de l’étoile. Nous devons faire comme les trois rois : sortir de nos habi¬
tudes, regarder autour de nous. Au même jour sont fêtés le baptême de J.-C., le miracle
des noces de Cana.]
Fol. 47-49. Item des trois roys. — Au xiii e jour de le nativité nostre
Seigneur Jhesucrist, vinrent Jaspar, Balthazar et Melcior, trois roys des
parties d’orient, a grant compaignie sur dromedaires, en Jherusalem...
[L’ânesse de Balaam. Offrandes des trois rois. Translation de leurs corps à Cologne.]
Fol. 49-50 v°. Le premier dimence après les roys. — Fili 9 quid fecisti
nobis? Sic ecce pater tuus et ego dolentes querebamns te . Luce 9 ii° c°. —
Coustume estoit entre les Juys que tous ceuls et celles qui demouroient as
villes hors de Jherusalem estoient par loy constrains de venir en trois festes
de l’an en Jherusalem...
[Trois conclusions à tirer : comment on perd J.-C.; comment on doit le chercher;
comment on le trouve.]
»
(1) Thème : Luc, ii, 21; évangile de la
Circoncision.
Mss Valenciennes 126, fol. 37 v°-41; Troyes
1041, fol. 19-20; Copenhague Ny 1838, foL
47-48 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 18 v°-19 v°;
Cambrai 210, I, fol. 119-120.
{2) Thème : Isaïe xlix, 7 (Nativité de s. Jean-
Baptiste); la lecture de T Épiphanie est d’ordi¬
naire le texte d’Isaïe lx, 1-6 : Et ambulabunt
gentes in lumine tuo ...
Mss Valenciennes 126, foL 41-44 v°; Troyes
Édith B RAYER.
Digitized by Google
1041, foi. 20 v°-21 v°; Copenhague Ny 1838,
fol. 48 v°-50; Tournai, Sém. 43, fol. 19 v°-
21 v°; Cambrai 210, I, fol. 120-122.
(S) Mss Valenciennes 126, foL 44 v°-47;
Troyes 1041, foL 20-20 v°.
(4) Thème : Luc ii, 48; évangile du i tr dim.
apr. l’Épiphanie.
Mss Valenciennes 126, fol. 47-49; Troyes
1041, fol. 22-22 v°; Copenhague Ny 1838,
fol. 50-51; Tournai, Sém. 43, fol. 21 v°-22 v«;
Cambrai 210, I, foi. 53-53 v°.
23
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
178
ÉDITH BRAYER
Fol. 50 v°-52. Le il® dimenche après les roix. — Vocatus est Jhesus
ad nupcias et discipuli ejus. Johannis, ii° c°. — Ainsi que s. Pol dist :
Tout quanques escript est, c’est pour nous aprendre...
[Les lois du mariage : foi et loyauté, fondation d’une famille, lien indissoluble. Les
noces de Cana sont le symbole des noces spirituelles de Dieu et de l’âme. Les six « buires »
d’eau changée en vin sont six tristesses de l’âme repentante, qui doivent devenir six joies
spirituelles.]
Fol. 52-55. Le m e dimenche après les roys. — Nescitis quod hii qui
in stadio currunt , omnes quidem currunt, sed unus accipit bravium ? Sic
currite ut comprehendatis. 7 a ad Chor. 9 ix? c°. — Les Gregois avoient une
telle coustume qu’il donnoient au mieulx courant un joyel... (2) .
[Cinq obstacles rencontrés sur la voie de Dieu : i’ordure de luxure, la poussière de
vaine gloire, l’avarice, la paresse, les pierres d’obstination. Trois choses hâtent la course :
la peur du diable, l’espérance de paradis, l’amour de J.-C. Trois manières d’amour. A la fin,
exemple de Seçvulus le paralytique, extrait des sermons de s. Grégoire.]
Fol. 55-58. [Saint Grégoire.] Le dimenche de Septuagesime. — Simile
est regnum celorum homini patri familias qui exiit primo mane conducere
operarios in vineam suam. — Nous lisons en Feuvangile de le journée d’uy
que le royalme du ciel est samblans a un homme qui a maisnie et qui ist
hors au matin pour louer ouvriers a ouvrer en se vigne...
Sur ce dist saint Gregore en son omelie, lequelle il prescha au peuple
en l’eglise de Saint Leurens a Romme, que le royalme du ciel est samblans
(1 > Thème : Jean ii, 2; évangile du il 6 dim.
apr. T Épiphanie.
Mss Valenciennes 126, fol. 49-51 v°; Troyes
1041, fol. 22 v°-23 (le sermon est suivi d’un
autre sur le même thème, fol. 23 v°-24) ; Copen¬
hague Ny 1838, fol. 51-52; Tournai, Sém. 43,
fol. 22 v°-24 v°; Cambrai 210, I, foL 53 v°-55.
A la suite de ce sermon, dans Valenciennes et
dans Tournai : Purification; dans Troyes :
Purification, Annonciation, instruction pour
les Quatre-Temps, Trois manières d’amour.
Histoire de la création; dans Copenhague :
III* et iv* dim. apr. l’Épiphanie sur les thèmes
Digitized by Google
des évangiles Cum descendisset Jésus de monte
et Ascendente Jesu in naviculam.
12} Thème : 1 Corinth. ix, 24; épître de la
Septuagésime. L’exemple de Servulus est tiré
du sermon de s. Grégoire pour la Sexagésime.
C’est par erreur qu’il a été introduit ici. Les
autres mss ont, à la place, l’exemple du philo¬
sophe qui cherche le souverain bien (cf. ci-des-
sous. Exemples, fol. 396 v°-397).
Mss Valenciennes 126, fol. 58-63; Troyes
1041, foL 30-31; Copenhague Ny 1838, fol.
55 v°-57; Tournai, Sém. 43, foL 26-28; Cam¬
brai 210, I, foL 55-56 v°.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
179
au seigneur qui a maisnie.... [Patr. lat., t. LXXVI, col. 1153-1159,
n° xix.]
CAMBRAI 574
Fol. 58-60. [Saint Grégoire.]
— Le dimence de Sexagesime. —
Exiit qui seminat seminare semen
suum, Luce viii 0 c° (2) . [Patr. lat.,
t. LXXVI, col. 1131-1134, n° xv.]
[Texte entier:] Nous lisons en l’euvan-
gile de le journée d’uy que nostre Sires
Jhesucrist dist au peuple ceste samblance :
« Cieuls qui scmme ist hors semer sa
semence. Et quant il semme, si chiet l’une
semenche delés le voie et on passe sus et
li oisel du ciel le menguent. L’aultre chiet
sur le pierre, et quant elle fu nee, si secqua,
car elle n’avoit mie humeur. L’aultre chef
entre les espines [fol. 58 v°] et les espines
aveuc le semence le dcstruisent. Et l’aultre
chel en boine terre et fist centisme fruit. »
Après ce disoit Jhesucrist : « Qui a
oreilles pour oïr, si oye. » Et ses disciples
lui demandèrent quelle estoit ceste para¬
bole. Et il leur dist : « À vous est donné
a congnoistre misteres du régné de Dieu,
(1) Thème : Matth. xx, 1; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 63-67 v° (à la
suite, histoire de la création); Troyes 1041,
foL 31-32 v°; Tournai, Sém. 43, foL 28-30
(l’histoire de la création est plus loin, fol. 165-
168 v°); Cambrai 210, I, foL 56 v°-58 v° (à la
suite, instruction sur les Quatre-Temps et his¬
toire de la création). Ces textes figurent aussi
dans Copenhague Ny 1838, fol. 59-63 (Quatre-
Temps, trois manières d’amour, histoire de la
création); mais le sermon des ouvriers dans la
Digitized by Google
Fr. 913
Fol. 33-36 v°. Ci après s’ensuit
l’euvangile selon saint Luc in LX a .
— Cum turba plurima etc .
Comme grant quantité de peuple et
grant tourbe estoient venu et se hastoient
de pluseurs citez de venir a Jhesucrist, il
leur dist par similitude et par maniéré
d’exemple : t II est yssus qui seme sa
semence. Et en semant, aucune partie de
sa semence chai près du chemin et de la
voie, et elle fu foulée et vindrent les
oiseaux du ciel et la mengierent. Et l’autre
clial sur la pierre, et quant elle commença
a venir et a croistre, elle sécha, car elle
n’avoit point d’uracur. L’autre chay entre
les espines, et les espines qui crurent avec
la semence l’estaindrent. L’autre chel en
bonne terre et elle crut et fist bon fruit
et grant a cent doubles. »
Et disant ces paroles, clamoit et disoit :
« Qui a oreilles pour oïr si oye. » Ses disci¬
ples li demandèrent que ceste parabole
signifioit, et il leur dist : < A vous est
donné et octroié que vous sachiez le mis-
vigne manque; il est remplacé par un doublon
du sermon de la Sexagésimc.
(2) Thème : Luc viii, 5; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 74-79 v°, avec
addition de la tentation d’Ève; Troyes 1041,
fol. 32 v°-33; Copenhague Ny 1838, fol. 63-
64 v°; Tournai, Sém. 43, foi. 30-31 v°; Cam¬
brai 210, I, foL 62 v°-64. Le texte imprimé
en regard de celui du ms. Cambrai 574 est
la traduction de Pierre de Hangest, d’après le
ms. Paris, BibL nat., fr. 913. Voir ci-dessus, p. 6.
23.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
180
ÉDITH BRAYER
mais as aultres en paraboles affin que cil
qui voient ne voient mie, et cil qui oent
ne l’entendent mie. Le parabole est telle :
le semence, c’est le parole de Dieu. Celle
qui chiet delés le voie, ce sont ceuls qui
le parole de Dieu oyent; et après vient le
diable et toit le parole de leur cuer, qu’il
ne le croient et soient sauvés. Celle qui
sur le pierre cheï ce sont cil qui en joie
rechoivent le parole, mais ilz n’ont nulle
rachine pour retenir; car ilz croient ou
tamps de prospérité et ou tampz de temp-
tations et de adversités defallent. Et celle
qui cheï entre les espines, ce sont cil qui
le parole de Dieu oyent (1) , mais quant
ilz s’en vont as soingnes du monde, as
richesses et as delis, ilz en sont si espris
qu’ilz ne reportent nul fruit. Et celle qui
cheï en boine terre, ce sont cil qui par
boin cuer oent le parole de Dieu et par
très boin cuer le retiennent et en appor¬
tent le fruit en pacience.»
S’ensieut l’omelie s. Gregore de celle
lechon meismes qui fu faitte au peuple en
l’eglise de s. Pierre a Romme.
Saint Grigore dist sur le dit euvangile
qu’il n’a mestier de exposition mais a mcs-
tier de ammonition. Car celle que nostre
Sires exposa de lui meismes, humaine
fragilité ne le doit mie présumer a declai-
rier. Mais une cose est que nous songneu-
sement devons penser en l’exposition de
nostre Seigneur, car se nous vous disons
que la semence segnefie le parole de Dieu,
et le camp segnefie le monde, et li oysel
segnefient les diables, et les espines segne-
fient les richesses, par aventure vos cuera
doubteroit a nous croire. Et pour ce
[fol. 59] daigna nostre Sires exposer ce
tere du régné de Dieu; mais aus autres
par paraboles, si que cil qui verront ne
voient pas, et cil qui orront ne l’entendent
mie. Ceste parabole est tele : la semence
est et signifie la parole de Dieu. Ce qui
chai encoste la voie sont cil qui oent la
parole Dieu; mais li dyables vient et leur
oste la parole de leur cuer, par quoi il
ne croient et ne soient sauvé. Et ce qui
chaï sur la pierre sont cil qui, quant il
ont oy la parole, a grant joye la reçoivent,
mais il n’ont nulle racine car il croient a
temps, et en temps de temptation s’en
départent. Ce qui cheï entre les espines,
ce sont cil qui ont oy la parole et par
[fol. 33 v°] les curiositez du siècle et les
richesses et deliz de leur vie est estainte
et n’en reportent point de fruit. Mais la
semence qui cheï en bonne terre, ce sont
cil qui de bon cuer et très parfait oyent la
parole et la retiennent et aportent fruit en
pacience. »
Ci après s’ensuit l’omelie saint Gré¬
goire sur la dite euvangile ( rubr .).
La leçon de la sainte euvangile, mi frere.
que vous avez oye n’a mie besoing d’expo¬
sition mais d’admonition seulement. Car
ce que Dieu, qui est veritez, expose par li
meismes, nulle humaine fragilité ne le doit
mie présumer a exposer. Mais vous veez
en ceste euvangile, en l’exposition que
nostre Sires fait, aucunes choses que moult
devez penser. Car se nous vous eussiens
dit et exposé que la semence signifie la
parole de Dieu, le champ signifie le monde,
les oiseaux les dyables et les richesces,
espines signifiassent, vous, par aventure,
ne le creussiés mie bien, mais en feissiez
doubte. Et pour ce, nostre Sires Jhesu-
(1) Ici, interpolation, dans le ms. de Valenciennes, de la tentation d’Adam (foL 74 v°-
76 v°).
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
181
qu'il meismes disoit, par quoy vous sachiés
querre le segnefiance des choses en celles
qu’il ne voloit mie par lui exposer.
Qui me creroit se je, par les espines,
voloie segnefier les richesses, meismement
quant cestes poindent et celles deütent?
Et nonpourquant les richesses sont bien
espines, car elles desquirent les pensees
par les pointures de leurs cogitations ;
et quant elles trayent l’omme jusques au
pechiet, dont le font elles sanner si comme
feroit une playe. Lesquelles nostre Seigneur
appelle bien dechevables richesses, comme
tesmoingne le euvangeliste Matth. xiii 0 c°
et Marti iiii° c°. Dechevables sont, car
elles ne peucnt mie longuement demourer
aveuc nous. Dechevables sont car elles
n’ostent mie le pourreture (4) de nostre
pensee. Celles sont vrayes richesses seule¬
ment qui nous font riches de vertus.
Et pour tant se vous désirés a estre
vray riche, si amés les vraies richesses.
Se vous amés le haultesce de vraie honneur,
tendés au royalme du ciel. Se vous amés
le glore des dignités, hastés vous que vous
(1) Corriger : n’a déclaré. Texte original
latin : noluit ex planar e.
(21 Lat. : Et tamen spinae sunt, quia cogita-
tionum suarurn punctionihus mentem lacérant.
crist a exposé par li meismes ce que il
disoit, si que vous sachiez quérir et trou¬
ver aucunes significations en ce qu’il a
déclaré et moustré a) . En exposant ce que
il dist, il nous moustre que il parloit par
figure comment que après il se declairast
et nous en feist certains.
Qui fust cilz qui me creust, se je vousisse
exposer et dire que par espines fussent
entendues richesses? Certes nuis a paines
ne le creust. Car les espines poignent et
les richesses plaisent et délitent. Certes si
sont richesses espines, car parmi les grans
pensees que on a pour elles et par elles,
elles poignent moult fort et navrent les
pensees et le cuer de ceuls qui les ont
et veulent avoir Et s’il avient que elles
mainent aucunes personnes jusques a
pechié, elles seront aussi comme plus
mortel et navrent perilleusement. Et pour
ce en une autre euvangile, nostre Sires
ne les appelle mie simplement richesses,
mais richesses decevables qui les gens
de- [fol. 34] -çoivent. Certes, elles sont bien
decevables et fausses, car elles ne peuent
longuement demourer avec nous. Bien sont
decevables, car elles ne peuent ostcr la
povreté W ne l’indigence ne la soufirete
de nostre pensee ne de noz courages. Mais
celles sont richesses proprement et seule¬
ment qui nous font riches de bonnes vertus.
Donques, mes chiers freres, se vous cou-
voitiez et desirez estre fait vraiement riches,
amez les vraies richesses. Et se vous cou-
voitiez et desirez la gloire des dignitez,
basiez vous et mettez peine et diligence
(2) Coït. : plaie. Lat. : quasi inflicto vul
nere.
(4) La bonne leçon est dans fr. 913. Lat. .
mentis nostrae inopiam.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
182 ÉDITH
soiés comptés en celle souveraine court
des angles.
Et les paroles que vous oés par l’oreille,
retenés les par le pensee, car le parole de
Dieu, c’est le viande de Lame, [et si est
comme viande getee hors... quand en la
mémoire n’est retenue ll) .] Et pour tant
que de celle vie n’a on mie esperanche,
qui les viandes ne peut retenir en son
corps, pour ce doublés les périls de le
mort parmanable se vous prenés le men-
gier de saint enortement, ce sont les paroles
de vie, et le viande de justice [et ne les
retenés WJ.
Tout ce que vous faittes trespasse et,
veulliés ou non, san9 delay vous approchiés
au desrain Jugement. Pour quoy ayme on
dont ce que laissier couvient? Et pour quoy
n’a on cure de ce ou on parvenra ? Re¬
membrés vous de ce que nostre Sires dist au
peuple : « Se aulcuns a oreilles pour oïr,
si oye. » Tout cil qui la estoient pre-
sens W avoient oreilles du corps, mais il
demanda les oreilles du cuer. [Fol. 59 v°J
Pen9é9 dont que le semence de le parole
de Dieu ne chiee delés le voie, que le
fl) Passage corrompu. Lat. : Et quasi accep-
tus cibus stomacho languente rejicitur, qu&ndo
auditus serino in ventre mémorisé non tenetur.
(2) Lat. : Sed qui s qui s alimenta non rctinet,
hujus profeeto vita desperatur. Aeternae igitur
mortis periculum formidate, ai cibum quidem
Digitized by Google
BRAYER
de estre escript en la court souveraine des
angles.
Retenez en voz cuers et en voz pensees
les paroles de Dieu que vous oez de voz
oreilles, car la parole de Dieu est la viande
du cuer et de la pensee. Et tout aussi
comme li mauvais estomacs qui est malades
ne puet retenir ne digerer la viande qu’il
reçoit, mais la vomist hors, tout aussi la
parole qui est oye et n’est mise en euvre,
mais est mise en nonchaloir et n’en chaut
ne en rien a mémoire par bonne euvre.
Et cilz qui ne retient la viande qu’il men-
jue, on se desespere de sa vie; tout aussi
aiez desesperance que vous n’aiez la vie
pardurable, mais que vous estez ordenez
a mort perpetuele, se vous la viande de
la sainte parole et de sainte exhortation
ne voulez retenir, et se vous ne voulez
retenir en vostre cuer et en vostre mémoire
les paroles de vérité et de justice qui sont
la viande et nourrissement de l’ame W.
Considérez que tout ce que vous faites
passe et s’en va et vous en alez a grant
haste, veuilliez ou non, au jour du derre-
nier Jugement. Pour quoi donques aime
on ce que on delesse chascun jour? Pour
quoi a on en négligence ce a quoi on va
toute jour (I) ? Souviegne vous de ce que
nostre Sires dist : Qui a oreilles pour oïr,
si oye. Tous ceuls qui estoient devant nostre
Seigneur qui disoit ces paroles 14) avoient
oirelles [sic] corporelles pour oïr; maiz pour
certain [fol. 34 v°] nostre Sires entendoit
sanctae exhortation^ accipitis, sed verba
vitae, id est alimenta justitiae, in memoria non
tenetis.
13 J Lat. : Cur ergo amatur quod reiinqui-
tur? Cur illud negligitur quo pervenitur?
Lat. : Omnes enim qui illic aderant.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
183
diable ne viengne qui oste le parole de
vostre me more.
Car a pluiseurs plaist bien ce qu’ilz ocnt
et proposent en leur pensee les coinmen-
chemens de boine oeuvre. Mais si tost
comme ilz sont traveilliés de adversité, ilz
laissent aler leur boine pensee ' 2) . Tel
cuer n'a nient de humeur a bien faire,
car le boine pensee qui estoit nee en lui
ne parvient mie au fruit de perseverance.
Les pluiseurs quant ilz oent le parole de
Dieu qui est encontre avarice, tantost
blasment avarice et ioent le renonchier au
monde. Mais tantost que le courage voit
ce qu’il convoite, il oublie ce qu'il avoit
desiret. Et les pluiseurs, quant ilz oent le
parole de Dieu contre luxure, tantost y
refusent et ont honte de ce qu’il en ont
fait. Mais tantost après que le beaulté de
le char appert a leurs yeuls 3 , si est leur
pensee telement ravie au desirier comme
s’il n’eussent riens proposet contre le
luxure. Et ainsi fait il la chose qui est a
dampner et laquelle il avoit devant blas-
met et dampnet.
(1) Ms. : diversité.
<2) Lat. : Multis enim libet quod audiunt,
boni operis initia proponunt ; sed mox ut fatigari
Digitized by Google
des oreilles du cuer. Mettez donques peine
que la parole que vous oyés, vous retenez
es oreilles de vostre cuer et que illec
demeure. Mettez peine que la semence qui
est en vous semee, c’est la bonne parole
de Dieu, ne chiee encoste la voie et que
li mauvais esperis, c’est li dyables, ne
viegne et vous toille de vostre mémoire
la parole que vous avez oye. Gardez que
la terre pierreuse ne reçoive la bonne
semence et que le fruit de bonnes euvres
ne soit sans racine de perseverence.
Car il sont moult de genz qui volentiers
oyent la bonne parole et leur plait et pro¬
posent a coramencier faire bonnes euvres;
mais si tost que bien poi de adversité (1)
leur seurvient, il sont travaillié et récréant,
et laissent tout ce que il avoient en leur
propos ll) . La terre pierreuse plaine de
pierres, si est le courage de celi qui avoit
receu la bonne parole et commencié aussi
comme a germer, maiz il n’a point venu
ne persévéré jusques a bon fruit. Il sont
moult de gens quant il oent aucune bonne
parole contre le pechié d’avarice, il blas¬
ment avarice et trop loent a despire les
choses mondaines; mais si tost comme il
voient aucune chose couveitablc, il oublient
tantost ce que il avoient loé par avant. Il
sont pluseurs que quant il oent parole
contre le pechié de luxure, il blasment
toute pollution de char et leur desplaist
fourment ce que il ont loé par avant. Mais
si tost que aucune espece plaisant d’aucune
personne leur est presentee, et leur appert
devant leurs yeux (3) , tantost leur pensee
et leur cuer est si ravis aussi comme se
il n’eussent unques pensé au contraire de
adversitatibus coeperint, inchoata derelinquunt.
13 Lat. : sed mox ut carais species eorum
oculis apparet...
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
184
ÉDITH BRAYER
euls abstenir de tel pechié et commettent
et font ce qui est défendu, et ce que il
leur souvient que il ont dampné et jugié
qui n’est mie a faire.
Souvent nous avient que nous avons
grans cumpuctions de cuer et nous desplaist
[fol. 35] de ce que nous avons fait. Et toute-
vois retournons nous legierement, et fai¬
sons, aus pechiez de quoi nous avons eu
compunction et desplaisance. Ainsi fu d’un
prophète anciennement qui aloit pour
maudire le peuple d’Israël ^ ; et quant
il les vit en leurs tentes, il ploura et sou-
haida que il fust semblables a euls en sa
mort, et dist : « Muire la moie ame de la
mort de ces justes ici, et soit ma fin tele
et semblable a la leur. » Mais si tost après
que l’eure de la compunction qu’il en out
eue fu passée, il fu souspris du pechié
d’avarice. Car parmi les dons que on li
fist, il donna conseil contre (,) la mort de
cellui peuple et conseilla comment il
seroient mort. Et si avoit il désiré mourir
de tele mort comme eulz, et oublia ce de
quoi il avoit plouré; et mist peine com¬
ment il peussent mourir par avarice, de
quoi il fu souspris.
Moult fait a noter ce que nostre Sires
en exposant ces paroles dist que les cures
et les curiositez et les delices et les richesses
estaignent la parole Dieu. Certes elles l’estai-
gnent voirement, car pour ce que par les
pensees grandes et curieuses, la pensee est
aussi comme estrangliee, car elles ne lessent
entrer la bonne parole de Dieu, aussi
comme se il empeeschassent l’air et le
respirer de quoi le cuer doit vivre. Nous
devons aussi noter que nostre Sires en
parlant des richesses y adjouste deux
choses car il dist que il a curiosité, et
111 Le prophète est Balaam; voir Livre des
nombres, xxin, 10.
(i) Corriger : pour U mort. Lat. : in ejus
populi mortem consilium dédit.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
185
Mais le boine terre rend fruit en pa¬
cience, car les biens que nous faisons ne
sont mic biens, se nous ne souffrons egal-
ment les maulx de nos proismes. Car de
tant que chascuns a plus haultement pour-
fitet en boines euvres, de tant treuve il
mieulx ce que plus griefment porte en ce
monde. Car de tant que le délectation de
no cuer est plus eslongie du monde, tant
plus s’eslievent encontre nous les adver¬
sités du monde ***. De ce est que nous
veons les aulcuns bien faire, et nonpour-
quant ilz sont desoubz griefs tribulations
appressés. Ilz fuyent ja les désirs du monde,
et nonpourquant ilz sont de pluiseurs durs
travaulx traveilliés. Mais, selonc le voix de
nostre Seigneur, ilz portent fruit en pa¬
tience, car quant ilz rechoivent humble¬
ment les flayaus des tribulations, ilz sont,
après de Dieu moult haultement rechut en
paix. Ainsi est li roisins foulés et puis
est coulés en [fol. 60] saveur de vin (,) . Et
le olive est pressée et puis retourne en
liqueur d’oile. Et ensy sont parmy les
flayaux li grain départi des pailles et
parviennent ou grenier du seigneur. Et
pour tant, quiconques veult plainement
(1) Corriger : voluptez. Lat. : duo sunt
qua© divitiis jungit, sollicitudines vidclicet ©t
voluptates. Ms. fr. 912 : il y a curiosité et
volupté ©s délices.
(2) Lat. : quia cum a praesentis saeculo
Édith Brayer.
Digitized by Google
volentez (1) 2 et delices. Et est veritez, car
en avoir richesses habundans, a grant cure
qui grieve le cuer de cellui qui les a; et si
font trop delicatis ceulz qui les ont, et
quérir leurs volentez. Et ce font richesses
par divers temps, car elles poignent et
font avoir grans cures en elles garder, et
font avoir et quérir delices pour l’abun-
dance qui est en elles et font amolier les
personnes en delices et en leurs volentez
quérir et avoir.
La bonne terre fait bon fruit par pa-
cience. Car noz biens que nous faisons ne
sont nuis se nous ne souffrons et portons
les maulz de noz proismes. Car de tant
comme chascun profite plus haut envers
Dieu, de tant trueve il plus en cest monde
de choses plus dures pour porter et pour
souffrir. Car quant nostre pensee et la
délectation de nostre courage se départ
plus de cest siecle présent, de tant croit
plus l’adversité du siecle (J> . Et pour ce
[fol. 35 v°] veons nous moult de gens de
cest monde qui font moult de biens et si
sueffrent moult de grans tribulations et
d'angoisses. Il fuient et cschivent les délec¬
tations mondaines et si sont travaillié et
batu de moult dures adversitez. Mais
certes selonc la parole nostre Seigneur en
ceste euvangile, pacience rent le bon fruit
a cent doubles. Et par pacience est rendu
le bon fruit. Car en tant comme il reçoi¬
vent les tribulations en humilité, après les
tribulations, il sont hautement receu et
eslevé en très grant repos. Ainsi veons
nous que la grape des roisins est foulée
aus piez, par quoi le bon vin en soit fait
et en viegne Ainsi est estraintc l’olive
mentis nostrae dilectio déficit, ejusdem saeculi
adversitas crescit.
3 Lat. : Sic uva calcibu9 tunditur et in
vini saporem liquatur.
24
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
186
ÉDITH
vaincre les vices, il soit songneux de por¬
ter humblement les flayaux de se purgation.
Dont il s’ensieut que nous devons ensieuir
le voie des sains par soufrir paincs et tri¬
bulations. Et par ainsi nous porrons acqué¬
rir le royalme de paradis, auquel nous
admaint le Pere et le Fil et le saint
Esperit. Amen.
Digitized by Google
BRAYER
et laisse son amertume et est convertie en
bonne liqueur de oile. Et aussi veons nous
que par batre en Faire les garbes est la
paille separee du grain, et le grain purgiez
et mis ou grenier en sauveté.
Quincunques donques a desirrier de pur-
gier ses vices et ses pechiez, si s’estudie
et mette peine a soustenir pacianment les
flayaus et les tribulations par quoi il est
purgiés, si que de tant il viegne plus net et
plus pur, après ce, devant son Juge, comme
en cest monde le feu de tribulation ara
plus purgié le ruil et l’ordure de ses
pechiez...
(Exemple de Servulus).
...[fol. 36] Donques selonc la parole
nostre Seigneur qu’il dist en ceste euvan-
gile, la bonne terre porte et fait le bon
fruit par pacience. Car elle est aree et cul¬
tivée par Farele [fol. 36 v°] et le trenchant
fer de persécution et de tribulation et parmi
ce fait et vient aporter le bon blé et le bon
fourment comme terre bien cultivée, c'est
a perfection de vertu et au guerredon par-
durable.
Mais pour Dieu, mi chier frere, pensons
et nous avertissons que nous dirons au jour
de l’estroit jugement, quele excusation
pourrons nous avoir, nous qui sommes
frois et remis et tardif de toutes bonnes
oevres, qui avons et les biens temporeuls et
les mains et les membres fors et sains,
quant nous veons cesti povre indigent et
sans mains qui empli et parfist les corn-
mandemens nostre Seigneur. Gardons que
nostre Sires ne araaine les apostres encontre
nous qui ont amené et amenront avec euls
en paradis les grans compaignies du peuple
que il ont converti et trait avec euls par
leurs prédications. Gardons que il ne
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
187
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
•
amaine contre nous les martirs qui sont
venuz en paradis par espandre leur sanc.
Que dirons nous adonques quant nous
verrons cestui povre homme de quoi nous
avons parlé, de qui le longue maladie
tenoit et appetiçoit ses bras, mais pour ce
ne fut il yl) mie peresceus de faire bonnes
oevres. Pensez, mi frere, a ces choses cy et
voue esmouvez si en bonnes euvres que
vous puissiez estre en la compaignie des
bons que vous voulez et entendez mainte*
nant ensuir et ressembler par bonnes
euvres.
Fol. 60-61 v°. [Saint Grégoire.] Le dimenche de Quinquagesime. —
Cecus sedebat secus viam et clamabat : Jhesu Jili David , miserere mei.
Luce , xviii 0 c°. — L’euvangile de le journée d’uy fait mention d’un aveule
que nostre Sires Jhesus enlumina...
S’ensieut le omelie saint Gregore. — Cieuls aveules segnefie chascun
pecheur qui gist en tenebres de pechiet.... I 1 ) [Patr. lat. 9 t. LXXVI, col.
1081-1086, n° ii.]
[A la lin, annonce du Carême. Exemple du riche homme qui redoute le jour du
Jugement et qui mène une sainte vie.)
**Fol. 61 v°-69. [Pierre d’Ailly.] Sermon pour le jour des Cendres.
— Ecce nunc dies salutis . Scriptum est // a Chor . vi° c° et in epistola domi -
nice sequentis . — Nous veons par expérience que quant aulcune créature
est languereuse ou enferme de langueur, doleur ou maladie, elle redoubte
moult le nuit... ( 8 ).
*Fol. 69. Boine exhortation pour le jour des Cendres. — Très chieres
gens, en ce saint tamps de quaresme ouquel nous sommes entrés a ce jour
d’uy, toute boine et devote créature se doit combatre et campier contre le
diable d’infer...
[Il faut combattre notamment contre l'orgueil, la convoitise et la luxure.]
(t) Le ms. porte : furent.
(2) Thème : Luc xviii, 35; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, foL 79 v°-82; Troyes
1041, fol. 33 v°-34; Copenhague Ny 1838,
fol. 64 v°-65 v°; Tournai, Sém. 43, foL 31 v°
33; Cambrai 210, I, foL 64-65.
{8) Voir le texte tout entier, ci-dessous, aux
pages 126-138.
24 .
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
188
ÉDITH BRAYER
*Fol. 69-71 v°. Cy après s’ensieut une devote lamentation contre temp-
tation carnele.
[Le texte comprend une prière, la lettre de salut de l’humain lignage et une prière
de conclusion.]
[Début :] A toy, o très douls J ht*sus, a toy mon très douls saulveur et benigne rédemp¬
teur, a toy seul et non a aultre veul je faire dolereuse lamentation et lamentable complainte
de mon faulx et desloyal cuer et de sa foie et dissolue amour... [Lettre :] Et pour en donner
certaine seureté et parfaitte esperance, tu le m’as conferraé par tes lettres patentes contenans
ceste fourme : La lettre de nostre rédemption. Jhesus de Nazareth, pardurablement fil de
Dieu le Pere... [Fin :] ... et de moy tout aultre amour a toy contraire parfaittement séparer.
Amen.
*Fol. 71 v°-72 v°. Comment les curés doivent preschier leur peuple
au commencement de quaresme
Au commenchement de quaresme doivent les curés amonnester leur peuple qu’ilz
viengnent tempre a confession affin que les junes leur pourfitent au sauvement de l’ame...
— ... Dieu leur doinst grâce de si bien curer et gouverner leur peuple que ce soit au pourfit
de leurs corps et au salut de leurs âmes. Amen.
*Fol. 72 v°-75 v°. De confession et figure sur ce. — Cieuls qui le grâce
de Dieu veult avoir si se fâche bien confés, car saint Augustin dist : La
confession du mal homme est commenchement de bonne euvre...
[Examen de conscience selon douze péchés; les paragraphes commencent par la for¬
mule :] Ostcr devons de nostre vaissel... — ... Cesaries dist : Contre tous les vices nous
couvient combatre; mais contre luxure n’a mestier de combatre, mais le fuir est le remede.
Fol. 74. S’ensieut un exemple que c’est moult noble chose et belle que de le
vertu de confession. Confession est moult noble devant Dieu... [Le diable se confesse
pour devenir beau et clair.]
Fol. 75. Item ung aultre exemple de sacrement de confession. — Il fu jadis uns
homs qui se vivoit moult honnestement... [Cet homme hésite à confesser un péché; il
s'y résout enfin, et un crapaud sort de sa bouche.]
Fol 75. Item ung aultre exemple a ce propos d’un convers qui cela un pechiet
mortel sans en voloir confesser. Il fu jadis uns convers qui demoura en pechiet mor¬
tel... [R fu étranglé par le diable.]
Fol 75 v°. Item ung aultre exemple ad ce propos d’une femme qui n’osa confesser
ung pechiet non acomply de fait. R y a bien de tels et de telles qui de leur pechiés
ne sont mie vray repentant...
(1) Mas Troyes 1041, fol. 35-35 v°; Copenhague Ny 1838, fol. 67 v°-68; Cambrai 210, I,
foL 67, tous trois après le l tr dim. de Carême.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
189
*Fol. 76-81. Par quel maniéré les curés doivent oir le confession de
leurs subgés et eulx conseillier ll) .
Comment et en quel lieu et en quel taraps en en quel maniéré et de quelles personnes
et de quelles non, hors mis les cas de neccessité, doivent les curés oir les confessions de
leurs subgés, tout ce apprent li estatus synodauls capitulo confessionis...
Fol. 76 v°. De conseillier les malades... Fol. 77. De conseillier les haitiés... Fol. 77 v°. De
conseillier les pécheurs [riches]... Fol. 78. De conseillier les enfans... Fol. 78 v°. De conseil¬
lier les vielles gens... De conseillier les personnez de saincte Eglise... Fol. 79. De conseil¬
lier les femmes... Fol. 79 v°. De conseillier les chevaliers... Fol. 80. De conseillier les
marchans... Fol. 80 v°. De conseillier les laboureurs... [Fin :] ... tu viveras du labeur de
tes mains; ensy es tu bien eureux et bien t’en advenra.
*FoI. 81-83. S’ensieut comment les curés se peuent infourmer as drois
canons de querquier penance raisonnable pour chascun pechiet mortel l2) .
Entre les docteurs sont diverses opinions des penanches que on doit querquier pour
les pechiés confessés... —... et puis que Dieu est débonnaires et qu’il regarde plus le longue
repentance que le longue penance, ses prestres ne doit mie estre austères ne crueulx.
*Fol. 83-84 v°. S’ensieut une information comment les curés doivent
preschier et amonnester leur peuple, et quelle vie aussi ilz doivent mener
Or veul je en general moustrer comment les curés doivent preschier et amonnester
leur peuple. — Quant tu fais sermon au peuple, tu ne dois mie tes mains estendre si comme
pour jetter tes paroles en le face du peuple, ne ne dois mie tes yeuls clorre ne tenir en terre,
ne ta teste mouvoir ne ta bouche contordre decha ne delà...
[Exemple : un prêtre qui, en dehors de la prédication, passait sa vie en prières et en
bonnes œuvres, reçoit la visite des anges.]
Fol. 83 v°. Comment le curé doit amonnester les juges... Fol. 84. Comment le
curé doit enseignier les chevaliers... Comment le curé doit enseignier les riches... Com¬
ment le curé doit enseignier les povres... Fol. 84 v°. Comment le curé doit amonnester
les marchans... Comment le curé doit amonnester les laboureurs... [Fin :] ...Les dimen-
ches et les festes gardés, et si rendés tousjours a Dieu grâces de ses biens. Par ainsi
poirés venir a le glore de paradis.
*
*Fol. 84 v°-86. Quel chose est de penitance. — Penitance est que on
se garde de pechier et se on peche, que on s’amende hastivement (4> .
(1) L’opuscule figure dans l'introduction du
Miroir des Curés, et non parmi les sermons;
ms. Cambrai 210, I, fol. 19-21 v°.
2 Même remarque. Ms. Cambrai 210, 1,
fol. 21 v°-23.
' 3> Ms. Cambrai 210, I, foL 36 v°-38;
Copenhague Ny 1838, foi. 130 v°-132.
(4) L’exemple, rédigé différemment, figure
dans un sermon des Rameaux du ms. Cam¬
brai 210, I, fol. 77-77 v°.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
190
ÉDITH BRAYER
Ung bel exemple d'une vierge qui avoit ung pere qui menoit saincte vie, et se mere
menoit foie et malvaise. — Ung conte d'une vierge qui moult estoit preux et parfaitte en
l'amour de Dieu... — ... Car qui cy art du feu de luxure ou de convoitise, son corpz et
son ame arderont ou feu d'infer s’il ne vient a vraye repentance en ceste mortele vie.
Fol. 86-87. Après s’ensieut une information que les curés doivent dire
au peuple ainchois qu’il le acommunient au jour de Pasques par especial.
— Expurgate vêtus fermentum ut sitis nova conspersio sicut estis azimi , etc.
Ad Chor., xfi capitulo. — Très douches gens, nostre Sires ne cesse de nous
amonnester de faire le salut de nos amez. 11 a au jour d’uy appareillié en le
court de saincte Eglise une très grande feste... — ... Ad ce doit chascuns
exemple prendre et lui tellement appareillier qu’il puist le saint sacrement
rechevoir a le table nostre Seigneur dignement M.
[Exemples : 1° Une femme communie malgré la défense du curé; elle tombe dans son
feu. 2° Un pécheur communie : sa gorge s'ouvre en deux.]
*Fol. 87-88. Et pour tant que saincte Eglise a ordonné que par cous-
tume on doit meismement le jour de Pasques dire et exposer au peuple
les .xii. articles de le foy, vous dirés après my. [En marge :] Nota les .xii.
articlez de le foy W.
Je croy en Dieu le Pere tout poissant qui a créé le ciel et le terre. Et se croy en nostre
Seigneur, le Fil de Dieu le Pere... — ... c’est le glore de paradis que Dieu donra a tous ceuls
qui le desserviront par foy et par boines euvres.
Après dira le curé le commune confession et si donra absolution et commandera que
chascun non confessés, ou qui est excommuniés, ou d'estrange parroche, ne viengne mie a
le table de nostre Seigneur. Et si publiera au peuple ce que le pape et saincte Eglise ont
commandé es drois, en disant que chacuns, soit homs, soit femme, est redevables de lui
confesser a son propre curé au mains une fois l'an et de prendre au jour de Pasques le corpz
nostre Seigneur. Et quiconques se laisse a a communier a Pasques pour se coulpe, il fait
contre le constitution de sainte Eglise. Et doit estre dessevrés, en sc vie, de l’entree de
saincte Eglise; et en se mort, son corpz doit estre enterrés hors du cymentiere.
Fol. 88-91. Le premier dimenche de Quaresme. — Cum jejunasset
Jhesus quadraginta diebus et quadraginta noctibus , postea esuriit. Mt.
iiii 0 c°. — Vechi le saint tampz de quaresme ouquel chascun xpistiens qui
(1) Dans le sermonnaire Scientes et dans
le Miroir des Curés , après le sermon de Pâques.
Thème : 1 Corinth. v, 7; épltre de la messe
de Pâques.
Mas Valenciennes 126, foL 125 v°-129 v°;
Troyes 1041, foL 49 v°-50; Copenhague
Ny 1838, fol. 98 v°-99; Cambrai 210, I, foL
81 v°-82. Le second exemple est omis dans les
quatre mss.
Ms. Cambrai 210, 1* foL 82-82 v°.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
191
est en eage de juner doit juner... Et est le quaresme ung tampz si comme
s. Gregore en se omelie dist sur le dit euvangile, ouquel nous devons paier
disme a Dieu de l’an passet... * x) . [Patr. lat., t. LXXVI, col. 1137-1138,
n° xvi, fin du paragraphe 5.]
[Trou sortes de jeûnes : abstinence de péché, abstinence de boire et de manger, jeûne
des sens. Quatre accompagnements : faire des aumônes, être joyeux, manger & l’heure de
none, garder la mesure. Exemple d’Ulysse et des sirènes.]
Fol. 91-94 v°. Le second dimence de Qua(re)resme. — Dolor meus in
conspectu meo semper quoniam iniquitatem meam annunciabo et cogitabo
pro peccato meo. Ps° xxxvii 0 . — On dist communément que chascune vielle
sen doeil plaint, et que mal est batus qui plourer n’ose... (*>.
[Exemples : 1° Un ange se bouche le nez devant un luxurieux et non devant un
cadavre, 2° Un ermite lit une lettre qui annonce le jugement dernier. 3° Un jeune homme
réprimandé parce qu’il riait. 4° Un chevalier, au mont d’Olivet, abandonne tous ses biens
pour l’amour de Dieu. A sa mort, son cœur s’ouvre en deux.]
Fol. 94 v°-96 v°. Le m e dimenche de Quaresme. — Erat Jhesus eiciens
demonium et illud erat mutum; et cum ejecisset demonium, locutus est
mutas . Luce , xi° c°. — Nous lisons en l’euvangile de le journée d’uy que
nostre Seigneur Jhesucrist cachoit et gettoit le diable d’un homme qui estoit
muyel et aveules... W.
[Exemples : 1° Un moine de Cluny est, par sa confession, délivré du diable qui
avait pris la forme d’un cheval. 2° Le diable, envoyé en mission par l’empereur Julien,
est arrêté par l’oraison d’un ermite. 3° Thaïs sauvée par la prédication de s. Paphnuce.]
(1) Thème : Matth. iv, 2; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 82-88; Tournai
Séra. 43, fol. 33-35 v°; Troyes 1041, fol. 34-35;
Copenhague Ny 1838, foL 65 v°-67 v°; Cam¬
brai 210, 1, fol. 65-67. A la suite, dans les
trois derniers mss, prédication au peuple.
(2) Thème : Ps. 37, 18-19; 2 e nocturne du
Vendredi saint. L'évangile du jour est celui
de la Transfiguration. Sur le proverbe, voir
J. Morawski, Proverbes français..., Paris, 1925,
n° 345.
Digitized by Google
Mss Valenciennes 126, foi. 88-92 v°; Troyes
1041, fol. 35 v°-36 v°; Copenhague Ny 1838,
fol. 68-69 v°; Tournai, Sém. 43, foL 35 v°-37;
Cambrai 210, I, foL 67-69.
(3) Thème : Luc xi, 14 ; évangile du
jour.
Mss Valenciennes 126, foL 92 v°-96; Troyes
1041, foL 36 v°-37 v°; Copenhague Ny 1838,
foi. 69 v°-71; Tournai, Sém. 43, fol. 37 v°-39;
Cambrai 210, I, foL 69-70.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
192
ÉDITH BRAYER
Fol. 96 v°-98. Le im e dimenche de Quaresme. — Letare Jherusalem
et conventum facite, etc. — Au commenchement de le messe, au jour d’uy,
sainte Eglise nous amonneste par quatre fois de estre liés et joieux... M.
[Les joies de paradis. Exemple : le moine et l’oiseau.]
Fol. 98-99 v°. [Saint Grégoire.] Le dimence en le Passion. — Quis
ex vobis arguet me de peccato. Johannis, viii° capitulo. — L’euvangile de
le journée d’uy fait mention que nostre Sires Jhesucrist, en ce tampz, au
peuple des Juys et as prinches des prestres dist...
Le omelie saint Grégoire. — Pensés, mes très chiers freres, les débon¬
nairetés de Dieu... (2) . [ Pair . lat., t. LXXVI, col. 1149-1153, n° xviii.]
Fol. 99 v°-101 v°. Le dimenche de Pasques flouries. — Respice in faciem
Xpisti tui. Ps° Ixxxiii 0 . — On dist communément : La ou le amour est,
la est le oeil, car naturelement prent on moult grant délit ens ou regard de
le chose amee...
[Participation à la Passion : 1° Éviter les faussetés et les périls du monde. Exemple : le
maître et le disciple; le disciple se voit empereur et refuse un don à son maître. 2° Aider et
réconforter les pauvres. 3° Méditer sur la vie de J.-C. et des saints.]
Fol. 101 v°-104 v°. Item pour le dimence de Pasques flouries. — Xpis-
tus humiliavit semetipsum, foetus obediens usque ad mortem crucis. Ad
11 Thème d’après Isaïe lxvi, 10; introït de
la messe du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 96-98 v°; Troyes
1041, foL 38 v°-39; Copenhague Ny 1838,
fol. 71-72; Tournai, Sém. 43, fol. 39-40; Cam¬
brai 210, I, fol. 70-71. Avant le présent texte,
dans Troyes, et à la suite, dans les autres
mss : sermon de Mi-Carême sur le thème
Est puer un us... Jean vi, 9, évangile du iv* dim.
de Carême, avec l'exemple d’un chanoine
marié. Voir ci-dessous, p. 66, n. 1.
2) Thème : Jean viii, 46; évangile du jour,
Mss Valenciennes 126, fol. 103-105 v°;
Copenhague Ny 1838, fol. 74-75; Tournai,
Sém. 43, fol. 42-43; Cambrai 210, I, foL 72 v°-
73 v°; manque dans Troyes. A la suite, dans
Digitized by Google
les quatre mss et dans Troyes, autre sermon
de la Passion, sur le thème Qui ex Deo est...
Jean viii, 47, suite du même évangile. Ce ser¬
mon contient l’exemple de Pélagie; cf. ci-des-
sous. Exemples, fol. 395 v°-396 v°.
(3) Thème : Ps. 83, 10; peut-être confu¬
sion avec le ps. 21, 2, Respice in me, introït
de la messe des Rameaux. Le proverbe est le
n° 1020 de Morawski.
Mss Valenciennes 126, fol. 110 v°-115 v°;
Troyes 1041, foL 39 v°-40 v°; Copenhague
Ny 1838, fol. 77-79; Tournai, Sém. 43, fol. 45;
Cambrai 210, I, foL 75 v°-76 v°; à la suite,
dans ce dernier ms., deux exemples qui corres¬
pondent, dans Cambrai 574, à ceux des foL
209 v°-213 et foi. 84 v°-86.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
193
Phil., ii° capitulo. — Jhesucrist s’est humiliés jusques a le mort de le croix.
Le passion de nostre Seigneur Jhesucrist fu amere et angoisseuse...
[La passion fut amère et angoisseuse par la grande douleur qu'il souffrit; elle fu
laide et honteuse par les outrages qu’on lui fit; elle fut très bonne et fructueuse, car il en
vint un grand profit.]
**Fol. 104 v°-106. [Maurice de Sully.] S’ensieut le segnefiance
de le pourcession que on fait au jour de Pasques flouries. — Le saincte
procession que nous faisons huy et que nous trespassons d’un lieu en l’aultre...
[Ed. Robson, n° 14, ligne 81 et suiv.]
*Fol. 106-106 v°. Item sermon pour le jour de Pasques flouries. —
Sex ante Pasche ferias, etc. — Boines gens, vous estes venu a saincte eglise
a ce jour d’uy que on dist Pasques flouries... l *>.
[Explication de l’évangile.]
*Fol. 106 v°-107. Item pour le jour de Pasques flouriez et fait mention
de trois processions que nostre Sires fist sur terre. — Très chieres gens,
nous trouvons Usant en saincte Escripture que nostre Sires Jhesucrist eubt
trois processions en terre...
[Les trois processions sont l’entrée à Jérusalem, la montée au Calvaire, l’Ascension.)
*Fol. 107-107 v°. Item un sermon pour le dit jour de Pasques flou¬
riez. — In processione hodierna defertur crux, buxus et palma. — Très
chieres gens, a le saincte procession d’uy, porte on le croix, palme et buys... (3 ’.
[Symbole des différents objets.]
*Fol. 107 v°-108. S’ensieut un sermon que le prestre peut remoustrer
a son peuple pour le sepmaine peneuse. — En ceste sepmaine peneuse,
lira on les passions de Jhesucrist qu’il souffry pour délivrer le monde de le
prison au diable...
(1) Thème : ép. 8. Paul, Philip, ii, 8; épître
du jour.
Mas Valenciennes 126, fol. 115 v°-120;
Troyes 1041, fol. 41-41 v°; Copenhague
Ny 1838, fol. 79 v°-81 v°; Tournai, Sém. 43,
fol. 47-49 v°; Cambrai 210, I, fol. 77 v°-79.
Édith Brayer.
A la suite, dans Troyes et Copenhague, récit
de la Passion, histoire de Pilate, descente de
J.-C. aux enfers.
f,) Thème : Ante sex dies Paschae...,
3 e antienne de la procession des Rameaux.
<3) Thème extrait du Rituel (?).
25
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
194
ÉDITH B RAYER
*Fol. 108-109. S’ensieut ung sermon qui fait mention que Dieux sua
par deux fois pour l’omme. — Dejectus Adam de paradiso terrestri, cepit
languescere et sudare usque ad passionem Xpisti. — Chieres gens, des
ceilui jour que Adam fu gettés du terrestre paradis pour son pechiet... O),
[Les deux « sueurs » de J.-C. eurent lieu au mont d’Olivet et au Calvaire.]
*Fol. 109-109 v°. Sermon pour le jour du blanc Joeudi et parole des
ordenes de saincte Eglise. — Dominus Jhesus postquam cenavit cum disci-
pulis suis, etc. — Chieres gens, vous estes venus en saincte eglise au jour
d’uy nommet Joeudi absolut, auquel vous devés estre mondés et nettiés de
vos pechiés...
[Circonstances où J.-C. fut le symbole de chacun des sept ordres.]
*Fol. 109 v°-123. Cy s’ensieut le Passion nostre Seigneur Jhesucrist
pour le jour du boin Venredi. — Xpistus passus est pro nobis. 7 a Pétri,
ii° c°. — Il est coustume quant uns très grans sires fait a ung povre cour¬
toisie, que li preudoms seult souvent telle courtoisie raconter a se mais-
nie... W.
[Prologue sur s. Pierre. Rappel sommaire des souffrances du Christ. Haine des prêtres
juifs et de Judas. Le récit de la Passion s’étend du repas chez Simon de Béthanie jusqu’à
l’installation de gardes autour du sépulcre. Plainte de la Vierge.]
**Fol. 123-126. [Pierre d’Ailly.] S’ensieut un sermon pour le jour
de le Resurrexion nostre Seigneur. — Maria Magdalene et Maria Jacobi
et Maria Salome emerunt aromata ut venientes ungerent Jhesum, et reliqua
que leguntur in ewangelio hodierno et scribuntur Marci, xvi° c°. — J’ay
yci proposée toute l’euvangile de le saincte solennité du jour d’uy et le
voeil entièrement reciter et aucunement exposer pour ce qu’elle contient
matere plaine de liesce et de joye... 1 2 3 (4) .
Fol. 126-129 v°. Sermon dévot pour le dit jour de Pasques. — Sur-
rexit, non est hic. Marci, ultimo capitulo. — Le glorieuse résurrection nostre
(1) Thème non identifié.
(2) Thème : d’après Jean xiii, 2-15; chant
de communion du Jeudi saint.
(3) Thème : I ép. s. Pierre, ii, 21; épître
du II e dim. après Pâques. Le récit de la Passion
est rédigé librement d’après les quatre évan¬
giles. Ms. Troyes 1041, foL 42-46 v°; à la suite,
histoire de Pilate.
(4) Voir le texte tout entier, ci-dessous,
pages 139-143.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
195
Seigneur Jhesucrist fu faitte le tierc jour après se benoite passion, en lequelle
résurrection nous poons .vi. choses considérer...
[Comment J.-C. resta trois jours et trois nuits dans le sépulcre; pourquoi il attendit
trois jours avant de ressusciter; comment il se releva de mort puissamment, glorieusement,
profitablement, merveilleusement, véritablement en son propre corps. Apparitions.
Descente aux enfers.]
♦Fol. 129 v°-131. Comment nostre Saulveur Jhesucrist descendi as
infers. — Le ame de Jhesucrist, si tost que en le croix trespassés fu, descendi
aveuc se divinité es infers — Thomas , in Compendio — pour brisier l’infer
et pour tollir au diable son pooir...
Fol. 131-133 v°. Sermon pour l’endemain du jour de Pasques. — Mane
nobiscum 9 Domine , quoniam advesperascit. Lace, viii°. — Ensy que dist
saint Gregore, il a telle différence entre les biens carneuls et les esperitueuls
que les biens espiritueuls anoyent quant on ne les a mie...
[L’habitation de Dieu est dans le cœur des prud’hommes. Profits de la présence de
Dieu : elle est honnorable, durable, joyeuse, délectable. Exemple sur les joies de paradis,
analogue à celui du moine et de l’oiseau : un chevalier sert à la fête d’un compagnon mort;
quand il revient, deux cents ans se sont écoulés.]
*Fol. 133 v°. S’ensieuent .xii. apparicions que Jhesucrist fist entre se
résurrection et son ascension. — Nostre Sires Jhesucrist s’apparut .xii. fois
entre se résurrection et ascension. Le première fois s’apparut Dieux a Joseph
de Arimathie...
Fol. 133 v°-136 v°. Le premier dimenche après Pasques. — Xpistus
reformavit corpus humilitatis nostre configuratum corpori claritatis sue .
(lî Thème : Marc xvi, 6; évangile du jour.
Mss Tournai, Sém. 43, foL 49 v°-52; Valen¬
ciennes 126, fol. 120-125 v°; Troyes 1041,
foL 48-49 v°; Copenhague Ny 1838, fol. 95 v°-
98; Cambrai 210,1, foL 79 v°-81 v°. A la suite,
dans les quatre derniers mss, instruction des
curés pour la communion pascale; cf. ci-dessus,
foL 86-87.
Aussi dans Troyes 1041, foi. 47 v°-48;
Copenhague Ny 1838, foL 94-95 v°; Tournai,
Digitized by Google
Sém. 43, foL 217 v°-218 v° (fin du volume).
Le ms. Cambrai 574 ajoute que J.-C., après sa
résurrection, habitait au paradis terrestre.
131 Thème : Luc xxiv, 29; évangile du lundi
de PAques. C'est aussi le verset des vêpres,
au l* r dim. apr. PAques.
Mss Valenciennes 126, foi. 133 v°-137 v°;
Troyes 1041, fol. 51-51 v°; Copenhague
Ny 1838, fol. 99-101; Tournai, Sém. 43, foL 52-
53 v°; Cambrai 210, I, foL 82 v°-84.
25.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
198 ÉDITH BRAYER
qui de par ie roy est envoyés reviengne quant deuement a faitte la besongne
qui commise lui estoit...
[Commentaire des trois mots : Dominus, Jhesus, assumptus. 1° Dominus, c’est la
puissance. Exemple contre les seigneurs terriens : un seigneur veut commander à la mer.
2° Jésus, c’est l’amour et la bonté’ 3° L’ascension nous est profitable pour neuf raisons.]
**Fol. 159-165 v°. [Pierre d’Ailly.] S’ensieut un sermon pour le jour
de l’Ascention nostre Seigneur. — Assumptus est in celum et sedet ad dex-
teram Dei. Scriptum est Marti, ultimo capitulo et in ewangelio hodierno.
— Se nous volons sieuir le chemin et le trache de nostre sauveur Jhesu-
crist et après lui monter de terre ou ciel...
Fol. 165 v°-168. Pour le jour de la Penthecoste, sermon. — Effundam
Spiritum meum super omnem carnem. Johelis, iii° c°. — Si comme les
prinches et les grans seigneurs doivent par raison estre larges et qu’il doivent
especialment moustrer leur grande larguesce as grandes festes... W.
[Commentaire du texte des Actes des apôtres, chap. ii. Divers noms du Saint-Esprit.
Onction du baptême.]
Fol. 168-171. — Item pour le jour de le Penthecouste. — Si quis dili-
git me, sermonem meum servabit et Pater meus diliget eum et ad eum
veniemus, et mansionem apud eum faciemus. Jo., xiiii° c°. — En l’euvan-
gile de le journée d’uy, nostre Sires nous apprent comment nous le devons
amer et comment nous devons appareillier l’ostel de nostre cuer pour reche-
voir dignement le saincte Trinité...
[Cinq causes d’amour envers J.-C.; sept signes de vrai amour.]
**Fol. 171-175. [Pierre d’Ailly.] Sermon pour le jour de Penthe¬
couste. — Ille vos docebit omnia. Scribitur Johannis, iofi c° et in ewan -
(1) Thème : Marc xvi, 19; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 161-163 v°;
Troyes 1041, foL 56-56 v°; Copenhague
Ny 1838, foL 111 v°-114 v°; Tournai, Sém. 43,
fol. 63-66; Cambrai 210, I, fol. 93-95, ces deux
derniers avec un exemple supplémentaire qui
répète le 4 e exemple du il® dim. de Carême,
ms. Cambrai 574, fol. 91-94 v°. A la suite,
dans Valenciennes et Troyes, commentaire sur
rAscension.
(2) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 156.
(3) Thème : Joël ii, 28.
Mss Troyes 1041, fol. 57 v°-58 v°; Copen-
Digitized by Google
hague Ny 1838, foL 114 v°-116 v°; Tournai,
Sém. 43, fol. 66-67 v°; Cambrai 210, I, foL
95 v°-97. Ce sermon et le suivant sont inter¬
vertis dans Troyes, et Tétaient probablement
dans Valenciennes; mais ce dernier ms. est
incomplet.
14 ] Thème 2 Jean xiv, 23; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, fol. 168-172 v° (à la
suite, lacune de deux sermons); Troyes 1041,
fol. 57-57 v°; Copenhague Ny 1838, foL 116 v°-
118 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 67 v°-69 v°;
Cambrai 210, I, fol. 97-98 v° (coïncide avec
la fin du propre du temps de la première partie).
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Xotices et extraits des manuscrits , t. XL1II, p. 199
..------
/tmUmcuf tv*)u€7u* (^ïtlvuuV
tt Kwmv du K 4 /u«tv 4 ^u Ahm
JîliOtv^
uitut <uu( uttit Viorne
trj A 1 / */V*lv >wifjn
Vsv ^cU yÎTtiiNf Vuby<Wt
uOh* Montiez ccntvt Uu 1
\idovt »Jhc tjci* tjvacwtuf tft
fvumo ^cv «K\nt cjLuobift:
pufax* bt gutfuv vpu /Vu*
ftnvNuu* j\| /cm/d
f^küm Ame-u>
CJ TtVMi /hnuc^ yam
n«M vVroueZrm
if
yemfo cov i/H^'
*(&**£4Q0ü!b *K Ad*
_ p gyjujft
mcfoiiob u tnc «C v/k >vo(c
t/t dhxpit vt IcotccvuWuto)
<TvU bu m )o\ix*'bv\y t en* U
^■Uokbu Cluitcw m?/ZjtpK V/
ttuùvt^ butt &\Uvfb\\\H
xtowpAi /iuUniCHt'lSt lu? *
lUAvf <>y^AH\Hc OU H OUÏ
•tr^vf'bvuuu'f pivfc\nw& r’/t
d^tuoivbu
£unt tfociit ?ni*t
c/bt tppQ/lc pav ctj/H md.
Hiirt *’
cvtclovul jmmi j V^t(cr 6 oi t\
V^ntif /*ut m? Iidln t*ti*u ^
Digitized by
Gôcgle
y$om*l< lutlU ^{«U .vn-U-
V pu<v AW ^07»^ À cc/rc
ittttivu/b/bWrwtt n|t<V
jvvvjU 1* âw
W/VuUiVnt
\fpxviK 4uVuc -toute* U 4 -tintt
Vp Ap^îUtV^lbUnvOHt ^
\xut^ bu CU 4 ! 4il tl7VC 7Vm~
pWi$Vt f\ >v\<Vu/t0v)Vt ?É>Ovu^
£ vt VvbtTttiOU Vf (UC*
Auit 7û\Avuf bcNfvrtiCu
CtfrAfb \*0 OlttlJ bt/H/uu*
xbyH^U^ * I low# $fcu*£
bvWd*H<Ht <‘MtCHVît Vt CVH
f ilcvct v^uv “toutt atcvturc
JhuWuut Ac/tt OîSnuHV Vt
cvtc iposw'tftvt W-trmrW
c/>mtut( vtlt Atuu^v 4 n*tK
oub\tuWt^tvuou
:cv* }&.VV c/)xcu\Ct 0 £CrvVU**|
et UOitA it/uvOUtUt Uiwf f
/~Hwt pol \*jM
JuiA jxnty\ttu] ^ <^h#Wé
rt. SlnJidVttAt . 7-
c^pz Hj* 17?4r et uout c/r
à^uiou^Hv Æhau rixd^i:c
<1UU1 Awt c/l ^ ivVuUt ««CtllT
ne. ^tVyrctUut^lrlt 4 ua?
pvv-U routai HyjCuut fceVunt
tt^v l^^vouv W\ui vile
^Ktur \S| /cr Wt^puotr Kms
vt «ciuv 1 * rtUuidut tw
‘Ofigmal frorn
i i nTi i i^/n i-v /— r^rv ✓ #-
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Notices et extraits des manuscrits, t. XLIII, p. 199
(lO/hr U bcntfv* tfjptnt
jb{& p** Iwfct vMt*''
^vliijcufc et covWfowir
>dttVH»W fW> ^VHAuK‘VH\V
j»WVh 4 Vol*»** 4Hi*\o4/itt
S * «imtt l ^Stc/bnf
t^HMMrVovvf UîV# K*rlW
^Vttv* *tAnt <iw <hf Wt« il
Www* vt te fctfutr*
^A+W* ntfzwut
r petâitt UWah<
4ttt*t«C yt /KiAU tittMU* (JUr
ti«s Me dtôfli fbwtÿ/i
,w$?W yn+udri y»yt/>*H# c»f /î
VlU*t /buAiyt <♦ «KiA
<% flnMt ^vkt fbvf /bu
tKWUM /Cttp\*Ht* peu v /buil
\;vca*d itttCuu »iôi
t
à I A A
V>cui< fcc W(c
/lîHitvi^î «At&: A 4U* !*(*>'
t f-UWY V^JCtW
>»U4 <Hvtwr >vcuf isDh«
wv jjvftn tv AwaVww^^
tfUut. CftuAHf HlU s C^K^ fcVV
tou^
wn
£
7
Digitized by
Google
1ML
~ l puW cçldnjbstiA
ïoy//«i\ou*
'-v Jupette k*u*^
lc£ / ^^lU^nftutciUf
miw(uv’<MiW ti-
VH^kffUt (*ti#i* /U fcrVmt
i^urn^t *t co** «vlUd <^w
perte itrt- pAMntct tt <VHtovt\
mt ^ ctik ivvw
vh pi pMoic vlCOH»^)
e/lplu*
>utfHvrt«r^
Vup*
lutultt \wiUfh (*0>kci
<MsW
TeV\CMilt ,4u*
*$e -to*i Vivu <t Vt^Hj
Ivr tV ^vuperew
t WiAVWf Ht Soutte ^
Vfc ce* wouwctU 4 *
Am* xfhnptt* p*v leVvwi
/lo*tt-MvC /kuvYyÀiM) Wm3tjv
tv/H 4ti
.. r _// . 4u|<*
o» UiuiAHijiie fcc W ttvA*A**<0fc
**utt /<Mnibt W
&Mv U ibVvcu pwpXXuyA**
/y&M* <QUi*Ut tjM&MG'tW
U 4 SVirn P“fu ne U*
-<V4 Wvtuljp KMtJuêx^V* ^in*
^?<vt OHr<tCt
^sîî^îi-.
Original from
îtJSMfO^EF Ml
Fol. 181. Pierre d'Aillv, fin du sermon Mansionem: Ji
'MG.niO/-\lN
f»rmnn cnr !.. mAma
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
199
gelio hodierno. — Pour impetrer le grâce du 9aint Esperit, de qui nous fai¬
sons au jour d’uy feste et solempnité et très especial solempnité...
**Fol. 175-181. [Pierre d’Ailly.] Item sermon pour le dit jour de
Penthecouste. — Mansionem apud eum faciemus. Scriptum est Jo., xiiii 0 ,
et in etvangelio hodierno. — Ceste parole est escripte et recitee en l’euvan-
gile du jour d’uy, et est le parole du sauveur nostre Seigneur Jhesucrist
ditte en le personne non pas seulement de iuy, mais ensamble ou nom des
trois divines personnes... (î) .
**Fol. 181-187 v°. [Jean Gerson.] Aultre sermon pour le jour de Pen¬
thecouste. — Mansionem apud eum faciemus. Originaliter Jo., xiiii 0 , et
recitative in etvangelio presentis celebritatis. — Esjoyssiés vous, peuple
xpistien, je vous apporte bonnes nouvelles... [Ed. Mourin, Six sermons,
n° 1.]
**Fol. 187 v°-193 v°. Cy s’ensieut un sermon pour le paix fait a Paris.
— Hec est Victoria que vincit mundum, fides nostra. Scriptum est Jo. r° c°,
et recitatur in epistola dominice precedentis. — Bonnes gens, affin que
maintenant entre le solempnité de Pasques darrainement passée et ceste
solennité de Penthecoste prochainement... W.
**Fol. 193 v°-203. [Jean Gerson.] S’ensieut un sermon du jour de le
saincte Trinité. — Videmus nunc per spéculum in enigmate. I* ad Chor.,
xiii 0 . — Entre toutes les matières de quoy on peut parler, on ne doit onques
tant sobrement, tant paoureusement et reveramment soy maintenir... comme
quant on doit parler de la divinité... [Ed. Mourin, Six sermons , n° 2.]
Fol. 203-204 v°. Item pour le jour de la sainte Trinité. — Verbo Domini
celi firmati sunt , et spiritu oris ejus omnis virtus eorum. — David le souve¬
rain prophète, qui en pluiseurs lieux du Psaltier parole moult clerement
de le saincte Trinité, dist en le xxxii e psalme... W.
[Citations de l’Écriture et des docteurs de l’Église sur la Trinité. L’union des trois
personnes de la Trinité est montrée par une série de phrases du type : t Dieu le Pere a,
par son Fils, fait... ».]
(1) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 166.
(2) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 173.
(3) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 182.
(4) Thème : Ps. 32,6. Mss Troyes 1041, foi. 58
v°-59; Copenhague Ny 1838, foL 118 v°-120 et
150-150 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 69 v°-70 v°
(fin de la première partie); Cambrai 210, II,
fol. 1-2; lacune dans Valenciennes.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
200
ÉDITH BRAYER
Fol. 204 v°-208. Pour le jour du saint Sacrement de l’autel. — Acci -
pite et comedite : hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur; hoc facite
in meam commemorationem. / 1 2 * * * & ad Chor. 9 xi °c°. — Li amy loyal ont telle
coustume que quant li uns va mourir ou qu’il va en un long voyage, il laisse
en son testament a son amy le plus précieux joyel... 0) #
[Le saint Sacrement est présenté sous les espèces du pain et du vin pour trois raisons :
la foi du chrétien, qui les accepte a plus de mérite; le pain et le vin sont plus communs et
plus abordables que la chair et le sang; il fallait éviter la dérision des Juifs. Onze merveilles
du saint Sacrement. Exemples : 1° Une femme ne croit pas que le pain qu’elle apporte à
s. Grégoire pour la messe soit le corps de Jésus-Christ; s. Grégoire prie, et l’hostie devient
chair. 2° Hugues de Saint-Victor, à sa mort, refuse l’hostie non consacrée; sa maladie
l’empêche de communier, mais le s. Sacrement s’évanouit au moment où le mourant
rend l’âme.]
Fol. 208-209 v°. Item du saint Sacrement, sermon. — Caro mea vere
est cibus. Johannis 9 xiii 0 c°. — Nostre Sires Jhesucrist qui en moult de
maniérés nous met devant comment nous devons vivre en ce monde... (2).
[Exemples : 1° Un juif converti doute que l’hostie soit le corps de Jésus-Christ;
l’hostie devient un morceau de chair; 2° Un prêtre du temps de saint Louis a les mêmes
doutes; l’hostie devient un enfant. Indulgences accordées par Urbain IV.]
Fol. 209 v°-213. Dimenche premier après le Trinité. — Homo quidam
erat dives. Luce 9 xvi° c°. — Saint Luc escript que uns riches homs estoit
qui de pourpre et de bougeran se vestoit et chascun jour noblement men-
goit...
[Exemple : un prud’homme héberge les pauvres.]
(1) Thème : I Corinth. xi, 24; épître du jour.
Mss Valenciennes 126, foi. 172 v°-179;
Troyes 1041, foi. 59-60 v°; Copenhague
Ny 1838, fol. 120-122 v° c t 151-153; Cambrai
210, II, foi. 2-4. Manque dans Tournai; mais
les Onze merveilles s’y trouvent, à part, fol.
204-206.
(2) Thème : Jean vi, 56; évangile du jour.
Mss Valenciennes 126, foi. 179-181 v°;
Troyes 1041, fol. 60 v°-61 ; Copenhague
Ny 1838, fol. 122 v° (fragment, fin du sermon-
naire) et foL 153-154 (deuxième copie, fin du
volume); rejeté à la fin dans Tournai, Sém. 43,
foL 206-207; Cambrai 210, II, foL 4-5.
(3Î Thème : Luc xvi, 19 (évangile du jeudi
de la 2* sem. de Carême). Peut-être ajouté ici
pour mettre en parallèle le banquet du mau¬
vais riche et le banquet du sermon suivant.
Selon l’usage médiéval, les dimanches sont
comptés après la Trinité, et non après la Pente¬
côte. Par suite de Taddition de deux textes :
Lazare et le mauvais riche, et le sermon sur
la montagne, le décalage de deux numéros se
poursuit pour toute la série des dim. apr.
la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, foL 181-187 v°;
Troyes 1041, fol. 61-62; Tournai, Sém. 43,
foi. 71-73; Cambrai 210, II, foL 5-7.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
201
Fol. 213-214 v°. Le II e dimence après le Trinité. — Homo quidam
fecit cenam magnam et vocavit multos . Luce xvi°
[Texte entier.] Nous lisons en i’euvangüe d’uy que nostre Sires dist a ses disciples
que uns homs fist ung grant souper et appella moult de gens.
Exposition (,) . — Cieuls homs est nostre saulveur Jhesucrist qui a appareilliet ou
royaulme du ciel ung grant souper et une très grande feste et appellé moult de gens, tant
par se propre prédication de ses euvangiles, comme par ses apostles et les prescheurs de
saincte Eglise. Mais les pluiseurs qui a ceste feste, c’est a le joie de paradis, sont appellés n’y
daignent venir, ains se excusent.
Nota de ceulx qui se excusent de venir a le feste de Jhesucrist. — Contre les orguilleux.
Car le premier dist : t J’ay accaté une ville qu’il me couvient aler veoir; je te prie que
tu me excuses ». Cieulx qui se excuse pour le besongne de se ville segnefie ceulx qui ont mis
leurs désirs en le domination temporele et convoitent a avoir les aultres en leur subjection.
Cil sont de le compaignie Lucifer le dyable, qui pour le convoitise d’estre deseure les aultres
fu boutés hors du ciel jusques en infer.
Nota du second qui s’excuse. — Contre les convoiteux.
L’aultre de ceulx qui a le ditte feste sont appellés dist : t J’ay accaté .v. paires de
beufs ». Par cestuy sont segnefiés tous les avaricieux qui mettent tous leurs .v. sens ou
servage de avarice et n’ont nul désir de venir a le joie du ciel. Et ces deux maniérés de gens,
c’est assavoir les orguilleux qui convoitent le domination temporele, et les avaricieux qui
convoitent les richesses, ilz prient qu’ilz soient excusés. Certes, quant nous disons a aulcun
pecheur qu’il amende se vie et laisse a faire le mal et fâche le bien, nous le appelions a le
joie de paradis, [fol. 213 v°] Mais quant il respont : « Priés pour my, car ce ne puis je encore
faire », que fait il aultre chose que lui excuser de nient venir a celle feste?
Nota du tiers qui se excuse. — Contre les luxurieux.
Li tiers de ceulx qui sont appellés dist : « J’ay pris une femme, et pour ce n’y puis je
venir ». Par cestuy sont segnefiés tous les luxurieux qui pour le delitement de leur corps
refusent a le joie du ciel.
Quant Dieux voit que toutes ces maniérés de gens devant dis, si comme les orguilleux,
les avaricieux et les luxurieux, n’ont cure de se feste, il envoyé querre les povres, ce sont
gens humbles qui sont povres d’esperit, et les foibles qui ne se fient mie en leurs vertus; et
les aveules qui par leur simplesce n’ont mie cler entendement, et les clops qui ne vont mie
droitement en le voie de leur salut. Certes telles gens a Dieu eslut pour venir a se feste qui
du monde sont despites. Car com mains ont de glore au monde en quoy ilz puissent prendre
leur delitement, tant plus tost oyent ilz le voys de Dieu. Mais pour ce que la feste n’est mie
toute remplie de ceulx qui au monde sont povres, li souverains Roys dist a son sergant :
t Va entour les voies et les constrains a ens entrer affin que me maison soit remplie ». Par
ceuls qui sont constrains a entrer ou royalme du ciel sont segnefiés tous ceuls et toutes
fl) Thème : Luc xiv, 16; évangile du
II e dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, foL 187 v°-191;
Édith Braver.
Troyes 1041, foi. 62-63; Tournai, Sém. 43,
fol. 73-74 v°; Cambrai 210, II, fol. 7-8 v°.
(2) Tous les titres sont écrits en marge.
26
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
202
ÉDITH BRAYER
celles que Dieu bat et fiert par adversité temporele ou par maladie. Car quant ilz voient
que ilz ont perdu leurs biens temporeuls ou qu’ilz sont batus de maladies et qu’ilz lan¬
guissent et que le monde les a refusés, adont se convertissent les aulcuns et se repentent de
leurs pechiés, et prient a Dieu merchi. Et ainsi vont a le voie de paradis si comme constrains
par adversités ou par maladie, selonc ce que saint Pol dist as Hebrieux, xii° capitule >, que
Dieu castie et flagelle tous ses filz qu’il rechoit en son royalme. Mais moult est a doubter ce
que Dieu dist en le fin de cest euvangile en telle maniéré : « Je vous [fol. 214] dy pour vray
que nuis de ces hommes premiers appelés ne gousteront de mon souper ».
Glose. — Regardés, il nous appelle par soy meismes, par les prophètes, par les apostles,
par les prescheurs, par miracles, par ses bienffais, par adversités et par maladies. Et pour
ce devons mettre nos désirs pour venir a se feste par boines oeuvres par quoy nous n’en
soyons mie fourclos aveuc ceuls qui pour avoir leurs déduis et leurs désirs au monde
refusent a venir a le joie du ciel, en lequelle nostre Seigneur Jhesucrist servira de .v. mes
especiaulx.
Nota de .v. mes dont Dieu sert les siens en paradis.
Le premier mes sera santé sans maladie, si comme David dist ou Psaltier a s’ame (1) :
« Qui sane toutes tes enfermetés ». Car en ce siecle ne peut on avoir parfaitte santé pour ce
que le mort s’ensieut. Mais nostre Seigneur destruira toute maladie et toute mortalité si
que, ou royalme du ciel, n’ara le mort nulle domination. Si comme dist Ysaies le prophète
ou xxxv e capide : « Dieu ostera des sauvés toute le mortalité que Adam no premier pere
amena sur humaine lignie et destruira le mort pardurablement »
Le second mes. — Le secont mes sera libertés sans servage, de quoy s. Pol parole as
Rommains, viii 0 c° : « Le créature sauvee sera délivrée du servage de corruption et mise en
le franchise des enfans de Dieu », sans jamais sentir nulle temptation de l’anemi s) .
Du III e mes. — Le tiers mes sera concorde et paix sans estre destourbés, si comme il
dist par Ysaie le prophète ou xxxii® capitle : « Mon peuple sauvé sera en le beaulté de paix
et en plain repos » (4) * .
Le 1111 e mes. — Le quart mes sera joie et solas en Dieu loant, si comme dist David a
Dieu en le lxxxii® psalme du Psaltier : « Bieneureux sont cil qui habitent en te maison du
ciel, car il te loeront parmanablement » (6) .
Le V e mes. — Le quint mes sera parfaitte congnissance de le Deité et de toute le
Trinité, si comme saint Pol dist, prima ad Chor. 9 xiii 0 c° ; « Nous veons ore si comme par
un miroir le Divinité; et quant nous serons ou royalme du ciel, nous le verrons face a face » ( *
De quoy s. Bernard dist : [fol. 214 v°] « Adont quant nous serons ou royalme du ciel, nous
congnisterons le poissance de Dieu le Pere, le sapience de Dieu le Fil et le très grant débon¬
naireté de Dieu le Saint Esperit. Et ainsi arons nous congnissance de toute le saincte Tri¬
nité ».
Or avés oy aulcuns biens que Dieu a appareilliet et desquels il servira ou ciel ceulx et
celles qui aront en ce monde obey a ses commandemens. Et certes les solas et les joies
qu’ilz aront ou royalme du ciel deseure les dis biens sont sans nombre, si comme saint Pol
(1J Ps. 102, 3.
(2) Isaïe (?).
(3) Rom. viii, 21.
(4) Isaïe xxxii, 18.
<*> Ps. 83, 5.
(6) I Corinth. xiii, 12.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 203
dist : • Oeil oncques ne vit ne oreille ne oy ne cuer (Tomme ne peut comprendre les biens
et les joies que Dieu a appareilliet a ceuls et a celles qui de vraie amour Tayment » ll) .
Exemple des joyes de paradis.
Nous lisons de deux moisnes qui bien religieux estoient et qui moult desiroient a
sçavoir se les joies du royalme du ciel estoient si grandes que le saincte Escripture les disoit
estre. Et firent entre eulx deux une telle promesse que le premier qui d’eulx deux morroit,
le certain des joies de paradis a son compaignon anoncheroit. Advint que le premier qui
morut revint a son compaignon et lui dist : t Biaux compains, si comme nous avons oy en
le saincte Escripture habondamment parler des joies de paradis, ainsi les ay je veues en le
cité du tout puissant Seigneur, en le cité de nostre Dieu ». Et puis dont que les joies que
nostre Seigneur a promises ou ciel sont si très grandes, soyons sur toute riens songneux a
faire en ce monde telles oeuvres qui plaisent a Dieu. Par quoy nous puissons, après ceste
vie, venir ou royalme du ciel et avoir les dittes joies. Ce nous ottroit le Pere et le Fil et le
Saint Esperit.
Fol. 214 v°-216. Le m e dimence après le Trinité. — Erant appropin-
qaantes ad Jhesum publicani et peccatores ut audirent eum. Luce, xxfi c°.
— L’euvangile de le journée d’uy fait mencion que pluiseurs pécheurs
vinrent a le prédication de nostre Seigneur... W.
[Sept causes du retour du pécheur à J.-C.]
Fol. 216-218. Le im e dimenche après le Trinité. — Estote miséricordes
sicut et Pater vester misericors est. Luce, vi° c°. — Nostre Sires nous apprent
comment nous devons avoir miséricorde et vraie carité a nos proismes... W.
[1° Miséricorde de Dieu envers nous : quatre manifestations. 2° Miséricorde du
chrétien envers lui-même et envers son prochain.]
Fol. 218-221. Le V e dimenche après le Trinité. — Relictis omnibus
secuti sunt Jhesum. Luce, tP c°. — L’euvangile d’uy nous raconte comment
{l) I Corinth. ii, 9.
(1) Thème : Luc xv, 1; évangile du m® dim.
apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, foL 191-193 v°;
Troyes 1041, fol. 63-63 v°; Tournai, Sém. 43,
fol. 74 v°-75 v°; Cambrai 210, II, foL 8 v°-9 v°.
Digitized by Google
13} Thème : Luc vi, 36; évangile du i #r dim.
apr. la Peut, (à cause de la fête de la Trinité,
cette messe est reportée dans la semaine).
Mss Valenciennes 126, foL 193 v°-196 v°;
Troyes 1041, foL 63 v°-64; Tournai, Sém. 43,
foL 75 v°-76 v°; Cambrai 210, II, foL 9 vMO v°.
26.
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
204 ÉDITH BRAYER
saint Pierre, s. Jaque et saint Jehan, freres, laissèrent tous leurs biens et
ensieuirent Jhesucrist...
[1° Nous devons renoncer à quatre choses : aux péchés, aux mauvaises coutumes et
aux occasions de pécher, aux mauvaises compagnies, à la mauvaise volonté. 2° Nous devons
suivre J.-C. par quatre voies : humilité, paix et amour, pure et nette vie, pénitence.]
Fol. 221-222 v°. Le VI e dimenche après le Trinité. — Audistis quia
dictum est antiquis : Non occides . Mathei, ifi c°. — L’euvangile de le jour¬
née d’uy nous demoustre que nostre Seigneur Jhesucrist vint aemplir Fan-
chienne loy...
[Sont défendus : Fhomicide, la haine de cœur, l’injure de bouche. Long développe¬
ment sur les homicides de soi-même.]
Fol. 222 v°-224 v°. Le vn e dimenche après le Trinité. — Misereor
super turbam. Mt ., viii 0 c°. — L’euvangile d’uy dist que en ce tamps que
nostre Seigneur Jhesucrist preschoit, grant peuple estoit aveuc lui qui ne
avoient que mengier... (8) .
[Commentaire des éléments du récit évangélique : une grande foule, trois jours
passés avec J.-C., les sept pains. A la fin, les joies de paradis.]
Fol. 224 v°-226 v°. Le vm e dimenche après le Trinité. — Omnis arbor
que non facit fructum bonum excidetur et in ignem mittetur. Mt., vii° c°.
— Toute le doctrine que nostre Seigneur Jhesucrist a escripte en ses sains
euvangiles est pour nous aprendre a estre sauvés...
[1° Fruit de la bonne volonté : repentance, oraison, souvenir de la passion. 2° Fruit
des bonnes mœurs : pénitence, qui est, comme la noix de galle, à la fois amère et douce;
justice; miséricorde.]
(1) Thème : Luc v, 11; évangile du rv* dim.
apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, foL 196 v°-201;
Troyes 1041, foL 64-65; Tournai, Sém. 43,
foL 76 v°-78 v°; Cambrai 210, II, foL 10 v°-
12 .
(,) Thème : Matth. v, 21; évangile du
V e dim. apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, fol. 201-203 v°;
Troyes 1041, fol. 65-65 v°; Tournai, Sém. 43,
foL 78 v-°80; Cambrai 210, II, fol. 12-13.
Digitized by Google
31 Thème : Marc viii, 2 ; évangile du VI e dim.
apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 203 v°-207 ;
Troyes 1041, fol. 65 v°-66; Cambrai 210,
Troyes 1041, fol. 65 v°-66; Tournai, Sém. 43,
fol. 80-81 v°; Cambrai 210, II, fol. 13-14 v°.
141 Thème : Matth. vii, 19; évangile du
vu 6 dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, foL 207-210 v°;
Troyes 1041, fol. 66-67; Tournai, Sém. 43, foi.
81 v°-82 v°; Cambrai 210, II, fol. 14 v°- 15 v°.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
205
Fol. 226 v°-229 v°. Le IX e dimenche après le Trinité. — Homo qui¬
dam erat dives et habebat villicum et hic diffamatus est apud ilium. Luce,
xvi° c°. — En l’euvangile de le journée d’uy, nostre Seigneur recommande
et loe moult a faire ammosne... ll >.
[Il faut rendre compte : 1° des biens prêtés par Dieu : biens de nature, de grâce, de
fortune. Exemple : s. Macaire converse avec la tête d'un Sarrazin mort; celui-ci lui explique
qu'en enfer sont les Sarrazins, puis plus profondément les Juifs, et au plus profond les
faux chrétiens. Il faut encore rendre compte : 2° du temps; 3° des pensées; 4° des paroles
oiseuses; 5° des œuvres.]
Fol. 229 v°-233. Le X e dimenche après le Trinité. — Cum appropin-
quaret Jhesus Jherusalem, videns civitatem jlevit super eam. Luce, xi° c°.
— L’euvangile de le journée d’uy dist que une fois nostre Seigneur Jhesu-
crist approcha le cité de Jherusalem et, quant il le vit, il commencha a
plourer pour le destruction de le cité...
[Histoire de Vespasien. Jésus avait pleuré trois fois : pour la mort de Lazare, pour
la ruine prochaine de Jérusalem, sur la croix. A son exemple, l’âme pécheresse doit
pleurer trois fois : d’avoir courroucé son créateur, d’avoir mérité la mort éternelle, d’avoir
perdu le royaume du ciel. Exemple, sur les desseins insondables de Dieu : un ermite
voyage avec un ange; l’ange vole un hanap, le donne à un homme cruel; il tue un valet
et étrangle un enfant, tout cela pour accomplir les desseins de Dieu.]
Fol. 233-235 v°. Le xi® dimenche après le Trinité. — Duo homines
ascenderunt in templum ut orarent, unus phariseus et alter publicanus.
Luce xviii 0 . — Le lettre de l’euvangile de le journée d’uy est telle : En ce
tampz que nostre Sires Jhesucrist preschoit as Juys, il dist ceste parabole
as aulcuns qui se fioient en leurs mérités... ( 8 L
[Le pharisien est blâmé : 1° pour son orgueil. Diverses sortes d'orgueil. Exemple : un
moine qui jeûnait trois fois par semaine au couvent, parce qu'on le voyait, ne peut plus
(1) Thème : Luc xvi, 1; évangile du
vin 6 dim. apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, fol. 210 v°-215 v°;
Troyes 1041, foL 67-68; Tournai, Sém. 43,
foi. 82 v°-84 v°; Cambrai 210, II, fol. 15 v°-
17 V e .
{2! Thème : Luc xix, 41; évangile du
IX e dim. apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, foL 215 v°-222;
Troyes 1041, fol. 68-69 v°; Tournai, Sém. 43,
foL 84 v°-87; Cambrai 210, II, foL 17 v°-20.
131 Thème : Luc xviii, 10; évangile du
X e dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, foL 222 v°-226;
Troyes 1041, fol. 69 v°-70; Tournai, Sém. 43,
fol 87 v°-89; ambrai 210, II, fol. 20-21.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
206
ÉDITH BRAYER
jeûner qu’un jour en ermitage. Le pharisien est blâmé : 2° pour le faux jugement qu’il a
de son prochain; 3° pour son mépris du publicain; 4° pour sa vantardise. Le publicain est
loué : 1° de son humilité; 2° de la honte qu’il a de ses péchés; 3° de son repentir; 4° de son
oraison.]
Fol. 235 v°-238. Le XII e dimence après le Trinité. — Adducunt ei mutum
et surdum et deprecabantur eum ut imponeret illi manum. Mt ., vii° c°. —
L’euvangile de le journée d’uy fait mencion que on amena devant nostre
Seigneur un muyel qui estoit sours...
[Empêchements de la confession.]
Fol. 238-241. Le xm e dimence après le Trinité. — Beati oculi qui
vident que vos videtis . Luce , x° c°. — Nostre Sires dist a ses apostles en
Feuvangile de le journée d’uy : Bieneureux sont li oeil qui voient ce que
vous veés...
[Quatre choses à voir : les richesses du monde, les péchés au-dedans de nous, les
pauvres chrétiens à côté de nous, les biens au-dessus de nous. Douze joies des élus.]
Fol. 241-244. Le xim e dimence après le Trinité. — Jhesu preceptor
miserere nostri. Luce 9 xvii 0 c°. — L’euvangile de le journée d’uy fait mencion
de .x. mesiaulx qui avoient oy le renommee de Jhesucrist, comment tous
malades sanoit...
[Les dix lépreux représentent les pécheurs qui enfreignent les dix commandements.
Se montrer aux prêtres signifie se confesser. Le lépreux qui revient sur ses pas symbolise
le bon chrétien qui demeure au service de Dieu. Divers caractères de la confession. Exemple :
un chevalier du roi d’Allemagne Conrad refuse de se confesser; au moment de sa mort.
il voit tous ses péchés et meurt desespéré.]
(1) Thème : Marc vii, 32; évangile du
XI e dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, foi. 226-230; Troyes
1041, fol. 70 v°-71 ; Tournai, Sém. 43, foL 89-
90 v°; Cambrai 210, II, fol. 21-22 v°.
(,) Thème : Luc x, 23; évangile du xii® dim.
apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, foL 230-235; Troyes
Digitized by Google
1041, foL 71-72; Tournai, Sém. 43, foL 90 v°-
92 v°; Cambrai 210, II, fol. 22 v°-24 v°.
(3) Thème : Luc xvii, 13; évangile du
xiii® dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 235-240; Troyes
1041, foi. 72 v°-73; Tournai, Sém. 43, foL 92 v°«
94 v°; Cambrai 210, II, fol. 24 v°-26. L’exemple
du chevalier est emprunté aux Vies des pères.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
207
Fol. 244-246 v°. Le xv e dimence après le Trinité. — Primum querite
regnum Dei. Mt. vi° c°. — Au commenchement de l’euvangile de le journée
d’uy, nostre Sires nous apprent et dist que nulz ne peut ensamble servir a
deux seigneurs contraires... (1 L
[Opposition de Dieu et du diable, ou du monde. Il faut : 1° acquérir les richesses
spirituelles; 2° avant toute autre chose; 3° en gardant les commandements. Développement
sur la justice.]
Fol. 246 v°-249. Le xvi e dimence après le Trinité. — Cum appropin -
quasset Jhesus porte civitatis que vocatur Naym , ecce defunctus efferebatur.
Luce, vii° c°. — Le euvangile de le journée d’uy fait mention d’un miracle
que nostre Sires fist d’un jone homme mort, lequel il ressuscita de mort a
vie... (2).
[Selon s. Augustin, certains s’émerveillaient des miracles de J.-C. Les évangiles rappor¬
tent trois cas de morts ressuscités visiblement par le Sauveur. Le jeune homme de Naîm
symbolise le pécheur; quatre apparences de la mort sont quatre aspects d’endurcissement
dans le péché : l’aveuglement, la paralysie, la perte du sentiment, la perte de la parole,
qui empêchent la confession. Il y a trois espèces de morts : la mort corporelle, la mort
de l’âme, la mort d’enfer. Les quatre porteurs sont les quatre soutiens du pécheur : la délec¬
tation du péché, la confiance de vivre longtemps, la présomption de la miséricorde divine,
l’oubli des bienfaits de Dieu.]
Fol. 249-251 v°. Le xvn e dimence après le Trinité. — Cum vocatus
fueris ad nupcias , vade , recumbe in novissimo loco 9 etc. Luce 9 xiiii 0 c° —
Il est coustume as courtilleurs qu’ilz sont songneux de hors sacquier les
maises herbes et de planter les boines... (3)
[Noces spirituelles de J.-C. : quand il vint sur terre, ou quand il reviendra au Jugement
dernier. Les pécheurs en sont exclus. Le lieu où doit s’asseoir l’invité, c’est l’attitude du
vrai chrétien : humilité, pensée de la mort, crainte du Jugement et des peines d’enfer.]
(I * Thème : Matth. vi, 33; évangile du
xiv* dim. apr. la Pentecôte.
Maa Valenciennes 126, foi. 240-244 v°;
Troyes 1041, foi. 73 v°-74; Tournai, Sém. 43,
foL 94 v°-96; Cambrai 210, II, fol. 26-28.
If Thème : Luc vii, 12; évangile du
xv« dim. apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, fol. 244 v°-249 v°;
Troyea 1041, foL 74-75; Tournai, Séminaire
43, foL 96 v°-98; Cambrai 210, II, fol. 28-
29 v°.
(S) Thème : Luc xiv, 10; évangile du
xvi* dim. apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, fol. 249 v°-254 v°;
Troyes 1041, fol. 75-76; Tournai, Sém. 43,
fol. 98-99 v°; Cambrai 210, II, fol. 29 v°-31.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
208
ÉDITH BRAYER
Fol. 251 v°-254 v°. Le xviii® dimence après le Trinité. — Magister,
quod est mandatum in lege, etc. Mt. xxii°c°. — Les maistres des Juys avoient
grant hayne sur nostre Seigneur Jhesucrist pour ce que leur avarice et leur
vaine glore blasmoit et manifestoit... M.
[Amour de Dieu et du prochain. Huit signes d’amour.]
Fol. 254 v°-257. Le xix e dimenche après le Trinité. — Dixit Dominus
paralitico : Surge, toile lectum tuurn et vade in domum tuam. Mt. xiiii 0 c°. —
En moult de maniérés demoustra Jhesucrist en se vie sur terre qu’il est vrais
Dieux et vrais homs...
[Le paralytique, c’est le pécheur. Il y a trois sortes de péchés : originel, mortel, véniel;
et trois degrés dans le péché mortel, symbolisés par les trois défunts ressuscités par J.-C.;
ceux-ci furent rappelés à la vie : 1° dans la maison : la fille de Jalre; 2° hors de la porte de
la ville : le fils de la veuve de Naim; 3° après quatre jours en terre : Lazare. Ces quatre jours
signifient, chez le pécheur : commettre le péché, s’en excuser, s’en glorifier, s’y accoutumer
par désespoir. Conséquences du péché.]
Fol. 257-259 v°. Le XX e dimenche après le Trinité. — Amice , quomodo
hue intrasti non habens vestem nupcialem. Mt. xxii 0 c°. — Nostre Sires, en
moult de maniérés, nous a appellés de venir a le glore de paradis... * 3J .
[Commentaire de la parabole sur les noces d’un fils de roi. Le roi, c’est Dieu le Père;
les premiers valets qui appellent les invités sont les prophètes et les apôtres; les derniers
invités sont la foule des hommes, bons et mauvais. Liste des personnages de la Bible et de
leurs fils bons ou mauvais. Le vêtement nuptial, c’est la charité.]
Fol. 259 v°-262 v°. Le xxi e dimence après le Trinité. — Erat quidam
regulus cujus filius infirmabatur. Joh. 9 iiii° c°. — En Feuvangile de le journée
d’uy, nostre Seigneur nous donne exemple d’umilité en ce qu’il daigna aler
(1) Thème : Matth. xxii, 36; évangile du
XVIII e dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 254 v°-260;
Troyes 1041, fol. 76-77; Tournai, Sém. 43,
foi. 99 v°-102; Cambrai 210, II, fol. 31-33.
(,) Thème : Matth. ix, 6; évangile du
vm e dim. apr. la Pentecôte.
Mas Valenciennes 126, foi. 260-265; Troyes
1041, fol. 77-78; Tournai, Sém. 43, foL 102-
103 v°; Cambrai 210, II, foL 33-34 v°.
f3) Thème : Matth. xxii, 12; évangile du
xix e dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 265-269 v°;
Troyes 1041, foi. 78-79; Tournai, Séminaire
43, fol. 103 v°-105; Cambrai 210, II, fol. 34
v°-36.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
209
en se propre personne pour saner le fil d’un homme qui tenoit le lieu du
roy... (1) .
[Le mot « regulus • est la base du sermon; c’est le symbole du bon chrétien : 1° Il est
roi de lui-même. Exemple, tiré des Dialogues de s. Grégoire : une jeune fille renonce aux
danses pour servir la Vierge, et la Vierge l’appelle à elle. 2° Le chrétien doit faire bonne
justice. 3° Il doit être large et miséricordieux. 4° Il doit pratiquer l’honnêteté.]
Fol. 262 v°-264 v°. Le xxn e dimenche après le Trinité. — Simile est
regnum celorum homini régi qui voluit rationem ponere cum sentis suis .
Mt., xviii° c°. — En l’euvangile de le journée d’uy nous apprent nostre
Sires que nous devons pardonner de cuer les injures et les vilonnies qu’on
nous fait... (2) 3 .
[Dettes envers Dieu. Pardons à l’égard du prochain.]
Fol. 264 v°-267. Le xxm e dimence après le Trinité. — Reddite que sunt
Cesaris Cesari, et que sunt Dei Deo. Mt., xxii 0 c°. — Nous lisons en l’euvan¬
gile de le journée d’uy que les princes des prestres et les maistres des Juys
envoyèrent aulcuns des pharisiens et aulcuns chevaliers de Herode a Jhesu-
crist... (S L
[Comparaison entre la pièce de monnaie et l’àme : celle-ci est fausse quand elle est
souillée par le péché. « Reddite » implique la justice. Les deux autres points de renseigne¬
ment sont le respect du pouvoir temporel et la révérence et l’honneur qu’on doit porter
à Dieu.]
Fol. 267-269. Le xxim e dimenche après le Trinité. — Filia mea modo
defuncta est, sed veni, impone manum tuam super eam et vivet. Mt., ix° c°. —
L’euvangile de le journée d’uy fait mention de deux miracles...
[La fille de Jalre morte représente chaque âme morte. Les circonstances du miracle
comportent une signification : la sortie des assistants, c’est le renoncement aux péchés et
(1) Thème : Jean iv, 46; évangile du XX e dim.
apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 269 v°-275 v°;
Troyes 1041, foi. 79-80; Tournai, Sém. 43,
fol. 105 v°-107 v°; Cambrai 210, II, fol. 36-38.
2 Thème : Matth. xviii, 23; évangile du
xxi® dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 275 v°-279;
Troyes 1041, fol. 80-80 v°; Tournai, Sém. 43,
fol. 107 v°-109; Cambrai 210, II, foi. 38-39 v°.
(3) Thème : Matth. xxii, 21; évangile du
xxii e dim. apr. la Pentecôte.
Édith R RATER.
Digitized by Google
Mss Valenciennes 126, fol. 279-284; Troyes
1041, foi. 81-81 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 109-
111; Cambrai 210, II, fol. 39 v°-41.
Édition J. Mangeart, ouvrage cité , p. 4,
note 2, pièce justificative n° VII, p. 639-
641.
{A) Thème : Matth. ix, 18; évangile du
XXIII e dim. apr. la Pentecôte.
Mss Valenciennes 126, fol. 284-287; Troyes
1041, fol. 81 v°-82; Tournai, Sém. 43, fol. 111-
112 (fin du propre du temps); Cambrai 210,
II, foL 41-42.
27
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
210 ÉDITH BRAYER
aux convoitises; la nourriture que J.-C. commanda de donner à la jeune fille, c’est la nourri¬
ture spirituelle. Il y a trois sortes de pains : l’Écriture sainte, le Saint-Sacrement, la gloire
du ciel.]
**Fol. 269-269 v° [Maurice de Sully.] Sermon pour le dit dimence. —
Loquente Jhesu ad turbas, ecce princeps unus, etc. — Le euvangile d’uy nous
raconte que nostre Sires, quant il parloit une fois as gens, si vint uns prinches
a lui, se l’aoura et dist : Sire, me fille est morte maintenant... [Ed. Robson,
n° 46.]
Fol. 269 v°-271 v°. Le xxv* dimence après le Trinité. — Est puer unus
qui habet quinque panes ordeaceos et duos pisces. Johannis, vi° c°. — Quant
nostre Seigneur Jhesucrist aloit par terre, très grande foison du peuple
l’ensieuoit... * l >.
[Les enfants doivent être des modèles pour les chrétiens : chastes, humbles, aimant
leurs compagnons, généreux, obéissants, ayant confiance en leur père, épris de vérité.
Les cinq pains sont cinq points du repentir : connaissance, crainte du châtiment, contrition,
confession, satisfaction.]
**Fol. 271 v°-273 v°. [Maurice de Sully.] Sermon pour le dit dimenche.
— Simile est regnurn celorum homini qui seminavit bonum semen in agro
suo, etc. — Quant nostre Sires aloit corporelement par terre en celle char
qu’il prist en le vierge Marie... [Ed. Robson, n° 62.]
Fol. 273 v°. Le xxvi. dimence est pareil au xvm e ; querés devant.
**Fol. 273 v°-274 v°. [Maurice de Sully.] Le xxvn e dimence après le
Trinité. — Cum sublevasset oculos Jhesus et vidisset quia multitudo magna
venit ad eum, etc. — L’euvangile d’uy nous raconte un miracle moult bel
que nous vous dirons... [Ed. Robson,
(1 * Thème : Jean vi, 9; évangile du iv* dim.
de Carême, doublet du sermon de Mi-Carême
qui figure dans plusieurs manuscrits, avant
ou après le sermon du iv* dim. Voir ci-dessus,
p. 48, note 1.
Mss Valenciennes 126, fol. 287-291, fin du
recueil de sermons; Troyes 1041, fol. 82-82 v°.
Digitized by Google
n° 12.]
avec variantes; Cambrai 210, II, fol. 42-43 v°,
avec l’exemple du chanoine de Paris, repris
du sermon de Mi-Carême. Dans ce dernier
ms., fin du propre du temps, dans la II e partie.
A la suite, dans Troyes : Assomption, Nativité
de la Vierge, exaltation de la sainte Croix, fête
de s. Michel.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
211
**Fol. 274 v°-278. Sermon pour le jour de Tous Sains. — Gloriosa dicta
sunt de te, civitas Dei. Ps° Ixxxvi 0 . — Le parole proposée est ditte en parlant
a le glorieuse cité de Dieu, c’est a le glorieuse compaignie de paradis...
Fol. 278-279. Cy s’ensieut comment le feste de Tous les Sains fu ordon¬
née. — Le feste de Tous Sains fu anchiennement establie pour certaines et
souveraines causes qui s’ensieuent...
Fol. 279-280. Cy après s’ensieut une vision d’un trésorier qui fu ravis
ou ciel a un jour de Tous Sains. — En ceste feste de Tous Sains, quant le
trésorier de l’eglise de Saint Pierre de Romme eubt fait ses prières... W.
Fol. 280-284 v°. Cy après s’ensieut un sermon dévot fait sur le solempnité
du jour de Tous Sains. — Beati pauperes spiritu, etc. — En ceste très haulte
solempnité de Tous les Sains, on List l’euvangile des .VIII. bieneuretés... * 4 L
[Commentaire littéral des huit béatitudes.]
**Fol. 284 v°-291. [Jean Gerson.] Cy s’ensieut un sermon pour le jour
des Ames. — Beati qui lugent. Mt., xfi. — Ce theume cy dist que :
Ceulx yci sont bien eureux
Qui les cuers ont doleurcux.
0 benoite Dame de paradis, comme est ore ceste parole estraingne et
dure as personnes carneles de ce monde... [Ed. Mourin, Six sermons, n° 3.]
Fol. 291-297. Aultre sermon pour le jour des Ames. — Sam ta et salubris
est cogitatio pro deffunctis exorare ut a peccatis solvantur. II 0 libro Mach.,
111 Voir le texte entier, ci-dessous, p. 192.
( *’ Mss Troyes 1041, foL 88-88 v°; Tournai,
Sém. 43, fol. 113-113 v°; Cambrai 210, II,
fol. 91-91 v°.
(ïl Mss Troyes 1041, fol. 88 v°-89; Tournai,
Sém. 43, foL 113 v°-l 14 (lié au texte précédent) ;
Cambrai 210, II, fol. 91 v°-92.
141 Thème : Mattb. v, 3; évangile du jour.
Mss Troyes 1041, fol. 89-90; Cambrai 210,
II, fol. 92-95; A la suite, dans ces deux mss,
sermons sur les thèmes : Beati qui habitant
in domo tua Domine, Ps. 83, 5, et Memento
quomodo salvi sunt patres nostri, I Maccha¬
bées iv, 9. Ces deux sermons se lisent aussi
dans le légendier Lille 453. Dans le ms. Tournai,
Sém. 43, le présent sermon Beati pauperes
manque; il est remplacé par le sermon Me¬
mento quomodo.
27.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
212
ÉDITH BRAYER
c° xii°. Item Ecclesiastes , iii° c° : Tempus flendi et tempus ridendi , tempos
plangendi et tempus saltandi. — Il est aulcune foiz tampz de joie et de leesse,
et aulcune foiz tampz de doeil et de tristresse...
[Développement sur le Purgatoire. Quelles âmes sont purgées? Celles des fidèles qui
sont morts sans avoir fait leur pénitence, ou qui ont accompli une pénitence insuffisante
pour le péché, ou qui ne se sont pas détachées d’affections chamelles. Par qui les âmes
sont-elles châtiées? Par les diables, mais les bons anges les réconfortent. En quel lieu?
Assez près de l’enfer; quelquefois, dans un lieu spécial. Exemples : 1° un esprit fait péni¬
tence sur un glaçon; 2° Un écolier de Paris revient après son trépas; 3° Un esprit fait
pénitence en eau chaude. — Comment les âmes sont-elles aidées? Par les oraisons. Exem¬
ples : 4° Un prud’homme est attaqué dans un cimetière; il est défendu par les morts pour
qui il priait; 5° Un prêtre dit chaque jour la messe des morts; 6° Un chevalier a une vision
de l’enfer (Dial. s. Grégoire, Patr. lat t. LXXVII, col. 384-385); 7° Une femme veuve
meurt avant de se confesser; son fils accomplit la pénitence et sauve l’âme de la morte. —
Indulgences de l’Église. Exemple : le légat du pape accorde à un chevalier d’Amiens des
rémissions pour son père.]
**Fol. 297-310 v°. [Jean Gerson.] Cy s’ensieut un sermon de le Concep¬
tion nostre Dame. — Totapulcra es, arnica mea. Canticorum iiii° capitulo. —
Se nos volons dignement et fructueusement parler de celle qui par les paroles
proposées est de Dieu appellee son amie toute belle, cachier nous fault hors
de nostre cuer le hideux, le lait, le hayneux pechiet mortel... [Fin différente
de celle de l’édition, à partir de la ligne 909 :] ... Donques elle fu belle corpo-
relement et esperituelement. Et pour ce est digne d’estre de Dieu son amie
clamee : Tota pulcra, etc. De laquelle amour nous face participant, yci par
grâce, et en paradis par glore, le benoit Fil de Dieu qui est bénis in secula
seculorum. Amen. J. de Gerson. [Ed. Mourin, Six sermons, n° 5.]
Fol. 310 v°. Les miracles comment ceste feste de le Conception nostre
Dame vint a congnissance, querés en le fin a .CCCC.
(1) Thème : II Macchabées xii, 46; Eccie. iii,
4.
Mss Troyes 1041, foL 91-93 v°; Tournai,
Sém. 43, fol. 115 v°-118 v° (suivi d’un para¬
graphe sur s. Hubert); Cambrai 210, II, foL 97-
101, avec addition d'un exemple : le cardinal
Pascaise; Lille 453, foL 150-158 v°. A la suite,
dans Troyes et dans Tournai, textes sur la
Dédicace de l’église; voir ci-dessous, p. 80,
note 1.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
\otices et extraits des manuscrits , t. XLIII, p. 212
X
C/Vi » o*u4 ott'S m/Hh* ï&ifhîLjS
^W^Mrnr^v'Vr ijtvck* ^fnçonp
/tvn'fcauve ^motwtM
lc^ tCtpwVAu* Atcxvtt cMfhr
Quiète Vt HiCItV^Cit lu*m
Jxxfufl rcrh«7\ti<n{.p(«;^*uv^?
‘,uv vjiutvvt/tttcr/<k
Ab*tU /H /rtTjn*‘'2<^jlcwbi^&%t
< v‘vVm‘ jiïiwxktyixew:
iTm^tute civtfvTOvt'^vWnu
t ov «U< ic
> pocut cumuxt tvlW/'/fw<fr
^>A0m rvnivtS mU*^ ytnfhr
>l*jUlVvWl UC^îU \H+i 4 /hiU
meut »U ifr Vfctw* Im Ukfcl
folvnlt'blt'bMifh}te hmmc
-f\x\ if- vlnlojovuw K 4 * ^vutnY*
>gv»< «tic ,y> ivUt’ l\f
K*tj7VîVrtHt* AntMWHl Ct 1^»H‘
îtut* -llKt/litfm tfimtclcfc •
fJïWt Vu ti 0IJ ^ t/J*»
cut^UcS <f4}om ^urv $rvu >w
W)iwît WK âv^H*
I%m *V tf
^ît—< ‘vy^èvuflftmutiOif e^- c# eu
un*$ ^ vutm-t - ^|ouf\hrow^ «T
U-CQOJ J&U/tltotue p t \i fa)
^iul<>H*>»* •)• l>0VHC ‘J/Pom
ty hc )»eovt ^\hü 1 )?.' v*
l^tUpVît t^TUHbve »Vlfu<tofc
tv rAîVVff IVlOMUCMieV <tt/vH#u
UCVI <\ miu^C yfoutC HC 4 V©n •
rf yncuf&t 7>mwî5 «ptùCfiu**
v/huuiü et ♦wWuMcu*et a !ic/>t
(dji-ô. VKJ*Cp7iStvA*IC*J <^v VtC*
I
*yyC?*H4<utü»* l^Vut* St l*. u -
WCJM
put (lîCp UUatto *t
rrcut IvrVx * tu4 îc vvvv
*t>*wt€ X/Murttttf cdv^t tcM-K-
ttuipllt f £p2>M\box<\r
tt vucwfhovtt ^xwStfpr* / m
AmpU/Vt Viûîlw-c mmtwW
‘Xnitfmtrt i n>>nc St^vvuv du
tf’CUK *h^mcuyuv UUtjtuW
yû'XY et l\*t KtJ 7\2^UU$
c/frMCH*' »H*m* ÿvxtne <A
utaii44i^. ■pLu/Iîwrt v| y*:
K‘Tt7V2Sc“ W« /UW ^ctvri V*
'JVUVCCTHtV' - ^JHCOUflu*^
/a cc^joîcU tcAuln ne /u
pawt- pctvlWufc aUu nw
-fw6 i*vOî i *W ti «Vuk?tit
peuv rc ^iwVtt i fr-tynurt
cite */îi MW Air: povcUuitttt
W çfif xt'vvtvmÆ y&v* c\”
\ l f\r Vtrjvif WfWc H ^un /3tj
ttK U v) n<Ue »Vmeuv vxo^fffî
piVîtin^tuw y o pA* rj\^nr
et tu jxvviCSe 7i\i* r^cv^ 4t
'Vcsvot fU bv^i^u«4 h 4
/lewùt fltwloy ti^nvil
* 'i *
7 |^Sçj 4 c?/îh^‘ /
^j ef» UUV.VtW
(^Wutcv/h
rDrv'Ttioi
igitized by
Go gle
^jAft^/RnaLAuei^ Of
$2 &à4
\
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
213
LES ENSEIGNEMENTS
Fol. 311*313. S’ensieut le matere de quatre esperis.
Pour ce qu’ilz sont pluiseurs natures et conditions ou maniérés d’esperis,
est il boin et neccessaire de sçavoir et de congnoistre les conditions et le
nature d’iceulx... — ... Et qu’il nous die lyement au jour du derrain Juge*
ment : Venite, benedicti Patris mei, etc. Venés, li benoit de mon Pere;
rechevés le royalme qui vous est appareilliet, c’est le glore de paradis, a le
quelle nous admaint Pater et Filius et Spiritus Sanctus. Amen.
[Les quatre esprits sont l’esprit de la chair, l’esprit du monde, l’esprit du diable et
l’esprit de Dieu.]
Fol. 313 v°-317. S’ensieut les empeschemens qui retrayent créature a lire
ou livre de conscience.
Nous poons assigner .VII. choses qui destourbent a lire ou livre de no
conscience, par quoy nous ne le poons congnoistre; et peuent estre appelles
.VII. signacles ou .VII. fremail du livre qui est seellés... — ... et ainsi porrés
vous lire ou livre de vo conscience par amender se aulcune chose y fault.
Dieu nous y doinst lire en telle maniéré que finablement nous puissons user
de se benoite vision, quia visio tota merces.
[Les < sept fermoirs du livre de conscience > sont : 1° se défendre d'avoir péché;
2° s’excuser; 3° alléguer les péchés des autres; 4° cacher son péché; 5° éteindre le bon
propos; 6° la multitude des péchés; 7° les soucis mondains.]
Fol. 317-317 v°. Cy s’ensieuent .IX. enseignemens pour chascune
créature.
Le premier enseignement si est que quant créature donne en se vie un
denier pour l’amour de Dieu, elle fait plus d’onneur a Dieu et de pourfit a
son ame... — ... Le .IX e . est que quant créature ne fait nul empeschement ne
conspiration a l’encontre de Dieu, elle fait plus de honneur a Dieu et de
pourfit a s’ame que se elle donnoit tout le monde pour Dieu.
[Les neuf enseignements sont : 1° donner; 2° souffrir; 3° s’humilier; 4° s’offrir à
Dieu; 5° pleurer; 6° délaisser le monde; 7° ne pas juger; 8° avoir pitié; 9° ne faire nul
empêchement à l’encontre de Dieu.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
214
ÉDITH BRAYER
Fol. 317 v°-318. S’ensieuent quatre choses ou raisons pour quoy on fait
en l’eglise de nostre Dame le samedi plus que en aultre jour.
Le première cause est que elle demoura seule au samedi aveuc Jhesu-
crist, comme il fust pendus en le croix, et les aultres apostles le laissèrent...
[5 raisons.]
Fol. 318-319 v°. S’ensieut l’epistle de nostre Seigneur Jhesucrist,
comment nous devons garder le dimenche.
Pour ce que vous ne sçavés le dimenche garder, ensy que on vous a
commandé, pour ce vient le ire de Dieu sur vous... [Conclusion de s. Pierre.]
Fol. 319 v°-320 v°. S’ensieut comment on doit garder le saint dimence a
l’encontre des Juys qui gardent le samedi.
Il advint une fois que ung très grant clerc nommé Pierre Moyse disputoit
as Juys del observation du samedi...
Fol. 320 v°-321. Item une recommendation sur le jour du dimenche.
Ceste journée du dimenche est reverendee : c’est le jour de nostre
Seigneur. Tous les jours de le sepmaine sont pour ceste journée baillies a
servage...
[Tous les événements arrivés un dimanche.]
Fol. 321-322. S’ensieut les junes des quatre tampz et pour quoy on les
june.
Les junes des quatre tampz furent instituées de saint Calixte le pape.
Ces junes se font quatre fois l’an selonc les quatre tamps de ce meisme an...
[8 raisons, basées surtout sur les humeurs et les éléments.]
Fol. 322-322 v°. S’ensieuent les vegiles qui font a juner a l’usage de
Cambray. [Ascension, Pentecôte, Trinité, s. Jean-Baptiste, ss. Pierre et Paul,
s. Laurent, Assomption, s. Mathieu, ss. Simon et Jude, Toussaint, s. André,
Noël.]
Et doit on ramentevoir les .VI. venredi devant Noël, a commenchier a
juner le premier venredi après le jour saint Martin d’yver.
Item les ,v. nuis nostre Dame.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
215
Item le jour saint Marc, fait a juner pour le mort soubdaine.
Item les Rouvisons a dévotion.
Item les quatre tampz font a juner par commandement.
Fol. 322 v°. S’ensieuent des .XII. venredis que on doit juner en pain
et en yaue.
Jou Clemens, apostoles de Romme, fay sçavoir a tous que nous trouvons
es livres des canons escript qu’il y a .XII. venredis en l’an que les apostles
junerent en leur tamps en pain et en yaue. Et quiconques les junera, ja le
diable ne sçara que son ame devenra, ne ja ne morra desconfés ne de villaine
mort. Et si sçara se fin par l’ammonestement de l’angele.
[Vendredis précédant : 1 er dim. Carême, 25 mars, Sainte-Croix, Ascension, Pente
côte, Trinité, 24 juin ; après : s. Pierre ; avant 15 août, 8 sept., Toussaint, Noël.]
Fol. 322 v°-323. Et sont ces junes ordenees pour les raisons qui s’en*
sieuent.
Au jour du venredi ochist Cayn Abel son frere... [15 événements arrivés
un vendredi.]
Fol. 323-324. Cy s’ensieut le psalme de le foy W.
Quiconques veult estre saulvés, il est neccessaire que devant toutes
choses, il tiengne le foy catholique, le quelle, se cascuns ne le tient entière¬
ment et inviolée sans doubte, il périra pardurablement... — ... A l’advenement
du quel tous les hommes ont a ressusciter a tout leurs propres corpz et de
leurs propres fais ont a rendre raison. Et ceulx qui aront bien fait iront en le
vie permanable; qui aront mal fait, il iront ou feu eternel. C’est chi le foy
catholique laquelle, se chascuns ne le croit fermement et feablement, il ne
porra estre sauvés.
• ,
Fol. 324-325. S’ensieut un dit sur trois freres religieux qui pensoient
a le passion de Jhesucrist. [Texte entier.]
(1) Quicumque vult salvus esse... Symbole de saint Athanase.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
216
ÉDITH BRAYER
I
En loant le sainte joumee.
Qu’on dist du benoit Venredi,
Dont la dolour est recordee
Le jour du Dimence floury, 4
Vous diray exemple alosee.
Se vous souvenra de Celly
Qui sa char y eut tourmentée.
Dont le sang vermeil en issy. 8
II
Si com raconte l’Escripture,
Il n’est nul, tant soit pecheour.
S’en l’amour Dieu met bien sa cure
Et lui membre de la dolour 12
Que Dieu souffiry, le nuit obscure,
Dont le jour vint en tenebrour,
La grant joie qui sans fin dure
Acquerra, s’il y met s’amour. 16
III
Ainsy que les trois enfans firent,
Qui furent fil d’un chevalier.
Qu’en une abbye se rendirent
Qu’on appelle Meremoustier, 20
Ou les sept hommes s’endormirent.
Bien près de Tours, en un herbier.
Les gens une abbeye y firent,
Quant ne les peurent esveillier. 24
IV
Le chevalier eut a nom Mile,
Dont j’ay commenchiet ma raison.
Sire de Saint-Marc de la Pile
Et du pays tout environ. 28
Pas a la rente de sa ville
Ne s’attendi, ains fu larron;
De marcheans roba bien mille.
Ce dist on, en une saison. 32
l) Ms. : leur se char tendre.
Digitized by Google
V
Le chevalier vault ses filz rendre
A l’abbeye as sept dormans.
A l’amour Dieu vont si entendre
Et si penser, ces trois enfans, 36
A l’estacque leur char si tendre (1)
Fu batue des fauls tirans;
Les deux plus grans, avec le mendre.
Lors en devinrent peneans. 40
VI
Si grant penitance enquerquerent.
Plus devinrent foibles que fors;
Leur fresche couleur délaissèrent.
Pour le sang qui en fuy hors; 44
Mainte nuit, tout adés veillèrent;
Grant penance firent des corps.
Dont moult de gens s’esmerveillerent
Quant ilz ne furent plus tost mors. 48
VII
Le chevalier en l’abbeye
Vint a un joeudi absolu;
Ses trois enfans ne congnut mie,
[fol. 324 v°]
Quant les eut devant lui veü. 52
A l’abbë dist : « Cha ! me maisnie.
Qu’en ceste abbeye ay rendu;
Si me raconteront leur vie.
Comment les avés maintenu. • 56
VIII
« Si m’ayeut Dieu, dist l’abbé, sire
Ves les chi tous trois sans retour. »
Le père en eut au cuer grant ire.
Quant les vit en si povre atour. 60
A l’abbé dist : • A grief martire
Les ferés morir, ains leur jour !
De vos biens leur donnés du pire :
Il y pert bien a leur coulour. » 64
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
217
IX
• En vérité, dist l’aisné frere,
Boins et loyaulx nous est l’abbé;
Mais il fault que nostre amour pere.
Que nous avons a Dieu donné; 68
Et pensons a le mort amere
Comment nos corpz soient usé,
Se nos volons la joie clere
Avoir, quant serons trespassé. 72
X
Laissier fault le joie du monde.
Qui veult penser a l’amour Dieu,
Et convient que sa char en fonde
Et n’ait en lui solas ne jieu; 76
Il faulra que l’ame responde,
Qui avéra terre ne fieu.
Riens ne vaulra belle faconde
A l’assise du derrain lieu. » 80
XI
■ Convient il, dist le pere, rendre
Ce que on a eu de l’autrui?
— Oyl, dist il, ou rendre, ou pendre;
L’Escripture le dist ainsi. 84
— Bien vous en pensés a deffendre,
Dist le pere, par saint Remy !
Pour nient eust on fait vo corpz fendre ;
S’en est et char et sang fuy. » 88
XII
Or entendés bel exemplaire
Que Dieu fist, pour lui amender.
Le table fu drechie en l’aire;
Près de l’abbé sist per a per; 92
Ses trois enfans fist au bout traire.
Et puis a prins a regarder
Quel samblant l’abbé leur fist faire,
Et quelz biens vaulroient user. 96
Édith B RA Y ER.
XIII
Son aisné fil voit, qui mengiie
Soupes en sang vermeil tout cru;
Et plouroit, que l’yaue est courue
Aval se poitrine, a grant rieu. 100
L’autre, trois claux a pointe agüe
Mengoit. Li tiers fu repeü
Du fer d’une lanche esmolue
Que tout Ta mengiet et vaincu. 104
XIV
L’abbé si fist oster la table
Et puis a dit au chevalier :
« Loés soit Dieu l’esperitable !
Servis avons esté moult chier. 108
— Abbés, chose dcsconvenable
Faictes a mes enfans mengier;
Avec vous ont malvaise cstable;
Je ne les y veul plus laissier. » 112
XV
« Sy m’ayeut Dieu, dist l’abbé, sire
Servis ont esté comme nous. [fol. 325]
— Je ne le veul pas ainsi dire,
Dist le chevalier, souffrés vous. 116
Mon aisné fil ne doit pas rire :
Souppe a mengiet de coulours
En sang vermeil dont j’ay grant ire.
Et li aultre a mengiet trois doux. 120
XVI
Le fer d’une lanche acheree
A le tierc mengiet et usé.
Plus rouge que flame embrasee.
— Sy m’ayt Dieux, ce dist l’abbé, 124
Dieu vous a l’exemple moustree.
Qui veult que vous soyés sauvé.
Ja vous diront sans demouree
La ou il ont au disner pensé. » 128
28
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
218
ÉDITH BRAYER
XVII
A l’aisné dist : * Ne me mens mie,
Ou pensoies tu au disner?
— A le char Dieu qui fu trahie
Et au sang qui en courut cler; 132
Advis m’estoit, par estudie.
Que je veoie Dieu tuer.
J’en fus en tel merancolie
Que mon pain vy en sang temprer. » 136
XVIII
Au second dist : « Se Dieu t’avoye,
Ou fu ton penser plus estain?
— As trois claux qui firent la voye
Par les piés Dieu et par la main ; 140
Si très parfaittcment pensoie
A le mort du roy souverain,
Advis m’estoit que les mengoie.
Tant en estoit mon cuer certain. » 144
XIX
Au tierc a dit : « Par ta creanche.
Du disner dy moy vérité.
— Je pensoie au fer de le lanche
Dont Dieu fu férus ou costé. 148
C'y euch si très ferme creanche,
Advis m’est que je l’ay usé.
Onques de meilleur soustenance
Ne fu mon corps assaisié. » 152
XX
L’abbé dist : « Or oyés, beau sire.
Le viande a vos trois enfans. »
Il respont : « Foy que doy saint Piere,
Jamais tant que soie vivans 156
N’aray aise, fors que martire;
Ainchois devenray peneans.
Pour l’amour Dieu, volray despire
Mon corpz et ma char et mon sangs. ■ 160
XXI
Il fist puis si grant penitance.
Des las s'osta as anemis.
Chi doivent cil prendre esperance
Qui amer veulent Jhesucrists. 164
Du sang, des claux et de le lanche
Vous souviengne, comme as trois fils
Qui en orent tel ramembrance
Qu’ilz en acquirent paradis. 168
XXII
Qui penseroit a le destrece
Que Dieu souffry pour nostre amour.
Et mesist son cuer en tristresce.
Et gettast en larme et en plour, 172
Son amc iroit en le haltesce
De paradis, blance que flour.
Le Dieu qui fu mis en la cresce
Nous ottroit, par grâce, s’amour. 176
Fol. 325-327 v°. S’ensieut un dit sur les .vii. taches du mesel comparées
as .vii. pechiés mortelz. [Texte entier, fol. 325 v°.]
I Pour aulcun pecheour de folie retraire,
Veul commenchier un dit dont nulz n’ara contraire.
Tout cil qui m’entenderont et qui se vorront taire
Deveront laissier pechiet et n’en aront que faire. 4
II Douche gent, en pechiet a moult pesant fardel;
Vous sçavés que s’uns homs donnoit un cop mortel
A mon pere ou au vostre, d’espee ou de coutel.
Nous le menrions envis gésir en nostre hostel. 8
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
219
VII
VIII
Je le dy pour ytant qu’Adam no premier pere
Fu déchus par pechiet; et puis a grant misere
Si grant cop en rechupt que chascuns le compere;
Et aussi prist Jhesus pour pechiet mort amere.
Et quant le créateur de toute créature
Rechupt mort pour pechiet, dont est il bien droiture
Que d’entour nous l’ostons, et mettons nostre cure
A pechiet despiter par confession pure.
Qui s’embat en pechiet, il fait grant mesprison;
Qui mal fait, si s’amende; toudis est en saison.
Tout cil qui vorront mettre a euvre me raison
Acquerront es sains cieulx glorieuse maison.
Douche gent, en ce dit, n’a menchongne ne guile;
Tout ainsi q’uns mesiaux est mis hors d’une ville.
Seront li pecheour, si com dist l’euvangile.
Mis hors de paradis et foulés de grief pile.
Chiercs gens, or soyés de my oïr songneux;
Sur le mesel prendray les .vii. pechiés morteulx.
Le roy de paradis, qui est tant glorieux,
Me doinst dire tel chose de quoy nous vaillons mieulx.
Sachiés, le droit mesel .vii. tacques a en soy :
Enflés est, et pourris; il art; toudis a soy;
Le quinte griefté est qu’il a toudis le doy
A grater; pesant est; il put trop a desroy.
[D’orgueil.]
Par l’enfle du mesel qui des sains est banis,
Entendons homme et femme qui d’orgueil est fumis; [fol. 326]
C’est un des .vii. pechiés. Moult est de Dieu hays
Qui plus s’orguillera et plus sera quetis.
Qui bien aroit en Dieu s’entencion parfaitte,
Point ne s’orguilleroit, car tout venons de glette;
Et quant ce vient en fin, ce n’est pas chose nette,
Si tost que l’ame est hors, le corps pue comme septe.
S’uns homs estoit si sages qu’onques fu Salemons
Et se fust aussi beaulx qu’onques fu Absalons,
Et se fust aussi fors que fu onques Sansons,
S’il estoit orguilleux, se querroit ses boins noms.
28 .
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
ÉDITH BRAYER
220
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
Pour quoy s’orguillist on si tost que mal nous touche?
Ne nous poons aidier nient plus q’une vies souche;
Et si n’est si beaulx yeuix ne si vermeille bouche
Qui ne faille pourrir, c’est a no grant reproche.
Orgueil est au jour d’uy montés en grant revel;
Quant aulcune personne a aulcun bel joyel,
Li aultre qui le veoient veulent avoir autel.
Nul ne pense de Taine, le corps a tout le bel.
Qui bien regarderait le grant humilité
Que Jhesucrist moustra quant prist humanité.
Et puis vault mort souffrir pour nostre sauveté.
Le grant orgueil du monde tenroit a grant vieulté.
De envie.
Le seconde griefté que le mesel endure.
Il a le corps pourry; et par le pourreture.
Nous entendons envie : nuis n’y mette sa cure;
Li cuer as envieux sont tout pourry d’ordure.
Envie régné fort, partout prent son hostel;
Car se un voisin voit l’autre maintenir bien et bel,
S’il en a nulle envie, il fait pechiet mortel;
Mais moult de gens y sont plus ployant que rasel.
Nulz ne doit avoir joie s’il (a)voit aultrui dommage;
Mais s’on voit que aulcun fol veuille faire un oultrage,
On doit avoir grant joye d’appaisier son courage.
Qui ainsi le ferait, il ferait moult que sage.
XVIII Par le pechiet d’envie sont pluiseurs mal venu : [fol. 326 v°]
Adam en mort le fruit qui lui fu deffendus.
S’en fist tuer Herades les Innocens menus.
Et s’en fu Jhesucrist en le croix estendus.
De ire.
XIX Du grief pechiet d’envie nous gart le souverain Sire.
Le tierce povreté du mesel vous veul dire :
Le corpz lui frit et art, moult seuffre de martire;
Par l’ardeur, entendons le cruel pechiet de ire.
XX Boin se fait garder d’yre, c’est cose diffamée;
Car si comme vous veés le broquette ensouffiree
Ardoir si tost qu’elle est près du feu habitée.
Est le personne ireuse de mal faire aprestee.
48
52
56
60
64
68
72
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
221
XXI
XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
Par le grief pechiet d’yre pert on l’ame et le corps.
Pacience vault mieulx, c’est un escu plus fors.
Sachiés que qui volra amender tous ses tors,
Ja n’ara paradis, ains se tenra dehors.
On voit morir par ire mainte belle personne.
Mais l'Escripture dist que cieuls qui ne pardonne
Trestoute cruaulté, de Dieu, qui tous biens donne,
N’ara ja en le fin en paradis couronne.
Vray Dieu, en quel pays mainnent ii débonnaire !
Il n’est si pacient, s’uns homs lui fait contraire.
Qu’il ne lui vaulsist bien le cuer du ventre traire;
Chascuns se veult vengier pour tant qu’il ne peut faire.
Se li douls Jhesucrist, a trestous nos méfiais,
Prenoit de nous venganche, trop ariens crueulx fais.
Ire régné partout, pacience n’est mais.
Pour Dieu, gardons nous ent, c’est un pechiet trop lais.
D’avarice.
Le quarte povreté du mesel vous diron.
Toudis vorroit avoir le hanap au menton;
Plus boit et plus a soif. Par ce nous entendons
Les avaricieux qui ja n'aront foison.
Avarices hault monte, car il est moult de gent.
Plus ont et plus convoitent. Vray Dieu ! s’or et argent
Les pooit warandir au jour du Jugement,
Boin y feroit entendre, [fol. 327] mais ce n’y vault noyent.
Car li bien de ce monde ont trop peu de duree ;
Le corps n’a q’un suaire quant l’ame en est sevree;
Si tost que du moustier est le gent retournée.
Au départir l’avoir font les amis meslee.
Fol est qui trop se fie es avoirs terriens.
Car moult de gens en perdent les biens celestiens.
Li très douls Jhesucrists gard tous boins xpistiens
Du pechiet d’avarice et de tous ses lyens.
[De pereace.]
Du mesel vous diray le .v e . doleur :
Il a le corps pesant; et par le pesanteur
Nous entendons peresce qui met a deshonneur
Ceus qui désobéissent a Dieu le créateur.
100
104
108
112
116
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
222
ÉDITH BRAYER
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
XXXV
XXXVI
XXXVII
XXXVIII
Nuis ne deveroit estre de bien faire precheux.
Li jone cuer ne pensent qu’as solas et as jeux;
En leur forche se fient, et puis quant ilz sont vieulx,
Hz ne peuent bien faire, point n’ont esté songneux.
Mainte gent ne sont mie perecheux de mal faire,
Ains y mettent leur cure et sont du bien contraire.
V rais Dieux, en le parfin en aront grief sallairc :
Au Jugement aront loiier de leur affaire.
De gloutrenie.
La doleur .vi e . est que personne meselle
A les membres rongneux et le pis et fourcelle;
Toudis vorroit grater; et par celle gratelle.
Entendons gloutrenie qui n’est bonne ne belle.
On fait par gloutrenie mainte desmesuranche.
Sacliiés que li glouton n’ont point si grant fianche
En Dieu ne en se mere comme en emplir leur pancc.
L’anemy fait danser les gloutons a se danse.
Le fausse gloutrenie est ung pechiet trop vains,
Car l’ame en est dampnee et s’en vit le corps mains.
Quant li glout ont des vins trestous leurs boyaux plains,
Il leur monte en le teste, puis font les fais villains.
120
124
128
132
136
On pecquc en gloutrenie, je vous diray comment :
En engloutir les biens desordeneement
Et en parler de bouche desmesureement; [fol. 327 v°|
On fait par gloutrenie tant maint vilain serment. 140
Maint homme s’entretuent par fausse gloutrenie,
Et s’en est mainte femme sans raison efforchie;
Tant de maulx en sont fais; ne le maintenons mie.
Mais soions abstinent et menons sobre vie. 144
De luxure.
Au .vii e . pechiet veuil huymais mettre cure :
Vous sçavés que mesel sont puant par nature;
Et par celle pueur, nous entendons luxure.
Elle put devant Dieu, trop vient de grant ordure.
De gloutrenie vient luxure le despite.
Des .vii. pechiés soloit estre le plus petite;
Or est ce le plus grant, car chascuns s'i délité.
Elle a fait mainte gent morir de mort soubite.
148
152
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
223
XXXIX Luxure fait au corps et a l’ame dommage;
On le laist trop espandre, cascuns lui fait hommage :
Clergiet, religieux s’en mettent en servage.
Et laye gent en brisent souvent leur mariage.
XL Nous veons maintenant quant uns homs a fait tant
Du pechiet de luxure, qu’il n’en puet plus avant;
Quant il n’en peut plus faire, si fort s’en va vantant
Que par se genglerie s’y mettent li enfant.
XLI Pour Dieu, se nous veons que nous soyons attains
De nul des .viL pechiés qui sont ors et villains.
Si nous en confessons et tantost serons sains,
Car li douls Jhesucrist a tendues ses mains.
XLII Pour tous ceuls recepvoir qui en grant repentance
Se volront fl) confesser et faire penitence.
Jhesucrist nous moustra d’amour grant habondauce,
Quant il laissa perchier son costé de le lanche.
XLIII Se prions a le Dame, en qui le vray soleil
Vault prendre char (,) , et rendre sang vermeil
En l’arbre de la croix, que créons tel conseil
Qu’en le fin nous ottroit le solas non pareil. Amen.
156
160
164
168
172
Fol. 327 v°-329 v°. S’ensieut le Transfiguration de nostre Seigneur.
Nostres Sires ouvry sa glore devant les tesmoingz ad ce esleüs et le fist
commune et le clarefia de si grant resplendeur, que sa face estoit samblable
a le clarté du soleil et estoit sa vesture aussi blanche que nege... — ... ilz
levèrent leurs yeuls et ne virent nullui se non Jhesucrist seul; et eulx descen-
dans de la montaigne, Jhesus leur commanda en disant : « Vous ne dirés a
nullui ceste vision jusques adont que le Fil de Tomme sera ressucité de mort
a vie. »
Fol. 329 v°-342 v°. S’ensieut l’ystore de Balaam et de Josaphat
Jehan Damascenus, par grant estude, compila le hystore de Balaam, qui
a le foy xpistienne converti saint Josaphat le roy. Et dist que en ce tamps que
(1) Ms. : se volroit. Josaphat . I, Recherches sur la tradition latine
(l) Ms. : prendre char prendre et et française, Namur-Paris, 1949; BibL Fac.
,8) J. Sonet, Le Roman de Barlaam et phil. Namur, VI.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
224
ÉDITH BRAYER
toute le terre de Ynde estoit remplie de xpistiens et de moisnes, en celle
contrée estoit uns poissans roy que on appelloit Avennir... — ... Quant
Arachies, le roy a qui Josaphat avoit laissiet son royalme, entendi par le dit
hermite que Josaphat estoit trespassés et ensevelis, tantost vint a lieu a grant
compaignie de chevaliers et de gens, et prist les corps de Josaphat et de
Balaam, et les fist rapporter en son pays, et les mist honnerablement en
l’eglise de sa cité; et y fist Dieu moult de miracles par leurs mérités a l’onneur
de son nom. ’ * 1 ”
Balaam et Josaphat flourissoient en vertus entour l’an de nostre Sei¬
gneur .ii c lxxvi.
[Parmi les enseignements de Barlaam figurent plusieurs exemples : le rossignol et
le vilain, l’unicome, le demi-ami, le roi pour un an, la biche apprivoisée.]
Fol. 342 v°-345. Cy après s’ensieut le déclaration de le dignité et ordon¬
nance de le dedication de l’eglise
Le dédicacé de l’eglise saincte est une anchienne et très grande solempnité
qui représente que uns temples est consacrés a Dieu... — ... et li Juys fu
saulvés de se personne et se converti a le foy xpistienne pour le cause du signe
de le croix, que nous devons faire devant nous, soit au boire ou au mengier,
au couchier ou au lever, ou au commenchier aulcune euvre. Sy que nous
soyons toudis armés et que li anemis ne nous puist grever par l’aide de
nostre Seigneur Jhesucrist qui est bénis in secula seculorum. Amen.
[L’église e9t consacrée : 1° pour chasser le diable; exemple emprunté à s. Grégoire:
le diable s’échappe d’une église arienne rendue aux chrétiens; 2° pour être franche :
lieu d’asile; 3° pour que les prières soient exaucées; raisons de l’orientation de l’autel;
4° pour dignement louer Dieu; raisons des heures canoniales; 5° pour administrer les
sacrements; les douze croix. Exemple, également emprunté à s. Grégoire : le diable et
sa « maisnie » discutent de la tentation d'un évêque voisin; mai9 ils s’enfuient à cause
d’un juif réfugié qui a fait le signe de la croix; le juif raconte la chose à l’évêque, qui
s’amende; le juif se fait baptiser.]
(1) Mss Troyes 1041, fol. 94-94 v°; Copen¬
hague Ny 1838, fol. 140-141 v° (à la fin du
volume et séparé du Sermonnaire « Scicntes »
par d’autres textes); Cambrai 210, II, foi. 134-
136; Lille 453, fol. 318-321 v°. Dans ces mss,
le traité est suivi de trois sermons sur le même
Digitized by Google
sujet, dont les thèmes sont : Templum Dei
sanctum est, In ecclesiis bénédicité Domino,
Hodie salus huic domui facta est. Dans
Tournai, Sém. 43, fol. 119-120 et 120-127,
figurent seulement les sermons Templum et
Hodie salus .
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
225
Fol. 345-347 v°. S’ensieut une generale ammonition a tous ceulx qui
ont relenqui leur vie pecheresse et veulent Dieu servir (D.
Tu quiconques es, se tu veuls Dieu servir, castie ton corps, car il ne
veult servir s’il n’est mis en subjection. Une crasse beste est tantost prise et
une maigre excappe legierement... — ... bénignes a aultrui, appareilliés a
souffrir, obeissans a la volenté de Dieu et liés a tout ce que Dieu t’envoie,
soit contre te volenté ou a te volenté. Par ainsi porras tu plaire a Dieu et au
monde, et desservir le vie permanable, a le quelle nous admaint le Pere, le Fil
et le saint Esperit. Amen.
[Le* conseils sont les suivants : fuir la luxure, l’oisiveté et les tentations; pratiquer
les vertus.)
Fol. 347 v°-349. S’ensieut pluiseurs aultres beaux enseignemens et
pourfitables a créature sur le noble vertu d’amour.
Hec est via, ambulate in ea. — Ysaies dist : C’est cy le voie, alés par
ycelle. Le voie par lequelle nous devons aler a Dieu, c’est le voie d’amour...
— ... Ysidores dist : Penance ne doit finer jusques a le mort. Prions a Dieu
que, par se grâce, il nous doinst en tel maniéré fuir les maulx, c’est a dire
tous vices laissier et eslongier en faisant euvres vertueuses que nous puissons
participer as biens de se sainte glore. Amen.
[Le paragraphe est entièrement composé de citations.)
Fol. 349-354. Chi apré9 9’ensieut une altercation des vice 9 contre les
vertus, ou il y a moult belle instruction pour créature humaine ( 2 >.
Saint Pol l’aposle dist que tout cil qui pieuement veulent vivre en Jhesu-
crist, c’est a dire qui veulent estre de se compaignie, doivent souffrir tribula¬
tions et persécutions... — ... Et pour tant, très fol et très malvais marchiet
fait cieuls qui pour avoir les solas de ce monde qui sont entremeslé d’anoy
et de tristresce, pert le joie permanable et le douce compaignie de Dieu, la
quelle joie et compaignie nous ottroit le Pere, le Fil et le saint Esperit. Amen.
[Après un prologue, l’exposé est en forme de débat dans lequel les vices et les vertus,
personnifiés, prennent la parole à tour de rôle. Les protagonistes sont :
(1) C’est un extrait du Miroir des curés.
Mas Copenhague Ny 1838, fol. 129 v°-130 t°:
Cambrai 210, I, fol. 35 v°-36 v°.
Édith Bratf.r.
(2) Msa Copenhague Ny 1838, foi. 133
v°-137; Tournai, Sém. 43, fol. 200 v°-204;
Cambrai 210, I, fol. 32-35 v°.
29
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
226
ÉPITH B RAYER
Orgueil (dist...)
— Humilité (respont...)
Vaine gloire
— Cremeur de Dieu.
Faux semblant
— Vraie conversation de sainte vie.
Envie
— Charité.
Haine et courroux
— Amour.
Detraction
— Correction
Ire
— Pacience.
Tristesse du siecle
— Joie spirituelle.
Paresse
— Soin de Dieu servir.
Desperation
— Espérance.
Convoitise
— Vraie pauvreté.
Induration de cuer
— Miséricorde.
Gloutrenie
— Abstinence.
Joie du siecle
— Tristesse spirituelle.
Luxure et fornication
— Pureté et chasteté.
Amour du monde
— Amour du del.]
LES EXEMPLES
Fol. 354-354 v°. S’ensieut un exemple (1) du dyable qui vault mettre dis-
cension entre deux frerez. — Deux freres estoient d’un pere et d’une mere;
si estoient moisnes et tout d’un acord... W.
[Le diable cherche à susciter une dispute entre eux : il éteint leur chandelle; l’aîné
se courrouce, mais l’autre est si humble qu’il apaise son frère. Le démon raconte sa décon¬
venue au prince des diables; le récit est rapporté par un prêtre du temple de Mahomet,
qui se convertit.]
Fol. 354 v°-355. Aultre exemple contre ceulx qui diffament aultrui. —
On raconte d’un preudomme qui estoit en une abbeye moult religieux...
[Le religieux tombe malade; une prude femme le prend chez elle pour le soigner,
ce qui provoque des médisances. Le moine demande à Dieu de le faire mourir et annonce
à ses frères qu’un bâton, planté sur sa tombe, fleurira en signe de son innocence.]
W Seules les références aux grands recueils
facilements accessibles ont été citées pour les
sources des exemples. Une recherche plus
approfondie a été abandonnée délibérément
pour ne pas retarder l'édition du texte.
(,) Rufin d’Aquilée, Verba seniorum , n° 18;
Pair, lat., U LXXIII, col. 748.
fS) Id., n° 24; ibid., col. 753.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
227
Fol. 355. Aultre exemple a ce propos sur ceulx qui mesdient d’aultruy.
— Uns homs estoit que le malvais esperit traveilloit moult... W.
[Cet homme médit d'autrui et en a honte; il tarde à avouer ce péché. Il se résout
enfin à se confesser, et le confesseur lui indique une formule pour lutter contre la tenta»
tion. Citation de s. Jérôme.]
Fol. 355-355 v°. Contre ceulx qui regardent les pechiés d’aultrui et non
mie a eulx meismes. — On list en le Vie des Peres qu’il fu jadis uns abbés
qui prist un grant sacq... (a) .
[L’abbé remplit de sable un grand sac qu’il porte derrière son dos et un petit sac
qu’il porte devant, à l’image des gens qui regardent les péchés d’autrui et non leurs propres
fautes.]
Fol. 355 v°. Pour esquiever malvaises pensees. — On list que uns preu-
doms demanda a un saint homme... (*>.
[Pour éviter les mauvaises pensées, il faut penser aux biens célestes. On accom¬
plirait de grands sacrifices pour les obtenir; si la maison était remplie de vers, on s’y plon¬
gerait jusqu’au cou pour parvenir au paradis.]
Fol. 355 v°. Pour complaire a Dieu. — Uns homs fu jadis qui demanda
a un saint homme... < 4 >.
%
[Pour plaire à Dieu, il faut avoir toujours Dieu devant les yeux; souffrir les événe¬
ments avec patience; dans les actions, s'inspirer de la sainte Écriture.]
Fol. 355 v°-356. Comment religion est de grant vertu, et nombre quatre
maniérés de bonnes gens. — Uns homs fu une foiz aussi comme en transes
et vit, ce lui (ms. cellui) sambla, quatre maniérés de gens... (6) .
[Ce sont : les malades qui souffrent en patience; ceux qui hébergent les pauvres;
les ermites; les religieux obéissants. Les derniers sont plus honorés, car ils renoncent à
leur volonté.]
(1 > Id., n° 57; ibid., coi. 769.
(1) Id., n° 156; ibid., col 786.
I" Id., n° 107; ibid., col 780.
(4Ï Id., n° 108; ibid., coi. 781.
Id., n° 141; ibid., col. 787.
29 .
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
228
ÉDITH B RAYER
Fol. 356. Contre ceulx qui tardent a faire leurs penanches. [Texte
entier.] — On compte d’un preudomme qui toutes les fois que se pensee lui
disoit : Seuffre toy huy et ateng a faire te penitance jusques a demain, il
disoit a l’encontre : a Non feray, ains feray au jour d’uy ma penitance et
demain fâche Dieux se volenté »
Fol. 356-356 v°. Exemple comment on ne se doit de riens tourbler. —
Une saincte femme dist : Se tu as demouré en une abbeye, ne cange point...
[Plusieurs conseils de cette sainte femme. Ne pas changer d'abbaye (comme la poule
qui abandonne ses œufs). Accepter les infirmités qui purgent l’âme comme une forte
médecine; perdre les yeux ou les oreilles, c’est fuir l’occasion des vanités et des paroles
oiseuses. — Citation de s. Paul.]
Fol. 356 v°-357. D’un hermite qui vault sçavoir a qui il ressambloit. —
On treuve en le Vie des Peres qu’il fu jadis uns preudoms... (2) .
[Cet homme, ermite, veut savoir à qui il ressemble; il demande à Dieu de le lui faire
connaître. Réponse : à un jongleur qui va de rue en rue. L’ermite recherche le jongleur;
celui-ci lui déclare être pécheur et voleur, mais il a sauvé, une fois, une nonne, et donné
une somme d’argent pour délivrer un prisonnier. L’ermite lui dit : Je n’ai pas fait si grand
bien; Dieu te mande que tes mérités ne sont pas moindres que les miens. Le jongleur
« jetta tantost jus ses flahutes et se vielle... et canja se mélodie »; il se fit ermite.]
Fol. 357-358. Ung aultre exemple pareil. — Quant le jongleur dessus dit
fu mors plains de tous biens et de vertus...
[Deuxième ressemblance de l’ermite : 1’ « ostel&in • de la ville. Celui-ci a été chaste,
hospitalier, bon arbitre de paix. Pour couronner cette sainte vie, l’ermite l’emmène avec
lui dans le désert]
Fol. 358-358 v°. Ung exemple contre les confesseurs qui trop esbahissent
les pécheurs. — Nous lisons d’un saint homme qui disoit a ses disciples...
[Un confesseur âgé n’est pas forcément bon conseiller. Un jeune moine, tenté du
péché de fornication, demande conseil à un vieillard qui le rabroue durement et le juge
(1) Id., n° 165; ibid., col. 794.
(21 Aventure attribuée à Paphnucc. Rufin,
Historia monachorum, dans Patr. lat.,
t. XXI, col. 435-437. Aussi dans Historia
Lausiaca, cap. bdii, ibid., t. LXX1II, col.
1170-1171.
31 Rufin, ibid., col. 437-438; Hist . Laos.,
ibid., col. 1171-1172.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
229
indigne d’être moine. L’autre retourne au siècle; en route, il rencontre l’abbé Appollo
qui l’adjure doucement de rester moine. L’abbé Apollo obtient du ciel que le vieillard
subisse la même tentation que celle qui avait assailli le jeune moine.]
Fol. 358 v°-360. D’une vierge appellee Marie qui fu rendue a une abbeye
comme moisne et fu appellee frere Marin. — Il fu uns preudoms jadis au
siecle qui avoit une petite fille... U).
[Vie de sainte Marine.]
Fol. 360-363. Exemple d’ un hault homme qui avoit pris une moult
preude femme, mais brehaingne estoit. C’est de sainte Eufrosine. — Il fu
uns preudoms jadis qui moult fu hounerables a toutes gens...
[Vie de sainte Euphrosyne.]
Fol. 363. De ceulx qui veulent faire penitance quant ilz vont morir. —
Saint Ysidores dist : Les pluiseurs usent toute leur vie en pechiet...
[S. Isidore ne met pas en doute le salut des repentis; mais pour plus de sûreté, il
est préférable de se repentir tôt]
Fol. 363-363 v°. Comment on se doit chascun jour examiner. — Nous
devons castier nous meismes et demander a nous raison des euvres de chascun
jour... Trespassay je huy ce jour sans pechier...
[Bref examen de consience, à la première personne du singulier, sans méthode; puis
citations d’autorités.]
Fol. 363 v°-364 v°. Exemple d’un roy qui desiroit a acomplir toutes ses
plaisances, auquel advint une moult grieve maladie. — On list d’un roy qui
moult amoit les plaisances terriennes...
[Grièvement malade, le roi reconnaît qu’il mérite la mort car il a abandonné J.-C.
Les sages qui l’entourent l’assurent de la miséricorde de Dieu; le roi promet d’amender
sa vie, s’il guérit. Après sa guérison, il se soumet aux conseils des sages.]
OfUf L: O* / ' : . dt&LjiùItltl MTll STVOq 9t dL 13 ohnOOl l#b JfttBd'. sb
(1) Vie de sainte Marine, Patr. lat. 9 1 Vie de sainte Euphrosyne, Pair, lat
t. LXXIII, col 691-694. t. LXXIII, col. 643-652.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
232
ÉDITH BRAYER
la victime se plaignent au souverain, mais celui-ci donne raison au chevalier. Après avoir
mené la même vie pendant de longues années, le chevalier tombe malade; un ange lui
apparaît et l’engage à se confesser, ce qu’il n’a pas fait depuis trente ans. L’ange lui souffle
les péchés qu’il a oubliés. Après avoir communié, il voit apparaître J.-C. et il meurt.]
Fol. 370 v°. Aultre exemple d’un chevalier luxurieux qui moult estoit
devos envers Dieu et le vierge Marie. — On list d’un chevalier qui moult
estoit devos envers Dieu et le vierge Marie, mais moult luxurieux estoit...
[Un jour de famine, il prie la Vierge de l’aider. Elle lui fait envoyer un bon mets
dans un récipient sale. Et comme le chevalier refuse de manger, les porteuses lui décla¬
rent : Ainsi est votre service envers notre Dame; il est bon, mais dans un corps infect.]
Fol. 370 v°-371. Aultre exemple comment le ammosne, donnée pour le
amour de Dieu, pourfite. — II fu jadis uns riches homs qui moult despitoit
les povres et ne leur faisoit nul bien...
[Le riche homme organise un banquet. Les pauvres, redoutant la colère de cet
homme, ne vont pas lui demander l’aumône; un seul d’entre eux se risque à y aller. Le
riche homme s’apitoye et donne un pain au pauvre. Le riche meurt dans la nuit, et son
âme est disputée entre les anges et les diables. Pour clore le débat, on s’en remet à Dieu,
qui fait peser les bonnes et les mauvaises actions du défunt. Les maux l’emportent; mais
quand on rappelle le pain donné la veille et qu’on l’ajoute aux biens, le poids des biens
l’emporte.]
Fol. 371-371 v°. Exemple pour delaissier et despiter l’onneur mondaine.
— Il fu jadis un chevalier de moult grande famé et estoit grans maistres en
l’onneur de ce monde...
[Allant à un tournoi, il rencontre une femme qui lui refuse une poire contre les
es honneurs terrestres. Il descend de cheval et se rend à pied à la ville. Il veut désormais
servir Dieu : Sapientia hujus mundi stultitia est apud Deum.]
Fol. 371 v°. Exemple comment il se fait boin traveillier pour nostre
Seigneur. — On list d’un hermite qui demeuroit loings de Fyaue...
[Il veut rapprocher sa maison. Mais un jour, en revenant de la source, il voit qu’un
ange compte scs pas pour qu’ils soient rémunérés par Dieu. L’ermite éloigne encore plus
sa maison.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
233
Fol. 371 v°-372. Exemple pour avoir tousjours ramembrance de le
passion nostre Seigneur. — Il fu jadis uns sains homs qui disoit que qui
porroit avoir par une heure de jour en ramembrance le vie et le souffrance de
Jhesucrist...
[Le saint homme pratique cette dévotion : il se retire dans un lieu secret pour penser
à la pauvre nativité et aux souffrances du Christ. — « Pour ce ont pluiseurs boines gens
draps en leurs cambres qui sont pains de le vie et de le souffrance nostre Seigneur. » —
Citation de Jérémie : « 0 vous tous qui passés par le voye... », Lament., I, 12.]
Fol. 372. Exemple contre ceulx qui pissent ou font ordure es cimentieres.
— On list que le fil d’une vesve avoit acoustumé...
[Les morts lui assignent un rendez-vous. Le jeune homme se fait accompagner par
des villageois et le curé; malgré cela, il est enlevé par les mauvais esprits.]
Fol. 372-372 v°. Exemple comment on est de Dieu pugnis du membre
dont on a le plus pechiet. — Il furent jadis deux religieux de grant auctorité...
[Ils conviennent que le premier qui mourra viendra visiter son compagnon. L’un
meurt et revient en triste état : sa langue brûle de feu, car il colportait les médisances;
elle est noire, car il divulguait les secrets; elle devient poudre, car il dépréciait les biens
d’autrui. Son cadavre, chassé du cimetière par les autres morts, est emporté par les diables.
De omni verbo ocioso...]
Fol. 372 v°-373. Exemple contre ceulx qui retiennent les biens des mors.
— Il fu jadis uns très hauls riches homs qui avoit tant de finance...
[A sa mort, il convoque un chevalier, un prêtre et un bourgeois. Le premier craint
le feu d’enfer, le second la lèpre, et le troisième la pauvreté. Le riche homme lègue sa
fortune à ces trois personnages; mais ils en font mauvais usage et tombent dans les cala¬
mités qu’ils redoutaient.]
Fol. 373-373 v°. Exemple du saint sacrement de l’autel. — II fu jadis
en Lombardie uns hérités qui ne creoit mie que le9 sainctes paroles que on
dist au sacrer le corps nostre Seigneur peussent convertir le pain...
[L’hérétique, ayant perdu quelque chose, s’adresse à un devin. Le devin convoque
le diable, en forme de jeune homme, avec un chapeau sur la tête. Pendant qu’ils conver¬
sent, un prêtre porte la communion à un malade. Le diable fléchit les deux genoux et
Édith Brayer. 30
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
234
ÉDITH B RAYER
soulève son chapeau (il honore Dieu); au retour du prêtre, il fléchit un genou, sans se
découvrir (il honore le prêtre). L’hérétique se convertit. — L’exemple est à la fois contre
ceux qui n’honorent pas les prêtres et contre ceux qui consultent des sorcières.]
Fol. 373 v°-374. Exemple de .V. religieux qui pensoient tousjours a Dieu.
— Saint Bernard appella une fois .V. de ses moisnes...
[Il leur demanda quelle était leur principale dévotion pour atteindre Dieu. Le pre¬
mier répondit : les prières et les louanges de Dieu; le second, la confession et la péni¬
tence; le troisième, le service des pauvres; le quatrième, les prières pour le prochain;
le cinquième, la mémoire de la souffrance de J.-C. — Saint Bernard demanda à Dieu de
faire savoir comment il agréait ces réponses. Dieu répondit : le premier me cherche; le
second m’a trouvé; le troisième m’achète comme je l’ai racheté; le quatrième demeure
en moi; le cinquième participe à la gloire du paradis.]
Fol. 374. Aultre exemple de saint Bernard qui parloit a ung sien frere.
— Saint Bernard dist une fois a un sien jone frere : Vechi, je te laisse toute
nostre terre...
• _
[Saint Bernard voulait être libéré des soucis temporels pour méditer dans le cloître.
Le jeune frère refuse de prendre la terre sans le ciel.]
Fol. 374-374 v°. Exemple que on doit amer vraye povreté. — Dieu fist
une révélation a un saint homme hermite qui estoit moult desirans de sçavoir
le fin d’un boin povre et d’un malvais riche...
[Les anges emportent l’âme du pauvre; les diables, celle du riche.]
Fol. 374 v°-375. Exemple de le vertu de obedience. — Obedience est
moult belle vertu et bonne... [Exemple] qui en advint a un frere menu a
Meiz en Lorraine...
;ibst 1 n — i'< ’ft'i 5b hmnr&K imm uh 9!qra*x3 .°v £Ï£-€Y£ idf H
[Le moine répond toujours « libenter » à tout ce qu’on lui demande; le mot lui est
donné en surnom. Une nuit de Noël glaciale, les moines se chauffaient entre l’office des
matines et la messe du jour. L’un d’eux, par plaisanterie, envoie Libenter cueillir une poire
au verger; la poire s’y trouve effectivement, d’une espèce que personne ne connaît, ce
qui prouve sa qualité surnaturelle. Désormais, les compagnons de Libenter ne lui comman¬
dent plus que des choses raisonnables.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
235
Fol. 375-375 v°. Cy s’ensieuent trois poins que chascune devote créature
doit avoir en memore pour venir au repos et a le paix de Dieu. — Le premier
point que le devote créature doit avoir...
[Les trois points sont : 1° reconnaître la bonté de Dieu; 2° avoir compassion de la
souffrance de J.-C.; 3° mettre son désir et sa volonté en Dieu.]
Fol. 375 v°-376. Comment nous devons trois choses considérer. — Saint
Bernard dist que nous devons considérer trois choses, c’est assavoir dont nous
sommes venus, quels nous sommes, et que nous devenrons...
Fol. 376-377. Exemple d’un saint hermite et est pour entendre l’estât
du monde, contre ceulx qui mettent pechiet sur pechiet. — On list en le Vie
des Peres d’un saint hermite qui par pluiseurs fois pria nostre Seigneur qu’il
lui demoustra l’estât et les miracles du monde...
[Un ange lui fait contempler les trois spectacles suivants : 1° dans un bois, un homme
ramasse un fagot; quand il veut le charger sur son dos, le fagot est trop lourd; cependant
rhomme continue à grossir le fagot; 2° près d’un puits, un homme verse de l’eau dans
une jarre percée ; 3° deux hommes à cheval, portant une poutre à eux deux, veulent entrer
de front dans une église. Exposition : le premier est l’image de ceux qui commettent
péché sur péché, sans se confesser; le second est l’image de ceux qui se repentent sans
se confesser; le troisième est l'image de ceux qui se confessent et font de bonnes œuvres,
mais qui méprisent les autres.]
Fol. 377. Exemple d’un homme qui demanda au diable pour quoy il
le temptoit. — Il fu jadis uns homs qui moult estoit temptés du dyable...
[Il obtient de voir le diable et lui demande la cause de la tentation. Réponse : c’est
pour éviter de remplir le paradis, car, quand il sera plein, les diables brûleront dans les
tourments.]
Fol. 377. Exemple contre ceulx qui ne veulent résister as temptations. —
Il advint jadis que uns homs estoit par nuit en se maison ou il y avoit tant de
chincelles (moucherons) que il ne pooit dormir...
[Il allume une brassée de bois pour les brûler, mais brûle sa maison et lui-même
avec. C’est le symbole des tentations qu’il faut supporter avec patience : Beatus vir qui
suffert temptationem.]
30 .
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
236
ÉDITH B RAYER
Fol. 377-378. Exemple d’un philosophe qui honnoura ses habis pour ce
qu’il avoit esté honnourés par eulx. — Il fu jadis un sage philosophe...
[Ce sage avait entendu dire qu’on portait plus d’honneur aux habits qu’aux per¬
sonnes. Il se rend au palais d'un prince, où il était reçu d’habitude; il se présente en
pauvre habit : on le met à la porte; il revient, richement habillé, et se présente au petit
guichet : on lui ouvre la grand’porte. Admis dans la salle d’honneur, il baise et salue son
manteau, pour le remercier d’avoir été honoré à cause de lui. Ensuite, il crache au visage
du prince, seule place du palais qui ne fût pas parée ou brodée d’or.]
Fol. 378. Exemple contre ceulx et celles qui trainnent leurs queues. —
On list en le Vie des Peres qu’il fu uns hermites...
[Cet ermite voit une femme vêtue d’une robe à traîne, et voit un diable assis sur la
traîne; au passage d’un caniveau, le diable culbute dans l’eau, puis se rasseoit sur la traîne
qu’il salit de boue. L’ermite éclate de rire et explique sa vision à la dame, qui désormais
s’habille simplement.]
Fol. 378. Exemple comment le bonne voye vauît mieulx que le belle. —
Deux freres aloient en un pèlerinage...
[L’aîné veut prendre la bonne voie, le cadet la belle voie. L’aîné suit son frère; tous
deux rencontrent des voleurs; ils se joignent à eux, sont pris et pendus. — Les deux
frères symbolisent l’âme et le corps.]
Fol. 378-378 v°. Exemple contre ceulx qui mengüent trois ou quatre foiz
le jour. — On list en le Vie des Peres que uns hermites se abstenoit de pain
et de vin...
R yiu^iii/U +M4
[Il ne mange que des racines et des herbes, mais à n’importe quelle heure, sans
règle. Il demande à Dieu de lui faire connaître son mérite. Celui d’un âne, répond Dieu.]
Fol. 378 v°. Exemple d’une vielle qui cunquia un ribault. Risee morale
et est contre ceulx qui tardent a faire penanche. — Il fu jadis un ribault qui
entra une fois en le maison d’une vielle...
[La vieille promet le repas s’il veut l’aider dans son travail : tordre une mèche à
chandelles; le ribault doit sortir pour cela; on lui ferme la porte au nez. C’est l’image
des promesses du diable, qui promet longue vie au pécheur.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
237
Fol. 378 v°-379. Exemple contre ceulx qui ne font compte de pere ne de
mere puis qu’ilz ont eu leur avoir, si comme il apparut par cest exemple. —
Il fu uns homs qui tout le sien donna a son fil pour lui marier...
[Devenu pauvre, le père veut habiter chez son fila; la belle-fille le chasse. Le père
simule qu’il a un coffret plein de joyaux; les enfants l’accueillent. A sa mort, on ouvre
le coffret qui était plein de cailloux.]
Fol. 379. Quelle chose on doit souhaidier as envieux. — Il sont aucunes
gens qui a ceulx qui ont envie...
[Des gens veulent crever les yeux aux envieux; il faut plutôt leur souhaiter d’avoir
un troisième œil pour qu’ils aient plus de dépit des biens d’autrui.]
Fol. 379-379 v°. Exemple comment riens n’est celé devant Dieu et est
contre ceulx qui ostent les choses d’aultrui. — II fu jadis un barbieur qui
embla le truye de son voisin...
[Dieu lui rend visite en forme d'homme chevelu, et se fait tondre. Le barbier découvre
un œil derrière la tête; il demande ce que c'est. C’est, lui répond Dieu, l’œil avec lequel
je t'ai vu voler la truie. Le barbier restitue l'animal à son propriétaire. — Rien n’est celé
aux yeux de Dieu.]
Fol. 379 v°. Exemple contre ceuls qui trop se juent et parolent de le foy.
— On treuve qu’ilz sont trois choses desquelles nulz ne se doit juer...
[Les trois choses sont : l'œil, à cause de sa fragilité; la diffamation, à cause des consé¬
quences qu’elle entraîne pour le prochain; parler à l’encontre de la foi. Exemple de la
troisième chose : deux compagnons avaient un poulet; ils le coupent en menus morceaux
et déclarent que ni saint Pierre, ni même Dieu, ne pourraient reconstituer la bête ; aussitôt
le poulet se lève sur ses pattes. Ubi sunt dii eorum...]
Fol. 379 v°-380. Comment les quatre elemens portent enterrez les
pécheurs de quatre pechiés especiaulx. — Premièrement le terre porte les
avaricieux...
[L'eau porte les luxurieux; l’air, les orgueilleux; le feu* les coléreux. Il y a aussi
quatre manières de coléreux; selon qu'ils se courroucent tôt ou tard, et qu'ils s’apaisent
tôt ou tard.]
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
238
ÉDITH BRAYER
Fol. 380. Exemple d’un homme qui morut en le cote d’un usurier. —
Il fu jadis uns homs qui avoit vestu le cote d’un usurier...
[Quand il meurt, les diables veulent le prendre, car ils le croient vraiment un usurier.]
Fol. 380-380 v°. Exemple d’un larron qui fu sauvés pour acomplir se
penance enjoincte. — Nous lisons d’un hermite qui long tamps avoit fait
penitance...
[Un voleur se confesse à Termite; mais comme il ne sait ni jeûner ni faire absti¬
nence, il reçoit, comme pénitence, la récitation d’un Pater à genoux, devant chaque croix
qu’il rencontrera. Le voleur s’exécute et il en meurt, car ses ennemis le rattrapent et le
tuent. Son âme entre au paradis. L’ermite, qui a eu la vision de cette récompense, regrette
de mener une vie si austère, quand une légère pénitence a suffi au voleur pour être sauvé.
L’ermite retourne au siècle, et à sa mort va en enfer.]
Fol. 380 v°. Exemple d’un homme qui tua le frere d’un chevalier, et
est contre ceulx qui ne veulent pardonner. — Il fu jadis uns povres homs qui
par male aventure tua le frere d’un chevalier...
[Le jour du Vendredi saint, le meurtrier demande au chevalier de lui pardonner
au nom de J.-C. Le chevalier y consent. Aussitôt le Crucifix descend de sa place et vient
embrasser le chevalier.]
Fol. 380 v°-381. Exemple d’un bourgeois dont on faisoit les obsecques;
et est contre ceulx qui heent les povres et saincte Eglise. — On list d’un saint
hermite qui une fois estoit en une eglise dedens une cité...
[Pendant les obsèques d’un bourgeois. Termite voit le Christ du Crucifix se boucher
les oreilles; il est si ému qu’il pleure abondamment et attire l’attention du curé. Après
le service, il raconte sa vision au curé. La nuit suivante, il obtient de J.-C. l’explication
du geste divin : Dieu ne voulait pas écouter les prières en faveur du bourgeois parce que
celui-ci, de son vivant, avait dédaigné les offices et les prédications, et avait fait la sourde
oreille aux demandes des pauvres.]
Fol. 381-382. Exemple contre ceulx qui ont leurs déduis en chiens et en
oisiaux. — Il fu jadis une riche bourgoise lequelle prenoit moult grant plai¬
sance en avoir biaux chiens...
[Elle emmène ses chiens à la messe, ce qui l’empêche de prier avec dévotion. A sa
mort, elle se croit étranglée par des chiens : ce sont les diables d’enfer qui la saisissent.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
239
Fol. 382. Quelle chose on doit dire a passer sur un malvais pont. Et le
segnefiance sur ce. [Texte entier.]
Le roy saint Loys de France ne redoubtoit point a passer sur un malvais
pont, mais il avoit de coustume de dire, quant il y passoit :
Surrexit Dominus de sepulcro
Qui pro nobis pependit in ligno.
Les seigneurs qui cevauchoient aveuc lui demandèrent une fois pour
quoy il disoit ces mos. Et il leur respondi : « Nostre Sires fu mis après se
precieuse mort en un sépulcre qui estoit de pierre, et du dit sépulcre il
ressuscita au tiers jour qu’il y fu mis. Dont, se le pont est de pierre, tant soit
malvais, je n’ay point paour qu’il fonde tant que je die ces paroles. Et se le
pont est de bos, aussi n’ay je, car nostre Sires morut en le saintce vraie croix
qui estoit de bois. Et pour ce ne crieng je point le pont, car j’ay fiance ens es
paroles dessus dittes, lesquelles font memore de le benoite passion et résurrec¬
tion de Jhesucrist ; nulz malvais encombriers ne le porra empeschier ». Et
quant les seigneurs qui estoient aveuc le roy lui oïrent dire le mistere des
paroles, il en y eubt pluiseurs qui les retinrent et acoustumerent a dire. Et
pour ce est ce bonne chose de tousjours olr boins enseignemens et de les bien
retenir. Car se nous aviemes bien parfaitement en nos cuers les paroles dessus
dittes et les disiemes souvent par bonne dévotion, nous passeriemes seurement
le pont de ce malvais monde et les fausses et malvaises temptations qui y
sont, et se nous garderiemes de pechiet mieulx que nous ne faisons. Car il
n’est chose qui se bien deffende créature a l’encontre des temptations de
l’anemy comme d’avoir vraye ramembrance de le passion nostre Seigneur.
Fol. 382-382 v°. Quelle chose on doit dire pour esquiever ses anemis. —
On dist que touteffois que on se doubte et a cremeur de ses anemis, quelz qu’ilz
soient, gens d’armes ou aultres, on doit dire par boine dévotion : Jhesus autem
transiens per medium illorum ibat...
[Citation de Luc, iv, 30, et Ps., cxviii, 115.]
Fol. 382 v°. Comment l’Eglise prie pout toute créature en le letanie. Et
comment chascuns doit amer l’Eglise. — Ainsi comme les povres quierent
leur pain de huys en huys...
[Ainsi l’Eglise s’adresse à tous les intercesseurs possibles dan9 la litanie.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
240
ÉDITH B RAYER
Fol. 382 v°. Exemple d’une famme qui disoit a son fil qu’il desist mains
de biens et 6’en fesist plus. — Il fu jadis une femme qui mengoit une foiz
aveuc un sien fil...
[Le fils fait de beaux discours et n’entend pas les pauvres qui frappent à sa porte.
Sa mère le réprimande : « Dittes mains de biens et si en faittes plus. »]
Fol. 382 v°-383. Exemple contre ceulx qui parolent sur les prestres
quant ilz pecquent et ne se mirent que au mal qu’il font. — On ne doit mie
faire mal pour ce, se on voit mal faire...
[Il faut observer l’enseignement des prêtres et non suivre leur conduite, si on les
voit mal faire. Si un prêtre vendangeait sa vigne en fleur, ou brûlait sa maison, il ne serait
pas bon de l’imiter.]
Fol. 383 v°. S’ensieut une fable morale d’une sons et d’une rayne. -
treuve ens es fables tournées a le moralité...
On
[La grenouille veut aider la souris à passer l’eau d’un fossé. La souris se noie. Un
escoufle enlève les deux bêtes. La grenouille symbolise le prêtre; la souris, les paroissiens;
l’escoufle, le diable.]
Fol. 383 v°. L’aultre fable morale d’une soris et d’un cat. — II fu uns sos
qui avoit une huge...
[Un sot met ses fromages dans une huche; les souris y entrent et mangent les fro¬
mages; le chat y entre et mange à la fois souris et fromages. Les souris sont les prêtres;
le chat, l’archidiacre; le sot, l’évêque.]
Fol. 383 v°-384. Exemple du corbaut. — Quant li corbauls voit que une
personne a yeuls ou une carongne...
[Le corbeau monte par derrière sur la tête de la proie et arrache d’abord les yeux.
Ainsi le diable ôte les yeux du cœur.]
Fol. 384. Cy s’ensieut le nature du fenix. — Le fenix est de telle nature...
[Il assemble des « espices », va en la plus chaude partie de l’air et s’enflamme lui-
même. Des cendres naît l’œuf de son successeur. Le phénix symbolise J.-C. sacrifié sur
la croix, ou la bonne âme qui sacrifie son corps.]
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
\otices et extraits des manuscrits, t. XLIII. p. 240
tft&tuftfuîXntr Vh^>Ic
■ ^u«r fc t# \*t>nnc tafU<
• é
0 1 Ü tîClMll* V*Wf V*
Qu'Vue /Vu* »)uv cfbn^
fin ta Kuv 'T ^
7Xv/fa lv«utt* <#jr
N»w< VtVvuv tm CvUc yv\tu- «yu
^fbvt ÂutUtW 'pozttiw *>t\Urc
/i Uy* le /fru* 7n<r ev
tu mi ty ta AU< ■£' <j*t W/kt#
u«.\ Ac&uvvAurm* «|xh fboc
. uofbxt u*cx -J-ot* rNmtaSmè
tffcouftv* <*w ftutyta/Jîi# w
Ivftmvf epw itttcwn* o ifltar *
Çtr
^ Wcviiflc ctfc ta*^i*(ta fc *W H*v
uc Ann U# v*W
VtciAr * ic* /Vt* tjv* vni le fy
fby\Y comjMte* aIc/otus ,«*•
A^Uvott le* Lw* vluelt^yW
\*t le* y/zefter^ evihxlv'vwtr^
vnAv* ‘piKt tau:* uu\IuAm?* m <
“plvr <^wa* vif lot \c\jct
Awcvvr v^ily ^uillcVd’
>HU -pKVlt U> /uUj^^W
fxtttjer H0i«¥ vwiv wv
(pO'H* ioUjr l<£ V»u
pamm <%**flfv Aucnr vuVx *
y^vW <v ^uvta P*»* ' *v ^ ni
/3UmIW +#%* "siwv COW l fl v
J T^uUat frJrlewetdtaVwvc
1 XjV ttf -ttW»! r.vt-.
Digitized by
Go gle
J\ ** ^
TJa ($♦ 4m -auov^mc
JPtatmy v>i W v^uvUe vl mettre
f\ ctameveu* w0 i vf
'Vtx* T<it Un 1 tvrvvv^ W vuvnt
^xyxeut ta*t ^*cv»iAt}>^‘ï.d\<w<M'
TT cr\* %)\\K *** OUlVW smjflfiv'
XixAt^Cf <Y fb Ttf
CT^\.Vo/‘n«vi /«* cv. '
>tvU ta/V»xf vx\WmV)\v\^\ca^
ta*t* yyxvfrKt >Jte:*&Aufc *)»h
tautf >Viî!Ot#vtwfc nvtumitw*'
y £ Ai lv vxvmwv iVv 1 ' u
f^v^vAtNx^ er Wf ^tveuf vkxv
^juttutut W ■pvrftvvt tvltf
paîitr^vtvTf ^uxft $t\ufftosY
*v itav vt t le vVw cv* fl'tf
-fv*c et l^Wfk Ip^ffc’' ta /kv
£W<fijWC *
•P'tKU'ïîW^U
Q UAlVt lv ODîl <ivvl^SûO\^ i)VU*
\>%vv ^Kl^ôwxv*; A tv^vU ou
'Vue nuowijvxc \l wvv«(Va^c:
>U(U^ Vcuuvcfô'w?* uvouK fut
lv rvfH tkh* ^c:vîvct« \*\taw vf
>m 6*\* fvf tkuÛ ■ÿuuttf
p
1
«
« •
)
4
vt JJWV* Wvtumxt )£)<vv twvir
pluf l'Aî'bvtHVtUt ^Cx\/ft /tuf
ta* bx/ <lvw ofh ii teuuv '
ci'OWO ^WuhTîé Wf VvmU
fUtvr 'tV'UT litanf HV
p»\fr K^twStt* HC jMnlta* A
^bvtu t^r Tï'V'vf ^îur K lonvv*
C\‘ v^uvl\ytuta ^uAuV
Utwi tutvv txjVu* 4x«uA<|
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN’
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 241
Fol. 384-384 v°. S’ensieut le nature des es. — On list que li eiz a quatre
natures...
[L’abeille n’est jamais oisive; elle met de la terre & ses pattes pour que le vent ne
l’emporte pas; elle garde ses ailes luisantes et nettes; elle n’habite pas dans un lieu acquis
par fraude et elle suit le commandement du prince. C’est le symbole des hommes justes.]
Fol. 384 v°. Exemple contre ceulx qui vont a le carole. — En le messe
sont trois choses : le prestre chante, le clerc respond et les gens ascoutent...
» • ^ 4 .
[Dans les caroles, c’est le diable qui chante; les gens répondent ou écoutent : « Et se
tourne tousjours le carole a senestre sans tourner a le dextre, dont c’est tout signe de mal. »]
iis sitioj vui jiovc.iup oi ~.9èl m/b trgS'i’A, fi? d8£-â8£ .iol
Fol. 384 v°. Comment le salut de l’Ave Maria plaist a nostre Dame. —
On dist que Ave Maria est le plus bel salut de le Vierge Marie...
[Louange de la Vierge.]
Fol. 384 v°-385. Exemple d’un chevalier qui ne pooit sçavoir tant seule¬
ment que ces deux mos : Ave Maria. — De le salutation que l’angele apporta
a le glorieuse Vierge Marie, nous lisons un exemple d’un chevalier qui pour
amender se vie se rendi en une abbeye de l’ordre de Cistiaux...
[Il ne peut rien apprendre que ces deux mots : Ave Maria, qu’il a toujours sur les
lèvres. Il meurt et est enterré dans le cimetière des moines. Sur sa tombe pousse un lys;
et sur chaque feuille est écrit en lettres d’or : Ave Maria. On ouvre la tombe et l’on voit
que la fleur prend racine dans la bouche du chevalier.]
Fol. 385-385 v°. Aultre exemple de volentiers saluer la Vierge Marie.
— Il fu jadis un chevalier qui avoit ung moult bel manoir emprés un chemin
royal... ' 1 ■ ■’T A * «* < Idnw 1,1 •*'’
[Il ne manque pas de réciter chaque jour l’Ave Maria; mais il passe sa vie à détrous¬
ser les passants. Un saint homme est la victime de ce chevalier; il se fait conduire près
de lui et démasque, parmi les serviteurs, le chambellan, qui est le diable déguisé. Le diable
avoue qu’il est là pour saisir le chevalier dès qu’il omettrait son Ave Maria.]
Fol. 385 v°. Exemple comment nostre Dame n’oublie point ses servi¬
teurs. — II fu jadis un religieux qui moult estoit luxurieux, mais il honnouroit
tousjours le Vierge Marie en disant Ave Maria...
[Tué par des ennemis, le religieux meurt sans confession. Les moines l’enterrent
hors du cimetière. Au bout de trente jours, la Vierge apparaît à un clerc de l’abbaye et
Êdith R rayf.r. 31
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
242 ÉDITH BRAYER
fait transporter le cadavre dans le cimetière. La langue du mort était saine, et dans la bouche
poussaient des fleurs.]
Fol. 385 v°-386. Exemple d’un enfant que nostre Dame sauva. — Il
advint jadis que li enfes d’un Juis aloit volentiers a l’escole des enfans xpis-
tiens... (1J .
[Il communie avec les autres, un jour de Pâques; le père l’apprend et, de colère,
jette l’enfant dans son four. Mais la Vierge garde l’enfant sain et sauf. Le père est brûlé
à sa place. Plusieurs juifs sont baptisés.]
Fol. 386-386 v°. Aultre exemple d’un hermite qui avoit une lettre en
lequelle moult souvent lisoit et regardoit. — Uns hermites estoit qui avoit
une lettre lequelle il lisoit souvent...
[Texte de la lettre : 0 tu ame, saches quelles euvres tu fais... — Exhortation à la
confession. Mise en garde contre le Jugement dernier.]
Fol. 386 v°-387. S’ensieut un exemple d’un livre ou il n’y avoit que quatre
foeilles et en chascun foeillet une lettre. Et dist on ce livre estre le livre de
conscience. — II advint que deux sains hommes estoient en l’ordre de Cis-
tiaux...
[L’un est grand clerc, l’autre simple convers; le premier est toujours en pleurs, le
second tantôt dans les larmes, tantôt dans la joie. Le convers décrit au clerc son livre
qui n’a que quatre feuilles et quatre lettres. La lettre noire lui fait penser à ses péchés
et le plonge dans la douleur. La lettre rouge représente la Passion de J.-C.; sa douleur
croit, mais il se console, car J.-C. a racheté ses péchés. La lettre blanche, qui est l’inno¬
cence et l’amour de J.-C., et la lettre d’or, qui est la gloire de paradis, réjouissent le cœur
de l’humble moine. Tel est le livre de conscience; le clerc déclare que ce livre est supé¬
rieur à tous les autres, et il abandonne ses études. Multi multa sciunt et se ipsos nesciunt.]
Fol. 387-390. Cy après fait mencion a ce propos de trois livres, lesquelz
toute boine créature doit souvent lire. — Nous trouvons qu’il sont trois
livres esquels toute boine créature doit estudier...
[Long traité. Le premier livre est laid et obscur, et de lettre noire : c’est le repentir
des péchés et l’exhortation à la confession. Le second livre est blanc et gracieux, et de
(1) E. Wolter, Der Judenknabe, S griechische, 14 lateinische und 8 franxôsische Texte,
Halle, 1879; Bibl. normannica, II.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 243
lettre rouge : c’est la méditation de la vie et de la mort du Christ. Le troisième livre est
bleu et vert, et de lettre d’or : c’est la conversation spirituelle avec Dieu.]
Fol. 390. Cy après s’ensieut de quatre feux qui esprendent tout le monde
et le metteront a fin. — Le premier feu est de mentir...
[1° mensonge; 2° convoitise; 3° dissension; 4° rapine.]
à .
Fol. 390-395 v°. [Traité de la fin du monde et du Jugement dernier.]
Fol. 390-390 v°. Cy après parole de le fin du monde. — Nous lisons en
l’euvangile de le venue nostre Seigneur au darrain Jugement...
Fol. 390 v°-391. S’ensieuent les .xv. signes qui seront devant le finement
du monde. — Le premier signe et le premier jour...
Fol. 391. Du darrain feu qui ara quatre offices. — Premièrement il ara
l’office du feu d’infer... 4) .
Fol. 391-391 v°. Le maniéré de le résurrection des mors pour estre au
jugement et en quel eage ilz seront. — Tantost après que le monde sera
purgiés...
Fol. 391 v°-392. Comment nostre Sires s’apparra au Jugement. —
Quant nostre Sires Jhesucrist venra au Jugement... (6) .
Fol. 392-392 v°. Cy après fait mention des trois jugemens. — Nous
lisons de trois jugemens... (7 L
(1) Il manque le premier chapitre sur 1* Anté¬
christ, que l’on trouve dans lea mas Troyes
1041, fol. 3 v°-5 v°; Cambrai 210,1, foL 40 v°-
43. Dans les deux mas, le traité du Jugement
dernier est placé après le II 9 dim. de 1* A vent.
(,) Msa Troyes 1041, foL 5 v°-6 v°; Cambrai
210, I, foL 43; dans Tournai, ce texte et les
Digitized by Google
suivants sont transcrits sans séparation, fol.
5-10.
<*> Ms. Cambrai 210,1, foL 43-43 v*.
< 4 > Ibid., foL 43 v«.
1 Manque dans ms. Cambrai 210.
<*> Manque dans ms. Cambrai 210.
< T > Ms. Cambrai 210,1, fol. 43 v°-44.
31 .
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
244
ÉDITH B RAYER
Fol. 392 v°. De quatre estas qui seront au darrain Jugement,
qu’il y ara au Jugement quatre estas... M.
On list
_ .
roi. 392 v°-393. De deux sentences que Dieu rendera au jour du Juge¬
ment. — Le première sentence dira Jhesus sur les boins...
Fol. 393. Des consciences qui seront descouvertes au Jugement. — Tout
aussi clerement que chascuns voit ad présent le face d’aultrui... W.
Fol. 393. Comment les angeles cacheront les mal vais aveuc les diables
d’infer. — Après ce que le juge ara se sentence rendue... (4) .
Fol. 393-393 v°. Des paines du feu de purgatoire. — Moult se doit
créature efforchier de faire penitance...
Fol. 393 v°. Cy s’ensieut de l’estât des dampnés. — Le infer ou les
dampnés seront tourmentés est un lieu obscur... (•*.
US 9ll«n llliiil «Vin - t|j Ooifï5tU/.:71 ol 3 il kl ,*l IV-t v. Jo^
Fol. 393 v°-394. Comment les dampnés voyent le glore des sainctes âmes
devant le Jugement, mais après non. — Saint Grigore dist que jusques au
jour du Jugement... (7 >.
Fol. 394. Des paines que les dampnés seuffrent. — En infer aront les
dampnés paines sans nombre... (*>.
— • . m ; ZI fb &U021Î
Fol. 394-394 v°. Encore des paines d’infer. — Les dampnés pour leur
pechiet mortel... W.
(1 > Ibid., foL 44.
(l) Ibid., foL 44-44 v°.
t#} Mas Troyes 1041, foi. 6 v°-7; Cambrai
210, I, fol. 44 v°.
(4 > Ma. Cambrai 210, I, foL 44 v°.
16 ' Manque dans ms. Cambrai 210.
^ Ms. Cambrai 210, I, fol. 44 v°.
(7) Ibid., fol. 44 v°-45.
<•> Ibid., fol. 45.
{9) Manque dans ma. Cambrai 210.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
245
Fol. 394 v°-395. Le complainte des dampnés. — Les maldis dampnés, de
doleur estraingnent les dens... W.
Fol. 395. Les quatre doaires que le corps glorefiet ara en paradis. — Le
premier don que le corpz d’un chascun sauvet ara... W.
Fol. 395-395 v°. Les trois doaires que l’ame ara en paradis. — Après sera
Famé sauvee doee de trois dons... (*).
Fol. 395 v°-396 v°. Ung exemple de Pelagia qui se converti par olr
preschier les reproches des pechiés. — Ung grant concile de pluiseurs evesques
estoit jadis en le cité d’Antioche assamblés... ' 4) .
Fol. 396 v°-397. Exemple d’un philosophe qui queroit le bien qui jamais
ne faulroit. — Nous Usons un exemple d’un grant philosophe qui moult et
en pluiseurs Uvres avoit estudiet... (6 h
[Le philosophe recherche le bien étemel. Il refuse successivement, comme trop
éphémères, un royaume, une épouse, un trésor. Un sage homme lui enseigne la voie à
suivre : il faut passer par un chemin difficile, la pénitence, et par un haut arbre, la pas¬
sion de J.-C.]
Fol. 397-398. Exemple d’un pape fait par syntonie. — Il fu jadis un
homme qui fu fait pape par symonie et avoit a nom Benedic...
[Deux histoires distinctes : 1° l’oncle de Bénédic était également pape. Mort depuis
peu, il apparaît à l'évêque de Padoue, et lui demande d’aller trouver son neveu afin de
11 ’ Manque dans ms. Cambrai 210.
A la suite, il manque dans le ms. 574 un
paragraphe sur le monde après le jugement.
Mss Troyes 1041, foL 7-8; Cambrai 210, I,
fol. 45.
1,1 Ms. Cambrai 210,1, fol. 45-45 v° : clarté,
impassibilité, subtilité, agilité.
<*> Ibid., foL 45 v°.
A la suite, deux paragraphes qui manquent
dans le ms. 574 : * Les vierges et martyrs
auront une spéciale aureole », ms. 210, I,
loi. 45 v°; < Les douze joies dos sauvés *,
Digitized by Google
mss Troyes 1041, foL 8-9; Cambrai 210, 1
fol. 45 v°.
(4> Y r ie de sainte Pélagie, Patr . /aX.,
t. LXX111, coL 663. L'exemple figure dans un
sermon de la Passion, sur le thème : Qui ex
Deo est..., dans les mss Valenciennes 126,
foL 108-110 v°; Cambrai 210,1, fol. 73 v°-75 v°.
Voir ci-dessua, p. 48, note 2.
(6) L'exemple figure dans le sermon du
III e dira. apr. T Épiphanie : Nescitis... (voir
notice, fol. 52-55, ci-dessus, p. 34), non dans
Cambrai 574, mais dans les trois autres mss*
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
246
ÉDITH BRAYER
faire distribuer aux pauvres un trésor caché. 2° Bénédic, après sa mort, apparaît sous
forme d'animal à un nommé Marses et lui raconte ses tourments, t Haï comment il lui
eust mieulx valu qu’il euist en se vie laissiet le siégé de papalité. • ]
Fol. 398-398 v°. Exemple de deux clers qui s’entre amerent dont l’un fu
dampné et l’aultre sauvé. Et moustre comment ammosne ne orison ne pourfite
riens as dampnés. — On list que jadis avoit a Nantes le cité deux clers qui
moult amoient l’un l’autre...
[Ils sont prêtres peu édifiants. Ils conviennent que le premier mort viendra voir le
survivant. Le mort vient au bout de trente jours; il est damné et montre un échantillon
de souffrance à son compagnon : il lui jette sur le front et les tempes trois gouttes qui
le brûlent. Le vivant est invité à entrer au couvent de Saint-Melaine, mais il refuse. Le
mort lui fait voir dans sa main la lettre de Satan adressée aux mauvais prêtres qui aban¬
donnent leurs paroissiens au diable. Le vivant se fait moine.]
Fol. 398 v°-399. Exemple contre ceuls qui empeschent Toffice de l’Eglise.
— II advint jadis en une ville de Saxoine et en l’eglise ou saint Manne le martir
est honnourés...
[Une nuit de Noël, une troupe de jeunes gens et de jeunes filles, conduits par Obert,
dansent et font du tapage devant l’église. Le prêtre les maudit et leur souhaite de chanter
et de danser ainsi pendant un an. Le frère d’une jeune fille essaie de l’entraîner : il lui
arrache les bras. Les danseurs tournent ainsi pendant un an; la terre se creuse sous eux.
A la fin, ils sont absous par Herbert, évêque de Cologne.]
Fol. 399-399 v°. Exemple d’une femme qui tua un enfant. — Il advint
jadis que a Laon, il avoit une femme lequelle pour l’amour de se fille ama
moult l’enfant [sic pour le mari] de se fille... W.
• ’
[La mère fait tuer le jeune homme; elle est condamnée à être brûlée. Elle se confesse
et prie la Vierge; elle reste indemne pendant le supplice.]
(1) Danseurs maudits. Éd. G. Raynaud,
Deux nouvelles rédactions françaises de la
légende des danseurs maudits, dans Mélanges
Wilmotte, Paris, 1910, t. II, p. 569-580; réimpr.
dans Mélanges de philologie romane, Paris,
1913, p. 21-27. Le texte a été incorporé dans
Renart le Contrefait.
Digitized by Google
(a) Ce miracle est bien connu; c’est le
miracle de la femme de Laon. Éd. V.
\ àànânen, U une famé de Laon qui estoit
jugie a ardoir que nostre Dame délivra, miracle
versifié par Gautier de Coinci, Helsinki, 1951;
Ann. Acad, scient. Fennicae, sér. B, t. 68, 2,
p. 9, note 1.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
247
Fol. 399 v°-400. Exemple comment le conception nostre Dame vint a
congnissance de celebrer. — Ansealmes, archevesque de Cantorbie et prestre
de Engleterre mande salut et benichon... t 1 ).
[L’abbé Helsins de Ramesiens, messager de Guillaume le Conquérant, est sauvé
d’un naufrage à condition qu’il fasse établir la fête de la Conception de la Vierge, le
8 décembre.]
Fol. 400-400 v°. Item le feste de le Conception nostre Dame est demous-
tree et declaree par l’exemple qui s’ensieut. — Du tamps Charlemaine le roy
de Franche, estoit uns clers qui fu freres germains au roy de Honguerie... W.
[Le clerc disait régulièrement les heures de la Vierge. Le jour de son mariage, il
s’aperçoit qu’il a omis ses heures; il renvoie la noce et reste dans l’église pour prier. La
Vierge lui apparaît, lui demande de la servir et de faire célébrer la fête de la Conception.
Le clerc se fait moine, puis devient patriarche d’Aquilée.]
Fol. 400 v°-401. Aultre miracle de le Conception de le Vierge Marie. —
Nous lisons que ou pays de Franche, sur le riviere de Sayne, fu jadis un
channone prestre...
[Le prêtre avait une maîtresse qu’il rejoignait en passant la Seine en bateau. Durant
la traversée, il récitait ses heures. Un jour, les diables renversent la barque, noient le cha¬
noine et s’emparent de l’âme. Trois jours après la Vierge réclame l’âme de son serviteur,
le ressuscite et lui demande de mener une sainte vie et de faire célébrer la fête de la
Conception.]
[Fin du texte.] ... Ce nous ottroit Jhesucrist fil de la Vierge Marie, qui vit et régné
avec le Pere et le saint Esperit ens es siècles des siècles. Amen.
(i) Attrib. à s. Anselme de Cantorbéry,
Sermo de Conceptione beatae Mariae, dans
Pair. lat., t. CLIX, col. 319.
<•> Ibid., coL 320.
(3) Ibid., coL 321. La dernière partie du
sermon latin (coL 322) n’a pas été utilisée.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
248
ÉDITH BRAYE R
LES SERMONS DE PIERRE D’AILLY
1
SERMON DE LE NATIVITÉ NOSTRE SEIGNEUR JIIESUCRIST
« Veritas l) de terra orta est. *Scriptum est in Psalmo , et hodie in matutinali officia
recitatum [t K
C’est bien raisons et droiture que vérité soit ditte et oye, en cestui jour ou Vérité
fu nee, c’est assavoir nostre Sauveur Jhesucrist, qui est vérité divine, vérité parfaitte,
vérité souveraine. Lequel, au jour d’uy, corporelement, fu nés de terre, c’est assavoir
de le Vierge Marie, qui est terre fertile, terre saincte et terre benoite.
Mais affin que ceste haulte Vérité, qui, de si basse terre, est, a ce jour, nee corporele¬
ment, puist naistrc esperituelement de la terre de nostre cuer, de laquelle, sans le rousee
de grâce, est terre dure, terre secque et terre stérile, et ne peut le semence de vérité com¬
prendre, ne faire fruit qui soit a Dieu plaisant; pour impetrer ceste douche rousee, nous
recourrons dévotement a ceste Vierge par qui, en la terre de nostre fragilité, en le valee
de basse humilité, est issue le fontainne de grâce et de bénignité, si le saluerons humble¬
ment en disant Ave Maria.
• Veritas de terra orta est », etc. C’est le parole du saint prophète, le noble roy David,
en lequelle il denonche le benoite nativité [fol. 15] de nostre Sauveur Jhesucrist et dit
ainsi :
Au jour de le Nativité
De terre est nee Vérité.
Pour quoy il est assavoir que, au jour d’uy, quant nostre Sauveur Jhesucrist fu nés
de char humaine, lors vérité fu nee de terre. Et par ce, furent manifestement acordees
et concordement manifestées le parole de saint Jehan l’euvangeliste : « Verbum caro fac¬
tum est » (s) , et le parole de David le prophète : « Veritas de terra orta est », car Jhesu¬
crist est vérité et char humaine est terre. Verbum enim veritas est , caro terra.
Fol. 14 v°.
(2) Ps. Ixxxiv, 12. — Texte du sermon latin
(Tractatus et sermones, 1490, fol. v2-v3 v°) :
Sequitur sermo de eadem fesdvitate [= de
Nativitate], factus per eundera dominum
Petrum Came [racensem].
Veritas de terra orta est. Scribitur Ps. Ixxxiiii ;
cui concordat quod in evangelio hodiemo festi-
vitatis legitur : Verbum caro factum est , Jo. t I.
Ut de tam ineffabili veritate que hodie de
terra orta est verum fari valeat lingua camis,
lingua peccatoris, lingua nostra, lingua men-
dosa, et ut de verbo incarnato verbum dignum,
proférât indigna caro, caro immunda et multi-
plici viciata peccato, ad e&m que sine peccato
est dignissimam ac mundissimam Matrem
grade ex qua verbum factum est et per quam
veritas de terra orta est suppliciter recurramus
dicentes : Ave Maria , gratia plena , etc.
« Jean i, 14.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
249
Et qu’il soit ainsi que Jhesucrist soit vérité, il meismes le nous tesmoingne : « Ego,
inquit, sum via , veritas et vita. » Johannis IX 0 (1) . Je sui, dist il, voye sans déviation,
je sui vérité sans déception, je sui vie sans définition. Mais aussi qu’il soit ainsi que char
humaine soit terre, le saincte Escripture le nous afferme : « Formavit , inquit, Deus homi-
nem, id est hominis camem, de limo terre. » Genes. 11° (2) . Vechi dont comment il appert
que quant Jhesucrist fu nés de char humaine, lors vérité fu nee de terre. Et par ce fu
verifiie le parole dessus proposée : • Veritas de terra », etc.
Au jour de le Nativité
De terre est nee Vérité
Pour lequeile parole plus a plain dedairier, je prenderay trois considérations selonc
lesquelles nostre sermon contenra trois parties.
La prumiere sera : comment jadis Vérité fu créé et par Fausseté déboutée
de la terre malditte
Le seconde sera : comment depuis, en ceste journée, Vérité si fu nee
de la terre benitte
Le tierce sera : comment derechief Vérité est decachie et par Fausseté foulee,
qui en la terre habite (4) .
Première considération
Or oés donques premièrement comment jadis Vérité fu créé et par Fausseté déboutée
de la terre malditte. Certainement jadis, des le commenchement du monde, Vérité fu
moult noblement de Dieu créé, et envoiie du ciel en terre. Et ce fu fait quant Dieux fourma
(l) Jean xiv, 16.
(,) Gen. ii, 7.
(#) Lat. : Veritas de terra orta est. — Hodie,
fratres carissimi, hodie unde exultant corda
fidelium, evangelicus et propheticus sermo
concordant; hodie nempe quia verbum caro
factum est. Ideo veritas de terra orta est. Caro
enim terra est, dicente Scriptura : Formavit
Dominas vel creavit Deas Hominem, id est
hominis carnem de limo terre. Gen., ii. Verbum
autem veritas est illo teste que ait : Ego sum
veritas. Joh. xiiii. Concordat itaque de verbo
etemo Dei patris temporalia verba hum an*'
vocis et de virtute eterna divine mentis vocalia
verba evangelici et prophetici sermonis inter se
consonant, sibique conveniunt quia quando
Xpistus Jésus verbum filius Dei patris caro
factus est ex utero Virginis Matris, id est
Édith B RAYER.
Digitized by Google
quando ex ejus came homo factus est et de
Virgine natus est. Tune veritas de terra orta
est. Quod fuit verbum de verbo incamato olim
prophetice propalatum, et hodie verbo evange-
lico concordatum ac ideo vestre propositum
caritati.
(4> Lat. : Ad cujus verbi déclarationem et
ad verbi incamati laudem et gloriam duo nobis
sullopere summaque diligentia consideranda
sunt.
Primo quidem quali ter :
ante verbum incamatum, veritas a terra expulsa
est
et orta est de terra falsitas.
Secundo qualiter :
per verbum incamatum, falsitas a terra repuisa
est
et orta est de terra veritas.
32
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
250
ÉDITH BRAYER
Adam, nostre premier pere. Car pour le garder, il lui bailla Vérité, acompaignie de Pru¬
dence, de Justice, de Forche, de Attemprance, et de toutes aultres vertus. • F&erat enim
Deus hominem rectum. » Ecclesiastes VII 0
Mais Adam délaissa le conseil de Vérité et, par le pechiet de inobedience, se divisa
de Dieu, qui est souveraine vérité et vraie bonté. Et ce fut fait par le conseil du dyable,
qui est pere de toute fausseté, de tout barat, de toute menchoigne et de toute malice.
Dicente Xpisto quod ipse in veritate non [fol. 15 v°] stetit et iterum quod ipse mendax
reat ab inicio
Helas! des lors Vérité fu par Fausseté déboutée de la terre malditte, c’est assavoir
de la terre esperituele des cuers humains, qui fu de Dieu malditte, pour ce qu’elle se
consenti plus tost au diable, son mortel anemi, que a Dieu, son souverain Seigneur. Et
de ceste malédiction peut estre esperituelement entendue le parole qui fu ditte a Adam
nostre premier pere : « Maledicta terra in opéré tuo spinas et tribulos germinabit tibi. »
Gen. 111° (3) . « O terre malditte, qui, en lieu des bonnes plantes, engenres les malvaises
espines i, et en lieu des vertus, engenres les vices! O misérables filz de Adam (4) , qui,
de la terre de vos cuers, avés hors bouté Vérité, pour Fausseté logier!
Mais se tu me demandes (6) quant fu ce que, par Fausseté, Vérité fu de terre bannie
et hors boutee, je te respons : Ne sces tu pas que des lors que Adam pécha par inobe¬
dience, toute fausseté, tout pechiet et tout vice commencha a regner? Ne sces tu pas
comment, des lors, Caym, par fausse envie tua Abel, son frere? Ne sces tu pas comment,
après, Nembroch, par fausse tyrannie, opprima le povre peuple? Et briefment a parler.
(1) Ecd. vii, 30. — Lat. : Ut ergo primant
summamque veritatem dicamus originem ac
ipsius ortum in terra dignissimum et altum
exordium describamus, ipsa sane in prima
hominis creatione de celo a regalibus sedibus
venit, ipsa a Deo summo présidé ortum traxit
et ab celesti throno ad terras usque descendit.
Quando enim primus Adam a Deo créa tus est,
tune veritas de celo orta est. Deus namque
somme verus nequaquam hominem sine veri¬
tate creaverat, sed prout tanti opificis decebat
opus ipsum veritate et prudentia eruditum et
equitate et justicia revulgatum mansuetudine
et temperantia preditum, fortitudine et cons-
tantia roboratum, omni denique virtute ac
gratia dotatum perfectumque condiderat. Fece -
rat enim Deus hominem rectum. Eccs., vii.
(2) Jean viii, 44.
(3) Gen. iii, 18.
(4) Lat. : Sed heu nobis miseris filiis Ade:
Ipse qui pro se suisque posteris tôt et tanta a
Deo bénéficia recepcrat, veritatem ipsam quam
de celo accepcrat ceteraque dona perdidit
quando a summo vero ac vero bono per malum
inobedientie se divisit. Per ipsum ergo et ejus
peccatum veritas a terra expulsa est et tune
falsitas de terra orta est.
(5) En marge : Questio. — Lat. : Ex tune,
fratres carissimi, ex tune ve illi per quem
tantum scandalum venit; ex time proch dolor
humanum genus veritate miserabiliter multi-
pliciterque depravatum in omne genus vieio-
rum exarsit. Hinc Caym fratricidium perpé¬
tra vit, hinc Nembroth tvrannidem exercuit.
Et ne per singula discurramus, hinc adeo crevit
hominum malicia super terram, adeoque inun-
davit diluvium viciorum, ut Deus summe
misericors hominem se fecisse peniteret, totum-
que genus humanum per diluvium aquarum
deleret, exceptis admodum paucis quos in area
Noe misericorditer réserva vit. Remansit enim
solus Noe et qui cum eo erant in area, Gen. vii.
(Suit un passage de 21 lignes sur les tenta¬
tives des patriarches pour chasser la fausseté
et rétablir la vérité.)
6 En marge : Responsio.
jUTakH ilüxl
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
251
tant régna fausse iniquité, que Dieu, qui tant est mise ri cors, ainsi comme repentans d’avoir
fait créature humaine, pour le pugnir envoya son deluge sur terre, sicut plenius legitur ,
Gen. VII 0 c° 11 K Mais en especial (2) , entre les aultres faussetés qui regnoient au monde
principalment regnoit le gr&nt fausseté et le fausse erreur de malvaise ydolatrie. Ne lisons,
nous mie (3) que les Egipciens aouroient ung thorel, les Babilonyens, ung serpent; les
aultres, le soleil, la lune, les estoilles; les aultres le fu; et les aultres, la terre? Et meisme-
ment les Rommains, qui regnoient en tout le monde, aouroient innumerable multitude
de dieux, de laquelle cose fist monseigneur saint Augustin le grant et notable livre qu’il
appelle De civitate Dei. La recite il comment les Rommains creoient deux dieux, l’un
qu’il appelloient dieu de fievre, l’aultre dieu d’infer, et aultres faulx dieux sans nombre.
Et, qui est chose merveilleuse, ilz faisoient a leurs dieux sacrefices deshonnestes et disoient
de eulx grans vilonnies et villains blasphémés, qui seroient honteuses a reciter, par les¬
quelles [fol. 16] il pooit apparoir que ce n’estoient pas vrais dieux, mais estoient fauls
diables ou gens dampnés pour leurs iniquités.
Je me tais des philosophes et des grans erreurs qu’ilz tenoient, car trop longue chose
seroit a raconter. Je me tais aussi des Juys qui ja soit che qu’ilz aourassent tant seulement
ung Dieu, de qui ilz avoient par son prophète Moyse, rechut le vraie loy, touteffois nous
lisons que souvent ilz avoient esté ydolatres et en pluiseurs guises trespassoient le loy
de Dieu et mal l’entendoient comme encores font. Et generalement. Fausseté regnoit
tellement partout que nulz ne pooit venir a le glore du del jusques ad ce que nostre Sires
Jhesucrist, nostre Sauveur, descendi en terre. Car c’est la souverainne Vérité qui seule¬
ment peut Fausseté destruire. Et pour ce, les sains patriarches et prophètes desiroient
sa venue; dont en le personne d’eulx disoit le saint prophète \saie : t Rorate celi desuper
et nubes pluant justum, aperiatur terra et germinet Salvatorem. » Y saie XLV°
Et a tant je me passe de le première partie de nostre sermon, ou j’ay dit comment
Vérité fu créé et par Fausseté déboutée de le terre malditte 5) .
postes a terra expulsa est et orta est de terra
falsitas. Et hec de consideratione prima;
acquitur de secunda.
A la suite, développement différent, dans le
sermon latin :
Libeat igitur considerare, fratres carissimi,
quali ter per verbum incarnat um, falsitas a terra
repuisa est et orta de terra veritas. Postquam
enim verbum caro factum est, postquam
Christus Dei Eli us qui etemaliter est verbum
et veritas ac vers sapientia Dei patris, tempo-
raliter de terra ortus est, id est de carne natus
est, falsitas tenebre fugate sunt, et veritas
lumen illuxit, sicut scriptum est : Populus
gentium qui ambulabat in tenebris vidit lucem
magnam...
(J.-C. apporte la vérité aux idolâtres. Exem¬
ple : chute des idoles devant la sainte famille
32.
(1) Gen. vii, 4.
(2) Lat. : Sed ut ceteros viciorum errores
taceam, quid de novissimo errore ydolatrie
dicturus sim qui, excepta Hebreorum gente
que et ipsa ad omne malum et hoc ipsum ydola¬
trie malum pronissima semper fuit, omnes alias
g entes sic nequiciter ac pertinaciter occupa vit,
ut non solum fideles Dei, sed etiam gentiles
philosophi hune enrorem irridere et reprehen-
dere cogèrentur.
Unde Anneus Seneca... (60 lignes d’exemples,
tirés des auteurs de l’Antiquité, et de citations
de s. Augustin.)
(8) En marge : Nota.
l4) Isaïe xlv, 8.
Lat. : ... Ecce ergo quali ter, ante verbum
incarnatum, veritas que primo de celo orta est.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
252
ÉDITH B RAYER
Deuxième considération
Et vieng a le seconde, ou je doy dire comment depuis, en ceste journée. Vérité si
fu nee de la terre beneite.
Pour quoy il est assavoir que, en ceste joumee, fu acomplie le parole de David le
prophète : t Misericordia et Veritas obviaverunt sibi. » Ps. LXXXIII 0 (l) . t Miséricorde,
dist il, et Vérité se sont entrecontrees. • Ce fu fait quant Miséricorde monta de terre
ou ciel et ramena Vérité du ciel en terre. Et vechi comment. Quant Miséricorde eut piteu¬
sement considéré les grans mais dessus dis, qui jadis par Fausseté regnoient au monde,
elle ne se peut plus contenir qu’elle ne alast quérir Vérité pour Fausseté destruire. Si vint
devant le hault throne de Dieu le Pere, en luy disant par ceste maniéré (2) :
«O! très douls Sires, très piteux, très misericors, Misere Humaine, qui est ma mère,
m’envoie a toy, qui es mon père, pour toy présenter les orisons, les griefs souspirs et les
piteuses larmes des sains patriarches et prophètes, qui ardamment désirent que Vérité
descende en terre pour hors cachier Fausseté, qui tout Humain Lignage mainne a perdi-
cion. Si te supplie humblement que par moy tu le veules briefment envoier [fol. 16 v°)
car c’est bien raison que le monde qui par grâce a esté fourmés, par miséricorde soit
reformés. »
Lors Dieu le Pere, par le conseil de toute le saincte Trinité, envoya son propre Fil,
nostre Sauveur Jhesucrist, lequel est vérité souveraine. Et ainsi Miséricorde amena du
ciel Vérité, lequelle au jour d’uy fu nee de terre.
Mais de quelle terre?
Certainement de le terre benite, c’est assavoir de le Vierge Marie, de lequelle dist
le prophète : « Benedixisti, Domine , terram tuam. » Ps. LXXXIX
Et ceste benoite Vierge peut et doit estre a terre comparée pour trois conditions
qui sont en lui trouvées. C’est assavoir pour son humilité, pour son estableté, pour sa
fécondité.
Pour son humilité, car si comme le terre est plus bas de tous les elemens, juxta
illud : « Celum sursum et terra deorsum . » Proverb. XXV 0 (6) , aussi le Vierge glorieuse
se reputa estre basse par humilité. Et comme elle fust eslevee sur toutes aultres pour
estre mere de Dieu, touteffois elle ne se disoit fors humble et chamberiere. « Respexit,
inquit 9 humilitatem ancille sue • Et iterum : « Eoce ancilla Domini . • Lace 1° c° l 7) .
Secondement, elle est a terre comparée pour son estableté, car la terre est ferme
et estable, juxta illud : • Terra autem in eternum stat . » Ecclesiastes 1° (t >. Samblablement
fuyant vers l’Égypte. 11 détruit toutes les
erreurs : Ego sum via, veritas et vita.
Commentaire de Verbum consummatum et
abbreviatum. J.-C. se répand dans tout le
monde : apôtres, martyrs.)
<*> Ps. Ixxxiii, 11.
(1) En marge : Miséricorde dist a Dieu le
Pere.
(3) Ps. lxxxiv, 2.
(4) En marge : Comment nostre Dame est
comparée a le terre.
(3 > Prov. xxv, 3.
(3) Luc i, 48.
(7) Luc i, 38.
< 3 > Ecd. i, 4.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
253
le Vierge Marie fu ferme et estable en 1a foy. Et quant tous les apostles, a l’eure de le
passion, cancelerent et doubterent, elle demoura perseveramment, et point ne se mua.
Ideo canit Ecclesia : « Gaude Maria Virgo , cunctas hereses sola interemisti in universo
mundo •
Tiercement, elle est a terre comparée pour sa fécondité, car la terre a le fécondité
tant en arbres et en herbes, en metaulx et en pierres, comme aussi en diverses maniérés
de bestes. Et meismement nostre premier pere Adam fu de terre fourmé, sicut hec omnia
habentur, Gen. 1° (l) * * 4 . En après, les poetes des payens, qui mettoient pluralité des dieux,
disoient que la terre estoit mere de tous les dieux et ainsi le nommoient.
Pareillement, se nous considérons ceste glorieuse Vierge, nous trouverons qu’eile
eut fécondité de toutes vertus, et que d'elle fu fourmé le second Adam, nostre Sauveur
Jhesucrist. Et ne fu pas mere des faulx dieux, si comme les payens disoient de la terre,
mais a esté mere [fol. 17] du vray Fil de Dieu, qui est vérité souveraine, et par qui les
faulx dieux et fausse ydolatrie furent destruis et hors boutés du monde.
Et en signe de ce, nous lisons es Histores ecclesiastiques que après ceste benoite
nativité, quant nostre Sauveur Jhesucrist, pour le paour de Herode, fu portés en Egypte,
en lequelle terre souverainement regnoit ydolatrie, a se venue, les ydoles qui la estoient
es temples des payens, trébuchèrent et cheirent Et ce avoit esté par avant prophe-
tisiet par le saint prophète Ysaie : « Ascendet , inquit , Dominas nubem levem , (id est car -
nem assumet a peccato immunem ), et ingredietur Egyptum et movebuntur simulacra
Egypti. » Ysaye XIX° Et non pas seulement les vrais prophètes des Juys, mais ossy
les fauls prophètes des payens, ceste destruction des ydoles avoient dit et tesmoingniet,
si comme Hermes Mercurius Trimegistus, ut palet in dyalogo suo ad Asclepium 9 sicut
in libro de Civitate Dei allegat A ug us tin us .
Et a tant je me passe de le seconde partie de nostre sermon ou j’ay dit comment,
en ceste journée. Vérité si fu nee de le terre benite.
Troisième considération
Si vieng a le tierce partie, ou je doy dire comment derechief Vérités est decachie
et par Fausseté foulee, qui en la tiere habite.
Helas! Et comment porray je dire ne reciter les diverses manières par lesquelles,
ou malvais tampz qui queurt (i) . Vérité est decachie et par Fausseté foulee? — Certes,
(l) Office B.M.V., Matines, 2* nocturne.
<•) Gen. ii, 7.
( *> La chute des idoles, au passage de la sainte
Famille, est souvent représentée dans l’icono¬
graphie médiévale, notamment dans les minia¬
tures des Livres d’heures, à l’office des Vêpres.
(4) Isaïe xix, 1.
(*) S. Augustin, De Civitate Dei , vu, 23.
,f) Lat. : N une tamen prochdolor hiis
novissimis temporibus, hiis diehus malis,
falsitas adhuc veritatem crudeliter persequitur.
Veritas quoque non minus nunc quam unquam
a ministris falsitatis, timoris stimulis, dolorum
tormentis, laborum molestiis, persecutionum
periculis infestâtur. O quam multa hic dicenda
essent, si temporis pateretur angustia!
Quis enim non videat hodie veritatem a falsi-
tate deprimi, bonos a malis, virtuosos a vicio-
sois, sapientes et litteratos ab ignorantibus et
insciis conculcari. Nec hoc minus damnabiliter
imoque damnabilius quam ante incarnationem
verbi quanto minus longeque minus malura est,
veritatem non agnoscere quam agnitam relin -
quere, relictam contemnere, contemptam odire.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
254
ÉDITH BRAYER
je ne porroie; car en toutes terres, en tous pays, en toutes gens, et en tous estas. Fausseté
régné et Vérité est serve et subgette. Unde , juxta dictum Prophète : « Veritas corruit in
plateis . » Ysaie LIX° (1) . Mais en especial, et pour cause de briefté, je veul seulement
parler d’une maniéré de fausseté qui au jour d’uy régné es cours des roys et des prinches.
C’est assavoir des fausses alianches (2) qui sont entre les malvais barreteurs, par lesquelles
les grans seigneurs, aulcune fois sont decheus et telement aveulés que a paines peuent
il avoir congnissance de vérité.
Et ad ce propos (3) , je veul appliquier un exemple, par maniéré de parabole.
Il advint que ung boin homme portoit un aignel au marchiet; si le vit ung grant
barreteur plain de mal vais malice et appella ses compaignons [fol. 17 v°] qui a mal faire
estoient d’une alianche, et leur dist par ceste maniéré : « J’ay advisé, dist il, se vous volés,
comment nous arons le aignel de ce bon homme, car nous lui ferons acroire de son aignel
que c’est ung leu. Et vechi comment : nous nous départirons en divers lieux, et par les
voies ou il passera, chascun de nous, l’un après l’autre, lui demandera ou il porte ce leu
et s’il le veult vendre. »
Briefment, ainsi fu fait comme le barreteur eut dit. Lors le boin homme, ne au pre¬
mier, ne au second, ne au tierc, ne adjousta point de foy, ne, pour leur parole, de son
propos ne se mua; mais quant .X. ou .XII. lui eurent pareillement tesmoingniet, pour
le multitude des tesmoings, il, qui ne sçavoit point leur fausse alianche ne leur male barre-
terie, commencha a croire de son aignel que c’estoit un leu, et, par se foie simplesce,
crut plus ad ce qu’il ooit que ad ce qu’il veoit. Si mist jus son aignel, et comme se ce fust
ung leu, par grant despit, il le getta a terre, et ainsi le eurent les barreteurs, et le boin
homme s’en retourna confus.
0 Dieux! ou va ceste parabole (4) , ne a qui porrons nous applicquier cest exemple?
Certainement nous poons le boin homme qui portoit l’aignel comparer a le per¬
sonne d’un roy ou d’un prinche, qui de soy est douls et piteux, gracieux et bénignes,
et a le cuer enclin a bien et a vérité; mais aulcunes fois les mal vais barreteurs, dont il
est avironnés, par leurs fausses alianches, pervertissent son jugement et lui font acroire
d’un aignel, que c’est un leu; de vérité (5) , que c’est fausseté; de bien, que c’est mal; de
vertu, que c’est vice. Car ce que l’un dist, l’aultre afferme; ce que l’un afferme, l’aultre
jure; ce que l’un jure, l’aultre conferme; et ce que l’un conferme, l’aultre loe et appreuve.
Et s’il estoit aulcuns qui ne fust pas de l’alianche et desist le contraire, il seroit despités
et vil tenus, ou espoir seroit blasmés et diffamés, affin que le prinche ne adjoustast foy
a son dit ne a sa parole. Helas! par telles fausses alianches, trop de mais sont fais, qui
sont contraires a l’onneur du prinche, et au pourfit de la chose publicque. Et entre les
aultres inaulx innumerables, par telles alianches, les boins et vaillans hommes sont reculés
et desprisiés; [fol. 18] et les aultres, mains souffissans, ou souventeffois insufficiens et
indignes, sont avanchiés et eslevés es grans honneurs et as grans offices, tant en l’estât
d’eglise comme en l’estât du siecle. Par tels alianches (6) , voit on souvent que de ung,
(1) Isaïe lix, 14.
(2) En marge : Nota des foies alianches.
8 En marge : Exemplum.
4) En marge : Exposicion dudit exemple.
151 En marge : Nota.
En marge : Nota.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
255
pau sage, on fait ung grant Salemon, ung grant conseilleur et ung grant juge; o Dieu,
quel folie!
Briefment a parler, trop d’aultres grans maulx viennent de telz fausses aliances,
qui trop longs seroient a raconter. Et ossy ce sont choses plaines de doeil et de tristresce,
qui ne sont pas dignes d’estre redtees en ce saint jour et benoit, qui est jour de liesce
et de joie 1J . Mais tant puis je bien dire que mieulx vaulroit a ung roy ou a un prince
bien congnoistre telz fausses alianches, et bien pourveoir contre les grans malices,
que de acquérir un grant trésor, ou conquester un grant royalme.
Et se tu demandes (3) comment porra ce faire un roy ou un prinche, qui est de
jone eagc, et qui n’a pas expérience de si grant malice ne de si male barreterie, je res-
pons 4 que premièrement a cellui est singulièrement neccessaire le grâce divine, pour
lui enluminer, enscignier et aprendre. Après, lui est neccessité qu’il retraye son cuer
des legieres et volages pensees de jonesse, et que il s’applicque diligamment a penser
au gouvernement de son peuple. Après, qu’il soit diligens de congnoistre les bons des
malvais, et qu’il soit, as boins, privés, et as malvais, estranges. Et par especial, qu’il soit
estranges as malvais et desloiaux barreteurs quant il apperchevera que ilz diront fausseté;
et qu’il soit privés as boins et loyauls conseilleurs qui lui diront vérité.
0 que c’est grant et noble trésor a ung roy ou a un prinche, de avoir près de lui
personne véritable! Car, si comme dist Senecques les seigneurs qui ont les grans posses¬
sions et quil samblent avoir de tous biens habondance, ont communément d’un grant
bien deflaulte, c’cst assavoir de personne qui vérité leur die. t Monstrabo , inquit , tibi quid
omnia possidentibus desit , scilicet qui dicat verum ». Et ad ce propos, il recite comment
Augustus César, qui estoit empereur de Romme, ou tampz de le nativité nostre Seigneur
Jhesucrist, quant il oy les grans mais que fais avoit Claudia, se fille, asquels il ne pooit
mettre remede [fol. 18 v°] lors en souspirant il regreta ung sien loyal conseillier qui ot nom
Mecenas. « Helas! dist il, se Mecenas fust en vie, il ne m’euist ceste chose celee. — Si Mece -
nas 9 inquit , vixisset , illud michi non tacuisset »
Le roy, donques, doit amer Vérité, et cellui par qui elle est ditte et manifestée. Car,
si comme dist le sage roy Salemon, c’est celle qui, aveuc Miséricorde, le roy deffent et garde.
« Misericordia , inquit , et veritas custodiunt regem. » Proverb. 11° (7) . Et par especial.
(1) Lat. : Sed omittamus ista, lacrimosam
quoque querimoniam relinquamus. Eant res
mundane. Eant vc mundo a scandalis ejus.
Eant quo que cas traxerit impetus. Nos vero ad
gaudiosam hodieme festivitatis leticiam rever-
tamur. Gaudeamus quia verbum caro factum
est; letemur quia veritas de terra orta est.
Quam nobis terrenis ac camalibus spiritualiter
querere, quesitam invenire, inventam amare,
eique semper adherere concédât, ipse qui
verbum et veritas est Dei patris, qui hodie natus
est in terra ex utero Virginis matris et nunc in
celis vivit et régnât in secula seculorum. Amen.
Explicit sermo factus per reverendum in
Christo patrem Dominum Petrum de Aillyaco
sacre théologie doctorem Cameracensem epis-
copum de Nativitate Dornini.
121 « Et bien pourveoir » : mots répétés
deux fois.
(3) En marge : Questio.
(4) En marge : Responsio.
(6) En marge : Senecque.
(6) Sénèque, De Beneficiis, VI, xxxii, 2 :
• Horum mihi nihil accidisset si aut Agrippa
aut Maecenas vixissent ».
C7 > Prov. xx, 28.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
256
ÉDITH BRAYER
sur tous aultres, Vérité doit estre gardienne du noble roy de Franche. Pour ce est elle
comparée a le fleur de lis qu’il porte en ses armes. Car, si comme dist saint Bernard,
« Vérité est la bonne fleur de lis, resplendissant en couleur et excellent en oudeur. —
Bonum , inquit , lilium veritas , candore conspicuum, odore precipuum. »
Or prions que vérité, la noble fleur de lis, soit ou cuer de nostre roy esperituelment
plantée et fermement enrachinee, et pareillement de tous prinches. Siques, par tout leur
royalme et seignourie, se belle couleur soit veue et sa douce oudeur soit sentue. Quod ipse
prestarc dignetur, qui vivit et régnât per omnia secula seculorum. Amen .
. ' U -T~ Petrus de Ailliaco.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
257
S’ENSIEUT UN SERMON DEVOT DE LE NATIVITÉ
NOSTRE SEIGNEUR JHESUCRIST
« Verbum caro factum est •. Johannis, 1° c° et in ewangelio hodierno l,) .
Pour impetrer le grâce du benoit Fil de Dieu, qui, au jour d’uy, fu nés en terre, nous
saluerons dévotement se glorieuse mere, qui est de grâce tresoriere, en disant : Ave Maria .
Verbum caro .
Ceste parole est escripte en le euvangile saint Jehan, qui en ceste solennité a esté
recitee, et peut ensi estre exposee en nostre commun langage :
Le Fil Dieu par sa carité
A pris camele humanité.
ou ainsy :
Le Fil Dieu aveuc Deité
A pris nostre fragilité.
ou ainsy :
Le Filz Dieu fu fais homs en terre
Pour finer l’anchienne guerre.
Pour laquelle briefment applicquier au propos de ceste glorieuse nativité, et pour
aucunnement declairier le très grant et très hault mistere de ceste merveilleuse incarnation
du benoit Fil de Dieu, qui au jour d’uy fu nés en terre, il est assavoir que, avant le nativité
nostre Seigneur Jhesucrist, entre Dieu le Pere et Créature Humaine avoit grant guerre et
grant discorde. Et de ce avoit esté cause le grant pechiet et grant offense des premiers
parens, et de tout l’umain lignage; car par leur inobedience, ilz avoient commis contre leur
souverain Seigneur criesme de lese majesté. Et pour ce, avoit Dieu le Pere raisonnable ire
et juste indignation contre toute la succession de leur lignie. « Propter hoc enim, sicut ait
apostolus, omnes natura sumus filii ire. » Ephesios 11°
Helas! moult estoit ceste guerre cruele et ceste discorde périlleuse, car elle avoit par
très long tamps duré, et ja persévéré plus que par l’espace de .V. mil ans. Et [fol. 28 v°]
touteffois prophète ne patriarche ne créature pure en ciel ne en terre n’avoit peu trouver
voye ne maniéré de réconciliation jusques a ce que vint le tamps de grâce ou quel Dieu le
Pere, pour traitier de nostre rédemption, envoya son propre Fil du ciel en terre, et ordonna
ou grant secret de sa divinité et par le secret conseil de toute le saincte Trinité (4) que son
W FoL 28.
(2) Jean, l, 14.
(8) Ephes., n, 3.
Édit h B RATER.
(4) Pour le « Secret conseil de Dieu » et pour
le discours de Miséricorde, comparer le présent
texte avec l’autre sermon de Noël : Veritas,
ci-dessus, p. 108.
33
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
258
ÉDITH BRAYER
Fil prist char humaine en le V ierge Marie, affin que il, qui estoit vrais Dieux, fust ensamble
vrais homs pour plus convenablement moyenner entre Dieu et homme et pour reconcilier
au Créateur sa créature. Ideo dicit apostolus : • Cum venit plenitudo temporis misit Deus
Filium suum natum de muliere. » Galatas ////° W.
Vechi donques le très grant secret et divine incarnation. Vechi le très secret conseil
de nostre rédemption, lequel nous a révélé l’especial secrétaire saint Jehan euvangeliste,
en disant la parole que j’ay dessus proposée s « Verbum caro factum est ». C’est a dire :
Le Fil Dieu par sa carité
A pris carnele humanité.
Mais pour plus a plain poursieuir ceste matere ou parole qui en bries mos contient
très grant sentence, il est assavoir que non obstant que le grant secret du mistere de ceste
incarnation et le secret conseil de le manière de nostre rédemption ne puist parfaittement
entendement humain comprendre, raison naturele jugier, bouche dire, ne langue raconter,
touteffois, par ce que la foy nous apprent et rEscripture nous enseigne, nous poons bien
considérer que a ce secret et a ce conseil traitier furent pris ou del quatre grans secrétaires
et secrés conseilliers, c’est assavoir Miséricorde, Vérité, Justice et Paix, car ilz avoicnt esté
bannis et hors boutés par le pechiet du premier homme, et pour ce estoient ou ciel retrais
et assamblés en le compagnie de Dieu, et la estoient retenus du grant secret de sa 1res
noble court royal et de son estroit conseil.
La estoit Miséricorde pour supplier piteusement
La estoit Vérité pour infourmer véritablement
La estoit Justice pour sentencier raisonnablement
La estoit Paix pour acorder aimablement.
La faisoit Miséricorde piteable supplication
La proposoit Vérité véritable information [fol. 29]
La sentencioit Justice raisonnable conclusion
La acordoit Paix amiable composition.
Et pour ce fu faitte entre eulx parfaitte alianche et pardurable confédération, et lor *
fu acomplie le parole du saint prophète David : t Misericordia et Veritas obviaverunt sibi ;
Justicia et Pax osculate sunt • (2) . C’est a dire: Miséricorde et Vérité se sont entrecontrees;
Justice et Paix se sont entrebaisies. Et par ceste alianche fu verifiie le parole que j’ay dessus
proposée : Verbum caro 9 etc . Le Fil Dieu, etc.
Première conseillère : miséricorde
J’ay donques dit premièrement que au secré et au conseil de Dieu le Pere estoit
Miséricorde pour supplier piteusement; et la faisoit elle pitoyable supplication en disant
en ceste maniéré (#) :
t 0! très douls et très gracieux, très piteux et très amoureux juges, j’ay oy a le porte
du ciel un message qui vient de terre pour denonchier le grant misère de Créature Humaine,
(1) Galat., rv, 4. (8 ’ En marge : Miséricorde.
,r Ps. lxxxiv, 11.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
259
c’est Devote Oroison, qui vient par les sains prophètes attendans la venue et desirans le
nativité de ton Fil pour avoir par lui grâce et remission. Sy ay a ce message ouvert la porte,
car moult fort y hurtoit par souspirs de dévotion et moult hault crioit par gemissemens et
cris de tribulation, et moult doulcement m’appelloit par piteux amonnestemens et humbles
désirs de ardant affection. Et pour ce, je te suppli que a ce message veules faire gracieuse
response, et ne ayes plus ire ne indignation contre Humain Lignage, mais ayes pité et
compassion de ta créature qui tant est misérable. Et ad ce te doit encliner ma priere et
supplication plus que nulle aultre chose, car tu m’as promis, et ce tesmoingne le prophète,
que quant tu seras irés ou courouchiés, tu te recorderas et ramembreras de miséricorde,
et par moy te appaiseras de ton yre. » Abacuc III 0 : « Cum f inquit , irai us fueris, misericordie
recordaberis » (1) .
Seconde conseillère : vérité
0
J’ay dit secondement que ou secret et au conseil de Dieu le Pere es toit Vérité, pour
infourmer véritablement; et la proposoit véritable information en disant ensy (2) :
« Sire, je propose que, saulve le reverence de Miséricorde, Humaine Créature ne doit
en toy trouver grâce ne en ta court faveur aucune. Car je sçay par information véritable,
et de ce puis faire relation certaine, que contre toy [fol. 29 v°] et ta court elle a fait et commis
villain oultrage, oultrageuse injure et injurieuse offense. Et vechi comment, car tu l’avoies
créé a ton ymage et fait a ta sambiance. Tu l’avoies doé des biens de fortune, de nature et
de grâce. Tu lui a voies donné la compaignie et le sauvegarde de tes quatre secrétaires et
secrés conseilliers pour lui faire confort, conseil et ayde. Tu lui avoies bailliet Miséricorde
pour le garder. Vérité pour le enseignier. Justice pour le gouverner, et Paix pour le conforter.
Et touteffois elle a deguerpy le garde de Miséricorde, l’enseignement de Vérité, le gouverne*
ment de Justice et le confort de Paix; car très cmelement, très faussement, injustement et
hayneusement, elle a pris guerre et discorde contre son droiturier et vray seigneur, quant
elle desobey a son créateur, et consenti a son adversaire, en despitant le vray commande¬
ment de Dieu et en créant le faulx conseil du diable. Mais par especial je me doy de lui
plaindre, car depuis le commenchement de ceste guerre et de ceste discorde tousjours a
Humain Lignage amé menchoingne et hay vérité, et par fausseté moy et les miens persécutés.
Pour moy fu Joseph emprisonnés, Moyses accusés, Jheremies lapidés, Daniel condampnés;
et briefment tousjours ont esté et seront les bons par les mauvais pour moy persécutés. Et
certainement, se tu envoies ton Fil du ciel en terre, il sera pour moy hays et despités, trahys
et tourmentés, pendus en croix et mis a mort par Créature Humaine. Et pour ce, je dy et
propose que tu ne lui dois grâces faire, mais doit Miséricorde cesser de sa supplication et
requeste. Et s’elle voloit plus avant procéder en ceste cause, se doy je avoir sur elle victore,
car tu as dit en ta saincte Escripture que Vérités vaint sur toutes choses ». Unde scriptum
est : « Super omnia vincit Veritas ».
(1) Habacuc, m, 2.
(l) En marge : Vérité.
33 .
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
260
ÉDITH B RAYER
Troisième conseillère : justice
J’ay dit tiercement que au conseil et au secré de Dieu le Pere estoit Justice pour
sentencier raisonnablement; et la sentencioit elle raisonnable conclusion, en disant par
ceste maniéré O) :
« O très juste et très véritable juge, considéré ce que Vérités propose. Selon se vraye
infourmation et certaine rela- [fol. 30]-tion, je donne juste sentence et conclus par droit et
par raison que non obstant la requeste de Miséricorde, Créature Humaine est indigne
d’avoir de toy grâce et remission. Et par especial, elle ne peut estre digne de si grant grâce
que ton benoit Fil descende du ciel en terre, et que sa royal magesté prende camele fragilité
pour raccater Humain Lignage, et vechy pour quoy.
Car selon droit et raison, le vassal qui tient aulcun fief de son seigneur, en foy et en
hommage, se par ingratitude il fait offense et injure contre sa magesté, ou fausseté et trayson
contre sa seignourie, il doit estre griefment pugnis, et de son fief privés.
Or est il ainsi que Créature Humaine n’a riens qu’elle ne tiengne de Dieu, son souverain
Seigneur, en foy et en hommage. Et touteffois, comme dit est, elle n’a, a sa magesté, ne bien
ne loyalment servy; ains a, contre sa seignourie, faussement et trayteusement desobey.
Pour quoy je conclus que, par ceste ingratitude, elle n’est digne d’avoir grâce, niais doit
estre griefment pugnie et de tous biens privée. Et a ceste sentence et conclusion de Justice,
tu te dois encliner et aveuc moy sentencier. Car le prophète dist, et ta saincte Escripture
afferme, que tu aymes justice et hes iniquité; et que tu jugeras ta terre par justice, et ton
peuple par équité •. Scriptum est enim : « Dilexisti justiciam et odisti iniquitatem • (2) .
Et iterum : « Judicabis orbem terre in justicia et populos in equitate »
Quatrième conseillère : paix
,
J’ay dit quartement et finalement que au secré et au conseil de Dieu le Pere estoit
Paix pour acorder aimablement; et la acordoit elle amiable composition en disant ensy 4 :
«Sire, j’ay bien oy la controversie et altercation qui est entre Miséricorde, Vérité et
Justice. Car Miséricorde supporte et aide Humaine Créature, mais Vérité l’accuse, et
Justice condampne. Et certes, non obstant que j’aye alianche a Justice, et grant amour a
Vérité, sa compaigne, touteffoiz je veul avoir faveur a Miséricorde. Et pour faveur des
parties, je veul amiablement condescendre en boin traitié de paix. Et ossy je croy fermement
que, non obstant tout ce que les parties ont dit et proposet, elles sont enclines a tout boin
[fol. 30 v°] traitiet. Et pour ce, Sire, par le auctorité de ta benigne volenté, et soubz le
correction de ta digne sapience, je traiteray de concorde, non pas selonc righeur de droit,
mais par amiable composition.
c Et vechi le fourme et maniéré du traitié. Car je dy premièrement que Miséricorde ne
doit pas tant supporter ne excuser Créature Humaine, qu’elle ne veule que pour son pechiet
et pour son offense, elle ne soit aucunnement pugnie. Je dy aussi que selonc ce que Vérité
(1) En marge : Justice. (8) Ps. ix, 9.
Ps. XL1V, 8 . <4) En marge : Paix.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
261
0
propose et Justice conclud, Créature Humaine, par ces mérités, ne peut estre digne de grâce,
mais par ses démérites est digne de grief paine. Et touttefois ce non obstant, Vérité et
Justice ne doivent point voloir que le benigne Créateur laisse du tout périr sa misérable
créature. Je dy donques, en acordant ensamble Miséricorde, Vérité et Justice et en moyen¬
nant entre elles par amiable composition, que Créature Humaine sera pour son pechiet
pugnie non pas selonc la righeur de Justice, mais selon la doucheur de Miséricorde; et
par ce moyen, elle ara concorde aveuc Dieu le Pere en lui faisant, pour son offense, raison¬
nable amende. Mais je dy oultre que ceste amende ne peut souffissamment faire pure créa¬
ture, car elle n’est pas a ce digne. Pour quoy je conclus qu’il est chose convenable de envoier
ton Fil en terre pour amender l’ofifense de Créature Humaine, car il seulement sera propice
moien pour traitier et acorder entre Dieu et homme ». Dicente apostolo : « Unus est mediator
Dei et homini, tiomo Xpistus Jhesus »
Vechi donques le boin acord, vechi le boin traitié de paix. A ce traitiet s’accorda Dieu
le Pere. A cest acord se consenti tout le conseil de paradis, et de commun consentement,
tout ce fu confermé par sentence diffinitive. Et pour plus grant approbation de cest acord,
sur ce fu faitte chartre et lettre autentique contenant ceste fourme :
A tous ceuls qui ces présentes lettres verront ou orront, de par Dieu le Pere, salut!
Sachent tout que sur le fait de la guerre et dissencion qui long tamps a duré entre
nous et Créature Humaine, devant nous, en nostre court royal et en nostre secret conseil,
a esté proposé grande controverse et altercation. Mais sur ce nous avons oy et considéré
le boin traitiet de [fol. 31] Paix, nostre amé et féal secrétaire et secret conseillier, qui pour
Miséricorde, Vérité et Justice ensamble acorder, a fait et traitiet en ceste cause très douce
et amyable composition, laquelle nous avons acordee et du consentement de toute le saincte
Trinité le avons par sentence difîwitive confermee, et du tout en tout approuvé sans nulle
exception. Pour quoy nous certebons a tous, par ces présentes, que moyennant le dit traitiet,
et en nous faisant l’amende ordonnée et taxee par le composition dessus ditte, Humaine
Créature ara a nous paix et concorde. Et encore de grâce especiale avons volu et ordonné
que pour acomplir ce traitiet et pour paier le ditte amende, nostre benoit Fil descende du
ciel en terre et prende char humaine de le Vierge Marie.
Et en tesmoing de ce, volons ossy et ordonnons que ces présentes lettres soient
escriptes de le main du Saint Esperit, ou parquemin de le saincte char Jhesucrist, du ver¬
millon de son précieux sang; et qu’elles soient signées et seellees du signe de le croix, qui
est le seel et le signe secret dont nous usons es lettres de grâce et de remission.
Donné en nostre palays du ciel, ou secret de nostre grant conseil, le premier an de
grâce, le jour de l’incarnation.
Vechi donques la lettre du traitié; vechi le mandement de Dieu le Pere, fait pour
notre rédemption. A ceste lettre et a ce mandement, très douchement se consenti et très
humblement obey le benoit Fil de Dieu. Car lors, tantost et sans delay, il appella son angele
Gabriel et en ûst son message : € Va, dist-il, en le cité de Nazareth, a le Vierge Marie, espeuse
de Joseph, et anonche le joie use nouvelle de ma bien venue >. Et lors, a paines fu fait le
voyage, ne la parole ditte, que sans demeure il descendi du ciel en terre et sailli du hault
(1) I Timoth., il, 5.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
262
ÉDITH BRAYER
throsne de la dextre de Dieu le Pere cha jus en bas ou ventre de sa Vierge Mere. Lors vint il,
par le sentier de carité, ou manoir de virginité, aouraé de humilité, et la prist nostre huma¬
nité. Et adont fu acomplie le parole que j’ay dessus proposée : « Verbum caro factum est ».
Le Fil de Dieu par carité
A pris carnele humanité.
Lors fu ou ciel grant joie demenee, et après en se Nativité [fol. 31 v°] fu par les angles
en terre paix et concorde publiée et denonchie as hommes de boine volenté. Unde in nativir
tate Xpisti cantabant angeli : « Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bone
voluntatis. » Luce 11° (1) .
O! tu quiconques es roy ou prinche de terre. O! tu quiconques as royamme ou sei-
gnourie, preng exemple au souverain Seigneur du monde, preng exemple au roy souverain
du royalme du ciel, et ayes comme lui en ton secret conseil les secrétaires dessus dis. Ayes
Miséricorde, Vérité et Justice et Paix, et garde bien que ces quatre consilliers ne soient
de ta court bannis et hors boutés. Carde bien que Miséricorde ne soit bannie et hors boutee
par cruaulté et par oppression; Vérité, par menchoingne et par déception; Justice, par
avarice et par ambition; et Paix, par discorde et par dissention. Et par especial, croy le
conseil de Paix et hes guerre et discorde. Car pour guerre appaisier et paix traitier, le Roy
des roys s’est tant volut humilier qu’il est descendus du ciel et a huy esté nés en terre, et
a fait par ses angles la paix crier et as hommes publier a son joieux advenement.
Laquelle paix nous veulle donner et ottroier ille qui est benedictus in secula seculorum
P. de Ailliaco.
Luc, il, 14.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
263
%
SERMON DE LE CIRCONCISION NOSTRE SEIGNEUR JHESUCRIST
« Apparuit 1} gratia Salvatoris nostri Dei. » Ad Titum II°c° 9 et in epistola hodiema
Ceste parole est ditte de monseigneur saint Pol i’apostle et escripte en l’epistle (fui
au jour d’uy a esté recitee, lequelle peut estre exposee en ceste maniéré :
Le grâce de Dieu, no Sauvour,
Nous est apparue a ce jour.
Pour laquelle parole appliquier a nostre propos, et pour moustrer le grâce Dieu,
nostre Sauveur, qui nous est apparue au jour de ceste benoite circoncision, dont nous
faisons huy feste et solennité, je veul briefment trois choses declairier.
[fol. 38 v°.]
Premiers, comment Grâce fu jadis
Hors du monde boutee
Et par pechiet perdue.
Secondement, comment Grâce est depuis :
Au monde retoumee
Et du ciel descendue.
Tiercement, comment Grâce est au jour d’uy
Au monde demoustree
Et a nous apparue.
Première considération
J’ay donques dit, premièrement, que Grâce fu jadis :
Hors du monde boutee
Et par pechiet perdue.
Et ce fu fait quant les premiers parens de tout humain lignage perdirent grâce par
leur ingratitude. Car Dieu les avoit doés, non pas seulement de dons de nature, mais aussi
très larguement des biens de grâce. Et pour ce, ilz dévoient a Dieu, comme a leur souverain
Seigneur, foy et hommage, service et obéissance. Mais par leur inobedience, ilz firent
offense et injure contre se royal majesté et souveraine seignourie, en despitant le bon
commandement de Dieu et en consentant au mal conseil du diable. Pour quoy, selonc droit
et raison, par ceste ingratitude, ilz furent de Dieu pugnis et de ses biens privés. Mais espe-
FoL 38. minuit, à Noël. Pour le prothème, voir plus
(t) Tit., il, 11. L’épître de la fête de la Cir- loin Tintroduction de la deuxième partie et la
concision est la même que celle de la Messe de note 2, p. 122.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
264
ÉDITH B RAYER
cialment en ce furent ilz de lui pugnis plus griefment, que, pour le juste indignation de
son ire, ilz perdirent la douche consolation de sa grâce. Vechi donques comment.
Grâce et Ingratitude, des le commenchement du siecle, furent ensamble repugnans et
contraires. Vechi comment. Par le vilain pechiet de ingratitude. Grâce fu jadis perdue et
de ce monde hors boutee. O! com chi eut merveilleux dommage et misérable perte! Hel&s!
si comme nous enseigne le divine Escripture, et aussi nous tesmoingne manifeste expérience
de la misere humaine, le grant perte de ceste grâce et le grant dommage de ceste perte ne
sentirent pas seulement nos premiers parens, mais aussi le sentent naturelement tous les
enfans de leur succession et humaine lignie. Hinc est illud apostoli : a Omnes natura
sumus filii ire ». Ephesios 11° (1) .
Deuxième considération
J’ay dit secondement que après ce, quant Grâce fu ainsi jadis du monde hors boutee
et par pechiet perdue, elle est depuis :
Au monde retoumee
Et du ciel descendue.
[fol. 39] Et ce fu fait en l’an de grâce, au jour de l’incarnation nostre Seigneur Jhesucrist.
Car lors le divine miséricorde envoia se benigne grâce du ciel en terre pour nostre sauve-
ment. « Quia , ut apostolus ait , secundum suam misericordiam, salvos nos fecit .» Titum y
///o (2).
Or oés donques comment Miséricorde fist a Dieu supplication pour nous envoier
grâce (s) :
« O! dist elle, très doulz et gracieux, très piteux et misericors, j’ay ja long tampz
considéré le grant misere de Créature Humaine. J’ay piecha oy, a le porte du ciel, un
message qui vient de terre, c’est Devote Espérance, qui vient de par les sains prophètes
attendans ta venue, et desirans ta grâce. Sy n’ay plus volu tarder de lui ouvrir la porte, car
moult fort hurtoit par pleurs et souspirs de dévotion, et moult hault crioit par gemissemens
et cris de tribulation. Et moult douchement m’appelloit par piteux amonnestemens et
humbles désirs de ardant affection. Et pour ce, je te supplie que a ce message tu veules
faire gracieuse response, et te plaise par te bénignité a li ottrier grâce, délaissant la très
grant ire que tu as si longuement eu contre Humain Lignage. Car il est tampz que tu, qui
es sur tous misericors, ayes pité de ta créature qui tant est misérable. » Quoniam, teste
propheta : « Venit tempus miserendi ejus » (4) .
Vechi donques comment, par le supplication de Miséricorde, Grâce est au monde
retournée. Vechi comment elle est descendue du ciel en terre, et vint aveuc le benoit Fil de
Cl) Ephes., il, 3.
(i) Tit., III, 5.
(,) En marge : Comment Miséricorde prie a
Dieu le Pere. — Comparer le présent passage
avec le discours de Miséricorde du sermon pré-
cèdent, ci-dessus, p. 114.
(4) Ps. a, 14.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 265
Dieu, quant il prist char humaine en se Vierge Mere. Ideo dicit apostolus quod « Cum venit
plenitudo temporis, misit Deus Filium », etc. Galatas III1 0 (1) .
Troisième considération
J’ay dit tiercement que après ce que Grâce fu au monde retoumee, et du ciel descendue,
elle est au jour d’uy :
Au monde demoustree
Et a nous apparue.
Et ce fu fait quant nostre Sauveur, par se benigne grâce, rechupt le sacrement de circon¬
cision, ou quel lui fu imposé nouvel nom, et fu nommés Jhesus, car ce nom vault autant
comme Sauveur. Et pour ce lors fu demoustree le grâce de nostre salvation.
Et supposé que ceste grâce ait esté par avant aulcunnement manifestée, touteffois
elle est au jour d’uy plus notoirement apparue quant le benoit Fil de Dieu a volu publi-
[fol. 39 v°]-quement par les hommes estre nommés Jhesus, et appellés Sauveur. Car par ce,
il nous a demoustré qu’il n’est nul aultre nom ou nous puissons trouver le grâce de nostre
sauvement. Dicente Scriptura : « Non est aliud nomen sub celo datum hominibus in quo
oporteat nos salvos fier «, ». Actuum IIIT 0 c° (2Î .
Vechy donques comment Grâce est, au jour d’uy au monde demoustree. Vechi
comment elle est as hommes apparue. Car, a ce jour, Cellui, qui pour nous sauver avoit
nagaires esté nés, après ossi a volut estre circoncis pour nostre salut commenchier, et sa
grâce manifester. Et c’est la joieuse nouvelle et la joie nouvelle que nous anonche le grant
secrétaire du ciel, monseigneur saint Pol, en disant la parole que j’ay dessus proposée :
Apparuit gratia etc.
La grâce Dieu nostre Sauvour
Nous est apparue a ce jour.
DEUXIÈME DÉVELOPPEMENT
Pour laquelle parole plus ad plain dedairier, il est assavoir que ceste grâce n’est pas
a ce jour apparue sans avoir noble compaignic. Car aveuc luy sont apparues trois dames de
grant noblesce et de grant auctorité, c’est assavoir : Sapience, Plaisance et Poissance. Et
vechi le cause pour quoy.
Car nous veons par expérience que sçavoir, voloir et pooir sont trois neccessaires
conditions requises pour donner grâce, et generalment neccessaires pour toute chose faire.
Et pour ce, Dieu, nostre Sauveur, qui, sur tous, a sçavoir, voloir et pooir, avec sa grâce qui
nous est apparue, nou9 a aussi moustré sa sapience, sa plaisance et sa poissance. Et ces
trois nobles dames furent aucunnement figurées des anchiens poetes par les trois deesses
qui sont nommées : Minerva, Venus et Juno. Car par le première est entendue Sapience;
par le seconde, Plaisance ; par le tierce, Poissance. Et par ces trois sont distribués et donnés
(t> CaLt., IV, 4. (t) Act. ap., IV, 12.
Édith Ruâtes. 34
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
266 ÉDITH BRÀYER
tous les biens de fortune, de nature et de grâce. Sicut palet ex doctrina Fui gentil , 77° libro ,
c° /° W.
Mais or laissons le vanité des fables des poetes, et venons a le vérité des sainctes
Escriptures. Or oons donques et entendons comment le grâce de Dieu nostre Sauveur, par
ces trois dames, nous est au jour d’uy apparue.
Prumiers par se [fol. 40] digne sapience, quia per eam apparuit gratia . Secondement
par se benigne plaisance, quia per eam apparuit gratia Salvatoris . Tiercement par se divine
poissance, quia per eam apparuit gratia Dei. Et pour ces trois coses moustrer et déclarer,
nous devons entendre et considérer que, selon le doctrine saint Augustin, Libro de gratia
et libero arbitrio , Grâce nous est de Dieu donnée principalment pour trois causes, c’est
assavoir : pour le loy acomplir, pour nature affranchir et pour pechiet asservir.
« Gratia , inquit f ad hec datur ut lex compleatur 9 natura liberetur et peccatum non domi-
netur. •
Or est il ainsi que, par ces trois causes, nous a nostre Sauveur, au jour d’uy, donné
grâce et moustré se sapience, sa plaisance et sa poissance. Et vechi comment.
Prumiers, il a moustré sa digne sapience par ce qu’il a volu le loy acomplir
pour nostre enseignement.
Secondement, il a moustré sa benigne plaisance, pour ce qu’il a volu nature
afranchir, pour nostre sauvement.
Tiercement, il a moustré sa divine poissance, par ce qu’il a volut pechiet asservir
pour nostre alegement.
Et pour déclarer ces trois poins, je veul appliquier l’euvangfle du jour d’uy a nostre
propos; car en brieve parole, elle contient moult grant sentence
1. Digne sapience pour la loi accomplir
J’ay donques dit, premiers, que nostre Sauveur Jhesucrist a moustré sa digne sapience
pour le loy acomplir. Car pour acomplir le loy qui jadis fu donnée au saint patriarche
Abraham, et depuis confermee au saint prophète Moyse, il a volu, au VIII e jour de sa
nativité, rechevoir le sacrement de circuncision, si comme nous tesmoingne le première
partie de l’euvangile : t Postquam, inquit 9 consummati sunt dies octo ut circumcideretur
puer » Et par ce il a moustré sa digne sapience pour nostre enseignement. Car il a esté
circoncis especialment pour trois causes, par lesquelles sa grant sapience nous peut apparoir,
et esqueiles nous poons très grant doctrine rechevoir : prumiers pour moustrer son humi¬
lité, secondement pour prouver son humanité; tiercement pour declairier sa carité.
Prumiers donques, il a volu estre circoncis pour moustrer son humilité, car, en ceste
circuncision, il, qui estoit vray Dieu, a moustré as hommes [fol. 40 v°] exemple de très
grant humilité, par especial en trois choses : prumiers, en ce que il, qui estoit seigneur de
( 1 ] Fulgentius, Mitologiarum Liber n, i. Fa¬
bula de judicio Pari dis,
<*> L’Évangile pour La fête de la Circoncision
sert de prothème au sermon; le texte en est
très court : « Postquam consummati sunt
dies octo ut circumcideretur puer : vocatum
est nomen ejus Jésus, quod vocatum est ab
Angelo priusquam in utero conciperetur ».
Luc, il, 21.
(3) Voir note précédente.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
267
la loy, a volu estre subget a la loy; secondement, en ce que il, qui estoit venus pour donner
le loy nouvelle, n’a pas volu destruire le loy anchienne, mais en signe de reverence lui a
fait humble obéissance; tiercement, en ce que il, qui estoit purs et nés de tous pechiés, a
volu estre réputés entre les pécheurs et n’a pas despité le sacrement de circuncision, qui
estoit ordonné en remede de nostre pechiet et de nostre corruption.
Helas! A ceste grant humilité est moult contraire le grant orgueil de créature
humaine, car nous, qui sommes pécheurs, volons estre réputés justes; nous, qui avons
neccessité du remede de nostre pechiet, aulcunne fois le despitons, et qui plus est, nous
nous glorefions en nostre mal et en nostre misere; nous, qui n’avons pas vergongne de
pechier, avons vergoingne de faire penitance. Et certainement, tel orgueil est signe de
grant fourscnerie, car moult est cellui hors du sens qui n’est pas vergongneux de sa maladie
ne de sa playe, mais est vergoingneux de sa medecine et de son remede. Contre ce grant
orgueil nous a moustré nostre Sauveur sa grant humilité, car il, qui n’avoit nulle neccessité
du remede de pechiet, a volu, pour nostre rédemption, humblement rechevoir le remede
a ce ordonné en le loy de Moyse. Quia , sicut dicit apostolus, « Foetus est sub lege, ut eos ,
qui sub lege erant, redimeret ». Galatas 1111° < 1 2) 3 .
Secondement (,) f il a volu estre circoncis pour prouver son humanité. Car en ceste
circuncision, il a prouvé clerement qu’il avoit vraie char humaine. Et par ce, il cela au dyable,
nostre adversaire, le grant poissance de sa divinité, et nous moustra le grant benivolence de
sa bénignité, ut apostolus ait : • Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei ».
Titum III 0 W.
Tiercement (ft) , il a volu estre circoncis pour declairier sa carité. Car en ceste circun¬
cision, il nous a moustré une amoureuse carité et une caritable amour, a qui nulle aultre ne
se peut comparer, par ce qu’il nous a entièrement [fol. 41] donné, non pas seulement ses
biens, mais aussi soy meismes : « Dédit enim semet ipsum pro nobis ut nos redimeret ».
Tytum 11° <•>.
2. Benigne plaisance pour nature affranchir
J’ay dit secondement que nostre Sauveur a moustré sa benigne plaisance pour nature
affranchir. Car pour affranchir humaine nature, qui par avant estoit ou servage du diable,
il a volu estre nommés Jhesus et appellés Sauveur, si comme nous tesmoingne le seconde
partie de l’euvangile : • Vocatum est , inquit, nomen ejus Jhesus » (7) . Et par ce il a moustré
sa benigne plaisance pour nostre sauvement. Car pour nous sauver, il a pris le nom de
Sauveur, non pas par le mérité de nostre justice, mais par le pure plaisance de sa bénignité,
grâce et gracieuse miséricorde. *Quia non ex operibus justicie que fecimus nos , sed secundum
suam misericordiam salvos nos fecit . » Titum III 0 lh) .
(1) En marge : Close.
(,) Galat., iv, 45.
(3) En marge : De le humanité de Jhesucrist.
Tit., iii, 4.
(6) En marge : De le carité Jhesucrist.
<•> Tit., n, 14
< 7 > Luc, h, 21.
<•> Tit., m, 5.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
268
ÉDITH BRAYER
3. Divine puissance pour péché asservir
J’ay dit tiercement que nostre Sauveur a moustré sa divine poissance par ce qu’il a
volu pechiet asservir. Car pour asservir le pechiet par qui le diable avoit poissance et domi¬
nation sur tout humain lignage, estoit neccessaire la poissance divine, laquelle nous est
apparue par ce que l’angle du ciel a esté message pour denonchier en terre le glorieux nom
de Jhesus, ou quel est entendue le haulte poissance de nostre Sauveur, si comme tesmoingne
le tierce partie de l’euvangile : « Quod vocatum est, inquit , ab angelo priusquam in utero
conciperetur ». Luce II 0 (1 L
Et par ce, il moustre sa divine poissance pour nostre allégement. Car quant le angle
denoncha qu’il seroit nommés Jhesus en rendant le cause de ce nom, il demoustra le pois¬
sance de sa grant domination. Et dist qu’il seroit ainsy nommés pour ce qu’il saulveroit son
peuple et lui alegeroit le pesant cherge de son pechiet. « Vocabis , inquit , nomen ejus Jhesum ,
quia salvum faciet populum (2) a peccatis eorum. • Mathei 1 0
Vechi donques comment le grâce Dieu, nostre Sauveur, nous est, au jour d’uy,
apparue, aveuc sa digne sapience, sa plaisance benigne et sa divine poissance. Et pour ce,
en faisant fin de ceste matere, de laquelle il me fault passer sans aultre déclaration [fol. 41 v°]
pour cause de briefté, je puis conduire la parole dessus proposée : « Apparuit gratia , etc . »
La grâce de Dieu, no Sauvour,
Nous est apparue a ce jour.
TROISIÈME DÉVELOPPEMENT
«
Mais or oons et entendons comment, a l’exemple de ce glorieux roy du royalme du
ciel, cascun roy ou prince de terre, et par especial qui de nouvel vient a gouvernement de
royalme ou de seignourie, doit a son peuple apparoir par grâce, et le doit moustrer par
sapience, plaisance et puissance. Et vechi comment.
Premièrement il doit avoir sapience pour son peuple sagement gouvrener. Seconde¬
ment, il doit avoir plaisance a son peuple benignement amer. Tiercement, il doit avoir
poissance de son peuple paisiblement garder. Et ces trois choses doivent apparoir par le
boin gouvernement des trois estas qui sont en son peuple, c’est assavoir du clergiet, du
peuple commun et de chevalerie.
Pour lequelle chose briefment declairier il est assavoir, selonc le doctrine des
sages philosophes, que le prinche et son peuple doivent estre ung meisme corps ouquel le
prinche est chief W. Les trois estas dessus nommés doivent estre les membres. Et si comme
au corps humain sont pluiseurs membres qui ont divers offices, aussi en ce noble corps
sont trois membres principaulx, c’est assavoir les yeula, les piés et les mains, asquels sont
comparés les offices des trois estas.
(1) Luc, il, 21. <5) En marge : Nota des trois estas et du
(,) Ms. : popiilum. prinche.
(8) Matth., I, 21. (6) Il s’agit ici de la parabole de la tète et
En marge : Nota des princes terriens. des membres.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
269
Car premièrement le dergiet est comparés as yeuls qui doivent tout le corps enlu¬
miner et adrechier. Et si comme, ou corpz humain, sont deux yeuls, le dextre et le senestre,
aussi le clergiet doit avoir double lumière, c’est assavoir sapience esperituele et temporele.
Secondement î2) , le commun peuple est comparés as piés qui doivent tout le corps
soustenir et porter, car du labeur du commun peuple doivent les aultres estre soustenus et
nourris.
Tiercement chevalerie est comparée as mains qui doivent tout le corps deffendre
et aidier. Car par le forche et poissance du prinche et de le chevalerie, doivent [fol. 42] les
aultres estre gardés en paix et deffendus de violence.
Helas! (4) c’est moult grant misere quant les membres de ce corps sont ensamble
repugnans et contraires, ou quant ilz ne font deuement les offices asquels ilz sont commis
et ordonnés. Et ce porroie je bien declairier par exemples et par hystores; mais je m’en
passe pour cause de briefté, et pour ce aussi que nous poons bien ce prouver par clere
expérience.
Et par ce je conclus finablement que le plus grant sapience et le plus grant plaisance
et le plus grant poissance que roy ou prinche terrien puist moustrer a son peuple, c’est de
garder en ces trois estas paix, amour, vérité et concorde, et que ch&scuns soit aidans a
l’aultre selon son office. Et a ce pourpos me souffist de alleguier une notable parole que
dist Vergilc, laquelle est digne d’estre escripte en son cuer. Car par le doctrine de ceste
parole, les prinches de Romme acquirent le seignourie du monde. Virgiles, dont, en parlant
a Entas, en la personne de son pere Ancises, disoit ainsy : • 0 tu, prinches rommains, soies
ramembrans que tu saches gouverner ton peuple par bonne seignourie. Ce seront tes
sciences, tes ars et tes estudes : quérir et garder paix au peuple, et le tenir en bonnes meurs;
espargnier tes humbles subgés; et déprimer les orguilleux rebelles, ■ unde VI 0 Eneydo .« sic
habetur :
« Tu regere impcrio populos , Romane, memento ;
Hec tibi erunt art es, pacique imponere mores ,
Parcere subjectos et debellare superbos. •
Or prions donques Jhesucrist, nostre douls Sauveur, qu’il veulle a nostre boin roy
et souverain seigneur ceste grâce donner qu’il ait sapience, plaisance et poissance de
ceste doctrine garder. Ce nous veule ottrier ille qui vivit et régnât Deus , per omnia, etc.
P. d’Ailly.
.... i *fc oU»9 i iiiâ hoh 8 .nodfi üIyq tuJq iaq o>. i . il»*fj*u si ; • tm
<%l yb Itiyrnhuihm vnhsjsjn *r aiMim waoa rûntoa èlfisv 6 Ira *0
En marge : Glose.
Virgile, Enéide , vi, 851-853 ; corriger
{1 ' En marge : Du clergiet.
(2) En marge : Du peuple.
(3) En marge : De chevalerie.
subjeclU.
.►V là loi
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
270
ÉDITH B RAYER
SERMON POUR LE JOUR DES CENDRES
€£bce (1) nunc dies salutis . » Scriptum est II a Chorintios , VI 0 c°, et in epistula
Dominice sequentis
Nous veons, par expérience, que, quant aulcune créature est languereuse ou enferme
de langueur, doleur ou maladie, elle redoubte moult le nuit et très fort desire le jour,
et prent confort de sa dolour tantost qu’elle ot le cocq canter, ou le gaitte du jour corner.
Or est ainsi que nous avons long tampz, par le nuit tenebreuse et obscure, très
l&ngoreusement dormy, et en le maladie de pechiet et d’ordure très misérablement dormy
et languy. Et pour ce, le glorieux docteur, monseigneur saint Pol, tout ainsi comme le
cocq qui le jour chante, ou le gaitte qui le jour corne, de nous lever nous amonneste, et
de nos maulx nous resconforte, en disant par ceste maniéré : « Or sus, or sus! gent pere-
cheuse, le nuit passe, le jour approche; or sus, or sus! resveille qui dort, prengne chascuns
en soy confort. Nulz ne soit recreans ou faintis. » Eoce nunc dies salutis.
Vechi le jour d’election
Fait pour nostre salvation.
[Fol. 62] A ceste voix et a ce cry, nous devons nos cuers resveillier et vers le ciel nos yeuls
lever pour veoir l’estoille journal qui devant le soleil précédé, et le point du jour nous
anonche.
Ceste estoille journal est le Vierge Marie, qui précéda le soleil de justice et anoncha
l’advenement du jour de le divine grâce. C’est le clere estoille luisant qui le nuit fait finer;
c’est le belle estoille plaisant qui le jour fait venir. C’est l’estoille du ciel que nous devons
desirer et quérir; c’est l’estoille de mer que nous devons aourer et chierir. Et pour ce,
vers celle estoille nos yeuls et nos cuers lèverons, et humblement le saluerons en disant :
Ave Maria.
« Ecce nunc dies salutis. » Scribitur ut supra.
Vechi le jour d’election
Fait pour nostre salvation.
Expérience nous enseigne que quant aucuns malades veult de sa maladie avoir
remede et briefve garison, il quiert ung jour d’election pour medecine rechevoir. Et s’il
est ainsi de le maladie corporele, par plus forte raison, il doit ainsi estre de le maladie
esperitueie. Or est il vérité notoire que nous sommes malades esperituelement de le
maladie de pechiet. C’est une fievre continue, dont nous sommes entechiés. Mais contre
ceste griefve maladie, nous avons, pour santé recouvrer, le remede et le medeebine de
O) Fol. 61 vo.
< 2 > II Cor., vi, 2.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
271
vraie penitance. Et ja soit che que ceste medecine soit tousjours pourfitable, touteffois
vechi le jour d’election ouquel elle est plus convenable. Car c’est le chief et le commen-
chcment de ceste saincte quarantaine qui est de Dieu especialment consacrée et eslutte
pour penitance faire a lui plaisant et acceptable, ipso dicente : « Tempore accepto exaudivi
te, et in die salutis adjuvi te » (1) . Et pour ce, le glorieux docteur, monseigneur saint Pol,
ce jour nous demoustre et anonche en disant le parole dessus proposée : Ecce nu ne, etc.
Vechi le jour d’election
Fait pour nostre salvation.
Pour lequelle parole induire et applicquier a nostre propos, il est assavoir que selon
l’art de phisicque et selonc ce que dient les acteurs de le medecine du corps, ilz sont
trois maniérés de médecines qui sont [fol. 62 v°] moult pourfitables pour avoir garison,
et par especial quant elles sont prises en jour de élection.
Le première est medecine préparative
Le seconde, medecine purgative
Le tierce, medecine confortative
Le première est boine
Le seconde plus boine
Le tierce très boine.
Samblablement aussi, esperituelement a parler, selon Part de le divine Escripture, et
selonc ce que dient les docteurs de le medecine de l’ame, ilz sont trois choses en parfaitte
penitance, qui sont aussi comme trois médecines esperitueles que nous devons a ce jour
rechevoir pour curer nostre maladie et pour santé et garison avoir.
Le première est contrition; celle est préparative.
Le seconde, confession; celle est purgative.
Le tierce, satifiation; celle est confortative.
Contrition vault pour le cuer préparer et amolier.
Confession vault pour le bouce purgier et mondefier.
Satifiation vault pour l’ame conforter et fortefier.
Car, selon le doctrine monseigneur saint Augustin, il sont trois différences de pechiet
qui sont comme trois maladies morteles, l’une en cuer, l’autre en bouche, et la tierce
en fait. Car nous péchons en trois manières :
Premièrement en cuer, par cogitation
Secondement en bouche, par locution
Tiercement en fait, par operation.
Et pour ce, contre ces trois maladies morteles, nous devons avoir trois médecines esperi¬
tueles :
Contre le première, la medecine préparative de pure contridon;
Contre le seconde, le medecine purgative de vraie confession;
Contre le tierce, le medecine confortative de juste satifiation.
Cl) Isaie, xux, 8; II Cor., vi, 2. (l) En marge : I, II, III.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
272
ÉDITH BRAYER
Or entendons donques, nous qui sommes malades, entendons diligamment le grant
vertu de ces trois médecines, le garison qu’elles nous donnent et comment elles nous
valent, pour nostre sauvement.
Prumierement (1) , contricion vault pour nostre cuer préparer et amolier. Certai¬
nement toute le rachine et toute le naissance de nostre maladie et pechiet vient du cuer
et de le pensee. Et pour ce, nous ne poons santé recouvrer se la medecine de [fol. 63]
penitance ne va jusques au cuer pour lui préparer a Dieu et a sa grâce disposer. Se nostre
cuer est donques obstiné par male cogitation, nous le devons convertir et amolier par
devote contrition, que nichil aliud est quam perfecta displicencia peccati . Et pour plus
entièrement desrachiner et parfaittement retrenchier du parfont de nostre cuer tout
mal et toute infection, nous le devons forment poindre et tresperchier par secrete compunc-
tion, dicente Domino per prophetam : « Scindite corda vestra et non vestimenta vestra . »
Joelis 11° c° (2) .
Secondement confession vault pour nostre bouche purgier et mondefier. Véri¬
tablement nostre douls Sauveur Jhesucrist, comme parfait phisicien et très excellent
médecin, après le medecine préparative de contrition, qui fait, par dedens, nostre cuer
purefier et parfaittement de tout son mal garir, veult et commande que nous rechevons
le medecine purgative de confession, qui fait par dehors nostre bouche mondefier e*
entièrement tout son pechiet rendre et vomir, dicente Scriptura : « Confitemini alterutrum
peccata vestra . » Jacobi 11° (4) .
Tiercement (4) , satifiation \ault pour nostre ame conforter et fortefier. Samblable*
ment comme le malade, quant il est par medecine préparative ou purgative curés et garis
de sa maladie, il n’a pas, pour ce, tantost convalescence; mais pour soy renforchier, doit
rechevoir medechine confortative. Aussi le pecheur, ja soit ce que il soit de son pechiet
parfaittement sanés et purgiés par contrition et confession, touteffois sa santé est foible
jusques ad ce qu’elle soit confortée et renforchie par satifiation. Car c’est le parfaitte mede¬
cine confortative qui fait nostre ame avoir vigeur, forche et pooir de toute boine ope¬
ration. Elle fait nostre corpz a l’esperit obéir et humilier; elle fait tous nos membres servir
et labourer; elle fait le cuer par dévotion a Dieu supplier; elle fait le bouche par orison
a Dieu prier; elle fait le cliief par humilité encliner; elle fait les yeuls par pité larmoier;
elle fait les mains ammosnes donner; [fol. 63 v°] elle fait les piés en pèlerinage aler; elle
fait le ventre juner; elle fait le char abstinence garder. Et generalment, elle fait tout vice
et tout pechiet fuir et despiter, et fait toutes oeuvres vertueuses acomplir et entériner,
sicut scriptum est in euvangelio : « Facite dignos fructus penitencie. » Matthei et Lace ,
///° c* «.
Vechi donques les trois medechines esperitueles contre trois maladies mortelles,
lesquelles nous devons, au jour d’uy, rechevoir pour garison recouvrer et pour santé
avoir. Et pour ce, en demonstrant ceste joumee, je puis conclure par ceste manière :
(lî En marge : Nota de contricion. (4) Ep. s. Jacques, v, 16 (et non il).
(2) Joël, n, 13. (5) En marge : Satifiation.
<3: En marge : Confession. 6 Matth., ni, 8; Luc, ni, 8.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
273
par conséquent :
Vechi jour de contrition
Vechi jour de confession
Vechi jour de satiffation.
Vechi le jour d’election
Fait pour nostre salvation.
DEUXIÈME DÉVELOPPEMENT
En laquelle parole, selonc le matere proposée, nous poons considérer comment, et
par quel maniéré le medecine de parfaitte et entière penitance doit estre faitte, et des
choses dessus dittes composée.
Prumierement, contrition doit estre faitte :
présentement et sans dilation, quia eoce nunc;
Secondement, confession doit estre faitte :
derement et sans fiction, quia sicut dies;
Tiercement, satifation doit estre faitte :
dévotement, sans ostentation, quia ratione salutis.
Première considération
J’ay doriques dit, premièrement, que nous devons contrition faire :
« présentement et sans dilation » quia eoce nunc .
Car nostre tamps est brief et passe soubdainement, ne nous n’avons du tampz pré¬
sent fors ung petit moment. Helas! (2) ilz sont aulcuns qui proposent eulx convertir et
amender, mais ilz different leur propos et attendent de jour en jour et ne considèrent
pas le briefté de leur tamps et le griefté de leur mal. Et s’il ont, (S1 aulcune fois, ung
petit de compunction de leur pechiet et ung peu de desplaisance, touteffois ilz perseverent
ne n’ont point entière contrition ne parfaitte repentance. Ceste gent doivent penser et
considérer la parole nostre Seigneur qui [fol. 64] au jour d’uy en saincte Eglise a esté
récitée, en laquelle il nous attrait a soy et nous appelle moult douchement, ipso dicenle
per prophetam : t Nunc ergo convertimini ad me de toto corde vestro . » Johelis 77° c° (4) .
« Convertisses vous a moy, dist il; convertissiés vous tantost, présentement et sans dila¬
tion, de tout vo cuer, entièrement sans séparation. * Aussi comme il volsist dire : Vostre
cuer a esté longuement contre moy pervertis par pechiet et par male cogitation, mais
or est il tampz qu’il soit à moy convertis par repentance et par contrition. Et pour ce,
quant nous oons nostre Seigneur si douchement nous rappeller, nous devons hastivement
(l) En marge : De contrition. <S1 En marge : Nota.
(t) En marge : Glose* (4> Joël, il, 12.
Édith Brayeb. 35
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
274 ÉDITH BRAYER
vers lui retourner et entièrement au diable renonchier. Ne il n’est nulz, tant ait fait hom¬
mage au diable, ne tant soit grant pecheur, qui ne se puist legierement a Dieu ralier et
lui rappaisier. Car il est si douls et si amiables, si gracieux et si bénignes, que nulz n’est
de lui refusés ne despités mais qu’il veulle, par contrition, son cuer humilier, dicente
Psalmista : « Cor contritum et humiliatum Deus non despicies »
Male flamme, dont, puist ardoir le fauls cuer qui ne s’umilie, et qui a son loyal amant
ne se retourne, et qui a lui ne se donne du tout et sans départir. C’est le vray amoureux,
qui n’a cure de cuer parti en deux, mais veult avoir cuer parfait et entier. Et pour ce,
se tu veuls avoir son amour et sa grâce, il fault ton cuer toute amour villaine delaissier,
et tout pechiet fuir, hair et despiter; aultrement ne peus tu avoir contrition parfaitte ne
vraie repentance.
Et a tant je me passe de ceste première partie.
Deuxième considération
J’ay dit, secondement (2) , que nous devons confession faire :
« Clerement et sans fiction » quia sicut dies.
Car nostre confession ne doit point estre obscure, mais doit estre clere comme le
jour, ne nous ne devons riens faindre [fol. 64 v°] ou celer au secrétaire du hault Seigneur
qui tout voit, qui tout congnoist et qui tout scet, de quo dicit apostolus : « Omnia nuda
et aperta sunt oculis ejus. » Hebreos ////° c° 8) . Helas! il sont aulcuns qui moult heent
confession; et s’il advient qu’il se confessent, iiz quierent et faindent occasion pour leur
pechiet couvrir et excuser. Et pluiseurs fois, pour euix excuser, accusent aultrui. Et qui
pis vault, souvent advient qu’ilz accusent Dieu en disant qu’ilz sont de telle heure nés,
et que Dieu les a fait de telle complexion, qu’ilz ne se peuent garder de pechiet ou résister
a temptation. Ceste gent doivent penser et considérer que nostre Seigneur a qui riens ne
peut estre celé, et devant qui, au jour du Jugement, tout sera manifesté, veult et commande
que, en ce monde, a ses vicaires et a ses secrétaires nous confessons nostre pechiet vraye-
ment et clerement, sans fausseté et obscureté. Et en signe de ce, quant nostre Seigneur
Jhesucrist gary les ladres de leur meselerie, il les envoya as prestres de la loi en disant :
« Ite> ostendite vos sacerdotibus . » Luce XVII 0 c° (4) . « Alés, dist il; tantost, et sans dila-
tion, moustrés vous as prestres », qui sont vicaires et secrétaires de Dieu, pour avoir d’eulx
purgation. Par quoy il nous demoustre que, supposé que Dieux nous ait gary le mese¬
lerie de nostre pechiet par vraie contrition, se veult il que nostre pechiet soit a ses vicaires
révélé par clere confession. Ce sont les secrétaires asquels nous ne devons riens [celer] 5 ,
mais leur devons le qualité et le quantité de nostre pechiet manifester, et le lieu, et le
tampz, et toutes les circonstances dire qui peuent nostre pechiet agrever et empirier.
Et a tant, je me passe de ceste seconde partie.
Ps. L, 19. < 8) Hebr., iv, 13.
(2) En marge a été ajoutée cette mention : (4) Luc, xvii, 14.
De confession. (5) Ms. : riens mais.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
275
Troisième considération
J’ay dit, tiercement que nous devons satiffation faire
t Dévotement, sans ostentation » quia rcuione salutis.
Car nous ne devons point faire les euvres meritores pour nostre loenge, ne pour
le vaine glore mondaine, mais pour nostre salut et pour le vraye glore pardurable, [fol. 65]
juxta consilium Xpisti dicentis : « Attendite ne justiciam vestram faciatis coram homi -
nibus ut videamini ab eis » (2) .
Mêlas! il sont aulcuns qui ne font priere ne orison, sacrifice ne oblation, june ne
affliction, ne ammosne, ne restitution, ne quelconque aultre oeuvre ou de mérité ou de
satiffation, fors seulement par contenance et pour le acoustumance des aultres, et par
faintise, et pour le loenge des hommes. Ceste gent doivent penser et considérer que nostre
Sires ne regarde mie tant le fait comme le volenté, ne l’oeuvre comme le courage, ne n’a
point agréable l’operation du corps sans le dévotion du cuer.
De ce avons nous exemple, en le saincte Escripture, ou nous lisons que, quant
Abel fist secrefice a Dieu, il regarda plus a le boine affection de sa personne qu’il ne fist
a l’oblation de son sacrefice.
C’est le gentil oysel qui de sa proye plus veult avoir le cuer que tout le rema¬
nant du corps. Car c’est aussi cellui qui son propre cuer souffry fendre et ouvrir pour
ses oysiaux du sang paistre et nourrir (4) .
Et pour ce, se tu veuls faire chose qui lui soit a plaisance, tu lui dois premièrement
donner et humblement présenter ton cuer et ta pensee, et lui purgier de tout pechiet et
laver de toute ordure. Car aultrement tu ne peus faire june ne orison ne quelconque aultre
oeuvre de satiffation qui soit a Dieu plaisant ne pourfitable a ton salut. Nam , ut ait Pius
papa : « Nichil prodest homini jejunare vel orare et alia religionis opéra facere, nisi
mens ab iniquitate revocetur . »
Et a tant je me passe de ceste tierce partie et de toute ceste matere. Car il peut assés
souffire ad présent ce que j’ay dit de le medecine espirituele et des trois parties d’icelle.
TROISIÈME DÉVELOPPEMENT
Mais pour ce que j’ay parlé de la medecine de penitance, je veul aussi parler de la
diete qui appartient a ceste medecine
Tu sces que quant aulcuns malades veult medecine rechevoir, il lui cou vient garder
diete. Aussi quant le pecheur se veult par penitance medeciner, il doit tenir diete et faire
june et abstinence. Mais le malade, a qui diete est commandée, peut raisonnablement
a son [fol. 65 v°] médecin trois questions demander :
(l) En marge : De satiffation.
<•> Matth., vi, 1.
(s> En marge : Nota.
(4) Parabole du pélican.
' * 1 En marge : De diete.
35.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
276
ÉDITH BRAYER
Prumierement, comment il doit la diete garder.
Secondement, a quoy la diete lui peut pourfiter.
Tiercement, combien lui fault la diete continuer.
A ces trois questions, je te veul response donner.
Première question
A le première question * 1 ' donques, se tu me demandes comment tu dois ta diete
garder, c’est a dire comment tu dois faire june et abstinence, qui est la diete de peni-
tance, je te respons 2 * 4 * que tu le dois faire sobrement, secrètement et entièrement.
Prumierement, 3; tu dois juner sobrement, car cellui ne garde pas bien diete, ne
cellui ne fait pas bonne june, qui par gloutrenie autant prent de réfection a une fois
comme il deveroit faire a deux. Ceste june desplaist a Dieu, ipso dicente per prophetam :
« Jejunium vestrum odivit anima mea » (4) .
Secondement, tu dois juner secrètement. Car cellui qui bien veult garder diete se
doit celeement enclorre en sa maison et en sa chambre, pour esquiever le vent et le bruyne.
Et aussi cellui qui veult faire bonne june le doit faire secrètement pour soy garder du
vent de vaine glore et de la bruyne de ypocrisie. C’est moult périlleux vent et male bruyne
et dont nous nous devons garder par très grant diligence, car ainsi le nous commande
nostre Seigneur Jhesucrist, nostre souverain médecin, en l’euvangile du jour d’uy : « Cum
jejunatis, inquit, nolite fieri sicut ypocrite tristes , etc. » Matthei VI° c° (i L
Tiercement, tu dois juner entièrement. Car cellui ne tient pas bien diete qui ne se
garde de toute viande contraire. Et aussi cellui ne fait pas boine june, qui ne fait absti¬
nence entière, non pas seulement du corps et de la bouche, mais aussi du cuer et de la
conscience. C’est le june meilleur que tu puisses faire : garder ton cuer et ta pensee de
tout mal et de tout pechiet. Sans ceste abstinence, tu ne peus faire june qui soit a Dieu
plaisant, dicente Domino per prophetam, Ysaie LVIII° : « Hoc est majus jejunium quod
elegi : dissolvere colligationes impietatis » fl) .
[Fol. 66] Et a tant je me passe de le première question, et vieng a le seconde.
Deuxième question
A le seconde question (7 >, se tu me demandes a quoy te peut diete pourfiter, je te
respons 18} que trop long seroit raconter tous les pourfis que te peut faire la diete espe-
rituele de june et de abstinence. Mais entre les aultres pourfis que nous lisons en le saincte
Escripture, elle te peut pourfiter a trois choses, c’est assavoir : pour Dieu appaisier, pour
le diable encachier, pour paradis gaaignier.
(1) En marge, ce titre. (5) Matth., vi, 16.
(t> En marge : Solution. (0) Isaïe, lviii, 6.
l,) En marge : De june. (7) En marge : Le 11 9 question.
(4) Isaïe, i, 14 : c et solemnitates vestras 18 En marge :Solution.
odivit anima mca ».
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
277
Prumierement tu peu» Dieu appaisier par juner, car tu as, par ton pechiet, Dieu
offendu ou courouchiet; tu ne peus mieulx de lui avoir pardon que par june et par orison.
De ce nous avons exemple, en le saincte Escripture, des deux prophètes Daniel et Jonas,
dont l’un appaisa a Dieu le cité de Jherusalem, et l’aultre le cité de Ninive, iequelle hys-
tore je passe pour cause de briefté, quia historia est communis et habetur Danielis IX°
et Jone 111° capitulis 11 K
Secondement, par juner tu peus le diable encachier. Car se le diable te fait tempta-
tion de pechiet, et par especial du pechiet de ire et de luxure et de peresce, tu ne le peus
mieulx encachier ne tel pechiet fuir et esquiever fors par orison et par june. De ce nous
avons tesmoingnage par cellui qui ne peut mentir Xpisto dicente in ewangelio : « Hoc
genus demonii non eicietur nisi in oratione et jejunio. » Matthei XVII 0 c° (2} .
Tiercement, par juner tu peus paradis gaaignier. Car nostre Seigneur, a tous ceuls
qui, dévotement, font en ce monde june et abstinence, promet en paradis donner fina-
blement la réfection pardurable, ipso dicente : « Beati qui nunc esuritis 9 quoniam satu •
rabimini . » Lace VI° c° [ *K
Et a tant je me passe de ceste seconde question.
Troisième question
A le tierce question (4) se tu me demandes combien il te fault ta diete continuer, je
te respons (6 que le plus grant et le plus longue diete qu’il te fault faire, c’est le june
de ceste quarantaine saincte, de laquelle nous avons [fol. 66 v°] exemples notables et de
grant auctorité, et devant le loy, et en le loy, et après le loy :
Prumierement devant le loy elle fu par Moyse figurée.
Secondement, en la loy elle fu par Helyas gardee.
Tiercement après le loy elle fu par Jhesucrist consacrée.
Prumierement, le june de ceste saincte quarantaine fu, devant le loy, par Moyse
figurée. Car Moyses, quant il monta ou mont de Sinay pour rechevoir le loy, il juna par
.XL. jours, sicut palet Exodi XXIIII 0 (i *. Pour quoy il nous est figuré que se nous volons
a haulte perfection monter et le loy de Dieu garder, nous devons par .XL. jours juner.
Secondement, le june de ceste saincte quarantaine fu, en le loy, par Helyas gardee.
Car Helyas juna .XL. jours en passant par le desert et en alant par le montaingne qui
est appellee Oreb, sicutpatet tercii Regum XIX 0 l7) . Par quoy il nous est segnefiet que
nous devons garder la june de ceste saincte quarantaine, se nous volons, par le desert
de ceste mortele vie, aler au mont de pardurable joie.
Tiercement, le june de ceste saincte quarantaine fu, après le loy, par Jhesucrist consa¬
crée. Car Jhesucrist, après ce que la loy Moyse fu par lui expiree et par son baptesme
de nouvel reparee, il fu menés ou desert, et la juna .XL. jours, sicut patet Matthei 1111°
(1) Daniel, ix, 3; Jonas, ni, 5-10.
(5) En marge : Solution.
(2Ï Matth., xvn, 20.
(6) Exode, xxiv, 18.
(2) Luc, vi, 21.
(7) Vulgate : III Rois, xix, 8L
(4) En marge : Le III 9 question.
(8) Matth., iv, 2.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
278
ÉDITH BRAYER
Par quoy il nous demoustre que après ce que nous avons nostre vie du tamps passé lavé
et renouvelé par pe ni tan ce, nous devons entrer ou desert de affliction et de austérité,
en faisant, par ceste quarantaine, june et abstinence. Car nostre Sires Jhesucrist qui estoit
venus en ce monde pour soy manifester et pour nous enseignier, n’avoit besoing ne necces-
sité de penitance garder, ne dealer ou desert juner; mais par son fait le nous voloit endoc¬
triner et exemple donner. Et pour ce nous devons sa doctrine tenir et son exemple ensieuir,
et, comme lui, juner selon nostre pooir. Car c’est li boins maistres qui ses disciples endoc¬
trine plus par fait que par [fol. 67] parole, Scriptura dicente : t Cepit Jhesus facere et
docere. » Actuum 1° c°
Mais tu me porroies demander se ceste june est de commandement, et par qui
et a qui elle fu commandée; car supposé que Jhesucrist junast le quarantaine, toutefiois
il ne le commande point en le euvangile.
Ad ce je te respons 3) que ceste june est de commandement a toute personne qui
le peut garder sans notable lésion de son corps et de sa santé. Et fu premièrement comman¬
dée par nostre Seigneur obscurément en le loy du Viel Testament. Car, selonc le com¬
mandement de le loy, nous devons paier a Dieu le disme de toutes choses, sicut palet
Exodi XXII° (6) . Et pour ce, en payant a Dieu le disme de nostre tamps, nous devons
juner le quarantaine, qui est aussi comme la disme ou le disime partie de tout l'an. Mais
nostre mere saincte Eglise, a lequelie nous devons estre vrais filz d'obedience, a depuis,
ceste june expressément institué et generalement commandé. Et fu celle ordonnance
convenable pour les causes dessus dittes. Et aussi fu chose raisonnable de garder ceste
june et ce tamps plus que nul aultre, pour ce que c'est le tamps ouqucl commenche l'abon¬
dance et le mouvement des humeurs; si seroit nostre corps plus esmeu et disposé a pechiet
et a temptation, se le tamps n'estoit attempré et amoderé par abstinence et par affliction.
Et pour ce disoie je, au commenchement de nostre sermon : Ecce nunc dies salutis.
Vechi le jour d’election
Fait pour nostre salvation.
Et a tant je me passe de ceste tierce question et de toute ceste matere.
• QUATRIÈME DÉVELOPPEMENT
Je t'ay donques moustré et aulcunement declairiet la vertu et le condition des trois
medechines espiritueles qui sont : pure contrition, vraye confession et juste satiffation;
et comment la medecine de parfaitte et entière penitance doit estre de ces trois choses
composée; et comment aussi, pour ceste medecine rechevoir, doit estre diete et absti¬
nence gardee. Mais or te veul je moustrer comment elle doit estre confite [fol. 67 v°] et
assavouree.
Tu dois donques sçavoir et entendre que la medecine de penitance doit estre moult
amere. Et de tant qu'elle est plus amere au corps, tant est elle plus douche a l’esperit,
(1) Act. ap. # l, 1. (4) Abrégé : S.
,2) En marge 2 Question. (#) Exode, xxii.
3 En marge : Solution.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
279
plus savereuse et plus agréable a Dieu, et plus pourfitable au salut et a le santé de l'ame.
En ceste medecine doibt avoir trois choses qui lui donnent et font avoir moult amere saveur,
c’est assavoir : cendre, sel et yaue. Cendre de humilité et de affliction; sel de tristresce
et de compunction; yaue de larmes et de dévotion. En signe de ce, nostre mere saincte
Eglise nous donne, au jour d’uy, la cendre qui est arrousee d’yaue benoite, meslee aveuc
sel. La cendre segnefie affliction pour le considération de nostre fragilité. Le sel segnefie
compunction pour le corruption de nostre iniquité. L’yaue segnefie dévotion pour le
considération et compassion de la divine pité.
Vechi donques medecine moult sure et moult amere, lequelle, se tu veuls gouster
et bien assavourer, elle te fera le cuer gémir et souspirer, et les yeuls plourer et larmoyer;
et fera en ton cuer sourdre, et par tes yeuls issir, le fontaine de l’yaue de dévotion, laquelle,
pour ton pechiet laver, tu dois quérir et desirer par très aidant affection, dicendo cum
propheta : « Quis dabit capiti meo aquam, et oculis meis fontem lacrimarum ? » Jhere -
mie IX 0 c°
Mais tu ne
Ains ay :
;m«t iup itsâib
Helas! vechi foie pensee! vechi foie parole! Pour ceste folie corrigier et pour cest
orgueil humilier, nostre mere saincte [fol. 68] Eglise, en donnant, au jour d’uy, le cendre,
te respont par ceste maniéré : « Memento, homo , quia cinis es , et in cinerem reverteris » (1) .
« Homs, considéré dont tu viens.
Quel tu es et quel tu seras.
Ramembre toy que tu es cendre
Et en cendre retourneras. »
♦ i__
porroies respondre et dire par ceste maniéré :
« Mon amy, je n’ay volenté
De souspirer ne de plourer.
De gémir ne de larmoier. »
t Talent de rire et de chanter.
De danser et d’esbanoier.
J’ay le cuer gay et joliet;
J’ay le corps sain et appert;
J’ay les membres fors et poissans,
J’ay les yeuls vairs et rians;
Je sui jones, je sui jolis.
Je sui d’amouretes souspris.
Tais toy de larmes et de plours;
Parle moy de armes et d’amours. »
upanb mbtsuoD t( *
(1) Jérémie, ix, 1.
(,) Ici commence le fragment du ms. Charleville 58, fol. 166*166 v°.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
280 ÉDITH BRAYER
Aussi comme elle vaulsist dire : c Considéré ton commenchement, ton moyen et ta fin :
Ton commenchement est abhominable
quia de immundo concept ils serai ne
Ton moyennement est brief et muable
quia brèves dies hominis sunt. Job XII 0 c° (lî .
Ton definement est espoentable
quia fugis velut umbra.
Se tu considérés ton commencement :
Tu es conchus en grant laidure
Tu es fais de matere impure
Tu es nés d’un vil sac d’ordure.
Se tu considérés ton moyennement :
Tu vis en labeur et en cure
Tu as joie vaine et obscure
Tu as santé qui petit dure.
Se tu considérés ton definement :
Tu vas morir tost sans mesure
Tu seras cendre et pourreture
Tu aras paine longue et dure.
Helas! Vechi canchon piteuse! Helas! vechi horrible danse! Or chante qui vorra;
or danse qui porra. Dansés, dansés, filletes, dansés a ceste canchon. Cantés, cantés, pucelles,
cantés ce virelay.
Helas! je croy qu’il n’est homs, tant ait le cuer joly ou gay, s’il considéré ceste note,
qui ait talent ne volenté ne de rire, ne de chanter, ne de baler, ne de danser; mais doibt
laissier toute foie plaisance et soy disposer a faire penitance.
Or considéré donques ton commenchement, ton moyen et ta fin.
Considéré ta naissance, ta vie et ta mort.
Considéré de ta naissance le commenchement, de ta vie le moyennement, et de ta
mort le definement.
Se tu es biaulx, se tu es fors, se tu es jones, atteng ung pau; considère la fin et pense
la conclusion.
Helas! vechi ung pau de fièvre, qui fera ta beaulté pâlir. Vechi ung pau de maladie,
qui fera ta forche fallir. Vechi viellesce, qui fera ta jonesse fenir.
Elle fera ta vie anoyer, ta joie amenrir, et ta santé affoiblir.
Elle fera ta face flatir, ta bouche pourrir, et ton alaine puir.
Elle fera ton cuer merancolier,^ton sens affolier et ton corpz mor- [fol. 68 v°]-
tefier.
Et finablement, elle fera le mort venir et l’ame du corps séparer.
( 1 ] Job, xiv, 5. sage : « Helas, vechi....... a faire penitance ».
(l) Dans le ms. de Charleville, manque le pas- (3) Ms. de Charieville : apetichier.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
281
Hélas! vechi dure départie! vechi dolereuse fin! vechi piteuse conclusion!
Ton ame ira en infer, ou au mains ou feu de purgatore, pour rechevoir de son pechiet
paine et pugnition.
Adont ara (li , entre le corps et l’ame, moult grant débat et grant descorde; et se
porra Taine du corps plaindre, en disant par ceste maniéré :
« Je t’ay nourry délicieusement
Je t’ay vestu précieusement
Je t’ay cauchiet mignotement
Je t’ay couchiet molement
Et maintenant :
J’ay pour toy paine et tourment.
Pour ton délit, j’ay grief dolour;
Pour ton plaisir, j’ay grant ardour;
Pour ta joie, sui en tristour
Et pour ta glore sui en langour. »
Mais le corps lui doit respondre :
« Je devoie estre en ta gouvrenanche ;
Je devoie estre en ton obéissance.
Tu me devois maistrier par abstinence;
Tu me de voies castier par pe ni tan ce.
Et pour ce que tu m’as gouverné folement, (2)
Pour ce que tu ne m’as castiet deuement.
Se j’ay erré par ton enseignement,
Se j’ay pechiet par ton consentement.
C’est bien raison, c’est juste jugement
Que tu ayes, pour mon pechiet, le paine et le tourment. »
Helas! adont vaulroit bien l’ame a son corps retourner pour lui pugnir et corrigier.
Mais elle ne porra, ne riens ne lui vaulra tel désir, ne tel volenté. Car elle a perdu et fole¬
ment passé le tamps esleut et ordonnet pour penitance faire. Et pour ce disoie
je, au commenchement de nostre sermon : Ecce nunc dies salutis
Vechi le jour d’election
Fait pour nostre salvation.
uik| . .aldstyos* &c,mcS al Iosiv W
i JftvLâVLN (itlûQ ,*j ,:i
Dans le ms. de Charleville, le Débat de
Tâme et du corps manque : « Adont ara et
le tourment •.
Édith B RATER.
Digitized by Google
î*a . • «mim. *qr>»
aoib uaq
(2) Ms. : Et pour ce tu que tu m’as folement
gouverné.
(3 ' Ms. 2 Passé le tamps passé e.
36
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
282
ÉDITH B RAYER
Adfin que en ce saint jour et en ce boin tamps, de Dieu consacré et esleu, nous ne
soions point negiigens de entendre a nostre salut, veullons estre diligens de nostre corps
castier par june et par abstinence (1) et de nostre pechiet corrigier par affliction et par
penitance. Car ainsi porrons nous, ou tamps advenir, esquiever et fuir le paine d'infer
et de purgatore, et avoir et acquérir de paradis le glore, [fol. 69] lequelle nous veule ottroier
cieuls qui vit et régné pardurablement. A.M.E.N.
P. DE ALLYÀCO.
(lï Ms. : Le membre de phrase : « de nostre
corps castier... abstinence » est répété.
Fin un peu différente dans le ms. de
Charleviile : ... le tamps ordonné pour faire
penitance. Vueilons doncques estre diligens
d’entendre a nostre salut, de nous amender et
de nostre corps castiier par junex et par absti¬
Digitized by Google
nences ; et de nos pechiés corrigier par afflction
et par penitance, entrement qu’avons le tamps.
Car vechi le tamps acceptable, le jour d’elec-
don, fait pour nostre salvacion. Et par ainsi
porrons, ou tamps advenir, éviter et fuyr les
pain es d’ynfier et de purgatoire, et avoir, reche-
pvoir et acquérir de paradis la gloire. Amen.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
283
S’ENSIEUT UN SERMON POUR LE JOUR DE LE RESURREXION
NOSTRE SEIGNEUR
t Maria Magdaleneet Maria Jacobi et Maria Salome emerunt aromata ut venien-
tes ungerent Jhesum », et reliqua que leguntur in ewangelio hodiemo, et scribuntur
Marti, XVI° c° <*>.
J’ay y ci proposée toute l’euvangile de le saincte solennité du jour d’uy, et le voeil
entièrement reciter et aucunement exposer pour ce qu’elle contient matere plaine de liesce
et de joye. Et c’est bien raison que après ceste sepmaine peneuse, en lequelle nous avons
esté en larmes et en plours pour le memore de Jhesucrist et de se passion, nous soyons
maintenant, en ceste solennele journée en leesce et en joie pour le memore de sa vie et de
sa résurrection.
Or soyons donques liés et menons joie; soyons liés de liesse devote et menons joie
espirituele, car nostre Sauveur Jhesucrist, qui nagaires estoit mors très dolereusement, est
maintenant ressuscités très glorieusement.
Il est ressuscités. De mort dolereuse.
En vie glorieuse.
Il est passés, de dolereuse passion,
en glorieuse résurrection
Il est mués de paine en glore
de subjection en victore,
de honte en honneur,
de foiblesce en vigheur,
de tristour en leesce,
et de dolour en joie.
Vechi donques la liesce et la joie! Vechi la très lie et très joyeuse mutation! Vechi la matere
et conclusion de leesse devote et de joie espirituele, qui est comprise en l’euvangile que j’ay
chi proposé : Maria Magdalene , etc. Laquelle nous poons deviser et partir [fol. 123 v°] en
trois parties, esquelles nous poons noter et considérer trois choses :
Premièrement, effort d’ardant amour;
Secondement, desconfort de paour;
Tiercement, confort de grant douchour.
Et ces trois choses sont trouvées es trois Maries qui vinrent au sépulcre, si comme l’euvan-
gile d’uy nous recite.
<i> Fol 123.
< 2 > Marc, xvi, 1.
36.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
284
ÉDITH BRAYER
Car premiers, effort (Tardant amour les fait le douls Jhesus dévotement quérir, quia
emerunt aromata ut venientes ungerent Jhesum, etc .
Secondement, desconfort de paour les fait le cuer frémir et forment esbahir, quia
introeuntes in monumentum, viderunt juvenem sedentem in dextris et obstupuerunt , etc .
Tierceraent, confort de grant douchour les fait le corpz et Taine seurement resjoir,
quia dixit illis : « Nolite expavescere; Jhesum queritis, etc . >.
Première considération
J'ay donques dit, premièrement que, ou fait de ces trois Maries qui viennent au
sépulcre, nous poons notter et considérer effort de ardant amour, car c’est ce qui les fait
le douls Jhesus dévotement quérir. Et ce nous demoustre le première partie de nostre
euvangile qui dist et recite que Marie Magdalaine et deux aultres Maries, ses amies et
compaignes, accaterent onguemcns précieux pour venir oindre le corpz du doulz Jhesus
et bien matin, en un jour de sabbat, qui maintenant est appellés dimenche, elle vinrent au
monument a Taube du jour quant le soleil commenche a naistre. Et disoient Tune a Taultre :
« Qui nous descouverra le pierre dont le sépulcre est clos?* Et lors, en regardant le lieu,
virent le pierre destoumee, car elle estoit moult grant et moult pesant.
Vechi donques effort d’ardant amour et d’amoureuse ardour. Vechi comment forche
d’amour ardamment les efforche et forment les constraint de Jhesucrist quérir. Vechi
comment les sainctes femmes cellui qu’elles amoient vif, après sa mort viennent sieuir et
servir. O! très poissant forche d'amour! Il est de toy escript que tu es fors comme la mort.
Scriptum est enim : « Fortis ut mors dilectio ». Canticorum VIII 0 (1) .
Mais certainement encore peut on dire que tu es [fol. 124] plus fors, car le mort par
toute se forche ne peut rompre le neu d’amours, ne deslier le fort lyen de parfaitte dilection.
Et ce nous appert bien par l’ardeur de dilection et l’amour de dévotion que nous trouvons
es trois Maries. Car autant ou plus ayment elles leur amy Jhesucrist, après sa mort, comme
en sa vie, et pour ce le viennent quérir et servir au sépulcre.
O ! très glorieuse Vierge Marie, très amoureuse mere de Jhesucrist, se forche d’amour
fait les trois Maries venir au sépulcre de ton Fil, pour quoy ne te constraint l’amour de lui
de venir aveuc elles? Quelle cause t’en retrait? Quelle occasion t’en retarde?
Certes, ce n’est pas par deffaulte de ardant amour ne d’amoureux ardour, car tu es sa
douche mere, se vraye espeuse et se loyale amie, qui plus ardamment l’aymes que ne
porroit faire nulle aultre femme. Mais c’est pour l’abondance de l’amere dolour et la dole-
reuse iangour que tu as, par le compassion de sa mort et par le glave de se passion. Car
quant tu te vois orbe de Fil, vesve d’espeux et privée d’aray, tu es de cuer, de corpz et de
toute ta forche, lasse, dolente et desolee. Et pour ce te fault demourer en lieu secret quant
les aultres Maries vont quérir ton Fil et veoir son sépulcre.
O! très devote Magdalaine, bien vaulroie sçavoir de toy, et de tes deux compaignes,
quelles pensees vous aviés, et quellez paroles vous disiés en le voye. Helas! bien croy que
vos pensees estoient ardans en dilection et vos paroles estoient fervens en dévotion. Car vos
m Cantic., vin, 6.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
285
pensiés au bien et au soias que le douls Jhesus vous avoit fait en se benoite vie et saincte
conversation; et plus as maulx et as tourmens qu’il avoit souffert en se crueuse mort et
dolereuse passion. Helas! bien croy que vous rameniés a memore les paines et les afflictions
qui lui avoient esté faittes en le voye ou vous aliés. Et pour ce vous baisiés souvent la
[fol. 124 v°] terre, et en souspirant et en gémissant disiés : « Ichi encontrames nous le douls
Jhesus portant la croix, quant sa mere devint aussi comme demy morte. Icy se retourna il
as femmes qui pour lui plouroient. Icy laissa il le croix tant estoit traveilliés. Icy les Juys
moult lourdement le boutèrent pour aler plus fort. Icy le pendirent il, et au gibet de le croix
le fiquerent ». Helas ! bien croy que lors, a grant clameur et inundation de larmes, elles se
enclinoient et aouroient le croix qui encore estoit toute vermeille du précieux sang Jhesu*
crist.
Et par especial, Marie Magdalaine plus fort crioit et larmioit, et en regretant le mort
de son amy, disoit ainsy : « Sire, qui as en ceste croix volu morir pour moy de mort raccater
et pour moy donner vie; Sire, qui es ma joye, mon soias, et ma glore; qui es le joye de mon
cuer, le soias de mon labeur et le glore de mon ame; Sire, je desire toy trouver pour donner
a mon cuer joye; je desire toy veoir pour faire a mon labeur repos; je desire toy tenir pour
avoir a mon ame glore. Or te fay donques a moy trouver; fay toy de moy veoir; fay toy par
moy tenir. Car aultrement ma joye sera convertie en tristour, mon soias en langour et ma
glore en dolour. »
Ainsi fait sa complainte Marie Magdalaine; et après, de la se part et aveuc ses com-
paignes vient au sépulcre Jhesucrist. Car vraie amour la le mainne, et la le porte ou son
cuer ayrae.
Et a tant je me passe de la première partie de nostre euvangile et vieng a le seconde.
Deuxième considération
J’ay dit, secondement, que, ou fait de ces trois Maries qui viennent au sépulcre, nous
poons noter et considérer desconfort de paour. Car c’est ce qui les fait le cuer frémir et
forment esbahir. Et ce nous demoustre le seconde partie de nostre euvangile, qui dist et
recite que les trois Maries entrèrent ou lieu ou estoit le sépulcre, et la virent ung angle en
fourme de jouenchel qui seoit a dextre [fol. 125] et estoit vestus et couvera de blanche vesture
moult resplendissant, et lors elles furent esbahies et espoentees.
Vechi donques comment paour est contraire a amour. Vechi comment, entre amour
et paour a grant discord et forte bataille. Vechi comment paour desconforte les cuera
amoureux pour avoir, contre amour, victore. Mais parfaitte amour vaint et boute hors
paour. « Nam perfecta contas foras mittit timorem . » Johannis X° (U.
Or oés dont et entendés comment Amour et Paour descordent ensamble. Amour,
comme devant avons oy, efforche les trois Mânes de leur amy quérir. Mais Paour, comme
maintenant nous oons, desconforte leurs cuera de plus avant pouraieuir.
I Ep. s. Jean, iv, 18. (2) En marge : Nota de Paour et Amour.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
286
ÉDITH BRAYER
Amour les attrait, mais Paour les retrait.
Amour dist : t Venés, venés ». Paour dist : « Retournés, fuyés ».
Amour fait promesses delitables, Paour fait manaches espoentablez.
Amour promet de donner grans biens, Paour maneche d'envoier griefz mauix.
Amour fait recorder tout ce qui peut attraire les cuers amoureux a amer, quérir et pour-
sieuir le douls Jhesus, qui est le vray Dieu d'amours; et ramentoit comment il est très beaulx
et bons, comment il est beaulx sans Laidure et bons sans mesure, comment il a beaulté par-
faitte et bonté souveraine.
Et Paour, d’aultre part, fait ramembrer tout ce qui peut retraire les trois Maries, et
leur remaine a memore choses espoentables en disant ainsi : « Considérés, femmes, consi¬
dérés le fragilité de vostre sexe femenin. Certes, plus fors et plus hardis doivent estre les
hommes que les femmes. Les apostles s’en sont fuis; et vous, ou alés? Considérés aussi
l’obscureté de le nuit qui est encore tenebreuse. Considérés le freour du monument qui est
memore de mort a tous terrible. Considérés le cruaulté des Juys et le righeur des gardes du
sépulcre. Certes, se vous estes trouvées, vous estes mortes sans remede! »
Ainsi les desconforte paour. Mais sur toutes ces choses leur fait le cuer frémir, le corpz
trambler [fol. 125 v°] le viaire esbahir et le veue tourbler, ceste nouvelle vision de ce mer¬
veilleux jouenchel qui leur estoit ou sépulcre apparus, car onques sambiable ne virent. Et
toutefois, ce non obstant, paour ne peut avoir victore, ne de la ne les peut cachier, car
amour les fait demourer, et tout souffrir et endurer, pour le douls Jhesus poursieuir. Sic est .
« Caritas omnia suffert et omnia sustinet. » I a Chorintios XIII° ;iJ . Et, ut ait Dyonisius :
« Perfectus amor omnia transit et omnia pénétrât, donec ad dilectum perveniat ».
Et a tant, je me passe de le seconde partie de nostre euvangile et vieng a le tierce.
Troisième considération •
J’ay dit, tiercement, que, ou fait de ces trois Maries qui viennent au sépulcre, nous
poons noter et considérer confort de grant douchour, car c’est ce qui les fait le corpz et
l’ame resjoir. Et ce nous demoustre le tierce partie de nostre euvangile qui dist et recite que
l’angele, pour elles conforter, doucement leur disoit : « Ne vous veulliés esbahir ne espoenter.
Je sçay bien que vous querés Jhesum de Nazareth qui a esté crucefiés. Certes, il est ressus¬
cités, ne il n’est pas yci. Vechi le lieu ou il a esté mis. Or poés veoir qu’il en est partis, et
pour ce ne le querés plus. Mais alés et dittes a ses disciples, et par especial a Pierre, qu’il
vous précédera en Galylee. Et la le verrés, si comme il vous a dit » (2) .
Vechi donques douls confort et confortant doucheur. Vechi comment, par le douls
confort de l’angle, amour est confortée contre paour. Vechi comment le douls Jhesus, le
vray Dieu d’amours, le loyal amoureux, envoyé douls confort, confortant seureté et seur
resjoissement a ses amyes, en les segnefiant par certain message les joieuses nouvelles de sa
glorieuse résurrection, adfin de le publier et denonchier a ses disciples.
O! com chi a glorieuse loenge du sexe femenin, quant les femmes sont apostles et
messages as disciples et as apostles de Jhesucrist pour eulx publier et denonchier ceste
{l) I Cor., xiii, 7. (,) Marc, xvi, 6 et 7.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
287
nouvelle joie. 0 ! com cy a grant mistere, car pour ce que Eve, la première femme, fu [fol. 126]
message de le mort anchienne, estait il chose convenable que par femme fust denonchie
nostre nouvelle vie.
0 ! com cy a grant liesce pour les sains disciples et apostles, quant ilz oirent les femmes
raconter telles nouvelles! Et par especial, saint Pierre a joie souveraine quant il oy que
l’angele l’a nommé par son nom et fait de lui expresse mencion : « Dicite , inquit , discipulis
ejus et Petro ». Car se l’angele ne l’euist expressément nommé, il, qui avoit son maistre par
trois fois renyet, n’euist osé, entre les disciples, venir ne retourner a lui. Unde Gregoriui :
• Nisi, inquit , eum angélus nominatim exprimerez qui magistrum ter negaverat 9 inter
discipulos venire non auderet ».
Or ayons donques, ayons leesce et joie aveuc les trois Maries et avec les disciples.
Ayons lieche et dévotion et joie de exultation pour le glore de ceste résurrection. Et ne soit
nulz qui pour pechiet perde ceste leesce, ne qui pour tristresce soit en desesperation. Car
nous avons oy comment le douls Jhesus a volu ceste joyeuse glore premièrement manifester
a Marie Magdalaine, qui tant avoit pechiet; et ceste glorieuse joye especialment denonchier
a saint Pierre l’appostle qui trois fois l’avoit renyet, pour nous demoustrer qu’il n’est nul
tant soit grant pecheur, s’il veult a lui humblement retourner, qu’il ne soit amoureusement
recheus a sa grâce, et gracieusement rechus a son amour et a sa glore.
Lequelle nous veulle ottrier qui vivit et régnât in seculorum secula . Amen.
P. DE AiLLIÀCO.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
288
ÉDITH BRAYER
6
CY S’ENSIEUT UN SERMON DES ROGATIONS
DEVANT L’ASCENSION
« Dédit M dona hominibus ». Scriptum est sentencialiter P^almo LXVII°; et recita-
tum ad Ephesios 1111° c° et in epistula hodiema
La parole que j’ay chi proposée est le sentence du prophète David, recitee de mon*
seigneur saint Pol l’apostle en l’epide du jour d’uy, et vault autant en franchois :
Li douls Jhesus, li biauls, li bons,
A donné as hommes ses dons.
Pour lequelle parole appliquer a nostre propos, il est assavoir que li très douls et li
très biaux et li très boins Jhesucrist, comme riche et poissant roy noble et [fol. 148 v°]
vertueux prinche, comme large et liberal seigneur, quant il parti de ce monde et monta ou
ciel, avant se glorieuse ascension, il vault paier se bien alee et fist crier publiquement et
publier generalment une donnée a tous venans et ammosne a tous deraandans. Ce cry fu
fait et publiet en le saincte euvangile qui fu lundi recitee, quant il fu
De par Jhesucrist denonchiet
Et a tous xpistiens segnefiet
Qu’ilz demandassent sagement
. Et on leur donroit larguement.
« Petite 9 inquit 9 et dabitur vobis. » Luce XI 6
Et pour ce, nostre mere saincte Eglise, adfin de appeller a ceste joumee, ou donnée,
ses povres enfans et de assambler a ceste ammosne ses orphenins mendians, ordonna, devant
l’ascention Jhesucrist ces trois jours qui sont nommés Rogations, pour faire processions et
letanies, orisons et prières, et pour lui demander ses biens et requérir ses dons. Car c’est
cellui vrayement de qui tesmoingne qu’il donne a tous habondamraent sans villaine reproche.
« Dat enim omnibus affluenter et non improperat. » Jacobi 1° (4) .
Or sus, donques, or sus! nous qui sommes povres enfans, venons a nostre mere
saincte Eglise qui, au jour d’uy, nous appelle et assamble. Nous qui sommes orphenins
mendians, venons a le donnée et a l’ammosne de ce riche roy, de ce noble prinche et de ce
largue seigneur. Car son vaillant hirault, monseigneur saint Pol le apostle, en blasonnant sa
poissance, en loant sa vertu et en magnefiant sa libéralité, nous afferme et asseure que a
tous ceuls qui lui ont sagement demandé, il a largement donné. Et ce dist il et tesmoingne
en le parole que j’ay dessus proposée : Dédit dona hominibus , etc.
W Fol. 148. P Ascension.
(2) Ps. lxvii, 19 : Accepisti dona in homi- !3) Luc, xi, 9.
nibus. Ephes., iv f 8. Épître de la Vigile de (4 Ep. s. Jacques, I, 5.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
289
Li douta Jhesus, ii biaux, li bons
A donné as hommes ses dons.
En lequelle parole, selonc trois briefs mos contenus en ycelle, nous poons tou chier
trois questions appartenans a nostre matere.
La première : qui est celui qui donne si liberalment. Quia dédit.
La seconde : qui sont les dons qu’il donne si habondamment. Quia dona [fol. 149].
La tierce : qui sont ceulx asquels il donne si generalmcnt. Quia hominibus.
Et selonc ces trois questions, nous poons, en ceste parole, considérer trois choses :
Premiers :
En cellui qui donne liberal excellence quia dédit non nostris meritis sedpure gracie.
Secondement :
En ce qu’il donne habondant affluence quiet dona, non unum sedplura.
Tiercement :
En ceulx asquelz il donne general indigence quia hominibus , non uni solum sed
omnibus.
Et ces trois poins nous sont touchiés et segnefiés briefment, en l’auctorité que j’ay
aileguie au commenchement : « Dat omnibus affluenter et non improperat » (1) .
Premiers :
II donne liberalment et sans reprochier quia dat et non improperat.
Secondement :
Il donne habondamment et sans espargnier quia dat affluenter.
Tiercement :
Il donne generalment et sans refuser quia dat omnibus.
Vechi donques trois poins qui sont a declairier, lesquelz sont correspondans a trois
questions que nous poons, en le parole proposée, touchier et demander.
Première question
A le première question donques, se nous demandons qui est celluy qui donne si
liberalment, j’ay devant dit que c’est nostre Seigneur Jhesucrist, en qui nous poons consi¬
dérer liberal excellence, quia dédit ; car il donne liberalment et sans reprochier, quia dat
et non improperat.
Certainement nostre Seigneur Jhesucrist est sur tous aultres excellement larges et
liberal, ne sa liberal excellence et excellent libéralité ne porroit langue raconter, ne enten¬
dement considérer, si comme il affiert proprement. Touteffois, nous poons aulcunement
ceste excellence declairier, et ceste libéralité exprimer par ce qu’il donne sans reprochier.
Car il n’est nul si riche roy, si noble prinche, ne si liberal seigneur, qui aucune fois ne
(1> Voir note précédente. En marge : Le première question.
Édith Brayer. 37
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
290
ÉDITH BRAYER
reproche son don, quant ceHui ne le dessert qui de lui le rechoit. Mais ceste reproche
jamais ne fait le très douls Jhesucrist, car il ne nous donne riens pour nostre desserte ne
pour nostre mérité, mais seulement de se pure grâce et de se pure miséricorde. Et ce poons
nous clerement perchevoir par trois raisons.
Car premièrement :
[Fol. 149 v°] Il donne caritablement pour nostre amour entretenir.
Secondement :
Il donne ses biens franchement sans nul pourfit requérir.
Tiercement :
Il donne très entièrement sans riens envers nous retenir.
Premièrement, il donne caritablement pour nostre amour entretenir, car c’est le
gentil cuer, c’est le vray amoureux, qui riens ne donne fors par vraie carité et par loyal
amour; et si très espris d’amour, et si très enamourés de nous, qu’il n’est riens qu’il ne
donnast pour nostre amour entretenir, car c’est le loyal amant, c’est le vray Dieu d’amours
qui nous ayme et a amé de parfaitte amour. De laquelle il dist en l’euvangile que nuis ne
peut avoir plus grant carité ne plus grant amour que de mettre corps et ame pour ses amis.
« Majorera , inquit , caritatem nemo habet , ac dilectionem , quam ut animant suam portât
quis pro amicis suis. » Johannis V° (1) .
Secondement, il donne ses biens franchement sans nul pourfit requérir. Car il est de
si riche pooir que riens ne lui deffault. Et pour ce, il donne ses biens de si franc courage que
nul pourfit il ne requiert, car il a en soy meismes de tous biens si grant habondance, que
selonc le dit du prophète, il n’a de nos biens nulle indigence. « Bortorum , inquit , meorum
non eges. » Scriptum tn Psalmo (2) .
Tiercement, il donne très entièrement, sans riens envers nous retenir, car il n’espargne
riens a son amy, mais habandonne tout pour lui, et donne entièrement, non pas seulement
ses biens, mais aussy soy meismes. Car si comme dist et tesmoingne le saincte Escripture :
« Dédit semetipsum pro nobis •. Titum , IX 0 (3) . Helas! vechi très liberal excellence, vechi
très excellent libéralité. Car pour nous qui sommes plains de toute povreté, il a donné
entièrement soy meismes qui est plains de toute bonté. Or oés comment.
Il a donné premièrement son corps ou saint sacrement pour nostre réfection, t Nam
dédit discipulis suis corpus suum et sanguinem in cibum et poium .» Matthei XXVI 0
[Fol. 150j Secondement, il a donné son ame a paine et a tourment pour nostre rédemp¬
tion. *Nam dédit animam suam redemptionem pro multis. » Matthei XX 0 c° 6) .
Tiercement, il a donné sa deité en sa personne proprement pour nostre salvation.
« Nam proprio filio suo non pepercit Deus, sed pro omnibus nobis tradidit ilium. • Romartos
VIII 0 <•>.
(1) Jean, xv, 13 (et non ch. v). (4) Citation libre de Matth., xxvi, 26-28.
(,) Ps. xv, 2. (5) Matth., xx, 28.
(,) Tît., il, 14. (6) Rom., vin, 32.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
291
Vechi donques le très riche et le très liberal seigneur. Vechi le vray roy Assuerus,
duquel il est escript qu'il a donné ses dons selon se royal magnificence. Hester //°c° ; « Dona,
inquit, largitus est » (2) . A la magnificence de ce roy ne se peut comparer le larguesce
d’Alixandre, ne le libéralité de Cresus, ne de quelconque aultre roy ou prinche, tant soit
riche ou poissant. Car tous sont povres au regart de lui; tous sont mendians envers lui.
Et pour ce 9 tous doivent venir a sa donnée; tous doivent requérir son ammosne. Car sans
lui nous ne sommes riens; sans lui nous n'avons riens; sans lui nous ne poons riens. * Quia
omnia per ipsum facta sunt, et sine ipso factum est nichil . » Johannis primo c° l3) .
Et a tant, je me passe de le première question.
Deuxième question
A le seconde question se nous demandons qui sont les dons que Jhesus donne si
habondamment, j'ay devant dit que, en ce qu'il donne, nous poons considérer habondant
affluence, quia dona non solum unum etc . ; car il donne habondamment et sans espargnier,
quia dat affluenter .
Certainement, es dons de Jhesucrist a si grant habondance, et si habondant affluence
que nulz ne porroit singulerement distinguer et distincteement nombrer les grans dons
qu'il a fait et qu'il fait tous les jours a créature humaine. Touteffoiz nous poons confusé¬
ment et generalment ceste habondance et ceste affluence prouver et demoustrer par ce qu'il
donne sans espargnier. Car si comme j'ay dessus moustré, quant il a volu soy meismes
donner, il appert qu'il ne veult pas ses dons espargnier, mais en grant affluence haban-
donner. Et ce poons nous declairer de biens, de dons et de richesses, qu'il donne et haban-
donne a humaine créature. Car premièrement [fol. 150 v°]
Primo , il donne les biens temporeuls pour nostre sustentation
Secundo , il donne les biens esperitueuls pour nostre justification
Tercio 9 il donne les biens perpetueuls pour nostre rétribution.
Les dons temporeuls sont bons mais iiz sont périlleux et muables.
Les dons esperituels sont plus bons car ilz sont vertueux et estables.
Les dons perpetuelz sont très bons car ilz sont fructueux et durables.
Premièrement (#) , donques, Jhesucrist donne les biens temporeulx pour nostre
sustentation. Car c'est cellui qui donne viande au familleux, et generalment, c'est cellui qui
soustient nos vies contre toutes indigences, et qui nous donne sustentation en toutes nos
neccessités, juxta illud in Psalmo : t Dat escam esurientibus • 4 * (6) . Ces dons temporeuls
sont boins a ceuls qui bien en usent, mais ilz sont périlleux a ceuls qui en abusent.
Or te veul je moustrer comment, de ces biens temporeuls, on peut bien user. Je te dy,
donques, que ceuls usent bien des biens temporels qui sont contens de ce qui est neccessaire
a leur vie. Unde apostolus p I a Thim . VI 0 : « Habentes alimenta etc . et quibus tegamur hiis
11} Ms. : les.
(S) Esther, il, 18.
(,) Jean, l, 3.
(4) En marge : Le II e question.
<6J En marge : Nota des biens temporeulx.
(6) Ps. cxlv, 7.
37.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
292
ÉDITH BRAYER
contenti sumus » (1) . Et pour ce Jhesucrist nous aprent a lui demander seulement nostre
pain cotidien : « Panem nostrum cotidianum da nobis hodie ». Matthei . Vf* (2) . Et par
pain 13 ' est a entendre toute chose neccessaire a vivre sobrement. Et plus ne devons nous
demander a Dieu, se nous sommes sages. Car de ce avons nous exemple du sage Salemon
qui supplioit a Dieu qu'il ne lui donnast ne grant richesse, ne grant povreté, mais seulement
les nccccssités de sa vie. « Divicias, inquit , et paupertatem ne dederis michi , sed tantum
victui meo tribue neccessaria. » (4) . Nous 11 e devons pas, donques, quérir ne desirer super¬
fluité de richesses, habondance de delices, excellence d’onneurs. Et s’il advient que Dieu les
nous donne, nous n’y devons pas mettre nostre cuer ne les trop ardamment amer, propheta
dicente : « Divicie si affluant , nolite cor apponere ». In Psalmo Ceulx, donques, qui
trop les [fol. 151] ayment, abusent des dons temporeuls, et a ceuls sont ilz trop périlleux en
pluiseurs maniérés 6 :
1° En les acquérant laborieusement;
2° En les gardant dolereusement;
3° En les délaissant langoureusement.
Et souvent advient que on les acquiert et garde et laisse très dampnablement. Car si
comme dist monseigneur saint Pol l’apostle, Thimoteum VI 0 : » Ceuls qui en ceste
maniéré veulent estre riche et habonder es biens temporels, enchieent es las et es temptations
du diable et en pluiseurs désirs nuisables et périlleux, qui mainnent l’omme a le mort et a
mortel perdition. » Et pour ce dist le sage Salemon que le fol riche, qui folement ayme ses
richesses, ne rechoit nul boin fruit en elles. Ecclesiastici V° (8) . Ne te glorcfie pas, donques,
en tes grans richesses, ne te delitte pas trop en tes biens temporeulx. Car se ainsi le fais,
quant tu cuideras estre riches, tu te trouveras povres. Et te porra on dire, par demsion, le
parole qui est escripte en l’Apocalipse : « Tu dis que tu es riches et habondans et n’as de
riens besoing; et tu ne sces comment tu es chetis et misérables, povres de vraie congnissance
et richesse, et nuds de vraye vertu. « Tu dicis 9 inquit , quia dives sum 9 etc . » Apoc.
IIP ».
Secondement (10) 9 * , Jhesucrist donne les biens espiritueuls pour nostre justification. Car
c’est cellui qui donne les biens de grâce et par lesquels nous sommes justes et plaisans a
Dieu. Ces biens donne il non pas as orguilleux, mais as humbles, si comme dist l’Escripture,
I a Pétri V° : *Deus , inquit , superbis resistit et humilibus dot gratiam^^ ll \ Il n’est riens
qui tant nous puist procurer le divine grâce comme humilité, ne riens qui tant le puist
empeschier comme orgueil. Car orgueil est contraire fourmeement a grâce. Et vechi
comment.
Grâce est ainsy appellee, quia gratis data 9 pour ce que c’est pur don, procédant de le
pure bénignité de Dieu, sans nostre mérité et sans nostre desserte. Mais orgueil est tout
(1) I Timoth., vi, 8.
(1) Matth., vi, 11.
(3) En marge : Nota.
(4) Prov., xxx, 8.
(5) Ps. lxi, 11 .
61 En marge : 1°, 11°, 111°.
(7) I Timoth., vi, 9.
18 ) Ecclésiastique, v, 1 ou 8.
(9) Apoc., in, 17.
l0J On a noté dans 1a marge : Des biens
espiritueulx.
f 11} 1 Ep. s. Pierre, v, 5.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
293
contraire, car c’est foie presumption et presumptueuse oultre - [fol. 151 v°] • cuidanche, qui
fait Pomme ingrat a son bienfaitteur et soy exalter et glorefier en soy, aussi comme se les
dons qu’il a venissent de lui, ou que par sa vertu il les euist mery et desservi. Hélas! vechi
trop male folie! vechi trop foie frenesie! Car, si comme dist l’apostle, nous ne avons riens
qui ne soit pris et tenu de Dieu. Et pour ce, nous ne devons pas en ces dons nous glorefier,
mais l’en devons regracier. « Quid enim habes , inquit, quod non accepisti ? Quod si accepisti ,
quid gloriaris ? » Se tu veulz doriques empetrer et garder les biens de grâce et les biens
espiritueuls, il te fault sur toute riens fuir orgueil et avoir humilité, et te dois humilier et
anientir devant Dieu, ne pour bien que tu fâches ne te dois glorefier ne exalter en toy. Car
plus fais de bien et plus es tenus et obligiés a Dieu, comme a cellui de qui ton bien fait
procédé, en pur don et de pure grâce. Et pour ce, de tant dois tu plus envers lui humilier
et toy mains glorefier. A ceulx qui ainsi sont humbles, donne Dieu les biens de grâce et les
dons espirituels. Et de istis dicitur quod humilibus dot gratiam {2 K Ces dons espiritueuls
sont plus bons que ne sont les biens temporels. Car ilz ne sont pas périlleux, mais sont
vertueux. Ilz ne sont pas périlleux comme sont les biens temporeuls, desquelz nous poons
mal user, si comme j’ay dit dessus. Mais ilz sont virtueux et nous font avoir force et vertu
contre tous périls pour ce que des dons espirituels et des biens de grâce et de vertu nous
ne poons abuser, juxta illud philosophi : « Virtutibus non contingit abuti ».
Tiercement (4) , Jhesucrist nous donne les biens perpetueulx pour nostre rétribution.
Car c’est celuy que, quant en lui est, nous donne sa grâce temporele, et moyennant ceste
grâce, il nous donra, se a nous ne tient, sa glore perpetuele et rétribution finable. Unde
propheta : « Gratiam et gloriam dabit Dominas », in Psalmo Ces biens perpetueuls
sont très [fol. 152] boins, car ilz sont fructueux et précieux plus que nul aultre don temporel
ou espirituel. Ce sont les biens desquels dist le apostle «que oeil ne porroit veoir ne oreille
oir, ne cuer d’homme penser, les grans biens que Dieu a appareilliet a ses boins amis. —
Nec oculus vidit , nec auris audivit nec in cor hominis ascendit que preparavit Deus diligen-
tibus se. » I a Chorintios 77° 0 .
Vechi donques le très grant habondance, vechi le très habondant affluence de biens,
de dons et de richesses, que Jhesucrist nous donne, car ces biens ne viennent pas de terre,
mais du ciel; ilz ne viennent pas de bas, mais de hault; ilz ne naissent pas de nous, mais de
Dieu. Car, si co mm e dist l’Escripture, « tout grant bien et tout don parfait vient de dessus
nous et descend du Pere de toute lumière qui tout enlumine. — Omne datum optimum et
omne donum perfectum desursum est descendens a Pâtre luminum . » Jacobi 7° c° (7 *. Ce
pere de lumière est nostre Seigneur Jhesucrist, qui par ses biens et par ses dons fait clarté
au monde et enlumine tout homme. « Illuminât enim omnem hominem venientem in hune
mundum. » Johannis 7° c° (i) .
Et a tant, je me passe de le seconde question.
(1) Ms. : ses
Ps. LXXXIII, 12.
(i> I Cor., iv, 7.
(61 I Cor., h, 9.
(,) I Ep. s. Pierre, v, 5.
(7) Ep. s. Jacques, I, 17
(4) En marge : Des biens perpetueulx.
Jean, I, 9.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
294
ÉDITH BRAYER
Troisième question
A le tierce question (1 >, se nous demandons qui sont ceulx asquels Jhesucrist donne si
generalment, j’ay devant dit que en ceulx asquels il donne, nous poons considérer general
indigence, quia hominibus. Certainement nous sçavons assés par expérience que toute
humaine créature, quant en soy est, a très grant povreté et très grande indigence, et des
biens de fortune, et des biens de nature, et des biens de grâce. Et ceste indigence est si gene¬
rale que nulz homs ne s'en peut excuser. Et pour ce, Jhesucrist donne a tout homme, sans
nulluy refuser; car il n'est nulz, tant soit povres ou quetis, qui ne recoeuvre aulcun don
de lui. Touteffoiz ilz sont aucuns asquels il donne plus, et plus grans biens et plus grans
dons, ainsi que vous orrés :
1° A ceulx qui demandent raisonnablement;
2° A ceulx qui gardent pourfitablement;
3° A ceulx qui rendent gracieusement.
Hz sont donques trois choses qui font Jhesucrist as hommes [fol. 152 v°] habondam-
ment donner. C’est assavoir :
Raisonnablement demander,
Pourfitablement garder.
Gracieusement rendre et rétribuer.
J’ay dit, premièrement, que Jhesucrist donne habondamment a ceulx qui lui deman¬
dent raisonnablement. Et selonc ce doit estre entendue le parole de i'euvangile, qui au
commenchement de nostre sermon a esté recitee : « Petite , inquit , et dabitur vobis. —
Demandés, dist il, et on vous donra » (8) . C’est a entendre que, se vous demandés raisonna¬
blement, Dieu vous donra très habondamment.
Mais or est il a sçavoir que, a ce que nostre demande soit raisonnable, trois conditions
sont requises :
1. Qu’elle soit faitte discrètement,
2. Qu’elle soit faitte dévotement,
3. Qu’elle soit faitte continuelment.
Et ce9 trois conditions sont touchies en I’euvangile dessus dit, quant il dist :
« Petite , scilicet prudenter et discrète ,
et dabitur vobis.
Querite 9 scilicet humiliter et devote ,
et invenietis.
Pulsate , scilicet perseveranter et continue ,
et aperietur vobis. » 5
(lî En marge : A le III e question. {4) En marge : I e , II e , III e .
(2) En marge : Primo, II 0 , III 0 . (6) Matth., vu, 7; Luc, xi, 9.
(S) Luc, xi, 9.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
295
Premièrement, donques, nostre demande doit estre faitte discrètement. Car le demande
est de Dieu refusee, qui est faitte a lui folement. Et de ce, nous avons exemple des enfans,
dont nous recite l’euvangile. Et pour ce que leur mere fist et demanda pour eulx foie requeste,
ilz eurent refus et repuise et leur fu respondu : « Nescitis quid petatis ». Matthei 11° W.
Il fault donques que nostre demande soit discrète, se nous ne volons avoir repuise. Et de
telle demande nous afferme et asseure Jhesucrist que, se nous demandons en sen nom aulcun
don a Dieu le Pere, il le nous donra sans nulle faulte : « Si quid petieritis Patrem in nomine
meo, dabit vobis ». Johannis XVI 0 (2) .
Or enteng comment ceste parole doit estre exposee. Certainement, cellui seulement
demande ou nom de Jhesucrist qui fait demande appartenant a son sauvement, car le nom
de Jhesus vault autant comme Sauveur. Le demande, donques, faitte a ce nom, c’est a dire
ou nom du Sauveur, et a le (in de no sauvement, est tousjours de Dieu oye et exauchie, se
par nous ne tient, et se de nous ne vient [fol. 153] rempeschement.
Mais il advient souvent que nous mettons empeschement en nostre demande et en
nostre orison.
Le premier empeschement est quant nous ne demandons cose utile et pourfitable;
c’est quant nous demandons des biens temporeuls plus qu’il n’est besoing a nostre salut.
Car en ce cas, aulcune fois. Dieu ne nous donne point ce que nous demandons, mais nous
donne mieulx; aussi comme se tu demandoies a ton amy .X. sols et il t’en donnast cent,
il ne te feroit pas injure, mais grant courtoisie. De hoc Ysaias : « Multorum orationes non
exaudiuntur quia providet illis Deus meliora dore quam petunt ». Ceste folie advient
souvent as enfans qui demandent, non pas seulement ce qui ne leur est pourfitable, mais
ce qui leur est nuisable. Ceste folie aussi advient souvent as malades qui demandent ce qui
leur est contraire. Mais Jhesucrist est le boin maistre d’escole; il est le boin medechin qui
nous donne ce qu’il scet qui nous est boin. De hoc Augustinus : t Si pecierimus secundum
voluntatem ejus, audiet nos ». 7 a Johannis V °. « Unde dicere debemus in oratione : Fiat
voluntas tua, etc . » Matthei VI 0 (s) .
*
Le second empeschement est quant nous ne demandons en estât convenable. C’est
quant nous demandons en malvais estât et deshonnerable, comme en estât de pechiet
mortel. Juxta Ysaiam : « Cum multiplicaveritis orationes, non exaudiam; manus enim
vestre sanguineplene sunt » (4 *. Qui fait orison a Dieu en pechiet mortel, il fait comme cellui
qui requiert l’espee traite et le baston en le main. Mais entre les aultres pechiés, hayne et
rancune empesche plus especialment nostre orison envers Dieu. Car si comme le médecine
ne donne garison tant comme le fer soit en le playe, aussi orison ne pourfite tant que hayne
soit en nostre courage. Ainsi nous apprent nostre boin maistre Jhesucrist, en l’escole de
l’euvangile, Matthei XI : « Cum stabitis ad orandum, dimittite si quid habetis advenus
aliquem » Item Matthei VI° : « Dimitte nobis débita nostra, sicut etc. »
Le tierc empeschement est quant nous ne demandons en foy [fol. 153 v°] ferme et
(1) Matth., xx, 22; Marc, x, 38.
(4) Isaïe, I, 15.
(2) Jean, xvi, 23.
(4) Matth., xi, 25.
(3) Matth., vi, 10.
(6) Matth., vi, 12.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
296 ÉDITH BRAYER
estable, mais de cuer doubtif et variable. Jacobi I : « Postulet autem in fide nichil hesi-
tans » (1) . Augustinus (2) * 4 5 * : « Non hortaretur nos petere, si non vellet dore, etc . ».
Vechi donques comment nostre orison et nostre demande doit estre faitte discrè¬
tement.
Secondement, elle doit estre faitte dévotement. Car si comme le encens ne peut bien
odourer, ne sa fumee en hault monter, s’il n’est ars ou feu, aussy orison ne peut odourer
a Dieu, ne monter ou ciel s’elle n’est embrasee du feu de ardant dévotion. Psalmista :
« DirigcUur , Domine , oratio mea sicut incensum in conspectu tuo » Le fumee de cest
encens ne doit pas demourer en bas sur terre, mais doit monter en hault ou ciel, c’est a dire
que en nostre orison, nous ne devons pas avoir nostre intcncion as choses terriennes, mais
as choses celestiennes. Helas ! ilz sont aucuns qui n’ont orison fors en bouche et non en cuer,
car le cuer est ententif as choses du monde. « Nichil solliciti sitis in oratione . » Philippenses
////o 4) # hem : « Oratio cordis est non labiorum ; neque Deus verba f sed orantis cor aspicit ».
Vechi donques comment nostre demande doit estre faitte dévotement.
Tiercement, elle doit estre faitte perseveramment. Car souvent Dieu différé et attent
a nous donner ce que nous demandons, affin de plus desirer son don et de perseverer en
bien 6) . Augustinus : « Non tibi cito dore ut discas magna magno corde desiderare ». Et
pour ce, nous ne devons pas cesser de orison; mais toudis perseverer et continuer. Car il
promet, en l’euvangile, que, a cellui qui persevere, il donne : « Si quis perseveraverit
pulsans , etc. » Item Jacobi V° : « Multum valet deprecatio justi assidua » (7) . Et apos-
tolus : • Sine intermissione orate »
Mais tu porroies demander comment tu porras continuelement orer sans cesser;
car nature ne peut souffrir ceste continuation, mais le fault souvent cesser d’orison pour
boire, mengier et dormir, et soy occupper en aultre operation.
Je te respons 10 que ceste parole n’est pas si entendue a le lettre que tu ne puisses
bien toy occupper en tes neccessités [fol. 154] et en tes indigences, et plus ou mains selonc
ton estât. Mais quant l’Escripture dist que tu dois aorer sans cesser, c’est a entendre en
tamps et en lieu et es heures ad ce ordonnées par l’Eglise, ut patet in Psalmo : t Sepcies in
die laudem dixi tibi*( ll K Ou selonc l’exposition saint Grégoire : « Toute boine operation,
faitte en l’onneur de Dieu, peut estre en ce lieu appellee orison. Ne cuides tu (12) que donner
ammosne, conseiller les povres et aultres oeuvres virtueuses, ne soit belle orison devant
Dieu? Meismement un boin chevalier ou un boin marchant, en faisant son office justement
et loyalment, fait belle orison a Dieu.
Or t’ay je moustré comment tu dois demander raisonnablement, et comment Dieux
donne a ceulx habondamment qui ainsy demandent.
(1) Ep. 8. Jacques, I, 6.
(2) En marge : Nota.
(8) Ps. CXL, 2.
(4) Philipp., iv, 6.
(5) Peut-être faut-il corriger : « affin de nous
faire plus desirer... et persévérer... ».
(6> Luc, xi, 8.
7) Ep. s. Jacques, v, 16.
8) I Thess., v, 17.
9) En marge : Question.
10) En marge : Solution.
u) Ps. cxvm, 164.
121 En marge : Nota.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
297
Je ay dit secondement que Jhesucrist donne habondamment a ceulx qui ses dons
gardent pourfitablement. Hz sont aulcuns qui des dons et des biens de Dieu abusent et les
perdent folement, et ne scevent ou veulent garder sa grâce divine, mais le perdent * l) par
mortel pechiet. A ceuls ne donne pas Dieu habondamment, mais leur retault hastivement.
Mais a ceuls qui gardent les biens de Dieu en pourfitant de mieulx en mieulx, Dieux donne
habondamment et acroist ses dons de plus en plus.
Veuls tu donques aprendre comment tu peus les dons de Dieu garder pourfitablement?
Tu dois faire comme fait le boin recheveur et le boin serviteur, qui fait le recepte d’aucun
grant seigneur (t) :
1° Tu dois souvent nombrer et compter;
2° Tu dois diligamment escripre et recoler;
3° Tu dois ardamment gaignier et multeplier.
Premiers, tu dois les biens et les dons de Dieu souvent nombrer et compter. Helas!
nous ne pomemes nombrer ne compter souffissamment tous les dons et les bénéfices que
Dieu nous fait. Mais a nostre pooir, chascun jour, nous devons aucunement nombrer et
compter nostre recepte. Car il n’est jour que nous ne rechevons aucunne grâce. Et de ceste
recepte, il nous faulra une fois rendre compte. Car vechi le jour du Jugement qui [fol. 154 v°]
approche, ouquel il tenra sa chambre des comptes. Et la vorra, selonc ce que dist l’euvangile,
compter aveuc ses recepveurs et avoir raison de ses serviteurs : « Veniet , inquit , et ponet
rationem cum servis suis » ' #) . Qui plus ara receu, de plus ara il a rendre compte. Gregorius :
« Cum , inquit , augentur dona, rationes etiam crescunt donorum, etc . ».
Secondement tu dois les dons et les biens de Dieu diligamment escripre et recoler.
Helas! bien devons avoir memore des bénéfices de Dieu, et pour ce les devons nous escripre
ou livre de nostre cuer. Car si comme dist le sage Senecque : t Optima beneficiorum custos
est memoria ». Et pour ce dist il : t Le plus grant ingratitude qui puist estre, c’est de oublier
le don et le bénéfice qui est liberalment donnés. — Ingratissimus omnium , inquit , qui
oblitus est, etc. ».
Tiercement, tu dois les biens et les dons de Dieu ardamment gaignier et multeplier.
Helas! bien devons avoir le cuer ardant de multeplier les biens que Dieu nous a donné.
Car f si comme il appert par le parabole de l’euvangile, se de petit trésor nous faisons grant
gaing, et que nous multeplions au double tant que nous puissons dire comme fist le boin
serviteur : « Domine , duo talenta tradidisti michi ; ecce alia duo superlucratus sum 9 etc . » {4) .
Certainement, Dieu nous guerredonnera plus que a cent mille doubles et nous habandon-
nera son trésor et fera maistres de son hostel; et nous dira comme il fist au boin serviteur
et recheveur : « Serve bone et fidelis 9 etc. » ( # h Vechi donques comment nous devons
garder pourfitablement les dons et les biens que Dieu nous donne. Et se ainsi le faisons.
Dieu nous donra habondamment. Et ad ce propos, dist il en l’euvangile : « Omni habenti
dabitur et habundabit; et qui non habet aufferetur ab eo ». Luce XIX° 6 . Il entend, par
fl) Ms. : prennent. f4) Matth., XXV, 22.
(2) En marge : 1°, 11°, 111°. (5 ’ Matth., xxv, 23.
(3) Matth., xvin, 23. <61 Luc, xix, 26.
Êdith Brayer. 38
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
298 ÉDITH BRAYER
cellui qui riens n'a, qui folement garde; et a cellui on lui oste. Mais a cellui qui bien garde,
on lui donne.
J’ay dit tiercement et finalement que Jhesucrist donne habondammcnt a ceulx qui
rendent gracieusement. Hz sont aulcuns si plains de ingratitude qu’ils ne scevent ou ne
veulent, pour les dons de Dieu, rendre ne grâces, ne [fol. 155) mérités, et ceuls ne sont pas
dignes de don recepvoir, mais d’estre privés de tout bien. Et, de cellui qui peche par telle
ingratitude, dist le Sage qu'il n’est pas digne du pain qu’il mengue. t Peccator, inquit ,
non est dignus pane quo vescitur. » Se tu veuls donques que Dieu te donne et tu ne veuls
cheoir en pechiet de ingratitude, il fault que tu lui rendes don pour don. Car ainsy le dist
il en l'euvangile : t Date, inquit , et dabitur vobis ». Luce VI 0 (1) . « Donnés, dist il, et on
vous donra. »
Mais tu me porroies demander 2) quelle chose tu peus a Dieu donner et quel don tu
lui peus rendre ou rétribuer. Car j’ay dessus dit qu’il n’a besoing de nos biens ne il ne
quiert, ne peut avoir proffit en nos dons.
Ad ce je te respons ^ 3) qu’il ne nous demande riens pour son proffit, mais pour le
nostre. Car en lui donnant, nous nous donnons, et en nous tout le pourfit rechevons et
retenons. Par especial, il nous demande trois choses, lesquelles nous lui devons donner pour
nostre très grant pourfit 4) :
1° Nous devons son nom beneir et saintefier;
2° Nous devons son nom loer et magnifier;
3° Nous devons sa gent secourir et aidier.
Du premier, Psalmus : « Quid rétribuant Dominopro omnibus que retribuit michi ?» (4) .
Sequitur responsio ad propositum : « Nomen Domini invocabo » Bien seroit cellui mal¬
vais soldoiier qui oublieroit le nom de son capitaine. Et pour ce devons nous retenir le nom
de nostre Seigneur et en toutes nos neccessités lui appeller et en tous estas, et de adversité
et de prospérité lui beneir et sainctefier, a l’exemple de Job : « Si bona suscepimus , etc.,
Sit nomen Domini benedictum » Sic docet ante omnia Xpistus in oratione dominica :
« Sanctificetur nomen tuum ». Malthei VI 0 (i) . C’est contre ceuls qui en adversité mur¬
murent sur Dieu, et contre ceuls qui en prospérité oublient Dieu. Non sic vos , etc.
Du second, Psalmus : * Date gloriam laudis ejus » Bien seroit cellui plain de
ingratitude qui ne loeroit et magnifieroit son bienfaitteur et qui ne lui renderoit grâces et
merchis pour son don, a l’exemple de l’apostle : « Gratias ago Deo super inenarrabili dono
ejus ». Il 0 Chorintios IX° (1 ° K
Luc, vi, 38.
(2) En marge : Question.
(3) En marge : Solution.
(4j En marge : Primo, II 0 , 111°.
(5) Ps. cxv, 12.
(8) Ps. cxv, 13 et 17.
(7) Job, il, 10.
(8) Matth., VI, 9.
(9) Ps. LXV, 2.
( i°> II Cor., ix, 15.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
299
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
Du tierc, Matthei XIX 0 : « Da pauperibus et habebis thesaurum in celis 1
[fol. 155 v°] Les gens de Dieu sont les povres. « Quod uni ex minimis meis fecistis, michi
fecistis, i Bien seroit ce!lui deahonnestes qui ne secourroit et aideroit en neccessité le
fil ou le bien especial amy et familier de son seigneur. Hoc dicit de pauperibus .
Hélas! vechi grant libéralité! Pour une povre ammosne, il nous promet grant richesse;
pour un petit don en terre, il promet un grant trésor ou ciel : c’est le trésor de le glore pardu-
rable, laquelle nous veule ottrier Pater et Filius et Spiritus Sanctus. Amen .
P. d’Ailly.
i«qqa vioq h nimsrfs ai miuicm i
aiu'v x. u A4 a^iwa
«•* if,
itndi&ttiï \ fuai bHâtsb nM* m !
(l) Matth., xix, 21.
<2 ’ Matth., xxv, 40. La glose française sur les
gens de Dieu s'appliquerait mieux À cette cita
tion qu'à la précédente.
*8
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
300
ÉDITH BRAYER
7
S’ENSIEUT UN SERMON POUR LE JOUR DE L’ASCENT10N
NOSTRE SEIGNEUR
%
« Assumptus (1) est in celum et sedet ad dexteram Dei. » Scriptum est Marri, ultimo
capitulo, et in ewangelio hodiemo W.
Se nous volons sieuir le chemin et le trache de nostre Sauveur Jhesucrist, et après lui
monter de terre ou ciel, de ceste mortele misere en glore pardurable, il nous fault devant
envoier ung message.
Pour quoy? Pour enseignier le voye, pour moustrer le chemin et pour appareillier
l’ostel.
Et qui sera ce message? Ce sera Devote Orison qui volera de bas en hault, en retrayant
nos cuers des choses mondaines, et les eslevant es choses celestiennes. Car cuer humain,
fichiet en terre par mondain plaisir, est dur et rude et pesant, et ne peut mie legierement
ou ciel monter. Mais Devote Orison, nostre boin message, volera hastivement [foi. 159 v°]
de terre ou ciel par les eles de vraie amour, de ardant désir qu’elle a as choses pardurables
et hurtera diligamment a le porte de paradis par devotes larmes et piteux souspirs. Et
finablement tant fera par sa diligence qu’elle venra jusques au throne de le saincte Trinité.
Helas! mais quant elle considerra sa propre fragilité et le haultesce de le divine majesté,
elle n’osera approchier plus avant, mais retournera humblement par devers le Royne du
ciel, la mere du Roy, le Vierge glorieuse. Et pour empetrer grâce, moyennant Devote
Orison, le saluerons en disant : Ave Maria.
Assumptus est, ut supra.
Ceste parole est escripte en l’euvangile du jour d’uy, lequelle nous recite et afferme
que nostre Sauveur Jhesucrist, après se résurrection apparu entre ses disciples et les
reprist et castia en reprochant leur incrédulité pour tant que n’avoient pas fermement
creu a ceuls qui leur avoient dit et tesmoingniet qu’il avoit volu ressusciter de mort a
vie. Et pour ce, adfin qu’il ostast de leurs cuers tout scrupule et toute doubtance a
son joyeux departement et a sa bien alee, il fist devant eulx ung très grant et merveilleux
miracle, car visiblement il fu eslevés en l’air et glorieusement monta ou ciel. Et quoy
plus pour acroistre le merveille et confermer nostre creanche? Ceste glorieuse ascension
fu faitte et demoustree non mie secrètement ne celeement, mais publiquement et notoi¬
rement, veans ses apostles et ses disciples, presens aveuc eulx pluiseurs aultres, si comme
. il est escript en l’epistle qui présentement a esté lute en nostre mere saincte Eglise :
« Videntibus illis, inquit, elevatus est, etc. » Scribitur Actuum 1°
« Fol. 159. Act. ap. # i, 9.
(2) Marc, xvi, 19.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 301
Et c'est le sentence de le parole proposée, Assumptus est, qui peut estre ainsi exposee:
Jhesucrist, c’est chose notore,
Est huy montés ou ciel en glore.
Ou par ceste maniéré :
Jhesus est montés en hault lieu
Et siet a le dextre de Dieu.
Pour lequelle parole a nostre propos appiicquier, il est assavoir que nostre Sauveur
Jhesucrist, par se glorieuse ascension, fu cause a son peuple xpistien de joie et [fol. 160]
de exultation, et par especial pour trois choses : prumiers, par ce fu nostre foy xpistienne
notoirement confermee; secondement, par ce fu certaine esperance gracieusement donnée;
tiercement, par ce fu vraye carité benignement demoustree. Et pour ce, de ceste ascension
avoit dit le saint prophète qu’elle seroit cause de nouvelle joie et de joieuse liesce : « Ascen-
dit, inquit, Deus in jubilo et Dominus in voce tube », in Psalmo (1) .
Première considération : Foi
O! peuple xpistien, or oy et enteng premièrement comment, au jour d’uy, nostre
foy fu notorement confermee; et par especial, roys, prinches et chevaliers, asquels est
de Dieu commise le espee pour deffendre le foy xpistienne, oés et entendés! Oés des
oreilles du corpz et entendés des oreilles du cuer. Oés diligamment le parole proposée,
et entendés dévotement le mistere d’icelle, et considérés parfondement comment, pour
confermer le foy xpistienne, au jour d'uy fu hors cachie toute scrupuleuse doubtance,
quant sensiblement et en appert, veant grant multitude de gens, nostre Sires Jhesucrist
est montés ou ciel. Lors fu bien tristresce muee en joie, doleur en liesce, mescreanche
en crédulité, doubtance en certaineté. Car les apostles, au jour de la passion, eurent grant
tristresce, et doleur, et en le foy doubterent. Mais après, au jour de le résurrection, eurent
consolation; et depuis, petit a petit, furent en le foy confermés, en ce que nostre Sires
Jhesucrist conversa aveuc eulx par .XL. jours, et se demoustra en pluiseurs maniérés.
Mais finablement, comme j’ay dessus dit, en ce jour de l’ascension, ilz eurent de
le foy confirmation publicque et notoire. Et ce estoit bien chose raisonnable que si comme
par dolereuse passion avoit esté moustree le humiliation de son humanité, aussi en sa
joyeuse résurrection et glorieuse ascension, fust manifestée le exaltation de se divinité
et de se divine majesté. Et ce fu au jour d’uy fait quant par lui fu acomplie le parole dessus
proposée : Assumptus est in celum .
Jhesucrist, c’est cose notoire,
Est huy montés ou ciel en glore.
Qui sera donques le xpistien [fol. 160 v°], s’il n’est plus obstinés et pires que Juys,
qui d’or en avant en sa foy doubtera, et qui a son pooir contre les mescreans ne le deffen-
dera, quant elle est ainsi manifestement confermee et véritablement tesmoingnie et approu-
(1) Ps. xlvi, 6.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
302 ÉDITH BRAYER
vee par ceuls qui notorcment a l’oeil et qui constamment l’ont affermée jusque» a le
mort?
Mais ce non obstant, o merveilleuse et misérable chose a dire, ilz sont au jour d’uy
pluiseurs xpistiens et meismement roys, prinches et chevaliers qui ne samblent pas avoir
ferme foy, mais doubtance et incrédulité, et vechi comment (2) .
S’il avoient ferme foy, soufferroient il que le science de le foy et de le loy xpistienne,
c’est assavoir le saincte Escripture et le saincte théologie, qui est science divine, fust,
entre les xpistiens, mains prisie que le science humaine et le loy mondaine? — et mains
honnouree que n’est le loy Moyse, entre les Juys, et le loy Mahommet entre les Sarrasins?
S’il avoient ferme foy, soufferoient il en leurs terres et en leurs seignouries, et aucunnes
fois en leurs présences, dire paroles de blasphémé contre Dieu, contre sa loy et contre
se saincte Escripture?
S'il avoient ferme foy, feroient ilz leurs loys et leurs commandemens rigoreuse-
ment garder et executer, et le loy de Dieu et ses commandemens lairoient negligamment
casser et despiter? Feroient ilz un fauls monnoyer boulir et crueusement morir pour
fausser leur monnoye, et lairoient un fauls xpistien vivre sans pugnir pour jurer et se
parjurer (#) , et renyer Dieu et son glorieux nom et malgrier les sains?
S’il avoient ferme foy, feroient il guerre les uns as aultres, xpistiens contre aultres
xpistiens, et lairoient en paix les Juys, les Sarrasins et les aultres mescreans, qui sont
anemis de le foy xpistienne? Leur lairoient il les xpistiens tenir en subjection et servage,
et avoir le possession de le Terre Saincte, de le terre ou nostre Seigneur Jhesucrist fu nés
et nourris, de la terre ou il souffry mort et passion, par lequelle il nous accata et [fol. 161]
acquist par son précieux sang; de la terre ou il publia sa loy, de la terre ou il ressuscita,
et dont il monta ou ciel?
S’il avoient ferme foy, lairoient il entre les xpistiens vivre les fauls Juys qui cruce-
fierent et mirent a mort Celluy par qui nous avons vie?
S’il avoient ferme foy, lairoient il tant durer ce misérable scisme et scismatique
division, qui ja par long tempz a persévéré en nostre mere saincte Eglise, sans y mettre
convenable provision? — Lequelle chose est a le grant confusion de tous xpistiens, et
a le grant exultation des Juis, des Sarrasins et de tous mescreans.
Certainement, il samble que, se ferme foy estoit en leurs cuers, il ne soufferroient
point les choses dessus dittes.
Helas! très noble roy de Franche, qui par singulere excellence estes nommés roy
très xpistien, lequel nom vos prédécesseurs ont acquis par ferme foy qu’ilz ont toujours
amee, deffendue et gardee, adfin que vous ne perdés ce glorieux nom, ne souffrés pas les
choses dessus dittes estre en vostre royalme. Mais en moustrant que vous amés Dieu et
que vous avés en lui ferme foy.
Amés et honnourés la science divine. Ne souffrés dire blasphémé contre Dieu ne
contre le saincte Escripture. Gardés et faittes garder en vostre royalme les divins comman¬
demens, comme vous volés que on garde les vostres. Faittes paix as xpistiens et guerre
(l) Texte du ms. Peut-être corriger : «par
ceuls qui l’ont veue notorement a l’œil ».
(,) En marge : Nota.
(3) Ms. : pour jurer et/et parjurer.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
303
as mescreans. Et mettés paine de mettre le Terre Saincte hors de viilain servage. Boutés
hors les faulx Juys de vostre noble royalme, et ne souffrés pas, pour ung pau de proufit
temporel, qu’il vous fâchent très grant espirituel dommage.
Finablement, appaisiés le scisme et procurés concorde et union a saincte Eglise, car,
sur tous aultres, a vous appartient cest office. Et certainement, se ainsi le faittes, je vous
afferme et asseure que par ccste voie (l) vous arés honneur, loenge et glore, non pas seule¬
ment mondaine et temporele, mais esperituele [fol. 161 v°] et celestienne. Par ceste voie
vous monterés après Jhesucrist de terre ou ciel, et de ceste mortele misere en glore pardu-
rable. Par ceste voie, vous ensieurrés le chemin et le trache de cellui de qui est ditte le
parole dessus proposée, Assumptus est in celum
Jhesucrist, c’est cose notore.
Est huy montés es cieulx en glore.
Deuxième considération : Espérance
O! peuple xpistien, tu as oy comment, au jour d’uy, nostre foy xpistienne fu noto-
rement confermee. Mais or oy et enteng comment aussi, au jour d’uy, certaine esperance
nous fu gracieusement donnée. Et vechi comment.
Nostre Sauveur Jhesucrist, si comme il meismes tesmoingne en le saincte euvan-
gile est huy montés ou ciel pour nous appareillier nostre lieu et nostre ostel. t Vado ,
inquit , vobis parare locum. » Johannis XIIII 0 (l) .
O ! très douls Jhesucrist, qui porra estimer le benigne grâce et gracieuse miséricorde
que au jour d’uy as moustré a ta povre et misérable créature? Qui sera le xpistien, tant
ait souvent pechiet, tant griefmcnt erré, tant ait longuement en mal persévéré, qui de
son sauvement se desesperra, et qui en toy certaine esperance n’ara, quant tu vas devant
lui pour lui appareillier son lieu et son ostel, et le appelles a toy pour toy ensieuir et monter
après toy de terre ou ciel, et de ccste mortele misere en glore pardurable?
Certes, tout boin xpistien, en ayant memore de ceste grâce doit a grant joye et a
grant liesce oir le parole dessus proposée, Assumptus etc. Et a tant je me passe de le
II e partie de nostre sermon, pour cause de briefté, et vieng a le tierce.
Troisième considération : Charité
O! peuple xpistien, tu as donques briefment oy comment, au jour d’uy certaine
esperance nous fu gracieusement donnée. Mais or oy et enteng finablement comment aussi
vraie carité fu benignement demoustree. Certes, je ne porroie souffissamment dire ne
reciter le vraie amour et carité que nostre Sauveur Jhesucrist a au jour d’uy moustree.
Mais touteffois je puis bien dire, selon l’Escripture, que en se glorieuse ascen- [fol. 162] -
sion, il nous a moustré amour et carité par especial en trois maniérés :
(1) Ms. : vie; la correction est suggérée par (2) Jean, xiv, 2.
les deux phrases suivantes.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
304
ÉDITH B RAYER
En nou9 donnant doctrine et enseignement
En nous donnant courage et hardement
En nous donnant forche et soustenement.
Premiers, par se glorieuse ascension, il nous a donné doctrine et enseignement,
car il est montés ou ciel pour nous adrechier, et le chemin moustrer et enseignier. « Atten¬
dit iter pandens ante eos », Michee 11° (1) * * . Il est certain que, par avant, on ne sçavoit
le chemin de la voie d’aler en paradis. Car onques créature humaine, devant lui, n’y avoit
monté. Mais il le nous a enseigniet et moustré, tant par doctrine comme par exemple,
juxta illud prophète : « Notas , inquit, michi fecisti vias vite », in Psalmo
Secondement, par se glorieuse ascension, il nous a donné courage et hardement,
car le voie de paradis nou9 est doubteuse et espoentable pour ce qu’elle est estroite et
dure, dicente Xpisto : t Ar[c]ta est via que ducit ad vitam » (8) . Pour ce dont que ceste
voie est estroite et dure, et qu’elle est plaine de misere et adversité, adiin de donner cou¬
rage et hardement a nostre paour et a nostre doubtance, il est passés le premier et alé devant
comme boin et hardi prinche doit faire devant sa gent. Et ainsi le firent, selonc les hystores,
les boins prinches des Juys, Judas Machabeus, sicut legitur 1° Macchab. (4) Il° c°
et Cathon le noble rommain, sicut récitât Lucanus; et aussi Jule César le vaillant empe¬
reur, sicut narrat Seutonius de .XII. Cesaribus, lib° 1°.
Tiercement Jhesucrist, par se glorieuse ascension, nous a donné force et souste¬
nement, car il est devant montés pour aidier et supporter nostre foiblesce comme le plus
fort des pèlerins seult monter devant les aultres, quant ilz sont foibles ou traveillié9, et
les tirer par le main, ou aulcune fois les porter entre ses bras. « Ego, inquit , quasi nutri -
dus Effraym in brachiis meis portavi eos. » Ozee XI 0 Et pour ce nous lui devons
humblement suppli- [fol. 162 v°]- er qu’il nous tende le main et estende les bra9 pour
nous tirer amont ou ciel, et geter hors du péril d’infer. Si comme dist Salomon, in Can.
1° c° : « Trahe me post te; in odore unguentorum tuorum currimus » (7) .
Vechi dont très fructueuse ascension et par qui nou9 a esté demoustré grant amour
et grant dilection, pour lequelle nous devons au jour d’uy a grant joye et a grant liesce
oir le parole dessus proposée : Assumptus est, etc.
Jhesus est montés en hault lieu
Et siet a le dextre de Dieu.
Et a tant je me passe de ceste tierce partie.
DEUXIÈME DÉVELOPPEMENT
J’ay dit, donques, et aucunement moustré et declairiet comment, au jour d’uy,
nostre foy xpistienne fu notorement confermee; comment, au jour d’uy, certaine espé¬
rance nous fu gracieusement donnée; et comment, au jour d’uy, vraie carité fu benigne-
(1) Michée, il, 13.
{2) P», xv, 11.
(8) Matth., vu, 14.
(4) Ms. : Mathei.
(5) I Macchab., il.
(6) Osée, xi, 3.
(7) Can tic., I, 3.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
305
ment demoustree. Ce sont les trois causes pour lesquelles, si comme j’ay dit, tout le peuple
xpistien doit avoir, au jour d’uy, nouvelle joye et joieuse liesce. Ce sont les trois princi-
paulx dons des trois principaulx vertus, c’est assavoir foy, esperance et carité, lesquelles
nostre Seigneur Jhesucrist, par se glorieuse ascension, au jour d’uy, donna a créature
humaine, si comme le saint prophète tesmoingne : « Attende ns , inquit, in altum, dédit
dona hominibus • (1) .
Ce sont comme trois degrés de l’eschielle par lequelle on monte de terre ou ciel,
qui fu en vision moustree au saint patriarche Jacob, sicut habetur Gen. XXVIII 0 capi -
tulo < 2) . Ce sont comme trois chevaulx qui l’omme juste trayent amont de bas en hault,
si comme nous avons en figure du saint prophète Helye, IIII 0 Regum //° 3) .
Ce sont comme les trois journées qui mainnent a le montaingne de Dieu, c’est assa¬
voir a le glore de paradis, desquelles en figure nous avons en le saincte Escripture, Exodi
111° ( 4 ) # c e 8ont donques les trois voyes par lesquelles poons monter après cellui de qui
est ditte le parole dessus proposée Assumptus est, etc .
Trois vertus k pratiquer
Pour laquelle parole aucunement applicquier a l’édification de nostre sauvement,
il est assavoir que tout bon xpistien, et par especial roy [fol. 163], prinche ou chevalier,
qui veult en hault monter et vraie honneur acquérir en ensieuant Jhesucrist, son Sei¬
gneur souverain, doit en especial avoir trois vertus qui en lui furent très excellamment :
La première est virtueuse noblesce
La seconde est plentiveuse larguesce
La tierce est amoureuse proesce.
Jl. Vertueuse noblesse
N’avoit pas Jhesucrist vertueuse noblesce, quant il estoit filz de Dieu, selon le divi¬
nité, et filz du roy David, selonc le humanité? Et ceste nobleche estoit pure et nette de
tous vices et aomee de toutes vertus, et par especial de le noble vertu d’umilité qui sur
toutes aultres fait monter en haulte majesté, Xpisto dicente : Qui se humiliât exalta -
bitur
N’avoit il pas aussi plentiveuse larguesce, quant il donna, au jour d’uy, très pré¬
cieux et excellens dons a créature humaine, si comme j'ay dessus dit et dedairiet, juxta
illud : « Dédit dona hominibus » * ] ?
Ne avoit il pas, derechief, amoureuse proesce, quant, pour l’amour de son peuple,
il souffiry mort et passion, ipse enim pro peccatis nostris mortuus est (7) ?
Je dy donques, que a l’exemple de Jhesucrist, nostre souverain Seigneur, tout boin
a
(l) Ephcs., iv, 8; Ps. lxvii, 19. (6) Luc, xiv, 11; xviii, 14.
Gen., xxvni, 10-17. (6) Ephes., iv, 8; Ps. lxvii, 19.
{,) Vulgate : IV Rois, n. (7) I Cor., xv, 3.
U) Exode, m.
Édith Brayer. 39
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
306
ÉDITH BRAYER
xpistien, et par especial roy, prinche ou chevalier, qui veult en hault monter et vraye
honneur acquérir, doit avoir les trois vertus dessus dittes.
Et premiers (1) , vertueuse noblesce, car vraie vertu est fondement de vraie noblesce,
par lequelle on peut monter a vraye honneur, tant envers Dieu comme envers le monde.
En tant que nous lisons es Escriptures que pluiseurs qui estoient de petit estât et de povre
nativité, par leur vertu ont acquis noblesce et sont montés en haulte honneur. N’avons
nous pas, en le sainte Escripture, de David qui de povre pasteur, par sa vertu, fu fais
roy des Juys? Ne lisons nous pas samblablement, es hystoires des Rommains, d'un qui
fu nommés Tullius Hostilius, qui de povre laboureur, par sa vertu, fu fais empereur de
Romme? Et ainsi de pluiseurs aultres. Certes grant loenge est a un povre homme soy
faire no*[fol. 163 v°]- ble par sa vertu; et grant diffame a ung qui est noble de nativité
soy faire villain par son vice. Unde egregie dictum est : « Nobilitas sola est animi que
moribus ornatur. »
2. Abondante largesse
Je dy secondement * que le roy, prinche ou chevalier qui veult en hault monter
et vraie honneur acquérir, doit avoir plentiveuse larguesce sans excès et sans oultrage.
Et de ce disoit Augustus César : • Ma bénignité, disoit il, et ma libéralité me donne et baille
glore et loenge celeste. » Et pour ce, les payens et leurs poetes deifioient aucuns hommes
après leur mort et les appelaient leurs dieux pour le larguesce et habondance des biens
qu’ilz se reputoient recepvoir d’iceulx. Et pour ce, leur souverain seigneur ilz nommoient
Jupiter, quasi juvans pater . Jupiter valoit autant a dire comme le pere faisant ayde, et
ainsi le nommoient pour le plentiveuse larguesce des biens qu’ilz cuidoient venir de lui.
3. Amoureuse prouesse
Je dy tiercement que un roy, prinche ou chevalier qui veult en hault monter, et
vraie honneur acquérir, doit avoir amoureuse proesce, c’est a dire qu’il doit exposer sa
forche et sa poissance et moustrer sa proesce et sa hardiesce pour l’amour de son pays
et de son peuple. Et de ce avons nous innumerables exemples, tant en le saincte Escrip¬
ture comme es hystores des Grès et des Rommains. Certes, tant comme le monde durra,
il sera memore de Mathathias, de Judas Machabeus et de ses freres, de Charlemaine le
Grant, et des aultres preux, pour ce que leur peuple ilz amerent, et par leur proesce amou¬
reusement le deffendirent. Et par le contraire, les malvais prinches, comme Néron et
Denis le tyrant, et aultres pluiseurs, seront en pardurable hayne et deshonneur envers
Dieu et envers le monde. Vechi donques les trois vertus par lesquelles roy, prinche ou
chevalier peut monter en hault et acquérir honneur; et a ces trois vertus avoir se doit
chascuns efforchier, qui veult en hault monter et [fol. 164] honneur acquérir. Car, si
comme dist Salustes, et expérience le tesmoigne, tous hommes désirent glore et honneur,
aussi bien les boins comme les malvais, mais c’est par diverses maniérés. Car le bon le
1 En marge : Nota de noblesce.
(,) En marge : De larguesce.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
307
quiert par boines voyes et honnestes, comme sont les trois devant dittes. Et le malvais
le cuide avoir par malvais art, comme par tyrannie ou aultrement; mais c’est pour nient,
car pour honneur il acquiert honte, pour glore difiame. Et quant il cuide monter, il descend
de hault en bas temporelement et espirituelement.
T ,
Trois vices a fuir
Helas! je doubte que ainsi ne soit il au jour d’uy de pluiseurs qui laissent les vertus
dessus dittes et prendent les vices contraires. Vechi comment :
1° Pour noblesce virtueuse, ilz prendent orguilleuse presumption.
2° Pour larguesce plentiveuse, ilz prendent convoiteuse ambition.
3° Pour proesce paisible et amoureuse, ilz prendent rihoteuse contention, guerre,
discorde et division.
1. Présumption
Premièrement, j’ay dit qu’il sont pluiseurs qui pour noblesce vertueuse prendent
orguilleuse presumption (1) . Ce sont ceulx qui en fait et en parole, en habit et en maniéré,
en vesture et en cauchure, et en toutes choses, sont singulers et excessis, oultrecuidiés
et oultrageux. Et par ce cuident surmonter les aultres et mieulx valoir de tous. Et qui
plus est, aucunne fois sont si aveulés par orguilleuse presumption qu’ilz oublient leur
nature et leur condition, et ne se reputent pas hommes; et les appellent villains chiens
mastins. O! très glorieuse presumption, trop es aveulee! Certes, la mort te mousterra
ton erreur et ta folie, et te fera sçavoir que tu es, que tu vauls et que tu peus. Aristotes
recite ou VII e de Etiques que Priamus looit moult son fil Hector, et par orgueil ne lui
sambloit pas qu’il fust fil d’omme mortel, ains de dieu; mais Acilles, quant il le mist a
mort, lui moustra bien qu’il estoit homme. Senecque recite aussi de Alixandre que une
fois il fu playés en bataille et lors il va dire que ses hommes [fol. 164 v°] disoient qu’il
estoit filz de Dieu; mais se playe moustra que non estoit. Samblablement sera il des fols
cuideriaux avulés par orguilleuse presumption; car le mort leur moustrera et fera recon-
gnoistre leur nature et leur condition. Helas! lors apparra il bien que par ceste maniéré
on ne monte pas de bas en hault, ne acquiert vraie honneur; mais on cuide sourmonter
les aultres et on trébuché de hault en bas et acquiert on deshonneur et difiame. Ne lisons
nous pas, en le saincte Escripture, que Lucifer, par se orguilleuse presumption, trébucha
de hault en bas, du ciel en terre et de paradis en infer? Certes, ainsi sera il des orguilleux
qui sont menistres de Lucifer. Et pour ce nous aprent Jhesucrist que nous soyons humbles,
se nous volons en hault monter. Qui se, inquit , humiliât , exaltabitur (1) .
2. Ambition
Secondement (,) , j’ay dit qu’il sont pluiseurs qui, pour larguesce plentiveuse, pren¬
dent convoiteuse ambition. Ce sont ceulx qui tant ayment et convoitent les pourfis et les
(1) En marge : Nota de presumption. En marge : Nota de ambition.
(,ï Luc, xiv, 11; xviii, 14.
39.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
308
ÉDITH BRAYER
richesses de ce monde et quil n’ont vraye amour ne a Dieu ne a homme, ne a seigneur
ne a subget, ne au bien commun ne a le chose publicque. Et par ce cuident en hault monter
et a honneur venir; mais souvent il descendent si bas et viennent a tel deshonneur et a
si grant confusion qu’il doivent estre a tous exemple de fuir convoitise et ambition. Helas!
les nobles Rommains ne acquirent pas honneur par ceste maniéré, mais par hair convoi¬
tise et amer le chose publicque. Car, si comme dist Salustes en le personne de Cathon :
« Les anchiens Rommains avoient plus grant désir et diligence que le bien commun fust
riche que leur bien propre. » Et quant ilz ont fait le contraire ilz sont venus du hault en
bas. Et ad ce propos recite Valerius Maximus (1) d'un consul de Romme qui ot a nom
Paulus, lequel avoit telement enrichi le chose publicque que le peuple de Romme, qui
par avant paioit [fol. 165] treuagc fu lors par lui mis en liberté et en franchise. Et toutef¬
ois sa maison et son héritage ne fu point plus riche, car il lui souffissoit très bien que
de ses victores les aultres euissent le pourfit et le richesse, et qu’il en euist l’onneur et
la glore.
O! convoiteuse ambition, tu ne peus ceste honneur acquérir ne a ceste glore mon¬
ter! Car tu es celle qui tant tires a ton pourfit singuler que tu destruis le bien commun
et le chose publicque, et fais les cités et les royalmes povres pour toy enrichir. Contre
ce vice parole notablement Valerius en disant : « Les maisons privées, et le cité, et le
royalme, ara legierement longue duree ou convoitise de luxure et de richesse a forche
et domination. Toute chose publicque vient tantost a fin et a perdition. • Et est a noter
et considérer que, en ceste parole, convoitise de luxure et de richesse sont ensamble
nommées, pour ce qu'elles sont prochaines et voisines; car souvent on convoite exces¬
sives richesses pour avoir luxurieuses delices. Et ces deux vices sont souvent cause de
faire males euvres, violentes dissensions et divisions es cités et es royalmes, par quoy ilz
sont destruis et désolés. Et ce apparut bien en Troyes le grant et en Athènes, et finable-
ment es Rommains.
3. Guerre
Tiercement j’ay dit, et finablement, qu’il sont pluiseurs qui, pour proesce paisible
et amoureuse, prendent rioteuse contention. Ce sont ceuls qui désirent et conseillent la
rihote et la guerre, non pas par proesce ne par vaillandise, ne par amour qu’il ayent a
le chose publicque, car quant venroient (2) a le bataille, espoir qu’ilz seroient pre¬
miers a le fuite ; mais par orgueil et par convoitise pour tenir les grans estas et pour acquérir
les grans richesses ou préjudice des grans seigneurs et de leurs povres subgés. Et par
ce, il appert que ceste rihoteuse contention est nee et procréé des deux vices dessus dis,
et est le très laide et très horrible fille de orguilleuse presumption et de convoiteuse ambi¬
tion; et pour ce, elle acorde a villanie naissance, ne par lui on ne [fol. 165 v°] peut en
hault monter ne honneur acquérir.
O! rihoteuse contention, par toy chey de hault en bas Roboam, fils du roy Sale-
mon, qui après son pere de voit regner ou royalme d'Israël! Mais il perdi honteusement
(1) Valère-Maxime, L IV, chap. III, 8.
(2i Ms. : venroit.
131 Ms. : seroit.
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
309
le» .X. parties de son royalme et de son peuple pour ce qu’il ne tint pas le conseil des
sages anchiens, mais des jones oultrecuidiés qui par orgueil et par convoitise lui conseil¬
lèrent la rihote et la guerre, sicut plenius legitur , tercii Regum XII 0 c° (1) .
Helas! très noble roy de Franche, et tous aultres prinches nobles et vaiilans cheva¬
liers, prenés yci exemple, et fuyés orguilleuse presumption! Fuyés convoiteuse ambition!
Fuyés rihoteuse contention, guerre, discorde et division! Fuyés ces trois vices, et ayés
les trois vertus contraires! Ayés noblesce virtueuse. Ayés larguesce plentiveuse. Ayés
proesce paisible et amoureuse. Car par ce porrés vous en hault monter et vraye honneur
acquérir; et finablement, apres Jhesucrist, monter de terre ou ciel, et de ceste mortele
misère en glore pardurable, quod ipse prestare dignetur qui vivit et régnât in secula secu -
lorum. Amen.
P. d’Ailly.
yih* : imsibao iffwnikwfal I* la/àiyiù fr b bti incbulsi al auoa f n uoq l3 .yjdh
<>.■ ■■ 4*iu! - • ul» <•*. i» •’! tià Isa ««uO
11 fei 4 k i • aaM M i aQ r ±g. c vJfcj i r.
•ausii i« «BUfOiq nteus a vjûipiiqqa aluiaq p*l iüoI
hij> *»^«xv *»l H nJrfarn ÉkflM MNMmmII lotie! iftirn l t99tfl<|hBfe3 ssisahi n
uihnxfab te mp îmn3; e tel) .si huiq y laiyûcyYC bJnanr attioJ koq ts fsoa
-ê U Mhuv u*oq abâiom uâ éütfri Xeit* D S* »£>ob Jn*i , al ^*3 Jaâ* ub
Ui isurtissw 3W bs W itist ttos wn ► .rûn^aioa
uoifün snhloob a iup rrtj£ J3t iiStha ^ VA u ;\ jvaÀoY • uUUirwi
«ml t.W&T WU( 4ia>i;.<th «i .•*-«.( uy. p4tthb>(»H <4 «.**3 JamiitMbts
ftMflueu h ->ûi^bqiuir> î 4W) ' ; iurm nbnom *1 siurrxut as mcq la isiiduq
u?œs «sm; m%n<no n\ » : Ua auilqraa utdiuÿ ah •aalqbstb aai 1» ajilsoqa aal aluo* » ooa a
taimnln? abaorn al a iup n «hp a *iipiv itk' r L ni .)h tssot
s! taq ânhjoofcna abnon al a ûrp unloob y u ifao ia©*3 ;-uuif>ob sur? as ab taab ai iaq
-utu>A ms fca Mçaua [ • t. 1 } wvi * «a iL îi*. *
r: r . u \ cumcfoY t wuhsttw ni ailw ïsw hm
,akUnfb ut daatbft al ukj la j^nnûif aiaà sa a&ç «ohfrvn ai JesSado. ma sa xâM . ra
«•aï «itm n-n ana(|mt
Ufoq Ham al a «oipi>( i» tmk Éuum tawtaii a f uwr p q sa .Tiaunai strrr a t h aar!
palgissili xnj»uiiMq6 rat Mum atmo luoq j 3 . abosupi 1* lai.sgmm i.:»/
n n baa q nttia a l s y te , •jiaBnrl wf ferms w >»tfèa| *r> te** .*»
" M w r $w\ja , w
c,) Vulgate : III Rois, xii, 10-14.
re par r —- ffl HBt **"
uV la h 111
Jtbmtlu
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
310
ÉDITH B RAYER
oc
SERMON POUR LE JOUR DE PENTHECOUSTE
«///e 1} vos docebit omnia. » Scribitur Johannis IX 0 c° et in ewangelio hodierno (2) .
Pour impetrer le grâce du Saint Esperit, de qui nous faisons, au jour d’uy, feste
et 1res especial solempnité 3) , et, se Dieu plaist, en très especial dévotion, nous devons
maintenant très especialment et dévotement retourner par devers le Vierge glorieuse
en qui le Saint Esperit habite, et qui est de sa grâce plaine et de tous ses dons treso-
riere. Et pour ce, nous le saluerons très dévotement et humblement endisant : Ave
Maria .
c Ille vos docebit omnia », ut supra .
Ceste parole est escripte en l’euvangile du jour d’uy, qui maintenant a esté recitee,
et peut ainsy estre exposee en nostre langage commun :
Le Saint Esperit descendent
Qui tout bien vous enseignera.
Pour lequelle parole appliquier a nostre propos, il est assavoir que si comme nous lisons
es sainctes Escrip turcs, nostre Sires Jhesucrist est le boin maistre et le vray docteur qui
scet et peut toute vérité enseignier et apprendre. C’est le grant maistre qui est descendus
du ciel. C’est le grant docteur qui est nés en terre et est venus au monde pour vérité tes-
moingnier. « Ego, inquit , in hoc notas sum et ad hoc veni in mundum, ut testimonium
perhibeam veritati . » Johannis XVIII 0 l4) . C’est cellui maistre qui a doctrine enlumi¬
nant et lumière endoctrinant. C’est le vray docteur qui pour sa doctrine par toute terre
publier et pour sa lumière par le monde multeplier appella en se compaignie et assambla
a son escole les apostles et les disciples, de quibus scriptum est : « In omnem terram exivit
sonus eorum , etc . », in Psalmo C’est donques cellui maistre qui a le monde enluminé
par le clarté de se vraie doctrine; c’est celluy docteur qui a le monde endoctriné par le
clarté de se vraye lumière, t ErcU enim lux [fol. 171 v°] vera que illuminât omnem homi-
nem venientem in hune mundum . » Johannis 1° (4) .
Mais ce non obstant, le monde, par se foie ignorance et par le fallace du dyable,
fu moult repugnans et contraires a ce vray maistre et a ce vray docteur, a sa vraye doc¬
trine et a se vraie lumière, et persécuta Jhesucrist moult fort et jusques a le mort pour
vérité enseignier et fausseté reprendre. Et pour ceste cause, ses apostles et ses disciples
qui ceste persécution en partie sentirent par vraie expérience, et ceste mort et passion
<*> Fol. 171.
(t) Jean, xiv, 26.
(3) Ms. : feste, et solempnité, et très especial
solempnité.
< 4 > Jean, xvm, 37
,5) Ps. xvm, 5.
(6) Jean, l, 9.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
%
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 311
par avant congnurent par se saincte Escripture, avoient bien, en ce, raatere de désolation
et occasion de tristresce.
Helas! (1) ce n’estoit pas merveille se cuer de disciple amoureux avoit tristresce e»
doleur en si dure départie de 9on maistre et de son docteur. Et pour ce, le douls Jhesu-
crist en l’euvangile du jour d’huy, resconfortoit ses apostles et resjoissoit ses disciples,
en promettant que quant il departiroit d’eulx corporelement, après il seroit avecq eulx
espirituelement. Car apres ce que il seroit ressuscités de mort a vie, et qu’il seroit montés
ou ciel en glore, il envoieroit le Saint Esperit en terre, qui de tout mal les garderoit et
conforteroit en toute adversité, et comme très excellent maistre et souverain docteur en
tout bien les enseignerait et confermeroit en toute vérité. Et c’est cils qui promist et
afferma en disant le parole que j’ay dessus proposée : « Ille vos, etc. »
Le Saint Esperit descendent
Qui tout bien vous enseignera.
En lequelle parole, a le loenge de ce benoit Saint Esperit, qui au jour d’uy vient
pour estre maistre et docteur des disciples de Jhesucrist, nous poons trois choses noter
et considérer qui nous doivent a son escole attraire et endiner.
Car premiers, se maistrise est grande et singulere
quia ille docebit
Secondement son escole est commune et planiere
Quia docebit vos
Tercio, sa doctriae est parfaitte et entière
Quia docebit omnia.
Pour ce que sa maistrise est grande et singulière,
elle doit estre sur toutes honneree.
Pour ce que son escole [fol. 172] est commune et pleniere,
elle doit estre sur toutes desiree.
Pour ce que sa doctrine est parfaitte et entière,
elle doit estre sur toutes approuvée.
Première considération
Je ay donques dit, premièrementque le maistrise du Saint Esperit est grande et singu¬
lière, et pour ce elle doit estre sur toutes honnouree. Pour quoy il est assavoir que. non
obstant qu’ilx soient pluiseurs maistres en diverses doctrines et pluiseurs docteurs en
diverses sciences, touteffois le Saint Esperit est sur tous aultres très excellent maistre et
souverain docteur. Car si comme dist saint Gregore en l’omelie du jour d’uy, « s’il n’est
presens ou cuer des oans, riens ne vault le parole des aultres docteurs; et se il n’enseigne
le cuer par dedens, le langue des aultres docteurs en vain labeure par dehors » W. Et pour
ce dist saint Augustin que ja soit che que les aultres maistres nous aydent à apprendre
pour le doctrine de leur voix et de leur parole par dehors prononchie, touteffois cellui
M En marge : Glose, *** S. Grégoire, XL Homil. in Evang.,
En marge : Du premier point, n° xxx; P. L. t t. LXXVI, col. 1220 et suiv.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
312
IA il
ÉDITH BRAYER
1*λni
maistre a se chayere ou ciel qui enseigne les cuers. Le Saint Esperit, donques, est le grant
et singuler maistre qui tient ou ciel son siégé et sa chayere. C’est le docteur qui, pour
moustrer sa grande et singulere maistrise, au jour d’uy descendi du ciel en terre, et appa¬
rut visiblement sur les apostles et ses disciples en espece de feu, en segnefiant qu’il embra-
seroit les cuers des hommes par le feu de ardant carité. Il apparu en samblance de langues,
en segnefiance que il enseigneroit les langues de ses apostles et disciples pour preschier
se vraye doctrine et publier parfaitte vérité. Il apparut en faisant ung soubdain et mer¬
veilleux son, en segnefiance que par le hault son de prédication, il rempliroit soubdai-
lement et merveilleusement tout le monde et toute la terre de sa grant vertu et de sa
grant bonté. Unde scriptum est : t Spiritus Domini replevit orbem terrarum. » Sapien -
tie , 7° W.
Or est bien donques apparue le maistrise du Saint Esperit. Car par se maistrise,
il a aprins les ignorans, endoctriné les rudes et enseigniet les ydiotes
Il a aprins les entendemens des ignorans
en donnant vraie sapience
Il a endoctriné les engiens des [fol. 172 v°] rudes
en donnant soubtil congnissance
Il a enseigniet les langues des ydiotes
en donnant parfaitte éloquence.
Mais or oés encore comment il a moustré souveraine maistrise :
Il a fait d’un povre pescheur
le souverain pasteur
de se sainte Eglise (,î
Il a fait d’un publicque pecheur
son euvangeliste et autentique docteur
de se saincte Escripture (s)
Il a fait de son plus grant persécuteur
le plus grant prescheur
de se saincte doctrine
Vechi donques comment le maistrise du Saint Esperit est grande et singulere; et
pour ce, elle doit estre sur toutes honnouree. Et pour tant de lui peut estre ditte le parole
dessus proposée : Ille vos docebit.
n
I.ia'i
11M VUi
Deuxième considération
J’ay dit, secondement (6 ', que l’escole du Saint Esperit est commune et plainiere, et
pour ce elle doit estre sur toutes desiree. Pour quoy il est assavoir que ceste escolle est
pour tant commune et plainiere, car elle est ouverte a tous vrais escoliers, ne le Saint Espe-
Urti*3. fci’
(l) Sagesse, 1, 7.
(,) Saint Pierre.
Saint Matthieu.
<«> Saint Paul.
(5) En marge : Du second point.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 313
rit ne clôt son escole, fors seulement as escoliers faulx et faintis. Unde scriptum est :
« Spiritus sanctus discipline effugiet fictum. » Sapientie 1° (I) .
Et pour ce, dame Obedience, qui est garde et portière de ceste noble escole, contre
les malvai9 escoliers tient les clefs de discrétion, le vergue de correction et le baston de
pugnition. Les clefs, pour clorre et ouvrir, et pour faire les bons entrer et les malvais issir.
Le verghe et le baston, pour les forfais corrigier et pugnir et pour bouter hors de l’escole
Oyseuse la Foie et Pechiet le Villain, aveuc toute leur compaignie. Ceste verghe et ce bas-
ton sont desplaisans as orguilleux, et as humbles gracieux et plaisans. Dont le saint pro¬
phète disoit que ceste verghe et ce baston lui ont fait consolation : « Virga tua et baculus
tuus ipsa me consolata sunt », in Psalmo (t) .
A ceste reverend et redoubtee dame, et a sa verghe et a sa discipline, se doit hum¬
blement sousmettre toute devote créature qui du Saint Esperit veult estre escoliere. Et
lors sans refus le fait entrer en l’escole, et sans delay lui vient au devant pour ouvrir le
porte. Et quant l’Ame devote [fol. 173] est deden9 entree, lors est elle moult lie et moult
joyeuse. Et pour ce qu’elle a grant désir de trouver le Saint Esperit et de oir sa doctrine,
elle le quiert par ardant affection, et euvre ses oreilles par diligent intencion, et resveille
son cuer par fervent cogitation, et lieve son chief par grant admiration.
« Hé! dist elle, j’ay ov le voix de mon maistre. J’ay oy le son de sa doctrine. Hé!
très douls maistres, ta voix a sonné en mes oreilles, ton son a resveilliet mon cuer. Or te
plaise donques en ton escole moy endoctriner, et par ta doctrine moy enluminer. »
Lors vient a lui le Saint Esperit, acompaigniet de trois nobles dames, qui aveuc lui
descendirent du ciel : ce sont les trois vertus principalz, c’est assavoir Foy, Espérance
et Carité, qui gouvernent le devote Ame. Foy l’enseigne, Espérance le conforte, et Carité
le conferme. Ces trois dames, par leurs douces paroles et par leurs amoureuses promesses,
tiennent la saincte Ame en l’escole du Saint Esperit et en le compaignie de ses vrais escoliers.
O! com cy a noble escole et doulce compaignie! Certes, la treuve le 3aincte Ame
escole commune et plainiere. La treuve le saincte Ame compaignie doulce et amiable et
convenable a tou9 estas. Et certes elle treuve ceste escole moult commune et pleniere
car elle est ouverte a toutes maniérés de gens, povres, riches, petis et grans; si peut l’Ame
devote, selonc son estât, trouver compaignie. Car les escoliers ne sont pas samblables en
estât, en condition, mais sont moult differens en souffissance et en perfection. Et vechi
comment.
Les uns sont commensauls, les aulcuns pourfitans et les aultres parfais. Les commen-
saulx sieuent l’escole par paour de pugnition; les pourfitans, par désir de rétribution;
et les parfais par vraie amour et par franche dilection. Ce sont les trois estas des bons
escoliers qui estudient en l’escole du Saint Esperit. Et certes, [fol. 173 v°] cascun escolier
de quelconque aultre estât qu’il soit, roy ou prinche, soit riche ou povre, noble ou non
noble, sans acception de personne, est du Saint Esperit amés et honnourés en son escolle
selonc sa souffissance et selonc la perfection qu’il acquiert en vraie doctrine, « Quia non
est personarum acceptor Deus ». Actuum X°
(I) Sagesse, I, 5. (#) Act. ap., X, 34.
(l > Ps. xxii, 4.
Edith Bray er. 40
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
314
ÉDITH B RAYER
Vechi donques comment l’escole du Saint Esperit est commune et pleniere; et pour
ce elle doit estre sur toutes desiree. Pour tant peut estre ditte de lui le parole dessus pro¬
posée : Ille vos , etc.
Troisième considération
J’ay dit, tiercement et finablement que le doctrine du Saint Esperit est parfaitte
et entière, et pour ce elle doit estre sur toutes approuvée. Pour quoy il est assavoir que
ccste doctrine parfaittement et entièrement contient toute vérité appartenant a nostre
sauvement. Et est celle seulement en qui n’a nulle erreur ne nulle fausseté. Et pour
tant, Jhesucrist appella le Saint Esperit maistre et docteur de vérité, et en approuvant
sa doctrine, dist que quant il descenderoit, il seroit celui qui, sur tous aultres maistres
et docteurs, toute vérité enseigneroit. « Cum , inquit, venerit ille Spiritus veritatis 9 docebit
vos omnem ventaient. » Johannis XVI 0 (1) .
Or oés donques comment ceste doctrine est entièrement parfaitte et parfaittement
entière. Elle contient les euvres de le divine sapience, les merveilles de le saincte Escrip-
ture, les hystores de le Bible, les enseignemens de l’Euvangile, les miracles de Jhesu¬
crist, les fais des apostles, les victores des martirs, les vertus des confesseurs, les loenges
des vierges, les vies des peres, les dis des sains, les exemples des sages. Encore contient
elle les rémunérations des bons, les pugnitions des malvaiz, les joyes de paradis et les
paines d’infer. Et generalment, elle contient tout ce qui appartient a le doctrine espe-
rituele de nostre saulvement.
0! com chi a noble doctrine, et a qui ne se peut comparer toute aultre science
humaine, ne quelconque aultre [fol. 174] mondaine sapience. Certes, a lui ne peut com¬
parer Priscien sa gramaire, Aristote [sa] logicque (2) , Tulles sa rethorique ne Virgiles
sa poetrie. A luy ne puet comparer Erisippus son arismetique, Pictagoras sa musicque,
Euclides sa geometrie, ne Tholomee son astronomie Car generalment, toute humaine
philosophie et toute sapience mondaine, comparée a ceste doctrine, n’est fors pure folie.
Unde scriptum est : t Sapientia hujus mundi stultitia est apud Deum. » */• Chorintios
///o < 3 4 >.
Vechi dont comment le doctrine du Saint Esperit est parfaitte et entière, et pour
ce elle doit estre sur toutes approuvée. Et pour tant peut estre ditte de lui le parole dessus
proposée : Ille vos docebit ut supra.
ÉPILOGUE
Or avons nous dont, a le loenge du Saint Esperit, moustré et declairiet le grant excel¬
lence de sa maistrise, de son escole et de sa doctrine. Mais pour finable conclusion, il est
(1) Jean, xvi, 13.
(2) Ms. : Aristote logicque.
(3) Les sept arts libéraux, plus la poésie.
(4) I Cor., ni, 19.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
315
assavoir qu'il sont deux diverses escoles, moult repugnans et moult contraires : l'une
est l’escole de Dieu, l’autre est l’escole du diable. L’une est l’escole du Saint Esperit qui,
si comme j’ay dit, aprent toute vérité. L'aultre est le escole du malvais esperit, qui apprent
toute menchongne et toute fausseté. L’une apprent les vertus, et l’aultre aprent les vices.
L’une enseigne tout bien, l'aultre enseigne tout mal.
Or oés donques comment le diable murmure contre le Saint Esperit, et se rebelle
contre se maistrise, contre son escole et contre sa doctrine :
« Je sui, dist il, le anchien maistre et l’anchien docteur qui ay tousjours esté en
saisine et en possession de tenir l’escole de menchoingne et de fausseté. Je sui cellui qui,
des le commenchement du monde, voloie estre samblables au souverain maistre et disoie
que je me tenroie en son ciel et serroie en son throne. Mais par sa forche il me bouta hors
et me fist cheoir de hault en bas et trebuchier du ciel en terre. Et pour ce, des lors, j’ay
esté repugnans et contraires a lui et a son escole, et ay tousjours, par moy et par mes esco-
liers, persécuté les disciples de Vérité. Pour Vérité persécuter, fu par moy [fol. 174 v°]
Abel ochis, Joseph trahis, Jheremie lapidés, Daniel condampnés. Et briefment tous
patriarches et prophètes et au!très amis de Vérité furent par moy persécutés.
«Or est depuis venus Jhesus de Nazareth qui a volu vérité enseignier et fausseté
reprendre. Et pour ce, il a esté hays et despités, trahis et tourmentés, pendus en crois et
mis a mort. 0! très honteuse mort du gibet de le croix! Mais ce non obstant, a il encore
envoiet son esperit a ses apostles et a ses disciples pour les aidier et conforter, et a volu
par povres gens simples et ydiotes le monde corrigier et par toute terre vérité publier.
Et pour ce, je les ay, en despit de leur Maistre et a l’ayde de mes disciples, crueusement
a mort livrés par diverses maniérés de tourmens et de paines.
« Qui sera donques cellui qui dorénavant osera a me poissance résister? Qui sera
cellui qui présumera contre moy vérité soustenir? Certes, dist il, je me puis bien vanter
que j’ay par ma maistrise attrait a mon escole pluiseurs escoliers et plus que n’a fait Jhesu-
crist, et plus de disciples que n’a fait ycellui esperit qui tient l’escole de vérité. J’ay ma
doctrine par tout le monde publiie, et de toutes terres, de toutes gens et de tous estas
ay pluiseurs escoliers et pluiseurs disciples apris a mon escole.
«J’ay, a mon escole, apris :
A mal vais prinches, tyrannie;
As malvais prelas, symonie;
As fauix conseil liera, flaterie;
Et as faulx chevaliers, roberie.
«J’ay apris:
As riches, orgueil et presumption
As povres, envie et detraction
As clere, pompe et dissolution
As lays, tricherie et déception
Et generalment, ay apris a tous, menchongne et fiction. •
(l) En marge : Le doctrine du dyable.
40.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
316
ÉDITH BRAYER
Ideo dictum est per prophetam : « Omnis homo mendax » Et iterum : « Non
est qui facial bonum ; non est usque ad unum », in Psalmo (2 >.
Vechi donques le van Lance du diable. Vechi le poissance de sa maistrise, de son
escole et de sa doctrine. Helas! que ferons nous donques pour résister a son malice?
Certes [fol. 175] nous n’avons nul remede fors seulement requérir humblement et recourir
au refuge du Saint Esperit, en suppliant dévotement qu’il nous rechoive en son escole
pour nous garder de le fraude du dyable, et nous donner contre luy victore, hic per gra¬
ciant et in futuro per gloriam 9 quod ipse prestare dignetur qui sine fine vivit et régnai
in secula seculorum. Amen .
P. d’Ailly
(l) Pa. cxv, 11. Pa. xin, L
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
317
9
ITEM SERMON POUR LE DIT JOUR DE PENTHECOUSTE
« Mansionem ;1) apud eum faciemus. » Scriptum est Johannis XIIIL et in exvan-
gelio hodiemo 2) .
Ceste parole est escripte et recitee en l’euvangile du jour d’uy, et est le parole du
Sauveur nostre Seigneur Jhesucrist, dit te en le personne, non pas seulement de luy, mais
ensamble ou nom des trois divines personnes, c'est assavoir du Pere, du Fil et du Saint
Esperit. Et puet estre exposee par ceste maniéré :
Ou cuer loyal plain de dilection
Venrons faire nostre habitation.
Pour lequelle parole applicquier au propos de ceste glorieuse solempnité, en laquelle,
selonc le promesse de nostre Sauveur Jhesucrist, le Saint Esperit, aveuc toute le Trinité,
est apparus visiblement et venus du ciel en terre pour prendre sa mansion, et pour faire
son habitation es cuers loyauls plains de dilection, c'est assavoir es cuers de ses sains
apostles et disciples; nous devons diligamment entendre et considérer que toute créature
humaine a esté ordonnée et créé pour estre le temple espirituel et le saincte habitation
ou Dieu doit demourer par especiale operation. Et ce nous tesmoingne monseigneur
saint Pol l'apostle : « Nescitis , inquit 9 quia templum Dei estis vos , et Spiritus Dei habitat
in vobis. » I a Chor. III 0 {,) . Et par ce nous est demoustré comment créature humaine
est de haulte excellence et excellent noblesce, quant par le congnissance de Dieu, et par
l’amour de lui, elle peut en soy rechepvoir, tenir et comprendre cellui que les cieuls com¬
prendre ne peuent [fol. 175 v°) ne quelconque auitre créature qui n’a entendement raison¬
nable. Et en ceste habitation, garnie de loyale amour et de vraie dilection, dist nostre
Seigneur Jhesucrist qu’il venra et descendent aveuc le Pere et le Saint Esperit : « Man¬
sionem , inquit, apud eum faciemus . »
Ou cuer loyal plain de dilection
Venrons faire nostre habitation.
O! très gracieuse et très merveilleuse habitation du Saint Esperit de Dieu aveuc
Pâme et le cuer de Tomme, du Roy des roys avecq son petit sergant, du créateur aveuc
sa créature, de le nature divine aveuc pourreture humaine! Mais ceste habitation veult
souvent occupper le grant anemi de tout humain lignage, et par pechiet, quiert dedens
habiter. Contre lequelle chose nous amonneste monseigneur saint Pol l'apostle : t Non
regnet 9 inquit, peccatum in vestro mortali corpore », Romanes VI° • Gardés, dist il,
O) Foi. 175. I Cor., rn, 16.
Jean, xiv, 23. (4) Rom., vi, 12.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
318
ÉDITH BRAYER
gardés vous bien que pechiet ne régné en vostre mortel corpz. 1 Mais ilz sont pluiseurs,
cuers desloyaux qui ad ce n’obeyssent point, et font le habitation de Dieu estre habi¬
tation du dyable. Sicut scriptum est Apoc. XVIII 0 c°, « Cecidit Babylon magna, scilicet
peccatrix; nam et facta est demoniorum habitatio » C’est le très malvais hoste que
tout cuer lovai doit de lui hors bouter qui Dieu son souverain seigneur veult en soy rechep-
voir. Car ces deus hostes ne peuent ensamble habiter, mai9 sont repugnans et contraires.
Dicente apostolo : « Que conventio Xpisti ad Belyal? » //* Chor. VI° (t) . Et pour ce
disoit nostre sauveur Jhesucrist ou nom de toute le saincte Trinité le parole que j’ay dessus
proposée : « Mansionem apud eum faciemus .
Ou cuer loyal plain de dilection
Venrons faire nostre habitation.
Mais pour plus a plain declairier ceste parole, et plus especialment introduire le
matere generalment dessus proposée, je feray en nostre sermon trois brieves parties,
selonc trois considérations :
La première fu de pechiet, le lait et vilain qui est hoste très détestable;
La seconde partie sera du Saint [fol. 176] Esperit, douls sans desdaing, qui est
hoste très delitable;
Le tierce partie sera de son don de très grant bien plain, qui est a nous très
pour fi table.
Première considération
Le premier© partie,doriques, fu de Pechiet, le lait et le villain, qui est hostes très
détestables, lequel, par toutes maniérés, quiert bouter hors le Saint Esperit de son hostel
et de sa mansion, c’est assavoir du cuer de Créature Humaine.
Pour quoy nou9 devons diligamment entendre et considérer que jadis l’anemi
d’infer, veant Humain Lignage estre fait et ordené pour estre temple et habitacle de
Dieu, lequel par son grant orgueil il avoit de lui villainement hors bouté et decachiet
advisa que non seulement hors de lui le metteroit, mais aussi que en Humaine Créature
ja mansion ne lui lairoit. Et pour ce faire, il appella son fil, c’est assavoir Pechiet le Vilain,
lequel est de si très horrible figure, et de si grant laidure plains, que nuis reciter ne le
porroit, mais moult soubtil a tout mal faire et a dechevoir le gent. Pour ce, lui exposa
sa complainte sur ce que Créature Humaine estoit faitte pour Dieu herbregier, et en
soy rechevoir. Si commanda qu'il alast par tout, et fesist tant que en toute humaine créa¬
ture presist son logis, et que hors boutast Grâce se mortele anémié. Mais pour ce que
Pechiet le Vilain est si lais, et si ors, et si hydeux et horribles, que nuis, qui en figure
bien le regarderoit, jamais dedens lui ne le vaulroit logier, il se desguisa en pluiseurs
fourmes et maniérés, siques aucunnes fois sambloit moult bel et delitable, aulcune fois
pourfitable et honnerable, aulcune fois moustroit belle et lie chiere; maintenant plouroit,
(1) Apoc., xvni, 2, (4) En marge : Nota du dyable qui envoya
<2) II Cor., vi, 15. son fil, Pechiet, en cuer humain, et en bouta
(3) En marge : Nota de pechiet le vilain. hors Grâce.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
319
maintenant promettent, maintenant manechoit, et toutes manières queroit pour avoir
entree es cuers humains. Et quant entrés y estoit par aulcune maniéré, tantost s’effor-
choit de lier et d’enchaynner Créature Humaine, si que sa franchise et liberté lui fist
perdre et que nullement peuist résister a sa crueuse domination. Après queroit aveuler
les yeulx de [fol. 176 v°] entendement et de raison, affin que le créature ne sceuist en
quel péril ne en quel subjection elle estoit mise, mais que elle fust menee en tous pechiés
comme un aveule en tous périls. Après le trebuchoit en le fosse de male coustume et si
mettoit sur lui le très grant et pesant pierre de dure obstination et de obscure obduration
de cuer. Lors Créature Humaine, qui est par Pechiet habitée, ne peut oir parler de son
salut, ne nullement castier ne se veult, mais va toudis de pis en pis tant que finalement
elle soit boutee ou pardurable feu d'infer sans remede et sans esperance de jamais en
issir.
Helas! com chi a périlleux hoste et plain de trayson! Helas! com foie est le Créa¬
ture Humaine qui en l’ostel de son cuer le rechoit et qui en lui se fie, car tant plus samble
douls et delitable, de tant plus est prest de nuire et de mener a pardurable dampnation
et dampnable misère.
0! cuer humain, qui estre dois habitacle du Saint Esperit, boute hors, et isnelement
decache, ce faulx et desloyal, qui en toy se veult hosteler! Ne croy point ses belles pro¬
messes, et n’ayes point fianche en son beau samblant ^ l \ car il embrache affin qu’il puist
tuer; il acole affin qu’il puist trebuchier.
0! cuer humain, et par especial noble cuer de roy ou de prinche, ne veules en toy
hosteler Pechiet le Villain, ne se male lignie! Ne soyes pas samblables a cellui qui nour-
rist en son hostel le serpent qui après le mort, et de son venin le tue. Mais tantost qu’il
volra en toy habiter, moustre lui dure chiere et très forment le blasme, car tu ne le porras
si peu herbergier que tantost il ne te dechoive et qu’il ne garnisse ton habitation de une
très vilaine génération. Et vechi comment.
Car tu dois sçavoir que Pechiet le Villain, par fornication aveuc Créature Humaine,
qui a luy est 3ubgette, engenre une très grant lignie, et par especial trois filles, qui, en
laidure, trop bien ressamblent leur père (2) [fol. 177] :
Le première est Presumption orguilleuse
Le seconde est Affection avaricieuse
Le tierce est Délectation luxurieuse.
De ces trois filles Pechiet, et de leur villaine lignie, est remplis tout le monde, dicente
Scriptura : * Omne quod est in mundo aut est concupiscencia camis aut concupiscencia
oculorum aut superbia vite . » I a Johannis II 0
Le première fait son logis :
en hauls et en grans lieux, tous plains de vaine cure.
(1) En marge : Nota. f3) I Ep. s. Jean, n, 16.
(,) En marge : De iii filles de pechiet engen-
rees.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
320
ÉDITH BRAYER
Le seconde fait son logis :
en ronches et espines, plaines de grief pointure.
La tierce fait son logis :
en boes et sépulcres, remplis de pourreture.
Mais pour ce que trop longue chose seroit de ces trois poins declairier, et descripre
et reciter le maniéré de ces trois hostesses, je dy, en general, que le créature, ou ces trois
filles de Pechiet le Villain habitent, pert le biaulté de son espirituel habitacle; et de le
mansion de Dieu fait un desert ou habite le diable, ouquel n’a nulle verdure de vertueuse
operation, ne nulle humeur de grâce ne de compassion. Mais la sont serpens et bestes
sauvages de diverses maniérés, sicut de Nabugodonozor , in figuram cujuslibet peccatoris ,
dicitur : « Cum feris habitatio tua . » Danielis III1 ° c° (1) .
La porriéa veoir 12 * les grans lyons d’orgueil, les malvais chiens d’envie, les scn-
glers de yre et de impacience, les renars de tricherie, les ours de peresce, les leux de glou-
tonnie, les pourciaulx de luxure, les escorpions de trayson, les culeuvres de detraction,
et ainsi des aultres.
Helas! com cy a merveilleuse mutation de lieu de tout bien et de toute beaulté, qui
est fait desert plain de tout mal et de toute mescheance; et de la samblance de Dieu, qui est
convertie en le samblance de beste mue. Juxta sententiam Boecii, libro de Consolâtione
philosophie qui concordat dictum prophète : « Comparatus est homo jumentis insipientibus ,
et similis foetus est illis », in Psalmo (3Ï .
Vcchi donques comment le diable, par Pcchiet le Villain, fait de cuer humain une
male maison et deserte habitation. Et pour ce le devons nous cachier et débouter, de tout
nostre pooir, si comme firent [fol. 177 v°] les apostles et les disciples de Dieu, qui au jour
d’uy, selonc la promesse de Jhesucrist ont recheu le saint Esperit. Or oés comment.
Quant Pechiet le Vilain eut conquesté presque tout le monde, et vit qu’il estoit hors
boutés des cuers des apostles, il se pensa comment il se porroit logier, et en moult de
maniérés l’entree queroit.
Si priât moult forment a hurter par les cinq portes de leurs cuers, c’est assavoir par
les cinq sens corporeuls. Mais les apostles avoient adont une portière qui avoit a nom
Paour-de-Dieu, et estoit acompaignie d'une chamberierc nommee Honte-de-mal-faire,
lesquelles tantost entendirent que on hurtoit as cinq portes du cuer. Si prirent a crier et
diligamment amonnester les apostles de forment résister contre Pechiet le Villain et toute
se male lignie. Adonques, pour eulx aidier, appelèrent Orison le devote, acompaignie de Foy
estable et de ferme Espérance. Si l’envoierent moult isnelement par devers le Trinité pour
requérir secours et confort du Saint Esperit. Car ainsi leur avoit esté promis de nostre
Sauveur Jhesucrist. « Accipietis 9 inquit, virtutem supervenientis Spiritus 9 etc. » Actuum
/o (il.
Lors Orison, le bonne messagiere, vint par devant le majesté divine; si s’enclina moult
Daniel, rv, 22. (3) Ps. xlviii, 13, 21.
En marge : Nota de vii bestes comparées 4 Act. ap.» l, 8.
a vii pechiés.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 321
humblement, et, a sa douche voix, commencha a faire son message, en disant par ceste
maniéré :
• Dieu, en qui poissance toutes choses sont mises, et par qui, tout Humain Lignage a
esté gracieusement fourmé, et de infer raccaté, je te, petite sergante et humble messagiere,
suy, de par tes apostles, envoiie de terre ou ciel pour quérir de toy ayde, confort et secours,
sur les grans griefs et grieves infestations que l’anemi de infer et Pcchict le Villain, aveuc
toute leur lignie font et s’efforchent de faire a tes humbles disciples. Car maintenant Orgueil
vient et dist qu’il veult regner entre eulx; Envie y veult tenir son siégé; Ire s’escrie que tout
a lui subjuguera; Discorde entre eulx se veult bouter [fol. 178]; Avarice y quiert sa demeure;
Peresce y veult son logis prendre; Gloutonnie dist qu’elle y dominera; et Villaine Délecta¬
tion, par diverses maniérés, y quiert habiter.
• Mais ilz résistent moult fort au contraire, et crient que aultre Seigneur n’ont, ne aultre
Roy ne recongnoissent fors toy, ne en leurs cuers aultre hoste ne recheveront.
« Mais, Sire, tu sces que cuer humain est moult fraile et variable, et ne peut a si fors
adversaires résister, sans ton ayde et sans ta grâce si comme tu leur as dit et affermé :
*Sine me nichil potestis facere» Et pour ce, je, en larmes et en pleurs, de par eulx
humblement te supplie que tu leur viengnes, sans delay, en ayde et en secours pour résister
contre le diable et pour garder et conforter contre lui l’abitation de cuer humain qui est
ton habitacle et ton droit hiretage. Car moult désirent ta venue et ont persévérant concor¬
de et concordant esperance, que par moy leur soit impetree », sic ut enim scriptum est
« Quod erant unanimiterpersévérantes in oratione 9 etc . », Actuum 1°
Au plus tost que Orison eut finé sa parole, le benoit Fil de Dieu, qui pas oubliet n’avoit
sa promesse, gracieusement respondi ce que ordonnet estoit par le grant conseil de le
saincte Trinité, en disant et répétant le parole que j’ay dessus proposée : Mansionem etc .
Ou cuer loyal plain de dilection
Venrons faire nostre habitation.
Et a tant je fine le première partie de nostre sermon, c’est assavoir de Pechiet le lait
et villain, et comment les apostles le decacherent de leurs cuers vigoreusement.
Deuxième considération
Si viens a le seconde, ou je doy parler du Saint Esperit douls sans desdaing; et comment
les apostles, en leurs cuers, le rechurent amoureusement.
Pour quoy il est assavoir que tantost après ce que Orison le devote eut a Dieu fait sa
requeste, sans plus attendre, le benoit Saint Esperit descendi aveuc lui en faisant grant son,
et en jettant feu en samblance de langues, et amena aveuc soy, et aveuc sa clemence, le
poissance du Pere et le sapience du Fil. Et n’est nulle doubte que la estoit grant compaignie
d’angeles.
Lors veissiés vous, en l’abitation de cuer humain, Carité-et-dilection, qui, a moult
[fol. 178 v°] lie chiere, vient au devant de ce boin hoste, le benoit Saint Esperit, et comme
(1) En marge, Comment Devote Orison fait (2) Jean, xv, 5.
se priere a Dieu. (3) Act. ap., I, 14.
Édith B ra y eh. 41
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
322
ÉDITH BRAYER
toute ravie en son amour, moult dévotement le embrache et ung saint baisier lui donna.
De quo per Sapientiam dicitur : « Osculetur me osculo oris sui », Can. 1° (1) . Après ce douls
baisier, Carité le rechoit en son hostel, qui moult bien estoit ordonné, et moult bien purgiet
de toute ordure. Car une chamberiere qui ot nom Diligence, par le ramon de confession,
liet avecq le vergue de contrition, moult bien nettioit le maison et en ostoit les areignies de
vaine cogitation et le poulre de terrienne affection aveuc lequelle estoient meslees diverses
flourettes, comme le fleur de lis blanche de casteté, le rose vermeille de carité, le marguerite
de innocence, le violete de pacience et pluiseurs aultres que nombrer ne porroie. La n’estoient
pas trouvées le fumee d’orgueil, ne le noise de courouch, ne le murmure d’envie. La
n’estoient point recheues Oyseuse la foie, ne Liesse dissolue, ne Joliveté désordonnée.
Mais aveuc Diligence, le bonne chamberiere qui ainsi mettoit paine de l’ostel disposer,
estoit une aultre chamberiere qui eut a nom Obedience, qui aussy mettoit toute sa cure de
l’oste rechevoir.
Et ce puet estre figuré par une femme qui ot a nom Sunamitis, de laquelle on list,
en le saincte Escripture, que, pour rechepvoir le saint prophète Helyseus, elle lui appareilla
un petit cénacle, c’est a dire un petit lieu secret, et dedens mist ung petit lit, et la ordonna
une table, et delés une selle; et dessus le table mist ung candeler pour tout le lieu enluminer
affin que le saint homme vaulsist la demourer. « Faciamus, inquit, ei cenaculum parvum ,
etc. » IHI U Regum ////<> ».
Et certainement se nous volons ceste hystore trayre a moralité, nous devons sambla-
blement faire au Saint Esperit, se nous desirons que aveuc nous il demeure. Car première¬
ment nous lui devons appareillier ung petit lieu secret, c’est nostre cuer, qui doit estre petit
et secret par vraie humilité. Seconde-[fol. 179]-'ment, nous devons en nostre cuer lui ordonner
un petit lit, c’est a dire le repos de paix et de transquillité. Tiercement nous lui devons
mettre le table et dessus présenter telz biens que Dieu nous a donné, en faisant a ses povres
ammosnes et libéralité. Après le table, devons mettre le sele pour le Saint Esperit seoir en
signe qu’il a sur nous et sur nos biens souveraine poissance et plaine auctorité. Et finable-
ment, devons mettre sur le table un candeler ou doit estre le lumière de foy et de vérité.
Vechi donques cinq choses qui moult seroient pourfitables a particulerement declairier,
mais pour cause de briefté, je m’en veul a tant passer. Se dy seulement, en general, que ces
cinq choses eurent en eulx les sains apostles et disciples de Jhesucrist. Et pour ce, en le
habitation de leur cuer rechurent le Saint Esperit. Pour quoy, a ung chascun d’eulx peut
estre ditte, ou nom de toute le Trinité, le parole que j’ay dessus proposée : Mansionem
apud , etc.
Et a tant je fine le seconde partie de nostre sermon, c’est assavoir du Saint Esperit
douls sans desdaing, et comment les disciples, en leurs cuers, le rechurent amoureusement.
Troisième considération
Si vieng a le tierce, ou je doy dire de son don de très grant bien plain, et comment les
apostles, par lui, en leurs cuers, habonderent plentiveusement.
(1) Cantic., i, 1. (3) Vulgate : IV Rois, iv, 10.
(2) En marge : Figure.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
323
Pour quoy il est assavoir que non obstant qu’il soient pluiseurs dons du Saint Esperit,
lesquels il donne a se bien venue au cuer humain ou il habite, touteffoiz, quant ad présent
je veul seulement parler de trois d’iceulx, qui segnefiés ont esté en ceste benoite apparition
qui fu au jour d’uy faitte (l) .
Premiers, au cuer humain il donne clarté pour lui enluminer. Et ce fu segnefiet par
ce qu’il apparut en feu qui est cler et resplendissans.
Secondement, il enseigne a bien parler. Et en signe de ce, il apparut en langues.
Tiercement il donne ardeur pour diligamment ouvrer et pour ses commandemens
acomplir et garder. Et ce est segnefiet par l’ardeur [fol 179 v°] qui est ou feu qui point ne
se traveille de ardoir. Et pour ce dist on, en commun langaige, d’un homme diligent qu’il
est ardant.
Il donne dont, en penser, sapience; il donne, en parler, attemprance; il donne, en
ouvrer, diligence. Et pour tant, il appert que ou cuer humain ou habite le Saint Esperit, ne
demeure pas seulement le sapience qui est attribuée au Fil, mais aussi y est le poissance qui
est attribuée au Pere, lequelle est neccessaire pour aidier a diligamment ouvrer. Et aveuc ce
y est attemprance pour raisonnablement parler qui est attribuée au Saint Esperit. Et pour
ce, nostre Sauveur Jhesucrist, en disant le parole que j’ay dessus proposée, parloit en plurer
nombre, ou nom des trois personnes de la sainte Trinité, Mansionem , etc.
Je dy donques premièrement que le Saint Esperit, a sa bien venue, donne en penser
sapience; car il enlumine le cuer de créature humaine a scavoir tout ce que mestier lui est
a son sauvement, si que, par nulle fallace de Pechiet le villain, elle ne peut estre decheue.
Et a ceste intencion promist Jhesucrist a ses apostles que le Saint Esperit leur enseigneroit
toutes choses. Ille 9 inquit , docebit vos omnia », Johannis XIIII° (,) . Veuls tu sçavoir com¬
ment le Saint Esperit apprent toute vérité? Vechi comment.
Saint Jehan l’euvangeliste estoit un povre pescheur en le mei, et point ne scavoit de
clergie. V ient le Saint Esperit, et tantost si haulte doctrine lui bailla que s’il euist ung pau
plus parié de le divinité, tout le monde ne Peuist peut comprendre.
Saint Mahieu estoit un homme lay, publicque recheveur de tribus. Vient le Saint
Esperit, et tantost il en fist un grant euvangeliste. David aussi estoit un petit pasteur. Vient
le Saint Esperit et tantost il en fist ung très excellent prophète. Et ainsi fist de pluiseurs
aultres.
O ! très noble roy et très souverain prinche, prenés exemple a ce boin roy David et
reche- [fol. 180]-vés maintenant ce glorieux hoste adfin qu’il enlumine vostre cuer de vraie
sapience pour congnoistre et discerner entre bien et mal, entre vérité et fausseté, entre
flaterie et loyaulté. Car toute sapience vient de Dieu qui le donne habondamment a ceuls
qui de boin cuer le servent. Et singulerement le cuer du roy est en especial sauvegarde de
Dieu si comme tesmoingne le saincte Escripture : «Cor regis , inquit , in manu Dei est;
quocumque voluerit inclinabit illud ». Proverb. XXI 0 (a) .
Je dy secondement que le Saint Esperit, a sa bien venue, donne en parler attemprance.
Car c’est cellui qui apprent a parler, non pas les vanités de ce monde, mais les loenges de
(1) En marge : Nota de iii dons du s. Esperit. <3) Prov., xxi, 1.
{,) Jean, xnr, 26.
41.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
324
ÉDITH BRAYER
Dieu. Ideo de apostolis dicitur : « Repleti surit omnes Spiritu sancto ». Et sequitur : « Audi-
vimus eos loquentes magnaiia Del ». Actuum 7/° 11 K Certainement le Saint Esperit, au
jour d’uy, moult bien aprist a parler ses apostles, car ilz sceurent tous les langaiges du
monde. Et a une seule voix, tous ceulx qui presens estoient entendoient leur iangaige. Ne fu
pas aussi bien enlangagiés saint Pierre, quant a une seule parole il converti .V. mil hommes a
le foy xpistienne? sicut legitur Actuum 1111° [2 K Mais quelle merveille, se le Saint Esperit
apprent a parler les hommes raisonnables, quant il peut donner parole as bestes mues,
si comme il aprinst a l’anesse Balaam? ut habetur Numer. XXII 0 (3) .
Vechi donques le boin maistre qui donne en parler attemprance. Et pour ce, il apprent
a hair toute parole deshonneste (4) . Helas! par ce appert il bien qu’il sont au jour d’uy
pluiseurs es cours des grans seigneurs, qui ont trop mal aprins a son escole, car ilzsedelittent
en desbonnestes paroles, qui sont villains sermens et paroles luxurieuses, ordes et honteuses
que gardions ne daigneraient ou oseraient dire. Contre lesquels parole Tulle, libro secundo
de Officiis . Car vrayement chose qui est honteuse a faire doit estre honteuse a dire, et non
pas a dire seulement, mais a regarder; car pour quoy donques euist Nature ordonné que
les parties deshonnestes de nostre corps fussent couvertes? Et de ce disoit Senecque :
Turpia [fol. 180 v°] ne dixeris; paulatim enim pudor rerum per verba didiscitur ».
0! très noble ray et tous prinches aussi, fuyés le compaignie de tous ceuls qui dient
paroles deshonnestes; mais recepvés en vostre compaignie, en l’ostel de vostre cuer, ce
boin maistre, le benoit Saint Esperit, qui en son escole vous enseignera a bien parler. Car
ce appartient moult bien a un prinche qu’il ne die parole qui ne soit de boine attemprance
et de grant gravité, et qu’il ne veulle tenir et garder en vérité et en loyaulté, et qui ne soit
signe de vertu et de honnesteté. Et ainsy le faisoit Augustus César qui riens ne disoit que
devant n’euist escript ou longuement penset, meismement a se femme et a ses privés; adhn
que, de le bouche de si grant maistre, ne issist parole qui ne fust bien séant a sa haulte
seignourie, car le majesté royale doit amer netteté de cuer et honnesteté de parole,
J’ay dit, tiercement, que le Saint Esperit, a sa bien venue, donne, en ouvrer, diligence,
forche et constance. Car c’est cellui qui embrase cuer humain d’amour et de c&rité. Et si
comme dist saint Gregore, amour ne scet estre oyseuse, mais a toudis de bien faire diligence.
Celui donques qui a en lui l’amour de Dieu, il fait et acomplist diligamment ses commande-
mens. Et s’il ne les fait, il n’est pas de Dieu enamourés. ProbcUio enim dilectionis 9 exhibitio
est operis . Et certainement le poissance de ceste amour, sa diligence, sa force et sa constance,
apparu bien au jour d’uy es disciples de Jhesucrist, après le venue du benoit Saint Esperit,
Et par especial elle fu moustree ou chief et ou grant capitaine des apostles, monseigneur
saint Pierre, qui devant avoit esté si paoureux que, a le voix d’une chamberiere, renoya
Jhesucrist par trois fois (ft) , Mais après il fu si constans que tous les prinches du monde,
pour quelque paine ne pour quelque tourment, ne l’eussent peut empeschier de son nom
confesser et de sa loy preschier, sicut legitur Actuum IIII 0 8 K
0! très noble roy et très souverain prinche [fol. 181] rechevés au jour d’uy ce bon
(1) Act. ap., u, 11.
(2) Act. ap., iv, 14.
(3) Nombres, XXII, 28-30,
141 En marge : Nota.
««> Matth., xxvi, 70-72.
<41 Act. ap., iv, 19-20.
Digitized by CjO QlC
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
325
hoste, le benoit Saint Esperit ; soyés, par lui, de Dieu enamourés, afhn que vous ayés dili¬
gence, forche et constance d’acomplir ses commandemens comme vous volriés que vos
subgés acomplissent les vostres.
Et quant vous Tarés rechut, faittes tant que en vous il demeure, et ne le boutés pas
hors de vostre cuer pour y herbregier Pechiet le vilain aveuc se male lignie. Car trop laide
chose seroit que si noble prinche fust mis en si villain servage, et qu’il renonchast a servir
Dieu, son souverain Seigneur, pour servir son mortel anemi.
Or prions donques Dieu que vous et nous tous il veule de telle servitude garder, si
que le benoit Saint Esperit soit tous jours aveuc nous présentement par grâce, et finablement
par gloire. Quant nobis concédât qui sine fine vivit et régnât in secula seculorum. Amen .
P. d’Ailly.
b «tqpfpsa'l *»
MH'.t i:«: Jtioc taip 4
1 .4 1 iil><
V»i M »
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
326
ÉDITH BRAYER
10
CY S’ENSIEUT UN SERMON POUR LE PAIX, FAIT A PARIS
« Hec (1) est Victoria que vincit mundum : Jules nostra. » Scriptum est Johannis V° c°
et recitatur in epistola Dominice precedentis (2) .
Boines gens, affin que maintenant, entre le solempnité de Pasques, darrainement
passée, et ceste solennité de Penthecoste prochainement, qui sont les deux plus grans
solempnités de Tan, et esquelles toute humaine créature doit estre en plus grant dévotion,
vous veulliés dévotement prier et humblement supplier qu’il lui plaise, par sa bénignité
et grâce, son peuple regarder en pité, et nous donner habondance de biens et fertilité de
finis, et par especial, transquilité de paix. Mais pour ce que le glorieuse Vierge (3) mere de
Dieu est celle que fu eslute pour estre le fructueuse plante qui porta le benoit fruit de vie,
pour ce aussi que, en le nativité de ce benoit fruit, paix fu donnée as hommes, canentibus
angelis : « Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bone voluntatis », Luce II 0 (4) ,
nous retournerons par devers ceste glorieuse Vierge en lui suppliant que par le vertu de
son benoit fruit et par le grâce de son douls Fil, elle nous veulle impetrer fructueuse fertilité
et paisible transquillité. Et pour ce, nous le saluerons dévotement du salut que l’angele lui
apporta en disant : Ave Maria.
t Hec est Victoria. » Ubi supra.
Expérience nous enseigne que ce monde est plains de tous mais, et par especial pour
le tampz présent, de guerres et de commotions, de adversités et de turbations. Et pour ce, le
glorieux apostle et euvangeliste, monseigneur saint Jehan, en son epistle, nous donne vray
confort et brief enseignement comment, par le [fol. 188] vertu de la foy Jhesucrist, nous
poons avoir victore et acquérir paix contre toutes mondaines persécutions, en disant le
parole que j’ay dessus proposée : Hec est Victoria , etc. C’est a dire :
La victore qui vaint le monde
C’est nostre foy, dont paix habonde.
Pour appliquier a nostre propos, et pour demoustrer comment nous poons acquérir
paix et avoir victore contre les maulx du monde, il est assavoir que selonc le doctrine mon¬
seigneur saint Jehan le glorieux euvangeliste, en ce monde sont trois maulx qui sont causes
des trois batailles repugnans et contraires a le paix et tranquillité de créature humaine, c’est
assavoir : le concupiscence des yeuls, le concupiscence de le char et l’orgueil de le vie
seculere.
(1) Fol. 187 v°. (3) Ms. : t Vierge » répété.
,2: I Ep. s. Jean, v, 4. (Dimanche in Albis). (4) Luc, il, 14.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
327
Et se tu me demandes de quelle rachine naissent et viengnent ces trois mauix, je te
respons qu'ilz viennent des richesses, des delices et des honneurs du monde.
Premiers, le concupiscence des yeuls :
#
Vient des richesses transitons et vaines
Secondement, le concupiscence de le char :
Vient des delices ordes et viHaines
Tiercement, l’orgueil de le vie seculere :
Vient des honneurs, terrestres et mondaines.
Vechi donques trois maulx qui sont ou monde, desquels procèdent trois crueles
batailles, repugnans et contraires a paix et a transquillité, c’est assavoir le bataille du monde,
le bataille de le char et le bataille du diable. De quibus cantat Ecclesia : « Mundus , caro 9
demonia ».
Premiers, donques, le monde nous fait bataille :
Par les richesses transitons et vaines.
Secondement, le char nous fait bataille :
Par les [delices ordes et vilaines.
Tiercement le diable nous fait bataille :
Par les (1) ] honneurs terrestres et mondaines.
En le première bataille, le monde a victore des riches avaricieux par
affection convoiteuse.
En le seconde bataille, le char a victore des gloutons et luxurieux par
temptation vicieuse.
En le tierce bataille, le diable a victore des haultains et envieux par
dation orguilleuse.
Vechi donques trois batailles nngies, qui sont a nostre paix npugnans et contrains,
contre lesquelles monseigneur saint Jehan nous apprent a résister et a avoir victon en disant
[fol. 188 v°] le parole dessus proposée : Hec est Victoria , etc.
Pour lequelle parole plus ad plain declairier, il est assavoir que nostre foy nous
enseigne trois maniens de paix par lesquelles nous poons avoir victoire des trois batailles
dessus dittes.
Le première est paix temponle qui est foible et muable
Le seconde, paix espirituele qui est forte et estable
Le tierce est paix etemele qui est ferme et durable.
A le paix temponle contrarie le monde par convoiteuse affection;
A le paix espirituele contrarie le char
A le paix etemele contrarie le diable
par vicieuse infection;
par orguilleuse elation.
Mots entre crochets omis ptr le copiste. Ms. : Et.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
328
ÉDITH B RAYER
Mais pour avoir paix et victore de ces trois batailles et contrariétés, nostre foy nous
enseigne trois vertus dont nous devons estre armés :
Le première est vraye souffissance pour avoir victore du monde
et acquérir paix temporele.
Le seconde, nette abstinence pour avoir victore de le char
et acquérir paix espirituele.
Le tierce est humble perseverance pour avoir victore du diable
et acquérir paix etemele.
Ces trois maniérés de paix nous segnefia nostre Sires Jhesucrist en l’euvangile, quant
il apparu a ses disciples après se résurrection et en eulx recommandant ceste paix, il leu)
répéta par trois fois : « Pax vobis », sicut patet Johannis XX 0 c° (1) .
Vechi donques le victorieuse paix et le paisible victore, par lequelle nous poons résister
a tous les mais du monde. Et pour ce, a ceste victore nous exhorte et appelle monseigneur
saint Jehan l’euvangeliste, en disant le parole dessus proposée : Hec est Victoria , etc .
Le victore qui vaint le monde
C’est nostre foy, dont paix habonde.
Pour laquelle parole plus avant dearticuler (2) je vous ay a declairier particulerement les
trois maniérés de guerre et de bataille, et les trois maniérés de paix et de victore que j’ay chi
proposées generalment.
Première considération
J’ay donques dit premièrementque le monde nous fait bataille par les richesses transi¬
tons et vaines; en lequelle bataille, il a victore des riches avaricieux, par affection convoi-
teuse. Et si comme j’ay dit, ceste convoiteuse affection procédé des richesses et vient de le
concupiscence [fol. 189] des yeuls. Car ja soit che que nostre convoitise et nostre concupis¬
cence soit en nostre cuer et en nostre pensee, touteffoiz elle vient des yeuls et procédé du
regart des vaines richesses dujnonde. Et pour ce prie a Dieu le saint prophète David de
destoumer ses yeuls, qu’ilz ne voient les vanités du monde : « Averte 9 inquit , oculos meos
ne videant vanitatem » (4) . Nos yeuls, donques, sont le première porte de nostre cuer.
Nos yeuls sont le principal garde de nostre castel. Car si comme on dist communément :
«Ce que oeil ne voit, cuer ne desire » (# >. Et pour ce dist le sage Senecque que qui pert ses
yeuls, le porte des vices lui est close.*
Helas! bien devons ceste porte diligamment garder, car s’il advenoit qu’elle fust prise
par convoiteuse affection, tantost le première bataille, c'est assavoir le bataille du monde et
de ses richesses transitores et vaines, aroit sur nous victore et metteroit le castel de nostre
cuer en feu et en flamme de ardant avarice. Car dame Fortune, qui est capitaine de ceste
première bataille, porte le brandon de convoitise et gaitte et advise de toutes pars comment
elle puist nostre cuer embraser et nostre forteresse desconfire.
(,) Jean, xx, 19, 21 et 26. (3) On peut lire en marge 2 De le première
2 Les exemples de ce mot donnés par le bataille,
dictionnaire de Godefroy sont tous empruntés 4) Ps. cxvui, 37.
à Évrart de Conty. 5 Proverbe. Cf. Morawaki, n° 1766-1767.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
329
Helas ! vechi forte bataille, car elle nou9 assault a dextre et a senestre. A dextre, par
prospérité, et a senestre par adversité. Et plus est forte le bataille a dextre que a senestre.
Ceste dame Fortune, qui ainsi nous assault, est celle qui par sa roe, tourne et reverse les
richesses et vanités mondaines, pour lesquelles acquérir sont faittes ou monde les batailles
et les séditions, contre lesquelles nous resconforte Jhesucrist en l’euvangile : « Cum audie -
ritis, inquit, prelia et seditiones , nolite terreri ». Johannis XXI 0
Vechi donques comment le monde nous fait bataille par les richesses transitores et
vaines.
Mais or veons comment nostre foy nous enseigne une maniéré de paix par lequelle
nous poons avoir victore de ceste première bataille, c’est assavoir (2) le paix temporele, de
laquelle j’ay dit qu’elle est foible et muable, car dame Fortune a tout sa roe tourble et
empesche [fol. 189 v°] ceste paix, et ne peut souffrir qu’elle ait longue duree. De ceste paix
nous enseigne monseigneur saint Pol l’appostle que a nostre pooir nous le devons quérir,
et quant en nous est, le devons procurer aveuc tout homme (I) .
Mais pour ce que tu porroies demander (4) comment tu peus ceste paix acquérir, j’ay
dit devant que tout le monde est contraire a ceste paix par convoiteu9e affection. Tu dois
estre armés de le vertu de vraye souffissance pour avoir victore et acquérir paix temporele.
#
Car certainement, ceste paix communément n’est empeschie fors pour ce que les hommes
veulent l’un l’autre sourmonter es richesses mondaines. Et pour ce disoit le 3age Senecque
que se ne fussent ces deux mos « mien » et « tien », c’est a dire se les hommes ne fussent en
debas en disant par convoitise : « Ce e9t mien; ce n’est pas tien », paix et concorde fust par
tout le monde. Tu ne peu9 mieulx acquérir paix temporele, ne avoir victore du monde, que
par ce que tu soies armés de vraie souffissance, et que tu soies contens de l’estât moyen, ne
ne soies convoiteux de grans richesses. Ceste souffissance nous enseigne le sage Salemon en
suppliant a Dieu qu’il ne lui donne ne grant richesse, ne grant povreté, mais seulement le
neccessité de sa vie. « Divicias , inquit , et paupertatem ne dederis michi; sed tantum victui
meo tribue neccessaria. »
Armons nous, donques, armons nous de le vertu de vraye souffissance; et s’il advient
que, par ceste armure, nou9 n’ayons plaine victore du monde ne le paix temporele — car
pluiseurs fois, il n’est point en nostre puissance de avoir ceste paix, mais plaist a Dieu que
nous ayons guerres et tribulations — nous devons prendre en ayde le vertu de pacience, ne
ne devons point ceste paix tant amer que pour le perdre doyons conscience tourbler, car
qui trop l’ayme, tost le pert.
Et pour ce nous ne le devons desirer ne demander a Dieu, fors sur condition, s’il
plaist a sa très juste volenté, a lequelle nous devons le nostre conformer. Car, si comme dist
saint Gregore, nous devons avoir [fol. 190] grant consolation se aucunne adversité nous
advient qui nous desplaist, quant nous considérons qu’elle nous vient par l’ordenance de
Cellui a qui riens fors justice ne plaist.
Se nous sçavons donques que tout ce qui plaist a Dieu est juste, et nous sçavon9 aussi
que nous ne poons riens souffrir d’aversité fors par le plaisir de Dieu, nous devons conclure
(1) Luc (et non Jean), xxi, 9. 3) Hebr., xn, 14.
12] Noté dans la marge : De le première l4) En marge : Question,
paix. (5) Prov., xxx, 8.
Édith Braver. 42
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
330
ÉDITH BRAYER
que tout ce est juste que nous souffrons. Et par conséquent, c’est chose très injuste, se de
nostre juste passion ou adversité nous murmurons.
Et a tant, je me passe de le prumiere bataille, de le première paix et de le première
victore.
Deuxième considération
J’ay dit secondement (2 ) que le char nous fait bataille par les dciices ordouses et villaines.
En lequelle bataille, elle a victore des gloutons et luxurieux, par infection vicieuse. Et, si
comme j’ay dit, ceste vicieuse infection procédé des delices et vient de le concupiscence de
le char. Car, selonc le doctrine du philosophe, le raison de nostre espcrit nous encline a
bien, mais le sensualité de nostre char, qui est adverse et contraire a raison, nous encline
a mal, et tent a le infection de nostre esperit, par les vices de gloutonnie et de luxure, et
par les delices corporeles qui sont très ordes et vilaines. Nostre char, donques, est male
camberiere qui desobeist a raison, sa maistresse. Nostre char est le femme dont parole le
sage Salemon : « Qui plus lui fait sa volenté et pire l’a; et qui plus lui fait contraire, meilleur
le treuve. »
Helas! bien devons ceste male gloute castier et par abstinences et austérités asprement
corrigier. Car qui se laisse par sa char vaincre et desconfirc, il entre en moult grief et en
moult vil servage, ne n’a pas en lui raison sa maistrie ne plaine franchise. Mais sur lui
domine le char et murmure contre l’esperit et se combat pour garder se maise coustume.
Helas! vechi dure bataille, et est trop plus griefve que n’est le première. Car en celle nous
combatons au monde, a Fortune, et as choses qui sont par dehors nous. Mais en ceste bataille,
nous luitons a nous meismes. Et si comme dit monseigneur saint Pol l’apostle, Romanos
VII° : « Nous sentons en nostre propre corps et portons en nos membres le luitte et le
rébellion de le char [fol. 190 v°] qui répugné a nostre pensee et a nostre courage » Ceste
bataille devons nous moult doubter; et a ceste doit nostre esperit diligamment résister, car
elle dure longuement et nous assault continuclement. Et de ce dist le glorieux apostle : • Le
char desire et luite contre l’esperit et l’esperit contre le char. » Galatas V°
Vechi donques comment le char nous fait bataille par les delices ordouses et villaines.
Mais or veons comment nostre foy nous enseigne une maniéré de paix par lequelle
nous poons avoir victore de ceste seconde bataille, c’est assavoir (4) le paix espirituele de
laquelle j’ay dit qu’elle est forte et estable. Car le roe de dame Fortune n’a pas le pooir de
ceste paix muer comme elle fait le paix temporele. Mais puet l’omme par ceste pais espiri¬
tuele despiter toute fortune et, sans soy tourbler des choses du monde, avoir transquillité
de conscience et soy tourner a Dieu et son cuer fermer en boine volenté. Et adont fait Dieux
l’omme fort et estable comme un piler en son temple, c’est a dire en se saincte Eglise, si
comme dist saint Jehan l’euvangeliste en son Apocalipse (5) . De ceste paix nous enseigne
monseigneur saint Pol l’apostle, ad Hebreos A77° <6> , que nous le devons quérir par pureté
(1) En marge : De le seconde bataille. En marge : De le seconde paix.
(,) Rom., vu, 23. (5) Apoc., IIX, 12.
f3) Galat., v, 17. 6 Hebr., xu, 14.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 331
de cuer et par saincteté de conscience. Car, sans elle, nous ne poons venir a le vision de Dieu
ne a le glore pardurable.
Mais pour ce que tu me porroies demander comment tu peus ceste paix acquérir,
j’ay dit devant que, contre le char qui contrarie a ceste paix par vicieuse infection, tu dois
estre armés de le vertu de nette abstinence. Car, certainement, se tu n’es purs et nés de cuer
et de corps, et abstinens de gloutonnie et de luxure, et de toutes cameles délectations, tu
ne peus avoir paix esperitucle. Pour ce commande monseigneur saint Pierre de nous abstenir
des désirs de le char, car ilz combatent contre l’ame et debatent le paix de l’esperit. « Absti -
nete , inquit , a carnalibus desideriis que militant adversus animam • 1*1. Armons nous,
donques, armons nous de le vertu de nette abstinence, et soyons nés et abstinens de cuer
et de corps pour avoir victore de le char et des delices corporeles. Car a cellui qui ara victore
[fol. 191] de ceste bataille, Dieu promet sa robe blance de caasté et de innocence, si comme
dist le Apocalipse : « Qui vicerit vestietur, etc . Et s’il advient que par ceste armure nous
n’ayons plaine victore de le char, car elle nous est trop villaine et rebelle, nous devons,
comme fist saint Pol, recourre a Dieu par devote orison, et lui prier qu’il nous oste l’aguillon
et le stimule de le char (4) , et nous ne faulrons point a lui qu’il au mains ne nous donne
confort et vertu en nostre fragilité. Quant nous arons donques contre le char résisté par
bonnes oeuvres et par abstinences de toute nostre diligence, si nous est il neccessité, si
comme dist monseigneur saint Gregore, de recourir en larmes de dévotion a le divine grâce.
Et a tant je me passe de le seconde bataille et de le seconde victore.
Troisième considération
J’ay dit tiercement que le diable nous fait bataille par les honneurs terrestres et
mondaines, en lequelle bataille il a victore des haultains fiers et envieux par eiation orguil-
leuse. Et, si comme j’ay dit, ceste orguilleuse eiation procédé des honneurs et vient de
l’orgueil de la vie scculere. Car ceste vie mortele et ce siecle présent est plain de tout orgueil
et de toute vanité, si comme tesmoingne le sage Salemon, Ecclesiastes 1° : « Vanitas ,
inquit , vanitatum , vanitas vanitatum et omnia vanitas »
Nostre vie seculere, donques, est plaine d’orgueil et de eiation. Nostre vie seculere
est occupée de vanité et de foie acception et tout ce nous procure le diable qui est moult
malicieux et soubtil. Car quant il nous a fait souffrir le bataille du monde et le bataille de
char, affin que nous n’ayons victore, il vient au secours, et par les pompes seculeres et les
honneurs mondaines, il nous tempte de orgueil et d’elation, de vaine glore et de presumption,
et nous fait souvent cheoir du hault en bas, si comme il meismes par son orgueil chei du ciel
en infer. Helas! bien nous devons gaitier de ceste arriéré garde, car en le queue gist le
venin , ne n’est nul si grant ne si fort adversaire comme est le diable, car il est faulx et
[fol. 191 v°] traytres, ne il n’est si fort campion qu’il n’ose bien assallir et combatre, neis
(1) En marge : Questio. — De le seconde
victore.
(2) I Ep. s. Pierre, il, 11.
i# > Apoc., ni, 5.
IR Cor., xii, 7-8.
Eccles., i, 2. Le ms. porte: « Vanitatis...
vanitatum vanitas et o. v. «
(6) Proverbe. Cf. Morawski, n° 661,
42.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
332
ÉDITH BRAYER
son Dieu et son Maistre, nostre Seigneur Jhesucrist, qui est chief et capitaine de tous les
boins campions, osa il bien assallir et tempter d’orgueil et de vaine glore, si comme recite
l’euvangile Matthei IIII 0 c° W,
Helas! Vechi fiere bataille, et est trop plus périlleuse que nulle des aultres. Car le
faulx traytour qui ainsi nous assault aveuc orgueil, qui est le chief de tout pechiet, mainne
aussi aveuc lui le grant compaignie de tous vices pour desconfire les vertus :
La est orgueil contre humilité hayne contre carité
envie contre fraternité ire contre bénignité
La est convoitise contre souffissance peresce contre diligence
gloutonnie contre abstinence luxure contre continence*
Et generalment, la est toute malice contre vraye innocence.
C’est le compaignie du diable, c’est le grant bataille des vices, par lcquelle, si comme
crie le grant hiraut de le foy, monseigneur saint Pol : « Tous boins campions qui veulent
humblement vivre desoubz le baniere Jhesucrist soutiennent adversité et seuffrent persé¬
cution •
Contre ceste bataille nous esveille le hault lieutenant de Jhesucrist, monseigneur
saint Pierre, et crie : « A l’arme, a l’arme! Resveille qui dort! Soyés, dist il, sobres pour
mieulx veillier, car vostre adversaire le diable ne cesse de vous circuir et avironner pour
vous destruire et devourer » (8) .
Vechi donques comment le diable nous fait bataille par les vices et especialment par
orgueil, qui vient des honneurs terrestres et mondaines.
Mais or veons comment nostre foy nous enseigne une maniéré de paix par lequelle
nous poons avoir victore de ceste tierce bataille. C’est assavoir le paix etemele de laquelle
j’ay dit qu’elle est ferme et durable, car c’est le paix de paradis qui est pardurable et sans fin,
laquelle nous veult tollir et empeschier le diable tant [fol. 192] que nous sommes en ceste
morteie vie. De ceste paix nous enseigne le saint prophète David et dist que en elle seulement
nous porrons seurement dormir et parfaittement reposer (4) . Mais pour ce que tu porroies
demander comment tu peus ceste paix acquérir, j’ay dit devant que contre le diable qui
contrarie a ceste paix par orguilleuse elation, tu dois estre armés de le vertu de humble
perseverance.
Car certainement humilité, entre les aultres vertus, est principale armure de nostre
boin roy et poissant campion, le très benigne et très douls Jhesucrist. En lequelle il persévéra
jusques a le mort, et par lequelle il eut victore contre l’orgueil du diable. Et pour ce, a
l’exemple de lui, nous devons, comme dist saint Pol, ceste armure vestir, aflin que nous
puissons résister as agais de nostre anemi. « Induite , inquit , armatura Dei , ut possitis
resistere advenus insidias diaboli » 6 h Armons nous, donques, armons nous de le vertu
de humble perseverance, et persévérons en le humilité de Jhesucrist. Car humilité qui ne
persevere n’est pas loyal armure pour avoir victore ne pour acquérir le couronne qui as
boins campions est promise en le saincte Escripture. Dont saint Pol dist que cellui sera
(1) Matth., iv, 3-10. (4) Ps. iv, 9.
(2) II Timoth., III, 12. (5) En marge : Questio. — Le tierce victore.
,3> I Ep. s. Pierre, v, 8. ,fl) Ephes*, vi, 11.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
333
couronnés seulement qui en le bataille perseverra loyalment l) . Et s’il advient que, par ceste
armure, nous n’ayons plaine victore du dyable, car souvent il est trop fors et nous sommes
trop foibles, pour ce ne nous devons nous pas rendre a lui, ne cheoir en desperance; mais
nous devons retourner et ralier a nostre capitaine Jhesucrist, et nous rendre a cellui qui,
en la saincte Escripture, nous donne esperance qu’il ne nous soufferra pas tempter oultre
nostre pooir, ains nous fera ayde et nous donra secours i2) .
Et a tant je me passe de le tierce bataille et de le tierce paix et de le tierce victore, et
vieng a conclusion, en disant le parole que j’ay dessus proposée : « Hec est Victoria que
vincit, etc. ».
Le victore qui vaint le monde
C’est nostre foy dont paix habonde.
1 I +
[Fol. 192 vo] CONCLUSION
Mais tu me porroies demander et faire question comment peut ce estre que par nostre
foy nous ayons habondance de paix et victore du monde; comme il soit ainsi que le maistre
de le foy, nostre Seigneur Jhesucrist, nous die et aprengne, en son saint euvangile, que il
n’est pas venus au monde pour guerre envoier mais pour paix donner.
A ceste question, je te respons qu’il est double paix : l’une, vraie et vertueuse; et
l’autre, fausse et vicieuse.
De le prumiere paix, j’ay dessus parlé. Et ceste vraie paix envoie Jhesucrist en se
nativité as hommes justes et de bonne volenté, dont les angeles chantent: • Gloria in excelsis
Deo , et in terra pax f etc . » (3) . Mais si comme dist nostre Seigneur, par le prophète Ysaie :
« Non est, inquit , pax impiis 9 dicit Dominas » (4) . Ceste vraie paix n’est mie as hommes
malvais et de félon courage.
De le seconde paix est entendue le parole dessus ditte en lequelle dist Jhesucrist que
pour ceste fausse paix guerrier il est venus en terre et a apporté et envoiet l’espee de justice :
« Non veni 9 inquit, pacern mittere 9 etc. » Par ceste fausse paix sont pluiseurs decheus qui
cuident avoir vraie paix et ne l’ont mie. Dont le prophète dist : « Deceperunt populum meum 9
dicentes : Pax 9 pax, et non est pax ». Ezechielis XIII° c° f> '.
Et pour ce, il est assavoir qu’il sont trois maniérés de paix fausse et vicieuse, contraires
a trois maniérés de paix vraie et vertueuse, desquelles j’ay dessus parlé :
Le première est : Paix périlleuse
Des convoiteux et avaricieux.
Le seconde est : Paix délicieuse
Des gloutons et luxurieux.
Le tierce est : Paix malicieuse
Des orguilleux et envieux.
'!» I Cor., IX, 25. <«> Isaïe, xlviii, 22.
'*> Hebr., n, 18. Matth., x, 34.
<*' Luc, n, 14. (#) Eaech., xiii, 10.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
334
ÉDITH BRAYER
Premiers, donques, il est une paix périlleuse des convoiteux et avaricieux. Ceste paix
ont les malvais riches, qui par convoitise et par avarice, assamblent les richesses du monde,
et par ce, cuident avoir paix en seureté. Mais il advient souvent que, par leurs richesses, ilz
périssent temporelement [fol. 193], si comme dist le philosophe : i Multi, inquit, propter
divicias periere. » Primo Ethicarum. Et pluiseurs fois comme dist le sainte Escripture,
quant ilz se dient estre en plus grant paix et en plus grant seureté, la mort leur sourvient
soubdainement, dont il est doubte qu’il ne périssent espirituelement. t Cum dixerit, inquit ,
pax et sicuritas, tune repentinus superveniet interitus » (1) .
Secondement, il est une paix délicieuse des gloutons et luxurieux. Ceste ont ceulx
qui se glorefient es delices de gloutonnie et de luxure, et es aultres délectations corporeles.
Par ceste paix sont souvent decheus les sages. Et de ce nous avons exemple du sage Salemon,
duquel nous lisons, Ecclesiastici XLVII° c°, que pour ce qu’il régna en tamps de paix, il
habonda es biens temporeuls. Et par ce chei et s’enclina es delices de le char dont il perdi
honneur et diminua sa loenge et sa glore (2) * 4 * . De ce, aussi, avons nous exemple de David,
duquel nous lisons : 11° Regum XI 0 c°, que quant il (4) estoit en paix et en oyseuse en
se maison, et Joab et ses compaignons estoient en bataille as camps, il chei en pechiet et
commist adultéré Et pour ce il nous est très pourfitable d’avoir aulcune fois des guerres
et des adversités pour esquiever les vices et pour excerciter es vertus. Et de ce nous avons
exemple de le cité de Romme, de lequelle dist monseigneur saint Augustin, libro 111° de
Civitate Dei 9 capitulo XIX 0 : * Plus, inquit 9 Rome nocuit eversa quam adversa Cartago »
Saint Augustin dist que tant que Romme fu en guerre et en bataille contre le cité de Cartage,
elle fu honnouree par vertueuse excercitation ; mais quant Cartage fu destruite, Romme
s’enclina a oyseuse, a gloutonnie et a luxure. Et pour ce conclut il que Cartage fist plus
grant nuisance a le cité de Romme par se destruction que par se rébellion.
Vechi donques le paix délicieuse des gloutons et luxurieux, en lequelle paix n’a nulle
vraye doucheur. Mais comme dist le prophète, en lui est très amere doleur. « Ecce 9 inquit ,
in pace 9 amaritudo mea amarissima » (7) .
Tiercement, il est une paix malicieuse des orguilleux [fol. 193 v°] et envieux. Ceste
paix ont souvent ensamble les malvais et les pécheurs, et sont pluiseurs fois assamblés et
confédérés a grever les boins et les justes. Car nous veons communément que tout aussi
comme les arbres infructueuses et stériles ont ensamble plus grant connexion que n’ont les
arbres bonnes et fertiles, tout ainsy es colleges et es congrégations a plus grant concorde et
confédération entre les malvais pour opprimer les bons, qu’il n’a entre les bons pour reprimer
les mal vais. Et ce nous fu figure t et signifiet par le paix qui fu faitte entre Herode et Pyiate
contre Jhesucrist (8) .
(1) I Thcss., v, 3.
Ecclesiastique, xlvii.
Ms. : II a Roman.
(4) M 9 . : « ilz ». Le scribe avait Écrit : « ilz es¬
toient »; il a corrigé le verbe, non le pronom.
<«> II Rois, xi.
6 S. Augustin, De Civitate Dei t ni .21 (et
non 19).
(7) Isaïe, xxxviii, 17.
181 Luc, xxiii, 12.
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
335
De ceste paix dist le saint prophète David qu'il avoit grant desplaisir et grant indi¬
gnation quant il veoit le paix des malvais félons et des iniques pécheurs : « Zelavi, inquit,
super iniquos pacem peccatorum vide ns. » Scribitur in Psalmo
Vechi les trois maniérés de paix fausse et vicieuse, pour lequelle destruire et guerrier
nostre Seigneur Jhesucrist vint en terre. Fuyés, donques, fuyés, fuyés ceste malvaise paix,
et querés le paix vraie et vertueuse dont j’ay dessus parlé. Querés, donques, querés présen¬
tement le paix temporele, principalment le paix espirituele, et finablement le paix etemele
Lequelle nous veule donner et ottrier Pater et Filius et Spiritus Sanctus. Amen.
*#MJ fclavü bik
xmiu uit un
I lt J lîr . v
MKS
■Ml ]
1*4*1 UcS-,** tftr
UU 05 «IfUtLi «/v,
**4 NlSf bir) P
.1 -i rbt- ?j :
: \ i ■ & H* JüPfr piMJ fl
; dijl Ü MO J«
’ ;,t- y M fnivu* mI'<c *
3eo»q wn m >J;
5**3 -.JT35 tPT *1 *
U> O 1 lii i •<* I
nu Ipf) tels MO « 4
5Tn t:ta» POah
» PMI ,f*'> HKN| £n
loùi ui9n||iMOOin lih):
r H ■ - jn&iTix: .i îusq «i/xr
Ps. lxxii, 3.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN
336
ÉDITH BRAYER
SERMON POUR LE JOUR DE TOUS SAINS
« Gloriosa dicta sunt de te 9 civitas Dei. » Psalmo LXXXVI 0 (t) .
Le parole proposée est ditte en parlant a le glorieuse cité de Dieu, c’est a le glorieuse
compaignie de paradis, en lequelle Dieux habite aveuc tous les sains, dont nostre mere
saincte Eglise fait au jour d’uy feste et solempnité, et peut ainsy estre exposee :
Glorieuse loenge est ditte
De toy, cité ou Dieux habite
ou par ceste maniéré :
Cité de Dieu bieneureuse
Ta renommee est glorieuse.
Pour lequelle parole introduire et applicquier a nostre propos, il est assavoir que, si
comme expérience nous enseigne, quant ung grant prinche ou un roy ou un empereur veult
rechevoir ses amis pour eulx faire feste et honneur, il leur appareille ung lieu en sa cité,
entre les aultres excellement bel et plaisant. De ce avons nous pluiseurs exemples en le
sainte Escripture, especialment du roy Assuere et Hester.
Premiers j’ay dit ce pour tant car, esperituelement a parler, le souverain Prinche,
Roy et Empereur de tout le monde, en se glorieuse cité de paradis, a ordonné un lieu très
joieux et très delitable [fol. 275] ou il rechoit ses loyauls amis; et la, leur rent loiier et
rémunération de leurs agréables services et vertueux labeurs. La sont tels biens, la est telle
joie, la est telle glore que monseigneur saint Pol, qui fu ravis jusques au tierch ciel, dist
que oeil n’a veu ne oreille escouté, ne cuer pensé, ce que Dieu a ordonnet et appareilliet a
ses loyaux amis, c’est assavoir a ceulz qui ont fais et acompiis ses commandemens.
De ceste cité fist un grant livre le glorieux docteur monseigneur saint Augustin, que
il appella le livre de le Cité de Dieu. Et en le fin dist de lui moult de belles choses, de loenges
et grans excellences, qui trop longues seroient a reciter. Mais en brief, en concluant, dist
que la sera habondance de tous biens que cuer humain peut honnestement desirer, et la
sera deffaulte de tous maulx. La sera paix sans discort, unité sans division, amour sans
hayne, joye sans tristresce, congnissance sans erreur, santé sans maladie, vie très delitable
sans definement. Et pour ce, ces choses considérons, le saint prophète en soy esjoissant par
grant admiration disoit le parole dessus proposée : « Gloriosa dicta sunt f etc .
Helas ! Bien devons desirer a estre logiés en si noble cité, car moult seront ceuls quetis
et maleureux qui en seront banis et hors boutés. Helas! se bien y pensiemes, nous n’ariemes
point si grant plaisir de demourer en le misérable cité de ceste mortele vie, qui est toute
(l) Fol. 274 v°. (#) Ps. lxxxvi, 3.
Digitized by
Original from
UNIVERSITYOF MICHIG
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
337
plaine de tribulation, de paine et de misere. Bien le consideroit monseigneur saint Pol,
quant il disoit qu'il avoit grant désir de mourir pour estre aveuc Jhesucrist en ceste cité
de paradis : « Cupio , iru/uit , dissolu et esse cum Xpisto. » Ad Philippenses 1° 1 .
Bien le consideroit aussi le saint prophète et noble roy David, qui ja soit che qu’il
babondoit en richesse, noblesce et puissance mondaine, toutefois, pour le grant désir qu’il
avoit d estre en ceste cité, en gémissant il disoit : « Heu me\ quia incolatus meus proion•
gatus est . — Las! disoit il, las, trop est longue ma demeure en ceste mortele vie » (2 .
llelas! trop mal le considèrent ceuls qui tant avment les biens de ce monde qu’ilz ne
tendent a venir en ceste noble cité. Je croy bien que pau en y a qui n*y vaulsissent bien
estre, s ilz ont vraie foy ne bonne creanche. Mais certainement [fol. 275 v°) il ne souffist pas
de y voloir estre, se on ne quiert le voie et le chemin en ceste mortele vie, par quoy on peut
venir a le cité pardurable. Car vous devés sçavoir, si comme dist monseigneur saint Pol
l’apostle : « en ceste vie nous ne avons point de cité permanent » , mais n’est fors une
voie et un chemin pour venir a ceste noble cité ou nous tendons a demourer finablement.
Et pour ce, nous devons faire comme les boins pèlerins, qui ne se amusent pas, ne ne
s’endorment ou chemin, mais mettent toute leur cure et toute leur diligence de venir au
lieu de leur pèlerinage. Helas! ainsi ne le font pas les fols musans niches et endormis, qui
en ce monde vivent en plaisirs mondains, en joie vaine, en esbatemens deshonestes, en jus
défendus, en habis dissolus et aultres foies vanités, tout aussi comme se jamais n’attendoient
aultre vie que ceste, ne aultre cité après ceste habitation terrienne. Et sçavés vous que telles
gens devenront s'ilz ne se corrigent? Certainement ilz perdront finablement le vie, le joie
et le plaisance de ce monde, et morront en pechiet, en difame et en ordure et querront en
l’orrible fosse d’infer et perderont le glorieuse cité de paradis. Et pour ce, ne faisons pas
ainsi, mais mettons toute nostre intencion de venir a ceste cité, de laquelle j’ay dit le parole
dessus proposée : Gloriosa dicta sunt 9 etc.
Mais tu me porroies demander 4l par quelle voie et par quel chemin nous poons aler
en celle cité.
Je te respons * que par six voyes correspondans a six maniérés par lesquelles les
sains de paradis le ont acquise '
Le prumiere voie est :
De parfaitte obéissance
Et humble subjection.
Et ceste voie tinrent les boins angeles. Et par le contraire, c’est assavoir par désobéissance
et par orgueil, Lucifer et ses maulvais angeles perdirent le cité de paradis et cheirent en le
prison d’infer.
Le seconde voie est :
De vraye foy et creanche.
Sans fausse hésitation.
(1) Philipp., I, 23. 161 En marge : Responsio.
Ps. exix, 5. 161 En marge : Nota de vi. voyea pour aler a
<3> Hebr., xiii, 14. le cité de paradis.
14) En marge : Questio.
Ëdith Braver 43
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
338
ÉDITH BRAYER
Et ceste voie tinrent les sains patriarches, si comme Abraham, de quo dicitur quod •crcdidit
Deo et reputatum est ei ad justiciarn ». Romanos , 1111° (l) .
Le tierce voie est :
De entière esperance
Sans foie presumption.
Et ceste voie tinrent les sains prophètes, si comme [fol. 276] Symeon, de quo dicitur quod
« ipse 9 sicut et alii 9 expectabat redemptionem Israël ». Luce II 0
Le quarte voye est :
De carité et de grant dilection.
Et ceste voie tinrent les sains apostles.
Le quinte voie est :
De pacience en tribulation.
Et ceste voie tinrent les sains martirs.
Le vi e voye est :
De netteté sans orde corruption.
Et ceste voye tinrent les sains confesseurs et vierges.
Et véritablement ce sont les six voyes par lesquelles nous poons, après eulx, aler le
chemin de paradis, et venir aveuc eulx en celle cité, de laquelle j’ay dit le parole dessus
proposée : Gloriosa , etc.
Pour iequelle parole plus ad plain induire a nostre instruction, je parleray, première¬
ment, et très briefment de le glorieuse loenge et renommee de ceste cité celestienne. Et
après, je parleray aulcunement de nostre cité terrienne.
Première considération
Quant est au premier point, c'est assavoir que le glorieuse coinpaignie des sains de
paradis est appellee cité, pour le grant amour et union des citoyens et des habitans en ycelle.
Car cité, proprement, n’est mie par les murs et les maisons d’une ville, mais est une multi¬
tude de gens mis en concorde et unité. « Civitas enim Dei quasi civium unitas » secundum
Ysidorum. Et quant a ceste condition, il n’est multitude qui mieulx puist estre ditte cité
que le compaignie des sains de paradis, en Iequelle est souveraine paix et concorde, amour
et union. Car * tous sont subgés a leur roy et a leur prinche, sans rébellion quelconques;
et entre eulx ont tel et si grant amour que ung chascun ayme Taultre comme soy meismes.
O! com chi a glorieuse cité, noble compaignie! La est comme en une cité bien ordonnée
le roy et prinche souverain nostre Créateur et Sauveur. La est le royne des cieulx, le glo¬
rieuse Vierge Marie. La sont les sergans, les messages et les officiers, c’est assavoir les
angeles. La sont les sages conseilliez, c’est assavoir les patriarches, les prophètes et les
sains docteurs de l’Eglise. La sont les douze pers qui sont les douze apostles, lesquelz Dieu
a institué prinches espiritueulx sur toute sa terre, juxta illud, Psalmo : t Constitues eos
11 Galat. (et non « ad Romanos »), m, 6. * 31 En marge : Pour tant, en écriture fine.
121 Luc, il, 25. Simple essai de plume?
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
i
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
339
principes , etc . » ll> . La sont les pois-(fol. 276 v°]-sans, les constans, les fors et les victorieux
chevaliers de Dieu; ce sont les glorieux martirs qui en divers et crueulx tourroens jusque»
a le mort ont soustenu le loy de leur prinche. Finalement, la est multitude innumerable
de pluiseurs estas, dont les uns ont esté solitaires es horribles hermitages, pour fuir les
vanités; lesaultresont [gardé)< 2) virginité ou caasté sans rechevoir en eulx carnelecorruption.
Les aultres ont bien gouverné leur vie et [celle| de leur subgés, comme les vaillans roys,
prinches et chevaliers, et les sains prelas, evesques, abbés, et pluiseurs aultres, desquels
les vertus et les mérités ne porroient estre briefment recitees. Et ceste innumerable compai-
gnie fait le cité de paradis, pour le grant paix, concorde, amour et unité qui y est entre eulx.
Vechi donques comment le loenge et renommee de ceste cité est moult glorieuse,
quant elle est remplie et aoumee de si noble compaignie. Et pour ce, de lui peut estre
ditte le parole dessus proposée : Gloriosa , etc .
Je me passe a tant, briefment, de le première partie de nostre sermon ou j’ay parlé
de le cité celestienne; et vieng a le seconde, ou je doy parler de le cité terrienne.
Deuxième considération
Et quant ad ce<* , il est assavoir que ja soit chèque a le glorieuse cité du ciel ne puist
estre du tout samblable le misérable cité terrienne, touteffoiz, chascun roy ou prinche
qui a terre a gouverner doit labourer que son royalme et sa cité, ses subgés et son peuple,
au plus qu'il peut boinement, soient samblables a le cité et as citoiens de paradis.
Et se tu demandes comment ce se porra faire, je te respons que faire se porra par
ce que il gouverne ses subgés et son peuple en paix et en concorde, en amour et en unité.
Car si comme j'ay déclaré, par samblable maniéré est gouvernée le cité de paradis. Et
pour ce disoit Boeces, le sage philosophe : t O felix hominum gênas, si vestros animos
amor quo celum régit et regat » 4) .
Or il appartient bien que le commenchement de ceste amour viengne du prinche,
et qu'il ait amour et dilection, a son peuple, comme Dieu a a ses subgés. Car par quel¬
conque [fol. 277) aultre maniéré un roy ou un prinche ne peut mieulx gouverner ses
subgés que par dilection et amour, et trop mieulx par ce, que par doubtance ne par cre-
meur.
Et de ce avons nous exemple de Jule César, duquel recitent les histoires, que riens
tant ne l'aida a conquérir le plus grant partie du monde, comme fist l'amour qu'il avoit
a ses gens, et ses gens a lui.
De ce aussi avons nous exemple de Auguste César, son successeur, qui tant amoit
le chose publique qu’il l'appelloit sa fille. Et ja soit ce qu’il fust empereur de tout le
monde, touteffois ne vault il onques soufrir que on le nommast seigneur, ne privee-
ment, ne publiquement, mais seulement Pater patrie , Pere du pays, pour demoustrer
que non mie par paour, mais par amours, voloit son peuple gouverner, comme le pere
ses enfans. Et pour ce, Virgiles, le souverain poete des Latins, en demoustrant le maniéré
4 Boèce, Consolatio Philosophiae, il, m.
viii, 28-30.
;5) En marge : Nota.
43.
Ps. xuv, 17.
W Ms. : ont grande v.
3 En marge : Nota de le cité terrienne.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
340
EDITH BRAYER
des Rommains de bien gouverner le chose publicque, dist que ce fu par amer et par espar-
gnier leurs subgez et combatre leurs anemis.
De ce sont aultres exemples innumerables des prinches qui, jusques a le mort, ont
amé leur peuple, desquels pluiseurs en recite Valerius Maximus, comme de Decius, de
Macellus, de Ciricius et de Codrus ID. Et aussi, en le saincte Escripture, Usons nous de
Eleazarus, de Judas Machabeus, et pluiseurs aultres.
Vechi donques comment le prinche doit avoir amour a son peuple, et par ceste
maniéré, le peuple ara aussy amour a son prinche. Car très vraye est le parole 2 de
Senecque qui dit que « qui veult estre amés, il doit amer ».
Et se le prinche et le peuple ont vraie amour ensamble, certes nulz ne leur porra
nuyre. Car, si comme dist Senecque : « L'amour du peuple est au prinche forteresce
inexpugnable. »
Mais je dy oultre que le prinche doit labourer que, ainsi comme il a amour entre
lui et son peuple, que generalement tous ses subgés ayent amour et unité ensamble; car
si comme dist Jhesucrist qui mentir ne peut : « Tout royalme en soy divisé périra et sera
désolé. — Omne , inquit , regnum in se divisurn desolabilur » [fol. 277 v°J. Luce XI° 3) .
Et que ce soit vérité 14 ', il peut apparoir clerement par le samblance du royalme
personel de créature humaine, c'est assavoir du corps de Tomme, auquel peut estre
comparé le corps de la chose publique, quia, secundum apostolum : « Omnes unum corpus
sumus in Xpisto. » Romanos XII 0 6Î . Et vechi comment.
Il n'est nulle doubte que se les membres et les parties du corps de Tomme estoient
contraires les unes as aultres, tellement que les mains crevaissent les yeuls, et les piés
trebuchaissent le corps, et le cuer ne donnast point se caleur as aultres membres, tantost
tout le corps seroit mis a mort et a perdition. Et a ce propos porroit estre applicquie le
parole que mettent Ezoppus et Titus Livius, c'est assavoir des membres qui tirent conspi¬
ration contre le ventre, que plus ne lui donroient a mengier, pour tant que point ne labou-
roit, et si rechevoit et devouroit tout le labeur des aultres membres. Dont il advint que
quant le ventre ne rechupt plus son nourrissement par les aultres membres, qui ainsi
avoient conspiré contre lui, tout le corps et tous les membres de Tomme périrent.
Samblablement est il du corpz de le chose publique d’un royalme et d’une cité.
Car s'il n'y a amour et unité entre les membres et entre les subgés, certainement il ne
peut durer, car il n'est pas samblable au noble royamme et a le glorieuse cité de paradis,
auquel il se doit du tout conformer.
Helas! se les bras, par lesquels j’enteng les nobles chevaliers, qui doivent deffendre
le corpz de la chose publicque, avoient en hayne et persecutoient les yeuls, c’est assavoir
le clergiet, qui doit tout le corps enluminer, certes, par ce, ilz aveuliroient le royalme
et le cité du prinche. Et se les bras et les yeuls avoient en despit et destruisoient les piés,
c’est assavoir le menu peuple, le chose publique de le cité n’aroit qui le portast, ne qui
le soustenist. Car sans subgés, seignourie deffault 6) .
Helas! et pour quoy est ordonnet royalme ou cité, se non pour aidier l’un a l'autre,
11 ) Valère Maxime, livre V, chap. iv, v, VI. t4) En mai£e : Nota.
2) En marge : Nota. 5 Rom., xn, 5.
Luc, xi, 17. (6) En marge : Nota.
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI
341
chascun selon son estât, c'est assavoir les subgés en baillant ayde et subside as seigneurs,
et les [fol. 278] seigneurs en gouvernant et deffendant leurs subgés. Car, a ce title, ont
il les dignités et les honneurs, les biens et les richesses.
Yechi donques comment c'est très grant bien en un royaline, ou en une cité, d’avoir
amour et union. Car par ce, le cité de terre est aucunement samblable a le cité du ciel,
de laquelle j'ay dit le parole dessus proposée : Gloriosa , etc .
Mais tu me porroies demander comment est, au jour d’uy, empeschiet ce grant
bien de paix et de concorde, d’amour et de unité? A ce je respons '*■ qu’ilz sont trois
maniérés de gens qui a ce mettent empeschement 3) .
Les premiers sont les orguilleux, qui par dessus les aultres quierent trop hault monter,
tout ainsi comme se l’un des membres du corps voloit tous les aultres déprimer et suppe-
diter. Les secons sont les convoiteux, qui contre tous les aultres veulent trop usurper,
tout ainsi comme se l’un des membres du corps prenoit tant nourrissement qu’il fust
trop cras et tous les aultres maigres. Les tiers sont les envieux qui entre tous les aultres
se veulent trop prisier, et les aultres despiter, tout ainsi comme se l'un des membres du
corps, par despit et par hayne, ne se daignoit aidier de l’aultre. Vechi donques les trois
adversaires d'amour et de unité, qui très bien furent figurés par Lucifer, qui tant fu orguil¬
leux, convoiteux et envieux. Car, par ces trois vices, il mist discorde et division en le
cité de paradis, et par ce, aveuc ses complisscs, trébucha et chei en le prison d’infer. Et
est a doubter 4 que par ces trois pechiés, qui au jour d’uy régnent en ce monde, ne
soit empeschiet le bien de amour et unité, et généralement en toute saincte Eglise, par
especial en ce royalme, dont c'est chose honteuse, viilaine, dampnable et misérable.
Or nous gardons donques de ces trois vices et generalement de tous aultres, qui
empeschent paix, concorde, amour et unité, en le cité terrienne de ceste mortele vie, que
nous puissons finalement venir en le cité celestienne de glore pardurable.
(1) En marge : Questio.
121 En marge : Responsio.
Êdith Rrayer.
3 En marge : Par qui paix est perdue.
141 En marge : Nota.
43 ▲
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
^ lll
* .£ » i j. * « i U
TABLE DES FLANCHES
.
t.t 'n. » f '\-\tm t
fl qtn? t h rxup -' i J *» wfc*L'tasb vt^ ls*v mÀàm<ê *' &111:
Cambrai, Bibliothèque municipale, manuscrit 574.
I. Fol. 175, page 199. — Pierre cTAilly, fin du sermon Ille vos , et début du sermon
Mansionem , tous deux pour la fête de la Pentecôte.
(Titres et citations soulignées. Distique indiqué par une accolade.)
II. Fol. 181, page 199. — Pierre d’AiLLY, fin du sermon Mansionem , Jean Gerson,
début du sermon sur le même thème Mansionem . Ces deux sermons ont été
composés pour la fête de la Pentecôte.
u&. a* «iw4 i < *i :
III. Fol. 310 v°, page 212. — Jean Gerson, fin du sermon Totapaiera cs> pour la fête de la
Conception de la Vierge. Ce sermon termine la première partie du manuscrit.
• iin d rî» .bslsu is hih? ,*>*c u** . *
IV. Fol. 383 v°, page 240. — Partie du manuscrit qui contient le9 Exemples. « Fable
d’une soris et d’une rayne. » « Fable d’une soris et d’un cat. » Ces deux fables
sont pourvues chacune d’une exposition. — « Exemple du corbaut. »
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGA
üAN .
TABLE DES MATIÈRES
Pâges
Introduction. 145
Première partie . — Ensemble du manuscrit. 148
Les Sermons. 148
Les Enseignements. 157
Les Exemples. 159
Deuxième partie . — Les Sermons français de Pierre d’Ailly. 161
Analyse du manuscrit. 168
Les Sermons (fol. 1-310 v°). 168
Les Enseignements (fol. 311-354). 213
Les Exemples (foL 354-401). 226
Sermons de Pierre d’Ailly . 248
1. Veritas (Nativité, fol. 14 v°-18 v°). 248
2. Verbum (Nativité, fol. 28-31 v°). 257
3. Apparuit (Circoncision, fol. 38-42). 263
4. Ecce nunc (Cendres, fol. 61 v°-69). 270
5. Maria Magdalene (Résurrection, fol. 123-126). 283
6. Dédit dona (Rogations, fol. 148-155 v°). 288
7. Assumptus (Ascension, fol. 159-165 v°). 300
8. Ille vos (Pentecôte, fol. 171-175). 310
9. Mansionem (Pentecôte, fol. 175-181). 317
10. Hec est Victoria (fol. 187 v°-193 v°). 326
11. Gloriosa (Toussaint, fol. 274 v°-278). 336
Table des planches . 342
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
aaftjirrifff 2311 mj 4 AT
Imprimerie Nationale
61 0631 0 67 002 1
TlgJgtfgAM 1X3
- TWT 1 J9 w 9V*\mk ■ Vil»
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
•
••
Digitized by GOOglC
Original from
ICHIGA
)FMI<
• *
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
EN VENTE
CHEZ C. KLINCkSIECK, LIBRAIRE
11, RUE DE LILLE, PARIS (VII«)
i
4 i.
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by Google
Original from
UNIVERSITY OF MICHIG
UNIVERSiTY O F MICHIGAN
3 9015 07980 5332
Original from
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Digitized by
Google
Original from
UNIVERSITYOF MICHIGAN